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53. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 437

En changeant souvent le titre de ses Journaux, il ne put parvenir à les rendre meilleurs. […] Le meilleur ou le moins mauvais des Ouvrages de Camusat, est une Histoire critique des Journaux, où l’on trouve aussi celle de tous les Journalistes que la France & la Hollande ont produits.

54. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Si souvent on a répondu sans la faire taire aux objections de la philosophie, si souvent on a vu la pensée se frappant elle-même avec l’arme de ses propres raisonnements, qu’on se trouve amené à reconnaître que l’histoire, la tradition, les faits dans leur simplicité auguste et dans leur sainte authenticité, sont les meilleurs moyens de traduire la vérité chrétienne et de l’introduire ou de l’affermir dans les esprits ; sur ce point les expériences se sont accumulées, mais il importe plus qu’on ne croit de le répéter. […] Pour tout cœur pur et tout esprit juste, il est évident que la reproduction des Évangiles est la meilleure exposition des vérités de notre foi. […] En cela, il a répondu toujours par l’histoire, par le texte, par le fait, — les meilleures réponses de ce temps, — à de certaines notions erronées et dangereuses qui circulent, à cette heure, dans une foule d’esprits ignorants ou prévenus. […] Rien donc de meilleur, rien de plus approprié à l’état des choses, que de reprendre l’âme de l’homme par la base et de le conduire jusqu’au faîte, de recommencer son éducation religieuse en revenant à ces éléments sacrés qu’il a oubliés ou méconnus.

55. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 290-291

Si cet Ouvrage eût été borné à deux volumes, il n’en seroit que meilleur ; car c’est noyer les faits, que de les présenter avec une quantité d’accessoires qui les font perdre de vue. […] Le meilleur Ouvrage de M.

56. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Conclusion. »

On voit, par cet exemple, quelle attention il faut porter dans sa lecture, pour ne point admettre de fausses idées dans son esprit ; et s’il s’en est glissé plusieurs dans un livre qui entre dans notre éducation, comme un des meilleurs qui aient jamais été faits, qu’on juge de celles que nous recevrons par un grand nombre de livres inférieurs à celui-ci. […] Il est vrai ; et c’est ce qu’il faudra faire constamment, jusqu’à ce que l’éducation ordinaire soit devenue meilleure, réforme qui ne paraît pas prochaine.

57. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Son second ministère, le ministère dit du 15 avril, se dessine à présent et restera dans l’histoire comme le moment le plus serein et le plus calme des dix-huit années ; et lorsqu’on vient à se rappeler à combien d’attaques, à combien de violences cet honorable ministère fut en butte de divers côtés, combien on l’accusait tout haut d’être un ministère d’abaissement, on rougit aujourd’hui, on devrait rougir, et sentir une bonne fois ce que valent ces coalitions où les meilleures intentions se faussent, où les meilleurs esprits s’aveuglent. […] Que venez-vous insinuer de la plénitude du principe monarchique, comme si on ne l’avait pas, comme si ce principe pour la France moderne était séparable de la satisfaction donnée aux meilleurs vœux de la démocratie ?

58. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 403

Le meilleur Ouvrage, ou, pour parler plus exactement, le moins mauvais qu’on ait de cet Auteur, est celui qui a pour titre : Tacite, avec des Notes historiques & politiques, pour servir de continuation à ce que M. […] in-12, sont bien éloignées d’être les meilleures qu’on ait faites, mais elles ont servi à perfectionner les Traductions qu’on a données, depuis, de l’Annaliste Romain.

59. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

La maladie et la mort de son oncle, le père Hercule, l’appelèrent à Paris en cette même année ; il se proposa d’y rester, et n’ayant pu le faire avec la permission de ses supérieurs, il sortit de la congrégation, mais en se déliant avec douceur comme ce sera toujours sa façon et méthodeae, en emportant et en laissant les meilleurs souvenirs. […] Par cette disposition de bel esprit qui s’arrête et se complaît à la bagatelle, Fléchier n’est point de l’école sévère et judicieuse de Boileau : il a en lui de ce goût qu’aura Fontenelle, et qu’avait Benserade, un goût de ruelles dans le meilleur sens du mot. […] Ceux qui, à la lecture, se sont effarouchés de cette espièglerie si gentiment racontée, et de quelques autres traits du même genre, ou de quelques mots francs et vifs à la rencontre, ignorent donc comment on causait alors dans la meilleure compagnie, et je dirai même, quand on s’y sent bien à l’aise et chez soi, comment on y cause aujourd’hui encore. […] Cela lui en avait donné le goût et le ton, et, de l’un à l’autre, il passa sa vie avec tout ce qu’il y avait de meilleur en ce genre, il était lui-même d’excellente compagnie…. […] On y trouvera l’exposé le plus exact, et puisé aux meilleures sources, de l’état intérieur de la France dans ces premières années du gouvernement de Louis XIV.

60. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Le meilleur ouvrage imité de Corneille est le Manlius de Lafosse. […] Ariane me tire des larmes si vraies que je ne m’avise pas qu’il y en ait de meilleur aloi, et ni Bérénice, ni Phèdre, ni Hermione ne me rendent moins touchante l’amante délaissée de Thésée. […] Les bons vers de Duché, de Lafosse, de Thomas Corneille, ont le tort d’en rappeler de meilleurs ; ce sont de bonnes monnaies, mais les profils en sont émoussés. […] Son meilleur ouvrage est un éclatant démenti à sa théorie. […] Le meilleur ouvrage de Marie-Joseph est posthume.

61. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Ceux de ses écrits qui ont été publiés après sa mort n’ont pu que confirmer cette idée ; les Considérations sur le gouvernement de la France, qui parurent en 1764 dans, une édition très fautive, et dont on refit en 1784 une édition qui passe pour meilleure, justifièrent aux yeux du public les éloges de Rousseau et de Voltaire, et montrèrent M. d’Argenson comme le partisan éclairé et prudent d’une réforme au sein de la monarchie et par la monarchie, d’une réforme sans révolution. […] Ce n’est pas à dire qu’il négligeât absolument sa fortune en cour et le soin d’avancer ; il y aspirait à sa manière et par les voies qu’il estimait les meilleures et les plus solides. […] Celui-ci opposait qu’il n’était point harangueur, qu’il n’avait jamais prononcé d’arrêt en public, et d’autres raisons encore ; puis il ajoutait pour lui : « Sans doute que nos deux premiers ministres (car c’est de la sorte qu’il qualifiait alors M. de Chauvelin conjointement avec le cardinal de Fleury) ne m’ayant encore connu principalement que touchant les démêlés parlementaires dont je raisonne avec application, le temps présent ne nous offrant meilleur champ, ils s’imaginent que c’est là le fort de ma capacité, et se trompent. » D’Argenson n’eut même d’abord la perspective de quelques fonctions diplomatiques et de quelque ambassade (bien avant celle de Portugal où il n’alla jamais) que dans cette vue éloignée de la première présidence du Parlement : « Si l’on vous employait en quelques négociations étrangères, et de peu d’années, lui disait M. de Chauvelin, au sortir de cela vous seriez bien enhardi. » Depuis la clôture de l’Entre-sol, d’Argenson avait toujours l’idée de renouer et de continuer ailleurs avec quelques amis, parlementaires pour la plupart, des conférences sur le droit public, sur les matières politiques : c’était son goût dominant. […] Ceux même qui n’aimaient guère de son vivant le garde des sceaux d’Argenson l’apprécient mort et le classent au rang des meilleurs ministres, un des derniers de l'école de Louis XIV, et en même temps ils parlent de lui comme d’un homme qui, vu de près, était bon homme et d’excellente compagnie. […] Au reste il était gaillard, d’une bonne santé, donnant dans les plaisirs sans crapule ni obscurité ; la meilleure compagnie de la province le recherchait ; il buvait beaucoup sans s’incommoder, avait affaire à toutes les femmes qu’il pouvait, séculières ou régulières, un peu plus de goût pour celles-ci, camuses ou à grand nez, grasses ou maigres ; il disait force bons mots à table, il était de la meilleure compagnie qu’on puisse être.

62. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Maurel et traitant de l’une des gloires du pays, Vaugelas, lequel se trouve, par une singulière destinée, avoir été en son temps l’organe accrédité du meilleur et du plus pur parler de la France. […] « De tous les mots et de toutes les façons de parler, dit-il, qui sont aujourd’hui en usage, les meilleures sont celles qui l’étaient déjà du temps d’Amyot, comme étant de la vieille et de la nouvelle marque tout ensemble. » Amyot, c’est là son trait d’union avec la vieille langue, c’est le nœud par où il s’y rattache. […] Il y en avait de son temps ; Arnauld, dans sa Grammaire générale, et les écrivains de Port-Royal essayeront de porter le plus de raison possible dans la langue : Vaugelas se borne à constater le fait existant, en le puisant à sa meilleure source. […] Et si elles étaient comme elles eussent pu être ; si un meilleur ouvrier que moi y eût mis la main, combien de personnes en pourraient-elles profiter durant ce temps-là ! […] Entendons-nous bien : je ne parle pas de la langue de Molière, plus riche, plus ample et plus diversement composée ; mais quand on se place au point de vue de Racine, au centre de son œuvre, et qu’on le considère, ainsi que l’ont fait Voltaire et tous ceux de son école, comme le dernier terme de la perfection dans le style, on n’a pas alors à signaler de meilleur préparateur que Vaugelas.

63. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Quand le sort nous la refuse sans raison, il y a plus d’honneur quelquefois à mériter une place qu’à l’obtenir. » — « Je vois bien, seigneur Apollon », lui répondis-je, « qu’on ne prend pas garde que je n’ai point de manteau. » — Il répondit : « Quoi qu’il en soit, j’ai du plaisir à te voir ; la vertu est un manteau avec quoi l’indigence peut couvrir sa honte ; elle conserve sa liberté et se garantit de l’envie. » Je baissai la tête en recevant ce conseil ; je restai debout… » Il faut convenir qu’on ne peut être pauvre diable de meilleure grâce ni plus galamment. […] Cervantes nous est le meilleur témoin de lui-même et son meilleur peintre au physique comme au moral, quand il veut bien l’être. […] Ma santé n’est pas assez bonne pour entreprendre un si long voyage, sans compter qu’outre que je suis malade je suis fort dépourvu d’argent, et, empereur pour empereur, et monarque pour monarque, j’ai à Naples le grand comte de Lemos qui, sans me parler de tous ces jolis petits titres de collèges et de rectorats, pourvoit à ma subsistance et me fait plus de grâces que je n’ose moi-même en demander. »10 Il annonçait, à son noble patron, en finissant, la prochaine publication d’un ouvrage auquel il était en train de mettre la dernière main, son roman de Persilès et Sigismonde, « qui doit être, disait-il, ou le plus mauvais ou le meilleur livre qui ait jamais été composé dans notre langue, j’entends de ceux de pur amusement. J’ai dit le meilleur ou le plus mauvais, s’empresse-t-il d’ajouter, mais il ne saurait être le plus mauvais, et je me repens de l’avoir dit ; car, d’après l’opinion de mes amis, il doit atteindre au plus haut degré d’excellence littéraire possible, humainement parlant. » On voit quelle était l’affection et la prédilection de Cervantes pour ce dernier-né de son intelligence. […] Le traducteur avait tâché, comme il disait, d’accommoder son texte au génie et au goût de notre nation, sans trop s’éloigner du sujet, et de telle sorte que quelques endroits sentissent encore l’espagnol ; car, remarquait-il naïvement, « j’ai cru qu’une traduction doit toujours conserver quelque odeur de son original, et que c’est trop entreprendre que de s’écarter entièrement du caractère de son auteur. » Cette traduction de Filleau de Saint-Martin, qui est des meilleures dans le goût du xviie  siècle, et des plus belles comme on disait alors, fut aussi attribuée à M. 

64. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Un grand choix des meilleures compagnies, un grand usage de les tenir, et même une cour ; une grande politesse, mais avec une grande distinction, et surtout une grande attention à ne s’avancer qu’avec dignité et discrétion. […] Elle ne parle jamais du roi que comme de l’« homme du monde le plus aimable », du « meilleur ami », et du « plus honnête homme du monde » : Si j’avais de plus, madame, comme vous me dites (écrit-elle à Mme de Maintenon), le bonheur qu’il se fût fort accoutumé à moi, je vous confesserais ingénument qu’il ne tenait qu’à Sa Majesté de s’apercevoir que je la trouvais de très bonne compagnie 67. Effectivement, quoique je puisse me vanter d’avoir entretenu en France, en Italie et en Espagne, tout ce qu’il y a de gens du meilleur esprit et du plus agréable, je ne me suis jamais tant plu avec eux que je me plaisais avec Sa Majesté. […] » Elle a des idées sur la guerre (je ne les donne pas pour les meilleures, mais elle en a), et sur les plans de défense à suivre, et sur le choix des généraux ; elle les dit, tout en s’excusant de raisonner là-dessus ; et elle raisonne cependant. […] Je voudrais, madame, que vous en pussiez faire autant, et que votre tempérament fût votre meilleur ami, comme le mien est celui sur lequel je dois le plus compter ; car je crois, à vous parler franchement, que je lui ai plus d’obligation qu’à la raison, et que je n’ai pas un grand mérite à avoir cette tranquillité, dont vous voulez, par une bonté extrême, m’en faire un qui m’attire vos louanges.

65. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 73-74

C’est plus qu’il n’en faut pour nous mettre en droit de dire, qu’il étoit donc meilleur Comédien que bon Poëte dramatique. […] De six Comédies que nous avons de lui, il y en a cinq au dessous du médiocre ; mais la Coquette corrigée est une des meilleures Pieces de caractere qui aient été faites de nos jours, quoiqu’elle ne soit pas non plus exemple de défauts.

66. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Je n’ai jamais aimé l’idéologie et, lorsqu’il s’agit d’enseignement, je trouve que la meilleure méthode est de démontrer, non de philosopher. […] Albalat pourrait avantageusement prendre place dans la collection des Manuels Roret‌ Malheureusement, de même que le fond ne saurait être distrait de la forme, (démonstration qui constitue l’un des meilleurs chapitres de l’ouvrage), de même on ne saurait faire agir le cerveau en vue d’écrire, s’il n’est d’avance sollicité par l’éveil de quelque passion, au sens pur du mot. »‌ Voilà bien des railleries inutiles ! […] Toutes traduisent les procédés de travail employés par les meilleurs écrivains, et c’est ce qui rendra toujours notre enseignement difficile à réfuter.‌

67. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Le meilleur ouvrage de ce dernier écrivain me semble Peints par eux-mêmes. […] Quand j’ai lu Deux plaisanteries, l’un de ses premiers petits livres, le meilleur public n’ignorait déjà plus son nom. […] Et Hervieu est l’un des meilleurs parmi les plus jeunes. […] Pourtant, je m’en voudrais, relisant un jour ces chroniques, de n’y trouver pas assez souvent le nom du meilleur fantaisiste dont elles étaient contemporaines et de ne pas avoir publié le plaisir que je lui avais dû.

68. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Le duc de Saint-Simon parle de l’hôtel d’Albret comme d’une maison somptueuse, où affluait la meilleure compagnie, et il en suppose l’existence du vivant de Scarron, mort en 1660. […] « Madame d’Albret, dit-elle, eut le secret de s’attacher madame Scarron, que le maréchal avait connue chez son mari. » La maréchale d’Albret était une excellente personne de peu d’esprit, très dévote ; mais sa bonté jointe aux dignités du maréchal, à sa passion pour le bel esprit, au grand état de sa maison, y attirait la meilleure compagnie. […] Ils rassemblaient, dit-elle, chez eux, comme le maréchal d’Albret, ce qu’il y avait de meilleur à Paris en hommes et en femmes ; et c’étaient à peu près les mêmes gens, excepté que l’abbé Testu, intime ami de madame de Richelieu, dominait à l’hôtel de Richelieu et s’en croyait le Voiture, Madame de Scarron y allait souvent, désirée partout également. […] Sa fortune ne lui permettait pas de tenir une maison, mais elle était accueillie dans les meilleures, et y figurait convenablement.

69. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Si l’homme est Germain de race, de tempérament et d’esprit, il a dû à la longue fortifier, altérer, tourner tout d’un côté sa nature originelle ; ce n’est plus un animal primitif, c’est un animal entraîné : son corps et son esprit ont été transformés par la forte nourriture, par l’exercice corporel, par la religion austère, par la morale publique, par la lutte politique, par la perpétuité de l’effort ; il est devenu de tous les hommes le plus capable d’agir utilement et puissamment dans toutes les voies, le travailleur le plus productif et le plus efficace, comme son bœuf est devenu la meilleure bête à viande, son mouton la meilleure bête à laine, et son cheval le meilleur coureur. […] Point de pays où l’on soit plus exigeant à cet endroit. « Notre vice, me disait un d’eux, c’est la passion exagérée de toutes les choses bonnes et commodes ; nous avons trop de besoins, nous dépensons trop ; nos paysans, sitôt qu’ils ont un peu d’argent, au lieu d’acquérir un bout de terre, achètent le meilleur sherry, les meilleurs habits1328. » À mesure qu’on monte vers les hautes classes, ce goût devient plus fort. […] La grande affaire est de le démêler, d’avoir le meilleur, de ne pas suivre un autre à sa place ; c’est un grand bonheur qu’il y en ait un, et qu’on le reconnaisse. […] Ce ne sont point des délicats de salon, comme nos marquis du dix-huitième siècle : un lord visite ses pêcheries, étudie le système des engrais liquides, parle pertinemment du fromage, et son fils est souvent meilleur rameur, marcheur et boxeur que ses fermiers. […] Quand un industriel ou un marchand a gagné quelques millions, sa première pensée est d’acquérir une terre ; au bout de deux ou trois générations, sa famille a pris racine et participe au gouvernement du pays : de cette façon les meilleurs plants de la grande forêt populaire viennent recruter la pépinière aristocratique.

70. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Saint-Simon dit de lui, dans une de ses notes sur les Mémoires de Dangeau : « Comédien plaisant, salé, mettant du sien, sur-le-champ et avec variété, ce qu’il y avait de meilleur dans ses rôles ; il était sérieux, studieux et très instruit. […] Depuis ce temps-là jusqu’à la mort de ce rare acteur, M. de Harlay le reçut toujours chez lui avec une estime et une distinction particulière ; le monde, qui le sut prétendait qu’Arlequin le dressait aux mimes, et qu’il était plus savant que le magistrat ; mais que celui-ci était aussi bien meilleur comédien que Dominique. » Dominique modifia très sensiblement le caractère d’Arlequin. […] Lorsqu’il a été manié par des acteurs de quelque génie, il a fait les délices des plus grands rois et des gens du meilleur goût ; c’est un caméléon qui prend toutes les couleurs. » Arlequin, s’il n’était jadis naïf qu’à demi, devient alors tout à fait scélérat : « Arrogant dans la bonne fortune, dit M Jules Guillemot48, traître et rusé dans la mauvaise ; criant et pleurant à l’heure de la menace et du péril, en un mot Scapin doublé de Panurge, c’est le type du fourbe impudent, qui se sauve par son exagération même, et dont le cynisme plein de verve nous amuse précisément parce qu’il passe la mesure du possible pour tomber dans le domaine de la fantaisie. » Arlequin, avec ses nouvelles mœurs, court fréquemment le risque d’être pendu ; il n’y échappe qu’à force de lazzi. […] « Rien, madame, répond-il, vous trépaner seulement, pour vous désennuyer en attendant que le Docteur vienne. » Et comme, en s’en allant, elle le traite de fou : « Vous en avez besoin, lui crie-t-il, servez-vous de l’occasion, vous ne la trouverez pas toujours si commode. » Ces traits sont pris parmi les meilleurs que l’on puisse glaner dans le recueil. Tel est l’esprit qui appartient en propre à Dominique, car, par la suite, Regnard, Dufresny, Fatouville, etc., lui en prêtèrent du plus vif et du meilleur.

71. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » pp. 427-428

Il entendoit bien le Grec & le Latin, & connoissoit parfaitement sa Langue ; mais ceux qui le regardent comme un de nos meilleurs Traducteurs, font consister, sans doute, l’art de traduire dans la seule fidélité à rendre le texte de l’Original. […] Le meilleur Ouvrage de M. l’Abbé d’Olivet, est sa Prosodie Françoise.

72. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 120-121

Rollin, [Charles] Recteur de l'Université, Professeur d'Eloquence au Collége Royal, de l'Académie des Inscriptions, né à Paris en 1661, mort dans la même ville en 1741 ; le plus grand Littérateur, & un des meilleurs Ecrivains qu'ait produits l'Université. […] Rollin, dit avec vérité M. de Voltaire, est la meilleure Compilation qu'on ait en aucune Langue, parce que les Compilateurs sont rarement éloquens, & que Rollin l'étoit ».

73. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Errata. » pp. -

Pag. 199. lig. 3. meilleur ; lisez moelleux. […] in-12. un recueil intéressant, intitulé : le Fablier françois, ou Elite des meilleures fables depuis Lafontaine.

74. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

C’est le meilleur ouvrage et peut-être la meilleure action de Voltaire. […] On aimerait mieux sans doute que les mêmes actes qui honorent son bon sens fussent des mouvements de son cœur ; mais la meilleure chose, après la sensibilité, est de n’en pas affecter ; et l’on sait gré à Voltaire de n’avoir mis que de la raison émue où d’autres auraient mis de la rhétorique. […] J’en viens au meilleur, au plus charmant, au moins contesté des titres de Voltaire, sa Correspondance. […] Aussi je ne sache pas de meilleur guide que sa Correspondance, pour apprendre à lire et à juger les écrivains des deux derniers siècles et Voltaire lui-même. […] Concluons de ces différences, non pas que les Lettres de Cicéron valent mieux que la Correspondance de Voltaire, mais qu’un païen qui cherchait sa morale est quelquefois d’un meilleur commerce pour l’âme qu’un chrétien qui s’est ôté la sienne.

75. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Autrefois, la question était bien simple : l’opinion la plus avancée, par cela seul qu’elle était la plus avancée, pouvait être jugée la meilleure. […] Il faut toujours faire le meilleur, et le faire le plus vite possible. Mais l’essentiel est de découvrir le meilleur, et ce n’est pas chose facile. […] La médiocrité est facilement satisfaite ; les grandes âmes sont toujours inquiètes, agitées, car elles aspirent sans cesse au meilleur. […] Qui sait si un jour on ne dira pas : « En ce temps-là, on devait croire ainsi, car l’humanité fondait alors par ses souffrances l’état meilleur dont nous jouissons.

76. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLIX » pp. 193-194

. — les meilleurs journaux français se font a l’étranger. — brochure du cardinal de bonald. — franciscus columna, par charles nodier. […] Autrefois les meilleurs journaux français se faisaient hors de France, en Hollande, la liberté de la presse n’existant pas au dedans.

77. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Et toujours les fils ont eu un peu de dédain pour les conceptions surannées de leurs pères, même quand ils leur devraient le meilleur de leur cerveau et de leur cœur. […] Il est l’œuvre des meilleurs et s’adresse aux meilleurs. […] Il n’y a rien de meilleur pour les classes. […] Nous lui sommes redevables du meilleur et du pire. […] Mais telle est l’étourderie, tel est l’aveuglement, de ces traditionalistes pratiquants, qu’ils agissent, en vérité, comme s’ils étaient les meilleurs auxiliaires de Marinetti ou les complices de Dada.

78. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Il est difficile de démêler les tendances générales de ces œuvres disparates dont les meilleures ne sont point les plus connues. […] Esclave est un des meilleurs livres publiés récemment. […] Lucie, fille perdue et criminelle, est le meilleur. […] Ce sont surtout des romanciers coloniaux et ils sont en passe de compter parmi les meilleurs romanciers coloniaux français. […] Pierre Villetard, romancier personnel, nous donner l’œuvre que nous sommes en droit d’attendre et qui le classera parmi nos meilleurs écrivains.

79. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Enfin la majorité aussi a des prétentions qu’elle peut opposer à celles de la minorité ; car la majorité, prise dans son ensemble, est plus puissante, plus riche et meilleure que le petit nombre. […] Et, réciproquement, il semble impossible que, là où l’administration n’est pas bonne, l’État soit gouverné par les meilleurs citoyens. […] L’excellence de la loi peut du reste s’entendre de deux façons : la loi est, ou la meilleure possible relativement aux circonstances, ou la meilleure possible d’une manière générale et absolue. […] « Ces considérations suffisent pour montrer quel est le meilleur gouvernement, et ce qui en fait l’excellence. […] Nécessairement elles seront d’autant meilleures qu’elles se rapprocheront davantage du moyen terme, d’autant moins bonnes qu’elles en seront plus éloignées.

80. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Rien ne relevait sa situation parmi ses condisciples, et les succès classiques qui l’eussent rendue meilleure et plus douce, lui firent complètement défaut. […] Homère était plus grand et de meilleure mine qu’Aristote ; il se tenait très droit pour son âge, et ses yeux étaient les plus vifs et les plus perçants que j’eusse jamais vus. […] 11 par un K, mais c’est une faute, car dans les meilleurs exemplaires ce mot est toujours écrit par un C. […] S’il est de vous, vous avez désobligé deux ou trois de vos meilleurs amis, en ne leur donnant pas le moindre soupçon. […] Cette longue agonie, dont ses meilleurs amis souhaitaient la fin, se prolongea jusqu’au 19 octobre 1745.

81. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 157-158

Bailly, de l’Académie des Sciences, M. l’Abbé Arnaud, M. l’Abbé Barthelemy, &c. regardent cette savante Production comme la meilleure qu’on ait encore publiée sur la théorie de la Musique. […] Bertin sur la Musique des Chinois :« Cet Ouvrage, l’un des meilleurs & des plus solides, à mon avis, qu’on puisse faire en ce genre, m’a éclairé sur une foule d’objets, même Chinois, que je ne faisois qu’entrevoir à travers les plus épais nuages.

82. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Célèbre par les poètes qu’elle a produits et au Moyen Âge et à la naissance de notre littérature classique (sans parler des plus récents), elle les honore, et, ce qui est la meilleure manière de les honorer, elle les étudie. […] Au contraire, ce qui n’était que bon au lieu de son origine, il sait le rendre meilleur par le transport qu’il en fait. […] Les meilleurs critiques ont repoussé l’idée que, même en étant averti, on pût y saisir de l’ironie jusqu’au dernier instant où seulement elle éclate. […] On raconte que Malherbe conçut un peu de jalousie de Racan pour cette belle stance ; et Boileau disait que, pour avoir fait les trois derniers vers, il donnerait les trois meilleurs des siens : ce que Daunou, qui n’entend bien que la prose, ne comprend pas. […] Racan était doué d’une naïveté charmante et d’une élévation naturelle : mais distrait, paresseux, modeste à l’excès, privé trop tôt des conseils de Malherbe et abandonné à son instinct, il vécut au hasard, s’oublia volontiers aux champs, et n’eut que des accidents de génie dont j’ai noté les meilleurs.

83. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Vous n’avez aucun revenu, vous ne voulez plus écrire : comment pourrez-vous vivre, si vous vous obstinez à refuser à vos meilleurs amis le plaisir et la gloire de vous secourir ? […] Il craint toute espèce de dépendance, et par cette raison il a mieux aimé, étant en France, gagner sa vie en copiant de la musique, que de recevoir les bienfaits de ses meilleurs amis qui s’empressaient de réparer sa mauvaise fortune. […] Elle voyagea l’année suivante en Hollande et prit la résolution de mettre son fils (car elle avait un fils de son mari) à l’Université de Leyde, pour y suivre ses études et les y faire meilleures qu’en France ; cette résolution fit beaucoup jaser et prêta à la critique. […] Hume n’est pas le meilleur des hommes, il est le plus noir. » Enfin, et presque aussitôt, il passa outre et tira la fameuse conclusion à laquelle il s’arrêta et qu’il bombarda à l’adresse de la postérité : « David Hume est un scélérat !  […] Je ne crois pas avoir à m’excuser auprès de mes lecteurs pour leur avoir donné ici tant de pages qui ne sont pas de moi et qui sont de meilleurs que moi ; comme la plupart étaient inédites ou peu connues, j’imagine qu’on aura pris, à les lire, quelque chose du plaisir que j’ai eu moi-même à les rassembler.

84. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Il dansa parfaitement bien, et, quoiqu’il n’eût alors que huit ans, on pouvait dire de lui qu’il était un de ceux de la compagnie qui avaient le meilleur air, et bien assurément le plus de beauté. […] Ce serait là l’épigraphe la meilleure à mettre en tête des écrits de Louis XIV, et elle se trouverait en partie justifiée en le lisant. […] Il croit que le bon sens, mis à l’épreuve de la pratique et de l’expérience, est le meilleur conseiller et le plus sûr guide : et il est tenté quelquefois de tenir pour inutiles les conseils écrits, à commencer par ceux qu’il donne à son fils ; mais aussitôt il se ravise, et il estime qu’il est profitable à tout bon esprit d’être mis en garde à l’avance et prémuni contre les erreurs. […] Notez bien cet esprit solide et agissant, revêtez-le d’éclat et de majesté, voilà la meilleure définition qui se puisse donner de lui dans sa jeunesse. […]        Comme maître premièrement, Puis comme ayant un sens meilleur que tous les nôtres.

85. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Le mot le plus vrai qu’on ait dit sur elle, est celui de Descartes : la lecture des bons livres est comme une conversation qu’on aurait avec les plus honnêtes gens des siècles passés, et une conversation où ils ne nous livreraient que le meilleur de leurs pensées. […] Je suis porté à croire que si l’on donnait des éditions, je ne dis pas scolaires, mais simplement communes et populaires des chefs-d’œuvre de la vieille langue, si quelques spécialistes mettaient leurs soins à établir pour ces éditions une orthographe moyenne et partiellement conventionnelle, qui fixât les mots dans une forme unique d’un bout à l’autre de chaque œuvre et pour certains groupes assez larges d’écrivains, et qui facilitât la lecture des textes originaux, on ferait aisément entrer le meilleur de notre moyen âge dans le domaine commun de la littérature. […] J’ai fait connaître, lorsqu’il y avait un intérêt quelconque, les éditions originales : mais, à l’ordinaire, je me suis contenté d’indiquer les meilleures, les plus modernes (quand elles sont les meilleures), et, en certains cas, les plus accessibles à tout le monde.

86. (1760) Réflexions sur la poésie

Nos meilleurs écrivains conviennent que les phrases, et si on peut parler ainsi, les formules du langage poétique sont insipides dans la prose. […] De toutes les églogues de Virgile, la meilleure peut-être, sinon comme églogue, au moins comme pièce, est celle de Corydon et d’Alexis ; et assurément on ne dira pas que ce soit là un sujet pastoral. […] Il est vrai qu’indépendamment de la versification, il y a une autre raison du refroidissement nécessaire qu’on éprouve en les lisant, c’est le peu d’intérêt qui règne (au moins pour nous) dans ces longs ouvrages ; et ce qui le prouve, c’est l’impossibilité absolue de les lire dans la meilleure traduction. […] Lettre à un journaliste Mes Réflexions sur la Poésie, approuvées, monsieur, par nos meilleurs poètes, ont excité la colère et les cris de quelques rimailleurs.

87. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

Je ne parle pas de Clarisse, qui est un roman de l’esprit humain, à sa meilleure place, en Angleterre. […] Les lettres furent peut-être, en ce moment, le meilleur de la littérature. […] Mais je sais combien les hommes bons, et même les meilleurs dans l’habitude ordinaire de la vie, en amour peuvent être atroces. […] Ce Boufflers me plaît moins que l’autre, et je chante comme l’autre : Tous les goûts sont dans la nature, Le meilleur est celui qu’on a !

88. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 10, du temps où les hommes de génie parviennent au mérite dont ils sont capables » pp. 110-121

Mais il ne suffisoit pas à Moliere d’être grand poëte pour être capable de les composer : il falloit encore qu’il eût acquis une connoissance des hommes et du monde, qu’on n’a pas de si bonne heure, et sans laquelle le meilleur poëte ne sçauroit faire que des comedies médiocres. Le poëte tragique doit atteindre le dégré de perfection où il est capable de monter, de meilleure heure que le poëte comique, le génie et une connoissance generale du coeur humain, telle que la donnent les premieres études, suffisent pour faire une tragédie excellente. […] Voilà cependant le caractere que les maîtres trouvent de meilleur augure.

89. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XV » pp. 61-63

Si Villemain n’a pas proposé cette année sa loi organique sur l’instruction secondaire, c’est que le roi ne s’en est pas soucié : « Laissons faire, disait-il au ministre, laissons-leur la liberté à tous, moyennant un bon petit article de police qui suffira. » — Le roi est peut-être meilleur politique en disant cela, mais Villemin est meilleur universitaire. — Ces querelles religieuses détournent de la politique active immédiate.

90. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

Il en auroit fait disparoître ce qu’il y a de défectueux, & l’eût rendu, à peu de frais, un des meilleurs que nous ayons en ce genre, comme il est un des plus curieux par les anecdotes qui y sont rassemblées. […] Son Commentaire sur la Henriade, qui n’a paru qu’après sa mort, est le meilleur Livre de critique littéraire qu’on puisse mettre entre les mains des jeunes gens, pour leur former le jugement & le goût.

91. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

“Nos meilleurs historiens modernes, dit l’auteur dans sa préface, m’ont fourni les faits, & me serviront de garans. […] La derniere & la meilleure édition est celle de Paris 1749. […] Barthelemi, Magistrat intégre, vertueux, instruit & digne d’un meilleur sort. […] Cet historien, trop servile imitateur des anciens, leur a dérobé leurs meilleures réfléxions, & leurs plus beaux tours. […] Roi d’Angleterre réimprimée en 1727. en deux volumes in-12., est le meilleur ouvrage de cet auteur.

92. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Lahor, Jean = Cazalis, Henri (1840-1909) »

Ferdinand Brunetière L’esprit de curiosité scientifique dont la trace se retrouve dans quelques-uns de ses meilleurs poèmes le poussa dans des directions variées. […] Après l’avoir relu, je le mets décidément à l’un des meilleurs endroits de ma bibliothèque, non loin de l’Imitation, des Pensées de Marc-Aurèle, de la Vie intérieure et des Épreuves de Sully Prudhomme, — dans le coin des sages et des consolateurs.

93. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Si je m’en rapporte aux meilleurs témoignages, M.  […] Arago dans son bon temps et dans sa meilleure manière. […] Dans la biographie de Thomas Young, une des meilleures qu’il ait écrites, il arrive à une conclusion des plus judicieuses et des plus fines, lorsque, pour refuser à l’illustre docteur la gloire d’avoir découvert la vraie théorie des hiéroglyphes égyptiens et la maintenir à Champollion, il s’appuie de l’exemple de ce même Young et lui maintient contre Hooke l’honneur d’avoir découvert ce qu’on appelle en optique les interférences, se servant d’un raisonnement analogue dans les deux cas pour le couronner à la fois et pour le réduire. […] Il me semble, à lire ces éloges qu’ont donnés au grand mécanicien Watt les meilleurs critiques littéraires de son pays, qu’il y avait là occasion tout naturellement de montrer par cet exemple qu’aucune incompatibilité absolue n’existe entre les dons du génie industriel et les qualités de culture classique excellente. […] Je le répète, au milieu des défauts qui sont saillants, il y a dans ses meilleurs éloges, tels que ceux de Fresnel, de Fourier, de Volta, d’Young, de Watt, des parties d’exposition solide où se marque distinctement l’intelligence supérieure et le maître.

94. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

S’adressant au prince Maurice, au comte Guillaume son cousin et aux divers membres de cette maison, qui sont tout-puissants en Zélande, il les adjure de ne pas s’opposer, mais d’aider à la réunion de tous, et il rappelle au prince Maurice en particulier le noble exemple de Phocion, grand et sage capitaine, lequel, à l’occasion d’un conseil qu’il avait dissuadé et qui réussit pourtant à l’exécution, disait « qu’il ne se repentait pas d’avoir rejeté un conseil qu’il avait jugé en sa conscience devoir être dommageable, mais qu’il était très aise que le succès en eût été meilleur et plus heureux qu’il n’avait pensé ». […] Barneveld disait de lui, au sortir d’une conférence : « Je m’en vais toujours meilleur de quelque chose quand je parle à cet ambassadeur, et je ne sais ce que nous ferions sans lui. » — Et pour une marque certaine de l’estime auquel il était, nous dit Saumaise, témoin oculaire, c’est qu’il n’y a point de familles honnêtes ni de bonnes maisons en toutes ces provinces, où son portrait en leurs plus belles chambres ne servît d’ornement ; et, pour dire la vérité, cette figure est agréable à voir, car ce front élevé et cette grosse tête a je ne sais quoi de romain qui respire la liberté. […] Lorsque Henri IV eut rendu aux Provinces-Unies tous les services qu’on pouvait attendre du meilleur et du plus sûr allié et ami, il jugea à propos que le président Jeannin fît, avant son départ, une recommandation de charité et de justice en faveur des catholiques du pays, ainsi molestés et opprimés : Je dois cela, disait notablement Henri IV, à la religion de laquelle je fais profession, et à la charité qui doit accompagner un roi très-chrétien, tel que Dieu m’a constitué. […] Sully, lui écrivant dans les derniers mois, n’avait pu s’empêcher de le louer : J’ai toujours fort estimé la vivacité de votre esprit et la solidité de votre jugement, lui disait ce témoin difficile, mais ces dernières actions m’en donnent meilleure opinion que jamais, ayant su vous débarrasser de tant de diversités et opinions différentes qui tombent d’heure à autre dans l’esprit de toutes les parties avec lesquelles vous avez à traiter ; car non seulement il faut concilier deux ou trois partis fort éloignés de désirs et intentions les uns des autres, mais il semble que vous ayez à faire autant de traités qu’il y a de personnes d’autorité de tous bords, y ayant autant d’opinions que de têtes. […] Le soin principal doit être lors de conserver le royaume, la paix et l’autorité royale plutôt avec prudence, en dissimulant, en achetant quelquefois l’obéissance, qu’on acquiert par ce moyen à meilleur prix que s’il y fallait employer la force et les armes, qui mettent tout en confusion… C’est ainsi que d’après son conseil, au commencement de la régence, la reine avait fait aux grands des cadeaux et présents « qui étourdirent la grosse faim de leur avarice et de leur ambition ; mais elle ne fut pas pour cela éteinte », a remarqué Richelieu ; il aurait fallu recommencer toujours.

95. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Le meilleur des hommes est celui qui trouve en soi et de lui-même la sagesse ; vient ensuite celui qui est capable de l’entendre et de la recevoir d’autrui. […] Voici le portrait du taureau, du mezenc pur-sang, et qui rappelle les portraits d’animaux au livre III des Géorgiques ( optima torvæ forma bovis… ) : Portant haut, bien campé sur un jarret d’acier, Trapu, tout près de terre, encore un peu grossier ; Groupe longtemps étroite, et déjà suffisante ; Le rein large et suivi, l’encolure puissante, Le garrot s’évasant en un large plateau, L’épaule nette, — et forte à porter un château ; La poitrine, en sa cage, ample et si bien à l’aise Qu’il faudrait l’admirer dans une bête anglaise ; Sobre et fort, patient et dur, bon travailleur, À ce point qu’un salers à peine fût meilleur, Lent à croître, mais apte à la graisse à tout âge, Tel est le pur mezenc, taureau demi-sauvage ; Et tel voici Gaillard, roi de mes basses-cours, Sultan de mon troupeau, connu dans les concours, Lauréat de renom, vainqueur en deux batailles, Et qui n’est pas plus fier ayant eu deux médailles. […] — mais c’est encor ma meilleure laitière ; Elle donne par jour vingt litres de bon lait. […] Donc, qu’elle soit moins belle et plus vieille, il m’agrée, Doux amis, qu’elle soit toujours la préférée, Puisqu’elle est toujours bonne et qu’ici, comme ailleurs, Nous devons aux plus beaux préférer les meilleurs. […] C. de Lafayette n’est pas un pauvre diable comme Michel, mais il a fait en poésie quelques toiles qui le rappellent, et qui le classent lui-même parmi nos meilleurs paysagistes.

96. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

L’historien de Louvois a eu ici, par contraste, à nous retracer le dépérissement de la discipline sous Louis XV, comme il nous en avait expliqué la vigueur et le ressort aux meilleures années de Louis XIV. […] Le comte de Gisors étudiait de près les hommes, les institutions ; il fut guidé et piloté à certains jours en Angleterre par Horace Walpole, qui garda de lui la meilleure idée, et qui, en apprenant sa mort, écrivait : « Je suis très chagrin de la mort du duc de Gisors ; il m’avait été recommandé quand il vint en Angleterre. […] Toujours un peu de plaisanterie se mêle aux regrets même des meilleurs des mondains. […] En définitive, il laissa la meilleure impression après lui. […] Son cœur seul put être rapporté en France, Le major du régiment de Champagne, M. de Vignolles, appelé par le mourant, et qui avait reçu ses derniers soupirs, écrivait du camp près de Cologne, le 28 juin 1758 : « Nous venons de perdre le meilleur sujet du royaume et la plus belle âme ; il était doué de trop de vertus pour vivre dans un siècle aussi corrompu.

97. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Si l’on retranche certains cris violents et passionnés qui échappèrent à sa muse dans les premiers moments, de courts accès de la fièvre universelle qui atteignait en sens divers les meilleurs esprits, il était fait évidemment pour traiter de ces questions à l’ordre du jour, et pour en disserter en toute prudence et connaissance de cause. […] Le second Recueil de Charles Loyson, dans lequel étaient comprises les meilleures pièces du premier, et qui avait pour titre Épîtres et Élégies (1819), présente un tout autre caractère. […] Claveau, un de nos meilleurs critiques, discutant sur le degré de croyance ou d’incrédulité de l’auteur de Childe Harold, a montré qu’il y a bien des fluctuations chez lui et du va-et-vient. « Après tant d’épreuves, dit-il, il en était revenu à son point de départ, ou plutôt il ne s’en était jamais éloigné ; il n’avait pu dépasser, dans le blasphème et la révolte, ce qu’on peut nommer l’étape des poètes. […] Sans compter que c’est un des meilleurs morceaux de l’auteur, le réimprimer eût été certainement un à-propos et presque une flatterie à l’adresse de son éloquent neveu. […] C’est assurément un des meilleurs écrits sur la question.

98. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

C’est l’indignation de voir cet enseignement piétiner dans sa routine qui nous a mis la plume à la main ; ce sont les mauvaises méthodes qui nous ont donné l’idée d’en proposer une qui fût meilleure, ou du moins qui fût profitable. […] Albalat répond avec la meilleure grâce du monde : le vôtre. […] Albalat répond avec la meilleure grâce du monde : le vôtre. […] Albalat a lu, la plume à la main, annoté, disséqué les pages de tous nos écrivains français ; et, les textes sous les yeux, il explique comment on peut s’y prendre pour écrire sans recherche, mais avec précision, goût, sobriété et, si possible, de façon originale6. »‌ M. de Gourmont lui-même le reconnaît :‌ « Ce livre, dit-il, est bien meilleur que son titre, en ce sens qu’il soulève toutes sortes de questions de psychologie linguistique, alors qu’ou aurait pu s’attendre à un simple manuel scolaire… L’œuvre garde des parties excellentes ». […] Sur quoi se fonde-t-il pour croire le sien meilleur ?

99. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVI » pp. 215-217

Il y écrivait alors des articles très-classiques contre les excès de l’école romantique et même contre ses meilleures productions. […] Armand Carrel le citait comme un des meilleurs écrivains du temps.

100. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 285-288

Berruyer, [Isaac-Joseph] né à Rouen en 1681, mort à Paris en 1758, seroit sans contredit le meilleur de nos Historiens, si les Histoires qu’il a écrites portoient un autre titre que celui de Peuple de Dieu. Nous ne l’envisagerons point comme Théologien : nous souscrivons au jugement qu’on en a porté à cet égard ; mais en qualité d’homme de Lettres, il nous est permis de le regarder comme le génie le plus heureux, & comme un des meilleurs Ecrivains que nous ayons eus.

101. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Ce personnage est le principal mobile de l’action ; & sans agir pour lui-même, sans affoiblir l’intérêt qui roule sur les Amans, ni emprunter aucun secours étranger, il parvient à faire sortir le dénouement du fond du sujet ; ce qui est très-rare dans un Valet intrigant, & peut-être même sans exemple chez nos meilleurs Comiques anciens & modernes. […] Au reste, le sujet du Tuteur dupé est tiré du Fanfaron de Plaute, & la meilleure scene du Mariage interrompu est une imitation des Bacchides du même Poëte Latin.

102. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

Il est recherché, ainsi que ses Tablettes ; mais on auroit pu leur donner un meilleur ordre & réformer le style trop souvent incorrect & louche. […] Ce que Lucien & Rapin ont dit de plus utile & de plus important sur la meilleure maniere d’écrire l’Histoire, est reproduit dans ce livre curieux à bien des égards.

103. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Plus récemment, dans un travail philosophique non moins intéressant et des plus complets, où il a puisé aux meilleures sources biographiques, M.  […] Sans prétendre m’engager si avant, je profiterai de tout cela, et surtout d’un manuscrit autographe de Saint-Martin, que je ne crains pas d’appeler son meilleur ouvrage. […] Singulier siècle, où l’incrédulité, l’athéisme, aux meilleurs jours un déisme agressif, le naturalisme toujours, se promenaient en plein soleil, et où le sentiment religieux et divin, ainsi refoulé dans l’ombre, allait se prendre à des sortilèges ou à des fantômes ! […] Il disait cela, bien que le meilleur de ses amis fût une femme, Mme Boechlin, de Strasbourg. […] Lavater, en louant le meilleur ouvrage de Saint-Martin, L’Homme de désir, avouait ingénument qu’il ne l’entendait pas tout entier : « Et dans le vrai, dit Saint-Martin, Lavater eût été fait pour tout entendre, s’il avait eu des guides.

104. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Villars, qui connaissait l’électeur de longue main, croyait que le meilleur parti à prendre avec lui était celui de la hauteur pour lui imposer et fixer les incertitudes d’un esprit peu solide, assez beau en paroles, mais qui n’avait nulle résolution arrêtée, surtout en matière de guerre. […] Il n’obtint rien de M. de Vendôme ; il ne put déterminer l’électeur à un grand parti, et ne put lui persuader que le meilleur moyen de défendre ses états était de faire trembler l’adversaire au cœur des siens. […] Je vous le donne pour officier général très entendu et des meilleurs. […] « On envoie un empirique, disait-il gaiement, là où les médecins ordinaires ont échoué. » Il prit d’ailleurs sa mission très au sérieux, et eut dès l’abord des idées saines et justes sur l’esprit qu’il convenait d’y apporter : Je me mis dans la tête de tout tenter, d’employer toutes sortes de voies, hors celle de ruiner une des meilleures provinces du royaume ; et même que si je pouvais ramener les coupables sans les punir, je conserverais les meilleurs hommes de guerre qu’il y ait dans le royaume. […] Tout l’honneur de l’avoir conjuré revient à Villars, à sa fermeté, à son choix d’un bon poste, à sa sagesse à s’y maintenir, à l’esprit excellent dont il avait animé ses troupes, et qui fit perdre à l’adversaire l’idée qu’on les pût entamer. « Mes affaires, par le parti que vous avez obligé le duc de Marlborough de prendre, lui écrivait Louis XIV satisfait, sont au meilleur état que je les pouvais désirer ; il ne faut songer qu’à les maintenir jusqu’à la fin de la campagne ; si elle était heureuse, je pourrais disposer les choses de manière à la finir par quelque entreprise considérable. » Marlborough, en s’éloignant, crut devoir s’excuser auprès de Villars même (une bien haute marque d’estime) de n’avoir pas plus fait ; il lui fit dire, par un trompette français qui s’en revenait au camp, qu’il le priait de croire que ce n’était pas sa faute s’il ne l’avait pas attaqué ; qu’il se retirait plein de douleur de n’avoir pu se mesurer avec lui, et que c’était le prince de Bade qui lui avait manqué de parole.

105. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

La favorite l’a appelée : « Envieuse. » Le Maître a déclaré : « Il est juste que celle-ci, qui est belle, ait la meilleure part. » Il a dit encore : « Il faut que tout le monde vive. » Il a conclu : « Tout travail mérite salaire. » L’esclave laborieuse est partie persuadée par ces paroles. […] Je leur apprendrai ensuite le langage persuasif qui fait de la plus mauvaise cause la meilleure. […] Les prostitués les ont appelés : « Envieux. » Et le Maître a répondu : « Leur intelligence a justement mérité à ceux-ci la meilleure part. » Et : « Il faut que tout le monde vive. » Et encore : « Tout travail mérite salaire. » Bien que penser, chanter, sculpter, donner son âme et son esprit aux jeunes gens ne soient que des repos et des joies, le Maître avait raison d’employer le mot travail.

106. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Son traité de l’Existence de Dieu passe pour le meilleur. […] Il faut un globe, des sphères et le meilleur atlas qu’on pourra former. […] Celle du jésuite Petau, Rationarium Temporum90 , est peut-être le meilleur livre sur la connaissance des temps.

107. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Il y avait doute encore et débat sur la manière de dire Hirondelle, Arondelle, Hérondelle ; Vaugelas inclinait pour cette dernière forme et l’estimait, la meilleure, comme elle était aussi la plus usitée des trois. […] Il avait donc, lui aussi, ses scrupules, mais très-arriérés, et il ne voulait pas qu’on les poussât trop loin, ni jusqu’à s’y asservir au préjudice de l’expression des pensées : « Il y en a, disait-il, qui, plutôt que d’employer une diction tant soit peu douteuse, renonceraient à la meilleure de leurs conceptions ; la crainte de dire une mauvaise parole leur fait abandonner volontairement ce qu’ils ont de meilleur dans l’esprit ; et il se trouve à la fin que, pour ne commettre point de vice, ils se sont éloignés de toute vertu. » Le fait est qu’avec le souci qu’ont perpétuellement les Vaugelas, les Pellisson, et en s’y tenant de trop près, on se retrancherait beaucoup de pensées à leur naissance, de peur d’être en peine de les exprimer. […] L’orateur Calvus, chez les anciens, nous est représenté comme atteint de cette superstition qui le faisait ressembler à un malade imaginaire : pour trop craindre d’amasser du mauvais sang, on se tire des veines le plus pur et le meilleur. — Il compare encore ces écrivains uniquement élégants, qui prennent tant de peine aux mots, aux nombres, et si peu à la pensée, à ceux « qui s’amusent à cribler de la terre avec un grand soin pour n’y mettre ensuite que des tulipes et des anémones » ; belles fleurs, il est vrai, agréables à la vue, mais de peu de durée et de nul rapport. […] Que de paris, après déjeuner, que de disputes sur la meilleure façon de dire, dont on le faisait de loin l’arbitre et le juge ! […] Poitevin qui s’est amusé, dans ce qu’il appelle une Cacographie, à recueillir les prétendues mauvaises phrases des meilleures écrivains du temps.

108. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

La question est de savoir si, cette promesse une fois faite, cette intention hautement manifestée au nom de l’initiative souveraine, on a pris les meilleurs moyens de la réaliser. Que si l’on en vient aux questions, on pourrait même se demander si, en se décidant à passer d’un système à l’autre, le meilleur moment et le plus propice a été choisi. […] S’il en était des lois comme des ouvrages d’esprit au temps de Boileau, celle-ci devrait être bien parfaite, car ce n’est pas vingt fois, c’est trente fois, c’est cent que les faiseurs ont remis sur le métier leur ouvrage ; et pourtant la loi n’est pas devenue pour cela meilleure quant au fond ; et, en ce qui est de la forme, le bienveillant rapport que vous avez entendu n’a pu lui-même dissimuler qu’elle laisse à désirer pour la bonne rédaction. […] Ses meilleurs avocats n’avaient pas pour elle des entrailles de mère. […] Laissez-moi achever, messieurs ; je crois que ce sera de meilleur goût ; je tiens à avoir mon affront jusqu’au bout, de même que j’ai mon public.

109. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 66-69

Regnard, [Jean-François] né à Paris en 1647, mort en 1709 ; le meilleur de nos Poëtes Comiques, après Moliere, en ce qu'il a le plus approché du génie de ce Grand Homme. […] S'il avoit eu soin d'unir la morale à la force comique ; de suivre les regles indispensables de la Comédie, destinée par son institution à instruire & à corriger ; de donner aux travers qu'il expose, les couleurs qui en font sentir & détester la difformité ; de punir sur la Scene les Personnages vicieux qu'il y introduit ; en un mot, de travailler à rendre les hommes meilleurs, autant qu'il s'appliquoit à les amuser : il est certain qu'il auroit droit de prétendre à une gloire plus brillante & plus solide que celle dont il est en possession.

110. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Prosper Faugère, si connu par son édition originale de Pascal, la personne ou les personnes qui avaient préparé le recueil et qui ne se nomment point (selon une habitude modeste ou mystérieuse imitée ou héritée de Port-Royal) ont fait le meilleur choix possible ; il ne se pouvait de plus sûre garantie de scrupule et d’exactitude. […] Si elle avait vécu dans le monde, on aurait parlé d’elle comme d’une précieuse du bon temps et de la meilleure qualité. […] Au petit rayon de clarté qui me paraît maintenant, mon esprit se développe et se met en devoir d’expliquer vos paroles, et de regarder d’un meilleur œil cette excellente fille qui a ravi votre cœur. […] Singlin et de M. de Saint-Cyran une maxime pratique qu’elle applique sans cesse, c’est qu’il ne faut rien faire dans la précipitation, c’est que le désir, même lorsqu’il est dans le meilleur sens et vers le plus louable but, doit faire, en quelque sorte, sa quarantaine et son carême, et doit user son attrait avant de s’accomplir, si l’on veut qu’il produise tout son fruit : « Il faut faire toutes choses, dit-elle, dans une certaine maturité qui amortit l’activité de l’esprit humain, et qui attire une bénédiction de Dieu sur ces choses dont on s’est mortifié quelque temps. » C’est ce qu’on appelle en ce style mystique pratiquer la dévotion du retardement, et elle la conseille en toute occasion aux personnes qui lui font part de leurs peines et des obstacles qu’elles rencontrent dans la voie du bien.

111. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin a pris soin de recueillir quelques-unes de ses meilleures paroles et de ses meilleures pages dans les agréables volumes qu’il publie aujourd’hui. […] Les passions exagèrent la vue des choses, même pour les meilleurs esprits ; elles détournent, elles amusent ; on a du jugement, mais on le suspend dans les occasions où il nous gêne ; on a le sentiment des ridicules, mais on l’étouffe sous une certaine chaleur d’enthousiasme qui séduit. […] Lors même que la décadence du goût est déjà avancée, quand Tacite (ou tout autre) écrivait ce Dialogue des orateurs, où toutes les opinions, même celles des romantiques du temps, sont représentées, l’agrément et la raillerie ne nuisaient pas au sérieux ; aucun système n’est sacrifié dans cet excellent dialogue, et chaque côté de la question est défendu tour à tour avec les meilleures raisons et les plus valables.

112. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Richepin et meilleurs. […] Mais placez à son centre l’âme consciente avec tous ses pouvoirs, faites rayonner à son foyer incandescent la divine Psyché, déployez ses ailes — et le théâtre sera le miroir de la vie meilleure, l’éducateur du peuple, l’initiateur qui conduit l’homme à travers la forêt de la vie et les mirages du rêve au sommet des plus hautes vérités. […] Mais il y a place pour deux théâtres, Corneille et Molière, la peinture du meilleur et du pire. […] A. de Lorde doivent être mis à part La Dormeuse est la meilleure pièce du genre et peut-on dire le modèle, parce qu’elle est la moins compliquée.

113. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

A la vérité, il n’est pas de la dernière importance, puisqu’il se réduit à faire voir la dureté de l’empire que l’homme exerce sur les animaux et sur toute la nature ; mais c’est quelque chose de l’arrêter un moment sur cette idée ; et La Fontaine a d’ailleurs su répandre tant de beautés de détail sur le fond de cet Apologue, qu’il est presque au niveau des meilleurs et des plus célèbres. […] Les meilleures fables sont celles où les animaux sont peints dans leur naturel, avec les goûts et les habitudes qui naissent de leur organisation. […] Deux perroquets, l’un père et l’autre fils… Ces quatre premiers vers sont joliment tournés, et sembleraient annoncer un meilleur apologue. […] Il est aisé de reconnaître l’auteur des Maximes dans la comparaison du gâteau ; mais il aurait dû dire à La Fontaine qu’il n’en avait pas tiré le meilleur parti possible.

114. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il ne paraît pas qu’elle ait été jamais bonne ; les meilleurs moments ne furent que des suspensions d’assez vives souffrances. […] Quant à la science, même celle qui a pour objet de rendre la vie meilleure, de quel fruit est-elle, par exemple, pour les pauvres, pour les malades atteints à mort ? […] Mais cet instinct et cette croyance ne seront-ils pas toujours de meilleurs gardiens des vérités qu’ils nous révèlent que la science et la théorie cartésiennes ? […] L’exemple en eût-il été meilleur pour l’esprit humain et pour les lettres françaises ? […] Boileau regardait Pascal comme le meilleur écrivain en prose de son siècle51.

115. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 7-11

En second lieu, il s’est expliqué si souvent lui-même en faveur de la bonne & vraie Comédie, contre celle à laquelle il a sacrifié, qu’un jugement si désintéressé n’est propre qu’à lui procurer une double gloire, l’une d’avoir fait les deux meilleures Pieces d’un genre qu’il condamne lui-même, l’autre de savoir rendre hommage aux regles & au goût. […] Quoique connu dans les meilleures Sociétés, par des Chansons, des Vaudevilles, des Parodies, des Amphigouris, & d’autres Productions marquées au coin de l’agrément & de la gaieté ; néanmoins une grande modestie, beaucoup de défiance de lui-même, une juste idée des difficultés de l’Art, l’empêchoient de se produire sur le Théatre de la Nation.

116. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 540-543

Auroit-il été assez injuste à l’égard de Boileau, pour avancer qu’on ne peut lui refuser toutes les parties d’un grand Poëte, excepté l’invention, si le Lutrin, qui est tout invention, n’étoit un meilleur Poëme* que la Henriade ? […] Ceux qui doutent que le Lutrin ne soit un meilleur Ouvrage que la Henriade, considérée comme Poëme, n’ont qu’à lite l’excellent Parallele qui a été fait de ces deux Ouvrages.

117. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Le meilleur s’en est perdu en passant par leur bouche. […] Aussi les meilleurs vers de la pièce sont-ils dans la bouche de Baliveau. […] Les meilleurs vers sont dans le rôle d’Ariste, le sage, l’ami sensé de la sotte famille où le Méchant s’est rendu le maître en y brouillant tout le monde. […] Ses vers ont l’originalité de la bonne éducation, la meilleure après celle du génie. […] Il s’en trouve aussi du moins bon ; il y relève le prix du meilleur.

118. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Et encore le lendemain : Mon faucheur, mets des ailes à ta meilleure bête ; j’ai dit à Montespan de crever la sienne. […] Les lettres de ce temps que Henri adresse à M. de Saint-Geniez, son lieutenant général en Béarn et l’un de ses meilleurs serviteurs, montrent à quel point il commence à s’occuper sérieusement de ses affaires, et, à cet âge de trente-trois ans où il est arrivé, à devenir tout à fait l’homme de conseil et de maturité qu’il sera depuis : « N’accomparez plus les actions de feu Monsieur (le duc d’Alençon) aux miennes ; si jamais je me fiai en Dieu, je le fais à cette heure ; si jamais j’eus les yeux ouverts pour ma conservation, je les y ai. Devant que la fin de juin passe, vous direz que ma tête est la meilleure de mon conseil. » (4 mai 1586.) Mme de Grammont ne jette que de rapides diversions et n’obtient que de charmants éclairs à travers ces préoccupations nombreuses : « Je suis sur le point de vous recouvrer un cheval qui va l’entrepas, le plus beau que vous vîtes et le meilleur, force panache d’aigrette. […] Il se représente à nous comme ayant donné à son roi les meilleurs conseils dans un sens aussi politique que généreux, ce que la comtesse ne lui pardonna jamais.

119. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Son père, qui était un marchand de vin en gros suivant la Cour, et fort connu des grands, lui fit donner la meilleure éducation : Voiture étudia à Paris, au collège de Boncourt, et de là il alla faire son droit à l’université d’Orléans. […] Les lettres de M. d’Avaux, dit-on, sont les meilleures, et je le crois d’après les échantillons. […] Aurait-il été un président Hénault beaucoup plus vif, un Gresset plus durable, un abbé Galiani mitigé et de meilleur ton ? […] Il n’avait pas un meilleur goût, mais un goût qui, mieux entouré ou portant sur de grands sujets, aurait pu devenir meilleur, et il l’a prouvé.

120. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Les lettres publiées par M. de Bérenger nous montrent Chaulieu à l’âge de trente-six ans (1675), très lancé dans le meilleur monde, l’intime et le familier des Bouillon, des Vendôme, des Marcillac, et, dans sa première pointe d’ambition, accompagnant M. de Béthune ; alors envoyé extraordinaire en Pologne. […] Ils ne sauraient guère avoir de meilleur maître… Il donna audience à l’envoyé des Tartares lundi ; il (l’envoyé) vint l’assurer de l’amitié du khan son maître, et de l’envie qu’il a de ménager une bonne paix entre le Turc et lui. […] Elles nous suffisent pour découvrir déjà en Chaulieu un sentiment de fierté qu’il eut toujours depuis, ce que Saint-Simon appelait de l’audace, mais qui méritait un meilleur nom, et qui partait de ce sentiment réfléchi par lequel un esprit indépendant se juge soi-même et les autres. […] Cette école qu’il fit en Pologne l’y aida beaucoup et acheva sa maturité : « Au moins, si je n’ai rien profité à mon voyage, écrivait-il, me trouverez-vous revenu avec une bonne opinion de moi, et une fierté qui vous paraîtra extraordinaire pour un homme dont les affaires ne sont pas en meilleur état que les miennes. » Cette fierté est décidément un des traits du caractère de Chaulieu ; lui-même il est convenu de l’avoir poussée un peu loin : Avec quelques vertus, j’eus maint et maint défaut : Glorieux, inquiet, impatient, colère, Entreprenant, hardi, très souvent téméraire, Libre dans mes discours, peut-être un peu trop haut. […] ce n’est point pour le public que Chaulieu dans l’intimité écrivait ses lettres, et on n’a qu’à ouvrir les correspondances du temps et les recueils manuscrits des chansons historiques, c’était là le ton habituel des gens de la meilleure société dans le Grand Siècle.

121. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Regnard, quand il eut produit quelques-uns de ses meilleurs ouvrages en vers, eut la bonne grâce de dédier sa pièce des Ménechmes à Boileau, en se professant son disciple et en lui disant : Le bon sens est toujours à son aise en tes vers ; et Boileau, à quelqu’un qui, pour lui faire la cour, traitait devant lui Regnard de poète médiocre, eut la justice de répondre : « Il n’est pas médiocrement gai. » « Qui ne se plaît pas à Regnard n’est pas digne d’admirer Molière », a dit excellemment Voltaire. […] On n’analyse pas les causes du rire, et il en est de lui comme de l’amour : le meilleur est encore celui dont on ne peut dire la cause. […] Dans ses bonnes comédies en vers, son style est du meilleur aloi et du meilleur coin. […] Il est aisé, en effet, c’est bien le mot, c’est sa devise ; il est, par tempérament et par humeur, le plus gai des hommes, il a le rire le plus franc et le plus naturel, le style le plus naïf et du meilleur cru : ne lui en demandons pas davantage.

122. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Si les meilleurs musiciens d’aujourd’hui sont au-dessus de l’école de Durante ? […] Notre jury musical n’est-il pas formé des musiciens qui ont composé les meilleures partitions ? […] On est généralement fatigué du charlatanisme, de l’emphase et de l’affectation qui défigurent nos meilleures tragédies modernes. […] D’Alembert prétend que les tragédies de Corneille sont meilleures à lire qu’à jouer. […] Si l’intrigue répondait au caractère principal, le Menteur serait une de nos meilleures comédies.

123. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Les idées sur l’immortalité sont bonnes aussi pour ceux qui n’ont pas été très bien partagés ici-bas pour le bonheur, et je parierais que, si le bon Tiedge avait eu un meilleur sort, il aurait eu aussi de meilleures idées. » L’insensé ! […] « Par les fortes chaleurs d’été, me dit Goethe, je ne connais pas de meilleur asile que cette place. […] J’ai vu des arcs écossais tout droits, et d’autres au contraire recourbés à leur extrémité ; lesquels tenez-vous pour les meilleurs ? […] — Mais, dis-je, ce roman chinois est-il un de leurs meilleurs ? […] — C’est là une des meilleures histoires sur les oiseaux que j’aie jamais entendues, dit Goethe.

124. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Dans la suite ils ont vû des meilleurs tableaux d’Italie, dont les espagnols ont transporté un grand nombre dans le nouveau monde. […] Les indiens qui ont si bien appris les autres arts que les espagnols leur ont enseignez, qu’ils sont devenus, par exemple, meilleurs massons que leurs maîtres, n’ont rien trouvé dans les tableaux d’Europe qui fût à leur portée, que la vivacité des couleurs brillantes. […] Charles IX les honoroit jusqu’à leur sacrifier lui-même, pour ainsi dire, et les vers qu’il composa pour Ronsard, valent bien les meilleurs qu’ait fait ce poëte illustre. […] Les cinq meilleurs graveurs en taille douce que nous aïons vûs, étoient françois par leur naissance ou par leur éducation. […] Ces huit tableaux peuvent être comparez aux meilleurs ouvrages des éleves de Raphaël pour la poësie, et leur être préferez pour le coloris.

125. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Avec plus de goût, plus de travail & de meilleurs conseils, le P. […] Sa Comédie du Joueur est une des meilleures qui existe au théatre. […] C’est le ton de Moliere ; mais Moliere n’eut pas pris un meilleur ton. […] Omphale & Tancrede sont ses deux meilleurs ouvrages. […] La Fontaine a tiré ses meilleures Fables de son propre fond.

126. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 285-289

Ses Vers Italiens sont infiniment meilleurs ; les Littérateurs d’Italie en sont beaucoup de cas, quoiqu’on assure que ce Poëte ne savoit pas parler leur Langue. […] Pour s’en venger, le Président fit, après la mort de Ménage, son Eloge d’une maniere ironique, à peu près comme Voltaire a fait celui de Crébillon, qui n’avoit pas composé des Epigrammes contre lui, mais des Tragédies meilleures que les siennes.

127. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 448-452

Les Mariages assortis, la Coquette fixée, le Retour de l’Ombre de Moliere, sont d’une touche vraiment comique ; & avec une intrigue mieux combinée, mieux suivie, un dénouement mieux préparé, on pourroit le comparer à ce que nous avons eu de meilleur depuis Moliere & Regnard. […] Nous connoissons de lui plusieurs Ouvrages de Poésie, que nos meilleurs Poëtes n’auroient pas désavoués ; une Ode, entre autres, dont nous avons retenu la Strophe que voici.

128. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

On n’eût pu mettre en de meilleures mains que les siennes le Journal de Trévoux. […] C’est dans ces écrits périodiques que Desfontaines a paru aux yeux de ses partisans l’Aristarque de nos jours : c’étoit à leur gré un critique judicieux, qui avoit le tact sûr, avec un talent singulier pour saisir les beautés & les endroits foibles d’un ouvrage ; pour les présenter au public dans leur vrai point de vue, pour les lui présenter d’une manière élégante & enjouée ; un observateur qui mettoit de l’intérêt dans les moindres choses, qui sçavoit l’art d’amuser & d’instruire, de fondre habilement, dans l’occasion, toute cette érudition qu’il avoit puisée dans les meilleurs écrivains anciens & modernes. […] Sentant le hart de cent pas à la ronde ; Au demeurant, le meilleur fils du monde.

129. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Il y a un comique la mine grave, les sourcils froncés, et peut-être est-ce le meilleur de tous. […] beaucoup de bon sens, du meilleur bon sens français, sous son chapeau de fou à sonnettes. […] Le vin de champagne est meilleur quand il est glacé, mais il ne faut pas que les glaçons tombent du goulot de la bouteille.

130. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Charles (1873-1907) »

Il est certes dangereux d’évoquer les noms sacrés et les œuvres définitives à propos de quelqu’un d’entre nous, fût-ce le meilleur, et cependant je voudrais redire que j’ai goûté ici, grâce à l’aisance du rythme et à l’art d’animer les choses familières d’une puissante vie intérieure, un peu du charme puissant et doux qui fait des Contemplations un livre à part en notre langue. […] Mais depuis cet ouvrage, une place lui est due parmi les meilleurs des jeunes poètes récents.

131. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Larmes et perles tout ensemble, elles sont bien en effet jaillies du cœur, ses meilleures inspirations, celles qui se sont traduites en des pièces telles que les Yeux. […] En attendant, le poète rêve dans le présent, et rêve d’un monde meilleur. Meilleur, non point en tant que gros de promesses et de bouleversements qui réaliseraient ce qu’on ne voit pas en ce monde-ci ; non ; meilleur, pour Sully-Prudhomme, signifie moins changer que demeurer : il rêve l’immobilité pour ce qui fuit, la cristallisation de ce qui passe, l’éternité enfin pour tout ce qui l’a enchanté icibas dans les êtres et dans les choses, pour tout ce qu’il a trouvé de bon et de grand au cœur de l’homme. […] Mais ce peu de lumière à ce néant fidèle, C’est le reflet perdu des espaces meilleurs ! […] Et cette éloquence, parfois, est voisine de la rhétorique, même dans les meilleurs pièces, comme le Navire, qui finit par une imprécation bien connue.

132. (1739) Vie de Molière

Le dénouement qui a trop souvent été l’écueil de Molière, n’est pas meilleur ici que dans ses autres pièces : cette faute est plus inexcusable dans une pièce d’intrigue que dans une comédie de caractère. […] Le dénouement de l’École des maris est le meilleur de toutes les pièces de Molière. […] Jamais pièce française n’a été maniée par un de nos poëtes, quelque méchant qu’il fût, qu’elle n’ait été rendue meilleure. […] Fielding, meilleur poète et plus modeste, a traduit L’Avare, et l’a fait jouer à Londres en 1733. […] La meilleure satire qu’on puisse faire des mauvais poètes, c’est de donner d’excellents ouvrages ; Molière et Despréaux n’avaient pas besoin d’y ajouter des injures.

133. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Et peut-être, pour la langue, y a-t-il plus loin de ce grand poète à la meilleure pièce de théâtre antérieure à lui, que de Descartes lui-même aux meilleurs écrivains du commencement du dix-septième siècle. […] Mais le titre le plus honorable pour Garnier, c’est d’avoir fait une tragédie biblique, les Juives, peut-être son meilleur ouvrage. […] A quoi nous reconnaissons-nous le plus, sinon aux alternatives de cette lutte dans laquelle cèdent tour à tour, chez les meilleurs, la passion et le devoir, et chez les autres le devoir plus souvent que la passion ? […] Nos pères avaient donc meilleur goût que les beaux esprits du temps, quand, après avoir applaudi ce chef-d’œuvre, ils s’obstinèrent dans leur admiration, en dépit des censures du cardinal. […] Prenez la meilleure des pièces du théâtre espagnol, qu’y voyez-vous ?

134. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Le meilleur sang est celui qui compte le plus aux yeux de Dieu comme holocauste. […] Évidemment il y aura beaucoup de souffrances à endurer pour les meilleurs des Français ; n’étant pas des meilleurs, ce n’est pas moi sans doute qui souffrirai le plus… (Et gentiment il ajoute :) C’est une consolation, vous le voyez, qui n’en est pas une.‌ […] Voilà une lettre qui va donner à papa une telle joie que c’est encore cela qui me paraît le meilleur.‌ […] Avec un prodigieux mélange de raison et de violence magnifiques, avec cette résolution que son esprit exceptionnellement lucide joignait à une sorte de fougue méthodique, il assurait que les assauts vainqueurs étaient obtenus par le sacrifice résolu, la témérité contagieuse de quelques meilleurs, de même que la panique venait du cri, même absurde, d’un seul. […] Je ne sais pas de meilleur texte pour nous faire voir en action le « joyeusement » que prononcent tous ces traditionalistes, quand ils respirent l’atmosphère d’une France guerrière et spiritualisée.

135. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Marais était un curieux de nouvelles dans la meilleure acception du mot, non pas un de ces curieux badauds, gloutons et qui gobent tout ce qu’on débite, mais un curieux déniaisé et jaloux d’être bien informé sur toute chose. […] La première fois que Marais lit le Journal de L’Estoile, dans l’édition de Godefroy, on voit combien il le goûte, combien il en est affriandé, et que l’eau lui en vient proprement à la bouche : « Ce sont, nous dit-il (juin 1720) en annonçant cette édition, la meilleure qu’on eût encore donnée, ce sont les Mémoires de M. de L’Étoile dont M.  […] Celui qui avait extrait le Journal de Henri III n’en avait pas pris le meilleur ; et on a le plaisir de voir jour par jour tous les événements de la Ligue. […] Rien ne montre mieux combien en est sujet, avec le meilleur esprit, à ne pas bien juger des hommes à bout portant et à ne pas se rendre compte, entre contemporains, de la courbe générale d’un génie et d’une destinée. — Voici le premier endroit où il est question, chez lui, de Voltaire (juin 1720) : « Arouet, poète, auteur du nouvel Œdipe, étant à la Comédie avec le prince de Conti, la Le Couvreur, actrice, entra sur la scène. […] « Mme de Lambert avait beaucoup d’esprit, écrivait M. de La Rivière, si l’on peut en avoir sans goût… Elle ne sentait point les différences du bon, du meilleur et de l’excellent.

136. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

L’auteur [l’auteur qu’il avait pris pour son maître] L’auteur avait du bon, du meilleur, et la France Estimait dans ses vers le tour et la cadence. […] La moralité de La Fontaine est nulle, la morale de La Fontaine n’est pas nulle, elle est un peu meilleure que sa moralité, mais enfin, il y a encore d’assez grands rapports entre sa moralité et sa morale. […] La Fontaine ne vous dit pas : Il faut que la raison du plus fort soit toujours la meilleure ! Il nous dit : La raison du plus fort est toujours la meilleure, Nous l’allons montrer tout à l’heure. […] c’est ce qu’il faut croire ; il faut croire que le loup a raison, il est le plus fort, sa raison est la meilleure.

137. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Lui-même, d’ailleurs, dans une des lettres les plus jolies du nouveau recueil, et qui est de son meilleur entrain, il a réduit à sa valeur cette réputation exagérée d’universalité qu’on se plaisait à lui faire : Je viens de lire un morceau, écrivait-il à M.  […] De même que dans ses lettres les plus ordinaires, il y a toujours un joli tour, un je ne sais quoi de piquant et de leste et un air d’agrément, de même dans ses meilleures pages, il y a presque toujours une pointe de licence, d’impiété, qui se glisse et qui se fait sentir, ne fût-ce qu’en jouant, et au moment où l’on s’y attend le moins. […] Cela honore sa vieillesse ; cela explique, qu’on ait fini par rattacher à son nom une renommée plus sérieuse et plus grandiose que ne semblaient l’autoriser tant d’incartades de conduite et d’inconséquences, et cela aussi fait regretter qu’il ne se soit pas toujours souvenu de ce qu’il écrivit une fois à un libraire de Hollande, Marc-Michel Rey, qui lui attribuait dans son catalogue des ouvrages indignes de lui : Mon nom ne rendra pas ces ouvrages meilleurs, et n’en facilitera pas la vente. […] Et c’est ainsi que lorsqu’il s’est agi d’une introduction pour le présent recueil, il est allé tout droit dans sa modestie vers l’écrivain qui peut paraître, au meilleur titre, concilier en lui ces deux filiations, ce double mérite de la haute critique et de la gentillesse de parole et d’esprit ; il s’est donc adressé à M.  […] … je lui donnerai à souper, je le mettrai dans mon lit, je lui dirai : Voilà un bon souper ; ce lit est le meilleur de la maison ; faites-moi le plaisir d’accepter l’un et l’autre, et d’être heureux chez moi. » Ce trait, ajoute Grimm, m’a fait un sensible plaisir : il peint M. de Voltaire mieux qu’il ne l’a jamais été ; il fait en deux lignes l’histoire de toute sa vie.

138. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Voltaire fit plus, il inséra l’épître tout entière au mot Dispute de son Dictionnaire philosophique, en y mettant cette apostille : « Lisez les vers suivants sur les Disputes ; voilà comme on en faisait dans le bon temps. » Et en effet, cette épître, qui a été reproduite dans toutes les Leçons de littérature et que nous savions par cœur dans notre enfance, ressemble par le ton aux meilleures de Boileau, auxquelles elle est supérieure par la pensée. […] Rulhière, de retour de ses voyages dans le Nord, vivait donc à Paris sur le meilleur pied, très goûté pour des opuscules qu’on regardait comme une faveur de pouvoir entendre, pour de jolis vers tels que L’À-propos, Le Don du contre-temps, qu’il récitait avec des applaudissements sûrs, pour des épigrammes très mordantes qu’il laissait courir et qu’il n’avouait pas, mais dont il avait tout l’honneur. […] … Et il raconte à Dusaulx l’histoire des moineaux que Rousseau nourrissait chaque matin, auxquels il donnait du pain sur sa fenêtre, et qu’il se flattait d’avoir apprivoisés : J’avais bien le droit, ce me semble, dit Rousseau parlant par la bouche de Rulhière, de croire que nous fussions les meilleurs amis du monde ; point du tout, ils ne valaient pas mieux que les hommes. […] Si c’est pour dîner, il est trop tôt ; si c’est pour me voir, il est trop tard. » Puis, se ravisant : — « Entrez, je sais ce que vous cherchez, et n’ai rien de caché… même pour vous. » Et Rousseau alors, s’adressant à sa ménagère, entre à dessein dans mille détails de cuisine et de pot-au-feu ; puis se retournant vers Rulhière : « Vous voilà suffisamment instruit des secrets de ma maison, et je défie toute votre sagacité d’y jamais rien trouver qui puisse servir à la comédie que vous faites. » — Il ne se doutait pas, ajoute Rulhière, qu’il venait de m’en fournir le meilleur trait. […] Mais ses meilleures raisons étaient encore dans son caractère et dans le tour de son esprit, qu’on pourrait définir, de tout temps, libéral mais ministériel.

139. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Il faut étudier chaque chose dans son meilleur exemplaire. […] Son père l’avait emmené en Guyenne en bas âge ; là, dans son château de Bonnefons, il plaça près de lui un jeune précepteur, qui devint plus tard un prédicateur assez célèbre, l’abbé Anselme, sujet excellent, homme sensé et distingué, d’une piété éclairée, d’une morale exacte, qui donna à son élève les meilleurs préceptes et lui laissa les plus pures impressions : « Ce n’est point sa faute, dit M. d’Antin, si je n’ai pas l’esprit et le cœur faits comme je devrais l’avoir ; il n’y a rien oublié de sa part, ses paroles et ses actions étant toujours de concert. » Mais la nature avait mêlé dans cette âme délicate et molle des goûts de séduction qui ne demandaient que l’éveil. […] Les Mémoires que nous lisons, et qui ne sont guère qu’un examen moral et chrétien de conscience, nous le montrent au fond meilleur à bien des égards que ne le jugeait le monde et que les observateurs sévères ne le soupçonnaient. […] Les malheurs arrivent ; le meilleur maître et le plus tendre protecteur de d’Antin, Monseigneur, est enlevé par la petite vérole (avril 1714). […] D’Antin y insiste ; il ne perd aucune occasion de se représenter dans les vicissitudes de ces années (1712-1715) la misère des espérances mortelles ; la chute de Mme des Ursins lui rafraîchit cette amère leçon : « Je regarde comme une gorge-chaude, dit-il avec plus d’énergie qu’à lui n’appartient, toutes les occasions où je peux me convaincre de la légèreté et de la bizarrerie de la fortune. » Quand le chancelier, M. de Pontchartrain, se retire et va méditer sur une vie meilleure, il y voit un bel exemple et qu’il voudrait avoir le courage d’imiter : « Heureux ces prédestinés, s’écrie-t-il, qui savent se couper dans le vif et mettre une distance raisonnable entre la vie et la mort ! 

140. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Non ; Richelieu donna alors, même aux gens de guerre, de meilleurs conseils, et qui ne furent point suivis ; mais ce qui est la vraie explication, selon moi, c’est qu’il n’était point de cœur avec les confédérés. […] En France, le meilleur remède qu’on puisse avoir est la patience… » Et il exprime à ce propos sur notre légèreté, si fertile en revers, des idées fâcheuses qui seraient trop décourageantes si lui-même, homme d’autorité et d’établissement, ne venait bientôt, par son propre exemple, les combattre et les corriger. […] Luynes, au milieu de ses défauts, en avait un qui, en France, gâterait même les meilleures qualités : il n’était point brave de sa personne. […] Il ne saurait admettre que, dans un État, tout le monde indifféremment soit élevé pour être savant : « Ainsi qu’un corps qui aurait des yeux en toutes ses parties serait monstrueux, dit-il, de même un État le serait-il, si tous ses sujets étaient savants ; on y verrait aussi peu d’obéissance que l’orgueil et la présomption y seraient ordinaires. » Et encore : « Si les lettres étaient profanées à toutes sortes d’esprits, on verrait plus de gens capables de former des doutes que de les résoudre, et beaucoup seraient plus propres à s’opposer aux vérités qu’à les défendre. » Il cite à l’appui de son opinion le cardinal Du Perron, si ami de la belle littérature, lequel aurait voulu voir établir en France un moindre nombre de collèges, à condition qu’ils fussent meilleurs, munis de professeurs excellents, et qu’ils ne se remplissent que de dignes sujets, propres à conserver dans sa pureté le feu du temple. […] Sans la modestie, les grands esprits sont si amateurs de leurs opinions, qu’ils condamnent toutes les autres, bien qu’elles soient meilleures ; et l’orgueil de leur constitution naturelle, joint à leur autorité les rend tout à fait insupportables.

141. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

loin de sa province, à l’autre extrémité de la France, loin de ces landes que, dans son meilleur temps, il avait chantées ; et grâce à la libéralité du gouvernement de l’Empereur, il a pu être rapporté dans le pays qui l’a vu naître, et qui n’a pas seulement été sa patrie, mais qui a été son talent. […] Mais cet amour de la Bretagne, qui a donné un goût de terroir à ses meilleurs vers, ne fut point en lui la passion qui, à force d’intensité, monte quelquefois jusqu’au génie. […] Ses meilleures pièces ont dix vers, et les deux derniers sont toujours le dernier soupir de l’homme qui expire… Il ne sait pas jouer des airs longs. […] Et le meilleur conseil à donner à tous ceux qui ont du talent et même à ceux qui ont du génie, c’est de le mêler à la sainte poussière du pays, c’est de le faire rentrer, ce génie, dans cette terre sacrée, afin qu’un jour il en ressorte, fils du sol, beau comme le coursier de Neptune ! […] Les compositions, ces ensembles qui ne tenaient pas et qu’il nous a donnés comme des poèmes sous les noms de Marie et de La Fleur d’or, ne sont, après tout, que des poésies diverses où les plus courtes sont, sans épigramme, les meilleures.

142. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

La question se résolut pour lui d’elle-même et par la meilleure des démonstrations. […] Il a remarqué aussi que, pour l’agriculture, ce qui a été considéré politiquement comme une des conquêtes de 1789, l’extrême division des propriétés, due à la loi des successions et au partage égal entre les enfants, a eu en certaines contrées des effets funestes pour la meilleure exploitation des terres, et peut-être pour la condition des petits propriétaires eux-mêmes. […] Sa gaieté, ses saillies, ses étincelles, le meilleur de sa verve est à ce prix. […] Est-ce le laisser aller absolu, l’individualisme sans limite qui est le meilleur régime ?

143. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Ils aimaient les gaudrioles, faisaient des mascarades, vidaient des quartauts, mangeaient des grillades, et n’avaient pas des moeurs exemplaires. « Les communautés d’arts et métiers, dit l’honnête Baugier quelque vingt ans après La Fontaine, « faisaient des emprunts dont la meilleure partie passait en buvettes,7 » et les particuliers allaient du même train. […] Il avoue fort bien qu’il a chassé sur les terres d’autrui, et semble dire que le gibier n’en est que meilleur ; il le dit même et très-expressément. « Gardez de faire aux égards banqueroute » : ses préceptes n’allaient pas plus loin. […] » Et il envoie à la divine Amaranthe des vers un peu risqués, pleins d’insinuations vives et d’adorations mythologiques, Ces sourires et ces rires, cette galanterie caressante, ces douceurs, ce mélange d’esprit gracieux et de tendresses fugitives composent l’amour en France ; La Fontaine n’en a guère connu d’autre, et il y a passé le meilleur de son temps. […] 12 Ayant écrit au prince de Conti un récit des mésaventures de Mlle de La Force, il le supplie de ne montrer sa lettre à personne. « Mlle de La Force est trop affligée, et il y aurait de l’inhumanité à rire d’une affaire qui la fait pleurer si amèrement. » Quoique distrait et indifférent à ses propres affaires, sitôt que des gens affligés venaient le consulter, « non-seulement il écoutait avec une grande attention, mais il s’attendrissait, il cherchait des expédients, il en trouvait, il donnait les meilleurs conseils du monde. » Il fut l’ami le plus fidèle, et défendit devant le roi Fouquet disgracié.

144. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

La nécessité de la besogne quotidienne, le peu de temps laissé à la réflexion, l’obligation de « faire sa copie » même quand on n’a rien à dire, absolument rien, tout cela fait glisser les meilleurs à une certaine banalité, soit à des lieux communs insupportables, soit à des paradoxes aussi insipides que des lieux communs. […] Le meilleur journaliste est comme noyé dans la surabondance de sa prose : c’est dans ce flot qu’il faut repêcher ses membres épars. […] Son esprit étant comme une abeille qui butine la fleur des choses et tout ce que cet univers offre de meilleur, vous imaginez aisément sur quoi il s’arrête de préférence. […] Rabusson, et à meilleur titre peut-être (car l’auteur de l’Amie a un fond d’amertume), M. 

145. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Sa mère continua à l’élever dans le culte qu’elle professa, elle lui donna d’ailleurs la meilleure éducation qu’elle put dans l’état de pauvreté auquel elle était réduite. […] Sa femme en attira une meilleure encore, se fit aimer et admirer par des personnes du premier rang, qui l’attirèrent dans leur maison, notamment le maréchal d’Albret ; il était devenu amoureux d’elle n’étant encore que comte de Miossens ; il la fit connaître à la maréchale, dont elle gagna la confiance et la tendre estime. […] Le duc de Saint-Simon a lui-même remarqué madame Scarron dans la maison de cet ami, la meilleure et la plus grande maison de Paris , dit-il, et où abondait la compagnie de la cour et de la ville, la plus distinguée et la plus choisie . […] Petite-fille d’Agrippa d’Aubigné, gentilhomme français, compagnon et familier de Henri IV, mais dénuée de toute fortune, son nom lui ouvrit les meilleures maisons : devenue veuve, sans parents, ce n’était pas assez de son nom pour s’y soutenir au rang que son nom lui marquait ; il fallait y être aimable.

146. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Et, tout à travers cela, nous le trouvons amoureux de La Fontaine, le suivant dans ses rêveries jour par jour, nous le racontant par le menu, comme aurait pu le faire Pellisson, célèbre aussi par son araignée ; puis, s’occupant d’Horace, et donnant deux gros volumes, un peu gros vraiment, mais pleins de choses sur le charmant poète ; et, de là, revenant à La Bruyère, dont il a publié la meilleure et la plus complète édition ; enfin, s’attachant à Mme de Sévigné, comme s’il ne l’avait jamais quittée un instant et comme si, de toute sa vie, il n’avait rien eu autre chose à faire. […] Il y a de la Dorine dans Mme de Sévigné, une Dorine du beau monde et de la meilleure compagnie ; à cela près, la même verve. […] Elle crut avoir meilleur marché d’un mari en épousant le marquis de Courcelles, qui n’avait pour lui que d’être neveu du maréchal de Villeroi, et qui surtout lui offrait de s’engager, dans le contrat de mariage, à ne jamais la mener à la campagne (clause capitale), à ne jamais lui faire quitter la Cour. […] Je suis grande, j’ai la taille admirable et le meilleur air que l’on puisse avoir ; j’ai de beaux cheveux bruns faits comme ils doivent être pour parer mon visage et relever le plus beau teint du monde, quoiqu’il soit marqué de petite vérole en beaucoup d’endroits.

147. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

L’un des mérites en effet qui nous ont le plus frappé dans cet ouvrage, le meilleur sans contredit de M.  […] Béranger, le poète, me disait un jour qu’une fois que les hommes, les grands hommes vivants, étaient faits types et statues (et il m’en citait quelques-uns), il fallait bien se garder de les briser, de les rabaisser pour le plaisir de les trouver plus ressemblants dans le détail ; car, même en ne ressemblant pas exactement à la personne réelle, ces statues consacrées et meilleures deviennent une noble image de plus offerte à l’admiration des hommes. […] Lerminier, c’est que ce livre nous ayant paru le meilleur, le plus ferme et le mieux exprimé de ceux qu’il a produits jusqu’ici, nous avons cru le moment propice à quelques conseils que notre admiration pour la rare faculté de l’auteur et notre confiance en son avenir feront peut-être agréer de lui, mais que du moins il nous pardonnera.

148. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Pour être rempli d’une manière satisfaisante, il ne falloit rien moins qu’un homme qui eût toujours vécu dans les meilleures compagnies, qui possédât parfaitement sa langue, qui la parlât sans laisser entrevoir le moindre défaut d’organe, de pays, d’ignorance & de mauvaise éducation. […] Dans son livre de la Taille réelle, un de ses meilleurs ouvrages, il tâcha de réduire en pratique son nouveau systême sur l’orthographe ; mais plus d’une personne se trouva fort embarrassée à la lecture. […] Quant à cette raison qu’on croyoit sans réplique, qu’il faudroit jetter au feu les meilleurs livres, comme devenus inutiles par la nouvelle orthographe, ils répondirent que, pour remédier à cet inconvénient, on n’avoit qu’à les faire imprimer de nouveau.

149. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Mais si celle de La Harpe est mauvaise et si pourtant elle est meilleure que celle du petit Sabatin, celle-ci est donc détestable ? […] Ces enfans-là ont des yeux, et ce serait la première fois qu’ils se seraient trompés. à peine les prix sont-ils exposés, qu’ils sont jugés et bien jugés par les élèves, ils disent : voilà le meilleur ; et c’est le meilleur.

150. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

Le travail, l’érudition, le jugement, ont également présidé à cette Production, la meilleure & la plus complette que nous ayons en ce genre. […] L’Introduction, entre autres, à la Description de la Lorraine & du Barrois, qui forme un volume in-8° de plus de cinq cents pages, peut être regardée comme un des meilleurs Ouvrages qui aient paru en ce genre : c’est une véritable Histoire, mais abrégée, de la Lorraine & du Barrois, depuis la plus haute antiquité jusqu’à la mort du dernier Duc, le feu Roi de Pologne, Stanislas I.

151. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre premier »

tout a servi, le meilleur et ce que notre sagesse d’avant-guerre appelait le pire. […] Encore moins je prétends que parmi les meilleurs tous se rendent compte de leur inspiration propre et de la source qui nourrit leur dévouement.

152. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

Enfermé dans son Avignon, devant l’horizon de sa Provence, il écrivait ses vers à l’ombre reprochant aux meilleurs compagnons de son art et de sa jeunesse les témoignages mêmes de leur enthousiasme. […] Mais Aubanel, lui, a suivi jusqu’au bout son inspiration poétique, et il a terminé sa carrière… Son meilleur recueil de vers, les Filles d’Avignon, presque introuvable naguère, a pu être réédité enfin… Sa vie fut très simple.

153. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

M. de Pompignan ne s’est pas borné à la Poésie ; il s’est acquis encore des droits à la gloire d’être un de nos meilleurs Ecrivains en Prose. […] Ce qui acheve de prouver qu’il est un de nos meilleurs Littérateurs, est l’érudition qu’il joint au mérite du style & de la Poésie ; érudition qui n’est point fantastique & mendiée, comme celle de tant d’Ecrivains dont le fond consiste dans quelques Extraits lus sans réflexion, & insétés uniquement pour faire étalage, mais une érudition solide, étendue, choisie, dirigée par le goût, appuyée sur la connoissance de l’Hébreu, du Grec, du Latin, & de plusieurs Langues vivantes.

154. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Celui-ci est un des plus grands Littérateurs & un des meilleurs Poëtes Latins qu’ait eus notre Nation. […] Ménage prononçoit l’Italien d’une maniere ridicule, parce qu’il l’avoit appris sans maître & qu’il n’avoit jamais été en Italie ; il a pourtant fait des Vers Italiens qui, de l’aveu de tout le monde, n’auroient pas été désavoués par les meilleurs Poëtes d’Italie, & que M. de Voltaire * lui-même trouve fort supérieurs aux Vers François que nous avons de cet Auteur.

155. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Mais qu’on ne nous blâme point, en une époque de confusion et d’anarchie, d’avoir réservé nos meilleures louanges à ceux qui gardent fidèlement le sens de la tradition nationale : clarté, sobriété, mesure, méthode ; à ceux qui n’ont pas vêtu la déesse d’ornements étrangers, qui ne l’ont pas éloignée du grand chemin tranquille où passèrent, indifférents aux soucis de la politique éphémère et aux modes qui se fanent, les classiques. […] Ce serait notre meilleure récompense que d’avoir deviné ceux qui seront l’honneur de la littérature de demain.

156. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — I »

Ne lui devons-nous pas, entre autres bienfaits, le meilleur de Paul Bourget, le meilleur de Vogüé aussi.

157. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

… Puisqu’il en est ainsi, pensa Kobus, tâchons au moins de profiter de notre souffle, pendant qu’il nous est permis de souffler. » Or, durant quinze ans, Fritz Kobus suivit exactement la règle qu’il s’était tracée d’avance ; sa vieille servante Katel, la meilleure cuisinière de Hunebourg, lui servit toujours les morceaux qu’il aimait le plus, apprêtés de la façon qu’il voulait ; il eut toujours la meilleure choucroute, le meilleur jambon, les meilleures andouilles, et le meilleur vin du pays ; il prit régulièrement ses cinq chopes de bockbier à la brasserie du Grand-Cerf ; il lut régulièrement le même journal à la même heure ; il fit régulièrement ses parties de youker et de rams, tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre. […] Il l’envoie au marché pour acheter les plus belles truites et les primeurs les plus chères ; il voit passer un petit garçon dans la neige fondue, il le charge d’aller inviter ses meilleurs amis pour le dîner de midi ; puis il descend seul et fait à loisir la revue de sa cave. […] si… je te parie… voyons… je te parie mon coin de vigne du Sonneberg ; tu sais, ce petit clos qui produit de si bon vin blanc, mon meilleur vin, et que tu connais, rebbe, je te le parie… — Contre quoi ? […] Ce n’est pas du vin, c’est bien meilleur !  […] Je représente le père de Kobus, dont j’ai été le meilleur ami… Eh bien !

158. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Point de physicien qui connoisse mieux l’optique, & qui sache en tirer un meilleur parti. […] Selon leur goût, & sans doute pour eux, c’est le meilleur assaisonnement. […] La satyre est la meilleure verge pour flageller les oppresseurs. […] Mais n’y a-t-il pas une maniere honnête de se plaindre, & de blâmer ce qui est réellement mauvais ; ce n’est ni le tapage, ni la fureur qui donneront de meilleurs ministres, de meilleurs magistrats, de meilleurs écrivains. […] Le monde est ainsi monté, voici la meilleure raison.

159. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Les deux meilleurs caractères de la pièce, les plus vrais d’un bout à l’autre, me semblent Richelieu et la marquise. […] — M. de Richelieu, mon meilleur ami ! » Le duc, tout ému qu’il est lui-même en ce moment, a dû sourire à ce brevet de meilleur ami qui lui tombe dans une bénédiction nuptiale, peut-être y aurait-il un petit acte purement comique à ajouter au drame : Deux Ans après.

160. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Quand le vrai chrétien s’est acquitté de ses devoirs, son bonheur ne le regarde plus ; il ne s’informe pas quel sort lui est échu, il ne sait pas ce qu’il faut désirer ou craindre, il n’est certain que de ses devoirs ; les meilleures qualités de l’âme, la générosité, la sensibilité, loin de faire cesser tous les combats intérieurs, peuvent, dans la lutte des passions, opposer l’une à l’autre, des affections d’une égale force ; mais la religion donne pour guide un code, où, dans toutes les circonstances, ce qu’on doit faire est résolu par une loi. […] On ne m’accusera point, je crois, d’avoir affaibli le tableau de l’influence de la religion, cependant je ne pense pas qu’indépendamment de l’inutilité des efforts qu’on pourrait faire à cet égard sur soi-même, on doive compter l’absorbation de la foi au rang des meilleurs moyens de bonheur pour les hommes. […] En étant conséquente au système sur lequel cet ouvrage est fondé, au système qui considère la liberté absolue de l’être moral comme son premier bien, j’ai dû préférer et indiquer comme le meilleur et le plus sûr des préservatifs contre le malheur, les divers moyens dont on va voir le développement.

161. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

N’est-ce pas contre leur propre conscience qu’ils protestent que le meilleur de leurs ouvrages est précisement celui que le public estime le moins. […] Corneille a dit souvent, qu’Attila étoit sa meilleure piece, et Racine donnoit à entendre qu’il aimoit mieux Bérenice qu’aucune de ses autres tragédies prophanes. […] Comme nous voïons présentement qu’il se forme de temps en temps des congrès où les représentans des rois et des peuples qui composent la societé des nations, s’assemblent pour terminer des guerres et pour regler la destinée des états ; de même il se formoit alors de temps en temps des assemblées, où ce qu’il y avoit de plus illustre dans la Grece, se rendoit pour juger quel étoit le plus grand peintre, le poëte le plus touchant et le meilleur athlete.

162. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

On se rappellera qu’elle le fut, et l’Histoire littéraire ajoutera que sa fille fut son meilleur ouvrage. […] Mme Gay, au contraire, se contente de cette notion plus ou moins comique : « Le ridicule est la meilleure chance qu’ont les hommes d’être heureux », et voilà le thème qu’elle brode ! […] Moraliste, c’est-à-dire sensualiste, comme le sont la plupart des femmes qui ne voient le but de la vie que dans cette misère du bonheur terrestre, Mme Gay n’a regardé le ridicule que par son côté extérieur, et peut-être ai-je appelé trop vite une mystification ce qui est pour elle le sérieux de la vie : mais si cela est, Mme Sophie Gay est encore plus médiocre que tout à l’heure je ne le supposais, et c’est le doute dans lequel elle jette l’intelligence de son lecteur, qui est la meilleure raison à donner contre son livre.

163. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Je vous le demande, pères conscrits, connaissez-vous un musicien, un chanteur, un citharède meilleur et plus habile que moi ?  […] La meilleure manière de faire obéir une femme n’est pas de lui commander, c’est de lui plaire. […] crimes : son exemple fait voir qu’un homme d’état qui tombe dans la disgrâce, n’a souvent pas de meilleur ami et de meilleur conseiller que la femme qu’il dédaignait dans la prospérité. […] Je crois madame de Caylus meilleur juge d’un fait de cette espèce que Racine le fils. […] Il y en a qui disent que ces fables, beaucoup moins bonnes à lire, sont meilleures pour la scène : cela ne ferait point d’honneur à la scène.

164. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Non la meilleure, à mon avis. […] Enfin, et en tout cas, quelle meilleure application de la morale que d’exiger de l’ouvrier de lettres qu’il fasse de son mieux et que l’œuvre qu’il nous livre soit vraiment de sa façon, et non le témoin d’une escroquerie ? […] Veuillez, Monsieur, agréer l’assurance de ma sympathie la meilleure. […] Comme les meilleurs esprits se préoccupaient jadis de « l’institution » du prince, nous devons travailler à nous donner un souverain raisonnable. […] Croyez, mon cher confrère, à l’expression de mes sentiments les meilleurs.

165. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

La Beaumelle répliqua par un petit volume de lettres, qui sont, de l’aveu du même La Harpe, le meilleur ouvrage polémique qu’on ait jamais publié contre Voltaire : « Elles sont pleines d’esprit et de sel. […] Ayant obtenu de revenir à Paris en 1770, et employé à la Bibliothèque du roi, il allait peut-être réparer ses premiers échecs et se refaire une réputation plus solide et de meilleur aloi, quand il mourut, à l’âge de quarante-sept ans (1773). […] Frédéric, le premier et le meilleur des juges, a constamment rendu à Maupertuis d’honorables et affectueux témoignages. […] Ainsi, lorsque Maupertuis perdit son père et fit à cette occasion un voyage à Saint-Malo, le roi lui écrivit plusieurs lettres dont l’une a fourni à La Beaumelle le motif d’une de ses meilleures amplifications. […] Et ce piège, voyez combien vous étiez imprudent et coupable de le tendre : vous y avez fait tomber tout le premier un homme de votre sang et de votre nom, l’historiographe estimable, qui, en publiant votre ouvrage posthume et ce que vous y aviez préparé de pièces à l’appui, a cru vous rendre service, venger votre mémoire, réhabiliter votre caractère ; et il n’aura aidé, bien involontairement et de la meilleure foi du monde, qu’à confirmer en définitive l’opinion sévère qu’on avait conçue de vous, et à prouver à tous que vous étiez incurable dans votre procédé d’homme d’esprit foncièrement léger et sans scrupule.

166. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Aucune espèce de société, beaucoup de cohues… Comme ils passent neuf mois de l’année en famille où avec très peu de personnes, ils veulent, lorsqu’ils sont dans la capitale, se livrer au tourbillon… « Toutes les villes de province valent mieux que Londres ; elles sont moins tristes, moins enfumées ; les maisons en sont meilleures. […] Le peuple est triste, sans aucune imagination, sans esprit même, avide d’argent, ce qui est le caractère dominant des Anglais… » Ainsi parlait du pays, dont son défunt mari avait prétendu être le roi légitime, cette femme de trente-neuf ans, mûre désormais, une vraie femme du XVIIIe siècle, et des meilleures, sensible et sensée. […] La comtesse, « qui savait assez bien l’anglais et l’allemand, qui possédait parfaitement l’italien et le français et connaissait à fond ces diverses littératures, qui n’ignorait pas non plus tout ce qu’il y avait d’essentiel dans les littératures anciennes, ayant lu les meilleures traductions de l’antiquité qu’on trouve dans ces quatre langues modernes, pouvait causer de tout avec lui », et elle lui était une ressource continuelle d’esprit comme de cœur. […] Nous repassons ce que nous avons lu, et le temps s’écoule sans y penser. » Et ailleurs : « Je passe ma journée, au moins une grande partie, au milieu de mes livres, qui augmentent tous les jours… Je ne trouve pas de meilleure et plus sûre compagnie : au moins on peut penser avec eux. » Ce goût de lecture devint chez elle une passion qui ne fit que croître et augmenter jusqu’à la fin. […] Saint-René Taillandier, excité par tant de souvenirs et placé aux sources de la meilleure information, nous devait cette figure de la comtesse d’Albany.

167. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Or, nous avons affaire ici à tout ce que l’Empereur a de meilleures et de plus vieilles troupes. […] Les hommes en général, même les meilleurs, n’ont qu’un temps, soit par le ressort même de leur nature, soit par le concours et le rapport bien ajusté des circonstances. […] Cela ne m’a pas fait de peine, et je suis disposé de la meilleure foi du monde et du fond de mon cœur de joindre mes soins, mes peines et les connaissances que je puis avoir, pour contribuer au rétablissement de la gloire et de la réputation des armes du roi. […] Il continuait d’ailleurs de conférer et de s’entendre en tout avec les généraux et vivait sur le meilleur pied avec eux. […] Ceux qui l’ont entendu, ont gardé le meilleur souvenir de cet Éloge véridique et approprié au sujet ; des allusions à nos récentes victoires d’Italie fournirent d’heureux mouvements à l’orateur.

168. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

L’enfant respira, à la maison paternelle, ce qu’il y avait de meilleur dans l’âme populaire du temps. […] Qu’il y ait « deux morales », il l’avait cru à son heure, le prince aux yeux troubles et aux pensées vagues qui allait faire une des meilleures actions de son règne en élevant au premier rang le professeur du lycée Saint-Louis. […] Il fut de ceux dont on peut dire qu’ils sont meilleurs qu’une partie de leurs actes, parce que ses actes furent rarement siens ou que rarement il y fut tout entier. […] Par là, et par l’ampleur, l’harmonie, la beauté rationnelle et la souplesse du plan conçu ; par l’activité ardente et méthodique déployée dans l’exécution ; par l’importance des résultats acquis et des fondations demeurées ; enfin par le bonheur qu’il eut d’imprimer à tout l’enseignement national une direction si juste, si bien prise dans le droit fil des plus légitimes besoins et des meilleurs désirs de notre temps, que ses successeurs, depuis vingt-cinq ans, n’ont eu qu’à la maintenir, j’ose dire que le ministère de M.  […] Mais sa vieillesse commençante avait rencontré la plus dévouée et la meilleure des compagnes ; et, de ses deux fils survivants, il vit l’un, historien et romancier de vive imagination et de sensibilité vibrante, trouver l’emploi de son généreux esprit dans cette chaire d’histoire de l’École polytechnique où il avait lui-même enseigné jadis, et l’autre, sorti premier de Saint-Cyr, s’en aller défendre nos ultimes frontières dans cette Algérie où le père avait dû être envoyé comme recteur au temps de la conquête.

169. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Amyot a rendu des services, 1º un service inappréciable à la langue, en la répandant et en la popularisant dans ses meilleurs tours, dans son économie la plus ample et la plus facile, dans sa diction la plus large et la plus sincère, à l’aide de l’intérêt qui s’attachait aux Vies de Plutarque ; 2º il a rendu un service non moindre à la raison et au bon sens public en faisant circuler Plutarque, et ses trésors de vertu antique et de morale, dans toutes les mains, à l’aide d’une langue si claire, si facile, si diffuse, si courante et si riante. […] Jacques Amyot, dont la meilleure vie et la plus complète a été écrite par l’abbé Lebeuf, était né à Melun le 30 octobre 1513, de parents pauvres et qui, pourtant, le firent étudier. […] Sur le meilleur pied à la Cour, voyant son élève chéri, le petit Charles IX, devenu roi dès l’âge de onze ans, et ne cessant jusqu’à la fin de le considérer comme le plus gentil et le plus doux des princes ( natura mitissimus erat ) ; également estimé et honoré de son autre élève Henri III, grand aumônier de France sous tous deux, bientôt évêque d’Auxerre, Amyot avait réalisé le plus beau rêve d’un savant et d’un lettré au xvie  siècle. […] Ses fautes, qu’un Méziriac relève si aigrement, d’autres érudits plus cléments et d’un goût meilleur les corrigeront sans grande peine. […] Il reste quelque incertitude sur la date précise du départ d’Amyot pour Rome ; il se pourrait qu’il fût parti un peu ayant la mort de François Ier ; ce sont des détails peu importants, et que ses meilleurs biographes ne me paraissent pas avoir éclaircis.

170. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

« Après une longue étude de ce poète et bien des essais pour reproduire en poésie ce que j’avais gagné à le méditer, je me tournai vers quelques-uns des meilleurs écrivains des autres temps et des autres pays, et je lus non seulement Shakespeare, mais Sophocle et Homère dans les meilleures traductions… » Eckermann, en un mot, travaille à se rendre digne d’approcher Goethe quelque jour. […] Grâce à ses lettres de recommandation, je trouvai à Iéna le meilleur accueil. […] Que je trouve à mon retour les articles de Francfort rédigés de la même façon, et je vous devrai les meilleurs remercîments. […] On rencontre réunies à Weimar bien des choses utiles, et peu à peu vous trouverez dans la haute classe une société égale à la meilleure de n’importe quelle grande ville. […] Le Portrait est une de ses meilleures pièces. » 11.

171. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

C’est la physionomie de l’homme, et il ne faut pas oublier que cet homme fut un des meilleurs et des plus doux de son temps. […] La meilleure preuve de l’existence de l’autorité est la résistance qu’on lui fait. […] Je vois bien des maximes, et des meilleures, et de quoi faire plus qu’un homme de bien. […] Le sentiment est un excellent juge des beautés littéraires ; c’est même le meilleur, je le veux bien. […] Dans sa critique, il n’est pas seulement meilleur que son temps, il est contre son temps.

172. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

C’est à cette pratique salutaire qu’il s’avouait redevable de ce qu’il y a de meilleur dans ses écrits60. […] Si leur amour-propre en rejetait les principes, leur bon sens en suivait les exemples, et Vaugelas pouvait dire de leurs écrits, « que leur pratique ne s’accordait pas avec leur théorie. » Le plus hostile d’entre eux, Lamothe-le-Vayer, n’est nulle part meilleur écrivain que là où il combat les Remarques, dans la langue épurée dont Vaugelas donnait les règles. […] Alors le style qui nous plaît le plus est celui dont il n’y a pas à disputer ; c’est cet habit décent d’un galant homme dont parle Fénelon ; c’est un langage ferme sans affecter la force, clair sans vouloir reluire, précis sans sécheresse, qui n’enfle ni n’outre rien, un style qui ait la perfection qu’un Athénien voulait dans les femmes, dont la meilleure est celle de qui l’on ne parle pas. […] La meilleure critique qu’on en ait faite est l’usage qui s’est établi de n’en publier que les extraits les plus marquants. […] On n’y peut pas apprendre à penser sans apprendre à bien penser, tant les auteurs nous font voir avec évidence par quels détours insensibles le meilleur raisonnement nous peut, mener à une mauvaise conclusion, et comment cette corruption de l’esprit peut se glisser dans le cœur.

173. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

On était arrivé cependant, en examinant bien les divers écrits de Vauvenargues, à n’y pas voir seulement un jeune homme plein de nobles et généreux sentiments, de pensées honorables à l’humanité, doué d’un talent d’expression singulièrement pur, et d’une sorte d’ingénuité élevée de langage, — le meilleur des bons sujets et le modèle des fils de famille ; ce premier Vauvenargues qui se dessine, en effet, dans quelques réflexions et maximes souvent citées de lui, ce premier Vauvenargues que chaque âme honnête porte en soi à l’origine avant le contact de l’expérience et la flétrissure des choses, était dépassé de beaucoup et se compliquait évidemment d’un autre en bien des points de ses ouvrages. […] J’insisterai peu sur les mérites de détail de l’édition, le choix des meilleurs textes, des meilleures leçons (car, chez Vauvenargues, les mêmes pensées souvent sont reproduites plus d’une fois et dans des termes presque identiques) ; j’en viendrai d’abord à ce qui fait l’intérêt réel de la publication de M.  […] Cela revient à dire que les hommes sont des hommes, et que les meilleurs sont les moins imparfaits : chez ceux-ci les hautes parties se maintiennent supérieures et subsistent ; mais les accidents de tous les jours les déconcertent plus d’une fois et les font ondoyer, comme dirait Montaigne.

174. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Mme Récamier était, en 1823-1824, leur confidente à tous deux ; elle entrait bien pour quelque chose dans leur jalousie, dans leur rivalité déguisée ; elle penchait d’inclination, je le crains, pour le moins sage (les meilleures même des femmes sont ainsi) ; pourtant elle savait tenir la balance assez indécise encore : chacun était écouté, chacun lui parlait de l’autre ; tout le monde était content, personne n’était trahi. […] Je ne veux point vous faire meilleure que vous n’êtes ; l’impression que vous produisez, vous la sentez vous-même ; vous vous enivrez des parfums que l’on brûle à vos pieds. […] Mon grand défaut, c’est de n’être enivré de rien ; je serais meilleur, si je pouvais prendre à quelque chose. […] Mme Récamier a désormais sa place assurée, et l’une des meilleures, dans le rayon de bibliothèque consacré aux femmes françaises ; elle vit, et, pour reprendre une expression de M. 

175. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Je compare l’état actuel de la littérature à une forte fièvre qui en elle-même n’est ni bonne ni désirable, mais qui a pour heureuse conséquence une meilleure santé. […] Dès le commencement, avec les Bardes anglais et les Critiques écossais ; il blessa les meilleurs écrivains… Loin de reculer, dans son ouvrage suivant il continue son opposition et ses blâmes, il touche l’État et l’Église. […] Un jour donc, qu’il parlait de l’indécision des hommes, de leur lenteur et de leur résistance à faire ce qu’ils savent même le meilleur et le plus utile, — sur ce qu’il leur faudrait à chacun un démon toujours présent pour les guider, pour les exciter, pour les empêcher, après un éclair de vue supérieure et nette, de retomber dans le tâtonnement, dans le vague et l’obscurité : « Napoléon, s’écrie-t-il tout à coup, c’était là un homme ! […] Le livre d’Eckermann est la meilleure biographie de Gœthe : celle de l’Anglais Lewes pour les faits, celle d’Eckermann pour le portrait du dedans et la physionomie.

176. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

mais de la vérité, du comique même ; l’Architriclin, le Vatel au désespoir quand il voit que le vin manque ; Jésus averti tout bas par sa mère et réparant le mal sans bruit ; l’étonnement du maître d’hôtel quand il goûte ce vin de la fin qui se trouve le meilleur, tandis que, selon l’usage des noces de ce temps-là (et, m’assure-t-on, de quelques noces de campagne encore aujourd’hui), on donnait le meilleur vin au premier service, et le moins bon au dessert ; car il suffit que cela gratte, quand les palais, une fois, sont échauffés. — Ces noces de Cana seraient tout un tableau flamand, s’il y avait de la couleur. […] Être pris de la sorte et tomber dans les filets du divin chasseur, c’est la meilleure chasse qu’il puisse faire. […] Et en ce cas, le meilleur historien et célébrateur de Jeanne d’Arc se trouve être M. 

177. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Or la palme du poète serait à celui qui le plus juste sait dire les vers, au meilleur chantre ; qui le plus vrai sait traduire sa pensée, au meilleur artiste ; qui le plus droit sait mener son âme, au meilleur homme. […] Ajoutons que, si M. de Heredia sait composer aussi vite que qui que ce soit un sonnet meilleur, c’est qu’il l’a appris d’abord.

178. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Lorsqu’on jette les yeux sur les progrès de l’esprit humain depuis l’invention de l’imprimerie, après cette longue suite de siècles où il est resté enseveli dans les plus profondes ténèbres, on remarque d’abord, qu’après la renaissance des lettres en Italie, la bonne culture, les meilleures écoles se sont établies dans les pays protestants, de préférence aux pays qui ont conservé la religion romaine, et qu’elles y ont fait jusqu’à ce jour les progrès les plus sensibles. […] Or on voit que, depuis l’époque de la réformation, tous les pays protestants ont fait des pas rapides vers une meilleure police, que les absurdités et les préjugés contraires au bon sens y ont diminué sensiblement, et qu’il n’en existe pas un seul qui, respectivement, ne soit plus florissant que tel pays catholique qu’on voudra lui comparer ; proportion gardée de leurs avantages et de ce que chacun devrait être. […] C’est donc dans les pays protestants qu’il faut chercher les meilleures et les plus sages institutions pour l’instruction de la jeunesse4. […] A mesure qu’on monte, on lit les meilleurs auteurs, on compose, on apprend les éléments de la versification latine, on fait de la prose et des vers dans cette langue, tant bien que mal ; on étudie le grec.

179. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

Le choix des hommes leur est à peu près égal, et ils prendraient volontiers même les moins bons au préjudice des meilleurs, tant ils sont persuadés qu’ils sont l’homme seul, l’homme nécessaire et qui suffit à tout dans la situation donnée. Et cela, jusqu’à un certain point, est vrai : car, même avec tous ces défauts, avec toutes ces lacunes et ces creux qui se révèlent dans leurs pensées habituelles et dans la forme de leur caractère, la société ébranlée est encore trop heureuse de les avoir rencontrés un jour et de s’être ralliée à deux ou trois des qualités souveraines qui sont en eux : elle doit désirer de les conserver le plus longtemps possible, et tant qu’il porte et s’appuie sur leurs épaules même inégales, il semble que l’État dans son penchant ait encore trouvé son meilleur soutien.

180. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

Dire du Mieux : Le Meilleur Devenir et le Geste ingénu (1889) […] Enfin, en 1889, avec le Meilleur Devenir et le Geste ingénu, dont il était paru une édition d’essai en 1888, M. 

181. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Mercier » pp. 1-6

Or, la postérité est restée, à propos du Tableau de Paris, sous l’empire d’un mot cruel prononcé par un esprit séducteur : « C’est un livre — disait Rivarol — pensé dans la rue et écrit sur la borne », comme si la rue n’était pas un théâtre d’observation tout comme un autre, quand il s’agit des mœurs d’une grande ville, et même meilleur qu’un autre, quand il s’agit de ses monuments ! […] Tel peintre, tel modèle, est encore la meilleure théorie de la ressemblance !

182. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

Entre deux annotateurs de facultés égales, la chance la meilleure de frapper l’attention et de la captiver sera donc presque toujours en faveur de celui qui aura choisi un texte oublié. […] Asselineau a dépensé beaucoup d’esprit et de nuances pour justifier l’opinion qu’il exprime, mais il ne nous a point convaincu, et la meilleure réponse contre cette opinion qu’on s’étonne de trouver à côté d’une admiration si intelligente, c’est, pour les hommes doués d’un peu d’intuition littéraire, le livre même que le spirituel biographe a ressuscité.

183. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

La matière la meilleure est le cuir orné d’or. […] Les modèles italiens sont les meilleurs. […] Il sait que de même que les meilleurs propos sont ceux qu’on ne tient jamais, de même la meilleure action est celle qu’on n’accomplit jamais. […] Ghose  : pouvait-il y avoir une influence meilleure pour un débutant. […] Son œuvre la meilleure est son Oreste.

184. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Imaginez le désagrément et la peine pour un honnête homme comme Kestner, heureux d’épouser celle qu’il aime depuis des années, l’emmenant comme en triomphe de Wetzlar à Hanovre, la présentant avec orgueil à tous les siens, et remplissant avec considération un emploi honorable, imaginez-le, après dix-huit mois de mariage, recevant de son meilleur ami, en cadeau, ce petit volume, où il est crayonné d’une manière assez reconnaissable sous les traits d’Albert ; où sa fiancée paraît à bien des moments près de lui échapper ; où elle n’est guère retenue que parce qu’elle est supposée déjà liée à lui par un engagement positif. […] Croirait-on, quand on n’a lu de Goethe que Werther, qu’à un moment c’est lui, l’enthousiaste d’hier, qui va donner à Kestner, à l’ancien Albert lui-même, le meilleur conseil de vie pratique ? […] Le meilleur conseil, et à la fois le plus loyal et le plus éprouvé, est : Restez où vous êtes. […] Je serais le plus ingrat des hommes, si je n’avouais pas que j’ai une meilleure position que je ne mérite. » Il sent que dans ce monde de luttes et où si peu arrivent, ce serait offenser Dieu et les hommes que de se plaindre pour quelques ennuis passagers, quand il a trouvé un cadre si orné et si paisible à son développement et à toutes les nobles jouissances de son être. […] Émile Montégut, pourqu’on arrivât en France à une interprétation si intime, si complète dans le meilleur sens, et à la fois si exempte de danger.

185. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Ces discussions donnent lieu à des joutes de parole, développées, agréables, solides pourtant, véritablement académiques dans le meilleur sens du mot. […] Ces grandes conversations intérieures, où, tout en y prenant sa petite part, on aime encore mieux se supposer un moment spectateur, sont de ces journées qui laissent la meilleure idée du mérite et même du charme qu’on retrouve toujours dans l’illustre Compagnie. […] Il y aurait lieu, je le crois, d’aviser à une application meilleure et plus appropriée d’un prix qui trop souvent, à continuer comme on fait, se dérobe à son titre. […] Elle s’est, de plus, montrée ingénieuse à composer avec les reliquats des sommes, et moyennant autorisation du Gouvernement, des prix particuliers tout littéraires, soit pour d’utiles et bonnes traductions, soit pour la meilleure tragédie, soit (ce qui vaut mieux) pour les œuvres dramatiques en général. […] Louis Langlois, qui se plaisait à traduire en vers les élégiaques latins, est également parti de ce même goût personnel pour léguer à l’Académie une rente de 1,500 francs destinée à l’auteur de la meilleure traduction en vers ou en prose d’un ouvrage grec, ou latin, ou étranger.

186. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Histoire meilleure que celle du Père Maimbourg, non pour le style qui est fort lourd, mais pour les recherches & pour les piéces justificatives. […] La substance des différens écrits dont nous venons de parler, a été exprimée dans le Dictionnaire historique des Auteurs ecclésiastiques, renfermant la vie des Peres & des Docteurs de l’Eglise ; des meilleurs interprêtes de l’Ecriture Sainte, Juifs & Chrétiens ; des Théologiens scholastiques, moraux, mystiques, polémiques, hétérodoxes même qui ont écrit sur des matieres non controversées ; des Canonistes & des Commentateurs des Décrétales & du corps du Droit canonique, des Historiens, Bibliographes, Biographes & Agiographes ecclésiastiques ; des Orateurs sacrés ; des Liturgistes & généralement de tous les auteurs qui ont écrit sur les matieres ecclésiastiques ; avec le catalogue de leurs principaux ouvrages ; le sommaire de ce qu’on trouve de remarquable dans ceux des Peres, pour former la chaine de la tradition ; le jugement des critiques sur la personne, le caractère, la doctrine, la méthode & le style des différens Auteurs ecclésiastiques ; & l’indication des meilleures éditions de leurs ouvrages : le tout suivi d’une table chronologique pour l’histoire de l’Eglise depuis J. […] C’est un des meilleurs ouvrages de cet auteur, qui mêle à des anecdotes vraies des choses hazardées. […] Ce savant homme avoit formé son style sur les meilleurs modèles des premiers tems de l’Académie françoise. […] Il n’y faut chercher ni l’analyse exacte des meilleurs ouvrages, ni l’exposition fidéle du dogme & de la discipline, ni une critique fine & impartiale, ni cet amour éclairé de la vérité, ni ce jugement exquis, ni cette candeur aimable, ni cette noble simplicité de style qui distinguent M.

187. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

. — Lorrain Voici un bon écrivain et le meilleur chroniqueur de ce temps. […] Jean Lorrain est, notre meilleur, notre précieux déformateur d’orchidées. […] VII. — Lavedan Décomposer avec une minutie sans finesse les soucis d’un oisif gandin, tracer en grossissement ses occupations, détailler en dialogues des recettes pour dissiper le hâle de la mer et attendrir les barbes rétives, n’est pas assez pour faire un bon livre, et Leur beau physique est loin d’être du meilleur Lavedan.

188. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Que le meilleur de leur style soit perdu pour nous, il est très possible, et nous l’avons dit ; mais que leur émotion, leurs images, leur vie descriptive, leurs fortes qualités intérieures ne se puissent plus sentir, c’est, je crois, ce que personne ne soutiendra. […] J’y ai noté de belles pages, des tableaux réussis, un ton de naïveté incomparable, Ce qu’elles contiennent de meilleur ne m’a pourtant point paru surpasser Homère, qui seul incarne la continuité de la perfection et le don suprême de la vie. […] On a beau crier, pourtant, — les exemples de notre dernier livre le prouvent — les meilleurs écrivains n’ont pas eu d’autre méthode, qu’ils imitent Homère ou qu’ils transposent directement la réalité, comme Virgile, Chateaubriand ou Flaubert.‌

189. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Quiconque sait aimer comme nous porte avec soi le principe des plus grandes et des meilleures actions, le prix des sacrifices les plus pénibles, le dédommagement de tous les maux. » Enfin, dans une dernière lettre du 7 juillet, elle se livre à quelques pensées d’avenir et d’espérance. […] L’abbé Combalot, à un moment, était son guide (entre nous, elle en eût pu choisir un meilleur et de meilleur sens). […] Faugère de lire le Discours, resté inédit jusqu’ici, qu’elle composa à vingt-trois ans pour répondre à la question proposée par l’Académie de Besançon : Comment l’éducation des femmes pourrait contribuer à rendre les hommes meilleurs ? […] Je connais et j’ai présentes en ce moment à la pensée un certain nombre de femmes instruites, méritantes, éprouvées, natures vaillantes et probes, qui, sorties du peuple ou presque du peuple, ont conquis l’éducation, les lettres, les sciences, les arts même, — quelques-unes la poésie ; — qui pensent et s’expriment avec fermeté, avec nombre et non sans grâce ; qui comptent dans leur intérieur à tous les titres ; qui doublent et affermissent l’intelligence du frère ou de l’époux, le secondent dans sa carrière, l’aident modestement dans ses travaux, et, à défaut d’une certaine fleur peut-être, font goûter les fruits les plus sûrs et ce qu’il y a de meilleur dans le trésor domestique.

190. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Louis XIV, pris au dépourvu, envoyait Chamlay, un militaire de confiance, le meilleur officier d’état-major et l’homme des bureaux de la guerre, auprès de Catinat pour se renseigner, tout voir de ses yeux et lui rapporter une idée nette des choses. […] Catinat, se jugeant lui-même, appréciant sa propre conduite durant cette année 1691, mérite bien pourtant d’être entendu, et ce qu’il dit là-dessus à son avantage est peut-être la meilleure définition de sa méthode de guerre et de son moral de général d’armée. […] Enfin, pour te le faire court, les ennemis avaient une armée fraîche, entrée en campagne seulement les premiers jours d’août ; ils avaient trente escadrons de la plus vieille et meilleure cavalerie de l’Empereur, et douze des meilleures troupes de M. l’Électeur, et trois vieux régiments de dragons… Ils avaient assurément cent escadrons dans leur armée, cavalerie ou dragons, et quinze à seize mille hommes de pied. […] Il était, du reste, alors dans sa meilleure veine, et sa prudence savait se relever au besoin d’actions de vigueur.

191. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Ce que décidément j’aimais dans Mme de Krüdner, c’est l’auteur et le personnage de Valérie, la femme du monde qui souffre, qui cherche quelque chose de meilleur, qui aura un jour sa conversion, sa pénitence, sa folie mystique ; qui ne l’a pas encore, ou qui n’en a que des lueurs ; qui n’a renoncé ni au désir de plaire ; ni aux élégances, ni à la grâce, dernière magie de la beauté ; qui se contredit peut-être, qui essaie de concilier l’inconciliable, mais qui trouve dans cette impossibilité même une nuance rapide et charmante dont son talent se décore. […] Il est deux points qui m’ont toujours choqué chez mes meilleurs amis jansénistes, c’est quand ils insistent sur la damnation des enfants morts sans baptême, et sur celle des vieillards morts sans confession. […] Dans ces vers que je n’ai pas besoin de vous recommander, et qui doivent être du meilleur goût, il n’y aura que cet envoi : A Sidonie. […] « Le meilleur ami à avoir, c’est le passé. […] Les événements de 1815 surtout, et le rôle qu’y prit Mme de Krüdner par son influence sur l’empereur Alexandre, sont présentés sous un jour intéressant, dans un détail positif et neuf, emprunté aux meilleures sources.

192. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

La curiosité des religions est, en ce siècle-ci, un de nos sentiments les plus distingués et les meilleurs : M.  […] Sylvestre Bonnard résume en lui tout ce qu’il y a de meilleur dans l’âme de ce siècle. D’autres âges ont incarné le meilleur d’eux-mêmes dans le citoyen, dans l’artiste, dans le chevalier, dans le prêtre, dans l’homme du monde : le XIXe siècle à son déclin, si on ne veut retenir que les plus éminentes de ses qualités, est un vieux savant célibataire, très intelligent, très réfléchi, très ironique et très doux. […] tout cela dans des impressions d’enfance   C’est ainsi, et il n’y a rien là de surprenant, que le talent de l’écrivain, car il n’est pas de meilleur sujet pour un observateur qui est un poète, ni pour un poète qui est un philosophe, ni pour un philosophe qui est un père. […] Il fut, cet enfant, le plus heureux et, j’ose le dire, le meilleur de tes amis.

193. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Ses romans sont, par excellence, des romans ; ils répondent pleinement à l’idée que ce mot éveillait jadis dans les esprits, et c’est peut-être là leur meilleure originalité. […] Le romanesque, beaucoup plus restreint, est presque tout entier dans l’invention d’une humanité meilleure, et il peut se passer de l’expression plastique. […] Par suite, l’esprit romanesque, considéré non plus chez l’écrivain, mais chez les lecteurs et chez le commun des hommes, est une tendance à accepter comme vraies ces imaginations d’un monde meilleur et plus beau. […] Le premier besoin nous a valu les meilleures, on pourrait presque dire les seules analyses de sentiments que M.  […] Les deux premières parties du roman sont presque tout entières du Feuillet des meilleurs jours.

194. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

L’éducation, telle qu’elle est pratiquée depuis trois siècles sans modifications sérieuses, développe particulièrement le goût de la phrase toute faite ; et il importe peu qu’elle soit latine ou seulement française, puisque les auteurs français dont on « orne la mémoire » des enfants sont des succédanés des auteurs latins et leurs meilleurs traducteurs. […] Le latin fut un des meilleurs socs de rechange de cette charrue traditionnelle ; il a creusé un bon sillon dans les cerveaux et préparé une moisson baroque : la citation. […] Un des plus bénins est celui-ci : « depuis nos malheurs », phrase doucereuse où on assimile la France à une vieille dame à cabas « qui a connu de meilleurs jours ». […] » Il ne faudrait pas d’ailleurs presser trop étroitement les métaphores qui se gonflent, souvent avec trop d’orgueil, dans les meilleurs styles. […] Il est bien meilleur que son titre, en ce sens qu’il soulève toutes sortes de questions de psychologie linguistique, alors qu’on aurait pu s’attendre à un simple manuel scolaire.

195. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Le meilleur moyen de savoir ce que veulent les poètes de demain est encore de savoir ce qu’ils reprochent à la Poésie qui est déjà pour eux la Poésie d’hier. […] C’est le vœu des meilleurs d’entre les nouveaux venus, des Fernand Gregh, des Charles Guérin ou des Francis Jammes4… » M.  […] Première génération adulte d’esprits formés par un socialisme dégagé des brumes utopiques et pénétré de claire science, il faut que nous portions témoignage par notre moralité meilleure, notre intellectualité plus nourrie, notre sensibilité toujours aussi vive mais mieux disciplinée des bienfaits que peut conférer à l’homme l’adhésion ardente et méthodique à une théorie rationaliste de l’Univers, de l’individu et de la Société10 » (15 mai 1903). […] En fait de classiques, les plus imprévus sont encore les meilleurs et les plus grands : demandez-le plutôt à ces mâles génies vraiment nés immortels et perpétuellement florissants. […] Certes, un grand nombre de nos meilleurs écrivains se rallie à la foi française, mais un nombre important de jeunes gens s’en éloigne.

196. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre premier. Du rapport des idées et des mots »

C’est de la rhétorique appliquée, et de la meilleure, dans le meilleur sens du mot.

197. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Francis Vielé-Griffin Pour nous, avec assentiment des meilleurs esprits et tout en gardant à M.  […] Et c’est pourquoi je crois que l’œuvre de Laforgue, devant laquelle s’inclinent les meilleurs d’entre nous, n’a pas à craindre de l’avenir… [Introduction à l’Étude sur Jules Laforgue, par Camille Mauclair (1896).]

198. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

La posterité n’a jamais blâmé comme de mauvais poëmes, ceux que les contemporains de l’auteur avoient loüez comme excellens, bien qu’elle puisse en abandonner la lecture pour s’occuper d’autres ouvrages encore meilleurs que ces poëmes-là. […] En second lieu, le public prévenu en faveur du discernement des gens du métier, pense durant un temps qu’ils aïent meilleure vûë que lui.

199. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XII »

c’est le meilleur, c’est le plus pratique des traités théoriques. Il a obtenu un succès prodigieux, ce succès dure encore, il durera longtemps. » La prédiction est flatteuse, mais je continue à me demander comment le même livre peut être à la fois le meilleur, le plus pratique et avoir la prétention de donner du génie à tout le monde.‌

200. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Je me sais d’autant meilleur gré d’y avoir travaillé que déjà mon exemple a eu la force d’inspirer à beaucoup d’autres l’envie d’apprendre et même d’écrire. » Trois philosophes de sectes différentes prennent part à l’entretien, développant chacun son système théologique. […] Sa maison de campagne de Pouzzoles est encore le lieu de la scène : « J’étais à Pouzzoles en même temps que Hirtius, consul désigné, l’un de mes meilleurs amis, et qui cultivait alors, avec beaucoup d’ardeur, l’art qui remplit ma vie. […] La meilleure forme de gouvernement lui semble en définitive celle qui, en combinant ces trois modes, a les avantages de tous sans avoir les inconvénients de chacun. […] Et que t’importe d’ailleurs d’être célébré dans les siècles à venir, lorsque tu ne l’as pas été dans les temps écoulés, et par des hommes tout aussi nombreux et incomparablement meilleurs ? […] Caton montre à ses jeunes amis que toutes les grandes âmes ont pressenti l’immortalité, et n’ont vu la véritable vie qu’au-delà du tombeau. » Il rappelle les arguments des philosophes socratiques, et toutes les meilleures preuves qui, dans les temps anciens, s’étaient offertes à la raison pour établir la sublime vérité enseignée par Platon et par son divin maître.

201. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

En l’acceptant même sous sa meilleure forme et tel qu’il nous revient des mains de M.  […] Qu’on allègue tant qu’on le voudra ses convictions : il fut mal avec les meilleurs de son siècle, il se prononça contre les hommes qui avaient le plus de distinction et de mérite en son temps, et s’acquit leur mésestime : c’est toujours une mauvaise marque pour un critique. […] Notez-le bien : les excès de la passion littéraire, chez ce La Harpe si souvent mis en cause, valent mieux que les mêmes écarts ou les manquements chez Fréron, ils partent d’un meilleur principe ; ils sont d’un ordre supérieur, de l’ordre tout intellectuel, exempts et purs de tout trafic, sans alliage d’industriel et de mercantile. […] Bien rarement il fait un feuilleton suivi, appliqué, consciencieux, à la manière de Sarcey : il échappe le plus qu’il peut, il fuit, il fait l’article à côté : mais ces articles à côté sont souvent de petites créations d’une extrême finesse : Lettre de Valérie à Mlle Bernardine , artiste dramatique, au théâtre des Célestins, à Lyon (voir l’Étendard du 17 septembre 1866) ; — un feuilleton sur Rossini (même journal, 2 décembre 1867) ; — sur Octave Feuillet, « le romancier des femmes » (même journal, 14 janvier 1867) ; — mais surtout sur George Sand et les Don Juan de village, une légère et adorable critique, du meilleur goût (13 août 1866).

202. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Si quelque partie de la littérature devait souffrir de l’ardeur des discordes civiles, c’était, semble-t-il, la poésie, et pourtant il est vrai qu’elle leur doit quelques-unes de ses meilleures œuvres. […] Jamais Ronsard ne fut mieux inspiré, plus simplement grand, éloquent, passionné, tour à tour superbement lyrique ou âprement satirique que dans ses Discours : jamais sa langue n’a été plus solidement et nettement française, son alexandrin plus ample et mieux sonnant ; jamais il n’a donné de meilleure expression de ses théories poétiques, auxquelles il ne songeait plus guère alors. […] En attendant que Henri IV ait remis la controverse et la prédication au ton qui leur convient, les débuts de Du Perron et de Du Plessis-Mornay217 promettent dès lors de meilleurs jours. […] François de la Noue (1531-1591), gagné au calvinisme par Dandelot, fit toutes les guerres civiles, et fat avec Coligny le meilleur capitaine des protestants.

203. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

N’avait-il bu que de l’eau, maître Braillardet, quand, sortant tout chancelant d’un cabaret pour assister à l’enterrement d’un de ses meilleurs amis, il se laissa tomber dans la fosse où il serait encore, si, par malheur pour sa femme, on ne l’en eût retiré ? […] Mais quand tout vous rit, et que le monde est bien infatué de vos richesses, il faut prendre à toute main l’argent qu’on vous offre, faire grande dépense à l’ordinaire ; et puis un beau matin, après avoir mis tous vos meilleurs effets dans une cassette, déloger à petit bruit, et donner ordre à votre portier de dire à tout le monde qu’on ne sait où vous êtes allé. […] quand ils se mettent comme cela à la raison, on entre en pourparlers ; on écoute, on négocie ; et enfin, après un bon contrat bien et dûment homologué, vous revenez sur l’eau avec sept ou huit cent mille livres d’argent comptant, et tous vos meilleurs effets divertis. […] Vous ne trouverez pas mauvais, monsieur, que je vous présente les trois meilleurs amis que j’aie au monde et les trois plus riches hommes de Paris.

204. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Si vous saviez combien de fois il m’avait assuré que nous passerions notre vie ensemble, et que je n’avais pas au monde un meilleur ami que lui ! […] Je suis bien aise de voir l’État respirer un moment, et je souhaite que le remplacement de nos ministres fasse un bon effet dans les affaires, que ceux qui leur succéderont soient meilleurs et ne deviennent pas pires. Croiriez-vous cependant que cet homme disgracié trouve encore des amis, et que le meilleur de ces amis soit un homme de lettres ? […] Ayez meilleure opinion de l’homme et de vous-même.

205. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

d’un meilleur devenir la matière devient. […] « Mais quand se désire savoir l’unique dualité et qu’alors elle engendre, sa synthèse, son désir du fruit en qui elle se définisse, d’un meilleur devenir la matière devient : et, qui de la fatalité du cercle virtuel est, progressive lentement à une droite, l’ouverture, l’ellipse loin exagère la figure d’espoir selon laquelle elle meut. […] , tel est mon principe social… Ceci dit : que l’on me permette de prendre du Traité du Verbe les titres de mon œuvre et de ses parties et des livres, du livre I, le meilleur devenir, qui est l’historique poétique de la Matière éthérée évoluant à l’animal instinctif et sensationnel — au livre dernier, la loi. […] Le meilleur Devenir. — II. 

206. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

On le trouve dans le volume des Poëtes (3e volume des Œuvres et des Hommes, 1re série, les poëtes), car, avant d’écrire en prose, Mme de Girardin était poëte et c’est là même sa meilleure gloire. C’est toujours la meilleure gloire de ceux qui le sont. […] J’aurais peur de les vaincre, et jamais je n’en retrouverais de meilleurs ! 

207. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Mais j’ai gardé pour le dernier le meilleur et le plus intéressant des livrés de M.  […] En est-elle donc meilleure pour cela ? […] Or il a fait deux découvertes surtout, qui seront ses deux meilleurs titres d’honneur, dans la tradition scientifique.

208. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

— l’empêcher d’écrire ce livre d’Elle et Lui dont elle croit orner son déclin, il n’y aurait ici qu’un roman, triste en soi, ni meilleur, ni pire, ni plus nouveau en talent et en morale, que les autres productions de l’auteur d’Indiana, de Jacques et de Leone Leoni 9 ! […] Là est la pente de toutes, et madame de Staël, de toutes les femmes de lettres la meilleure, elle-même y glissa. […] À part toute personnalité blessée et saignante, c’est assurément le meilleur livre de Paul de Musset.

209. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

et de distiller, si on dit vrai, sa goutte de poison homicide, — nous venons de le lire avec soin, et nous pouvons bien affirmer que sans la célébrité et l’intimité trop publique de Mme George Sand et d’Alfred de Musset, qui donnent à tout des significations terribles et qui auraient dû, en fierté, en délicatesse et en pitié, puisqu’elle s’en targue, de pitié, l’empêcher d’écrire ce livre d’Elle et Lui dont elle croit orner son déclin, il n’y aurait ici qu’un roman triste, en soi, ni meilleur, ni pire, ni plus nouveau en talent et en morale, que les autres productions de l’auteur d’Indiana, de Jacques et de Leone Leoni 24 ! […] Là est la pente de toutes, et Mme de Staël, de toutes les femmes de lettres la meilleure, elle-même y glissa. […] A part toute personnalité blessée et saignante, c’est assurément le meilleur livre de M. 

210. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

Henri de Bornier attendait son heure, trente ans qu’il avait publié son premier ouvrage, un volume de vers, maintenant introuvable, disparu comme tous ces volumes de début, où les nouveaux venus mettent parfois le meilleur de leur âme. […] La plus éperdue poésie n’est pas la meilleure au théâtre, et M. de Bornier a prouvé encore dans son premier acte qu’il s’entend au vers scénique.

211. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

Mais que la poésie est donc meilleure conseillère lorsqu’elle nous persuade de pardonner à la nature, et d’y voir le bien en même temps que le mal ! […] On sort de son œuvre comme d’un bain de jeunesse et de santé, plus vaillant, meilleur, presque en confiance avec cette compagne si peu sûre qui s’appelle l’humaine destinée.

212. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

On ne saurait aller à meilleure école ni recevoir de plus hautes leçons. […] Jusqu’à la mort de Molière et au-delà, Français et Italiens se firent concurrence, s’imitèrent, s’empruntèrent réciproquement ce qu’ils avaient de meilleur, rivalisèrent dans les fêtes de cour, où ils étaient fréquemment réunis et mis en présence.

213. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Panurge » pp. 222-228

« Toutefois, il avait soixante-trois manières d’en trouver tousjours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larrecin furtivement faict ; malfaisant, pipeur, buveur, batteur de pavez, ribleur s’il en étoit à Paris ; au demeurant le meilleur fils du monde et toujours machinoit quelque chose contre les sergeants et contre le guet. » Et après ce portrait sommaire, viennent à la débandade, les mille aventures drolatiques où ce véritable héros de Rabelais se dessine à gros traits, menant à Paris le train bouffon de l’écolier de l’époque, puis partant pour les pays de la fable contre le roi des Dipsodes, puis s’embarrassant dans cette épineuse question du mariage, et parcourant pour s’amuser dans son dessein tout l’archipel d’îles peuplées à souhait des innombrables êtres allégoriques dont Rabelais tenait à rire ; en somme la plus durable et la plus humaine des caricatures énormes qui s’étalent dans le bréviaire des « beuveurs très illustres et et vérolez très prétieux ». […] La façon d’envisager la vie a revêtu chez notre élite des formes douloureuses qui diffèrent peu du pire pessimisme. « Le meilleur fruit de notre science, dit M. 

214. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

Comment se refuserait-il la douceur de répéter avec la foule, avec les meilleurs, le long des siècles, ce que son cœur lui suggère ce soir : Adveniat regnum tuum, Fiat voluntas tua.‌ […] Une épreuve si effroyable devait rendre les gens de l’arrière meilleurs, comme ils se sentaient eux-mêmes.

215. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Cela ne le satisfait point : le savoir est meilleur que l’amour. […] On baptise d’un nom emprunté à la période historique que l’on préfère non seulement ce qu’on trouve de meilleur dans toute la vie écoulée de l’humanité, mais ce qu’on sent de meilleur en soi et dans les hommes de son temps. […] Il est heureux parce, qu’il veut être heureux : ce qui est encore la meilleure façon qu’on ait trouvé de l’être. […] Le meilleur remède contre la douleur est peut-être de la nier tant qu’on peut. […] Est-il assez content de parler la bonne langue, la meilleure, la seule !

216. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Perrault rend la cause meilleure en adoptant la gloire de ces modernes, y compris Boileau, auquel il fait habilement une place parmi eux. […] Dans des mémoires écrits pour l’instruction de ses enfants, il leur recommande, au lieu de s’en confesser, son Virgile travesti ; il se loue du portrait d’iris, le meilleur morceau, dit-il, qu’il eût fait dans ce genre-là. […] Qu’il y a loin pourtant de ses meilleures pages à la simplicité nerveuse des Réflexions sur Longin, et surtout à la lettre où Boileau raconte sa réconciliation avec Perrault ! […] Mais quand le style de ces Éloges est bon, il est des meilleurs. […] Plusieurs parmi les meilleurs chrétiens, se laissèrent prendre aux aimables avances de son doute.

217. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Ce sont là, on voudra bien le reconnaître, les meilleures garanties extérieures pour les juger littérairement. […] Un écrivain de l’autre sexe, désireux de rendre témoignage à un amour dont il tiendrait le meilleur de son inspiration, sans doute y mettrait quelque réserve, quelque atténuation. […] Ce sont les seules proses que nous possédions de Mme Lucie Delarue-Mardrus, du moins en volume : elles ne sauraient compter parmi le meilleur de son œuvre. […] On se défend comme l’on peut, et la meilleure façon de se défendre, c’est encore d’obéir aux suggestions de son tempérament. […] Qui ne reconnaîtrait à cette attitude le meilleur trait de la mentalité latine ?

218. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Zamti, qui vient proposer à sa femme de se tuer pour la rendre veuve et lui procurer un meilleur parti que lui, est plus ridicule qu’héroïque. […] La scène est assurément une des meilleures que Voltaire ait jamais faites ; c’est la meilleure de la tragédie de Mahomet ; mais il est un peu trop fort de la proclamer la meilleure du Théâtre-Français. […] Si les larmes sont les meilleurs juges de la bonté d’un poème dramatique, Voltaire lui-même se trouvera fort au-dessous des auteurs des plus chétifs romans et des drames les plus médiocres. […] De quel œil pouvaient-ils regarder le sénat, quand ils se retraçaient l’image du fondateur de l’empire, du meilleur des hommes, égorgé par les sénateurs ? […] L’École des mères est la meilleure de toutes ; c’est le vrai chef-d’œuvre de son auteur.

219. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

La satire s’arrêta aux généralités ; elle n’en fut que meilleure. […] Il le désigne comme un des meilleurs modèles dont la lecture puisse former des écrivains et des orateurs. […] La pratique des meilleurs auteurs ne s’étend pas sur les autres espèces, et souffrirait trop de gêne à le faire. […] On voit que la pensée fondamentale de Térence est celle qu’a prise Molière ; mais qu’il en tire un meilleur parti. […] En effet, pourquoi aller offenser toutes ces personnes-là, et particulièrement les cocus, qui sont les meilleures gens du monde ?

220. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Rinn, l’homme sage et de bon conseil, le meilleur ami et le meilleur jugement : la conclusion est en effet de tout voir, de tout parcourir en trois mois, sauf à laisser de côté la Sicile, si le temps presse. […] Dans cet ordre de succès réguliers et paisibles, où il ne s’agit point de feux d’artifice à tirer à de certains jours, mais de fruits à produire durant des années, le bonheur calme et pur est un meilleur conseiller encore que l’amour-propre. […] Particulièrement j’ai fait un portrait d’Hamlet qu’on a fort applaudi ; on m’a dit que c’était ma meilleure leçon. » Et encore : « (12 juin 1858.)… Depuis trois ou quatre mois, j’ai beaucoup, beaucoup gagné. […] On ne saurait proposer une meilleure étude du professeur. […] Mes amis m’assurent que c’est le meilleur qu’ils m’aient entendu faire, et je le crois, mon cher Émile, tant j’ai besoin de les croire. » Il était dès lors en proie à de grandes lassitudes, à des anxiétés qu’il qualifiait de nerveuses, mais qui tenaient au fond à un mal organique.

221. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Vous voyez bien qu’il y aurait là-dessus beaucoup de choses à dire ; mais, à mon gré, la plus courte mention de nos folies est la meilleure. […] N’ayons point dessein d’imiter ce que l’on conte de ridicule de ce vieux docteur ; notre ambition se doit proposer de meilleurs exemples. […] Il faut, pour avoir son jugement sérieux, corriger cet endroit badin par les meilleures et belles paroles, souvent citées, de sa lettre latine à Silhon. […] Ceux qui ont dit que la neige est noire ont laissé des successeurs qui, s’ils ne disent la même impertinence, en diront d’autres qui ne seront pas de meilleure mise. […] Il y aurait un dernier chapitre à écrire sur lui, et je l’ai esquissé ailleurs ; c’est celui où l’on montrerait son influence directe et la continuation de sa veine, à la fois noble et épurée, chez ses meilleurs disciples, Racan et Maynard.

222. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

— N’oublions pourtant pas d’ajouter que l’oncle Bridaine, si bien joué par Provost, et qui rentre dans les anciennes données comiques, est excellent : il prête aux meilleures scènes de l’ouvrage, et le second acte lui a dû son espèce de succès. […] Mais ce que nous voudrions surtout suggérer à un talent aussi net et aussi naturel d’expression, aussi tourné par vocation, ce semble, aux choses de théâtre, ce serait d’agrandir, avant tout, le champ de son observation, non pas de vieillir (cela se fait tout seul et sans qu’on se le dise), mais de vivre, de se répandre hors du cercle de ses jeunes contemporains, de voir le monde étendu, confus, de tout rang, le monde actuel tel qu’il est, de le voir, non pas à titre de jeune auteur déjà en vue soi-même, mais d’une manière plus humble, plus sûre, plus favorable au coup d’œil, et comme quelqu’un de la foule ; c’est le meilleur moyen d’en sortir ensuite avec son butin, et de dire un jour à quelque ridicule, à quelque vice pris sur le fait : Le voilà !

223. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Hallé » pp. 71-73

Le meilleur des trois tableaux qu’il a demandés à nos artistes est médiocre. […] Dans nos campagnes les mieux ravagées par l’intendance et la ferme, dans la plus misérable de nos provinces, la Champagne pouilleuse ; là où l’impôt et la corvée ont exercé toute leur rage ; là où le pasteur réduit à la portion congrue n’a pas un liard à donner à ses pauvres ; à la porte de l’église ou du presbitère ; sous la chaumière où le malheureux manque de pain pour vivre et de paille pour se coucher, l’artiste aurait trouvé de meilleurs modèles.

224. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Il est impossible, dit on, de composer de meilleurs vers à moins que d’être poëte. […] C’est en vain qu’un pareil sujet fait son apprentissage sous le meilleur maître, il ne sçauroit faire dans une pareille école les mêmes progrès qu’un homme de génie fait dans l’école d’un maître médiocre.

225. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

La sagesse doit développer en lui ces deux puissances à la fois, la seconde par la première, de sorte que l’intelligence étant éclairée par la connaissance des choses les plus sublimes, la volonté fasse choix des choses les meilleures. Les choses les plus sublimes en ce monde, sont les connaissances que l’entendement et le raisonnement peuvent nous donner relativement à Dieu ; les choses les meilleures sont celles qui concernent le bien de tout le genre humain ; les premières s’appellent divines, les secondes humaines ; la véritable sagesse doit donc donner la connaissance des choses divines pour conduire les choses humaines au plus grand bien possible.

226. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Les idylles, les élégies y tiennent la meilleure place. […] Les lecteurs de Pétrarque ne sauraient désirer un meilleur guide dans les mille sentiers du charmant labyrinthe ; il s’y moque finement, à la rencontre, du commun des lettrés italiens qui ne remontaient ni si haut ni si avant. […] Les meilleures poésies de M. de Musset sont trop sujettes à ces sortes d’incohérences. […] Ce recueil littéraire, le meilleur de l’Italie, fut supprimé par un décret du grand-duc au commencement de 1833, après douze années environ d’existence. […] Nos idées et nos lumières ont pu améliorer l’ordre social, mais je ne sais si les hommes des temps modernes sont meilleurs pour être plus faibles, et les progrès ne sont pas des vertus. » Cette page est un beau commentaire de la manière de sentir de Leopardi.

227. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Comment n’auraient-ils pas été les meilleurs ceux qui avaient rêvé de substituer à une autorité royale pourrie, un gouvernement républicain fédéral ? […] Un grand nombre d’entre eux, néanmoins, parmi les moins hardis, restèrent attachés au sol, sous l’épithète trompeuse de « nouveaux convertis », attendant, en vérité, des jours meilleurs. […] Ce prélat les envoya quérir et tâcha de leur prouver ce dogme pur les meilleures raisons qu’il leur put alléguer. […] Et Bossuet, en bon catholique, était également dépourvu de ces trois facultés, dont la pratique aurait amené la ruine fatale de cette « foi » qui lui commandait de torturer les meilleurs citoyens de France. […] La révocation de l’Édit de Nantes a été pour la France un fléau pire que la peste, car la peste ne choisit guère et la persécution choisit les meilleurs pour les frapper.

228. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Homais avec un fin sourire ; Clytemnestre s’appelait Klutaïmnéstra, et c’était fort ennuyeux. » D’autre part, interrogez les poètes, pas tous, mais les meilleurs d’entre les jeunes, et quelques curieux çà et là. […] Rien n’est meilleur que l’amour du néant ; mais rien aussi n’est meilleur que l’amour, et c’est pourquoi le monde dure encore. […] Sophocle pense que le meilleur est de n’être pas né ou de vivre peu8. […] Mais aussitôt surgissent les rebelles, chers au poète de Kaïn : c’est Khirôn puni pour avoir rêvé des dieux meilleurs que ceux de l’Olympe ; c’est Niobé, fidèle aux Titans vaincus, qui auront leur jour et qui rétabliront le règne de la Justice  Enfin, il se repose de ces graves histoires dans l’adoration de la beauté physique. […] Aussi, même chez les meilleurs, si la charité vient des entrailles, toujours il s’y mêle une arrière-pensée surnaturelle.

229. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Sully-Prudhomme n’a pas su transporter dans son Eden les meilleurs et les plus doux des sentiments humains. […] Sully-Prudhomme lui-même appelle ailleurs « le meilleur moment des amours ». […] les dialogues où il exprime à Stella les inquiétudes de sa conscience et son dessein de redescendre sur la terre pour faire profiter les pauvres hommes de ce qu’il a appris dans un monde meilleur, et même, s’il le faut, pour souffrir encore avec eux… il y a dans tout cela une émotion, une beauté du sentiment moral, et comme un sublime tendre où M. Sully-Prudhomme avait à peine encore atteint dans ses meilleures pages d’autrefois… Donc la Mort ramène sur la terre Faustus et Stella. […] Le monde, qui est mauvais, est bon néanmoins, puisqu’il ne peut être conçu meilleur sans déchéance.

230. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Mais, cette question de la langue parlée n’a guère d’importance : sans citer les meilleurs poèmes de Du Bellay, qui sont en latin, il y a bien vingt-cinq millions de Français — pour être décent —, qui s’entendent mieux aux divers argots de la Phynance, du Journalisme, de la Chambre et du Bordel qu’à la langue poétique. […] En réalité, les grands poètes français ne sont ni du Nord, ni du Midi ; c’est parce qu’ils unissent dans leurs meilleurs réussites les qualités de l’un et de l’autre qu’ils sont de grands poètes français. […] Borde (dont le Parapilla est l’un de nos meilleurs poèmes libertins) ; Vergier (dont les Contes furent parfois attribués à La Fontaine, ce qui est le meilleur éloge qu’on en puisse faire). […] Jacques Chaumié paraît juste : les meilleurs poètes de langue française ont été, pour la plupart, élevés dans des pays de langue d’oïl. […] Mais, si quelques-uns de nos meilleurs prosateurs (citons Montaigne, Montesquieu, Rivarol) sont des méridionaux, peut-être que cette spontanéité qui est nécessaire à la poésie, et qui fait qu’elle est plus une chose d’instinct que de raison, ne peut s’épancher que dans une langue dont les sons, la construction ont été mêlés à notre vie familière en ces années d’enfance où nous apprenons à sentir.

231. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Il n’y a pas, pour l’esprit de parti, de méchant écrivain qui ne soit bon, ni de bon écrivain qui ne soit un homme de génie, ni de vieillard qui baisse ; la dernière homélie de l’archevêque de Grenade est la meilleure. […] Otez ce que l’expression a de trop violent, et ce singulier goût pour les expiations sanglantes, il n’y a plus là que de la sévérité chrétienne, et l’enseignement en est meilleur que de vaines invectives contre les bourreaux. […] Une seule chose est de source dans Casimir Delavigne, c’est l’esprit ; et cet esprit, joint à un rare talent de versification et au don de l’élégance, lui a fait faire le meilleur de ses ouvrages, celui qui lui appartient le plus en propre, l’École des Vieillards. […] Observateur moins profond, Alexandre Dumas conte avec plus de vivacité, dialogue avec plus de verve et de naturel, écrit dans une meilleure langue. […] C’est la meilleure éducation, même pour l’originalité qui veut s’ouvrir d’autres voies.

232. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

La princesse Mathilde Le libraire-éditeur Glaeser publiait, sous le titre de Galerie Bonaparte, une suite de portraits photographiés d’après nature, ou d’après les meilleurs originaux, des principaux membres de la famille de Napoléon. […] Son bonheur, chaque jour, est de dérober quelques heures, et les meilleures de la matinée ou de l’après midi, pour les consacrer à sa chère peinture. […] [NdA] C’est La Bruyère qui a fait cette remarque, au chapitre « Des grands » : « Les princes, dit-il, sans autre science, ni autre règle, ont un goût de comparaison ; ils sont nés et élevés au milieu et comme dans le centre des meilleures choses, à quoi ils rapportent ce qu’ils lisent, ce qu’ils voient, et ce qu’ils entendent.

233. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

Quand on est critique soi-même, il est bien clair que si l’on adopte une méthode plutôt qu’une autre, c’est qu’on y est conduit par sa nature et par ses réflexions ; l’on est bien près, dès lors, d’avoir des objections à adresser à n’importe quelle autre méthode, et tout en se disant que, quand même on le voudrait, on serait peu capable d’en changer, on est fort tenté d’ajouter qu’il n’y a pas grand mal à cela, puisque la méthode qu’on suit est la meilleure et la plus vraie de toutes : sans quoi elle ne serait pas nôtre. […] Ayant à écrire de la littérature française et à la suivre dans son développement à travers les siècles, il s’est demandé tout d’abord au début ce que c’est que l’esprit français ; il s’en est fait préalablement une idée, il s’en est formé comme un exemplaire d’après les maîtres les plus admirés, d’après les classiques le plus en honneur et en crédit ; il a présenté aux lecteurs français un portrait tout à fait satisfaisant de l’esprit français vu par ses beaux côtés et en ses meilleurs jours. […] Cicéron, tendre père d’une fille charmante, père désespéré quand il perdit Tullie, en est meilleur citoyen, plus attaché à ses amis, plus épris de la vérité, laquelle devient plus chère à l’homme chez qui la tendresse de cœur se communique à l’esprit, et qui aime la vérité à la fois comme une lumière et comme un sentiment. — J’ai peur que Voltaire n’ait aimé que son esprit… Il ne serait pas besoin d’avoir beaucoup vu M. 

234. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

L’effet est du meilleur goût, l’ensemble du travail fin, pur, et d’un classique approprié au sujet. […] Sainte-Beuve, empêché par sa santé, la page suivante, qui est un hommage tout littéraire rendu au savant et à l’ami : « Messieurs, ce ne serait point à moi de venir prononcer quelques paroles en l’honneur du savant homme dont le cher et respecté souvenir nous réunit dans cette commémoration funèbre : ce serait à quelqu’un de ses vrais collègues, de ses pairs (parcs), de ses vrais témoins et juges en matière d’érudition : mais ils sont rares, ils sont absents, dispersés en ce moment ; — mais quelques-uns de ces meilleurs juges de l’érudition de Dübner sont hors de France, à Leyde, à Genève, dans les Universités étrangères ; mais Dübner en France, aussi modeste qu’utile, aussi absorbé qu’infatigable dans ses travaux, n’appartenait à aucune académie, et tandis que son illustre compatriote et devancier parmi nous, M.  […] Quoiqu’il ait rencontré là aussi des difficultés et peut-être des luttes sourdes, il put mener à bonne fin, avant sa mort, le meilleur de sa tâche.

235. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Saint-Lambert s’est enrichi des images de Thomson, Delille a emprunté du genre anglais quelques-unes de ses beautés descriptives ; Le Cimetière de Gray ne lui fut point inconnu : il a servi de modèle, sous quelques rapports, à Fontanes dans une de ses meilleures pièces, Le Jour des Morts dans une campagne. […] Il est peut-être à propos de remarquer que les hommes qui, depuis quelque temps, forment un tribunal littéraire, évitent, en citant nos meilleurs auteurs français, de nommer J.  […] Je crois avoir essayé la première d’appliquer ce système à la littérature ; mais j’attache un grand prix à montrer combien de philosophes respectables ont, avant moi, soutenu victorieusement cette opinion, considérée d’une manière générale ; et je ne pense pas, comme un littérateur de nos jours, que ce soit la charmante pièce de vers de Voltaire, intitulée Le Mondain, qui ait donné l’idée de la perfectibilité de l’espèce humaine, et qui contienne l’extrait de tout ce qu’il y a de meilleur dans les longues théories sur cette perfectibilité.

236. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Il faudrait pour cette critique-là une grande imagination et une grande bonté, je veux dire une faculté d’enthousiasme toujours prête, et puis du goût, qualité rare, même dans les meilleurs, si bien qu’on n’en parle plus du tout39. » Flaubert a ici marqué excellemment les qualités des vrais critiques. […] Après tout, si la charité est un devoir à l’égard de l’homme, pourquoi ne le serait-elle pas à l’égard de ses œuvres, où il a laissé ce qu’il a cru sentir en lui de meilleur ? […] Il aime son auteur et, comme il l’aime, il y a grande chance pour qu’il le comprenne, s’assimile ce qu’il y a de meilleur en lui.

237. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

Il va plus loin, & prétend que, quand même il seroit possible de noter la déclamation comme la musique, on ne devroit pas admettre le systême de l’abbé Dubos ; parce que ce systême nuiroit plus qu’il n’aideroit aux acteurs ; qu’il étoufferoit le talent des meilleurs, & rendroit les médiocres détestables. […] Qu’on jette les yeux sur les meilleures actrices de nos jours. […] Les meilleurs lecteurs que nous ayons eus sont Despréaux, Racine, La Mothe, & l’abbé Grécourt.

238. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

… Toutes auprès d’elles paraîtraient si inférieures et si minces, que c’est là peut-être la meilleure raison à donner de l’effet qu’elle produit d’être un homme, quand elle ne l’est pas ! […] Elle n’a ni la distinction patricienne de celle qui écrivit Delphine, ni le sentiment virginalement poétique qui créa Lucile Edgermond, ni la grâce, la grâce aérienne qui est partout dans Mme de Staël et qui, dans le génie des femmes, est encore le meilleur caractère du génie ! […] Et quel meilleur exemple à donner, du reste, aux insolences des femmes de ce temps, qui se croient des forces et qui, mettant des talons à leurs amours-propres comme elles en mettent à leurs bottines, veulent se jucher jusqu’au front des hommes, et les égaler en hauteur !

239. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Quelquefois le talent des hommes est meilleur que leur âme, d’autres fois leur âme meilleure que leur talent : mais le talent était fait chez Horace de la même étoffe que son âme. […] Vous vous rappelez l’aimable Joubert, le délicat des délicats, ce platonicien meilleur que Platon, qui sentait l’antiquité en maître et qui a déjà l’air d’un ancien, quoiqu’il soit d’hier ?

240. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

Doué d’un de ces esprits chez lesquels le principe sensible domine le principe pensant, Jobez a tué avec les conclusions insuffisantes de sa science la meilleure partie de son esprit et de son livre. […] Il a parfaitement compris que, pour la France, la meilleure source de prospérité était dans le développement de sa production agricole : « L’agriculture, — dit-il, — cet atelier inépuisable de toutes les productions essentielles, se détache sur le fond assombri de nos misères, et quand une fois on a sondé le gouffre des souffrances humaines, c’est en reportant les yeux sur la terre que l’on voit poindre l’espérance. » Brutus embrassa la terre et l’appela sa mère. Sans croire, comme Alphonse Jobez, que la terre, avec toutes les richesses qu’elle pourrait donner, renferme assez de biens pour assouvir cette âme de l’homme qui n’a point été faite avec une si grossière substance, mais avec un souffle de Dieu ; sans avoir cette mysticité du sol, nous croyons aussi, pourtant, que les peuples et les hommes dépendant de leurs besoins et de leur bien-être, — quoique ces besoins et ce bien-être soient le plus petit et le plus bas côté de leur destinée, — la voie de prospérité la meilleure est encore la culture du morceau de globe sur lequel ils sont nés.

241. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

nous ne réclamons pas aujourd’hui son cadavre, et nous réprouvons, autant que jamais, la tendance générale et le mal absolu de ses Œuvres, mais nous réclamons ce qui appartient au sentiment chrétien dans ses Œuvres, à travers les plus mortelles erreurs… Et que cette réclamation tardive, faite sur sa tombe, soit la punition de sa mémoire ; car le meilleur châtiment du coupable, c’est de montrer, qu’il n’était pas fait pour son crime, et qu’en le commettant il ne transgressait pas seulement la loi divine, mais les plus profonds et les plus nobles instincts de son cœur ! […] Mais cette damnation de ce monde ne le sauvera pas d’une autre, de ce monde aussi, qui est commencée et qu’assurément il ne prévoyait pas… C’est l’indifférence méprisante des hommes pour lesquels il a le plus fait et à qui il a sacrifié le meilleur de son âme. […] La meilleure vie, par le talent, de ces trois vies de soldats de la Révolution : — La Tour d’Auvergne, Desaix et Hoche, — est celle du plus humble, de La Tour d’Auvergne, qui, d’officier qu’il était, devint soldat et ne voulut être que soldat.

242. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Seulement, plus frappé que personne, en vertu de son tour d’esprit, de l’inutilité des charges à fond exécutées par les meilleures intelligences contre la Révolution dans les systèmes qu’elle a engendrés par la tête de ses plus illustres penseurs, et voyant, sur ces systèmes rompus, déshonorés, défaits, la Révolution vivre encore et continuer de ravager la pensée sociale, M.  […] Saint-Bonnet a prouvé à quelle race d’esprits il appartenait, en donnant pour base à une question de réforme dans l’éducation publique cette histoire de l’affaiblissement de la raison en Europe, qui serait la plus sûre prophétie de notre prochaine décadence, si le livre où elle est annoncée ne renfermait pas les meilleurs moyens de l’éviter ! […] Daniel, et le meilleur de toute sa thèse : « Que l’homme qui enseigne est plus que l’enseignement, et que là où le maître est excellent, les mauvaises doctrines deviennent innocentes », cet argument n’est pas au fond beaucoup plus solide que les autres, et l’histoire elle-même ne s’est-elle pas chargée de le réfuter ?

243. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Le meilleur historien qu’il ait, c’est le Mystère, ce porteur de manteau noir. […] C’était un déiste du xviiie  siècle, d’un déisme invalidé de scepticisme et d’indifférence, mais quelle que fût la philosophie d’André Chénier, dans un temps où tout le monde se vantait d’être philosophe, il était encore assurément le meilleur d’un siècle si violemment hostile aux idées religieuses comme nous, chrétiens, les comprenons. […] L’Aveugle (Homère), Le Mendiant (Lycus), la partie de l’œuvre intitulée les Églogues, frappèrent tout le monde à la tête, et la tête de presque tout le monde garda si bien l’impression du coup qu’aujourd’hui c’est s’aventurer que de dire tardivement et hardiment comme je le dis : le meilleur de la poésie d’André Chénier n’est pas là !

244. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Mais la meilleure nourrice, c’est la mère. […] La meilleure, dit Rousseau, doit être sans aucune instruction ; car si elle sait, elle se déguisera ; ignorante, on la connaîtra mieux. […] Non que les romans qui ne sont pas des utopies ne soient de beaucoup les meilleurs : Gil Blas vaut mieux que la Nouvelle Héloïse. […] Toujours pire ou meilleur qu’il ne s’est peint dans ses Confessions, toujours emporté hors de lui-même, il ne s’est pas vu au vrai un seul moment. […] Cette éloquence même, la grande qualité de Rousseau, se sent, aux meilleurs endroits de ses livres, du mélange, propre à l’utopiste, de l’élévation d’esprit et de la médiocrité de cœur.

245. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Après la médaille ou le camée, c’est donc une de ces analyses que j’essaie, à l’aide, il est vrai, des meilleurs secours ; car non seulement l’intéressant ouvrage de M.  […] Plus je deviens vieux, plus je pense que c’est la meilleure chose pour un artiste qui aime véritablement son art. » — En octobre 1826, au moment d’une réunion avec sa mère, qu’il avait décidée à venir passer quelque temps à Rome, il écrivit au même ami M.  […] Le travail est la sauvegarde la meilleure dans ces circonstances. […] Nous nous sommes quittés les meilleurs amis du monde.

246. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Il accordait beaucoup plus aux autres ; il insinuait ses observations sans les imposer ; il ne fermait, la bouche à personne ; il n’arrachait point la parole comme on le fait si souvent ; il savait que « l’intérêt est l’âme de l’amour-propre », même en conversation ; que, si chacun ne pense qu’à soi et à ce qu’il va dire, il paralyse les autres ; que la meilleure manière de les ranimer et de les tirer de l’assoupissement ou de l’ennui, c’est de s’intéresser à eux et de toucher à propos les fibres qui leur sont chères. […] Rien ne serait plus sot et plus déplacé ; mais j’ai appris à connaître les hommes en vieillissant, et je crois que le meilleur est de se passer d’eux sans faire l’entendu… Cette rareté de bonnes gens est la honte du genre humain. Ce témoignage de Fénelon me semble le meilleur commentaire de La Rochefoucauld. […] [NdA] Je ne discute point la question de savoir si ces Réflexions diverses sont certainement de La Rochefoucauld ; il me suffit qu’elles lui soient attribuées, qu’elles soient dignes de lui, et qu’elles expriment le meilleur goût et tout l’esprit de son monde.

247. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Henri IV avait une vraie amitié pour le jeune Rohan ; en lui il voyait un élève, un lieutenant futur pour ses projets militaires ; il discernait aussi sans doute une tête capable de maintenir et de conduire un jour le parti réformé, et de s’opposer dans un sens meilleur aux intrigues éternelles du maréchal de Bouillon. […] Le fait est que dans les discours, dans les apologies, dans les lettres, dans ce qui se rapproche de la parole vive et parlée (où il devait exceller), le style de Rohan est bien meilleur que dans la narration, qui reste chargée sous sa plume et parfois assez obscure. […] Son dessein eût été d’agir militairement, de démanteler les petites places qui ne pouvaient tenir, et de fortifier les principales, Nîmes, Montpellier, Uzès ; « Nous avions, dit-il, des hommes assez suffisamment pour faire une gaillarde résistance ; mais l’imprévoyance des peuples et l’intérêt particulier des gouverneurs des places firent rejeter mon avis, dont depuis ils se sont bien repentis. » Dans ses remarques sur les Commentaires de César, admirant l’influence qu’eut Vercingétorix sur les peuples de la Gaule pour leur faire accueillir les meilleurs moyens de défense : Il a eu, dit-il, le pouvoir de faire mettre le feu à plus de vingt villes pour incommoder leurs ennemis, ce qui témoigne son bon sens… Son grand crédit est remarquable ; car, à des peuples libres, au commencement d’une guerre, avant que d’en avoir éprouvé les mauvais succès et dans l’espérance de pouvoir vaincre sans venir à des remèdes si cuisants, il leur persuade de mettre le feu à leurs maisons et à leurs biens, pour la conservation desquels se fait le plus souvent la guerre. […] D’un autre côté, il eut à se défendre par-devant les siens contre des censeurs qui, la plupart, avaient eu les bras croisés durant la guerre, et à justifier « ses bonnes intentions blâmées, et ses meilleures actions calomniées. » Nous commençons à voir le rôle ingrat et difficile qu’il eut à remplir, et qui le deviendra bien davantage dans les deux guerres suivantes, en présence de Richelieu.

248. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Il avait par avance quelque chose des héros de Corneille, et semblait s’être dit : Lorsque deux factions divisent un empire, Chacun suit au hasard la meilleure ou la pire ; Mais quand ce choix est fait, on ne s’en dédit plus. Le prince Thomas de Savoie lui ayant fait dire par un gentilhomme que, s’il était en même humeur que par le passé, et qu’il voulût s’approcher, lui, le prince Thomas, ferait une diversion dans le Dauphiné, Rohan répond qu’il est en meilleure humeur que jamais, et prêt à marcher aux premières nouvelles qu’il aura du prince. […] Un autre général de l’empereur, le comte de Schlick, venant du côté du Tyrol pour réparer l’échec de Fernamond, Rohan allait encore se trouver entre deux armées, avec cette aggravation fâcheuse que les régiments qui arrivaient avec Schlick étaient de vieilles troupes aguerries, et que l’armée espagnole, commandée par Serbelloni et rassemblée à Morbegno, frontière du Milanais, était de 4000 hommes et 300 chevaux, aussi des meilleurs soldats. […] D’un autre côté, un des meilleurs lieutenants de ce dernier, M. de Lèques, était d’un avis contraire, et eût voulu qu’on essayât de la force, ne faisant aucun doute qu’elle ne réussit.

249. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Sa femme, Mlle de Bellefonds, sœur du maréchal de ce nom, l’un des militaires les plus opposés aux réformes et règlements de Louvois, et que ce ministre dut briser, était une personne du meilleur esprit et du plus fin. […] Quant à la personne même qui les a écrites, Saint-Simon, si sévère, si injuste pour l’illustre maréchal, son fils, a tracé d’elle, dans sa vieillesse, un portrait unique : « Cette marquise, nous dit-il, était une bonne petite femme sèche, vive, méchante comme un serpent, de l’esprit comme un démon, d’excellente compagnie, qui avait passé sa vie jusqu’au dernier bout dans les meilleures et les plus choisies de la Cour et du grand monde, et qui conseillait toujours « son fils de ne point donner de scènes au monde sur sa femme, de se vanter au roi tant qu’il pourrait, mais de jamais ne parler de soi à personne. […] Elle mange quatre fois le jour de la viande ; il est vrai que son déjeuner et sa collation sont ses meilleurs repas. […] On ferait de tout cela un volume neuf, original, rassemblant mille anecdotes singulières, spirituellement contées et dans la meilleure langue.

250. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Bossuet n ;a si bien peint, dans leur ensemble moral du moins, et dans leur aspect terrible et majestueux, les grands orages d’Angleterre qu’il n’avait pas vus et dont le sens politique lui échappait, que parce qu’il avait observé de près chez nous ces temps d’ébranlement où toutes les notions du devoir sont renversées, et où les meilleurs perdent la bonne voie. […] Ce fut l’œuvre du xviiie  siècle tout entier de mûrir, de rassembler, de coordonner, de propager ces vues plus justes, plus salutaires et tendant à une civilisation meilleure. […] Non ; si inférieurs aux Retz et aux La Rochefoucauld pour l’ampleur et la qualité de la langue et pour le talent de graver ou de peindre, ils connaissaient la nature humaine et sociale aussi bien qu’eux, et infiniment mieux que la plupart des contemporains de Bossuet, ces moralistes ordinaires du xviiie  siècle, ce Duclos au coup d’œil droit, au parler brusque, qui disait en 1750 : « Je ne sais si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer, diriger et hâter les progrès par une éducation bien entendue » ; le même qui portait sur les Français, en particulier ce jugement, vérifié tant de fois : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère… » Ils savaient mieux encore que la société des salons, ils connaissaient la matière humaine en gens avisés et déniaisés, et ce Grimm, le moins germain des Allemands, si net, si pratique, si bon esprit, si peu dupe, soit dans le jugement des écrits, soit dans le commerce des hommes ; — et ce Galiani, Napolitain de Paris, si vif, si pénétrant, si pétulant d’audace, et qui parfois saisissait au vol les grandes et lointaines vérités ; — et cette Du Deffand, l’aveugle clairvoyante, cette femme du meilleur esprit et du plus triste cœur, si desséchée, si ennuyée et qui était allée au fond de tout ; — et ce Chamfort qui poussait à la roue après 89 et qui ne s’arrêta que devant 93, esprit amer, organisation aigrie, ulcérée, mais qui a des pensées prises dans le vif et des maximes à l’eau-forte ; — et ce Sénac de Meilhan, aujourd’hui remis en pleine lumière40, simple observateur d’abord des mœurs de son temps, trempant dans les vices et les corruptions mêmes qu’il décrit, mais bientôt averti par les résultats, raffermi par le malheur et par l’exil, s’élevant ou plutôt creusant sous toutes ; les surfaces, et fixant son expérience concentrée, à fines doses, dans des pages ou des formules d’une vérité poignante ou piquante. […] Les meilleurs moralistes sortis de ces temps révolutionnaires ont été des serviteurs de la France, profitant de leur expérience pour l’appliquer avec une modération constante et un bon sens varié aux diverses situations, tels que nous avons vu par exemple feu le chancelier Pasquier ; la connaissance des hommes les a menés au maniement des hommes avec mesure et indulgence.

251. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Ces injures, dites aux plus grands dans notre ordre et aux meilleurs, nous font rentrer en nous, quand, insultés, nous sommes tentés de nous plaindre, et nous consolent. […] Perfectionnons-nous sans cesse et marchons : c’est sa devise ; c’est la meilleure réfutation aussi de la critique envieuse et mesquine. […] Montrant un jour à Eckermann deux de ses poésies dont l’intention était très-morale, mais où le détail offrait par places trop de naturel et de vérité, il se proposait bien de les garder en portefeuille, disait-il, de peur de scandaliser : « Si l’intelligence, si une haute culture d’esprit, remarquait-il à ce propos, étaient des biens communs à tous les hommes, le poëte aurait beau jeu ; il pourrait être entièrement vrai et n’éprouverait pas de crainte pour dire les meilleures choses. […] Imaginez-vous maintenant une ville comme Paris où les meilleures têtes d’un grand empire sont toutes réunies dans un même espace, et par des relations, des luttes, par l’émulation de chaque jour, s’instruisent et s’élèvent mutuellement ; où ce que tous les règnes de la nature, ce que l’art de toutes les parties de la terre peuvent offrir de plus remarquable est accessible chaque jour à l’étude : imaginez-vous cette ville universelle, où chaque pas sur un pont, sur une place, rappelle un grand passé, où à chaque coin de rue s’est déroulé un fragment d’histoire.

252. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Son meilleur disciple, Marie-Joseph Chénier, n’est pas autre chose. […] L’histoire a été injuste envers les Césars : elle a insisté sur les Tibère et les Néron, elle a négligé les meilleurs règnes. […] Renan a écrit à cette occasion deux beaux articles58, qui ne font que présager ce qu’il payera d’hommages sentis au meilleur des princes, dans la suite de l’ouvrage où il doit montrer les progrès du Christianisme en présence du dernier effort et de l’épanouissement suprême de l’ancienne philosophie. […] Zeller, et c’est là le fruit le meilleur, bien qu’encore un peu stérile, la véritable philosophie de l’histoire.

253. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Nous sommes tentés de croire qu’un si savant homme, si profondément imbu des meilleures traditions littéraires, n’est pas un Touranien bien authentique ; que la glorification, dans toute son œuvre, des gueux et des irréguliers en tout genre n’est peut-être bien qu’un jeu d’esprit. […] Il me semble que c’est, avec la Chanson des Gueux, le meilleur livre de M.  […] De psychologie, tout juste ce qu’il en faut à un poète lyrique : même dans Monsieur Destrémaux, encore qu’il intitule bravement cette Nouvelle « roman psychologique » ; même dans Madame André, le meilleur de ses romans pourtant, où il a le mérite de nous faire accepter une situation hardie et où la femme (sauf le sacrifice monstrueux et inutile de son enfant) a de la grâce, de la dignité, presque de la grandeur, et aime bien comme une aînée, comme une maîtresse qui est un peu une mère ; mais Lucien Ferdolle se détache trop vite, avec une soudaineté trop odieuse, et le drame douloureux du déliement progressif est esquivé. […] Grand poète, en somme ; dans ses meilleurs moments, un Villon de moins d’entrailles et de plus de puissance, qui aurait passé par le romantisme ; ailleurs, un superbe insurgé en vers latins.

254. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

» On ôterait à Buffon le meilleur de sa gloire si l’on doutait que le grand seigneur libéral, qui porta le premier à la tribune politique de la France la question des noirs, eût lu ce sévère et énergique appel à l’humanité. […] Cette faiblesse a coûté à Buffon le meilleur du génie du naturaliste, l’exactitude, et le même siècle qui lui cachait Dieu a le plus douté de la solidité de sa science. […] Discret sur les choses établies, respectant les croyances d’autrui, se contentant de conseiller aux hommes un meilleur emploi de leur santé, de leur argent et de leur vie, sévère pour les riches, parce que tous les exemples bons ou mauvais viennent d’eux, exhortant l’Europe à la paix, non pas en politique, mais en sage, il recommande à tous un genre de vie formé sur le modèle du sien, dans l’ordre, la dignité et le travail. […] Il le doit à l’excellence des préceptes résumés dans la fameuse maxime qui pourrait en être l’épigraphe : « Le style est l’homme même. » D’autres maximes très belles, l’admirable vers de Boileau : Le vers se sent toujours des bassesses du cœur, la phrase célèbre de Vauvenargues : « Les grandes pensées viennent du cœur », nous avaient indiqué d’où vient le meilleur de nos écrits ; la maxime de Buffon nous mène à la source même du style.

255. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

C’est ainsi qu’un guide en Suisse, pour l’ascension du Righi ou de toute autre montagne, vous conduit au meilleur endroit, un peu avant l’aurore, s’y place à côté de vous : et l’on voit tout à coup le soleil se lever à l’horizon et sa vive lumière elle-même développer par degrés l’immense paysage, dont le guide alors vous indique les hauts sommets et vous dénombre tous les noms. […] Souvestre, dans les commencements, avait risqué le joli conte d’Andrieux, Le Procès du sénat de Capoue, où il est question D’impertinents bavards, soi-disant orateurs, Des meilleurs citoyens ardents persécuteursg, et qui se termine par ce vers : Français, ce trait s’appelle un avis aux lecteurs ! […] La meilleure heure est le soir, de huit à neuf heures un quart. […] Des meilleurs citoyens ardents persécuteurs ;

256. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Droz, il rendait meilleurs ceux avec lesquels il conversait, parce qu’il les supposait bons comme lui ; parce qu’il avait une entière persuasion que la vérité se répandra sur la terre ; et parce que nul soin, pour la cause de l’humanité, ne pouvait lui paraître pénible. […] Droz s’est fait l’objection à lui-même, et il y a répondu en disant : Il est une révolution paisible, lente, mais sûre, que le temps opère, et qui conduit le genre humain vers de meilleures destinées. […] Droz, au plus durable, et à celui qui lui assure un rang définitif parmi les meilleurs esprits. […] Au reste, Mirabeau lui-même a donné hautement raison à l’excellent historien, lorsque, maudissant cette réputation d’immoralité qui s’attachait à ses pas, qui compromettait et corrompait à leur source ses meilleurs actes, il s’est écrié plus d’une fois, dans le sentiment de sa force : « Je paie bien cher les fautes de ma jeunesse… Pauvre France !

257. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

« Il n’étudiait que lorsqu’il n’avait rien à faire de meilleur, et souvent il croyait avoir quelque chose de meilleur à faire que d’étudier », ajoute Maucroix. […] Vers la fin de sa vie, les esprits positifs jugeaient assez sévèrement de Patru en tant qu’avocat : La meilleure partie de la vie de cet orateur, dit Vigneul-Marville, s’est passée à cet exercice de revoir et de retoucher ses écrits. […] Quelques rares académiciens arrivèrent ; quelques autres manquèrent, et des meilleurs.

258. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

On n’aurait pu trouver en ce monde un meilleur messager. […] « Jamais je n’ai ouï parler d’un meilleur équipement de chasse. […] Priez-le d’amener en ce pays nos meilleurs amis, afin qu’il m’en revienne de l’honneur. […] Revêtissez-vous de beaux habits, buvez le meilleur vin et aimez femme gracieuse. « On vous servira de bons mets, les meilleurs qu’eut jamais roi au monde.

259. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Excusez donc ma misère poétique et croyez à mes meilleurs sentiments. […] Quelle meilleure preuve que le surprenant et délicieux poème de M.  […] Veuillez agréer, monsieur et cher confrère, l’expression de mes meilleurs sentiments. […] Adolphe Retté est meilleur théoricien que poète ; est-ce bien sa faute ? […] Un musicien surtout sollicitait notre attention et nous semblait le meilleur juge en ce débat : M. 

260. (1888) Portraits de maîtres

Aussi démentirions-nous cette première strophe d’une belle pièce dédiée à Béranger par un de nos meilleurs poètes du jour, M.  […] Si le vingtième siècle ne le réalise pas, le vingt et unième se chargera peut-être d’accomplir le rêve des meilleurs. […] Pourquoi faut-il que ses coups aient porté parfois à faux, atteint les plus dignes et de meilleurs que lui. […] Ce n’est qu’en s’affranchissant que Sainte-Beuve a trouvé ses meilleurs jugements, les plus sincères, les plus décisifs. […] Telles étaient les idées des meilleurs de la génération nouvelle.

261. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Ses meilleurs amis en furent attristés et lui témoignèrent de la froideur. […] , que des juges en képi offrent les meilleures garanties d’indépendance, de savoir judiciaire et d’impartiale justice. […] C’était du Michelet, et du meilleur, du Michelet du plus beau temps. […] Ces gens (les critiques), ajoute-t-il, laissent échapper les plus belles occasions de nous convaincre qu’ils ont de la capacité et des lumières, qu’ils savent juger, trouver bon ce qui est bon et meilleur ce qui est meilleur. […] Il n’y faut pas tant de façons. « Le meilleur chocolat est le chocolat Perron » : voilà la réclame suffisante et parfaite.

262. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Jamais elle ne se préférera à lui, « mais le tiendra à seigneur, à père plus grand et meilleur que soy ». […] Passons aux meilleurs. […] Restons Athéniens, aimons la beauté, c’est encore le meilleur moyen d’être grands. […] Au reste, il est animé des meilleurs désirs ; il se propose d’être un grand prince et un roi juste. […] De beaucoup le meilleur parmi les hommes.

263. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

Il est la meilleure preuve de ce grand axiome que nous avons souvent proclamé, savoir que les religions valent ce que valent les races qui les professent. […] Émanciper le musulman de sa religion est le meilleur service qu’on puisse lui rendre.

264. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Dès le commencement de mes recherches, il me parut probable qu’une soigneuse étude des animaux domestiques et des plantes cultivées m’offrirait les meilleures chances de résoudre cet obscur problème. Je n’ai point été déçu dans mon attente : dans ce cas, comme dans tous ceux qui présentent quelque perplexité, j’ai toujours dû reconnaître que l’étude des variations survenues à l’état domestique, quelque incomplète qu’elle soit, est toujours notre meilleur et notre plus sûr guide.

265. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 34, du motif qui fait lire les poësies : que l’on ne cherche pas l’instruction comme dans d’autres livres » pp. 288-295

Qu’on juge si le monde ne doit pas trouver que le poëme qui sçait le mieux lui plaire doit être le meilleur. […] Il s’ensuit de mon exposition, que le meilleur poeme est celui dont la lecture nous interesse davantage, que c’est celui qui nous seduit au point de nous cacher la plus grande partie de ses fautes, et de nous faire oublier volontiers celles mêmes que nous avons vûes et qui nous ont choquez.

266. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Il consiste à plaire et à interesser autant que ces grecs et ces romains, qu’on croit communément être parvenus au terme que l’esprit humain ne sçauroit passer, parce qu’on n’a rien vû encore de meilleur que ce qu’ils ont fait. […] Le public n’a point mis dans la classe de Moliere les meilleurs des poetes comiques qui ont travaillé depuis sa mort.

267. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Ce mot, dit ingénieusement M. de Querlon, peut s’appliquer à toutes les versions de ce genre ; je dirois volontiers des meilleures : que seroit-ce, si vous entendiez l’original. […] Après avoir suivi les meilleurs maîtres qui fussent pour lors à Rome, il alla dans la Grèce pour se perfectionner dans cette ancienne patrie des Arts. […] Les Jésuites, dit M. l’Abbé Trublet, devoient toujours fournir si non absolument les meilleurs Prédicateurs, du moins un plus grand nombre de bons Prédicateurs. […] Les Gerbier, les Beaumont, les Mariette, les Linguet, les Loiseau, seront comptés parmi nos meilleurs citoyens & nos plus grands Orateurs. […] Un auteur, qui sans concurrens, abandonne un ouvrage au public, se contente d’ordinaire de le trouver bon ; celui qui dispute un prix, veut que son ouvrage soit le meilleur.

268. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

Le bouddhisme, enfin, est le meilleur baume à la pensée souffrante… Quel bonheur, quand on y songe, que tout ne soit que rêve et vanité ! […] Après l’avoir relu, je le mets décidément à l’un des meilleurs endroits de ma bibliothèque, non loin de l’Imitation, des Pensées de Marc-Aurèle, de la Vie intérieure et des Épreuves de Sully-Prudhomme  dans le coin des sages et des consolateurs.

269. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

. — C’est pourquoi, disait le mari se défendant, il en faut faire meilleure chère ; car, que diable nous servirait tout le bien que nous pourrions amasser, puisqu’aussi bien ce ne serait pas pour nous, mais pour ce beau roi ? Cela fera que j’en boirai encore davantage, et du meilleur.

270. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre cinquième. »

La morale dans la bouche de celui qui vient d’être châtié, fait ici un effet d’autant meilleur que le trait est saillant et l’épigramme excellente. […] Cette petite fable, ainsi que plusieurs de ce cinquième livre, est du ton le plus simple : les deux meilleures sans contredit sont celles de l’ours et celle de la vieille et les deux servantes.

271. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Adam pardonne à la coupable et, déjà bon auparavant, il devient excellent par la douleur  De même, le Moulin sur la Floss, c’est l’histoire de deux enfants, Tom et Maggie, l’un d’une honnêteté un peu dure, l’autre d’une sensibilité un peu désordonnée, que la ruine complète de leurs parents surprend au moment de l’adolescence, et que l’épreuve de la souffrance fortifie et rend meilleurs  Et Middlemarch, c’est la vie, minutieusement contée  oh ! […] « L’inquiétude du mystère », mais elle est jusque dans la petite âme sensuelle et triste d’Emma Bovary. « L’inquiétude du mystère », elle est dans l’âme simple et lourde de Charles Bovary quand il dit : « C’est la faute de la fatalité ». — Et, si ce n’est l’inquiétude du mystère, c’est donc la résignation à ne pas le comprendre  en somme, un sentiment consécutif à cette inquiétude, et non moins humain, et non moins navrant  qui pénètre la dernière conversation, à petites phrases brèves et mornes, de Frédéric et de Deslauriers, quand ils se rappellent leur vie, et comment ils l’ont manquée, et que cela leur est presque indifférent parce qu’ils la mesurent, sans le dire, à quelque chose qu’ils ne sauraient nommer ; et quand, s’étant remémoré une anecdote honteuse et naïve de leur enfance, ils disent tranquillement et désespérément : « C’est peut-être ce que nous avons eu de meilleur » ; de meilleur, puisqu’ils n’ont eu que le rêve, et que ce rêve était le premier. […] Parfois, disais-je, chez les écrivains de mon pays, même chez les meilleurs, — et surtout chez les romantiques  je discerne et je sens quelque phraséologie, une rhétorique inventée ou apprise, des artifices systématiques de langage ; et il arrive que cela me fatigue un peu. […] Ils font de fréquents examens de conscience ; ils se repentent, ils deviennent meilleurs. […] Chaque peuple leur impose sa forme, et chacune de ces formes semble successivement la plus originale et la meilleure.

272. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Il pourrait être la meilleure et la plus féconde école, s’il n’était asservi à la triste condition d’être un délassement d’hommes fatigués par la journée et un plaisir facile ne détournant pas le sang des organes de la digestion. […] Il ne faut que persévérer, car nous goûtons ainsi le meilleur plaisir. Je dis le meilleur à cause de la solitude et du silence. […] Le meilleur spectacle est de contempler une soirée bien moderne. […] » — voilà le meilleur compliment que puisse espérer, à l’heure présente, un jeune poète ou un jeune romancier.

273. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

je vous jure que je regrette votre douce amitié, ces promenades si tranquilles, si inconnues, si philosophiques, dignes d’un meilleur climat. […] Des querelles à apaiser, des questions à résoudre, des malheureux à soulager, voilà votre lot et c’est le meilleur, car faire du bien, c’est régner. […] La nature y est meilleure. […] Il faut songer à se rendre meilleur ; voilà la bonne philosophie. […] Je crois avoir rencontré en hommes ce qu’il y a à la fois de meilleur et de plus abominable.

274. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Trouvant cette Histoire assez mal ordonnée, dit-il, et mise en langage assez rude, il s’est appliqué à la polir et à la dresser en meilleur ordre qu’elle n’était auparavant. […] On ne parvint à recouvrer des manuscrits qu’au xviiie  siècle : le meilleur et le plus ancien passe pour avoir été apporté à Paris par le maréchal de Saxe, qui l’enleva à Bruxelles comme un des trophées de la campagne de 1746. […] Michaud et Poujoulat, dans la nouvelle collection, qu’ils ont donnée depuis, des mémoires relatifs à notre histoire, n’ont pas commis cette faute : ils ont imprimé le meilleur texte et le plus ancien, en y joignant une traduction au bas des pages. […] Meyer, l’œil de lynx le plus perçant, la plume la plus exigeante d’exactitude et qui ne laisse rien passer, et j’y trouve quantité de remarques et nombre de leçons meilleures proposées pour l’avenir.

275. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Tenant de Latour, l’a enrichie d’une notice et surtout a rectifié le texte d’après une édition meilleure de 1732, qui avait toujours été négligée depuis, on ne sait pourquoi. […] L’Huillier était un autre lui-même, s’attacha à donner à son fils la meilleure éducation ; Chapelle étudia au collège des jésuites de la rue Saint-Jacques, où il rencontra Bernier et Molière, et il introduisit auprès de Gassendi ces deux condisciples : tous trois profitèrent diversement des leçons particulières du philosophe, mais ils en restèrent marqués. […] Mais la jolie scène qui l’est pour nous encore, et où le meilleur du sel est rassemblé, c’est la scène des précieuses de Montpellier ; elle est encadrée assez dramatiquement dans l’histoire du poète d’Assoucy, que je ne fais qu’indiquer ; le milieu se peut citer sans manquer au goût : Dans cette même chambre, disent les voyageurs, nous trouvâmes grand nombre de dames qu’on nous dit être les plus polies, les plus qualifiées et les plus spirituelles de la ville, quoique pourtant elles ne fussent ni trop belles ni trop bien mises. […] [NdA] Nouvelle édition revue et corrigée sur les meilleurs textes, précédée d’une notice par M. 

276. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

J’ai cité et analysé précédemment, de ce premier recueil de Cowper, le poème de La Retraite, le meilleur et le plus beau : aussi n’en parlerai-je pas ici. […] Gardons-nous de méconnaître les qualités essentielles de celle-ci : amie de Cowper depuis seize années déjà à cette date (1781), elle avait été tous les jours la même pour les soins et la tendresse ; elle avait sacrifié sa santé en le veillant aux heures sinistres et funèbres : aux moments meilleurs, elle lui avait donné des conseils de travail pleins de justesse et de bonne direction. […] Littérairement, son goût était sain et sûr : Elle est si bon critique, non par théorie, mais par nature, disait Cowper, et elle a un sentiment si net de ce qui est bon ou mauvais dans une composition, que lorsque dans le doute je lui soumets (ce qu’en pareil cas je ne manque jamais de faire) deux sortes d’expression qui semblent avoir également droit à ma préférence, elle se décide, sans que je l’aie jamais vue se tromper, pour la plus droite et la meilleure. […] — À cette heure où, entrant dans une veine de composition nouvelle, il prenait véritablement possession de tout son talent, et où, comme il le disait d’un mot, le rejeton était devenu un arbre (« fit surculus arbos »), Cowper rappelait, avec l’orgueil d’un auteur ayant conscience de son originalité, qu’il y avait treize ans qu’il n’avait point lu de poète anglais, et vingt ans qu’il n’en avait lu qu’un seul, et que, par là, il était naturellement à l’abri de cette pente à l’imitation que son goût vif et franc avait en horreur plus que toute chose : « L’imitation, même des meilleurs modèles, est mon aversion, disait-il ; c’est quelque chose de servile et de mécanique, un vrai tour de passe-passe qui a permis à tant de gens d’usurper le titre d’auteur, lesquels n’auraient point écrit du tout s’ils n’avaient composé sur le patron de quelque véritable original. » C’est ainsi qu’en se créant tout à fait à lui-même un style selon ses pensées et une forme en accord avec le fond, ce solitaire sensible et maladif, ingénieux et pénétrant, a été l’un des pères du réveil de la poésie anglaise.

277. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Ce jeune homme, et très jeune homme au temps où il servait avec Vauvenargues, avait le trait caractéristique de sa famille : « Je lui trouve dans l’humeur quelque chose des Riquetti, qui n’est point conciliant. » Vauvenargues, qui jugeait ainsi le petit chevalier, essayait de lui insinuer un peu de douceur, de politesse de ton et de mœurs, de l’assouplir. « Quant au genre de persuasion que vous soufflez au chevalier, lui disait Mirabeau, vous ne réussirez pas, s’il est du même sang que nous ; votre système est d’arriver aux bonnes fins par la souplesse ; le mien est d’arriver au bien, droit devant moi, ou par la violence ; de fondre sur le mal décidé, de l’épouvanter, et enfin de m’éloigner de ce qui n’a la force d’être ni l’un ni l’autre. » Ce système à outrance et que Vauvenargues a décrit dans un de ses caractères intitulé Masis (évidemment d’après Mirabeau), est le contraire de sa science à lui, de sa tactique dans le maniement des esprits, qui va à les gagner par où ils y prêtent, et à en tirer le parti le meilleur : Où Masis a vu de mauvaises qualités, jamais il ne veut en reconnaître d’estimables ; ce mélange de faiblesse et de force, de grandeur et de petitesse, si naturel aux hommes, ne l’arrête pas ; il ne sait rien concilier, et l’humanité, cette belle vertu, qui pardonne tout parce qu’elle voit tout en grand, n’est pas la sienne… Je veux une humeur plus commode et plus traitable, un homme humain, qui ne prétendant point à être meilleur que les autres hommes, s’étonne et s’afflige de les trouver plus fous encore ou plus faibles que lui ; qui connaît leur malice, mais qui la souffre ; qui sait encore aimer un ami ingrat ou une maîtresse infidèle ; à qui, enfin, il en coûte moins de supporter les vices que de craindre ou de haïr ses semblables, et de troubler le repos du monde par d’injustes et inutiles sévérités. […] C’est là ce qui m’a donné cet air de philosophie, qu’on dit que je conserve encore, car je devins stoïcien de la meilleure foi du monde, mais stoïcien à lier ; j’aurais voulu qu’il m’arrivât quelque infortune remarquable, pour déchirer mes entrailles, comme ce fou de Caton, qui fut si fidèle à sa secte. […] Je suis fortement persuadé que ce qu’il y a de meilleur n’est pas fait pour tous les hommes, et qu’au-dessous de ce degré l’on en peut trouver d’estimables, d’aimables, de raisonnables.

278. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

La femme de Carle, la mère d’Horace, était fille de Moreau, le dessinateur habile, fécond, universel ; l’illustrateur littéraire de toute son époque : pendant près de cinquante ans, l’annonce d’un livre avec figures de Moreau était la meilleure recommandation en librairie et un gage de succès. […] Thiers à propos du Salon de 1824, ne pouvait choisir une meilleure direction que celle qu’il a prise, pour le développement du talent particulier qu’il a reçu de la nature. […] Ainsi, dans la Bataille de Fontenoy, bien meilleure (1828), d’un ton vif, d’un tour si français et qui se rapproche de nous, l’œil est agréablement attiré sur un anachronisme spirituel, le groupe du fils embrassant son père et tenant à la main la croix de Saint-Louis qu’il vient d’obtenir. […] D’ailleurs il est temps de penser sérieusement, car l’âge arrive sans qu’on s’en doute, et lorsqu’on veut faire un effort pour devenir meilleur, les forces vous manquent et l’âme ne peut pas plus se redresser que les reins.

279. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Mlle Pompéa a par hasard appris du tapissier chargé de meubler l’hôtel du comte, et qui se trouve être le sien, qu’il est de retour en France, qu’il habite à Maran aux environs de Fontainebleau, et elle s’est mise en route sur l’heure pour le revoir : elle arrive, accompagnée d’une vieille cantatrice, la signora Barini, ancien contralto qui a eu ses beaux jours, une manière de duègne très-peu duègne, une utilité, un embarras, le meilleur cœur et la meilleure langue de femme, baragouinant un français italianisé et jargonnant à tue-tête. […] » On la rassure ; ce n’est pas elle qui a vieilli, c’est Herman ; il prend tout sur lui, il s’excuse, il s’humilie ; la nécessité… ; il raconte son histoire, ce testament d’un vieil ami, d’un père… plus qu’adoptif ; c’est Pompéa du moins qui le dit, comme elle l’a deviné, à la simple vue d’un portrait et à la ressemblance ; — il parle de son amour pour sa femme, de ce sentiment nouveau qui lui est venu en la voyant : «  J’ai senti que près de cette charmante personne je devenais meilleur ; j’ai apprécié ses excellentes qualités ; je l’ai estimée, puis aimée d’un amour inconnu, confiant, impérissable… » Mais Pompéa n’est pas de celles qui prennent le change ; elle sourit d’un sourire de pitié : « Voilà une idylle qui a le défaut d’arriver trop tard ; hier je t’aurais cru, mais il ne fallait pas me faire passer la soirée avec ta belle-sœur. » Herman assure ne pas comprendre ; Pompéa reprend : « Est-ce qu’on nous trompe, nous autres ? […] La meilleure guérison, en fait de passion, est de tâcher de s’inoculer une passion nouvelle ; c’est, je crois, ce qu’on appelle en médecine la méthode substitutive.

280. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Elle avait vu cette Noblesse à l’œuvre dans la première assemblée des Notables, et ses lettres nous ont appris comment elle l’avait jugée ; on se flattait d’abord d’avoir meilleur marché du Tiers-Ordre. […] Tout cela, mon cœur, ne me déplaît point ; vous savez que je suis aisée à m’accommoder de tout… « Dis à ton mari, de ma part, de se tranquilliser ; que l’on ne pouvait pas prendre un meilleur parti que de venir habiter Paris ; que nous y serons mieux que partout ailleurs. […] Adieu, mon cœur… » Je ne sais trop si, en effet, dans les premiers jours de cette installation à Paris, la famille royale ne crut pas avoir été amenée par force à prendre le meilleur parti et si la reine elle-même ne se flatta point de pouvoir agir de près sur les esprits ; mais on dut vite s’apercevoir que la situation était et restait affreuse. […] C’était à Saint-Cloud, il y a quatre jours ; le roi était auprès de moi et a été fort content de Mirabeau, qui lui a paru de la meilleure foi et tout à fait dévoué ; on croit tout sauvé.

281. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

La meilleure, la plus fine critique à faire sur les premiers et grands ouvrages littéraires de M. de Chateaubriand, se trouverait encore dans les Lettres et les Pensées de M.  […] Si le soin de l’entretenir est le seul dont il plaise au ciel de nous charger, il faut s’en acquitter gaiement et de la meilleure grâce qu’il est possible, et attiser ce feu sacré, en s’y chauffant de son mieux, jusqu’à ce qu’on vienne nous dire : C’est assez. […] Joubert continua de vivre et de penser, mais avec moins de délices ; il s’entretenait souvent d’elle avec Mme de Vintimille, la meilleure amie qu’elle eût laissée ; mais rien ne se reforma de tel que la réunion de 1802, et, dès la fin de l’Empire, la politique et les affaires avaient relâché, sinon dissous, les relations des principaux amis. […] Le bon goût lui-même, en ce cas, permet qu’on s’écarte du meilleur goût, car le goût change avec les mœurs, même le bon goût.

282. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Le meilleur remède est de se faire violence, pour se distraire d’une idée douloureuse qui s’enracine trop dans l’esprit. […] Je vous proposerais de meilleurs remèdes si j’en connaissais. […] Dans une édition choisie des Œuvres de Frédéric qui se ferait à l’usage des bons esprits et des gens de goût, pour ne pas tomber dans le fatras dont le voisinage gâte toujours les meilleures choses, je voudrais n’admettre que ses histoires, deux ou trois de ses dissertations tout au plus, et ses correspondances : ce serait déjà bien assez des vers qui se trouvent mêlés à ses lettres, sans y ajouter les autres. […] Laissons, au sujet de Frédéric, ces noms tant redits et qui veulent être injurieux ou flatteurs, ces noms trop contestables de l’empereur Julien et de Marc Aurèle ; n’allons pas, d’un autre côté, chercher le nom de Lucien, dont il n’offrirait que des parodies et des travestissements étranges ; et, si nous voulons le désigner classiquement, définissons-le dans ses meilleures parties un écrivain du plus grand caractère, dont la trempe n’est qu’à lui, mais qui, par l’habitude et le tour de la pensée, tient à la fois de Polybe, de Lucrèce et de Bayle.

283. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Qu’on se représente l’état précis de la poésie française au moment où il parut, et qu’on la prenne chez les meilleurs et chez les plus grands. […] Sa meilleure Satire est la IXe, « et c’est peut-être le chef-d’œuvre du genre » a dit Fontanes. […] Boileau, c’est-à-dire le bon sens du poète critique, autorisé et doublé de celui d’un grand roi, les contint tous et les contraignit, par sa présence respectée, à leurs meilleures et à leurs plus graves œuvres. […] qui procura un libraire à La Fontaine pour ses meilleurs ouvrages.

284. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Sans trop en vouloir au bonhomme, puisqu’enfin les meilleurs en ce temps-là ne sentaient point ce qu’il y a de misérable à provoquer une intervention de l’autorité en pareille matière, remarquons seulement qu’il n’était point si « bonhomme ». […] Toujours ce qu’il a loué, quoi que ce fût, était meilleur que ce qu’il censurait, ce qu’il rêvait que ce qu’il rejetait ; et le plus chaleureux avocat de ses victimes, après tout, n’a pu trouver pour désigner leur groupe que ce nom, plus sanglant que toutes les railleries du satirique : les Grotesques. La meilleure et peut-être la seule apologie de quelques-uns des auteurs ridiculisés par Despréaux, c’est de dire que sans eux il n’eût pas accompli l’œuvre qu’il a faite contre eux.

285. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

En second lieu la poësie du stile dont nous avons encore parlé fort au long dans cette premiere partie, et qui décide presque entierement du succès d’un poëme, est si défigurée dans la meilleure traduction, qu’elle n’y est presque plus reconnoissable. […] La figure, manger son pain à l’ombre de son figuier, doit-elle faire sur nous la même impression qu’elle faisoit sur un syrien presque toujours persecuté par un soleil ardent, et qui plusieurs fois avoit trouvé un plaisir infini à se reposer à l’ombre des grandes feüilles de cet arbre, le meilleur abri de tous ceux que peuvent donner les arbres des plaines de son païs. […] Mais se faire l’idée d’un poëme sur ce que les personnes capables de l’entendre en sa langue, déposent unanimement concernant l’impression qu’il fait sur elles, c’est la meilleure maniere d’en juger quand nous ne l’entendons pas.

286. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

on nous comprendra quand nous dirons qu’une histoire de la Ligue, pour peu qu’elle fût ce qu’elle devrait être, serait évidemment la meilleure réponse à toutes nos préoccupations. […] Et pourtant quelle meilleure occasion qu’une histoire qui va de 1584 à 1598 pour peser cette gloire faite et surfaite par des cadets de famille en guerre contre leurs aînés (car voilà tout le secret du protestantisme de la noblesse de Henri IV !) […] Pour notre compte, à nous, nous ne savons pas de gloire à meilleur marché que celle de ce capitaine d’aventure, qu’on nous donne pour un grand capitaine parce qu’il allait gaiement au feu avec les autres, et, malgré le vaudeville qui obstrue l’histoire, nous n’en savons pas de moins française.

287. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

Le Père Ravignan, un de nos meilleurs, et même notre meilleur prédicateur, est jésuite.

288. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé  Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile  Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social  Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue  Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion  À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.

289. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Avertissement »

Dans le commerce des femmes les plus distinguées que la société française ait produites, au contact de ces esprits ex quis qui ont mis, sans y penser, le meilleur d’eux-mêmes dans des œuvres légères et charmantes, nos écoliers compenseront en quoique sorte le défaut de notre système d’éducation qui, jusqu’à l’âge d’homme, les soustrait aux influences féminines. […] J’ai voulu fournir à de jeunes esprits l’occasion de réfléchir sur les moyens par lesquels ils pourront donner à leurs écrits la bonté qu’ils ont dû rêver souvent et désespérer d’atteindre, sur les meilleures et plus courtes voies par où ils pourront se diriger à leur but et nous y mener ; leur inspirer des doutes, des scrupules, des soupçons d’où leur méditation pourra tirer ensuite des principes et des certitudes, sur toutes les plus importantes questions que l’écrivain doit résoudre et résout, bon gré mal gré, sciemment ou non, par cela seul qu’il écrit d’une certaine façon ; donner le branle enfin à leur pensée, pour que, s’élevant au-dessus de l’empirisme, ils cherchent et conçoivent la nature et les lois générales de l’art d’écrire, pour qu’ils développent en eux le sens critique, et que, mettant la conscience à la place de l’instinct, ils arrivent à bien faire en le voulant et en le sachant.

290. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

André Theuriet est assurément le meilleur peintre, le plus exact et le plus cordial à la fois, de la petite bourgeoisie française, mi-citadine et mi-paysanne ; et, comme cette classe sociale est la force même de la nation, comme elle lui est une réserve immense et silencieuse d’énergie et de vertu, les romans si simples de l’auteur des Deux Barbeaux deviennent par là très intéressants ; ils prennent un sens et une portée ; peu s’en faut qu’ils ne me soient vénérables. […] Theuriet, mais je sais que nul n’aime les champs d’un meilleur cœur ; qu’il y a, dans un très grand nombre de ses pages, une douceur qui s’insinue en moi, et qu’il me fait adorer la terre natale.

291. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Adolphe Retté est un homme généreux et primesautier en même temps qu’un des meilleurs poètes de sa génération ; son beau livre, miroir de son caractère, est primesautier et généreux. […] Aussi toute une partie de ce poème, la meilleure peut-être au gré de son auteur, échappe-t-elle à notre appréciation.

292. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

C’est sur ses talens précoces, & son amour extrême pour la lecture, que la fameuse Ninon Lenclos, en mourant, lui laissa un legs pour lui procurer un choix des meilleurs livres. […] Le pensionnaire se présente de la meilleur grace du monde, embrasse Rousseau, & répond, d’une manière vive & spirituelle, à toutes les questions qu’on lui fait.

293. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

La raison du plus fort est toujours la meilleure. […] Qu’il cherchât un meilleur asyle.

294. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

Boileau épuisant sa malignité sur les méchants ouvrages, était d’humeur aimable dans le cours ordinaire de la vie ; Racine, criblant d’épigrammes les mauvais auteurs, demeurait d’humeur maligne dans son domestique, même à l’égard de son meilleur ami. […] Or, j’ai dit que je le connais ; il est extrêmement agréable et bienveillant envers les personnes ; c’est un homme du meilleur caractère.

295. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Les mendiantes en loques, les ramasseuses de cendres ont meilleure chance que moi. […] De tous les avoirs, c’est aussi le meilleur. […] Un meilleur eût mérité de ne pas être sacrifié à cette occasion ; un pire n’aurait pas répondu à notre idée. […] Il a écrit la meilleure comédie, l’École de médisance ; le meilleur opéra, la Duègne (bien supérieur, selon moi, à ce pamphlet populacier, l’Opéra du Gueux) ; la meilleure farce, le Critique (elle n’est que trop bonne pour servir de petite pièce) ; la meilleure épître, le monologue sur Garrick. […] Son théâtre y est conforme : tout y brille, mais le métal n’est pas tout à lui, ni du meilleur aloi.

296. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

La comédie nouvelle est moins comique et moins poétique que l’ancienne19 : cette réserve faite, elle est meilleure. […] N’auraient-ils pas mis le meilleur citoyen de la première au-dessus du meilleur citoyen de la seconde, et n’auraient-ils pas ambitionné pour leurs propres cités la constitution la plus haute et la plus pure en la voyant si bien appliquée ? […] La parodie des vers tragiques est un des meilleurs motifs de la comédie111. […] Il chasse Lucelle de sa présence, en l’accablant d’injures ; il donne l’ordre d’élargir Philandre, et entre autres extravagances du meilleur comique, il s’écrie : Gardes ! […] La comédie des Méprises est la meilleure des pièces qu’on puisse faire d’après les Ménechmes. — Quatorzième leçon.

297. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

« En effet, nul ne sait ce qu’est la mort, et si elle n’est pas le plus grand de tous les biens pour l’homme… « Mais ce que je sais bien, c’est qu’être injuste, c’est désobéir à ce qui est meilleur que soi, Dieu ou homme, et manquer au devoir et à l’honnête. […] Qui de nous a le meilleur partage ? […] « Il espère fortement, ajoute-t-il, une destinée réservée aux hommes après la mort ; destinée qui, selon la foi antique et universelle du genre humain, doit être meilleure pour les bons que pour les méchants. » Au moment où il va développer pour ses amis les fondements de cette espérance, Criton lui semble vouloir l’interrompre ; il l’interroge sur ce qu’il paraît avoir besoin de dire. […] « Qu’il espère donc bien de son âme, celui qui, pendant sa vie, a rejeté les plaisirs et les biens du corps comme lui étant étrangers et portant au mal : celui qui a aimé les plaisirs de la sagesse, qui a orné son âme, non d’une parure étrangère, mais de celle qui lui est propre, comme la tempérance, la justice, la force, la liberté, la vérité ; celui-là doit attendre avec sécurité l’heure de son départ pour le meilleur monde. […] Tout le temps que j’ai été ici, il m’est venu voir souvent et il s’est entretenu avec moi ; c’était le meilleur des hommes, et maintenant comme il me pleure de bon cœur !

298. (1887) Essais sur l’école romantique

Le sens populaire est le meilleur : ramenons-y sagement les théories littéraires. […] J’ai choisi cette pièce, non parce qu’elle est la meilleure, mais parce qu’elle va bien à mon propos. […] Avec les mêmes facultés, avec la même portée d’esprit, ils auraient eu, dans d’autres temps, et plus de talent et du talent de meilleur aloi. […] Victor Hugo ont donné de l’inquiétude à ses meilleurs amis. […] Il aura beau mettre la main sur son cœur et protester de son parfait désintéressement, on soupçonnera de jalousie ses meilleures raisons.

299. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Du Bellay n’atteint le meilleur de sa manière que quand son système s’est détendu ; mais il ne lui a pas nui d’avoir passé par le système qui lui a donné la méthode et raffermi le ton. […] Ce séjour de quelques années à Rome, fécond en mécomptes et en ennuis, lui fut bon en un sens et lui suggéra ses meilleurs vers : ils lui furent inspirés par un sentiment vrai, par le regret de la patrie. […] En ces meilleurs passages, il faut bien cependant reconnaître que le sentiment et l’intention sont fort supérieurs à l’exécution et au style ; rarement le sonnet tout entier répond au vœu du poète et du lecteur. […] Si, dans l’Élégie intitulée Patriæ desiderium, il sut chanter en un latin agréable les souvenirs de l’Anjou, de son cher Liré et des rives de Loire, il fit mieux d’y revenir en français, et je ne sais pas de meilleure leçon de goût pour un jeune poète que de lui donner à lire la pièce latine, si élégante, de Du Bellay, en mettant à côté et en regard le même tableau qu’il a rendu en français dans ce petit chef-d’œuvre qu’on peut appeler le roi des sonnets. […] On m’assure pourtant qu’il ne sera ni tout à fait inutile, ni désagréable pour ceux mêmes qui le savent déjà, de citer le sonnet célèbre, qu’on s’attend à lire chaque fois qu’il est question de Du Bellay ; j’obéis donc à cette observation qui m’est faite au dernier moment, d’autant plus que c’est la meilleure preuve que je n’ai pas surfait le poète : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge !

300. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Les meilleurs poëtes du temps, à commencer par Marot, faisaient bien souvent des vers détestables, de même que les moins bons rimeurs rencontraient quelquefois des hasards assez jolis. […] Le xvie  siècle, même chez les poëles en renom, est trop habituellement sujet à ces accidents fâcheux qui gâtent et, pour ainsi dire, salissent les intentions les meilleures ; mais là encore il y a des degrés, et les vers de François restent trop souvent hors de toutes limites. […] Gaillard, qui avait feuilleté en manuscrit les Poésies du prince, a noté avec sens les meilleurs vers qu’on y distingue. […] Le dizain du prince à certainement de quoi lutter en grâce avec celui de Marot ; on ne peut toutefois s’empêcher de remarquer que, dans le Recueil, l’un est bien voisin de l’autre ; et, en général, quand on trouve réunis un certain nombre de morceaux qu’il faut rapporter à Saint-Gelais ou à Marot, c’est presque toujours aux environs de ces endroits-là que se rencontrent aussi les petites pièces du roi qui peuvent passer pour les meilleures. […] Toujours c’est aux meilleurs et aux plus généreux sentiments de son frère qu’elle s’adresse ; c’est le culte de l’honneur qu’elle échauffe et qu’elle entretient en lui : Mais toy, qui as toujours foy conservée Et envers tous ta constance observée, Rendant content Dieu et ta conscience Par ta vertu, doulceur, foy, pacience, Tenant à tous parole et vérité, Honneur tu as, non ennuy mérité.

301. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Ils développaient longuement, dans le goût des compositions poétiques du temps, les sujets venus de l’Inde et de la Grèce ; ils y entassaient des digressions, soit philosophiques, soit religieuses, parmi lesquelles brillent quelques éclairs de vive raison, des vers heureux, dont les meilleurs ne diffèrent de ceux de la Fontaine que par l’orthographe. […] Partisan de la révocation de l’édit de Nantes, comme Racine et Boileau, par une erreur commune aux meilleurs Français de ce temps-là, il disait du roi : Il veut vaincre l’erreur   : cet ouvrage s’avance   ; Il est fait   ; et le fruit de ses succès divers Est que la vérité règne en toute la France, Et la France en tout l’univers75 . Nous sommes meilleurs juges que La Fontaine de la politique qui révoqua l’édit de Nantes, mais nous n’entendons pas mieux que lui le rôle qui sied à notre pays. […] Mais on pourrait extraire de ses ouvrages, du milieu de la langue nouvelle où il les reçoit, des échantillons des meilleurs tours de la vieille langue : le neuf et le vieux tout y paraît du même temps. […] Par le récit, par la narration si malaisée, comme il dit, par la description qui ne l’est guère moins, par les réflexions enjouées ou sérieuses qu’il y mêle, par ses retours sur lui-même, par cette façon de parler de soi au profit des autres, ces deux contes valent ses meilleures fables : et qui vaut plus au monde que ses fables ?

302. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Les fragments symphoniques les meilleurs ont été La Chevauchée et L’Incantation du Feu ; j’aurais souhaité l’embrassement de Wotan et de Brünnhilde d’un mouvement un peu plus large, et moins poussé au triple fortissimo ; mais, en somme, l’exécution a été magistrale ; les ovations faites au chef d’orchestre en sont une preuve non équivoque. […] Du coup, il dépasse les meilleurs d’entre les acteurs allemands qui interprètent aujourd’hui le même rôle, et l’on ne peut le comparer qu’au regretté Scaria. […] Presque tous ceux qui s’occupent aujourd’hui de Wagner, le considèrent comme un artiste puissant, inventeur de nouveaux procédés qui rendent ses drames meilleurs que ceux des auteurs précédents. […] L’optique est en effet meilleurs que l’acoustique à Bayreuth, sauf cependant vers le haut de l’amphithéâtre et surtout aux galeries d’où l’on entend merveilleusement la partie orchestrale surtout, où les voix portent davantage, mais d’où la perspective est déjà faussée, comme cela se montre surtout aux deux tableaux du Gral. […] Wagner semble avoir pensé que la meilleure manière de se composer un public était de forcer l’attention et de commander la pénétration sensorielle au moyen d’un appareil théâtral capable d’agir sur n’importe quelle organisation ; l’on sait d’ailleurs que le théâtre de Bayreuth a fait plus de conversions que les écrits les plus convaincus.

303. (1930) Le roman français pp. 1-197

Et quel dommage alors de ne pouvoir citer qu’incidemment Maupassant, qui fut surtout un conteur ; et de la meilleure, de la plus pure veine, la plus ancienne et traditionnelle. […] Les lettres d’Esther dans À combien l’amour revient aux vieillards (qui n’est pas un de ses meilleurs romans) sont charmantes et délicatement balancées. […] La grande industrie naissait à peine, on ne pouvait imaginer qu’elle réclamerait un jour tant de bras — au meilleur marché possible ! […] C’est ce qui est arrivé à Gide pour ce Congo-Tchad, qui est une des meilleures relations de voyage publiées de notre temps. […] On serait étonné si l’on prenait la peine d’imaginer qu’on est un lecteur de l’an 2000, et qu’on tâche alors de se représenter, au moyen des meilleurs ouvrages, la France de 1928.

304. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

L’Histoire de la littérature anglaise est un livre splendide ; mais le meilleur en subsisterait, la théorie ôtée ou réduite à d’assez modestes truismes. […] Mais, contrairement aux traditions, cette oie et ce chat ont eu ensemble les meilleurs rapports. […] Il a, avec ce même Caran d’Ache, avec Willette et Steinlen, rajeuni la « caricature » (j’emploie ce mot devenu impropre, faute d’un meilleur). […] Il avait été autrefois, en rhétorique, un de mes meilleurs élèves. […] Elles se sont mises à écrire à leur tour ; et la grâce la plus aisée, l’expérience la plus fine et la plus clémente, le spiritualisme le plus délicat ornent leurs récits ; et c’est en ajoutant au meilleur de ce qu’il passait pour représenter qu’elles gardent le nom dont elles sont dépositaires.

305. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Tous les mois, par exemple, et peut-être plus souvent, les meilleurs élèves de rhétorique, de seconde et de troisième, se réunissaient en présence des professeurs, des autres écoliers, et devant aussi quelques invités de la ville, et là, dans une véritable petite séance académique, ils faisaient lecture de quelques pièces de leur composition en prose ou en vers latins et surtout français. […] S’il fallait définir l’académicien modèle dans le meilleur sens du mot, l’homme qui aime à cultiver les lettres en commun, avec une émulation profitable, avec conseil et critique mutuelle, sans susceptibilité, sans envie, dans un sens d’ornement et de perfectionnement social, il suffirait de nommer M.  […] Le conseil habituel du père Lefebvre à son jeune ami, c’est de profiter de son heureuse flexibilité qui tend à se porter sur toutes sortes de genres et de sujets, mais de ne s’y point livrer trop rapidement, d’attendre avant de publier : « L’âge est le meilleur des Aristarques. » Ses scrupules de traducteur, dans le travail qu’il avait entrepris sur la Bible, fatiguaient et consumaient le père Lefebvre : « Ce métier de traducteur dont je me suis occupé toute ma vie, disait-il, me paraît toujours plus difficile à mesure que j’avance, soit que l’âge me glace le sang, soit que mon goût s’épure à force d’approfondir ; une page de traduction m’épuise pour huit jours. » Et ailleurs : Je suis revenu de la campagne à la ville, mais j’étais si essoufflé qu’il m’a fallu un grand mois pour reprendre haleine. […] Il avait fait une comédie en trois actes et en vers, Ninon de Lenclos ; Creuzé en avait fait une également, qui avait pris les devants et qu’on représentait au théâtre des Troubadours : elle ne semblait pas la meilleure à ceux qui connaissaient les deux.

306. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Sensuel et prudent, il avait dû commencer par établir sa fortune et son bien-être ; il s’était attaché pour cela à des prélats qui l’avaient pourvu de bénéfice, et en dernier lieu à l’évêque du Mans, M. de Lavardin, qui l’en avait comblé : depuis des années, il vivait grassement dans les obscures délices et la meilleure chère du Maine, en ecclésiastique épicurien. […] Dès ce premier ouvrage il opposait assez finement la modestie de Voiture, ou du moins son bon goût à repousser les éloges trop directs, à la passion bien connue de Balzac pour les compliments, et à ce grand appétit de louange qu’il ne craignait pas de lui rappeler, en l’en supposant gratuitement guéri : Je suis assuré que s’il (Voiture) revenait au monde, et qu’il fût informé des bonnes qualités de M. de Girac et de la franchise de son procédé, il ferait tous ses efforts pour le satisfaire, et pour l’éclaircir de ses doutes ; car je suis obligé de rendre ce témoignage de lui, que je n’ai connu personne, jusques ici, qui souffrît de meilleure grâce qu’on le contredît et qu’on eût des opinions contraires aux siennes. […] Girac exposait le procédé de l’archidiacre qui avait eu l’air de se piquer, au nom de tous les amis de Voiture, d’une dissertation ignorée qu’il avait été le premier à divulguer et à faire connaître : « Avouez le vrai, lui disait Girac, c’est que vous aviez besoin de matière pour exercer votre bel esprit, fût-ce aux dépens de vos meilleurs amis, et pour ne pas perdre tant de bons mots que vous gardiez dans vos recueils. » Observant la méthode que lui avait tracée Costar, Girac repassait en revue la plupart des assertions de l’adversaire ; il revenait par conséquent sur les défauts de Voiture et insistait particulièrement sur le peu de solidité de ce bel esprit en matière de science. […] C’est, en effet, la meilleure critique et la plus décisive : on ne contrefait dans les écrivains que la manière, on ne contrefait pas la pensée, et chez tous deux, pour qu’on les pût imiter si bien et à s’y méprendre, c’était évidemment la pensée qui faisait faute.

307. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Le Dieu s’arrange, en attendant, pour profiter de l’hospitalité, des dîners et régals de la famille Bossuet, qui l’accueille chaque fois en ami ; il affecte, sur les papiers et projets d’écrits du grand évêque, de paraître en savoir plus qu’il n’en dit, d’avoir des manuscrits ou du moins des copies à lui, et meilleures que celles qu’on a. […] Nous étions quatorze à table, et le soir seize… La table fut servie magnifiquement et délicatement : plusieurs potages, de bon bœuf et de bon mouton, des entrées et ragoûts de toute sorte, un grand rôti, des perdreaux et autre gibier, en quantité et de toute façon ; un magnifique fruit, des pêches et des raisins exquis quoique en Flandre, des poires des meilleures espèces, et toutes sortes de compotesv ; de bon vin rouge, point de bière ; le linge propre, le pain très bon, une grande quantité de vaisselle d’argent bien pesante et à la mode. […] Il a son jour de jubilation, où il trouve que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles : « Ce dimanche 15 janvier 1707, mon ameublement entièrement fait dans ma nouvelle maison, et tous mes ouvriers payés. Ma santé est aussi meilleure, mon rhume fort diminué, et il ne me reste qu’à prendre des forces : c’est pourquoi j’ai retenu ma place au carrosse de voiture pour aller à Paris, Dieu aidant, lundi 30 janvier 1708.

308. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Tel à peu près, sous le Directoire et lors de la renaissance des études au sortir de la Révolution, l’abbé Coupé, dans ses Soirées littéraires, a donné quantité de traductions plus ou moins exactes, mais courantes et faciles, des meilleurs morceaux de l’Antiquité. […] Son Virgile même, dans cette magnifique édition de 1649, si flatteuse à l’œil, et dans la Préface duquel il célébrait « les doctes discours qui découlent comme des fleuves d’or de la bouche de Μ. l’archevêque de Corinthe » (Retz), et faisait des avances louangeuses à tous les grands auteurs du temps, ce Virgile n’eut pas meilleure chance. […] Tenez à bonheur de n’être pas à son goût, c’est pour vous le meilleur signe du monde28… En est-ce assez pour ruiner et anéantir la page de Sorel, lequel, comme critique, n’a jamais compté ? […] [NdA] Et dans une lettre du même Chapelain à Bernier, du 25 avril 1662 : « On dit que le comédien Molière, ami de Chapelle, a traduit la meilleure partie de Lucrèce, prose et vers, et que cela est fort bien.

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