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32. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Lamartine Mémoires inédits. […] Le monde n’est plus à l’Idéal, qui fit Lamartine… D’ailleurs, ces Mémoires ne vont que de 1790 à 1815. […] Sont-ils assez détachés, en effet, assez éloignés de cette préoccupation de littérature qui, dans les Mémoires des autres poètes, apparaît dès les premiers mots ! […] … Les Mémoires inédits de Lamartine sont précisément le contraire de cela. […] Le poète incomparable des Harmonies dont personne ne parle plus, devra-t-il à ses Mémoires inédits un regain de bruit sur sa tombe ?

33. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

On savait que depuis longtemps le duc de Raguse travaillait à ces Mémoires, et que, comme Chateaubriand, il prétendait avoir son Outre-Tombe. […] Avant la publication de ses Mémoires, il y avait dans le duc de Raguse et sa destinée quelque chose de douteux, d’agité, de fatal, comme dit le scepticisme des hommes qui s’intéressent trop à cette ambiguïté ! […] Mais, depuis les Mémoires, la question qu’était Marmont est résolue. […] Une indignation générale qui n’est point apaisée a succédé à la curiosité inspirée par son livre, et certainement le silence du tombeau aurait mieux valu pour garder sa mémoire que la voix qui vient d’en sortir. […] Il a accepté les Mémoires de Marmont pour juger l’auteur de ces Mémoires, et le Marmont qu’il en a tiré, c’est précisément celui-là qui ne voudrait pas s’y reconnaître !

34. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Mémoires, lettres, voyages : Mme de Rémusat, Marbot, Pasquier, Doudan, etc. […] Mémoires, lettres, voyages. […] Education et instruction, 4 vol. in-18, 1887, Hachette (recueil de rapports et mémoires). […] Mémoires de Constant (premier valet de chambre de l’Empereur), 4 vol. in-8, 1894. Mémoires du maréchal Macdonald, in-8, 1892.

35. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Cette sonate, Tartini l’écrivit de mémoire à son réveil ; il nous l’a transmise sous le nom de Sonate du Diable. […] Souvent il s’agit d’un détail oublié, d’un souvenir qui paraissait aboli et qui se dissimulait en réalité dans les profondeurs de la mémoire. […] Quel est le rôle de la mémoire chez l’animal ? […] Mais les souvenirs que ma mémoire conserve ainsi dans ses plus obscures profondeurs y sont à l’état de fantômes invisibles. […] Il ne faut pas croire que les souvenirs logés au fond de la mémoire y restent inertes et indifférents.

36. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Les Mémoires de L’Estoile, ce bourgeois de Paris et cet écho des autres bourgeois ses compères, nous informent des vers satiriques, pasquinades ou caricatures qui se faisaient contre Sully dans les dernières années de sa puissance. […] Mais avant d’user des Mémoires de Sully, il importe de bien établir ce qu’ils sont et de se rendre un compte exact de cette composition d’une forme assez étrange. […] Ces Mémoires en grande partie terminés et en vue du public, Sully songea à les faire imprimer, et, pour plus de sûreté, il voulut que ce fût sous ses yeux, dans une de ses maisons seigneuriales. […] Le chapitre vie des Mémoires a cela de remarquable qu’il est copié sur un ancien recueil écrit tout entier, disent les secrétaires, de la main de Sully et qui doit être de sa composition même. […] Les Mémoires de Sully nous le montrent au naturel dans cette première suite d’aventures, de rencontres et de petits sièges.

37. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Les Mémoires de Saint-Simon. Lundi 13 janvier 1851 Aucune littérature n’est plus riche en mémoires que la littérature française : avec Villehardouin, à la fin du xiie  siècle, commencent les premiers mémoires que nous possédions en français. […] Mais les Mémoires de Saint-Simon sont venus, et ils ont offert des mérites d’ampleur, d’étendue, de liaison, des qualités d’expression et de couleur, qui en font le plus grand et le plus précieux corps de mémoires jusqu’ici existant. […] Il commença donc ses Mémoires en juillet 1694, étant à l’armée, et à l’âge de dix-neuf ans. […] Prenons-le à l’origine de ses mémoires.

38. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Mémoires, t.  […] Mémoires, t.  […] Mémoires, t.  […] Mémoires, t.  […] VII, p. 21, des Mémoires, au Waterloo des Châtiments (Expiation).

39. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

La sainte main qui nous a écrit les Mémoires historiques ne pouvait pas, tant elle est sainte ! […] Les Mémoires historiques sur l’Australie, qui, comme nous l’avons dit déjà, ont recommencé une fois de plus le récit de toutes les missions catholiques, n’ont pas donné d’autres raisons que cela — le surnaturel !  […] Malgré la prospérité exclusivement matérielle de la triple colonie australienne que les Mémoires historiques constatent, et l’habileté économique des gouverneurs qu’elle y envoie, la mâle, la positive, la benthamiste Angleterre ne doit se faire aucune illusion. […] Toutes questions redoutables que les Mémoires historiques sur l’Australie pressentent, et que les événements résoudront seuls dans un temps plus ou moins éloigné. […] Le bruit qui s’attache aux livres est une telle ironie, qu’il est difficile de prévoir si la majorité des intelligences sera convaincue au même degré que nous de tous les mérites des Mémoires que nous annonçons.

40. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Mémoires de Marmontel. […] Je n’hésite pas, et je dis : Les Mémoires, rien que les Mémoires. […] Son premier livre des Mémoires est pourtant très bien composé. […] demandez-le à Marmontel dans ce troisième livre de ses Mémoires, qui est comme son quatrième livre de l’Énéide, mais où il y a plus d’une Didon. […] Il est curieux d’observer, dans les Mémoires de Marmontel, l’impression que produisent les approches de la Révolution.

41. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Combien de fois n’a-t-on pas cité les mémoires manuscrits de l’abbé Le Dieu ! […] Enfin, voici ces mémoires, voici ce journal de Le Dieu qui paraissent ; et, avant tout, il faut remercier M. l’abbé Guettée d’avoir mis le public à même de s’en faire une exacte et complète idée. […] Une première question et la plus naturelle est de savoir si ces mémoires et ce journal de l’abbé Le Dieu répondent à l’attente qu’on en avait et à ce que les fragments cités faisaient espérer. […] Pourtant, distinguons d’abord : il y a deux espèces d’ouvrages de l’abbé Le Dieu sur Bossuet ; il y a les mémoires et le journal. Les mémoires, composés peu après la mort de Bossuet et tout d’une haleine, sont un récit large et animé, un tableau de la vie, des talents et des vertus du grand évêque.

42. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Mémoires du cardinal de Retz. […] Les Mémoires du cardinal de Retz parurent pour la première fois en 1717, sous la régence de Philippe d’Orléans. Lorsqu’on sut qu’une copie furtive de ces Mémoires était livrée à l’impression et sur le point de paraître, le Régent demanda au lieutenant de police d’Argenson quel effet ce livre pouvait produire. […] « Ce livre, disait l’honnête Brossette (le plus pacifique des hommes), parlant des Mémoires de Retz, me rend ligueur, frondeur, et presque séditieux, par contagion. » Le Régent en sut quelque chose peu après la publication, et la conspiration de Cellamare, en 1718, fut une manière de contrefaçon et de commentaire des Mémoires de Retz. […] Aujourd’hui donc, nous sommes dans un temps propice, ce semble, pour relire ces Mémoires et en tirer quelques leçons, si jamais les leçons de ce genre peuvent servir.

43. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Ces mémoires faits, elle les confia à un homme d’esprit, son médecin, M. de Superville, qui ne demeura point auprès d’elle. […] On peut l’a rapprocher encore en idée de Mme de Staal de Launay, nous retraçant dans ses ingénieux mémoires les petitesses et les élégantes manies de la cour de Sceaux. […] Preuss, et les remarques que cet exact éditeur y a jointes, nous prouvent que si les mémoires de la margrave de Bareith sont sincères, ils ne sont pas toujours très fidèles. […] Elle dissimule quelques faits, elle en altère d’autres, ou plutôt ils s’altèrent d’eux-mêmes dans sa mémoire et dans son esprit, qu’aigrissent la mauvaise santé et de trop continuels chagrins. Le contrôle qu’on peut maintenant établir entre la dernière partie des mémoires de la margrave et sa correspondance authentique avec Frédéric permet de juger plus équitablement de quelques-unes de ses assertions.

44. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Mémoires de madame Roland Publiés d’après les manuscrits. […] Après ses Mémoires plusieurs fois publiés et accompagnés d’éclaircissements — par Bosc d’abord (1795), — puis par Champagneux (1800), — puis par M.  […] Ces esprits prévenus, en s’avisant de contester contre toute évidence l’authenticité des Mémoires de Mme Roland, n’avaient persuadé personne et n’avaient réussi qu’à faire douter d’eux-mêmes et de leur sens critique. […] Voilà des études nouvelles qui s’annoncent, des éditions de ses Mémoires qui se font concurrence et qui se vantent d’effacer et d’anéantir toutes les précédentes. […] Quelques mots qu’on avait oublié de rayer dans ses Mémoires donnaient le droit de s’en enquérir.

45. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Ce volume est des mieux faits, des plus essentiels, et formera désormais un indispensable appendice des Mémoires de Saint-Simon. […] Bazin en particulier, l’ont déjà faite au cardinal de Retz et à ses Mémoires si personnels, où lui, le coadjuteur, tient tant qu’il peut le premier rang. […] Chéruel, en m’arrêtant un moment sur Saint-Hilaire, auteur de Mémoires qu’il aime à citer, Mémoires trop peu connus et dont il nous signale, à la Bibliothèque du Louvre, un manuscrit plus exact et plus complet que l’imprimé. […] Elles existent ; elles étaient recueillies à la suite de ses Mémoires. […] Chéruel, à l’aide du peu qu’il a eu, a fort bien indiqué de quelle utilité seraient les lettres pour contrôler les Mémoires.

46. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Des chroniques qui ne sont que des mémoires personnels. […] Mémoires de Philippe de Comines. […] Des chroniques qui ne sont que les mémoires personnels. — Villehardouin et Joinville. […] Villehardouin et Joinville sont de grands personnages qui dictent leurs mémoires. […] Première ébauche de l’art historique. — Les Mémoires de Philippe de Comines.

47. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Le roman actuel, si mal nommé Mémoires de Hollande 24, parce que l’action s’y passe en 1630, n’a rien de cette fleur d’âme qui est tout madame de la Fayette. […] Faibles de donnée et d’exécution, entre Scarron et mademoiselle de Scudéry, sans les qualités et le relief de l’un et de l’autre, les Mémoires de Hollande pouvaient rester dans l’ombre où le Temps, juste, cette fois, les avait mis. […] Est-ce donc de la littérature que ces Mémoires du Diable, qui prouvent avec éclat qu’on peut avoir beaucoup de talent sans savoir écrire ? […] Les Mémoires en question, les autres romans de l’auteur, ces drames de toute forme, très intrigués et dans lesquels les événements semblent des nœuds gordiens impliqués les uns dans les autres, frappèrent à poing fermé sur l’imagination d’une époque qui avait ressenti les étincelantes secousses du Romantisme. […] Mémoires de Hollande ; Œuvres complètes (Pays, 12 février 1857) 24.

48. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Les Mémoires : le cardinal de Retz, l’homme et l’écrivain. — 3. […] Retz écrivit ses Mémoires après 1671 : mais tout y est antérieur à 1660, esprit et style. […] Principaux Mémoires du xviie s. […] Éditions : Mémoires, éd. […] Éditions :Mémoires, éd.

49. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Mais cependant allons au fond des rapports de Mercy-Argenteau et des lettres de Marie-Thérèse, lettres devenues des armes aux mains des ennemis de la mémoire de la Reine, etc. […] Elle retrouvera, sous la cendre des bouleversements, cette mémoire vivante et présente que nous a gardée, d’un grand empire évanoui, la cendre du volcan de Naples. […] Nous l’avons poursuivi dans le papier des greffes, dans les échos des procès, dans les mémoires judiciaires, véritables archives des passions humaines qui sont la confession du foyer. […] Les Mémoires de Sophie, — ils ne vont malheureusement, ces Mémoires, que de sa naissance à son enlèvement, — ont pour nous la même authenticité historique. […] Et si ces mémoires étaient fabriqués, pourquoi s’arrêteraient-ils en chemin ?

50. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Les Mémoires de sa façon, qu’on vient de publier, ont l’inconvénient même de sa vie ; ils sont épars et décousus. […] Tous les gens du métier savent que le livre intitulé Bolaeana a été écrit par de Losme de Monchesnay ; à la page 3 des Mémoires, ce Monchesnay s’appelle Moncheux. […] Dans les Mémoires actuels on fait dire au président Hénault voulant justifier le duc d’Orléans à ce sujet (p. 64) : « Qu’est-ce que cette affaire de flotte arrêtée en Espagne ?  […] M. de Séchelles avait pour gendre M. de Moras qui fut ministre également : dans ces Mémoires on y ajoute ce détail singulier (p. 204), que M. de Suselly a pour gendre un M. de Maras. […] Monmerqué, ce consciencieux éditeur, profite de l’espèce d’occasion qu’ont créée les Mémoires si mal donnés par M. de Vigan, pour publier les siens : l’injure faite à la réputation du président Hénault sera réparée.

51. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Celle, en effet, dont M. de Courchamps a publié en dix volumes les prétendus mémoires et Souvenirs, d’ailleurs spirituels et amusants, n’est pas du tout la marquise de Créqui, laquelle n’a servi que de prête-nom. […] Le fabricateur des mémoires fait mourir ce frère de la marquise à l’armée de Villars, de la petite vérole, et en 1713, époque où il n’était pas né. […] le fabricateur des mémoires, qui ne soupçonne pas cette relation intime, s’est avisé de nommer Senac de Meilhan dans un passage ; mais gare à lui ! […] L’homme d’esprit qui l’a compilé avait vu le succès des mémoires de Saint-Simon et celui (excusez le rapprochement) des Mémoires d’une contemporaine ; il s’était dit : « Et moi aussi je ferai une manière de Saint-Simon pour le xviiie  siècle, et pour cela je me déguiserai en douairière. […] [NdA] Mme de Créqui avait dix-sept ans de moins que Mme Du Deffand ; mais dans les prétendus mémoires on lui donne le même âge, à deux ou trois ans près.

52. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay . […] Quand ces Mémoires se publièrent pour la première fois en 1818, le scandale fut grand. […] Les Mémoires de Mme d’Épinay ne sont pas un ouvrage, ils sont une époque. […] Ce côté des Mémoires de Mme d’Épinay est vrai, sans être autrement original. […] Duclos, avant la publication de ces Mémoires, jouissait d’une bonne réputation, de celle d’un homme original d’humeur et de caractère, ayant son franc-parler, droit et adroit.

53. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Mémoires de madame Roland Publiés d’après les manuscrits. […] L’éditeur des Mémoires de Buzot en 1823, M.  […] Mme Roland parle souvent de Buzot dans ses Mémoires, mais la manière même dont elle en parle me semble repousser cette idée. […] Il n’y a rien de plus terne que leurs Mémoires, de plus déclamatoire dans les termes, de plus farci de Rome et de Sparte. […] (Les Mémoires du comte Beugnot ont été depuis publiés par son petit-fils, 2 vol., 1866.)

54. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

C’est un livre singulier, direct comme un mémoire à une académie, dont il a pris la forme décidée, vibrante et personnelle. […] L’auteur du livre ou du mémoire que nous annonçons l’avait médité et l’avait écrit depuis bien des années, ajoutant chaque jour à ses observations et à ses premières expériences. […] Pour nous, — continue l’auteur du mémoire, — nous réfléchîmes beaucoup à l’exclamation de ce jeune homme. […] Mais, comme les circonstances y obligent et qu’il faut, avant tout, se débarrasser du fardeau le plus pesant, ce premier mémoire sera consacré aux forces du dernier ordre. […] Voilà, en quelques mots bien courts et bien insuffisants, l’analyse d’un mémoire que tout le monde voudra lire, car il prend l’imagination au même degré que le désir et la faculté de connaître.

55. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

DUGAS, Sur la fausse mémoire, Rev. philos. […] RIBOT, Les maladies de la mémoire, p. 152. […] Matière et mémoire, Parts, 1896, p. 93 et suiv. […] Matière et Mémoire, Paris, 1896, en particulier pp. 184-195. […] Voir matière et Mémoire, Paris, 1896, chap. 

56. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Qui oserait écrire des Mémoires à Saint-Pétersbourg ? […] Les sources historiques les plus profondes, malgré le limon de la personnalité qui s’y mêle, sont très certainement les Mémoires, et, nous l’avons dit plus haut, les Mémoires n’existent pas en Russie. Malgré la force d’imitation des hautes classes, qui fait ressembler les mœurs russes à la descente de la Courtille d’un carnaval sous Louis XV, elles n’imitent point les Mémoires de cette société qu’elles imitent. […] Les Mémoires ne contiennent sur Pierre le Grand, qui n’est qu’un grand barbare rongé de fausse civilisation, que ce que nous savons tous ! […] Mémoires secrets du sieur de Villebois sur la cour de Russie pendant les règnes de Pierre le Grand et de Catherine II (Pays, 25 février 1854 ; novembre 1852).

57. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Bouillé, Mémoires, 50 […] (Comte de Tilly, Mémoires, II, 215.) […] Beugnot, Mémoires, I, 35. […] Marquis d’Argenson, Mémoires, éd. […] Montlosier, Mémoires, I, 175.

58. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Une discussion relative aux divers manuscrits des Mémoires de La Rochefoucauld peut offrir des raisonnements dignes d’être pris en considération. […] C’est bien assez que ce Mémoire soit curieux pour l’histoire de la Fronde. […] Ce Mémoire, est-il besoin de le rappeler ? […] Cousin a fait de ce Mémoire, très-précieux d’ailleurs historiquement. […] Mais le Discours ou Mémoire retrouvé et publié par M. 

59. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Palissot à se déchaîner contre nous & contre les Trois Siecles, dans ses Mémoires littéraires ; on démêlera sans peine le sentiment qui l’a fait agir. […] Ses petites Lettres sur de grands Philosophes, ses Lettres à M. de Voltaire, ses Mémoires Littéraires surtout, sont d’une tournure, d’une vivacité, d’une raison qui le placent, avec distinction, parmi ceux qui ont le vrai talent d’écrire. […] Le seul défaut qu’on puisse reprocher à ces Mémoires [nous n’entendons parler que de la premiere édition], est une partialité qui nuit à l’autorité des jugemens, d’ailleurs justes pour la plupart. […] Si nous avions sérieusement à nous défendre de cette imputation, il nous seroit facile de prouver que les Trois Siecles étoient presque achevés quand ses Mémoires parurent ; nous ferions observer qu’un seul volume de la premiere édition des Trois Siecles en auroit fait deux plus gros que ne l’étoient alors ses Mémoires ; nous défierions enfin M. Palissot de pouvoir citer une seule phrase des Trois Siecles pillée dans ses Mémoires.

60. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Chacun de nous peut rencontrer dans sa mémoire des souvenirs semblables et y démêler un caractère commun. […] Au bout de sept ou huit semaines, ces lacunes de la mémoire se remplirent un peu, et, au bout de quelques mois, elles étaient tout à fait comblées. […] La mémoire était restaurée tout entière quand il mourut. […] Sa mémoire était devenue table rase. […] Bientôt il ressentit une attaque d’apoplexie légère, suivie de la perte de la mémoire des mots, puis de la langue française.

61. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

J’y rencontre même, au début, l’incomparable auteur des Mémoires, Saint-Simon, et un conteur unique avec lequel je m’arrêterai à causer aujourd’hui, le très aimable Hamilton. […] Mais les Mémoires de Grammont, voilà ce qui reste, et ce que la fée a touché de toute sa grâce. […] On a eu depuis des mémoires de courtisans et de fats célèbres. […] L’espiègle Ariel se joue dans toute cette partie des Mémoires, et il se plaît souvent à embrouiller l’écheveau. […] [NdA] Pour l’explication du conte du Bélier, par exemple, il faut lire les Mémoires de Saint-Simon, t. 

62. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Ses mémoires et ses lettres23. […] Voici à quelle occasion Marguerite eut l’idée d’écrire ses mémoires, où elle s’est peinte en buste d’une plume si légère. […] Car ce serait une grande erreur de goût que de considérer ces gracieux Mémoires comme une œuvre de naturel et de simplicité ; c’en est une bien plutôt de distinction et de finesse. […] La langue de ses Mémoires n’est pas une exception à opposer à la manière et au goût de son temps, ce n’en est qu’un plus heureux emploi. […] [NdA] Journal et mémoires de Pontchartrain

63. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

De telles histoires durent se conserver naturellement dans la mémoire des peuples, en vertu du premier principe observé au commencement de ce chapitre. Ces premiers hommes, qu’on peut considérer comme représentant l’enfance de l’humanité, durent posséder à un degré merveilleux la faculté de la mémoire, et sans doute il en fut ainsi par une volonté expresse de la Providence ; car, au temps d’Homère, et quelque temps encore après lui, l’écriture vulgaire n’avait pas encore été trouvée (Josèphe, Contre Apion). […] Chez les Latins, mémoire est synonyme d’imagination (memorabile, imaginable, dans Térence) ; ils disent comminisci pour feindre, imaginer ; commentum pour une fiction, et en italien fantasia se prend de même pour ingegno. La mémoire rappelle les objets, l’imagination en imite et en altère la forme réelle, le génie ou faculté d’inventer leur donne un tour nouveau, et en forme des assemblages, des compositions nouvelles. Aussi les poètes théologiens ont-ils appelé la mémoire la mère des Muses. — 10.

64. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Mémoires qui ne paraîtront au jour que lui disparu. […] C’est aux Mémoires qu’il appartenait de tout reprendre dans une unité plus vaste, et de représenter avec accord l’entière ordonnance de cette destinée.  […] De ses Mémoires, M. de Chateaubriand a fait et a dû faire un poëme. […] Les Mémoires de M. de Chateaubriand, au point où ils en sont aujourd’hui, se composent de deux ensembles distincts. […] Nous ne savons comment modérer notre mémoire.

65. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Garat, Mémoires sur M.  […] Garat, Mémoires sur M.  […] Marmontel, Mémoires, livre VIII]. […] Marmontel, Mémoires, livre VI]. […] Mémoires de Barbier, t. 

66. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

(Mémoires, 44.) […] (Mme de Genlis, Mémoires, chap.  […] Beugnot, Mémoires , I, 77. […] Beugnot, Mémoires , I, 142. — Voltaire, Mémoire au roi sur les serfs du Jura. […] Archives nationales, H, 723, mémoires sur les mainmortables de la Franche-Comté en 1788 ; II, 200, mémoires par M. 

67. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. […] L’abbé Fléchier va nous permettre de vérifier de lui tous ces traits réunis au complet dans les agréables Mémoires, production de sa jeunesse, que M. […] La petite nouvelle qui fait le début de ces Mémoires annonce, par la justesse et la mesure du ton et de l’analyse, toute la réforme que madame de La Fayette est en train d’accomplir et que la Princesse de Clèves couronnera. […] Ces Mémoires de Fléchier, au pis, peuvent s’appeler une Gazette des Tribunaux de ce temps-là, avec l’avantage du style en sus, et même avec celui de la singularité des causes. […] Et puis il faut tout confesser : il y a dans ces Mémoires, et il y eut toujours chez Fléchier, plus ou moins de froide rhétorique, du beau diseur au parler traînant et qui s’écoute volontiers.

68. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. […] « Si les Mémoires de ce Cosnac sont imprimés, je vous prie de me les envoyer », écrivait Voltaire à Thieriot le 21 juillet 1756 ; et il écrivait encore le 9 août suivant : « C’est grand dommage qu’on n’imprime pas les Mémoires de ce fou d’évêque Cosnac. » Cosnac n’était pas fou ; il était fin, sensé, habile, mais gai, brusque, pétulant, et en tout un original. […] Cet agréable épisode des Mémoires de Choisy était connu dès le milieu du xviiie  siècle, et je conçois que, sur cet aperçu, on ait eu envie de lire les vrais Mémoires de Cosnac. […] Il est d’une conversation charmante, d’une inquiétude qui fait plaisir à ceux qui ne font que l’observer et qui n’ont point affaire à lui. » Maintenant, voici les Mémoires mêmes qui sortent de l’oubli où ils étaient tombés. […] Ses Mémoires feront prévaloir désormais cette partie sérieuse de sa vie, et l’on connaîtra en somme un personnage et un caractère de plus dans ce siècle où il y en eut tant d’originaux.

69. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Il faut attendre les Mémoires d’outre-tombe. […] Mais comme cela s’amplifiera dans ses Mémoires ! […] oui, il a dû jouir de ces Mémoires d’outre-tombe ! […] Et les Mémoires de Chateaubriand ne pouvaient pas s’appeler simplement Mémoires. […] Très souvent, il compose ses Mémoires comme un poème.

70. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XV. Des ouvrages sur les différentes parties de la Philosophie. » pp. 333-345

. ; les Mémoires sur les insectes, par M. […] Il n’y a point de plus vastes recueils sur toutes les matieres philosophiques que les Mémoires de différentes Académies. […] Ces mémoires, avec quelques autres ouvrages qui y appartiennent, sont une des plus belles collections qui puissent entrer dans un cabinet. […] Les Mémoires de l’Académie de Prusse, dont M. […] Cette science devient immense & le seul recueil des Mémoires des Académies de l’Europe, épuiseroit la fortune d’un homme aisé.

71. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Ne suffit-il pas qu’on reconnaisse leurs mérites et qu’on soit juste envers leur mémoire ? […] Telle est, après avoir lu M. de Laborde et la plupart des mémoires qu’il cite, mon impression finale et invincible. […] Les mémoires lui laissent la liberté de se livrer à son génie. […] Je désirerais qu’il traitât moins légèrement Retz, Saint-Évremond, et en général tous les adversaires, qu’il ne méprisât pas si fort même les sots Mémoires de La Porte. La Porte est un valet de chambre qui a laissé des mémoires, non pas du tout d’un homme d’esprit, mais d’un honnête homme, et il n’y a pas de sots mémoires de valet de chambre pour la postérité.

72. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV Publiés par René d’Argenson 11 juillet 1825. […] Le marquis d’Argenson surtout, l'ainé des deux frères et l’auteur de ces Mémoires, mérita l’estime de son temps et mérite bien un regard du nôtre. […] On y trouvait les gazettes de France, de Hollande et d’Angleterre ; on y causait des affaires, on y lisait des extraits d’ouvrages ou des mémoires ; c’était un café d’honnêtes gens, comme dit M. d’Argenson ; en d’autres termes, c’était un essai spontané d’une Académie des sciences morales et politiques. […] Dans l’ensemble de ces morceaux, déjà imprimés sous le titre de Loisirs d'un ministre, ou d’Essais dans le goût de Montaigne, sont puisés les éléments de ces Mémoires. […] Et d’abord je n’aurai garde d’oublier l’excellente notice sur les deux frères d’Argenson que la plume impartiale en même temps que pieuse du digne éditeur a consacrée à leur mémoire.

73. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

— Chateaubriand, Mémoires, I, 246. […] Rivarol, Mémoires, I, 344. […] (Mémoires, I, 37.) […] Comte de Ségur, Mémoires, I, 17. […] Lucas de Montigny, Mémoires de Mirabeau.

74. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Quelle est la part de la mémoire et de l’imagination verbales ? […] Mais ces idées adventices que la mémoire verbale vient associer à la conception primitive peuvent aussi apporter à cette conception un précieux concours ; elles peuvent la compléter, la préciser, l’enricher, sans la dénaturer. […] On le voit, le travail mental que nous venons de décrire est celui d’un esprit adulte, déjà en possession d’une mémoire verbale très riche. […] Chaque découverte d’un entendement sans cesse en progrès pose à la mémoire verbale un problème chaque fois plus difficile à résoudre. […] Les mots vivacité, pénétration, subtilité, s’offrent à ma mémoire ; mon esprit les rejette, et l’on dirait que l’idée les refuse après les avoir essayés, comme un vêtement qui n’est pas fait pour elle.

75. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Elle est mémoire, mais non pas mémoire personnelle, extérieure à ce qu’elle retient, distincte d’un passé dont elle assurerait la conservation ; c’est une mémoire intérieure au changement lui-même, mémoire qui prolonge l’avant dans l’après et les empêche d’être de purs instantanés apparaissant et disparaissant dans un présent qui renaîtrait sans cesse. […] Mais point n’est besoin, pour se représenter une chose qui dure, de prendre sa mémoire à soi et de la transporter, même atténuée, à l’intérieur de la chose. […] On n’en aura pas moins introduit de la mémoire. […] II et III ; Matière et Mémoire, Paris, 1896, chap.  […] Voir Matière et Mémoire, chap. 

76. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette 11 novembre 1824. Que les hommes qui vivent dans une révolution, et qui en sont ou spectateurs éclairés ou acteurs principaux, lèguent à la postérité le dépôt fidèle de leurs souvenirs, c’est un devoir que nous réclamons d’eux ; que ceux mêmes qui, dans une situation secondaire, n’ont vu qu’un coin du vaste tableau et n’en ont observé que quelques scènes, nous apportent leur petit tribut de révélations, il sera encore reçu avec bienveillance ; et si surtout l’auteur nous peint l’intérieur d’une cour dans un temps où les affaires publiques n’étaient guère que des affaires privées, s’il nous montre au naturel d’augustes personnages dans cette transition cruelle de l’extrême fortune à l’extrême misère, notre curiosité avide pardonnera, agrandira les moindres détails ; impunément l’auteur nous entretiendra de lui, pourvu qu’il nous parle des autres ; à la faveur d’un mot heureux, on passera à madame Campan tous les riens de l’antichambre et du boudoir : mais que s’en vienne à nous d’un pas délibéré, force rubans et papiers à la main, mademoiselle Rose Bertin, modiste de la reine, enseigne du Trait galant, adressant ses Mémoires aux siècles à venir, la gravité du lecteur n’y tiendra pas ; et, pour mon compte, je suis tenté d’abord de demander le montant du mémoire. […] On doit pourtant y louer un attachement honorable au malheur et le soin d’y venger la mémoire d’une reine calomniée. […] Tel était l’ascendant de sa beauté et de ses manières, qu’elle subjugua tous ceux qui l’entourèrent et la connurent : pour ses femmes de chambre, ses fournisseurs, et les hommes de cour, il n’y a rien que de simple ; mais le charme s’étendit plus loin : l’allier Mirabeau fut peut-être autant amolli par ses douces paroles que par cet acte impur qui pèse sur sa mémoire ; quelques heures de conversation au retour de Varennes lui conquirent à jamais Barnave ; un mot de sa bouche fit tomber à ses pieds Dumouriez en pleurs ; les femmes du 20 juin elles-mêmes furent émues quand elles la virent.

77. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Sophie est plus froide, calme, heureuse ; Manon Phlipon est ce qu’on peut augurer, ce qu’elle-même dans ses Mémoires nous a si vivement dépeint. […] Elle a parlé dans ses Mémoires de ce qu’elle appelait proprement ses extraits, de ses Œuvres de jeune fille ; ces lettres-ci en sont le complément. […] Ici, dans les lettres, elle raille un peu moins que dans les Mémoires ; comme les prétendants se présentent un à un, et que plus d’une de ces demandes peut être sérieuse, elle en semble parfois préoccupée. […] Je crains pourtant que ce ne soient les Mémoires qui, en ramassant dans une seule scène le résultat de jugements un peu postérieurs, aient altéré sans façon un souvenir dès longtemps méprisé. Et quel est donc l’auteur de Mémoires qui pourrait supporter, d’un bout à l’autre, l’exacte confrontation avec ses propres Correspondances contemporaines des impressions racontées ?

78. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

Sous ce titre impropre d’Œuvres, il existe six volumes des plus intéressants et des plus authentiques, qu’il serait plus juste d’intituler Mémoires de Louis XIV ; ils se composent, en effet, de véritables mémoires de son règne et de ses principales actions, qu’il avait entrepris d’écrire pour l’instruction de son fils. […] Il y a bien peu d’années, il en était encore ainsi des neuf tomes des Mémoires authentiques de Napoléon. […] Rien de tel ne se montre dans les Mémoires de Louis XIV, non plus que dans ceux de Napoléon ; c’est de l’histoire toute pure, ce sont les réflexions d’hommes qui parlent de leur art, et le plus grand des arts, celui de régner. […] Je ne découvre rien de cette inquiétude, rien de cette rhétorique ou de cette simplicité affectée dans les pages qui composent les Mémoires historiques de Louis XIV. […] Charles Dreyss, a publié les Mémoires de Louis XIV (2 volumes, 1860), avec une étude critique fort détaillée.

79. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Pour une seule faculté intellectuelle, en effet, on a pu se croire autorisé par l’expérience à parler de localisation précise dans le cerveau : je fais allusion à la mémoire, et plus spécialement à la mémoire des mots. […] Voilà ce que nous apprennent les maladies de la mémoire des mots, et ce que ferait d’ailleurs pressentir l’analyse psychologique de la mémoire. […] N’est-ce pas déjà visible dans l’opération de la mémoire ? […] Mais ce que je dis de la mémoire serait aussi vrai de la perception. […] Mais, par là, ils limitent notre vision du présent, de même que les mécanismes cérébraux de la mémoire resserrent notre vision du passé.

80. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

La seule fonction de la pensée à laquelle on ait pu assigner une place dans le cerveau est en effet la mémoire — plus précisément la mémoire des mots. […] Il y a un point sur lequel tout le monde s’accorde, c’est que les maladies de la mémoire des mots sont causées par des lésions du cerveau plus ou moins nettement localisables. […] Or, conscience signifie avant tout mémoire. […] Pour le développement de ce point, voir notre livre Matière et Mémoire, Paris, 1896 (principalement le second et le troisième chapitres). […] Voir, sur ce point, Matière et Mémoire, chap. 1er.

81. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Mémoires du comte d’Alton-Shée164 L’article que nous allons reproduire, et qui est resté inachevé, sur les Mémoires de M. le comte d’Allon-Shée, est le dernier auquel ait travaillé M.  […] Il publiait en ce temps-là ses Mémoires. […] J’avais dessein de dire quelques mots de ces Mémoires avant les dernières élections : et avant tout le bruit qui s’est fait autour du nom de l’auteur165 ; je voudrais faire aujourd’hui l’article que je projetais auparavant : je ne pourrai m’empêcher toutefois d’accentuer davantage quelques traits. […] Oui ; mais il a pris sa revanche par sa mémoire qu’il avait développée de bonne heure comme par pressentiment, qu’il a meublée de toutes sortes de beaux passages, de scènes dramatiques en prose et en vers, une vraie mémoire d’aveugle qui ressemble à celle des anciens poëtes et rapsodes, du temps où l’on n’écrivait pas ; il retient, il récite, il joue. […] Voulant écrire fidèlement ses Mémoires, il s’est décidé à en faire deux parts : l’une entièrement consacrée à l’époque du plaisir, et ici il a pris un léger masque, il s’est dédoublé et s’est appelé le vicomte d’Aulnis170.

82. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Il n’y a pas de traductions, trahisons et crimes envers les anciens qu’on ne passe de grand cœur au bon abbé, s’il n’y avait pas d’autre chemin pour en venir à ses mémoires. […] Doué d’une mémoire heureuse pour toutes les choses extérieures, il a retracé quelques tableaux d’enfance avec plus de vivacité, ce semble, qu’à lui n’appartient. […] En ces années, il nous tient très au courant de ses sorties et de tout ce qu’il y voit : carrousels, festins, comédies, ballets ; il a, au plus haut degré, la mémoire des yeux. […] Elle était, à l’époque où Marolles y fut nommé abbé, dans un grand désordre, plus grand qu’il ne l’a osé indiquer dans ses Mémoires imprimés. Un mémoire écrit de sa main, et qui se trouve aux Manuscrits de la Bibliothèque impériale24, nous en apprend davantage.

83. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Considère-t-on la mémoire ? […] La mémoire n’est donc à aucun degré une émanation de la matière ; bien au contraire, la matière, telle que nous la saisissons dans une perception concrète qui occupe toujours une certaine durée, dérive en grande partie de la mémoire. […] Or, si toute perception concrète, si courte qu’on la suppose, est déjà la synthèse, par la mémoire, d’une infinité de « perceptions pures » qui se succèdent, ne doit-on pas penser que l’hétérogénéité des qualités sensibles tient à leur contraction dans notre mémoire, l’homogénéité relative des changements objectifs à leur relâchement naturel ? […] Dans la perception concrète la mémoire intervient, et la subjectivité des qualités sensibles tient justement à ce que notre conscience, qui commence par n’être que mémoire, prolonge les uns dans les autres, pour les contracter dans une intuition unique, une pluralité de moments. […] Mais de là aussi l’impossibilité de constituer soit une psychologie de la mémoire, soit une métaphysique de la matière.

84. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 76-77

Le style original de ses Mémoires le place plutôt parmi les Génies singuliers, que parmi les bons Ecrivains. Si ces Mémoires étoient cependant écrits par-tout de la même force, les meilleurs Historiens Grecs & Latins n'auroient rien qui leur fût supérieur ; mais il s'en faut bien que le style soit également soutenu dans le cours de la narration ; l'assoupissement & les inégalités s'y font sentir dans mille endroits. […] Il avoue lui-même, dans ses Mémoires, que l'ambition d'être Chef de Parti avoit toujours eu beaucoup d'empire sur son cœur. […] Néanmoins, malgré la véracité dont il paroît faire profession, il se trouve contredit sur plusieurs faits, par les Mémoires de son temps ; ce qui prouve qu'il a souvent été aussi dupe de son imagination que de ses projets.

85. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Ses Mémoires nous le peignent à ravir durant les quinze dernières années de l’ancienne monarchie jusqu’à l’heure où éclata la Révolution de 89. […] On en retrouve le regret en même temps que l’expression en plus d’une page des Mémoires de M. de Ségur ; car combien, sous cette plume facile, d’aperçus historiques profonds et vrais ! […] Ce succès fut, en quelque sorte, personnel à M. de Ségur, qui, dans ses Mémoires et dans ses divers écrits, a pu s’en montrer fier à bon droit. […] Les Mémoires de M. de Ségur finissent là aussi, comme s’il avait voulu les clore sur les derniers souvenirs de sa belle et vive jeunesse. […] On peut voir dans les Mémoires l’anecdote du bal de l’Opéra.

86. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Les Mémoires, écrits dans cette dernière période, en expriment toutes les contradictions, et contiennent tous les aveux qu’il suffit de rapprocher. […] Par exemple, dans ses Mémoires, il a l’air de dire qu’il ne comptait pas en 1814 sur l’étranger ; qu’il espérait toujours en un mouvement national qui eût dispensé les Alliés d’entrer à Paris et qui eût délivré les Français par leurs propres mains. […] Carnot avait publié en 1814 un Mémoire au roi, plus ou moins opportun de sa part, mais qui était dicté par un sentiment patriotique honorable et un désir manifeste de conciliation. […] Tel il se présente à nous dans toute la partie politique de ses Mémoires. […] Aujourd’hui il n’y a plus moyen, et jamais auteur de mémoires, en se posant, n’a plus fait pour se diminuer.

87. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Tout cela, est fort soigneusement démêlé dans les Mémoires sur la guerre de la Valteline, qui ne sont pas de Rohan, mais qui sont très probablement de son secrétaire intime et confident Priolo. Petitot, dans sa collection de mémoires, dit que si l’on compare ce dernier ouvrage aux autres écrits du duc de Rohan, « on y reconnaît le même style, la même manière de présenter les choses ». […] Les mémoires sur la guerre de la Valteline sont donc du secrétaire de Rohan, et n’en valent pas moins pour cela5. […] [NdA] Ces mémoires manuscrits furent naturellement connus de Sully, beau-père du duc de Rohan, et qui lui survécut ; ce qui explique que, dans les pièces trouvées dans le cabinet de Sully, et imprimées à la suite de ses Mémoires ou œconomies royales, on rencontre un Précis de la régence de Marie de Médicis et du règne de Louis XIII jusqu’en 1628, qui est en grande partie fait et compilé sur les mémoires de Rohan et dans les mêmes termes. (Voir dans la collection de Petitot les Mémoires de Sully, t. 

88. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Qu’est-ce à dire, les Mémoires d’un décavé ?… Sont-ce les mémoires d’un joueur en perte ? […] Les Mémoires d’un décavé ne sont les mémoires de personne en particulier. […] Fervaques n’écrit pas les mémoires de son temps comme les ont écrits tant de faiseurs de mémoires et de conteurs d’anecdotes, que nous sommes bien heureux d’avoir pour nous faire comprendre la grande histoire, qui n’est pas toujours ce qu’elle paraît être dans les historiens solennels. […] Au xviiie  siècle, Duclos, madame du Deffand, Walpole, le prince de Ligne, faisaient les mémoires de leurs personnalités connues bien plus que les mémoires de leur temps.

89. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps Par M.  […] Le premier volume ressemble davantage à des mémoires proprement dits. […] Les Mémoires de M.  […] J’arrive à la seconde question que suggère la lecture des Mémoires de M.  […] Il me reste à tirer des Mémoires de M. 

90. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Mémoires sur Voltaire et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires5. […] Il est bien vrai que les Mémoires de Longchamp et Wagnière empruntent un mérite particulier de la position des auteurs, et que les secrétaires d’un homme de lettres illustre qui deviennent ses historiens réclament de la postérité un quart d’heure d’attention, à tout aussi bon droit que la femme de chambre qui jase de la maîtresse favorite, ou le chambellan qui se remémore le potentat. […] Ce n’est point aux Mémoires mêmes qu’il faut s’en prendre de cet empressement qu’ils rencontrent plutôt qu’ils ne le font naître ; ce n’est pas non plus à la vénération nationale pour un grand nom qu’il faut en savoir gré seulement. […] Un grand inconvénient des Mémoires de Wagnière, c’est qu’ils ne forment pas un texte continu, mais sont composés de notes, commentaires, etc., ce qui en rend la lecture assez pénible. […] Mémoires sur Voltaire et sur ses ouvrages, par P.

91. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Mémoires de Malouet (suite et fin.) […] » Le récit des Mémoires qui se rapporte à ce séjour de Malouet à Londres laisse à désirer : tous les papiers de ce temps ont été perdus ou détruits. […] Les causes de cette disgrâce sont encore à découvrir, car un mémoire qu’il avait précédemment adressé sur des questions étrangères à la marine ne suffit point pour l’expliquer103. […] Malouet, vous le trouverez dans ses Mémoires. » 97. […] Mes plans, mes mémoires se succédaient inutilement : le ministre, lassé de mes importunités, me répond que les ouvriers peuvent fort bien travailler aux mâts en plein air, ce qui n’a lieu dans aucun port et est impraticable dans le climat froid et humide d’Anvers.

92. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

. — Illusion psychologique à propos de la mémoire. — Nous sommes tentés de prendre la connaissance de nos états passés pour un acte simple et spirituel. […] Nicolaï notait une différence très nette entre le personnage tel qu’il lui apparaissait et le même personnage tel qu’un instant après il se le figurait par un effort d’attention et de mémoire. […] Mais ici le démenti et le redressement aboutissent à un effet nouveau, effet merveilleux, dont le mécanisme est si simple qu’on néglige de le remarquer, d’une portée infinie et qui, par son ajustement aux choses, constitue la mémoire. […] En effet, ce qui constitue le souvenir ou acte de mémoire, c’est l’image présente qu’a laissée en nous une sensation passée, image qui se trouve affectée d’un recul apparent et qui nous semble la sensation elle-même. […] Tout cela est permis, et même commode. — Mais ici commence l’erreur ; on est dupé par les mêmes mots et de la même façon qu’à propos de la mémoire et de la perception extérieure ; comme il s’agit d’une connaissance, on veut absolument y trouver un acte de connaissance et un objet connu ; on se la figure comme le regard d’un œil intérieur appliqué sur un événement présent et interne, de même qu’on s’est figuré la mémoire comme le regard d’un œil intérieur appliqué sur un événement passé.

93. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

L’autre Mémoire sur les avantages à retirer de colonies nouvelles dans les circonstances présentes mériterait aussi une analyse : il se rapporte particulièrement à l’état moral de la France d’alors, et il est plein de vues sages ou même profondes. […] Malouet, dans ses Mémoires, nous en apprend assez long là-dessus. […] La grâce, le goût, l’art de l’insinuation, il faut qu’il les ait eus au plus haut degré pour que, dans ses Mémoires sobres et sévères, Napoléon, racontant ce qui se passa à son retour de l’Italie et de Rastadt, et la manière dont il fut accueilli par le Directoire, les fêtes qu’on lui donna, ait songé à distinguer celle du ministre des affaires étrangères. […] Napoléon, dans ses Mémoires, en a donné la raison : « Talleyrand avait été renvoyé du ministère des relations extérieures par l’influence de la société du Manège. […] Cela deviendra plus sensible lorsqu’on aura sous les yeux les fameux Mémoires.

94. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Lorsque les Mémoires de Mme de Motteville parurent pour la première fois en 1723, les journalistes et critiques du temps, en y louant le ton de sincérité, jugèrent qu’il y avait trop de détails minutieux, trop de petits faits. […] Mais la partie originale de ces Mémoires est celle qui prend à partir de là, et qui traite de ce qui s’est passé à portée de vue de l’auteur. […] On a trouvé ces réflexions trop multipliées et trop longues, ce qui peut être vrai pour la dernière partie des Mémoires ; mais elle sait d’ordinaire les entremêler aux circonstances mêmes qui les lui inspirent. […] Il n’y a rien dans ces Mémoires de Mme de Motteville qui rappelle ces autres Mémoires si distingués, mais si amers, de Mme de Staal de Launay, femme de chambre de la duchesse du Maine ; c’est qu’aussi la situation était toute différente. […] Ses Mémoires deviennent plus sérieux et prennent un caractère historique plus élevé à mesure qu’on avance dans le mouvement des agitations civiles et dans les troubles de la Fronde.

95. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Dieu nous garde de calomnier la mémoire d’un sauveur de la patrie ! […] En nous donnant, au lieu de Mémoires historiques un mémoire de barreau en bonne forme, l’auteur assoit en quelque sorte le vainqueur de l’Argonne sur la sellette ; et dès lors cette figure, si pleine de mouvement et de vie, prend un air d’apparat, comme devant les juges. […] Le patriotisme, sans être étranger à son âme, n’était chez lui que secondaire ; et c’est provoquer maladroitement la sévérité contre sa mémoire que de faire de lui un martyr. […] Du reste, il annonce des Mémoires inédits de Dumouriez sur cette même époque ; espérons qu’il en fera jouir prochainement le public, et qu’il sacrifiera au culte de l’amitié des considérations, par trop scrupuleuses.

96. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Ce sont quatre-vingts lettres à peu près d’une grande dame du siècle dernier, — de cette fameuse marquise de Créqui dont le nom historique est devenu littérairement si célèbre, grâce à des Mémoires qui furent toujours contestés et que Sainte-Beuve traita hardiment d’apocryphes. […] Il est évident, en effet, que de ces quatre-vingts lettres retrouvées et publiées il se dégage une tête de vieille femme qui n’est pas celle de la marquise de Créqui des Mémoires, quoique le costume soit le même et bien souvent le ton aussi, ce costume intime, ce linge de corps de la pensée des femmes ! La marquise des Mémoires a de l’éclat, de l’imagination, une voix timbrée, une manière de prendre du tabac dans sa boîte d’or en secouant ses jabots de dentelle, qui a tout ensemble de la grâce, de l’impertinence et de la grandeur. […] Si, comme le croit Sainte-Beuve, les Mémoires de Madame de Créqui ne sont pas d’elle et si nous avons été dupes d’une mystification combinée, c’est par le ton, cette grâce suprême, que l’auteur de ces Mémoires nous a pipés, c’est par cette aisance et ce non-appuyé, même quand on est profond, qu’ont les femmes qui ont vieilli dans la bonne compagnie, et qui fait dire aux observateurs superficiels, qu’à une certaine hauteur toutes les douairières se ressemblent, quoiqu’elles ne se ressemblent pas ! […] — pour donner un démenti à la mémoire qu’on leur fait, ou aux Mémoires qu’on leur attribue.

97. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Autobiographie Journal des Goncourt : mémoires de la vie littéraire. […] Nous les avons portraiturés, ces hommes, ces femmes, dans leurs ressemblances du jour et de l’heure, les reprenant au cours de notre journal, les remontrant plus tard sous des aspects différents, et, selon qu’ils changeaient et se modifiaient, désirant ne point imiter les faiseurs de mémoires qui présentent leurs figures historiques, peintes en bloc et d’une seule pièce, ou peintes avec des couleurs refroidies par l’éloignement et l’enfoncement de la rencontre, — ambitieux, en un mot, de représenter l’ondoyante humanité dans sa vérité momentanée. […] Le manuscrit tout entier, pour ainsi dire, est écrit par mon frère, sous une dictée à deux : notre mode de travail pour ces Mémoires. […] Ces mémoires sont absolument inédits, toutefois il m’a été impossible de ne pas à peu près rééditer, par-ci, par-là, tel petit morceau d’un roman ou d’une biographie contemporaine, qui se trouve être une page du journal, employée comme document dans ce roman ou cette biographie.

98. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Mémoire de Marinier, commis des bâtiments du roi.) […] Mémoires, I, 221. […] Duc de Lauzun, Mémoires, 51. — Mme de Genlis, Mémoires, ch.  […] L’abbé Georgel, Mémoires, 216. […] Mme de Genlis, Mémoires, ch. 7.

99. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. […] Et voilà pourquoi les vrais mémoires des grands hommes me paraissent avoir tant de prix. […] Ainsi Byron nous est clairement apparu à travers ses mémoires mutilés, mais véridiques encore91. […] La publication des Mémoires de Mirabeau a été pour un grand poëte l’occasion d’écrire une étude développée sur le grand orateur. […] Roland a fini, comme Valazé, comme Condorcet : est-ce donc de ce seul mot rapetissant qu’il convenait de payer sa digne mémoire ? 

100. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Cela ne nous a jamais semblé plus vrai que lorsqu’on y entre, non avec une curiosité vague ou un labeur trop empressé, mais guidé par une intention particulière d’honorer quelque nom choisi, et par un acte de piété studieuse à accomplir envers une mémoire. […] Il commença dès lors, selon toute apparence, à rédiger les Mémoires d’un Homme de qualité, et en même temps, par la multitude d’histoires intéressantes qu’il contait à ravir, il faisait le charme des veillées du cloître. […] Dès les premiers temps de son exil, nous voyons paraître de lui les Mémoires d’un Homme de qualité, un volume traduit de l’Histoire universelle du président de Thou, une Histoire métallique du royaume des Pays-Bas, également traduite. […] Je trouve dans les lettres de mademoiselle Aïssé (1728) : « Il y a ici un nouveau livre intitulé Mémoires d’un Homme de qualité retiré du monde. Il ne vaut pas grand’chose ; cependant on en lit 190 pages en fondant en larmes. » Ce n’est que de la première partie des Mémoires d’un Homme de qualité que peut parler mademoiselle Aïssé ; 190 pages qu’on lit en fondant en larmes, n’est-ce donc rien ?

101. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Pompignan, qui a quelque talent joignait de la sottise, prit de là occasion de rédiger un Mémoire justificatif au Roi (mai 1760), qu’il voulut faire imprimer avec faste en inscrivant le nom du roi en tête et en déclarant à tous : « Le manuscrit de ce Mémoire a été présenté au roi, qui a bien voulu le lire lui-même, et qui a trouvé bon que l’auteur le fît imprimer. » Moyennant cette grosse apostille, Pompignan prétendait être affranchi de la règle commune et pouvoir se passer de censeur. […] Malgré tout, Fréron était dans son droit ; et, à ce sujet, M. de Malesherbes écrivait à d’Alembert une admirable lettre qu’on peut lire dans les Mémoires de l’abbé Morellet, et dans laquelle sont posés tous les vrais principes de la tolérance littéraire. […] M. de Chateaubriand, en deux ou trois endroits de ses Mémoires, où il introduit M. de Malesherbes, a très bien rendu ce mouvement de paroles qu’on a comparé « au mouvement irrégulier et perpétuel d’une liqueur bouillante ». On trouve une conversation de Malesherbes rapportée au long dans les Mémoires de Bertrand de Molleville44 ; cette conversation a fort choqué, je ne sais pourquoi, M.  […] Elle est rapportée un peu différemment dans les deux éditions de ces Mémoires (1797 et 1816) : je l’aime mieux dans le premier texte de 1797 (t. 

102. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Villars en est lui-même convenu dans ses Mémoires. […] Villars envoya le jour même au roi le marquis de Nangis, qui fit un récit verbal, et l’on en est réduit, de son côté, à la narration succincte qui se lit dans ses Mémoires et qui n’a pas la valeur d’une relation détaillée. […] Toute part d’éloges accordée au mérite de M. de Montesquiou pour la spécialité de l’opération, il n’est que juste (ce que ne fait pas assez, ce me semble, le rédacteur des Mémoires militaires) de ne point effacer devant un trop jaloux collègue le vainqueur de Denain. […] Tome XI des Mémoires militaires relatifs à la Succession d’Espagne sous Louis XIV, dans la Collection des documens inédits sur l’Histoire de France. — Tome XIV du Journal de Dangeau, publié par MM.  […] Ces lettres ne sont pas données aussi au complet, ni discutées avec autant de netteté dans le tome X des Mémoires militaires qu’au tome XIV du Journal de Dangeau, dans l’Appendice qui est dû à M. 

103. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Mais, avant tout, une petite explication est nécessaire sur ce qu’on doit entendre par les Mémoires du duc d’Antin. […] Sous ces formes diverses, nos Mémoires secrets nous aident à saisir le lieu continu et l’intime ressemblance. […] Les Mémoires que nous lisons, et qui ne sont guère qu’un examen moral et chrétien de conscience, nous le montrent au fond meilleur à bien des égards que ne le jugeait le monde et que les observateurs sévères ne le soupçonnaient. […] Ces Mémoires de d’Antin ressemblent par moments à un sermon, mais à un excellent sermon de l’élève de l’abbé Anselme. […] D’Antin, en homme modeste, n’en dit rien dans ses petits Mémoires.

104. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Il ne s’en cachait point, et le roi l’en plaisantait quelquefois… La fadeur et l’adulation de ses mémoires sont encore plus dégoûtantes que leur sécheresse quoiqu’il fût bien à souhaiter que, tels qu’ils sont, on en eût de pareils de tous les règnes. […] Oui, il serait à souhaiter qu’on en eût une pareille de tous les règnes, au moins de tous les grands règnes ; car ces mémoires « représentent avec la plus désirable précision, Saint-Simon le reconnaît un peu plus loin, le tableau extérieur de la Cour, de tout ce qui la compose, les occupations, les amusements, le partage de la vie du roi, le gros de celle de tout le monde ». […] Avec quelque effort pourtant, et grâce à l’abondance des mémoires, on peut s’y naturaliser et s’imaginer encore y avoir vécu. […] Sur ce fond tout uni et qui s’est dessiné en nous sans qu’on y pense, se viendront ensuite placer les scènes piquantes des divers témoins, les anecdotes et les aventures ; mais le tous-les-jours, ce qui fait qu’on se souvient d’une époque non par saillie et fantaisie, mais par cette imagination positive qu’on appelle la mémoire, c’est à lui plus qu’à tout autre qu’on l’aura dû. […] Écoutons là-dessus Duclos qui, dans son enfance, fut admis à cette pension de Saint-Lazare parmi les surnuméraires, car on en admettait pour plus d’émulation : Cette pension, très célèbre autrefois, dit-il en ses fragments de mémoires, mérite que j’en parle.

105. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Ç’a été pour moi une satisfaction imprévue que de lire ce qu’on appelle les Mémoires de Villars. […] Ces Mémoires, quoique la première partie, assure-t-on, jusqu’à la fin de l’année 1700, soit du maréchal même, ne peuvent être considérés en effet que comme rédigés après coup sur ses lettres, bulletins et dépêches ; mais Anquetil, qui a été l’arrangeur, et qu’on doit suivre à partir de 1700, a très bien fait ce travail, qui gagne en avançant plutôt qu’il ne perd, et qui est d’un intérêt continu. […] Il se plaît à les raconter avec détail, et dans ces endroits de ses Mémoires il nous rappelle le vieux Montluc, grand amateur et narrateur aussi d’escarmouches et d’actions particulières. […] En lisant cette partie de ses Mémoires, telle qu’il paraît l’avoir rédigée ou dictée lui-même, on est très sensible à ce ralentissement d’ardeur et de mouvements, qui trahit dans le corps des armées une lassitude générale et une diminution dans les talents militaires de ceux qui commandaient en chef. […] [NdA] On apprendra avec plaisir qu’une nouvelle édition des Mémoires de Villars est en préparation et doit être assez prochainement donnée par un homme de mérite, M. 

106. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

. — Ses Mémoires. — § III. […] La faiblesse même de ses Mémoires, comparés soit à ses Maximes, soit aux Mémoires du cardinal de Retz, est une preuve de plus de son peu d’aptitude à l’action. Non que ces Mémoires ne soient remarquables. […] Ses Mémoires sont le récit de la Fronde, ses Maximes sont la moralité du récit. […] Mémoires du cardinal de Retz.

107. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

On peut aussi, par l’association des signes, réveiller la mémoire des signes oubliés : un aphasique, qui répétait indéfiniment « tout de même », et pas autre chose, pouvait réussir à prononcer quelques mots, à condition qu’on les fit précéder du mot tous. […] Si cependant on faisait appel à sa mémoire verbale, il était capable de réciter, soit la fable de La Fontaine, le Coche et la Mouche, soit le célèbre exorde du P. […] Lordat, après son attaque d’aphasie, avait perdu la mémoire et ne pouvait plus improviser. […] Il distinguait la mémoire des mots et le sens du langage. La mémoire des mots consiste à apprendre facilement par cœur, et à retenir plus ou moins longtemps ce qu’on a appris ; le sens du langage est le talent de la philologie, l’habileté à apprendre et à comprendre les langues.

108. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Avertissement »

Il le saura d’autant mieux, et s’y conformera d’autant plus aisément, que cette connaissance viendra toute de son expérience, et que sa mémoire n’y sera pour rien. […] Évitons surtout, par des préceptes ou des exemples en apparence élémentaires, d’offrir à, leur mémoire des formules et des types, qui deviendraient, dans l’application, des ficelles et des recettes. […] On ne trouvera guère, dans celui-ci, de formules analogues aux règles de grammaire et d’orthographe, sèches, rigoureuses, absolues, qui se déposent aisément dans la mémoire et qui aident à ne pas penser. Beaucoup de jeunes gens ont trop de pente à laisser leur mémoire faire la tâche de leur intelligence, pour qu’on leur offre encore ici cette tentation. […] L’essentiel est de lire les réflexions développées dans ce volume, d’une manière désintéressée, sans le vulgaire désir d’y apprendre des procédés rapides et mécaniques ; si l’on y prend des points de départ, des matériaux, une direction, un stimulant, pour penser par soi-même, pour comprendre comment les écrivains bâtissent leurs ouvrages, ordonnent et expriment leurs conceptions, et comment on doit soi-même travailler, insensiblement l’esprit, familiarisé avec les grandes lois de l’art d’écrire, dont il aura pénétré la vérité et mesuré la portée, s’y conformera en composant, et il conduira, disposera, traduira ses pensées selon des règles qui ne seront plus logées dans la mémoire, mais feront partie de lui-même et auront passé dans sa substance.

109. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Ainsi nos mémoires modernes ne sont jamais que de malheureuses mémoires fripées de malheureuses mémoires savatées. […] Ou encore c’est du bois tout plein de sa propre mémoire et des résidus de sa mémoire végétale. […] La mémoire du présent. […] Un point de commencement de mémoire. […] Car elle vaut un monde de mémoire.

110. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Puis, les Mémoires du cardinal de Bernis, qui, du moins, en dehors de la diplomatie, nous ont appris une chose qu’on ne savait pas : c’est que cette Babet la Bouquetière était, sous ses bouquets, un homme d’État, impossible, il est vrai, dans une monarchie impossible et qui frappait tout de son impossibilité. Puis, encore, ç’a été les Mémoires de Metternich, qui ont trompé si misérablement l’espoir de l’intérêt immense qui s’attachait à ce grand nom de Metternich. […] Ces trente ans narquois sont passés maintenant, et les Mémoires mystificateurs n’apparaissent pas à l’horizon. […] Je ne crois pas qu’il y ait de plus impatientant procédé que celui-là, commun, du reste, à tous les diplomates, que cette suppression impertinente qui rappelle celle que le cant anglais opéra un jour, par les mains de Thomas Moore, sur les Mémoires de Lord Byron. […] Pour Donoso Cortès, l’auteur de l’Essai sur le socialisme, qui s’est écrit en toutes lettres ineffaçables dans ce livre éclatant, allumé sur sa mémoire comme un phare sur un tombeau, ce n’est pas bien sur ; mais pour Raczynski, cela est certain.

111. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Ses mémoires, fort bons à lire, sont loin d’être un récit complet auquel on puisse se fier sans contrôle ; il y dissimule ce qui lui convient. […] Une double lecture est intéressante à faire, c’est celle des mémoires de Rohan en ayant en regard les mémoires de Richelieu. […] Mais, comme la reconnaissance des infidèles est aussi infidèle qu’eux, ces grâces descendirent si peu avant dans son cœur, que, ne lui en demeurant aucun sentiment ni mémoire, sa rébellion, aussi féconde que l’hydre, renaît de nouveau. […] Ici encore les mémoires de Richelieu viennent éclairer d’un reflet direct ceux de Rohan. […] [NdA] On lit dans les mémoires de Rohan qu’il commença le premier jour de mai par l’entreprise de Lavaur, et cette date a été, depuis, répétée dans diverses histoires.

112. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Quant au roi, il tira sa montre vers l’heure de l’exécution, et dit nonchalamment à ses courtisans : « Je crois que cher ami fait à présent une vilaine mine. » Certes, il y a bien là matière à un roman historique ; ou plutôt il est tout fait dans les Mémoires de ce temps-là, et il ne s’agit que de l’en extraire. […] M. de Vigny a fait essentiellement une œuvre de mémoire qu’il a revêtue de formes dramatiques à l’aide de son imagination. […] En jugeant M. de Vigny avec cette franchise sévère que nous paraît mériter son talent, nous ne prétendons pas méconnaître la profusion d’esprit qu’il a répandue dans son ouvrage : plus d’une fois sans doute il a réussi, quand l’esprit avec la mémoire suffisait. […] L’intérêt qu’excite, même auprès de la postérité, la mémoire de De Thou, ne doit pas faire oublier qu’il n’était point parfaitement innocent des intrigues et des menées de Cinq-Mars. […] Les documents publiés au tome IV des Mémoires de d’Artigny prouvent sans doute qu’il a été entremetteur ; mais, selon la remarque de M.

113. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Les Mémoires d’outre-tombe donnent cette lettre écrite par Mme de Farcy à son frère, et par laquelle elle lui annonçait ta mort de sa mère. Mais les Mémoires d’outre-tombe, écrits si longtemps après, et sous l’influence de tant de souvenirs contradictoires et entrecroisés, n’ont pas une grande valeur en ce qui est de la vérité réelle et positive. […] Ses yeux sont âpres, ses tempes chauves, sa taille élevée, il est maigre, pâle, et, quand il récite son Exegi monumentum, on croirait entendre Pindare aux jeux Olympiques… » Il n’est pas malaisé d’y surprendre des particularités qui convainquent les Mémoires d’outre-tombe de légère inexactitude. […] Il est le premier à nous l’avouer, et il y aurait mauvaise grâce à le trop presser là-dessus : Quand les semences de la religion, dit-il en un endroit de ses Mémoires, germèrent la première fois dans mon âme, je m’épanouissais comme une terre vierge qui, délivrée de ses ronces, porte sa première moisson. […] Il ne serait pas impossible peut-être, dans une étude suivie sur Chateaubriand, de noter avec la même précision la date de quelques-uns de ses autres revirements, et celle, par exemple, de sa prochaine rechute épicurienne ; mais ce serait sortir aujourd’hui de notre objet, tout honorable à sa mémoire.

114. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Rien n’échappait à sa curiosité d’intelligence ; et une fois qu’il avait conçu, rien ne sortait plus de sa mémoire. […] Ampère allait à savoir si toutes les formules de son mémoire étaient bien nouvelles, si d’autres, à son insu, ne l’avaient pas devancé. […] Maine de Biran, lequel, déjà connu par son Mémoire de l’Habitude, travaillait à se détacher avec originalité du point de vue de ses premiers maîtres. […] Littré, la mémoire de M.  […] C’est ainsi qu’il est resté et qu’il vit dans notre mémoire, dans notre cœur.

115. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Il ajoute qu’ils soulagent la mémoire de l’auditeur, & contribuent à mettre, dans un discours, de la méthode & de la clarté. […] On ne seroit point en danger de compromettre sa réputation devant la multitude qui fait circuler, dans la société, comme un très-grand ridicule, un moment d’absence de mémoire. […] On continua, & l’on continue encore à prêcher de mémoire, parce que l’on croit que c’est un usage universel. […] Le désagrément réciproque, suite du défaut de la mémoire, n’est plus à craindre. […] La mémoire manqua au premier ; la crainte saisit les deux autres, & leur fit éprouver le même sort, au point d’être longtemps à se remettre.

116. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 110

Il doit sa célébrité à des Mémoires manuscrits, où M. […] Il est très-vraisemblable que M. le Marquis de Dangeau, un des Seigneurs les plus accrédités à la Cour de Louis XIV, ait pu éclaircir beaucoup de faits, donner le nœud de certaines intrigues, & dévoiler les ressorts de la plupart des événemens de son temps ; mais une chose inconciliable, c’est de voir l’Auteur du Siecle de Louis XIV, tantôt le citer pour appuyer ce qu’il dit, tantôt rejeter son témoignage, en attribuant à un Valet de chambre imbécille les Mémoires qui portent son nom. Si M. de Voltaire a toujours cru que ces Mémoires fussent l’ouvrage d’un Valet de chambre, pourquoi s’en appuyer dans tant d’occasions ?

117. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 255

Il y a autant, & peut-être plus de différence entre l’Historien de l’Eglise & son Continuateur, qu’entre les Mémoires du Cardinal de Rets & les Mémoires de Joli. […] Son Histoire est plus civile qu’ecclésiastique, & est composée d’ailleurs sur des Mémoires suspects & inexacts.

118. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 187

Ses Mémoires chronologiques & dogmatiques, & ses Mémoires pour servir à l’Histoire universelle de l’Europe, depuis 1600 jusqu’à 1716, sont des Ouvrages propres à mériter l’approbation de leur siecle & celle de la postérité. […] « Le discernement des faits, l’exactitude des dates, le choix des matieres, l’élégante précision du style, ont fait comparer ses Mémoires aux meilleurs Abrégés chronologiques qu’on connoisse.

119. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Comte de Tilly, Mémoires, I, 31. […] Tilly, Mémoires, I, 243. […] Beugnot, Mémoires, I, 77. […] Marmontel, Mémoires, II, 247. […] Brissot, Mémoires, I.

120. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 67

Ses Mémoires pour servir à l’Histoire de la fin du regne de Louis XIII, & du commencement de celui de Louis XIV, sont remplis d’événemens romanesques, de fausses anecdotes, d’erreurs de chronologie, & de citations infidelles. […] Il est aisé de s’appercevoir qu’il travailloit de mémoire ; & sa mémoire a été souvent infidelle, plus souvent encore séduite par la manie de l’extraordinaire.

121. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 118

Les plus connus sont ses Mémoires & Lettres sur la Guerre de la Valteline, & un Livre sur les Intérêts des Princes. […] Son style est clair, égal, & précis, & l'on peut dire de ses Mémoires, ce que Cicéron disoit de ceux de César : Nudi sunt, recti & venusti, omni ornatu orationis tanquam veste detractâ. […] La nouvelle Edition des Mémoires & Lettres du Duc de Rohan est due à M. le Baron de Zurlauben, Capitaine au Régiment des Gardes-Suisses, qui l'a enrichie d'une Préface historique très-bien écrite, & de Notes très-instructives.

122. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Faugère, auquel il est temps de venir, en nous donnant à son tour une édition des Mémoires de Mme Roland, semble presque l’organe et le représentant de la famille. […] Faugère, je pus rectifier et compléter en bien des endroits le texte imprimé et posséder un exemplaire des Mémoires authentiques de Mme Roland. […] Mme Eudora Champagneux, dans son culte pour la mémoire de ses parents, avait une faiblesse touchante : elle honorait son père au moins à l’égal de sa mère. […] Il y a un curieux passage dans les Mémoires de Mme Roland, ou du moins une curieuse note d’elle au bas d’une page : c’est un jugement sur Mirabeau. […] Voici donc ce qu’il a écrit sur Mme Roland, et qu’on ne s’aviserait guère d’aller chercher dans ses Mémoires d’un touriste (1838).

123. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

Les amateurs des faits littéraires ne peuvent guéres se passer des Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la république des lettres, par le P. […] Ses mémoires auroient été bien-tôt épuisés. […] Cependant, malgré ce défaut, il faut avouer que les mémoires du Pere Niceron sont curieux. […] Pour que les mémoires qui concernent les écrivains morts depuis peu, ne s’égarent point, M.

124. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Le récit de ces dernières et de ces plus belles campagnes de Turenne tient la meilleure place dans les Mémoires de La Fare, et y est traité avec plus de détail que le reste. […] Le début des Mémoires de La Fare est une espèce de prologue à la Salluste par le tour, sinon par le fond du raisonnement. […] Les Mémoires de La Fare, dans les trop courts récits et les portraits qu’ils renferment, sont pleins d’esprit, de finesse, de bonne langue, et tous les jugements qu’il fait des hommes sont à considérer. […] Il est bien certain que si La Fare s’est retiré pour un passe-droit comme il arriva vingt-cinq ans plus tard à Saint-Simon, ce n’a pas été avec la même arrière-pensée que lui : il n’écrit ses mémoires que par occasion et au hasard, non avec suite. […] Il ne travaille pas assez pour arriver à écrire des mémoires un peu longs et complets ; la plume lui tombe des mains avant la fin, et c’est dommage ; il était si capable de bien juger et de donner sur les hommes qu’il a connus de ces traits qui restent et qui fixent en peu de mots la vérité du personnage !

125. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris38. […] Il y a peu de Mémoires ecclésiastiques, et, dans le nombre, très-peu qui soient intéressants. […] Il sait les faibles et les défauts de son bienfaiteur, mais il insiste sur ses belles qualités, et il plaide pour sa mémoire. […] Il venait de se signaler par tout un Carême prêché aux Minimes de la Place Royale, où de mémoire d’homme, assure-t-on, il ne s’était vu un tel mouvement de dévots et surtout de dévotes de la haute société. […] Ces Mémoires, qui ont déjà été publiés successivement et par parties dans le Magasin de librairie, sont aujourd’hui réunis en un volume in-8° (Charpentier, libraire éditeur, 28, quai de l’École).

126. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

La fidélité de la mémoire cultivée est extrême ; il est difficile de lui assigner des limites, et lorsqu’on a besoin de se souvenir, on se souvient. De nos jours même, et en nos âges classiques, nous avons des restes, des vestiges de ces mémoires extraordinaires et sans qu’il y ait nécessité. On sait que Piron, par exemple, faisait toutes ses tragédies de tête et qu’il les récitait de mémoire aux comédiens. […] Et aujourd’hui encore, si Molière n’était pas imprimé, est-ce qu’il n’existerait pas tout entier et n’aurait pas été transmis depuis deux cents ans dans la mémoire des acteurs de la Comédie-Française ? […] Egger, Mémoires de Littérature ancienne, 1852, p. 84.)

127. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Les savants disent : Ces deux poèmes furent longtemps des poésies populaires conservées seulement dans la mémoire des conteurs ou chanteurs ambulants de la Grèce. […] La mémoire est le premier élément de cette création, parce qu’elle retrace les choses passées et disparues à notre âme ; aussi les Muses, ces symboles de l’inspiration, furent-elles nommées les filles de mémoire par l’antiquité. […] Ce nom, qu’on donnait familièrement à Homère, veut dire enfant de Mélès, en mémoire des bords du ruisseau où il était né. […] Homère, dont l’âme était ouverte aux leçons de Phémius par sa tendresse, et que la nature avait doué d’une intelligence qui comprenait et d’une mémoire qui reproduisait toutes choses, récompensait les soins du vieillard et réjouissait l’orgueil de Crithéis. […] Son âme avait passé tout entière dans leur mémoire avec ses chants ; en la rendant aux dieux il ne l’enlevait pas à la terre : elle était devenue l’âme de toute la Grèce ; elle allait devenir bientôt celle de toute l’antiquité.

128. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

La seconde fonction de la mémoire est le rappel des souvenirs produit par l’association des idées. […] Les lois cérébrales de l’association, considérées indépendamment de toute réaction de la volonté intelligente, resteraient vraies même chez un être entièrement dépourvu de mémoire et de comparaison. […] L’appétition et l’émotion apparaissent ainsi au fond do la mémoire, comme le ressort caché de l’association des états de conscience et comme le principal moyen de leur synthèse. […] Il n’en est pas moins vrai que le véritable fond du processus est dans l’appétit, dont le mécanisme est la manifestation extérieure ; s’il n’y avait pas dans les éléments de notre organisme des appétitions élémentaires et, dans le tout, un appétit général où les autres se résument et se composent, il n’y aurait ni vie, ni mouvement, ni mémoire. […] Ainsi, dans les deux premières fonctions de la mémoire, le processus réel et complet est indivisiblement physique et mental ; mais le physique n’est qu’un extrait du tout, et un extrait plus fragmentaire que le mental, puisque le mental ajoute des éléments de plus aux éléments simplement mécaniques.

129. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

L’Histoire militaire du regne de Louis le Grand, par Quincy, les Mémoires de Feuquieres ; les Batailles de Prince Eugene, &c. donnent l’exemple avec la leçon. […] Mémoires de M. […] Remi a laissé des Mémoires d’artillerie, deux vol. […] in-4°., qui sont suite avec les Mémoires de cette Académie illustre.

130. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Avant-propos de la septième édition Par Henri Bergson Ce livre affirme la réalité de l’esprit, la réalité de la matière, et essaie de déterminer le rapport de l’un à l’autre sur un exemple précis, celui de la mémoire. […] Or, dès qu’on demande aux faits des indications précises pour résoudre le problème, c’est sur le terrain de la mémoire qu’on se trouve transporté. […] Mais peu importe la raison : personne ne contestera, je crois, que dans l’ensemble de faits capables de jeter quelque lumière sur la relation psychophysiologique, ceux qui concernent la mémoire, soit à l’état normal, soit à l’état pathologique, occupent une place privilégiée. […] À celui qui aborde sans idée préconçue, sur le terrain des faits, l’antique problème des rapports de l’âme et du corps, ce problème apparaît bien vite comme se resserrant autour de la question de la mémoire, et même plus spécialement de la mémoire des mots : c’est de là, sans aucun doute, que devra partir la lumière capable d’éclairer les côtés plus obscurs du problème.

131. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

On commença à César ; cet homme qui avait fait tant de mal à son pays, et qui avait commis le plus grand des crimes, celui de précipiter la corruption d’un peuple, fut loué sur cette même tribune où l’on n’aurait dû monter que pour flétrir sa mémoire. […] Il ne nous reste aucun des discours d’Auguste ; nous savons seulement que ce meurtrier avait un genre d’éloquence plein de simplicité et de grâce : il faisait des vers aisément16, et il avait composé les mémoires de sa vie : tout cela s’est perdu ; on se doute bien qu’il fut hué après sa mort ; on célébra son humanité et sa clémence sur la tribune où la tête sanglante de Cicéron avait été attachée. […] Germanicus, le modèle des princes ; Germanicus qui eut le tort d’être vertueux dans une cour corrompue, et sous Tibère le tort bien plus grand d’être adoré du peuple et de l’aimer, empoisonné en Asie, n’obtint pas d’éloge funèbre dans Rome ; mais aussi la mémoire de Tibère ne manqua point d’être célébrée ; l’éloge de Tibère fut prononcé par Caligula : c’était dignement commencer un règne qui devait finir par tant de crimes ; et le panégyriste et le héros étaient dignes l’un de l’autre. […] De tous les honneurs rendus à la mémoire d’Antonin, ce fut là sans doute le plus grand. […] Quoiqu’il n’eût régné que trois mois, il avait laissé une mémoire chère à tous les Romains.

132. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp 23 juin 1825. […] Chateaubriand Ce n’est pas sur les grands événements de la Révolution que ces Mémoires peuvent jeter du jour ; ce n’est pas même sur des événements secondaires, non moins recherchés parce qu’ils sont moins connus, que portent les récits de l’auteur. […] Les Mémoires écrits de cette sorte pourraient atteindre à la dignité ou tout au moins à l’intérêt de l’histoire. […] La diction en est d’ailleurs correcte, élégante et souvent fleurie : M. de Dampmartin en effet cultivait les lettres même avant la Révolution, et la rédaction de ces Mémoires atteste une plume exercée.

133. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Ce livre qu’il déchiffrait et qu’il retouchait laborieusement était, disait-il, extrait des mémoires et des poésies d’une de ses aïeules, nommée Clotilde de Surville. […] Un vieil arpenteur du pays, accoutumé par état de déchiffrer les registres et les documents féodaux, l’assista dans ces recherches et lui remit dans les mains les mémoires et les poésies de Clotilde. […] Les mémoires furent égarés par lui ; on n’en a connu les principaux faits que par ses entretiens, et par les allusions dont ses poésies sont pleines. […] Aucune poésie moderne jusqu’à ce jour ne s’était si vite et si profondément gravée dans ma mémoire. […] Elles ont et elles garderont dans ma bibliothèque le rang qu’un souvenir garde dans ma mémoire et qu’une impression pathétique a dans mon cœur.

134. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 157-158

Il est Auteur d’un Mémoire [de 250 pages in-4°.] […] Amyot, Missionnaire à Pekin, dans des Mémoires qu’il a envoyés à M. […] En remontant jusqu’à la source primitive d’un systême de musique connu à la Chine depuis plus de quatre mille ans ; en approfondissant les principes sur lesquels ce systême appuie ; en développant ses rapports avec les autres sciences ; en déchirant ce voile épais qui nous a caché jusqu’ici la majestueuse simplicité de sa marche, ce Savant eût pénétré peut-être jusque dans le Sanctuaire de la Nature… Son Ouvrage nous eût peut-être fait connoître à fond le plus ancien systême de musique qui ait eu cours dans l’Univers [celui des Chinois] ; & en l’exposant avec cette clarté, cette précision, cette méthode qu’on admire dans son Mémoire, il eût servi comme de flambeau pour éclairer tout à la fois & les Gens de Lettres & les Harmonistes : les premiers, dans la recherche des usages antiques, & les derniers dans celle du secret merveilleux de rendre à leur Art l’espece de toute-puissance dont il jouissoit autrefois, & qu’il a malheureusement perdue depuis. »  

135. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

On sait qu’il y a deux ouvrages de l’abbé Le Dieu qui intéressent Bossuet : les mémoires, ou plutôt un mémoire composé par lui peu de jours après la mort du grand évêque, et à la demande de la famille, pour servir aux orateurs qui auraient à faire des éloges funèbres, et de plus un journal tout confidentiel et personnel. Le mémoire, conçu et commencé dans une intention toute particulière, mais bientôt, à mesure que l’auteur avançait et s’y développait, continué et composé réellement en vue du public, est fort utile et fort attachant. […] Quelques auditeurs ne lui cachaient pas leur surprise de trouver ces mémoires plus beaux et mieux écrits qu’on ne s’y attendait. […] Ces mémoires ont été très utiles en effet à tous ceux qui les ont consultés pour l’histoire de Bossuet, au cardinal de Bausset d’abord, à M.  […] Le Dieu, au contraire, en s’attachant aux actions de Bossuet (et à part les mémoires écrits pour la montre), n’a fait que compromettre, sans le vouloir, cette haute figure ; il lui eût fallu pour pâture d’observation un moins noble maître.

136. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M.  […] C’est la première fois qu’on rencontre des mémoires intimes et politiques sur cette période du xviiie  siècle, pour laquelle on n’avait jusqu’ici d’autre chronique curieuse que le journal tout parlementaire et bourgeois de l’avocat Barbier. […] J’en parlerai aujourd’hui avec plus de liberté que je ne l’avais fait précédemment, quand ses mémoires n’étaient que manuscrits et non exposés encore à la pleine lumière qui fait saillir tous les défauts. […] On devrait me faire honneur de cette invention, ce qui est bien aisé à prouver par mes lettres et mémoires sous le ministère de M.  […] Il avait écrit là-dessus un premier, puis un second mémoire, dans lesquels il proposait un plan de partage et concluait à l’établissement d’un équilibre italique dont la première condition était l’entière expulsion des Allemands.

137. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Mémoires de Gourville . […] Gourville commence ses Mémoires par nous dire naïvement en quelles circonstances il a eu l’idée de les écrire. […] Ainsi, ces Mémoires de Gourville, où il y a en général si peu de révérence et de sentiment de respect, débutent, comme tout ce qui s’écrivait alors, par un acte de dévotion envers le roi. […] C’est le seul endroit de ses Mémoires que Mme de Coulanges passait toujours quand elle les lisait. […] On a remarqué que Gourville, dans ses Mémoires, ne donne aucune place à ses aventures galantes.

138. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 502-504

Une conduite aussi ferme fait d’autant plus d’honneur à sa mémoire, qu’elle ne fut suivie d’aucune récompense, & que son infidélité, si elle avoït eu lieu, pouvoit être plus difficilement découverte. […] Ce dernier Ouvrage, qu’il a traduit du Persan, a beaucoup contribué à faire connoître dans l’Europe ce fameux Conquérant, sur lequel on n’avoit jusqu’alors que des Mémoires incertains ; mais ce en quoi M. […] On a aussi de lui des Lettres critiques, sur les Mémoires du Chevalier d’Arvieux, publiées sous le nom d’un Secrétaire de Mehemet Effendi, qui prouvent qu’il étoit très-digne de le remplacer ; avantage peu ordinaire aux enfans, qui n’ont pas toujours le bonheur d’hériter des talens de leur pere.

139. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

A moins d’avoir quelques traits originaux à ajouter aux siens, comme ont fait Lemontey et divers autres contemporains qui l’avaient vue, on n’a qu’à renvoyer, pour l’essentiel de sa personne, à ses délicieux et indispensables Mémoires. […] Dans les pages de ses Mémoires qu’elle y consacre, les émotions, vives encore, sont adoucies par la distance et fondues avec les jugements de date subséquente qui y interviennent : ici elle agit et pense jour par jour. […] Lanthenas, dont Mme Roland parle en ses Mémoires comme d’un amoureux peu exigeant, et qu’elle appelle en ses lettres le bon apôtre, l’était en effet, dans toute l’acception, même vulgaire, du mot. […] On a retrouvé et publié des lettres d elle qu’elle lui écrivait dans sa prison ; et enfin des passages supprimés d’abord, qu’on a rétablis récemment dans le texte de ses Mémoires imprimés, contiennent un aveu formel. […] On a quelquefois rapproché le nom de Mme Roland de celui de mistress Hutchinson, femme forte également, auteur de Mémoires qui ne sont ni très-amusants ni très-variés, mais solides et d’une saine lecture.

140. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Il en affiche effrontément les vrais motifs et se vante de ses cruautés, comme Montluc dans ses Mémoires. […] Né parmi les grands spectacles de la nature alpestre, élevé en Italie, saint François de Sales avait la mémoire remplie de toutes ces images de la grandeur et de la bonté de la Providence. […] Martin Du Bellay, mort en 1559. — Mémoires de 1515 à 1547, pour faire suite à ceux de son frère. […] Huit livres de Mémoires sous le titre d’Ogdoades. […] Mémoires de 1565 à 1587.

141. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Baron de Besenval, Mémoires, II, 206. […] Mme de la Rochejaquelein, Mémoires, 30. — Mme d’Oberkirch, II, 66. […] Mme de Genlis, Mémoires, ch. 2 et 3. […] Mme d’Oberkirch, I, 299  Mme de Genlis, Mémoires, chap.  […] Chateaubriand, I, 34  Mémoires de Mirabeau, passim  George Sand, I, 59, 76.

142. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Mémoires de Choisy. […] Mémoires de Saint-Simon. […] Mémoires de la Porte. […] Mémoires de Saint-Simon. […] Mémoires de Saint-Simon.

143. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

L’éloquence judiciaire est bien médiocre encore, bien verbeuse, bien prétentieuse, reflet tantôt pâle et tantôt criard des styles et des idées dont la littérature enivrait le public : et plutôt que de feuilleter les mémoires d’Élie de Beaumont, de Linguet, de Loyseau de Mauléon, des avocats de métier, on fera mieux de relire ce que Voltaire écrivit pour les Galas et ses autres protégés, ou les Mémoires de Beaumarchais, et les mémoires ou plaidoyers de Mirabeau dans le procès en séparation qu’il soutint contre sa femme : les écrits de ces avocats d’occasion sont les vrais chefs-d’œuvre de l’éloquence judiciaire. […] Il drape son éloquence sur d’excellents mémoires, très précis et très nourris. Ces mémoires n’ont pas toujours été préparés par lui. […] Et ce qu’il a dicté à Sainte-Hélène, ce sont des mémoires oratoires ; ces récits de ses campagnes et de ses victoires sont de l’histoire tout juste comme le tableau de la politique athénienne dans le Discours pour la Couronne, de l’histoire arrangée pour persuader. […] , Paris, 1819, 2 vol. in-8. — A consulter : Lucas Montigny, Mémoires de Mirabeau (cf. p. 719. n.

144. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

C’est chez lui, c’est dans son quatrième Mémoire contre Goëzman (février 1774), qu’il faut relire cet incomparable récit où le talent vient tout mouvoir et tout animer. […] C’est, dis-je, de cette extrémité d’oppression et d’abattement que Beaumarchais se relève et qu’il se remet en campagne la plume à la mainc, s’adressant cette fois par quatre Mémoires consécutifs à l’opinion et au public, qu’il a l’art de saisir et de passionner. […] … » Tout cela était loin de nuire alors à l’effet de ces Mémoires, mais c’en est aujourd’hui la partie faible, un peu déclamatoire et déjà passée. […] Un des plus célèbres morceaux est au début du quatrième Mémoire, quand, par une prosopopée hardie, l’auteur, l’orateur se suppose dans un colloque avec Dieu, « avec l’Être bienfaisant qui veille à tout », comme on disait alors. […] Cette aimable Dauphine, image mobile de la nation, arborait en quelque sorte la cocarde même de Beaumarchais par une coiffure dite à la Ques-aco, ainsi nommée d’une des plaisanteries des Mémoires.

145. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

Cependant l’incalculable petitesse et la prodigieuse insignifiance numérique de cet atome, comparé à l’immensité de l’espace et au nombre des mondes qui le peuplent, devrait donner quelque mépris aux hommes et aux peuples qui s’acharnent à s’en disputer des surfaces inaperçues, ou à se créer sur ce néant d’espace et de temps ce qu’ils appellent des mémoires éternelles. […] La littérature est l’expression mémorable, c’est-à-dire digne de mémoire, de l’esprit humain. […] Mais Dieu, dans un dessein que nous ne pouvons pas connaître, a donné des bornes à la mémoire des hommes comme à toute chose ici-bas. De même qu’il y a un horizon d’espace au-delà duquel la vue se trouble et n’aperçoit plus rien, de même il y a un horizon de temps au-delà duquel la mémoire des peuples semble condamnée à ne pouvoir jamais remonter. […] Des peuples nouveaux recommencent à penser, à parler, à écrire des choses dignes de mémoire.

146. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

On a pu lire dans les Mémoires de la baronne d’Oberkirch quelle était l’attitude du cardinal en présence du charlatan habile qui le fascinait. […] Mais quand le procès éclata, lorsque Mme de La Motte fit ses mémoires et factums, lorsque Cagliostro co-accusé lui opposa les siens, une chose est pour nous remarquable : c’est combien chacun évita d’inculper ce jeune secrétaire et de le compromettre. […] En effet, celle du savant, celle du conquérant même, est peu de chose auprès ; la mémoire de l’un et de l’autre expire dans le gouffre des siècles que le poète franchit : sans Homère, il n’y aurait plus de Troie, et de tout son siècle il ne reste rien que lui-même. […] [NdA] Sur ces relations de Ramond avec Cagliostro, on peut lire les Mémoires de l’abbé Georgel (édition de 1820, t.  […] [NdA] Je ne vois pas que Ramond soit nommé dans les Mémoires et la Correspondance de Jefferson, ce qui n’est pas étonnant, Ramond n’étant point alors un personnage en vue.

147. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

  Cela est d’autant plus facile aujourd’hui que les Mémoires du comte de Senfft ont récemment paru rédigés en français et publiés à Leipsick38. […] C’est à elle que, dès l’année 1814, dans un intervalle d’inaction et de retraite, au bord du lac de Constance, il adressait les Mémoires que nous lisons avec cette touchante dédicace : « À LOUISE. […] Vous ne retrouverez dans ces Mémoires que les principaux événements de notre vie commune : vous y verrez des erreurs que vous m’avez pardonnées, des mécomptes que vous avez prévus, et si votre nom ne s’y rencontre que rarement, vous savez qu’en écrivant les lignes qui suivent, votre pensée n’a pu me quitter un seul instant. » J’avoue que dans les Mémoires qui nous sont donnés, je ne vois pas trace d’erreurs dans le sens où on le pourrait supposer, dans le sens malin et français ; je n’y vois que des mécomptes. […] Ces Mémoires sont destinés à en tenir lieu. […] Mémoires du comte de Senfft, ancien ministre de Saxe (18061813) ; Leipsick, 1863.

148. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Mardi 12 janvier 1869 Écrire la vie de M. de Talleyrand n’est guère chose possible, et je ne crois pas que la publication de ses Mémoires tant désirés et tant ajournés, si elle se fait jamais, y aide beaucoup. Acteur consommé, M. de Talleyrand, plus encore qu’aucun autre auteur de Mémoires, aura écrit pour colorer sa vie, non pour la révéler ; s’il avait l’à-propos en tout et savait ce qu’il faut dire, il savait encore mieux ce qu’il faut taire. Les rares privilégiés qui ont entendu quelques parties de ces fameux Mémoires ont paru surtout enchantés et ravis d’un récit de première communion (la première communion de M. de Talleyrand !) […] J’ai entre les mains un mémoire dont on a pu trouver un double dans les papiers de Danton. […] — Comment M. de Talleyrand avait-il pu écrire des mémoires à Danton et cependant être venu en Angleterre, simplement dans le dessein d’y chercher le repos ?

149. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Mais il y a ici cette différence que la poésie seule s’est chargée de la tradition d’Andromaque et d’Hécube, et qu’on n’a pas les mémoires de la cour de Priam, au lieu qu’on a ceux de la cour de Louis XVI, et qu’il n’y a pas moyen de n’en pas tenir compte. Que disent ces mémoires sur Marie-Antoinette ? Je parle des mémoires véritables et non des libelles. […] Aujourd’hui encore, lorsqu’on veut citer quelque témoignage qui donne à penser contre Marie-Antoinette, le témoignage de quelqu’un qui compte, c’est dans les Mémoires du baron de Besenval qu’on le va chercher. […] Mais j’ose conjecturer que la publication de ces pièces confidentielles, si elle a lieu un jour, ne fera que confirmer l’idée que la réflexion et une lecture attentive des mémoires peuvent donner dès à présent.

150. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

(Mémoires, édition Champollion.) […] Je voudrais revenir sur le cardinal de Retz et sur ses Mémoires, dont j’ai déjà parlé une fois43. […] Ne nous en tenons pas au début des Mémoires de Retz comme beaucoup de gens le font : allons plus avant et suivons l’habile factieux au-delà de cette lune de miel de la Fronde. […] Enfin, chaque page des Mémoires de Retz nous confirme cette vérité, « que le plus grand malheur des guerres civiles est que l’on y est responsable même du mal que l’on n’y fait pas ». […] Un de ses conseillers et domestiques, brouillé avec lui, Gui Joly, a donné là-dessus, dans ses Mémoires, des détails honteux, qui peuvent être très vrais quant aux faits matériels, mais qui sont faux en ce qu’ils sont uniquement bas et que Retz ne l’était point.

151. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Je n’ai pas de mémoire pour retenir un vers alexandrin, mais je n’oublie pas une syllabe de mes états de situation. […] Roederer a donné son Mémoire, combien d’écrivains n’ont-ils pas recommencé l’histoire de l’hôtel de Rambouillet ou de quelques-unes des héroïnes qui y figurent ! […] [NdA] Mémoires d’économie publique, de morale et de politique, t.  […] [NdA] Les Mémoires du roi Joseph (1853) font mention fréquemment de Roederer. […] Dans ses Mémoires qu’on a récemment publiés (1866), il ne dissimule nullement cette sorte d’antipathie de nature et cette discordance de ton (t. 

152. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

C’est du moins ce qu’on pourrait conjecturer en écoutant Tilly dans ses Mémoires. […] Que M. de Meilhan, naufragé comme eux, les personnifie du moins et les résume honorablement dans la mémoire ! […] Ces Mémoires de Richelieu, qu’on annonçait en 9 volumes, n’auraient certes pas ressemblé à la publication indigeste et sans goût que Soulavie a donnée sous le même titre et avec la même étendue. […] Ces pièces sont également entre vos mains, et vous avez toutes les dépêches, tous les mémoires de la main de mon père et toutes les lettres originales. […] Celui des Mémoires d’Anne de Gonzague est pour vous comme pour moi un excellent présage.

153. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Quand Maurice de Saxe s’avisa de commencer ses Mémoires, trop tôt interrompus, c’était dans les premiers mois de 1724 : il n’avait que vingt-sept ans ; il était à Paris, et se trouvait dans un de ces intervalles d’oisiveté et d’ennui, comme il en eut souvent dans son active et dévorante existence. […] On n’a là qu’un projet et un préambule de Mémoires sans suite et d’assez peu d’importance. […] C’est dans un autre ouvrage de lui, Mes Rêveries, qu’on trouverait de quoi suppléer (et très incomplètement encore) à ces trop courts Mémoires par quelques anecdotes et souvenirs qu’il y a fait entrer à l’occasion. […] III, pape 182, du Recueil des Lettres et Mémoires publiés par Grimoard ; il parle de nous dans le même sens avec une part d’éloges, mais très librement sur les défauts. — Dans les Mémoires de Rochambeau (tome I, pages 53, 121, on voit que les armées françaises, à cette époque, étaient fort peu manœuvrières : aussi le maréchal de Saxe « aimait-il à réduire les batailles rangées à des attaques de postes, auxquelles il croyait notre infanterie plus propre qu’à des mouvements réguliers en plaine. » 15. […] Saint-René Taillandier (page 350): elle avait été donnée primitivement dans cet excellent et copieux Recueil où tout le monde a puisé, Lettres et Mémoires du maréchal de Saxe (cinq volumes, publiés à Paris en 1791, par le général de Grimoard, un éditeur modeste éclairé, utile, et qui en tout ceci l’on doit beaucoup sans peut-être assez le dire.

154. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

. — Mémoire politico-militaire. — Campagne de Pologne. — Jomini à Eylau. […] À la suite de ces discussions contradictoires, Jomini profita d’une absence du maréchal en congé à Paris, pour écrire et lui adresser un mémoire confidentiel, à la date du 15 septembre 1806 : Observations sur la probabilité d’une guerre avec la Prusse, et sur les opérations militaires qui auront probablement lieu. […] Toujours est-il que ce mémoire mi-parti politique, mi-parti militaire, d’un examen serré et approfondi, présageait l’ensemble des opérations stratégiques qui allaient être dirigées par Napoléon le mois suivant contre l’aile gauche des forces prussiennes. […] Napoléon, d’ailleurs, avait l’œil sur Jomini au même moment, non pas que Ney lui eût communiqué le mémoire de son aide de camp ; mais on allait combattre les Prussiens, et Jomini avait étudié à fond dans son livre la méthode et la tactique du grand Frédéric et de ses lieutenants : il pouvait être bon à entendre et à employer. […] Son mémoire fait, il s’en ouvrit au général Bertrand, qui l’encouragea à le remettre et lui dit en lui serrant la main : « Vous rendrez un grand service à l’armée aussi bien qu’à l’Empereur. » Jomini remit la pièce aux mains de l’huissier du cabinet.

155. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 241-244

Rien de plus original, ni de mieux écrit que ses Mémoires contre M. […] N’eût-il fait que ce Mémoire, M. de Beaumarchais mériteroit de figurer dans le petit nombre des Gens de Lettres qui, au mérite d’écrire avec autant de clarté que de corrections, réunissent le talent de nourrir la curiosité du Lecteur, par un style aussi varié que piquant. On a dit que les Comédies de cet Auteur étoient moins comiques que ses Mémoires : ce qui est certain, c’est que le succès soutenu de son Eugénie ne peut s’attribuer qu’au goût stupide du siecle pour les Comédies dolentes.

156. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Gibbon se pique de prouver que l’érudition bien comprise n’est pas une simple affaire de mémoire, et que toutes les facultés de l’esprit n’ont qu’à gagner à l’étude de l’ancienne littérature. […] Une imagination plus forte qu’aimable ; une mémoire vaste et qui retient tout. […] Dans tout ce que j’ai dit, je n’ai fait qu’extraire et resserrer ses Mémoires : j’ai seulement tâché d’en présenter une épreuve un peu plus fraîche et plus marquée, à l’usage du moment. […] Garat, qui n’avait pas cette crainte ni cette précaution, et dont la plume se permettait déjà bien des fantaisies à la mode de notre temps, a fait, au tome II de ses Mémoires sur M.  […] Madame Brown est l’auteur de la découpure qui se voit en tête des Mémoires.

157. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

. — C’est par cette petite historiette républicaine que s’ouvrent les mémoires de cour du baron de Besenval. […] L’humeur se joignant à la vérité, sa mémoire fut ternie, et sa réputation mise à sa véritable place. […] Avec de l’esprit, du brillant, de la mémoire et des connaissances assez étendues, il ne fit guère que du mal76. […] Mme Campan, dans ses mémoires, a donné sur ce point un éclaircissement qui, si on l’accepte, ne laisserait rien à désirer. […] L’inconvénient de ce qu’on appelle les mémoires de Besenval, à la lecture, est d’être décousus, de n’offrir que des chapitres morcelés et qui ne se suivent pas.

158. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

L’historien du Consulat et de l’Empire a tracé lui-même un tableau qui est dans toutes les mémoires. […] Lisez les Mémoires de ceux qui s’en vantent. […] Mémoires de M. l’abbé Liautard ou Fragments inédits, politiques et religieux, traitant, de l’autel et du trône, etc. ; recueillis et mis en ordre par M. l’abbé A. […] Voir au tome neuvième, page des Mémoires de M. de. […] Voir pages 237, 300, tome IX, de ces mêmes Mémoires du duc de Doudeauville (l’ancien vicomte Sosthènes de La Rochefoucauld).

159. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Sa vie publique, fort bien digérée, fort judicieusement présentée par l’abbé Millot, et avec accompagnement de pièces originales, a rempli des volumes dits Mémoires de Noailles, qui se lisent avec instruction et ne sont pas sans intérêt. […] Celle du maréchal, dans ces Mémoires, est d’un seul ton, tout imposante, tout honnête et vertueuse. […] Le Noailles des Mémoires et le Noailles de la Correspondance avec Louis XV ne se ressemblent en aucune façon : comment se ressembleraient-ils ? […] Et que l’on croie, après cela, aveuglément aux paroles écrites du duc de Noailles, et que l’on s’en tienne aux belles protestations enregistrées dans ses Mémoires. […] Camille Rousset, indépendamment de ceux qu’il publie, nous parle d’autres mémoires encore du maréchal, ou dressés par ses soins, notamment sur les finances, qu’il estime des mieux faits et des plus instructifs par les exposés qu’ils renferment.

160. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Mémoires de Casanova de Seingalt. […] Ce Vénitien, issu de sang espagnol, qui compte dans sa généalogie force bâtards, religieuses enlevées, poètes latins satiriques, compagnons de Christophe Colomb, secrétaires de cardinaux, et une mère comédienne ; ce jeune abbé, qui débute fraîchement comme Faublas et Chérubin, mais qui bientôt sent l’humeur croisée de Lazarille et de Pantalon bouillonner dans sa veine, qui tente tous les métiers et parle toutes les langues comme Panurge ; dont la vie ressemble à une comédie mi-partie burlesque et mi-partie amoureuse, à un carnaval de son pays qu’interrompt une atroce captivité ; qui va un jour visiter M. de Bonneval à Constantinople, et vient à Paris connaître en passant Voisenon, Fontenelle, Carlin, et être l’écolier du vieux Crébillon ; ce coureur, échappé des Plombs, mort bibliothécaire en un vieux château de Bohême, y a écrit, vers 1797, à l’âge de soixante et douze ans, ses Mémoires en français, et dans le meilleur et le plus facile, dans un français qu’on dirait naturellement contemporain de celui de Bussy. […] rien moins que l’évêque d’Avranches, Huet, dans les Mémoires écrits durant sa vieillesse. […] à ceux qui entendent raillerie de la sorte, qui l’entendent comme Huet, comme Christine, comme Saumaise, Ménage et Lamonnoie, nous croyons pouvoir, sans rien compromettre, parler des Mémoires de Casanova ; nous ajouterons pourtant, de peur que l’anecdote citée tout à l’heure ne fasse équivoque, que mesdemoiselles de Sparre ne doivent en lire aucun passage ni haut ni bas. […] « Son vice, comme tous les miens, dit l’auteur des Mémoires, doit aujourd’hui être mort de vieillesse. » Élevé d’abord chez sa grand-mère maternelle, qui s’appelait Marzia, soumis par elle, dans une maladie qu’il fit, à toutes les superstitions populaires et aux pratiques occultes de la magie, il y prit, sans trop y croire, un avant-goût de cette disposition à la cabale et aux enchantements, qui fut quelquefois une de ses ressources en ce siècle de Cagliostro.

161. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

En psychologie, le nom du Dr Laycock reste surtout attaché à la théorie de la cérébration inconsciente, exposée par lui, dès 1838, dans un journal médical d’Edimbourg ; puis, avec plus de développement, dans son Mémoire Sur l’action réflexe du cerveau (1844). […] Les théories sur l’activité inconsciente ou préconsciente, sur les résidas indestructibles considérés comme phénomènes fondamentaux de la mémoire, sur la statique et la dynamique des idées, sont d’importation allemande. […] Sa méthode est double : elle étudie les phénomènes psychologiques, subjectivement, au moyen de la conscience, de la mémoire et du raisonnement ; objectivement, au moyen des faits, signes, opinions et actions qui les traduisent. […] Les faits de conscience ayant la propriété de durer, de laisser leur trace, et de réapparaître, de là résultent la mémoire et l’imagination. […] Il a aussi traité cette question dans son Traité des Maladies nerveuses des femmes (1840) et dans son opuscule sur les désordres organiques de la mémoire, 1874.

162. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

On a trouvé le néant au fond de tant de choses, que les ivresses sont difficiles… À cet âge tristement viril, quand on parle de courtisanes, quand on se tache les doigts à cette poussière légère que toute la sainteté de la mort ne peut sauver des profanations de la vie, il faut le faire en moraliste et en observateur, non pour glorifier des mémoires trop heureuses, selon nous, de couler à fond dans l’oubli, mais pour prendre le niveau moral d’un pays ou d’une époque et mesurer le vice de tout le monde à la taille de celles qui l’ont inspiré. […] Les Grecs — peuple tout extérieur — n’ont point laissé de mémoires, et leur individualité, qui ressemble à leurs statues, ne se voit qu’à la place publique et sous les draperies d’un art et d’un mensonge qui ne les abandonnent jamais. Un homme plus savant sur la Grèce que Debay, malgré son séjour dans le Péloponèse, et dont le talent a pour caractère distinctif une sagacité redoutable, Prosper Mérimée, a regretté quelque part, avec le sentiment d’une curiosité indigente et trompée, cette absence de mémoires, qui nous enlève d’un seul coup la moitié du monde grec sans espoir de la retrouver, et précisément la moitié dans laquelle se produisaient, en se variant, l’influence et l’action des courtisanes. […] Et elle ne l’a pas dit seulement parce qu’elle n’a pas laissé de mémoires, mais pour une raison bien meilleure encore. […] Seulement, moins heureux dans tout ce qui tient à l’appréciation de l’intelligence qu’à l’appréciation de la moralité du caractère, Chateaubriand a trop consacré une réputation d’esprit dont il n’était pas juge ; car, dans ses Mémoires, on se rappelle comment il a traité Rivarol.

163. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Francis Wey nous devait (il nous la doit toujours) la contrepartie d’Hamilton, qui, lui, Anglais de pied en cap, a été si complètement et si adorablement Français dans les Mémoires de Grammont. […] Il fallait lui retourner, pour ses Mémoires du comte de Grammont par un Hamilton, les Mémoires d’un Hamilton par un comte de Grammont, et même je dispensais le Grammont en question de parler anglais ! Eh bien, nous n’avons eu, au lieu de cette chimère caressée, que les Mémoires de Dick Moon 22 par Francis Wey, qui est un homme d’esprit, mais d’un esprit très français, incommutablement français ! […] Lui digère très bien et très vite, porte légèrement les choses vastement absorbées ; digestion leste, mémoire leste, esprit leste, par suite d’un estomac intellectuel très bon.

164. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Son mémoire n’a pas eu le prix qu’il visait. […] Armand Hayem, malgré tout son respect pour le danseur qui l’a jugé, en a appelé au public, et il a publié son mémoire, dont il a fait un livre, sous le titre métaphysique et hardi de l’Être social. […] Seulement ce défaut capital pour nous, gens de tradition et qui ne croyons qu’à l’Histoire, doit être pour l’Académie des sciences morales et politiques une triomphante qualité du mémoire qu’elle aurait dû couronner si elle avait vu clair. […] Ils n’ont pas vu que l’auteur du mémoire parlait leur langue et la parlait aussi bien qu’eux. […] Et quand il s’agit de se prononcer sur la valeur du système représentatif qui règne à présent sur le monde, Armand Hayem, qui sera quelque jour un homme politique, se dérobe une fois de plus, si bien qu’en résumé et partout, sur toutes les questions, son Mémoire, fait pour une académie devant laquelle il savait bien qu’il parlait et dont il a fait un livre après coup, n’est absolument rien de plus qu’une vaste pierre d’attente à base tremblante, et pourrait s’appeler, pour la peine de l’avoir écrit, la philosophie et la politique de l’ajournement.

165. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Ma mémoire des lieux, qui est étonnante et cruelle à la fois, ne m’avait pas laissé oublier une seule pierre. […] Les yeux ont leur mémoire : ce sont les images. […] Je me représente ne faisant plus rien, hors quelques pages de mes Mémoires, et appelant de toutes mes forces l’oubli, comme jadis j’ai appelé l’éclat. […] Les passages les plus risqués de ces manuscrits un peu délateurs ont été adoucis ou retranchés dans les Mémoires d’outre-tombe : il ne faut pas fondre en bronze des caricatures, mêmes royales. […] On ne saurait trop remercier la nièce attentive de madame Récamier de les avoir recueillis ; ils sont mille fois plus précieux que les correspondances rhétoriciennes des Mémoires d’outre-tombe.

166. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Joignez que sa puissance de travail, d’attention et de mémoire est prodigieuse. […] L’auteur des Mémoires est une femme dédaignée et qui se venge. […] Et quand même ici cette malignité aurait raison, s’ensuit-il nécessairement que les Mémoires de cette aimable femme soient une œuvre de rancune longuement recuite ? […] Enfin, qu’on ne dise point que, écrivant ses Mémoires sous la Restauration, elle devait être plus dure pour celui qui avait été son maître. […] Mais pourquoi ne serait-elle pas également sincère dans ses Mémoires ?

167. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 56-59

Dans ses Mémoires contre les prétentions du Parlement de Metz, il a défendu avec tant d’énergie & de solidité les droits & les priviléges de son pays, qu’il a porté le Gouvernement à les reconnoître & à les lui conserver. La multitude de connoissances historiques que ces Mémoires supposent, l’art avec lequel l’Auteur les a mises en œuvre, l’ordre & la sagacité qui regnent dans ses discussions, font regretter qu’il n’ait pas entrepris d’écrire l’Histoire de la Lorraine. […] L’Eloge lui en tiendra lieu, & nous ne craignons pas d’ajouter que ce monument historique, gravé dans la mémoire des Lorrains, est encore plus flatteur, & ne sera pas moins durable que le marbre & l’airain, pour nous servir de l’expression d’Horace.

168. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

À beaucoup de pénétration il joignait une grande justesse de jugement, une mémoire excellente, des vues élevées et de vastes conceptions. […] Sa mémoire est riche en images que son imagination embellit ; son discours est plein d’enthousiasme ; il ne récite pas, mais il peint. […] Les mémoires de Vicq d’Azyr lui ouvrirent les portes de l’Académie des sciences dès 1774, et il recevait vers le même temps le bonnet de docteur de la faculté de Paris. Ici, et sans plus m’astreindre à le suivre dans les divers embranchements de sa carrière scientifique, j’arrive au grand fait et à l’institution qui recommande surtout sa mémoire. […] Poissons disséqués, mémoires, lauriers académiques.

169. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Mémoires de l’Impératrice Catherine II. […] Il y aurait un article facile à faire sur ces Mémoires de Catherine, et c’est celui que je ne ferai pas. […] Ses Mémoires, écrits en français, commencent à l’année qui précéda son mariage (1744), et la copie qu’on en a s’arrête malheureusement un peu avant son avènement au trône. […] Les Mémoires l’apprennent assez clairement. […] » Ses Mémoires montrent qu’elle ne lui faisait pas en cela un pur compliment, et qu’elle ne lui disait que la vérité.

170. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Ses Remarques Littéraires & Critiques sur les Bibliotheques de la Croix du Maine & du Verdier, ses Mémoires historiques sur la vie & les Ouvrages de la Monnoye, offrent des traits fréquens de zele & de réclamation contre les attentats de la Philosophie. Il n'est pas jusqu'à son petit Mémoire * pour l'âne de Jacques Féron, plaisanterie ingénieuse & écrite avec beaucoup d'agrément, où nos Philosophes ne soient poursuivis par des saillies très-humiliantes pour leur amour- propre. […] Ce Mémoire, souvent réimprimé, parut pour la premiere fois en 1750.

171. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Nous les avons portraiturés, ces hommes, ces femmes, dans leurs ressemblances du jour et de l’heure, les reprenant au cours de notre journal, les remontrant plus tard sous des aspects différents, et, selon qu’ils changeaient et se modifiaient, désirant ne point imiter les faiseurs de mémoires qui présentent leurs figures historiques, peintes en bloc et d’une seule pièce, ou peintes avec des couleurs refroidies par l’éloignement et l’enfoncement de la rencontre, — ambitieux, en un mot, de représenter l’ondoyante humanité dans sa vérité momentanée. […] Le manuscrit tout entier, pour ainsi dire, est écrit par mon frère, sous une dictée à deux : notre mode de travail pour ces Mémoires. […] Ces mémoires sont absolument inédits, toutefois il m’a été impossible de ne pas à peu près rééditer, par-ci, par-là, tel petit morceau d’un roman ou d’une biographie contemporaine qui se trouve être une page du journal, employée comme document dans ce roman ou cette biographie.

172. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Les mémoires de Bussy-Rabutin présentent l’étrange tableau du roi faisant à la fois la désolation de la reine par les honneurs publics décernés à madame de La Vallière, et celle de madame de La Vallière par la faveur secrète accordée à madame de Montespan. […] Les mémoires de mademoiselle de Montpensier nous apprennent que jusqu’à la mort de la reine-mère, arrivée le 20 janvier 1666, « le roi avait gardé quelques mesures de secret sur son amour pour madame de La Vallière, pour ne point donner de chagrin à la reine-mère ; mais que quand il fut hors de cette appréhension, cette affaire devint publique » ; et Mademoiselle ajoute que dans ce temps-là… madame de Montespan, qui était une des dames de la reine, « commença à aller chez madame de La Vallière, qui était ravie de la voir chez elle pour amuser le roi. » C’est cet amusement du roi qui commença l’intrigue dont Bussy-Rabutin raconte si bien l’origine. Les mémoires de mademoiselle de Montpensier nous apprennent plus loin que, dans le commencement de la campagne de Flandre, au mois de mai 1667, le roi étant en marche pour l’armée, accompagné de la reine, de mesdames de Montespan et de La Vallière, dames de la reine, et d’elle, Mademoiselle, on s’arrêta trois jours dans une ville dont le nom est resté en blanc, et que là s’établit la liaison intime du roi et de madame de Montespan, Mademoiselle explique très distinctement la disposition qui fut faite pour assurer la communication secrète de l’appartement du roi à la chambre de madame de Montespan, et la manœuvre de l’un et de l’autre pour se trouver ensemble le plus longtemps qu’il était possible. […] En effet, on voit bientôt, dans la suite de ses mémoires, le marquis de Montespan se déchaîner contre sa femme et contre le roi. […] On lit dans les mémoires de Montpensier « qu’immédiatement après la mort de Madame (le 20 juin 1670), le roi et la reine allèrent à Saint-Cloud pour jeter de l’eau bénite sur le corps de Madame ; de là au Palais-Royal pour rendre visite à Monsieur.

173. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Et eux qui se vantent, dans leur préface, d’avoir plongé si avant dans l’histoire et fouillé tant de documents, ont-ils donc été dupes à ce point des prétentions impertinentes et des mémoires du xviiie  siècle ? Car c’est le xviiie  siècle et ses mémoires, ne nous y trompons pas ! […] Des mémoires dont nous avons déjà parlé, les Mémoires de la Baronne d’Oberkirch 15, tant d’autres oubliés dans la chiffonnière de nos grand’mères et de nos tantes, ne laissent sur ce point aucun doute. […] Mémoires politiques et littéraires (Les Œuvres et les Hommes.

174. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Les Mémoires de M.  […] On dirait très bien de quelqu’un dont la tête faiblit et qui ne gouverne plus bien sa mémoire : « Il n’a que des réminiscences, il n’a plus de souvenirs. […] Coulmann à ses Mémoires est donc assez impropre, à moins qu’il n’ait voulu se critiquer légèrement lui-même. […] Voici pourtant une page des Mémoires, sur les invasions étrangères, qui me semble aussi bien pensée que bien écrite. […] Lord Byron, dans cette lettre, rectifie les idées fausses que les biographes français donnaient de ses parents, et il se montre, en homme vraiment délicat, plus attentif à ce qui intéresse la mémoire de son père qu’à sa réputation propre.

175. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière Tout revient donc là : habituer l’esprit à réfléchir, à penser sans cesse, lui donner de la pénétration : de sorte que rien ne lui soit insignifiant, que tout ce qu’il aperçoit éveille en lui quelque idée ; que ses idées soient dans un perpétuel mouvement, au lieu de se déposer dans un coin de la mémoire, pour y dormir comme de vieux papiers dans la poudre des archives ; qu’elles se heurtent, s’associent, se groupent, se multiplient par leur incessante activité ; qu’elles se renouvellent au contact des impressions récentes, s’agrandissent, se modifient. […] Il suffira de quelques conseils bien simples, bien évidents pour former le style ; quand l’esprit saisit bien, quand le cœur sent bien, quand on a échappé à la tyrannie paresseuse de la mémoire, on n’écrit jamais mal et l’on est tout près de bien écrire. […] N’allez pas croire qu’il lui suffise de connaître la mythologie et le poème du Tasse pour écrire la fameuse lamentation sur ses arbres abattus ; une mémoire d’écolier aurait teinté le sentiment de pédantisme, et tout était gâté.

176. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

. — Ses Mémoires. […] Ce que d’Alembert avait copié deux fois de sa main pour le garder de toute fraude, s’est tourné contre sa mémoire. […] — Chateaubriand tel que l’a fait la politique. —  Ses Mémoires. […] Mémoires d’outre-tombe. […] Mémoires d’outre-tombe.

177. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Mais sans donner de la conscience une définition qui serait moins claire qu’elle, je puis la caractériser par son trait le plus apparent : conscience signifie d’abord mémoire. La mémoire peut manquer d’ampleur ; elle peut n’embrasser qu’une faible partie du passé ; elle peut ne retenir que ce qui vient d’arriver ; mais la mémoire est là, ou bien alors la conscience n’y est pas. […] Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix. […] D’une part, nous voyons une matière soumise à la nécessité, dépourvue de mémoire ou n’en ayant que juste ce qu’il faut pour faire le pont entre deux de ses instants, chaque instant pouvant se déduire du précédent et n’ajoutant rien alors à ce qu’il y avait déjà dans le monde. D’autre part, la conscience, c’est-à-dire la mémoire avec la liberté, c’est-à-dire enfin une continuité de création dans une durée où il y a véritablement croissance — durée qui s’étire, durée où le passé se conserve indivisible et grandit comme une plante, comme une plante magique qui réinventerait à tout moment sa forme avec le dessin, de ses feuilles et de ses fleurs.

178. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

Ce n’est pas par ces deux nouveautés qu’il a mérité l’estime du Public, mais par des Mémoires sur les Gaules, remplis d’excellentes recherches, qui ont été d’un grand secours aux Historiens postérieurs. Son Histoire générale de France depuis Pharamond jusqu’à Louis XIII, est fort inférieure à ses Mémoires. […] Après avoir donné plusieurs Ouvrages utiles sur des matieres de Jurisprudence & d’Administration, il a publié des Mémoires historiques, qui lui assurent le droit de figurer parmi les Littérateurs estimables de ce siecle.

179. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

De même, il exagère, avec Condillac, l’influence de la parole sur la mémoire ; il la dit une fois nécessaire pour l’exercice de la mémoire active 84 ; puis, revenant sur cette question, il ne parle plus que de sa très grande utilité pour la mémoire tant active que passive85 [ch. […] Et la mémoire visuelle, en général, n’est-elle pas, chez certains hommes qui se donnent la peine de la cultiver, plus distincte et plus docile que chez le philosophe ou l’orateur ? […] Théorie de la mémoire (1866), p. 194. […] Antoine Gratacap, Théorie de la mémoire, thèse pour le doctorat présentée à la Faculté des Lettres de Paris, Montpellier, Impr. […] Il publie en 1877 un petit mémoire De l’alphasie, observation d’hémiplégie gauche avec perte absolue de la parole, guérison.

180. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

L’auteur y a concentré heureusement, dans l’intérêt de la vérité historique, agrandie par son propre effort, à lui, et par sa recherche, les deux livres modernes qui ont versé le plus de jour sur les hommes et les faits d’une époque qu’il retrace à sa manière, je veux dire les Mémoires de Mignet sur la succession d’Espagne, et les Mémoires militaires du général Pelet, aussi intéressants que les premiers, mais moins connus. […] comme nous avons tous vécu plus ou moins intimement depuis notre enfance avec les grands hommes de ce temps, le mieux connu de tous parce qu’il est le plus glorieux de nos Annales ; comme jamais époque ne produisit plus de ces Mémoires personnels qui sont les fruits des civilisations avancées, nous avons peine à reconnaître, malgré la fidélité des portraits, dans cette clarté sagement distribuée de l’histoire, les hommes que nous avons contemplés sous une lumière ardente et rapprochée, à travers cette lentille de cristal brûlant des Mémoires. […] Alors on sent profondément ce que sont les Mémoires, même les plus passionnés, même les plus suspects, pour la complète intelligence de la réalité historique, et on conçoit nettement tout ce qui manquerait si on ne les avait pas.

181. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

André d’Ormesson, qui écrit la vie de son père d’un style si sain et dans cet esprit de bon sens, dans un sentiment si vrai d’onction domestique, était assez lettré ; il avait étudié au collège du Cardinal-Lemoine et au collège de Navarre ; il a pris soin de donner la liste des auteurs classiques qu’il avait expliqués dans sa jeunesse ; il les revoyait de temps en temps pour s’en rafraîchir la mémoire, et aimait à en citer des passages jusqu’à la fin de sa vie. […] À défaut d’une grande étendue et élévation d’esprit, on doit le vénérer pour l’intégrité et sainteté de sa vie ; un sentiment moral, profond, respire dans ses mémoires inédits, trop prolixes et trop informes pour être publiés en entier ; M.  […] Les inconvénients inhérents à cette forme d’écrits, et qui la rendent inférieure en intérêt aux mémoires, sont évidents : un journal, comme son titre l’indique, va et procède au jour le jour ; il dit ce qu’il peut, il ramasse ce qu’il rencontre ; il se répète à satiété, il tâtonne, il se rétracte. Le seul avantage du journal sur les mémoires, est d’être plus complet et plus sûr, plus véridique ; je parle des mémoires qu’on écrit tard, sans notes prises dans le temps même et de pur souvenir. […] Rien assurément ne ressemble moins à ses Mémoires que le Journal de d’Ormesson ; l’auteur n’a pas songé une seule fois à être piquant.

182. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Le goût des— lecteurs y poussait : les médiocres romans historiques que donnent les imitatrices de Mme de la Fayette497, les méchants mémoires apocryphes que fabrique Sandras de Courtilz498, plaisent par l’apparence vraie, par la prétention d’être vrais, par la conformité des faits qu’ils racontent avec les faits communs de la vie réelle, et même avec les faits particuliers de l’histoire. […] Mme de Tencin, Mémoires du comte de Comminges ; le Siège de Calais ; Anecdotes de la cour d’Édouard II. […] Les Intrigues amoureuses de la France ; les Mémoires du marquis de Montbrun, et surtout les fameux Mémoires de M. d’Artagnan, d’où sont sortis les Trois mousquetaires. Au même genre doivent se rapporter les Mémoires de la comtesse de M***, par Mme de Murat. […] Son premier roman commença à paraître en 1728 : Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde, autobiographie romancée ; puis en 1732, Cleveland ; en 1735, le Doyen de Killerine.

183. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VI, « Le Mariage de Figaro » »

Beaumarchais : l’homme : les Mémoires contre Goëzman. — 3. […] Il semblait un homme fini : il se relève par quatre merveilleux Mémoires, qui « sont des chefs-d’œuvre d’adresse et d’audace, de dialectique, d’ironie, de toutes les sortes d’esprit. Je ne veux pas écraser cette jolie chose sous le souvenir des Provinciales : la disproportion est trop forte, et la gaieté des Mémoires a plus de mousse que de corps ; ils manquent par trop d’intérêt universel et humain. […] L’effet des Mémoires fut immense. […] Dauban, Paris, in-8, 1864 ; (Mémoires).

184. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le surintendant Fouquet. (Article Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, par M. P. Clément.) 1846. » pp. 294-312

Walckenaer au tome second de ses Mémoires sur Mme de Sévigné, un chapitre du livre de M.  […] Un des hommes les moins scrupuleux et les plus entendus de ce temps-là, Gourville, raconte dans ses Mémoires très sincères comment il fit la connaissance de Fouquet, qui le goûta et l’employa à plus d’une sorte de négociations. […] En ce même jour, je signai, il y a un an, la paix générale et le mariage du roi, qui ont rendu le repos à l’Europe ; allons en renouveler la mémoire au pied des autels. […] Entre tant d’objets qui occupaient l’attention, deux particularités remarquables ont été souvent citées et sont restées dans la mémoire : les armes et la devise de Fouquet qu’on voyait partout, un écureuil grimpant avec cette devise : Quo non ascendet ? […] Chéruel, qui a publié d’intéressantes études d’histoire d’après les Mémoires inédits de d’Ormesson (1850), et qui prépare un nouveau travail sur cette partie du règne de Louis XIV, a bien voulu me communiquer des analyses et des extraits qu’il en a faits pour lui-même.

185. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Mais les Mémoires de Byron valent ses poésies ! […] VI Louis Ratisbonne, l’ami de cet Alfred de Vigny qui a laissé dans la mémoire des hommes l’impression d’un parfum et d’une harmonie, a publié en volume les pensées et les fragments de mémoires que lui a légués l’auteur d’Éloa ; Alfred de Vigny avait eu, un moment, l’idée d’écrire ses mémoires. […] Mais cette idée d’écrire des Mémoires, le chaste et fier poète ne la réalisa pas. […] Le livre que nous donne Ratisbonne sous le titre de Journal d’un Poète 4 est bien autrement intime, sincère, pensé, vécu, et saigné aussi, — car l’homme y souffre, — que ne pourrait l’être jamais un récit de Mémoires, toujours plus ou moins attifé. […] Vous jugerez de cette lutte acharnée entre l’esprit qui ne croit pas et l’âme qui veut croire : « Bonaparte meurt en disant : Tête d’armée, et repassant ses premières batailles dans sa mémoire ; Canning, en parlant d’affaires ; Cuvier, en s’analysant lui-même et disant : La tête s’engage… « Et Dieu ?

186. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Sa belle-fille132, la duchesse de Nemours, qui, elle, n’en sortait pas, Argus peu bienveillant mais très-clairvoyant, nous la montre telle dans les Mémoires si justes, qu’on voudrait toutefois moins rigoureux. […] Huet (dans ses Mémoires) nous le montre comme tellement embarrassé en public, que s’il avait eu à parler d’office devant un cercle de six ou sept personnes, le cœur lui aurait failli. […] Dans l’intervalle, il avait écrit ses Mémoires qu’une indiscrétion avait divulgués (1662), et auxquels il dut opposer un de ces désaveux qui ne prouvent rien140. […] Ce mot d’humiliant ne semblera pas trop fort à ceux qui ont lu sur son compte les Mémoires de la duchesse de Nemours, le récit surtout de cette triste scène au Parlement, où il tint Retz entre deux portes, et les propos qu’il y lâcha et qu’il essuya. […] Voir tout le récit dans les Mémoires de l’abbé Arnauld, à l’année 1672.

187. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Elle n’essaya pas, comme Louis XVI, de se justifier devant le peuple ni de l’attendrir sur sa mémoire. […] Sa mémoire elle-même est un problème qui fait craindre à l’historien de manquer de justice ou de réprobation en la jugeant. […] L’indulgence pour la mémoire du père pourrait ressembler à une flatterie du succès, la sévérité à un ressentiment d’une théorie. […] La mémoire des morts n’est pas une monnaie de trafic entre les mains des vivants. […] Malheureusement pour sa mémoire, il se donna aussi comme juge dans un procès où la nature le récusait.

188. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Ils ne peuvent donner que des mémoires dont la postérité fait usage. […] Duclos a connu personnellement la plupart des personnages qu’il a entrepris de peindre à la postérité. » Il n’avait pas soupé avec Louis XI, a remarqué Sénac de Meilhan, expliquant par là la froideur de la précédente Histoire ; il avait, au contraire, soupé avec bon nombre de ceux dont il fait mention dans ses Mémoires de la Régence et du règne de Louis XV. Cela est vrai ; les Mémoires secrets de Duclos ont de l’intérêt, de l’agrément, de la vivacité ; il y a du sien souvent ; il y marque sa griffe par certaines anecdotes qu’il savait d’original. […] J’ai eu la liberté d’entrer dans les différents dépôts du ministère, et j’en ai fait usage longtemps avant d’écrire… Les Mémoires du duc de Saint-Simon m’ont été utiles pour le matériel des faits dont il était instruit ; mais sa manie ducale, son emportement contre les princes légitimés, etc. […] Villenave a eu entre les mains des extraits des Mémoires manuscrits de Blondel qui avait été ministre à Francfort près de l’électeur de Bavière (l’empereur Charles VII), et ensuite chargé d’affaires à Vienne ; il y a trouvé, dit-il, des parties textuellement reproduites dans les Mémoires de Duclos.

189. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Sa mémoire vengeresse plongeait dans l’histoire de l’antiquité pour y trouver des images, des analogies et des noms capables d’égaler ceux des tyrans du jour. […] Il ne montra d’autre culte que celui de sa renommée, et ne parut désirer de survivre que dans sa mémoire. […] Ma conscience aujourd’hui m’oblige à avouer que je crains d’avoir chargé sa mémoire d’une horreur qu’il ne mérite peut-être pas. […] Elle invoqua, pour donner plus d’autorité à ses paroles, la mémoire du roi et de la reine. […] Que cette lâcheté retombe à jamais sur sa mémoire !

190. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Mémoires du général La Fayette (1838.) […] C’est donc à votre mémoire que je dédie cette lettre commencée autrefois pour vous. […] Pourtant revenons aux grandes choses, au général La Fayette, à ses Mémoires et à sa vie […] Assez d’autres prendront les Mémoires uniquement par cette queue désagréable. […] Éclairée par ces excellents Mémoires, l’histoire du moins, c’est-à-dire le public définitif, s’en souviendra.

191. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Note. »

Il produisit de l’émotion dans le cercle charmant et distingué de l’Abbaye-aux-Bois, et Mme Récamier, qui avait été fort rigoureuse à Benjamin Constant vivant, crut devoir à sa mémoire de le justifier contre des vérités sévères. […] Benjamin, sur ce carnet, traçait pour lui, pour lui seul, le canevas et, pour ainsi dire, la table des matières des Mémoires qu’il projetait d’écrire. […] Mémoire rédigé à tout hasard.

192. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Ces chanteurs n’étaient sans doute autres que les rapsodes, ces hommes du peuple qui savaient chacun par cœur quelque morceau d’Homère, et conservaient ainsi dans leur mémoire ses poèmes, qui n’étaient point encore écrits. […] Mais les Pisistratides furent chassés d’Athènes peu de temps avant que les Tarquins le fussent de Rome, de sorte qu’en plaçant Homère au temps de Numa, comme nous l’avons fait, les rapsodes conservèrent longtemps encore ses poèmes dans leur mémoire. […] Homère lui-même nous représente toujours aveugles les poètes qui chantent à la table des grands ; c’est un aveugle qui paraît au banquet d’Alcinoüs et à celui des amants de Pénélope. — Les aveugles ont une mémoire étonnante.

193. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

La difficulté qu’éprouvent la plupart des philosophes contemporains à construire la conscience et la mémoire avec des sensations vient de ce qu’ils supposent ainsi des sensations tout instantanées, se succédant une par une. […] Le fond même de la vie est l’appétit, et l’appétit enveloppe simultanément le germe d’une prévision et d’une mémoire. […] En général, je discerne la sensation croissante et la sensation évanouissante, parce que les images des sensations successives, les unes de plus en plus vives, les autres de plus en plus faibles, subsistent dans ma mémoire en formant des séries inverses. […] Logiquement, le protensif implique même l’intensif et l’extensif, dont il n’est que le prolongement, par l’appétit, vers l’avenir, et par la mémoire, vers le passé. […] Voir, outre nos études sur la Mémoire dans la Revue des Deux Mondes, notre Introduction à la Genèse de l’Idée de temps par Guyau.

194. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Quand M. de Chateaubriand semble vouloir douter de l’existence des Mémoires entiers de M. de Talleyrand, parce qu’il lui aurait fallu pour cela un travail continu dont il l’estime peu capable, il se trompe. […] S’il a su être agréable dans ses Mémoires, et si, en écrivant comme en causant, il réussit à plaire, il aura bien des chances de regagner en partie sa cause et de se relever, même devant la postérité. […] Si les Mémoires tombent dans une veine et un courant de réaction peu napoléonienne, ils pourraient bien être portés aux nues. […] Rœderer (Mémoires, t.  […] J’emprunte ceci aux Mémoires du baron de Gagern, qui le tenait de Mme de Dino.

195. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

À quoi servirait la mémoire si ce n’était qu’à pleurer ? […] Je n’ai jamais pu lire ce ravissant exorde en récit du Décaméron de Boccace, sans y voir une fidèle image des bienfaits de la mémoire. […] Je n’en ai conservé que treize, en mémoire des treize poiriers de Laërte dans Homère. […] Je connaissais, par des fragments recueillis déjà dans des recueils ou dans la mémoire des amis communs, beaucoup des vers de Laprade. […] Nous retînmes des pages entières, qui résonnent dans notre mémoire comme les marbres de Memphis sous le rayon du soleil d’Égypte.

196. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Il en avait préparé depuis longtemps le moyen secret par ses Mémoires posthumes, intitulés bizarrement Mémoires d’outre-tombe. Ces Mémoires avaient été commencés par lui dès 1822, dans sa solitude de la Vallée-aux-Loups. […] Tout le monde pensait de même à cette époque ; mais ce fut précisément cette double espérance qui fut pour lui une double illusion et qui lui enleva le seul mérite de ces sortes de Mémoires, la naïveté et la vérité. […] Les seuls Mémoires d’une grande époque, c’est l’histoire. […] Plus tard, il tâche de refaire les Confessions de Rousseau dans ses Mémoires posthumes ; mais la naïveté vraie du philosophe génevois lui manque ; elle s’évanouit à force de travail sous sa plume, et les Mémoires d’outre-tombe ne sont que la caricature des Confessions de Jean-Jacques Rousseau.

197. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il peut arriver, mais cela est très rare, que la mémoire visuelle et la mémoire émotive règnent équilibrées dans le même cerveau. […] Dans Chateaubriand, la mémoire visuelle est dominante. […] La faculté maîtresse du style, c’est donc la mémoire visuelle. […] La qualité du style imagé répond à la qualité de l’œil, à la qualité de la mémoire visuelle, et aussi à la qualité de la mémoire verbale. […] L’imagination est plus riche que la mémoire, mais elle n’est riche que des combinaisons nouvelles qu’elle impose aux éléments que lui fournit la mémoire.

198. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Walckenaer, Mémoires sur Madame de Sévigné, t.  […] Rapin, Mémoires, I, 22, et Sainte-Beuve, Port-Royal, t.  […] Garat, Mémoires sur M.  […] Clément, Lettres, instructions et mémoires de Colbert, notamment t.  […] Saint-Simon, dans ses Mémoires]

199. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Lisant plus tard les Mémoires de Marmont, il l’appelle « un de ces aventuriers (fort bien élevés d’ailleurs), que la Révolution française a fait percer ». — « Je m’étonne toujours, dit-il, qu’on ait pris part à de si grandes choses, touché à de si grandes affaires et vécu en telle compagnie, et qu’on n’ait que cela à dire ? […] Lisant une autre fois les Mémoires historiques du grand Frédéric, il en dira : Je vous renverrai sous peu les Mémoires du grand Frédéric, que j’ai lus ; c’est assurément une œuvre remarquable, bien moins cependant que l’homme même dont elle émane. […] Dans ces Mémoires, d’ailleurs, le grand Frédéric ne parle guère que de batailles, ce à quoi je n’entends rien… Ce que j’aurais voulu surtout savoir, c’est comment Frédéric menait son gouvernement, et les réflexions que ce sujet lui suggérait ; mais j’imagine qu’il dédaignait trop cette partie de sa vie pour s’appliquer à la faire comprendre au lecteur. […] Cela produit un singulier effet de se promener ainsi tranquillement au milieu des débris de tant d’agitations ; de rencontrer, à chaque pas, des maux prévus qui ne sont pas survenus, des biens espérés qui ne se sont pas réalisés, et, pour comble de misères, la trace de préoccupations violentes à propos de faits qui ne sont pas indiqués et dont la mémoire même ne reproduit rien. […] M. de Tocqueville en prit occasion de venger la mémoire de Turgot, d’honorer son intention généreuse et celle du monarque ami du peuple ; cela le conduisit à une profession libérale des mêmes idées, des mêmes sentiments, qu’il rattachait à une grande, à une sainte, à une immortelle cause, où toutes les destinées de l’humanité étaient renfermées et comprises.

200. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Il nous a donné dans ses Mémoires un aperçu neuf, mais trop abrégé, trop à demi-mot et plutôt fait pour irriter la curiosité que pour la satisfaire, sur les intrigues mi-galantes, mi-politiques, qui animèrent singulièrement l’hiver de 1808-1809. […] La fermentation est au plus haut degré, les plus folles espérances sont entretenues et caressées avec enthousiasme ; on se propose l’exemple de l’Espagne, et si la guerre vient à éclater, toutes les contrées situées entre le Rhin et l’Oder seront le foyer d’une vaste et active insurrection… » Il faut lire toute cette lettre dans les Mémoires mêmes où elle est produite39. — M.  […] Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin. […] Mémoires et Correspondances du roi Jérôme et de la reine Catherine (Dentu, éditeur). — Ces Mémoires, rédigés avec le plus grand soin sous les yeux de S. […] Journal de la reine Catherine, au tome VI, page 40, des Mémoires du roi Jérôme.

201. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Walckenaer était mort le 27 avril dernier, dans la quatre-vingt et unième année de son âge, au moment où il achevait de corriger les épreuves du cinquième volume de ses Mémoires sur Mme de Sévigné, mémoires infinis, courants en tous sens, amusement prolongé de sa vieillesse et qu’il ne devait point terminer. […] Laissant de côté ses mémoires sur l’ancienne Gaule, qui le firent nommer dès 1813 à l’Académie des inscriptions, et les nombreux travaux de géographie qui ne cessèrent de l’occuper depuis lors, « d’usurper, comme il le dit, le plus grand nombre de ses moments de loisir », je ne voudrais insister ici que sur les services agréables que M.  […] Ainsi, au tome III de ses Mémoires sur Mme de Sévigné, s’il veut nous raconter l’histoire de cette séduisante et fragile marquise de Courcelles, au lieu de lui emprunter les expressions incomparables de sa propre confession, il les traduit, il les polit, il les modernise, c’est-à-dire il les altère ; il ne paraît pas croire avec Paul-Louis Courier que la moindre femmelette de ce temps-là écrit et cause mieux qu’un académicien de nos jours. […] Walckenaer, releva aussi, au milieu de mille éloges, une inadvertance singulière chez un aussi exact géographe : c’était d’avoir, au tome III de ses Mémoires sur Mme de Sévigné, placé la terre des Rochers à un quart de lieue de Vitré et non à une lieue et demie. […] Les Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné commencèrent à paraître en 1842, et l’auteur, je l’ai dit, corrigeait hier de sa main mourante les épreuves du cinquième volume, qui en demandait un sixième encore.

202. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Il est facile de reconnoître, dans ses Ecrits de Controverse, un esprit lumineux, une mémoire heureuse, un discernement sûr, qui le mettent à portée de combiner les systêmes, de rapprocher les objets, d’exposer les opinions, & de réfuter les erreurs. […] Telle est cependant la bonne foi des Esprits forts d’aujourd’hui : ils s’efforcent de réhabiliter des hommes justement décriés, & de ternir la mémoire de ceux qui ont les droits les plus légitimes à notre respect & à nos éloges. […] Il lui attribue des Mémoires sur le Dauphiné, que nous n’avons pu nous procurer, & dont par conséquent nous ne pouvons rien dire.

203. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

Lorsqu’un de ces princes était mort, et que le peuple était assemblé, il paraissait alors différents accusateurs pour déposer contre sa mémoire. […] Mais aussi lorsqu’un prince humain et bienfaisant, tel qu’il y en eut plusieurs, avait cessé de vivre, et que les prêtres récitaient ses actions en présence du peuple, les larmes et les acclamations se mêlaient aux éloges ; chacun bénissait sa mémoire, et on l’accompagnait en pleurant vers la pyramide où il devait éternellement reposer… Depuis trois mille ans, ces usages ne subsistent plus, et il n’y a dans aucun pays du monde, des magistrats établis pour juger la mémoire des rois ; mais la renommée fait la fonction de ce tribunal ; plus terrible, parce qu’on ne peut la corrompre, elle dicte les arrêts, la postérité les écoute, et l’histoire les écrit.

204. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

. — S’il y a une telle diversité d’opinion sur l’époque où il a vécu, c’est qu’il vécut en effet dans la bouche et dans la mémoire des mêmes peuples, depuis la guerre de Troie jusqu’au temps de Numa, ce qui fait quatre cent soixante ans. — 2. La cécité, la pauvreté d’Homère furent celles des rapsodes, qui, étant aveugles (d’où leur venait le nom d’ὅμηροι), avaient une plus forte mémoire. […] Dans un temps où la mémoire et l’imagination étaient pleines de force, où la puissance d’invention était si grande, il ne pouvait être philosophe.

205. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

D’Argenson, on le sait de reste aujourd’hui, était un singulier personnage ; son arrière-petit-neveu a bien été forcé de nous le livrer à la fin, tel qu’il était, dans sa peau rugueuse et avec toutes ses verrues : l’excellente et complète édition de ses Mémoires, par M.  […] Le rédacteur des Mémoires du Maréchal de Richelieu, qui travaillait sur de bons documents, a parlé d’elle en termes plus choisis et plus convenables, qui s’accordent mieux avec les traits de nos peintres précédents, les Tocqué et les La Tour. […] Un spirituel observateur qui était du parti de Mme de Châteauroux, la duchesse de Brancas, dans un curieux Fragment de mémoires, va nous en dire plus. […] C’est le même qui a été si bien gravé par Tardieu (voir tome II, page 358, des Mémoires inédits sur la Vie et les Ouvrages des Membres de l’Académie royale de Peinture, par MM.  […] Voir l’Introduction aux Mémoires du duc de Luynes, tome I, pages 25-52.

206. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

La première grande scène de colère qui éclata contre Talleyrand, et qui avait laissé une si forte impression dans la mémoire des contemporains, eut lieu précisément au retour d’Espagne vers la fin de janvier 1809. […] Beugnot, dans ses Mémoires, nous en a donné un vif aperçu, et tous ceux qui ont vu de nos jours le quartier général d’un gouvernement provisoire peuvent en avoir quelque idée. […] Mémoires du compte de Senfft ; Leipzig, 1863, page 62. […] Il m’a quitté ; je l’avais assez brusquement quitté moi-même ; il s’est souvenu de mes adieux de 1814. » (Mémoires d’un Ministre du Trésor public, tome IV, page 200.) […] Il soutenait qu’il ne me faudrait que vingt mille hommes : il m’a donné vingt mémoires pour le prouver.

207. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

L’essor que va prendre le genre historique s’annonce par les publications de documents originaux, par les collections de Mémoires et Journaux authentiques825, qui séduisent souvent les littérateurs et le public par le pittoresque des tableaux et le dramatique des événements. Outre les vastes recueils de Mémoires sur l’Histoire de France, qui furent une mine de romans et de drames, il faut signaler tout particulièrement la publication des Mémoires de Saint-Simon, qui renouvelèrent dans les esprits l’image du siècle de Louis XIV et de la cour de Versailles. […] En lisant l’Imitation, tout enfant il avait « senti Dieu » : il resta toute sa vie un inspiré, et les livres qui parlèrent le plus à son cœur furent toujours les livres des voyants et des prophètes, l’Imitation, la Bible, les Mémoires de Luther ; même il sera tendre à Mme Guyon. […] Les descriptions qu’ils renferment, paysages, ou phénomènes naturels, ou bien actes des êtres vivants, nous aident aussi à reconnaître la singulière acuité de sa vision : son œil reçoit l’impression des plus fines modifications de la nature sensible, et sa mémoire les rend en leur fraîcheur première. […] Pelitot et Monmerqué, Collection des Mémoires relatifs à l’Histoire de France, depuis le règne de Philippe Auguste jusqu’à la paix de Paris de 1763, 1819-29, 131 vol. in-8.

208. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. […] Les deux volumes présents, qui traitent de l’expédition d’Égypte et de Syrie, ajoutent beaucoup à ce qui avait été dit de cette entreprise dans les Mémoires de Napoléon, précédemment publiés. […] Il renonça donc sans hésiter à l’Égypte, et n’eut que le temps, à la veille de son brusque départ, de dicter pour Kléber trois mémoires, où il exposait ses vues sur la politique intérieure à suivre et sur les dispositions militaires à prendre. […] Ces deux volumes sont à joindre comme un complément indispensable aux neuf volumes des Mémoires publiés par les généraux Gourgaud et Montholon, et dont M.  […] Pourtant, malgré l’amertume du sort, Napoléon ne dut pas, en somme, regretter de vivre, de supporter les années dévorantes de l’exil, ne fût-ce que pour avoir le temps de consigner dans la mémoire les actes du passé.

209. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Et il applique le même éloge aux Mémoires de son ami le maréchal de Berwick. […] La partie des Mémoires de Richelieu qui promet le plus, lorsqu’il est arrivé à son second et immortel ministère, n’est pas cependant la moins fatigante. […] Je me figure que les mémoires du judicieux conseiller Cambacérès doivent être quelquefois ainsi. […] On a pu se demander déjà, et j’ai entendu faire l’objection : « Comment Richelieu trouva-t-il le temps d’écrire ses mémoires, et sont-ils bien, en effet, tout entiers de lui ?  […] — Richelieu aime et préfère les honnêtes gens : en quels termes mémorables n’a-t-il point parlé dans ses Mémoires de la gravité héroïque d’Achille de Harlay, de la prud’homie du président Jeannin !

210. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Je n’aime pas mieux la politique de ses mémoires sur la guerre de la Succession. […] Mémoires, livre xxii. […] Mémoire sur la question de savoir si Von doit rechercher le duc d’Orléans pour la mort du duc de Bourgogne. — Mémoire sur l’éducation du jeune prince. — Mémoire sur le conseil de régence. — Mémoire sur la manière de se conduire avec le roi. […] Mémoires, chap. 265. […] Mémoires de Saint-Simon, chap. 122.

211. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Mme Sand, qui a fait la préface de ces Mémoires de Mme de Saman et qui, elle aussi, a écrit les siens, s’est bien gardée d’y tout dire, et elle a eu raison… Mme de Staël non plus (il y a plus de vingt-cinq ans), Mme de Staël, qui avait beaucoup aimé d’hommes, a-t-on dit (mais pas elle, du moins !) […] III Oui, se vanter — du fond de sa vieillesse de femme, — cet antre vide, — se vanter plus que d’avoir aimé, se vanter d’avoir été aimée, et avec les noms à l’appui, — tout au long, — des noms d’évêques, — de princes, — de littérateurs, — de savants, — de membres du Parlement d’Angleterre, couronnés enfin, tous ces noms, qui passent dans le grand défilé de la Revue des Morts, à minuit — par le nom d’un homme de génie, attaché, dans un ridicule immense, au pilori de ces Mémoires, cela ne devait-il pas suffire à l’inflammation de la tête d’une femme qui n’a jamais compris l’amour que comme Aspasie, et qui a toujours cherché son Périclès ? Le diable fourre sa queue partout, dit gaiement le proverbe, mais nous n’avons pas besoin de cette queue-là pour expliquer les détails passionnés des Mémoires de cette tête romanesque, qui a l’habitude d’écrire des romans et d’en faire, cela suffisait ! […] N’est-ce pas là quelque chose d’ignoble et d’affreux dont la mémoire du grand poëte religieux en prose restera éternellement souillée, et que tous les efforts futurs de la Critique et de l’Histoire, qui l’essuieront, ne pourront effacer !

212. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

— cela peut-être avec un désir vague d’en fixer le déchirant pour des amis futurs de la mémoire du bien-aimé… Pourquoi ? […] Je sentis qu’en pleurant Gavarni, il se pleurait lui-même, et la phrase : il dort à côté de nous au cimetière d’Auteuil , devint, sans que je puisse me l’expliquer, le souvenir fixe, et pour ainsi dire, bourdonnant de ma mémoire. […] bien, je lirai ce soir du Chateaubriand. » Lire tout haut les Mémoires d’outre-tombe, c’est son idée fixe, sa manie ; il m’en persécute, du matin au soir, — et il faut que ma figure ait l’air d’écouter. […] Il s’est mis à causer, sa mémoire a retrouvé des noms et du passé que je croyais sombrés. […] Avant-hier jeudi, il me lisait encore les Mémoires d’outre-tombe, car c’était le seul intérêt et la seule distraction du pauvre enfant.

213. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Les Mémoires de M. de Tillemont sont en seize volumes & ils ne passent guéres le cinquiéme siécle. […] Je ne citerai que les Anecdotes ou Mémoires secrets sur la Constitution Unigenitus, en trois vol. […] Si l’on veut savoir de quelle nature étoient les écarts qu’on lui reprochoit, on peut consulter un savant Mémoire de Mr. […] Parcourant toutes les provinces d’Orient où il y avoit des Solitaires ou des Cénobites, il en décrit l’institut & les regles, & donne la vie des illustres solitaires dont l’antiquité nous a conservé la mémoire. […] Les mémoires arriverent enfin.

214. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Ces amis ont rencontré sous leurs pas ces embûches, ces impopularités, ces calomnies, ces inimitiés, dans les classes mêmes auxquelles ils supposaient la mémoire de quelques dévouements. […] C’est humiliant pour ces milliards de créatures humaines qui passent comme les flots sous l’arche des ponts sans qu’on les compte ou qu’on les nomme ; c’est glorieux pour ce petit nombre d’hommes privilégiés qui donnent leur nom, leur individualité, leur pensée, leur mémoire à toute une race. […] Le profond respect que les Chinois conservent pour la mémoire de leur sage par excellence, et pour tout ce qui peut contribuer à leur en rappeler le souvenir, leur fait regarder ce tronc aride comme un monument digne de toute leur attention. […] « Le style de ce recueil, rassemblé, élucidé, rénové par Confucius, disent-ils (page 69 des Mémoires), est simple, laconique, éloquent seulement par le sens, par la clarté, par la brièveté. […] « Il ne faut point s’en étonner, disent les Mémoires sur la Chine les mieux informés.

215. (1901) Figures et caractères

Anatole France, ou les Mémoires d’aujourd’hui de M.  […] Renouvier pencher sur cette grande mémoire un front grave et des yeux clairvoyants. […] Les Mémoires d’outre-tombe sont à part. […] Je ne veux pas dire que les Mémoires soient exempts de ce défaut. […] Aussi, souvent, une maison qu’on abat est-ce une mémoire qu’on obscurcit.

216. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Les Mémoires de Mademoiselle22 renferment des détails qui rendent le complot des accusés très vraisemblable. Il est cependant fort remarquable qu’à l’époque où Anne fut accusée de conspirer avec Monsieur contre le roi, les mémoires du temps lui imputent une intrigue galante avec le duc de Buckingham, ambassadeur du roi d’Angleterre en France et son favori. […] Les mémoires du duc de La Rochefoucauld et ceux de Brienne ne permettent aucun doute sur la légèreté plus que galante d’Anne d’Autriche.

217. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Journal et Mémoires de Mathieu Marais publiés par M.  […] La première fois que Marais lit le Journal de L’Estoile, dans l’édition de Godefroy, on voit combien il le goûte, combien il en est affriandé, et que l’eau lui en vient proprement à la bouche : « Ce sont, nous dit-il (juin 1720) en annonçant cette édition, la meilleure qu’on eût encore donnée, ce sont les Mémoires de M. de L’Étoile dont M.  […] Tous les historiens de la minorité de Louis XIV n’approchent pas de ces Mémoires… Il y a bien des traits singuliers sur Christine, reine de Suède, et sur ses deux voyages en France. […] Enfin, hors quelques réflexions un peu trop dévotes et quelquefois déplacées, on peut dire ces Mémoires excellents et faisant grand honneur à celle qui les a composés avec une vérité qui brille partout et qui n’est point ordinaire. Ce qui est rare, c’est que Mme de Motteville n’est de rien dans tout ce qu’elle raconte, et qu’elle n’a fait qu’écrire ce qu’elle a vu et entendu, au lieu que tous les faiseurs de Mémoires sont toujours de quelque parti. » C’est là un jugement net et accompli.

218. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Non, encore une fois, dirons-nous à ces fils obstinés, qu’une idée honorable et malheureuse oppresse et possède, vous ne sauriez remettre en bonne odeur une mémoire sanglante ou souillée ; c’est une erreur, à vous, d’y prétendre et de vous y acharner ; vous n’avez qu’une ressource : faites oublier votre père, à tous ceux qui vous voient, par vos mérites et vos vertus. […] Ses paroles suprêmes y répondent : elle défend à ses amis de famille tout regret, elle ne leur demande qu’un prompt oubli : « Leur affliction, dit-elle, déshonorerait ma mémoire. » M.  […] Parmi les réhabilitations et exhumations récentes, je trouve aussi dans les livres rangés devant moi une réimpression, non pas des Mémoires, mais, pour parler exactement, du Mémoire justificatif de Garat, adressé à la Convention après le 9 thermidor, avec une Préface et Notice par M.  […] Cette Notice est bien faite et d’un homme qui possède son sujet ; le Mémoire de Garat est spirituel, mais spécial et par trop rétrospectif pour nous intéresser beaucoup. — Je ne fais qu’indiquer les deux volumes de Mémoires publiés par M.  […] L’auteur de la Vie a esquissé à grands traits et d’un crayon vigoureux le portrait de ce célèbre montagnard, qui lui servit de tuteur, et envers qui il avait à payer une dette de reconnaissance ; il y a joint toute une plaidoirie pour sa défense et au plus grand honneur de sa mémoire.

219. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il écrivait au roi, en lui adressant un mémoire sur les besoins de son armée (8 décembre 1693) : « Je connais parfaitement, Sire, la conséquence des dépenses ; mais il vaudrait mieux qu’elles fussent diminuées sur le nombre des troupes et que celles que l’on a fussent servies de leurs besoins essentiels et nécessaires… J’importune Sa Majesté dans ce mémoire de grands et petits détails, parce qu’il n’y en a aucun d’indifférent sur cette frontière, où les choses les plus nécessaires manquent tout d’un coup, pour lesquelles on n’a presque pas d’attention ailleurs. […] Le vertueux Catinat sacrifié par Chamillart ou à Chamillart était un thème des mécontents ; on l’entrevoit par les Mémoires de La Fare, on fait plus que de l’entrevoir par Saint-Simon. […] Dès qu’il s’agissait du Piémont et de la frontière d’Italie, le souvenir de ses anciens succès, de son expérience et de sa spécialité en pareil sujet, ramenait à lui ; on lui demandait des mémoires détaillés, et il se faisait un plaisir de les donner. Ce côté de Catinat général consultant, a été mis en pleine lumière depuis la publication de Mémoires militaires sur la guerre de la Succession (années 1707, 1708, 1709). […] Saint-Simon enfin, le grand peintre, — et aussi grand par là qu’il est hasardé en ses anecdotes, — a achevé de le fixer au vif dans la mémoire, quand il a dit à l’occasion de sa mort (22 février 1712) : « J’ai si souvent parlé du maréchal Catinat, de sa vertu, de sa sagesse, de sa modestie, de son désintéressement, de la supériorité si rare de ses sentiments, de ses grandes parties de capitaine, qu’il ne me reste plus à dire que sa mort dans un âge très-avancé [74 ans], sans avoir été marié, ni avoir acquis aucunes richesses, dans sa petite maison de Saint-Gratien, près Saint-Denis, où il s’était retiré, d’où il ne sortait plus depuis quelques années, et où il ne voulait presque plus recevoir personne.

220. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Je suis soutenu dans ce travail par un secours inappréciable, par une lecture rapide des Mémoires mêmes du maréchal, qu’il a légués à Mme la comtesse de Damrémont, et dont, avec une confiance qui m’honore, elle a bien voulu me laisser prendre à l’avance quelques notes et quelques extraits. […] Thiers, l’ayant lu tout entier en quatre jours avec la plus grande attention, il écrivait de Hambourg, sous l’impression vive qu’il en avait reçue : Toutes les fibres de ma mémoire et de mes anciennes sensations se sont réveillées. […] Ici, les récits de Marmont dans ses Mémoires prennent un intérêt puissant, et une grande part s’en réfléchit sur l’homme extraordinaire dont il fut le compagnon, le lieutenant, et que nul n’a mieux connu que lui. […] Elles sont revenues à ma pensée après les événements d’Essonne, et m’ont fait alors une impression que l’on conçoit, et qui jamais ne s’est effacée de ma mémoire. […] Telle est, dit Marmont en terminant cette partie de ses Mémoires, telle est l’analyse et le récit succinct de cette bataille de Paris, objet de si odieuses calomnies, fait d’armes si glorieux, je puis le dire, pour les chefs et pour les soldats.

221. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Arago vient de paraître : il contient, après une introduction de M. de Humboldt, une centaine de pages intitulées Histoire de ma jeunesse, qui sont des mémoires assez détaillés jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, et une suite de notices biographiques que l’auteur eut à prononcer comme secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences : la série de ces notices ne remplira pas moins de trois volumes. […] Pour moi, qui n’ai pas même l’honneur de comprendre et de lire dans leur langue les mémoires de haute science où il s’est montré inventeur, ces considérations sur les profondes et fines parties de l’optique et du magnétisme où il a gravé son nom ; qui n’ai eu que le plaisir de l’entendre quelquefois, soit dans ses cours à l’usage des profanes, soit dans les séances publiques de l’Académie, je ne puis ici que m’approcher respectueusement de lui par un aspect ouvert à tous ; je ne puis que l’aborder, si ce n’est point abuser du mot, par son côté littéraire. […] J’aime ce titre donné à des fragments de mémoires : Histoire de ma jeunesse ; il me semble que ce n’est guère qu’ainsi et dans cette mesure que chacun devrait écrire les siens. […] Arago nous expose la manière dont il conçoit l’éloge historique, à commencer par celui-là : « Ce n’est qu’une sorte de mémoire scientifique », disait-il, qu’il se propose de faire, « et dans lequel, à l’occasion des travaux de son confrère, il va examiner les progrès que plusieurs des branches les plus importantes de l’optique ont faits de nos jours. » Négligeant l’art des transitions, il divise en chapitres et avec des titres distincts la suite des matières qu’il se propose de parcourir, la biographie d’abord, puis les mémoires et travaux. […] Arago, caractérisa heureusement l’intelligence à la fois forte et subtile de son ami, quand il la compara à la trompe, si merveilleusement organisée, dont l’éléphant se sert avec une égale facilité pour saisir une paille et pour déraciner un chêne. » Cela n’est pas tout à fait exact : Jeffrey n’a pas dit une telle chose ; c’est en parlant de la machine à vapeur et de ses merveilleux effets, et non de l’intelligence de Watt, qu’il a dit : « La trompe d’un éléphant qui peut ramasser une épingle ou déraciner un chêne n’est rien en comparaison. » Parlant de l’esprit de Watt, Jeffrey le peint plus délicatement : Il avait, dit-il, une promptitude infinie à tout saisir, une mémoire prodigieuse et une faculté méthodique et rectifiante pour tirer, comme par une chimie naturelle, quelque chose de précieux de tout ce qui s’offrait à lui, soit dans la conversation, soit dans la lecture.

222. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Mme de Genlis, Mémoires, chap.  […] Mme de La Rochejaquelein, Mémoires. […] Mme de Genlis, Mémoires, chap.  […] Mme Campan, II, 140, 313. — Duc de Choiseul, Mémoires. […] Dumouriez, Mémoires, III, chap. 

223. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

« Je voudrais, dit-il, être capable d’en faire durer la mémoire aussi longtemps que mon amour pour elle. » L’anagramme du nom de Catherine avait été trouvée par Malherbe. […] Mémoires de Sully, édition de Petitot. […] « Vous voulez, disait-elle au roi avant le mariage, la marier à votre fils (car vous m’avez dit qu’il l’était), pour la lui enlever. » Après le mariage, elle disait : « Le roi a voulu abaisser le cœur au prince de Condé et lui élever la tête. » (Mémoires de Sully, t.  […] On lit dans les Mémoires de Sully, qu’après la mort du roi le prince « le Condé écrivit à la reine : Vous savez pourquoi j’ai quitté la France, nous faisions cause commune. » (Ibid. […] Mémoires de Bassompierre.

224. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Si c’avait été la vie de quelque irrévérente et scandaleuse cabotine, on en aurait eu pour quinze grands jours de jérémiades dans les journaux sur le malheur d’avoir une cabotine de moins dans Paris, et les plumes les plus célèbres auraient mis leur honneur à faire queue de paon à sa mémoire. […] C’est des Mémoires du duc de Luynes, qui disent la princesse petite à treize ans, mais vive et gaie, la tête un peu grosse pour sa taille, qu’il ne craint pas de tirer la conséquence du rachitisme ! […] La Vie de Madame Térèse de Saint-Augustin les attendait… et cette petite lumière, allumée pieusement sur le tombeau de la Carmélite par une sœur inconnue de sa Communauté, se projettera, grande et forte de sa pureté seule, sur le passé de la princesse, et nous l’éclairera mieux que les récits du temps orageux et souillé où elle a vécu… Aucune des sœurs de cette fille de roi ne partagera cet avantage avec elle d’avoir un livre pur, sincère et désintéressé, inspiré par l’enthousiasme de la justice et tracé par une main à qui on puisse se fier, puisqu’elle est chrétienne, pour défendre sa mémoire outragée en racontant simplement sa vie. Ses sœurs, restées des porphyrogénètes, sans action historique hors de leur palais dans une monarchie encore salique à son déclin, n’ayant pas, ne pouvant pas avoir à leur service ce soufflet écrasant de la gloire sur les joues de ceux qui la nient, auront seulement pour les défendre, quand ils ne les accuseront pas, les Mémoires du temps, — les Mémoires des filles de chambre qui les volèrent, des femmes de la cour qui les envièrent, et des grands seigneurs qui voulurent peut-être devenir leurs amants et qui se vengèrent de ne l’être pas !

225. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Loève-Veimars par une pointe de cet esprit philosophique de Voltaire et de Chamfort, de Chamfort qui n’aurait pas fait de tragédies et qui aurait beaucoup lu Brantôme et les mémoires de la reine Marguerite. […] J’ai relu les Mémoires de la vie de Racine par son fils ; on me dira que Racine fils n’avait pas connu son père, qu’il n’en parlait que par ouï-dire, par tradition, d’après M. de Valincour ou tel autre : c’est trop vrai, et je regrette qu’il n’y ait pas de Mémoires plus directs sur cette vie illustre ; mais nous en savons encore moins là-dessus, ce me semble, que Racine fils ou que ceux d’alors dont aucun n’a tenu un tel langage, Oh ! […] Saint-Beuve a déjà détaché un fragment de cet article, ainsi que des deux qui suivent immédiatement sur les Mémoires de Casanova de Seingalt et Le Livre des Pèlerins polonais par le poëte Mickiewicz, dans la dernière édition des Portraits Contemporains (tome II, page 505, 509, 512).

226. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Accablé par la méprisante clémence du duc d’Orléans, qu’il avait platement invoquée, souffert en France après son exil, il écrivit quatorze tragédies illisibles maintenant, et c’est de dessous ces quatorze blocs, roulés par lui sur sa mémoire, qu’il décocha, vieillard, çà et là, quelques flèches satiriques encore, qui n’atteignirent pas plus que le trait du vieux Priam épuisé… Il avait quatre-vingt-un ans quand il mourut. […] Je crois bien qu’il a, lui aussi, la préoccupation de diminuer (mais en tant que de raison) les fautes et les crimes de cette époque comme il a diminué le poids horrible qui écrase la mémoire du Régent quand il a détruit, par une discussion sévèrement menée, ces accusations épouvantables d’empoisonnement et d’inceste que La Grange-Chancel ne craignit pas d’articuler. […] S’il en avait eu, aurait-il demandé sa grâce au Régent dans des vers que de Lescure a publiés à la fin de son volume, et, la grâce obtenue, se serait-il relevé d’à genoux, à la mort du Régent, pour frapper d’une dernière Philippique la mémoire de l’homme qu’il ne craignait plus et qui lui avait pardonné ? […] Dans le jugement final qu’il n’a pas craint de prononcer sur le mérite du poète des Philippiques, de Lescure (il faut bien le lui dire) n’a plus la justesse du coup d’œil qu’il a montrée quand il s’est agi du Régent empoisonneur et incestueux, et qu’il a assaini cette triste et coupable mémoire, impossible à purifier sur tant d’autres points.

227. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 536

Il s’en faut de beaucoup que ses Mémoires vaillent ceux de son Maître, qui, par son esprit, conserve la même supériorité qu’il avoit sur lui par son rang. On y trouve quelques détails curieux ; mais tant d’autres Ecrivains ont parlé des mêmes faits, que les Mémoires de Joly pourroient être supprimés sans conséquence.

228. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

En rendant compte de la première livraison de ces Mémoires, où nous rencontrions à chaque page des récits insignifiants ou puérils, nous avons soupçonné quelque système prémédité de réticence et de diversion ; et, par respect pour l’esprit de madame de Genlis, nous accusions préférablement sa candeur. […] Elle enfin qui a souffert et qui se plaint de la calomnie, a-t-elle le droit de relever contre la mémoire de Chénier cette imputation injurieuse, si victorieusement réfutée, qui le fait, sinon complice, du moins spectateur indifférent de l’assassinat d’un frère ? […] Ici, à mesure que la scène s’agrandit, la personnalité qui règne dans ces Mémoires se rétrécit encore, et la mesquinerie des réflexions s’accroît avec l’importance des événements.

229. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Mémoires relatifs à la Révolution française Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch. […] Ce rôle de justice et d’indulgence qu’ils avaient tant haï dans la Gironde, qu’ils avaient réprimé par sa ruine, et qu’ils flétrissaient encore dans sa mémoire, quelques-uns, le croirait-on ? […] « La Montagne est inattaquable par le côté droit et le Marais, s’écrie Camille ; elle n’est prenable, comme les Thermopyles, que par les hauteurs. » Effrayé enfin de cette sombre licence dont il a été le promoteur imprudent, il ne se lasse pas de présenter la liberté sous la forme aimable et sage dont il l’a toujours conçue ; il revient à chaque instant à cette idée, on dirait qu’elle l’obsède, et qu’il sent que ce rêve brillant couvrira seul dans l’avenir les taches de sa mémoire.

230. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

Renan, que vous vouliez me faire passer auprès du public, il me restait, en 1870, encore assez de mémoire pour ne pas confondre l’Allemagne de Goethe et de Schiller avec l’Allemagne de Bismarck et de Moltke, et je n’ai jamais eu assez d’imagination, pour inventer, dans mes conversations, des interruptions comme celle de Saint-Victor. […] Certes c’est beaucoup ; je vous l’accorde, mais point assez vraiment, pour bondieuser, comme vous bondieusez, en ce moment, sur notre planète, — et je crois que l’avenir le signifiera durement à votre mémoire. […] « Oui, je le répète, insista M. de Goncourt, avec un geste et un accent de conviction et de sincérité frappante, je n’en ai nulle honte, car depuis que le monde existe, les Mémoires un peu intéressants n’ont été faits que par des indiscrets, et tout mon crime est d’être encore vivant, au bout des vingt ans où ils ont été écrits, et où ils devaient être publiés — ce dont, humainement parlant, je ne puis avoir le remords.

231. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article »

A son retour de la Chine, il publia des Mémoires sur l’état de cet Empire. Ces Mémoires furent accueillis avec avidité, autant pour la nouveauté du sujet, que pour l’agrément & la vivacité du style.

232. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sarrazin, Gabriel (1853-1935) »

Sarrazin, Gabriel (1853-1935) [Bibliographie] Mémoires d’un Centaure (1891). […] Antonin Bunand Il se révèle entièrement dans ces récents Mémoires d’un Centaure, poème qui, tout en exprimant, par son panthéisme de consolation et de sérénité, un original et très généreux sens de la vie et de ses fins, renoue, en sa forme, la noble tradition de prose enrythmée, aux graves ondes symphoniques, des Chateaubriand, des Ballanche, des Sénancour, des Maurice de Guérin.

233. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 308

Dans les huit volumes de Mémoires qu'il a laissés sur différentes affaires, tout annonce le grand Magistrat, le Jurisconsulte éclairé, le bon Citoyen. […] Le dernier volume de ces Mémoires est composé en partie des Ecrits de son fils, qui s'y montre digne, par ses talens, d'avoir été le successeur d'un tel pere.

234. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Parée déjà des illusions de l’amitié, sa mémoire se para encore de mélancolie. […] Il s’associait encore par le souvenir, et son imagination était surtout de la mémoire. […] La coupe de porcelaine fine et transparente se fêle sous l’action des substances empoisonnées qu’on y verse… Gérard, fou un instant, et qui nous a donné, dans Le Rêve et la Vie, une photographie de son état de fou, enlevée par un procédé de mémoire rétrospective sur lequel on peut juger de ce qu’était en lui la faculté de la mémoire, retomba fou, après avoir guéri une première fois.

235. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 406

Buffier, [Claude de] Jésuite, né en 1661, mort à Paris en 1737, plus connu par sa Mémoire artificielle, sa Géographie & sa Grammaire, que par ses Ouvrages de Morale & de Philosophie, bien plus propres à établir sa réputation. […] Buffier avoit rappelé les Vers (il ne dit pas la Poésie) à leur premiere destination, en les faisant servir à imprimer, dans la mémoire des hommes, les événemens principaux de l’Histoire.

236. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Le père de Mme de Caylus, le marquis de Villette, officier de mer distingué, et qui a laissé des Mémoires, paraît avoir tenu en quelque chose de son aïeul et pour le courage et pour l’esprit. […] Ce petit livre est du genre des Mémoires de la reine Marguerite et des quelques pages historiques de Mme de La Fayette : c’est l’œuvre d’une après-dînée. […] L’abbé Gédoyn le sentit si bien (et c’est son honneur), qu’ayant achevé son mémoire par une sorte de compliment pour les académiciens devant qui il le lisait, il se hâta d’y ajouter un post-scriptum, et d’indiquer du doigt Mme de Caylus comme exemple plus concluant, et comme pièce à l’appui. L’éloge d’elle, qui est imprimé à la suite de ce mémoire de Gédoyn, et qui est dû à la plume d’un M.  […] Le texte de Petitot dans la « Collection des mémoires », avec sa prétention d’être plus exact, est parfois moins attique que le texte des éditions précédentes.

237. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Il a pour les langues la facilité de mémoire d’un enfant. […] Il ne se vantait pas qu’il écrivait ses Mémoires ; il était censé s’occuper des vieux âges de l’histoire de France, ou bien de l’histoire de l’Église, ne s’intéresser qu’au comte Dunois et à la belle Agnès, et les politiques ne se contraignaient pas devant lui. […] On comprend que des Mémoires, ainsi écrits au sortir des conversations, peuvent offrir des inexactitudes de détail, et cependant être très vrais par l’impression de l’ensemble. […] Choisy, comme écrivain de mémoires, a beaucoup de Mme de Caylus ; et peut-être que, dès deux, Mme de Caylus est encore la plus ferme, la plus exacte de plume, et la plus contenue. […] D’Alembert dans ses Éloges, le marquis d’Argenson dans ses Mémoires, ont donné sur Choisy des notices parfaites.

238. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Les premières pages de ses Mémoires ne sont remplies que de détails extérieurs. […] Elle commença à écrire ses mémoires. […] Ses Mémoires aussi lui sont un titre des plus durables, mémoires véridiques et fidèles, et dans lesquels elle dit tout sur elle-même ou sur les autres, naïvement, hautement, et selon qu’il lui vient à l’esprit. […] [NdA] Depuis que ceci est écrit, il a paru une édition nouvelle, la première tout à fait exacte, des Mémoires de Mademoiselle (Charpentier, 1858), donnée par les soins de M.  […] On peut dire également de la bonne édition des Mémoires de Mademoiselle que son style y est rendu dans toute la pureté de son incorrection naturelle.

239. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 304

On chercheroit vainement dans ses Mémoires, tels qu'il les a écrits lui-même [en dépit de ce que M. de Voltaire a pu dire pour prouver qu'il n'en étoit pas l'Auteur], de l'ordre, de la suite, de la précision ; mais on y reconnoît un génie supérieur, qui, lors même qu'il néglige les devoirs de l'Ecrivain, annonce le Grand Homme. On doit se défier cependant d'un esprit de partialité, que son Editeur, M. l'Abbé de l'Ecluse, redresse avec sagacité, toutes les fois que l'occasion s'en présente ; tant il est vrai que les Mémoires particuliers sont sujets à induire en erreur, & que ce n'est que de combinaison des différens récits que peut naître la vérité !

240. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Certains peintres, dessinateurs ou statuaires, après avoir considéré attentivement un modèle, peuvent faire son portrait de mémoire. […] On sait que Mozart, ayant entendu deux fois le Miserere de la Sixtine, le nota tout entier de mémoire. […] Et Éducation de la mémoire pittoresque, par de Boisbaudran, p. 77 et 83. […] Il faut avoir entendu soi-même ce Miserere, pour apprécier l’ampleur et la précision d’une telle mémoire musicale. […] Baillarger, Mémoire sur les hallucinations, 460.

241. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Il est forcé de reconnaître que le talent bientôt a remplacé la guillotine : « D’Athènes la France a été à Sparte, en passant par le pays des Huns. » Dans un mémoire sur la nouvelle armée française, il lui rend une justice incomplète encore, du moins un commencement de justice. […] Quand le Cours de littérature de La Harpe ou la Correspondance du même avec le grand-duc de Russie, ou encore quand les Mémoires de Besenval paraissaient, le prince de Ligne les lisait la plume à la main et les accompagnait page par page de remarques curieusesc, dont les éditeurs soigneux de ces divers ouvrages devraient dorénavant profiter. […] Ô mémoire ! mémoire ! […] [NdA] Il existe une bonne biographie du prince de Ligne, une notice sur lui par M. de Reiffenberg (Nouveaux Mémoires de l’Académie des sciences et belles-lettres de Bruxelles, t. 

242. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Mais la mémoire du bon roi et des mérites de son règne demeura à l’état de culte chez quelques hommes instruits, sensibles aux perfectionnements et aux arts de la paix, et au bien-être du peuple. […] La lecture des Mémoires de d’Aubigné, et aussi celle des Historiettes de Tallemant qu’on publia vers 1834, y servirent beaucoup ; j’oserai dire qu’une réaction commença. […] L’un des courts écrits qui font le mieux connaître la personne et le moral de Henri IV, ce sont les mémoires du premier président de Normandie, Claude Groulard, de tout temps fidèle à ce prince, et qui nous a conservé un récit naïf des fréquents voyages et des séjours qu’il eut à faire auprès de lui. […] [NdA] Un livre qui contribua beaucoup à accréditer cette idée légendaire de Henri IV, ce furent les Mémoires de Sully arrangés et rajeunis par l’abbé de L’Écluse (1745). […] [NdA] Voir aussi, et surtout, le commencement des Mémoires de l’abbé de Marolles, où il est parlé des dernières années du règne de Henri IV : c’est une idylle.

243. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Quand il apprit cette mort trop prévue, il entra dans un deuil sombre : « Jamais je ne vis tant d’affliction, dit son lecteur M. de Catt dans des mémoires encore inédits ; volets fermés, un peu de jour éclairant sa chambre, des lectures sérieuses : Bossuet, Oraisons funèbres ; Fléchier, Mascaron ; un volume d’Young, qu’il me demanda. » Il a consacré à sa mémoire une noble page dans son Histoire de la guerre de Sept Ans. […] Pour plus de sûreté il écrivit à Voltaire en lui recommandant celle qui n’était plus : N’en perdez jamais la mémoire, lui disait-il, et rassemblez, je vous prie, toutes vos forces pour élever un monument à son honneur. […] La gravité, l’autorité de la parole, celle des doctrines, cette immortalité religieuse acceptée et passée dans le cœur, puisée à la source des croyances, qui s’étend de celui qui parle aux personnes qu’il célèbre et les revêt de leurs vertus épurées comme d’un linceul éblouissant et indestructible, tout cela manquait ; et, il faut le dire, la mémoire même de la généreuse et noble margrave n’y prêtait pas. […] Elle a son nom désormais et son titre dans l’avenir, sa correspondance couvre et rachète ses mémoires, et quand il sera question d’elle, on dira d’abord : C’est une sœur de roi. […] [NdA] Il faut lire au tome vii des Mémoires de Napoléon (1830), pages 161-339, une appréciation sommaire et lumineuse de toutes les opérations militaires de Frédéric dans la guerre de Sept Ans.

244. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Mémoires de Malouet Publiés par son petit-fils M.  […] Ses Mémoires, dans toute la première partie, nous font assister au cours de sa longue et instructive expérience. […] Les mémoires et rapports dans lesquels il a consigné les résultats de son enquête et de son administration, publiés depuis plus de soixante ans, ne sont pas sans offrir un certain côté littéraire ; administration à part, ils sont agréables de diction et élégants. […] Ses services administratifs durant cette mission complexe et si bien comprise, il est donné à tous les esprits sérieux de les apprécier dans la collection de ses mémoires et rapports spéciaux, imprimés dans le temps même ou publiés depuis sous le Consulat. Le côté simplement narratif, que nous trouvons reproduit dans les présents Mémoires, est aussi instructif qu’intéressant.

245. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Cette fois, c’est l’ami de Chaulieu, c’est La Fare qui, dans ses curieux Mémoires, va nous dire le fin mot : Quoique le roi fût effectivement en danger, il ne voulait pas qu’on le crût. […] Monseigneur ne régna ni alors ni depuis ; le roi en voulut à Messieurs de Vendôme de cette fête, et Chaulieu eut peut-être à combler la dépense par quelques-uns de ces comptes ambigus qui font tache aujourd’hui à sa mémoire. […] Mais il a laissé des Mémoires sérieux, intéressants, d’un jugement ferme, élevé, indépendant, et qui le classent au premier rang des esprits éclairés d’alors. […] Entre vous et moi, je le crois totalement perdu. » En maint endroit de ses Mémoires, La Fare déplore la perte de la galanterie et l’invasion des mauvaises mœurs, comme on le ferait de nos jours. […] La Fare, à cause du caractère sérieux et tout à fait politique de ses Mémoires, qui fait si fortement contraste avec sa vie dernière, prêterait encore mieux que Chaulieu à une telle étude.

246. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

On croyait, en général, qu’il improvisait : il avait à un haut degré cette faculté d’improvisation, mais il ne la séparait point des ressources toujours présentes d’une riche mémoire. Portalis avait, pour ainsi dire, une mémoire d’aveugle : Je fus nommé secrétaire (du Conseil des Anciens) lorsque mon ami Portalis fut appelé à la présidence, a dit le général Mathieu Dumas, et j’eus de fréquentes occasions d’admirer son beau talent et sa prodigieuse mémoire. […] Il a dans la mémoire quantité de maximes, de définitions, des parties tout écrites de science et de morale sociale, des paragraphes entiers qu’il reprend et qu’il replace à l’occasion sans presque y rien changer. […] Les rhéteurs de l’Antiquité ont ainsi conseillé aux orateurs d’avoir toujours en réserve, dans le trésor de la mémoire, des portions entières de discours ; et, si cet artifice est permis, c’est assurément dans l’ordre des matières stables, telles que la jurisprudence, la morale sociale, qui ne permettent ni aux idées ni même à l’expression de varier, quand les mêmes sujets se rencontrent. […] On trouvera dans les Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques, au tome II (2e série, p. 261), des Observations sur le droit civil français considéré dans ses rapports avec l’état économique de la société, par M. 

247. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

On a publié des Mémoires sur lesquels la langue des commères en littérature s’en était donné à cœur-joie, et lui-même avait été une de ces commères-là. Il avait annoncé, longtemps à l’avance, ses Mémoires comme une ménagerie qui devait être l’encagement de toutes ses haines et de tous ses ressentiments, de tous les sots, plus ou moins cruels, qui l’avaient blessé dans sa vie. […] Les deux premiers volumes de ces Mémoires, par convenance interrompus, ont, de toutes manières, trompé l’espoir qu’on pouvait avoir d’un beau massacre. […] Et voilà le vice, car c’est plus qu’un défaut On aurait dû, en effet, finir la publication des Œuvres complètes par les Mémoires. Les Mémoires d’un homme sont le dernier mot des Œuvres de cet homme, et quand il a dit ce mot, tout est dit et on n’a plus à revenir sur rien… Dans le volume attardé, qui interrompt, on ne sait pourquoi, la publication des Mémoires de Chasles, l’auteur y est trop anglais pour un critique, car, ainsi que je l’ai dit déjà, si Chasles est bien plutôt un fantaisiste connaisseur qu’un critique intégral, transcendant, absolu, il n’en veut pas moins être un critique.

248. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 326

On trouve dans le Recueil de l’Académie dont il est Membre, onze ou douze Mémoires qui completent un Traité historique de la Religion des anciens Perses. […] Si tous les Mémoires des derniers volumes du Recueil de la même Académie étoient travaillés avec autant de soin, on ne seroit pas dans le cas de se plaindre que l’érudition a dégénéré parmi nous.

249. (1925) Proses datées

Edouard Dujardin, en sa boutique, d’artistique mémoire, de la Chaussée d’Antin, de M.  […] Tels usages locaux auxquels elle fait allusion sont demeurés présents à ma mémoire. […] Les balzaciens d’aujourd’hui n’ont plus charge de sa mémoire et de sa réputation. […] Nous nous dispersons dans le détail de nos souvenirs, dans les minuties de la mémoire. […] Elles créent ainsi dans la mémoire une agitation pittoresque et mouvante.

250. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 388

Elle étoit niece du fameux Poëte Bertaud, Evêque de Séez, & nous a laissé des Mémoires pour servir à l’Histoire d’Anne d’Autriche, mere de Louis XIV. […] Elle aura toujours, sur ceux qui ont écrit des Mémoires, l’avantage de n’avoir rien accordé à l’imagination ; d’avoir donné comme douteux ce dont elle ne se croyoit pas assez instruite, & d’avoir su garder de justes mesures entre l’indiscrétion & la flatterie.

251. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

M. le Prince, qui lui demanda cet éloquent office pour la mémoire de la Palatine, n’eut pas l’idée, à ce qu’il paraît, quelques années auparavant, de lui exprimer le même désir à l’égard de sa sœur. […] A défaut de cette grandeur de peinture qui nous supprimerait, la chronique des Mémoires est là qui nous soutient. […] C’est ce qu’aussi la duchesse de Nemours dénonce dans ses Mémoires en cent façons. […] Mémoires de Mme de Nemours. […] Quatre livres de Mémoires bien lus suffisent, Retz et La Rochefoucauld, Mmes de Motteville et de Nemours.

252. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

On voit dans les Mémoires de Sully comment ce traité de la Ligue avec l’Espagne, écrit de la main du président et contenant les conditions arrêtées, fut un jour pris sur des coureurs du côté du village de Marolles et tomba aux mains de Sully, qui en fit fête à Henri IV. […] Villeroi, en ses sages Mémoires, paraît en douter ; il n’attribue ce sentiment qu’à un petit nombre, et se montre disposé à croire que Paris, en cette circonstance, soutint et supporta ce siège désespéré comme on l’a vu depuis supporter bien des choses extrêmes, par timidité, sous l’influence et la domination d’un petit nombre, comme on l’a vu, par exemple, en 1793, supporter la Terreur. […] Ce jugement sur Villeroi est injuste et, je dirai, vulgaire : Richelieu, en ses Mémoires, a porté sur Villeroi un jugement tout autrement équitable, et qui, sans grandir le personnage, sans lui rien accorder de ce qu’il n’a pas, et en reconnaissant qu’il manquait d’une certaine générosité dans les conseils, le classe à son rang comme homme habile et des plus entendus aux choses de gouvernement. […] Éclairés comme nous le sommes aujourd’hui par les divers accidents et régimes que nous avons traversés, j’avoue que je goûte ses Mémoires d’État, si peu agréables qu’ils soient au point de vue littéraire ; je me contente d’y trouver des maximes de grand sens. […] Sully, dans ses Mémoires, ou plutôt ses secrétaires ont travesti ce conseil sensé du président, et ils ont supposé de sa part je ne sais quel plan exagéré proposé à M. de Mayenne de faire ériger la Bourgogne en royaume, par l’aide du pape et de l’empereur, et autres chimères.

253. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan est resté profondément reconnaissant envers leur mémoire. […] Eugène Burnouf, esprit supérieur, pour la méthode et le tact scientifique, il concourut par de savants Mémoires pour des prix proposés par l’Institut. Telle fut l’origine de l’un de ses Mémoires, qui a servi de fond à l’Histoire générale des Langues sémitiques, et qui obtint le prix Volney (1847). Un autre Mémoire, couronné l’année suivante, sur l’Étude du grec dans l’Occident au Moyen Age, n’a pas encore été publié. […] Telle est l’humanité : chaque nation, chaque forme intellectuelle, religieuse, morale, laisse après elle une courte expression qui en est comme le type abrégé et expressif, et qui demeure pour représenter les millions d’hommes à jamais oubliés qui ont vécu et qui sont morts groupés autour d’elle. » Cette conscience, cette mémoire du genre humain, c’est donc comme une Arche de Noë perpétuelle dans laquelle il ne peut entrer que les chefs de file de chaque race, de chaque série.

254. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

« Mon Révérend Père, Comme mon changement ne regarde que l’enveloppe et qu’il n’y en a aucun dans mes sentiments ni dans le fond de mon caractère, je conserve toujours chèrement la mémoire de mes anciens amis, et je suis en Hollande le même qu’à Paris à l’égard de tous ceux à qui je dois de l’estime et de la reconnoissance. […] En revanche, celui-ci nous apprend encore que Prevost s’est donné le plaisir, dans ses Mémoires d’un Homme de qualité, de faire des portraits de ses anciens confrères de Saint-Maur, et de les loger dans la bibliothèque du monastère de Saint-Laurent à l’Escurial. […] Il professa à Saint-Germer avec applaudissement. » Avoir professé à Saint-Germer avec applaudissement, c’était là l’épisode qui protégeait un peu sa mémoire de ce côté du cloître. […] Les méchants propos qui avaient poursuivi Prevost durant la partie orageuse de sa vie ne respectèrent pas toujours sa mémoire. […] L’anecdote de l’abbé Prevost, parricide sans le vouloir, peut se lire dans les Mémoires d’un Voyageur qui se repose, de Dutens (tome II, page 282) ; elle est mise dans la bouche de l’abbé Barthélémy causant à Chanteloup.

255. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Mais quel rapport imaginer entre la forme ronde, carrée, ovale ou pointue du cerveau, et la mémoire, l’imagination, le jugement, le raisonnement ? […] Dareste, dans un mémoire signalé plus haut, démontre la loi suivante : c’est que dans un groupe naturel le nombre des circonvolutions est en raison de la taille des diverses espèces ; les plus grandes en ont plus, les plus petites en ont moins, et même pas du tout. […] II, Mémoire sur les rapports de la pensée et du cerveau. […] Mémoire sur la forme du crâne dans son rapport avec le développement de l’intelligence (Bulletin de l’Académie de médecine, 9 avril 1839). […] Voyez le mémoire de M.Ch.

256. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

On avait tout d’abord parlé de Mémoires, mais dans ces Souvenirs il n’y a guère qu’une dizaine de pages ébauchées de ces Mémoires projetés par Madame Récamier, et que cette main charmante, qui n’aimait pas à écrire, et qui avait bien raison, n’écrivit jamais. […] dont tous les Mémoires ont parlé comme d’un phénomène, et qui, comme une étoile, est presque restée un mystère, quel magique appeau pour la curiosité publique ! […] Lorsque Saint-Simon ou Dangeau, ou Madame de Motteville, ou n’importe quel faiseur de Mémoires, écrivent les souvenirs de leur vie, ils se révèlent eux-mêmes, de cela seul qu’ils écrivent en leur propre nom. […] Telle elle était, cette femme de grâce immortelle, charmante en cheveux blancs et aveugle comme quand elle avait ses cheveux châtains et ses yeux, couleur de ses pensées, et dont j’aurais voulu retrouver au moins le profil perdu dans ces Souvenirs sans mémoire.

257. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Sur ce point, et sur la « réciprocité » du mouvement, nous avons appelé l’attention dans Matière et Mémoire, Paris, 1896, chap.  […] Voir sur ce point, dans Matière et Mémoire, les pages 214 et suiv. […] Matière et Mémoire, loc. cit. […] Matière et Mémoire, p. 225 et suiv. […] Matière et Mémoire, 1896, chap. 1 tout entier ; et chap. 

258. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 2-3

Il a donné encore d’autres Relations historiques de divers pays, & rédigé les Mémoires du Chevalier d’Arvieux, Envoyé du Roi de France à la Porte. Ces Mémoires ne sont pas à l’abri de reproche, ou, pour mieux dire, ils fourmillent de fautes de toute espece, comme on peut en juger par une très-bonne Critique publiée contre eux dans le temps, sous le nom d’un Secrétaire de l’Ambassadeur Méhémet Effendi.

259. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il résulte d’une note écrite vers 1720 par le Père Bougerel ou par le Père Le Long, dans des mémoires particuliers qui se trouvaient à la bibliothèque de l’Oratoire, que La Bruyère a été de cette congrégation137. […] , me revient en mémoire et se met à chanter en moi153. […] La Bruyère descendait d’un ancien ligueur, très-fameux dans les Mémoires du temps, et qui joua à Paris un des grands rôles municipaux dans cette faction anti-bourbonienne ; il est piquant que le petit-fils, précepteur d’un Bourbon, ait pu étudier de si près la race. […] Boyer n’a jamais offensé personne. » — Je m’étais mis, comme on voit, fort en frais de conjectures, lorsque Trublet, dans ses Mémoires sur Fontenelle, page 225, m’est venu donner la clef de l’énigme et le nom des masques. […] On peut voir au tome II des Mémoires de Garat sur Suard, p. 268 et suiv., avec quel à-propos celui-ci cita et commenta un jour le chapitre des Grands dans le salon de M. 

260. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Nous l’avons dit plus haut : Mme de Longueville, malgré toutes ses illustrations, n’est pas un personnage d’une telle place dans l’histoire que les Mémoires du temps ne suffisent à en faire connaître ce qu’il est utile d’en savoir. […] Cousin à élever des livres-monuments à des mémoires aussi vaines, aussi profondément évaporées que celles dont il croit ranimer les poussières. […] Les Mémoires du cardinal de Retz nous l’avaient faite ressemblante. […] nous avons les Mémoires de Grammont. […] Seulement il peut oindre tant qu’il voudra du parfum de ses éloges et de ses idolâtries la mémoire de Mme de Chevreuse, il ne la lavera pas.

261. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Nos biographes n’en parlent point ; mais les mémoires de Tallemant-des-Réaux, qui viennent d’être publies, la vengent de cet oubli, à la vérité de manière à faire désirer qu’un autre chroniqueur la venge de ses injures. […] On lit dans les mémoires de mademoiselle de Montpensier, qu’en 1658, pendant le séjour que fit la cour à Bordeaux, les beaux esprits ne bougeaient de chez la comtesse de Maure. Le marquis de Sourdis a fait d’elle un portrait merveilleux qui se trouve à la suite des mémoires de Mademoiselle parmi beaucoup d’autres portraits, dont la composition faisait partie des amusements de sa société. […] Mémoires de Mademoiselle, t. 

262. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Elle ressemble à ces escaliers de l’Enfer, qu’on ne monte ni ne remonte jamais… Un écrivain de forte intelligence, qui se moque de tout, excepté des faits, Taine, que j’ai loué et que je suis prêt à louer encore, a écrit l’histoire de la Révolution, mais en la prenant par en bas, — dans la boue sanglante où elle s’est vautrée et où elle doit rester dans la mémoire des hommes, et cela fît, si l’on s’en souvient, un assez glorieux scandale… Les scélératesses et les canailleries révolutionnaires sont entassées dans le livre de Taine, à l’état compact, pour entrer, d’un seul coup, dans l’horreur des cœurs bien placés et des esprits bien faits. […] Dans les Mémoires de son temps, le comte de Fersen nous apparaît bien plus comme un personnage romanesque que comme un homme véritablement historique. […] IV Voilà, en substance, les Mémoires de Fersen, qui ont deux gros volumes et qui ne contiennent guères plus qu’une année, — allant de la fuite de Varennes à la mort de la Reine. S’ils contiennent autre chose, ces Mémoires, que le calme, doux et radieux dévouement de Fersen, on ne le voit pas.

263. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

malgré cette fin d’un homme qui meurt en prenant toutes ses précautions pour qu’on s’en aperçoive et pour que la charité des gens de bien ne puisse calomnier sa mémoire en l’honorant d’une bonne action dernière, malgré l’exil volontaire dans lequel la vanité trouve moyen de s’encadrer encore, lorsque tous les autres cadres ont été brisés, enfin malgré des travaux… considérables, si vous comptez le nombre des volumes, et qui n’ont jamais (malheureusement) été interrompus, M.  […] Les grosses fleurs de l’admiration s’épanouiront-elles sur celle mémoire, comme elles s’épanouirent sur sa vie ? […] Quand il écrivit ses Mémoires de Mathilde, ce fut à la reprise dans l’opinion du grand livre des Liaisons dangereuses, et partout il fut écrasé par les modèles qu’il avait choisis. […] Les Mémoires de Mathilde qui sont, de beaucoup, le meilleur ouvrage de M. 

264. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 258

Martin du Bellay, frere du Cardinal, a laissé des Mémoires historiques depuis 1513 jusqu’au regne de Henri II. Nos Historiens n’ont pas consulté ces Mémoires, ou, s’ils les ont consultés, ils ne les citent jamais.

265. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 20-21

Le Philosophe de Samos semble n’avoir voyagé que pour rapporter des erreurs, & M. de la Condamine a été nous chercher des vérités jusqu’aux extrémités de la terre, qui ont ensuite enrichi les Mémoires de l’Académie des Sciences. […] Des mœurs simples & pleines d’honnêteté, un cœur sans cesse ouvert à la bienfaisance, des procédés pleins de droiture & de candeur, une conversation animée par la franchise & la vivacité, formoient les principaux traits de son caractere, & rendront sa mémoire toujours chere à ceux qui savent apprécier l’homme honnête, le vrai Citoyen, le Savant modeste, & le sage Littérateur.

266. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 13-14

On peut en dire autant des Mémoires du Chevalier de Gonthieu, qu’il ne désavoue pas, aussi bien que de Mémoires d’un Américain, des Lettres d’un Philosophe sensible, & des cinq premiers volumes du Spectateur François, que cet Ecrivain réclame dans une Lettre à l’Auteur du Mercure.

267. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M.  […] Crétineau-Joly, vient de publier un livre intitulé : Mémoires du cardinal Consalvi. […] Ce sont les mémoires diplomatiques plus que les mémoires intimes et personnels du cardinal. […] Crétineau-Joly, et celui-ci nous les livre à son tour sous le titre de Mémoires du cardinal Consalvi. […] Mais elles sont cependant et effectivement des fragments très réels et très véridiques des Mémoires du cardinal-ministre ; il n’y a aucune supercherie, il y a seulement lacune ; ce ne sont pas tous les Mémoires, ce sont les documents originaux, préparés par le ministre lui-même, pour la rédaction de ses Mémoires.

268. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Les enfants apprennent des jeux qui demandent plus de mémoire, de combinaison et de finesse que la géométrie. […] Rien de plus utile et de plus intéressant que l’histoire naturelle, point de science plus faite pour les enfants ; c’est un exercice continu des yeux, de l’odorat, du goût et de la mémoire. […] Le passé n’existe que par eux ; leur silence replonge l’univers dans le néant ; la mémoire des aïeux n’est pas ; leurs vertus restent sans honneur et sans fruit pour les neveux, le moment où ces cygnes paraissent est comme l’époque de la création. […] 1° Il faut, disent-ils, appliquer à la science des mots l’âge où l’on a beaucoup de mémoire et peu de jugement. 2° Si l’étude des langues exige beaucoup de mémoire, elle l’étend encore en l’exerçant.

269. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 161-162

En effet, rien de plus vif, de plus solide & de mieux écrit, que les Mémoires qu’il a composés pour cette affaire. […] Les Gens de Lettres doivent lui savoir gré de les avoir si complétement vengés, dans ses Plaidoyers & ses Mémoires, de l’oppression de ces tyrans typographiques qu’ils font vivre par leur esprit.

270. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 389

La Paysanne parvenue, les Mémoires d’une Fille de qualité, les Mémoires posthumes du Comte de ***, les Délices du Sentiment, peuvent se faire lire en France, sans avoir besoin d’aller chercher des Lecteurs dans les Colonies.

271. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Préface » pp. -

Ce n’est point une histoire de la société polie, c’est un mémoire ou la compilation d’une suite de mémoires rédigés pour faciliter la composition d’une histoire suivie, ou plus simplement pour éliminer désormais de l’histoire des mensonges accrédités.

272. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

On ne peut les chasser des Mémoires contemporains ; ils y sont partout, et c’est leur droit d’y être. […] Un ami du grand artiste qui n’est plus, par admiration pour son génie, par piété envers sa mémoire, est devenu l’éditeur de cette œuvre inachevée. […] Évidemment, il n’a pas la bonhomie pleine de profondeur des deux Téniers, — car ils étaient deux, ces talents si semblables qu’ils n’en font plus qu’un dans la mémoire des hommes, — mais il en a parfois la fougue burlesque et l’emportement de kermesse. […] Et, de fait, Balzac n’a pas dû écrire beaucoup en dehors de ce que j’appelle les productions publiques de sa pensée : livres, articles, mémoires. […] Auteur, en quelque sorte, même par la mémoire qu’il a laissée, il semble faire les livres que nous faisons sur lui, puisqu’il les inspire.

273. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Voltaire, qui en avait pris connaissance dès l’année 1739, l’appelait un « ouvrage d’Aristide », et Rousseau, qui s’en autorisa plus tard dans son Contrat social, a dit : « Je n’ai pu me refuser au plaisir de citer quelquefois ce manuscrit, quoique non connu du public, pour rendre honneur à la mémoire d’un homme illustre et respectable qui avait conservé jusque dans le ministère le cœur d’un vrai citoyen, et des vues droites et saines sur le gouvernement de son pays. » M. d’Argenson n’était pas encore ministre lorsqu’il composa cet ouvrage, et il était sorti du ministère lorsqu’il le revit pour y mettre la dernière main. […] Enfin, dans la collection des mémoires relatifs à la Révolution française, M.  […] Il cherchait de lui-même à se rendre utile ; il composait des mémoires sur les différentes matières qui étaient alors en litige, notamment sur les démêlés parlementaires si vivement excités dans l’affaire ecclésiastique de la Constitution ; lorsqu’il s’élevait une difficulté nouvelle, il arrivait quelquefois que le roi disait : « N’y a-t-il pas là-dessus un mémoire de M. d’Argenson ?  […] Il dit cela dans un mémoire lu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; il y succéda en 1733, comme membre honoraire, à l’abbé de Caumartin, son oncle, évêque de Blois, et dont nous savons les grâces d’esprit. […] Le nom et la mémoire de son père lui servent beaucoup en tout lieu, et il le reconnaît.

274. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Ce qu’on a appelé ses Œuvres et ses Mémoires, et qui ont été remis en lumière récemment47, nous le montrent dès 1661, et dans les années qui précédent la guerre de 1667, déjà formé par l’âme et le caractère. […] Je n’appelle pas être écrivains et littérateurs, pour des rois, faire ce qui est de leur royal office, des notes, des dépêches, des lettres, des mémoires même. […] Rousset lui-même nous procure la plus belle preuve des hautes qualités royales, dans le Mémoire dicté par Louis XIV sur la campagne de 1672, et sur les motifs qui la lui firent entreprendre. On avait déjà des Mémoires de Louis XIV sur d’autres moments de cette guerre, notamment sur la dernière année qui précéda la paix de Nimègue (1678). Mais l’exposé et le début triomphant de l’entreprise manquaient ; on n’a rien à désirer maintenant, grâce au Mémoire publié par M. 

275. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Boileau, étonné, se fâcha presque ; puis, quand il vit que ce n’était qu’un prodige de mémoire, il admira. […] Dans un très beau mémoire de lui, où il y a des portraits historiques très bien touchés, il nous a exposé sa conduite et ses vues. […] Le marquis d’Argenson, dans ses excellents mémoires, ne dit pas autre chose et le dit avec des détails piquants et nouveaux, à ce point que le chancelier en était quelquefois réduit, dans son indétermination, à appeler à son aide un de ses enfants pour l’aider à prendre un parti. […] De la modération, du ménagement en toutes choses, une intelligence vaste et tempérée, un sincère et ingénu désir de conciliation, une mémoire prodigieuse, immense, une expression pure, élégante et soignée, cette politesse affectueuse qui naît d’un fonds d’honnêteté et de candeur, c’est ce que témoignent tous ses écrits, et ce qu’on lirait aussi, jusqu’à un certain point, dans les traits de son noble et beau visage, dans ce sourire discret, dans cet œil fin, bienveillant et doux, et jusque dans ces contours si ronds et sensiblement amollis, où rien n’accuse la vigueur. […] Malgré ces incertitudes, malgré ces tâtonnements et ces faiblesses, et bien que la plupart de ses qualités se tiennent elles-mêmes en échec, le nom de d’Aguesseau s’est transmis l’un des plus beaux et l’un des plus vénérés dans la mémoire française ; les années lui ont ajouté plutôt qu’enlevé de cet éclat et de cette fleur de renommée que, vers la fin, tous les contemporains ne lui reconnaissaient plus avec un égal respect.

276. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

L’autre, — la conformité avec l’histoire, et avec l’histoire contemporaine, — c’était ce qui séduisait dans les romans de cet aventurier de lettres, Gatien de Courtilz de Sandras, l’auteur de tant de Mémoires apocryphes : Mémoires de M. de Rochefort, Mémoires de la marquise de Fresne, Mémoires de M. d’Artagnan. […] Nous en avons un curieux témoignage dans les Mémoires de Gourville ; nous en avons un mémorable exemple dans la fortune de Colbert. […] La mémoire de Marivaux ne saurait s’offenser de la comparaison, puisqu’il l’a lui-même provoquée. […] Il a consigné pour nous, dans la troisième partie des Mémoires d’un homme de qualité, les impressions qu’il reçut de ce premier séjour. […] Ce dernier trait allait à l’adresse des Mémoires d’un honnête homme.

277. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 83-84

L’Homme moral, & sur - tout les Mémoires philosophiques du Baron de **, dont il vient d’enrichir notre Littérature, prouvent que l’esprit & les talens ne sont pas moins héréditaires dans sa famille, que les vertus patriotiques qui l’ont depuis long-temps illustrée. Il seroit difficile de présenter sous un jour plus frappant le Charlatanisme, les intrigues, les manéges & tous les travers de la Philosophie moderne, qu’ils ne le sont dans ces Mémoires ; Production vraiment originale, où la critique est mise en action de la maniere la plus piquante & la plus capable de faire impression sur les esprits mêmes prévenus.

278. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 316-317

A la tête de ses Œuvres, qui n’ont paru qu’après sa mort, est un Mémoire sur sa vie & ses Ouvrages, composé par lui-même, où il ne s’épargne pas les louanges ; ce qui suffiroit pour dispenser le Public de lui en accorder. […] Nous doutons cependant qu’on l’eût admis dans la classe philosophique, s’il eût publié de son vivant le Mémoire qu’il a composé pour la justification de J.

279. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Je ne mettrai de sa réponse que deux ou trois strophes dans lesquelles elle réclamait avec confusion contre le mot de gloire que lui avait jeté magnifiquement le grand poète : Mais dans ces chants que ma mémoire Et mon cœur s’apprennent tout bas, Doux à lire, plus doux à croire, Oh ! […] Raspail, qui avait continué de vivre en Belgique, à la nouvelle de cette mort, ait écrit cinq jours après au fils de la chère défunte cette lettre pathétique et grave, qui mérite de rester attachée à sa mémoire comme la suprême oraison funèbre : « Monsieur, j’ai lu et relu, les yeux remplis de larmes, votre pieuse lettre ; c’est le dernier adieu que votre illustre mère vous a chargé de me transmettre, vous, le légataire universel de ses souvenirs, de ses affections et de ses grandes qualités. […] Restez, monsieur, le culte vivant de sa mémoire : les lettres ont plus que jamais besoin qu’on leur rappelle souvent de ces beaux souvenirs. […] Le 4 août suivant, la ville de Douai accomplissait un devoir douloureux envers son cher poète, et la population douaisienne remplissait cette église Notre-Dame, toute voisine de la maison de naissance de la défunte, pour assister à la messe solennelle qui était célébrée en sa mémoire avec le concours du corps de musique de la ville et de la Société chorale de Sainte-Cécile.

280. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

On n’a d’autres ouvrages de lui que des extraits du Journal des sçavans, quelques mémoires de mathématique, & l’excellent factum qu’il composa pour détruire l’accusation intentée contre lui. […] Le mémoire, trouvé après sa mort, arrivée en 1752, est circonstancié singulièrement. […] Il suit donc que le mémoire de Boindin, écrit plus de vingt années avant sa mort, est un libèle diffamatoire. […] Un ministre, mal intentionné pour la mémoire de Saurin, ou, peut-être mal instruit, vient tout récemment de soutenir & de publier que cette lettre avoit existé.

281. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Que pouvait-on faire après Byron lui-même, mutilé comme la Vénus de Milo, dans ses Mémoires à Thomas Moore ? […] Ôtez les vers de lord Byron qu’à chaque page on cite ; ôtez les fragments des Mémoires de lord Byron qu’on y ajoute ; ôtez les faits connus et trimbalés partout sur ce génie, déjà légendaire ; ôtez enfin tout ce qui n’est pas de l’auteur de Robert Emmet, et il ne restera rien et ce sera son livre ! […] Et en effet, cet éternel ruminement sur Lord Byron d’une mémoire qui a deux estomacs et, qui remâche tout ce qu’elle a avalé, finit par être terriblement impatientant… On s’attend toujours, en ces Premières et Dernières Années de lord Byron, à une notion inconnue qui va paraître, à un aperçu, si petit qu’il soit, qui va jaillir et rien ne vient ! […] Mais c’est la seule illustration et c’est aussi la seule gaieté à recueillir pour les gens qui aiment à s’amuser un peu, dans ce torrent de bavardages, de vocalises et d’échos qui sonnent creux sur une si grande mémoire… et qui finissent par ennuyer.

282. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Fait, comme tout homme qui vient en ce monde, de mémoire, d’intelligence et de volonté, le bâtard, si loin qu’il recule en lui, trouve dans sa mémoire l’événement qui lui a retranché toute légitimité naturelle et sociale ; car le séducteur dont il est sorti n’est pas père. […] La honte de la mémoire vient demander à la pensée de l’effacer. […] V Vignette fatale dans la mémoire, coup de sifflet dans l’intelligence, corruption dans la volonté fourvoyée, le bâtard est la parabole de la chute, la contrefaçon du dogme qu’il repousse, et un argument vivant, dans sa propre existence, contre sa propre incrédulité !

283. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Au lieu de la fiction toujours froide, la mémoire des lieux aimés, toujours chaude, fut ma muse, comme nous disions alors ; elle m’inspira. […] Elle ne sortit jamais entièrement de ma mémoire. […] Ce visage pâle, triste et doux comme une apparition au clair de lune, s’imprima d’un seul regard dans ma mémoire. […] Lisez les annales des peuples ; vous vous convaincrez d’un coup d’œil que, tant qu’ils n’ont pas été littéraires, ils n’ont pas été, et que leur mémoire commence avec leur littérature. […] Que je vive dans la mémoire de Dieu, je me ris de celle des hommes !

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