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46. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

On lit dans Le Moniteur de cette date : La Commission des primes à décerner aux ouvrages dramatiques était composée, cette année, de MM.  […] Parmi les pièces représentées sur un autre théâtre que le Théâtre-Français, la commission, même après un premier choix, avait à en examiner plusieurs de mérite inégal et de genre fort divers ; mais elle ne pouvait ne point se préoccuper, avant tout, d’un ouvrage qui lui était désigné par le plus brillant succès, par la jeunesse et la maturité du talent, et qui est, sans contredit, la plus remarquable des pièces représentées pendant l’année. […] Reprenant alors le texte même de l’arrêté du 12 octobre 1851, on n’a eu qu’à relire l’article 4, ainsi conçu : “Une prime de cinq mille francs pourra être accordée chaque année à l’auteur d’un ouvrage en cinq ou en quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès à Paris, pendant le cours de l’année, sur tout autre théâtre que le Théâtre-Français…, et qui serait de nature à servir et à l’enseignement des classes laborieuses par la propagation d’idées saines et le spectacle de bons exemples. […] Mais ce dernier ouvrage, fondé, comme presque tous ceux du même genre, sur ce qu’on peut appeler l’adultère fondamental et antérieur à l’action, n’a point paru d’ailleurs différer notablement en mérite d’autres drames de la même famille, déjà couronnés les années précédentes ; et quant à l’agréable petite comédie donnée à la veille du nouvel an, c’eût été l’exagérer que de l’élever isolément jusqu’à l’importance d’un enseignement utile. […] La commission, en terminant un travail qui, cette année comme la précédente, est resté sans fruit, ne se hasarderait pas toutefois à exprimer ce vœu, monsieur le ministre, si elle ne sentait qu’elle va en cela au-devant de vos désirs, et si elle ne confiait l’idée à votre goût.

47. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

., Basnage de Bauval les reprit à sa sollicitation au mois de Septembre de la même année. […] Au commencement de l’année suivante, M. Freron publia son Journal sous le titre d’Année littéraire. Il en donne huit volumes chaque année. […] On a vu, pendant plusieurs années, une foule de journaux s’élever à l’envi ; tous n’ont fait que paroître.

48. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Mignet a résumé pour tous la plupart des nouveaux résultats et y a ajouté pour son propre compte, dans le grave et majestueux tableau qu’il a consacré aux dernières années du vieil empereur. […] Quelques années après, devenu empereur, il avait changé de devise, il était entré résolument dans sa destinée, avec ce mot audacieux qui faisait mentir les colonnes d’Hercule : Plus ultra (c’est-à-dire, passons outre et au-delà) ! […] Mais les années venues et les difficultés s’accroissant, il avait été le premier à se dire ce mot si difficile à entendre : Assez ! […] Mais, dès l’âge de trente ans, il ressentit les premières atteintes de la goutte, et ce mal ne cessa de le travailler de plus en plus avec les années. […] Il habitait, déjà depuis plus d’une année le cloître qu’il était encore de nom et de droit empereur, et il n’eut la satisfaction d’apprendre qu’enfin il n’était plus rien et de pouvoir se nommer Charles tout court que dans les derniers mois de sa retraite.

49. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Cette même année, il avait envoyé de sa pension, au concours de l’Académie française, une pièce de vers sur les Avantages de l’Étude, qui obtint une mention. […] Les années 1819 et 1820 furent sans doute les plus remplies, les plus laborieuses, les plus ardentes, les plus décisives de sa vie. […] Il passa une année dans une petite chambre rue Mézières, puis rue du Dragon, étudiant et travaillant à force, jaloux de prouver à son père qu’il pouvait se suffire à lui-même. […] Victor avait cessé de le voir depuis quelques années, à cause de la profonde division de leurs sentiments politiques. […] Chaque degré vers le temple a son autel, et quelquefois double ; chaque année dans ses domaines a plus d’une moisson.

50. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Il y eut évidemment en ces années un premier Gandar, plus actif, plus répandu, plus expansif que celui qui nous est venu ensuite. […] Gandar, en retournant en Grèce au printemps de 1853, n’était plus pourtant le voyageur intrépide et avide des premières années. […] Quatre années ont laissé faire à cette oasis de verdure de grands progrès. […] Sa première leçon d’ouverture, du 8 janvier 1862, avait été sur Pascal, dont il s’occupa jusqu’à la fin de l’année. […] On est tout surpris en général de voir un homme de mon âge publier un livre qui lui a pris six années de sa vie.

51. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

L’occasion était belle pour lui dans les premières années qui succédèrent à la révolution de 1830. […] Et je ne parle point ici par hypothèse, car ces discours d’Ampère, je les ai entendus ; ces leçons, je les ai suivies avec tout un fidèle auditoire pendant des années. […] M. de Sacy, en ces années (1836-1848), était bien plus politique que littéraire : il ne s’occupait de littérature qu’incidemment. […] Le séjour de Rome fut fécond pour Ampère ; il y avait fait, depuis 1824, bien des voyages, mais dans les dernières années la ville éternelle lui était devenue une patrie. […] Ces dix années, de 45 à 55, ont été fort mêlées et entrecoupées ; mais les précédentes, de 33 à 45, avaient été entières.

52. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Outre ces éloges périodiques et saints, il y en avait d’autres tout profanes, que chaque circonstance et chaque année faisait naître. […] En 1664, année où le pape envoya faire des excuses au roi, panégyrique où la magnanimité de Louis XIV est comparée à celle de Jules César, par un cordelier. Une autre année, panégyrique sur les jeux et les divertissements que Louis XIV donnait trois fois la semaine dans le grand appartement de Versailles. […] Il exagéra donc tout à la fois et ses projets et ses moyens ; et de là, après quelques années d’éclat, le dépérissement, la ruine et le malheur. […] Je ne parle pas des dernières années de ce prince ; je plains tant de grandeur suivie de tant de désastres.

53. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Les premières lettres que Fénelon écrit de Cambrai au duc de Bourgogne, après quatre années d’interruption et de silence (1701), sont toutes d’affection et de spiritualité. […] Il ne le revit point jusqu’en mai de l’année 1708, où, retournant pour commander l’armée de Flandre, il le vit un moment encore à la maison de la poste de Cambrai, où il dîna. […] Ce que Fénelon écrit en cette année 1708 au duc de Bourgogne, il ne cessera de le répéter et de le lui faire arriver par le canal du duc de Chevreuse durant les années suivantes ; il est affecté dans sa religion de chrétien éclairé, dans sa tendresse de père nourricier et de maître, dans son patriotisme de citoyen, de voir un prince qui devrait être si cher à tous les bons Français, et dont il sait les vertus essentielles, devenu l’objet d’un dénigrement et d’un déchaînement si général. […] Pendant toute l’année 1710 et au commencement de 1711, quand il touche cette corde délicate, Fénelon fait sans cesse résonner le même son : soutenir, redresser, élargir le cœur du jeune prince ; il lui voudrait et il demande pour lui au ciel un cœur large comme la mer. […] La courte année où le duc de Bourgogne ne brilla que pour s’éteindre, passe comme un éclair.

54. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Il allait avoir trente ans ; il est élu membre du Grand Conseil ; il se marie ; il entre dans les années ternes. […] Veux-tu être M. le conseiller, M. le trésorier, Son Excellence de Berne, et comme Son Excellence un tel, mourir d’ennui toute l’année et subir mille mortifications ? […] Trois fois, dans le cours de vingt années, il eut à quitter Berne pour administrer des pays sujets de ce canton. […] Comment n’en eût-il pas été, l’aimable et hospitalier bailli de Nyon (car ce fut le second gouvernement de Bonstetten) qui, aux belles années finissantes de Louis XVI et aux premières années de la Révolution (1787-1792), eut l’occasion de recevoir, d’accueillir la meilleure compagnie française, le monde élégant des émigrés, et de leur adoucir la première étape de l’exil ? […] Il s’était fait en ces années un nouvel ami intime, moins héroïque et moins épique que Muller ; c’était l’aimable et sensible poète Matthisson.

55. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Il y a, dans la vie, de ces années primordiales et fécondes, de ces assises fondamentales : on n’a plus ensuite qu’à bâtir dessus. […] Parti pour Saint-Domingue en qualité de sous-commissaire, et bientôt ordonnateur au Cap, il se marie, il devient propriétaire ; il assiste pendant cinq années à l’exercice d’un système colonial dont il prévoit et dénonce les funestes conséquences. […] Après trois années environ de séjour en France (1773-1776), Malouet repartit donc, chargé d’une mission de confiance pour la Guyane française. […] Chateaubriand put en entendre le récit de sa bouche ou de celle d’un tiers, à Londres, pendant les années d’émigration. […] L’abbé Raynal lui arrivait un jour à l’improviste et s’en venait loger chez lui : il n’y resta pas moins de trois années !

56. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Horace Vernet, pendant toute cette année 1848, fut exclusivement militaire. […] Que serions-nous, vous et moi, si, dès nos premières années, nous n’avions marché dans l’unique voie qui nous a conduits à la grande réputation dont nous jouissons ? […] L’année 1855 lui ménagea un beau et flatteur triomphe. […] Il avait depuis quelques années quitté Versailles, et il occupait un logement à l’Institut. […] C’étaient des chagrins domestiques et une séparation à l’amiable, mais bien pénible après des années d’union.

57. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

La religion, la poésie, la monarchie, durant ces trente années, dominèrent, chacune plus ou moins, selon les circonstances, dans cette vie qui marcha comme un long poëme. […] Depuis quelques années pourtant, l’unité de cette belle vie de M. de Chateaubriand s’était  suffisamment dessinée ; sauf quelques brusques détails, la ligne entière du monument était appréciée et applaudie. […] Le premier ensemble, dont la rédaction remonte à 1811 et s’achève en 1822, comprend les trente premières années de sa vie jusqu’en 1800. […] À ce collége de Dol, la troisième année de séjour fut marquée par la révolution d’âme et de sens qu’amena la puberté. […] La vie confuse, remuée, enthousiaste, de ces années-là, s’anime devant nous.

58. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Cependant cinquante années de soin et de dépenses ont à peine produit trois ou quatre peintres, dont les ouvrages soient bien marquez au coin de l’immortalité. […] Il est vrai que la peinture se maintint à Rome en splendeur durant un plus grand nombre d’années. […] Ils dégenererent durant les plus belles années de l’empire romain. […] Elles n’ont pas troublé quarante années des trois cens années qu’on compte depuis Auguste jusqu’à Gallien. […] La terreur que ces guerres répandent, peut tout au plus retarder leurs progrez durant quelques années, et il paroît même qu’elle ne le fait pas.

59. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Je lui dis alors, comme pour expliquer mon amaigrissement : “Sire, les années s’accumulent. […] , avec l’aumône de trois paoli ; « Cinquante messes chaque année, pour le repos de l’âme de la duchesse Constance Braschi, née Falconieri, à célébrer dans l’église de Saint-Marcel au Corso, le 17 juin, jour anniversaire de sa mort, avec l’aumône de trois paoli ; « Cinquante messes chaque année, pour le repos de l’âme de D. […] Je l’ai connu peu d’années avant sa fin ; le portrait que je fais de ses années pleines et mûres serait certainement le portrait vivant de ses premières. […] L’âge des sens change avec les années, l’âge de la physionomie ne change pas ; c’est l’âge de l’âme. Quand je le connus, il touchait à la vieillesse ; mais cette vieillesse avait toute la grâce même de la jeunesse, la douceur, la sérénité, l’accueil souriant des belles années.

60. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Ses années de collège, attristées un moment par la maladie (il subit à quatorze ans l’opération de la taille), n’ont presque pas laissé de traces dans son œuvre. […] Tonsuré dès l’année 1647, et destiné à l’Église, Boileau fut mis à la théologie, dès sa sortie du collège, en 1652. […] Car le Lutrin ne fut commencé et la Première Épître corrigée que cette année-là. […] Il n’y passa plus l’hiver après 1687, mais chaque année, aux beaux jours, il s’y installait avec joie. […] Mais il eut une affaire qui assombrit et inquiéta ses dernières années.

61. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

., si en faveur encore dans ces années, et si lu pendant ce mois de décembre 1851, nous vendions en tout, et pour tout, une soixantaine d’exemplaires de l’infortuné En 18.. […] Il y a quelques années, quand elle nous a dit qu’elle allait dans son pays, c’était pour accoucher. […] Mais cette jeune fille était à peindre par Balzac, aux temps de la Restauration ou du règne de Louis-Philippe, — et plus en ces années, où le monde légitimiste n’appartient presque pas, on peut le dire, à la vie vivante du siècle. […] Il y a aujourd’hui plus de trente ans que je lutte, que je peine, que je combats, et pendant nombre d’années, nous étions, mon frère et moi, tout seuls, sous les coups de tout le monde. […] Je crois aussi qu’il ne faut pas s’attarder dans la littérature d’imagination, au-delà de certaines années, et qu’il est sage de prématurément choisir son heure pour en sortir.

62. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Cowper se reprochait fort la perte de ces années décisives qu’il comparait, en langage des champs, au temps des semailles ; on n’a plus tard des gerbes qu’à ce prix : « La couleur de toute notre vie, pensait-il, est généralement telle que la font les trois ou quatre premières années dans lesquelles nous sommes nos maîtres. […] Un malheur vint à la traverse au commencement de la seconde année. […] Dans les premières années de ce séjour à Olney, M.  […] L’année 1773 fut presque aussi funeste pour Cowper que l’avait été celle de 1763. […] J’eus même la hardiesse de prendre eu main le crayon, et j’étudiai toute une année l’art du dessin.

63. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Les années à tout âge vont vite, mais surtout celles du milieu. […] A prendre en effet les trois derniers siècles à leur année 43, on n’aurait guère pu deviner, en littérature (pour ne parler que de cela), tout ce qu’ils ont enfanté de plus original et de plus grand. […] Que s’est-il passé littérairement de saillant, de sensible à tous, depuis quelques années ? […] En quatre ou cinq années (terme moyen), ils ont usé une réputation qui a eu des airs de gloire, et avec elle un talent qui finit presque par se confondre dans une certaine pétulance physique. […] L’espèce de halte qui dure depuis plusieurs années met naturellement un intervalle, une distance commode, entre les premiers groupes et ce que l’avenir réserve.

64. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Dans les dernières années, M. […] Les événements contradictoires des premières années lui apportèrent bien des transes, des froissements et des vicissitudes, mais aussi le réveil. […] Daunou eut, en ses dernières années, de douces satisfactions puisées à l’estime publique et dues aux honneurs littéraires qu’un choix libre lui déférait. […] Daunou, tel que je l’ai connu dans les vingt et une dernières années de sa vie, était ce qu’on peut appeler une nature timorée, un trembleur. […] Mais qu’était-ce que l’Année littéraire comme autorité, à cette date, en comparaison de La Harpe ?

65. (1874) Premiers lundis. Tome I « Alexandre Duval de l’Académie Française : Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock »

Après y avoir consacré plusieurs années, grâce à ses anciens professeurs, ou à quelques amis de collège, lancés dans le grand monde, il finissait par trouver un protecteur. […] Le triomphe pouvait durer, dans les salons, quelques années ; mais à la fin la représentation, venant confirmer ou contrarier le jugement des amateurs, fixait pour jamais le sort de l’auteur. […] Les Vêpres siciliennes, si on les donnait cette année pour la première fois, réussiraient peut-être tout juste autant que la Princesse Auréli. […] Quelques années de liberté avant l’empire n’avaient-elles pas suffi à enfanter Pint. […] Ces suppressions se bornent d’ailleurs à trois ou quatre articles. — Enfin, avant de prendre définitivement congé de l’année 1829, signalons une fausse date que M. 

66. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 518-522

Le premier article de cet arrêté propose une prime de 5 000 francs à l’auteur d’un ouvrage dramatique en cinq ou quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès, pendant le cours de l’année, sur le Théâtre-Français, et qui sera jugé avoir le mieux satisfait à toutes les conditions désirables d’un but moral et d’une exécution brillante. Si la Commission n’avait eu à se préoccuper, monsieur le ministre, que des conditions de talent, d’exécution brillante et de succès, s’il lui avait été demandé seulement de désigner lequel des ouvrages représentés dans le cours de l’année au Théâtre-Français lui semblait le plus digne, littérairement, d’un encouragement et d’une récompense, elle aurait pu être embarrassée de faire un choix, mais elle en aurait certainement fait un. […] La Commission, monsieur le ministre, a donc le regret de n’avoir à désigner cette année aucun ouvrage dramatique en quatre ou cinq actes, qui réunisse les conditions exigées pour mériter à l’auteur la première prime. Elle n’a pas trouvé davantage à placer la seconde prime de 3 000 francs proposée « à l’auteur d’un ouvrage en moins de quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès, pendant le cours de l’année, sur le Théâtre-Français, et qui, dans des proportions différentes, serait jugé avoir rempli, au plus haut degré, les mêmes conditions ». […] Quant aux ouvrages en moins de quatre actes, représentés pendant l’année sur d’autres théâtres que le premier Théâtre-Français, bien qu’il y en ait de très agréables, et quelques-uns même où l’auteur semblait se proposer un but utile, la Commission n’en a trouvé aucun qui lui parût réunir, à un degré suffisant, la double condition voulue.

67. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

L’abbé Le Dieu était un ecclésiastique estimable, laborieux, auteur par lui-même de quelques ouvrages sur des matières théologiques ; il fut attaché à Bossuet à partir de l’année 1684, et resta auprès de lui près de vingt ans, les vingt dernières années de la vie du grand prélat, en qualité de secrétaire particulier et avec le titre de chanoine de son église cathédrale ; mais il ne faut point voir en lui auprès de Bossuet ce qu’était l’abbé de Langeron pour Fénelon : ce n’était point un ami, mais un domestique dévoué et fidèle. […] Il paraît s’être donné d’assez bonne heure ce rôle d’historiographe de Bossuet, et dans les dernières années il s’était fait purement et simplement son Dangeau. […] Les années de retraite et d’étude à Metz, et le fruit dont elles furent pour nourrir le talent de Bossuet, sont exprimés d’une manière sensible par l’abbé Le Dieu. […] La méthode ou, pour mieux dire, le procédé de Bossuet était autre, non pas qu’il ne lui arrivât sans doute de répéter le même discours ; il y en a qu’on lui redemandait d’une année à l’autre ; mais, dans ce cas encore, il est douteux qu’il les récitât exactement de même. […] Les années où il fut précepteur du dauphin, et où il se remit à toutes les études humaines sous prétexte de les lui enseigner, furent celles où il s’occupa le plus des belles-lettres proprement dites.

68. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

C’est l’année où, tandis que Th. de Banville jette en suprême adieu Les Occidentales et Rimes dorées, Verlaine donne Bonheur ; Stéphane Mallarmé, Pages ; Henri de Régnier, Épisodes, Sites et Sonnets ; Jean Moréas, le Pèlerin passionné ; Maurice du Plessys ; la Dédicace à Apollodore ; Laurent Tailhade, Vitraux et le Pays du Muffle ; Rodenbach, le Règne du Silence ; Stuart Merrill, Les Fastes ; Gustave Kahn, Chansons d’amant ; Emmanuel Signoret, le Livre de l’Amitié ; René Ghil, le Vœu de Vivre ; Louis Dumur, Lassitudes ; Gabriel Vicaire, À la Bonne Franquette ; Ajalbert, Femmes et Paysages ; Ernest Raynaud, Les Cornes du Faune 3, et si je ne devais m’en tenir aux poètes, je mentionnerais que c’est l’année où Maurice Barrès donne Sous l’œil des barbares et Trois stations de psychothérapie ; Léon Bloy, la Chevalière de la mort ; Huysmans, Là-Bas ; Péladan, l’Androgyne ; Rachilde, La Sanglante ironie ; Albert Autier, Vieux… 1891 ! c’est l’année où Gabriel Mourey publie, pour la première fois, une traduction si réclamée de Swinburne. C’est l’année où l’on réédite les Chants de Maldoror, Les Amours jaunes de Corbière et où paraissent, sous ce titre Le Reliquaire, les poésies d’Arthur Rimbaud, jusque-là dispersées. […] Dans cette même année, Antoine, qui n’a pas encore trouvé de scène fixe pour son Théâtre libre, fait applaudir à la Porte Saint-Martin La mort du Duc d’Enghien de Hennique et, çà et là, l’École des Veufs de Georges Ancey, La Meule de Lecomte, Le Canard Sauvage d’Ibsen et le Père Goriot, tandis que Paul Fort crée le Théâtre d’Art et annonce qu’à partir du mois de mars « les soirées seront terminées par la mise en scène d’un tableau des peintres de la jeune école. […] C’est le 3 février de l’année 1891 qu’eut lieu à l’Hôtel des Sociétés Savantes le banquet du Pèlerin passionné, manifestation grandiose où prirent part deux cents artistes et poètes et qui eut une répercussion mondiale.

69. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

L’année suivante il fit Le Cocu imaginaire, qui eut un succès pareil à celui des Précieuses. Au mois d’Octobre de la même année, la Salle du Petit Bourbon fut démolie pour ce grand et magnifique Portail du Louvre, que tout le monde admire aujourd’hui. […] Lorsqu’il commença les représentations de cette agréable Comédie, il était malade en effet d’une fluxion sur la poitrine qui l’incommodait beaucoup, et à laquelle il était sujet depuis quelques années. […] Ceux du Marais y avaient été incorporés en 1673 suivant les intentions de sa Majesté, et par Ordonnance de Monsieur de la Reynie Lieutenant Général de la Police, donnée le 25 Juin de la même année, ce Théâtre fut supprimé pour toujours. Les Comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, qui depuis un si grand nombre d’années portaient le titre de la seule Troupe Royale ont été réunis avec la troupe du Roi le 25 Août 1680 cela s’est fait suivant l’Ordre de sa Majesté donné à Charleville le 18 du même mois, par Monsieur le Duc de Créquy Gouverneur de Paris, premier Gentilhomme de la Chambre en année, et confirmé par une Lettre de Cachet, en date du 21 Octobre.

70. (1739) Vie de Molière

Avant l’année 1625, il n’y avait point de comédiens fixes à Paris. […] Pierre Corneille tira le théâtre de la barbarie et de l’avilissement, vers l’année 1630. […] Depuis l’an 1658 jusqu’à 1673, c’est-à-dire en quinze années de temps, il donna toutes ses pièces, qui sont au nombre de trente. […] Le théâtre de Molière, qui avait donné naissance à la bonne comédie, fut abandonné la moitié de l’année 1661, et toute l’année 1662, pour certaines farces moitié italiennes, moitié françaises, qui furent alors accréditées par le retour d’un fameux pantomime italien, connu sous le nom de Scaramouche. […] Il fut joué le 29 novembre de la même année à Rainsy, devant le grand Condé.

71. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Un homme d’État, c’est certainement ce que M. de Meilhan se piquait d’être, et l’on assure qu’il était de ceux qui croyaient avoir une recette pour guérir le mal financier de la France en ces années critiques et pour régénérer la monarchie. […] Dans les dernières années de Louis XV, on prévoyait une crise, un changement de principes, que l’avènement du futur règne devait amener. […] L’année suivante, M. de Meilhan donna un ouvrage d’un tout autre genre, Considérations sur les richesses et le luxe (1787) : c’était un livre par lequel il se posait devant l’opinion comme candidat au ministère et au contrôle général des finances. […] M. de Meilhan dénonce cette facilité universelle, qui était le cachet de ces années (1780-1788) : Il est devenu facile d’écrire en tout genre. […] Lui-même que l’on appelait encore complaisamment en 1787 un jeune magistrat, va devenir en peu d’années un débris d’émigration, une antique, un monument.

72. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Ce père de Marolles, le plus beau gendarme qui se pût voir, s’étonnait, bien des années après, de mourir dans son lit ; il en était presque humilié : « Comment, disait-il, ce n’est pas les armes à la main qu’il faut quitter la lumière !  […] Il en eut les bulles de Rome l’année suivante (1610). […] En ces années, il nous tient très au courant de ses sorties et de tout ce qu’il y voit : carrousels, festins, comédies, ballets ; il a, au plus haut degré, la mémoire des yeux. […] Elle disposa souverainement de lui durant des années. […] Depuis l’année 1627, c’est-à-dire depuis l’âge de vingt-sept ans, Marolles avait joint à sa première petite abbaye de Baugerais l’abbaye bien plus importante de Villeloin, dont le titre se rattache habituellement à son nom.

73. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Aux approches de sa seizième année, la nature fit un effort en sa faveur et déploya ses forces secrètes ; ses crises nerveuses disparurent, et il acquit une santé suffisante, de laquelle il n’abusa jamais. […] C’était exactement, à quelques années près, ce qu’avait fait Bayle dans sa jeunesse. […] Avec les années, Gibbon devint grotesquement gras et replet ; mais la charpente osseuse chez lui était des plus minces et des plus frêles. […] On a si souvent dans ces dernières années déclaré David Hume vaincu et surpassé, que je me plais à rappeler un témoignage si vif et si délicatement rendu. […] Ce n’est pas sans une secrète satisfaction qu’il rappelle ces années de service actif.

74. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Il devint intendant général de la Grande Armée en octobre de cette même année. […] Daru unissait, quand il y avait lieu (et alors il y avait lieu toujours), l’administration des pays conquis, laquelle s’accroissait aussi d’année en année. […] L’année 1806 fut le moment de l’élévation rapide de M.  […] Il l’avait composé comme il fit plus tard pour plusieurs de ses discours académiques en ces années : sa voiture et le chemin de Saint-Cloud lui avaient tenu lieu de cabinet. […] Daru en ces années, fut le rapport qu’il rédigea en 1811 sur le Génie du christianisme de Chateaubriand.

75. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Dix années, et plus de dix années, se passèrent en effet sans qu’elle se mêlât directement et essentiellement de politique ; elle contribua à faire M. de Castries ministre de la marine (1780), et, peu après, elle fit remplacer M. de Montbarey à la Guerre par M. de Ségur : son monde intérieur la détermina à intervenir activement dans ces deux cas. […] Jugez de là ce que je vous désire pour l’année que nous venons de commencer. […] Durant les douze ou treize premières années de règne (1774-1787) les lettres qu’on a de Marie-Antoinette, même après cette dernière collecte et cette double publication rivale, sont très clair-semées. […] Sa répugnance à sacrifier l’archevêque, qui avait fait ses tristes preuves depuis une année, pouvait témoigner de sa bonté ou même de sa « grandeur d’âme », comme le lui disait poliment M. de Mercy, mais non de sa justesse de vue. […] L’idée fixe, il faut le dire, dès le lendemain des journées d’octobre et pendant toute l’année suivante et au-delà, est de fuir et de sortir des griffes où l’on est tombé.

76. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Il était précédé de deux années par son frère Germain, dont le nom n’est pas séparable du sien, et par cet autre ami non moins inséparable, j’allais dire par cet autre frère, M. […] On n’en trouverait aucun représentant plus irrépréhensible et plus pur, en ces jeunes années d’essai, que Casimir Delavigne : en sincérité, en éclat, en expression loyale et populaire, il rappelle un autre cher souvenir, un autre nom sans reproche aussi, et qu’il a chanté : Casimir Delavigne et le général Foy ! […] — Casimir Delavigne aurait pu, pendant des années, se borner à cette réponse envers ceux qui auraient cherché querelle à ses premières œuvres dramatiques. […] Le poëte eut là de pleines et belles années. […] En ces heureuses années, Casimir Delavigne fit le voyage d’Italie ; il s’y reposa des longs travaux par des inspirations qui tiennent davantage à la fantaisie ou à l’impression personnelle ; la plupart des ballades qui datent d’alors ne paraissent qu’aujourd’hui pour la première fois.

77. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

L’Année littéraire avait appelé La Harpe un « enfant du hasard ». […] Quelques années après pourtant, La Harpe, converti et gardant beaucoup de ses défauts, fit du moins sur cet article de sa naissance un acte d’humilité qui, de sa part, a du prix. […] Dans son bon temps, durant les premières années de cet enseignement alors tout nouveau, et avant que la déclamation politique s’y fût mêlée, il exerçait sur son auditoire une action puissante et même un charme. […] L’année 1778 fut la plus pénible de sa vie d’écrivain, et il faut dire quelque chose des épreuves et tribulations qu’il eut à y supporter. […] Il continua de vivre quelques années dans cette exaltation honorable, mais un peu maladive, dont se ressentent ses derniers écrits, et il mourut le 11 février 1803, à l’âge seulement de soixante-quatre ans.

78. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Cela dura des années. […] » Il fallut bien des années à d’Antin pour vaincre cette indifférence glaciale du roi à son égard, et qui était son secret tourment. […] La guerre ayant recommencé en 1701, il fut nommé pour servir en Flandre ; il devint, en 1702, lieutenant général, et continua d’être employé les années suivantes. […] Les années 1706 et 1707 amenèrent une crise dans la vie de d’Antin. […] Sa conduite, l’année précédente, à la désastreuse bataille de Ramillies, perdue par le maréchal de Villeroi, lui avait été reprochée.

79. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Elle fut fort avant dans les intrigues de Cour ; nommée dame du palais de la reine quelques années après le mariage du roi, on la voit, dans les Mémoires de M. de Luynes, de tous les soupers, des chasses, des voyages à Choisy, à la Muette, avec les trois sœurs favorites (de Nesle). […] En envoyant à la reine chaque année, selon son usage, son cadeau d’étrennes, Mme de Boufflers y joignait volontiers un compliment en vers ; mais, si l’on en juge par ce qu’on en a, elle réussissait mieux dans l’épigramme que dans le compliment. […] Je crois qu’en tout elle aura été assez contente de son voyage… » On distingue bien en tout ceci l’art, le jeu, l’amabilité naturelle, la considération, et aussi cette crainte qu’on avait de ne pas réussir auprès d’elle, même d’égale à égale. — D’autres visites et voyages à Chanteloup se passent encore mieux les années suivantes : « La chatte rose est tout aussi douce et aussi aimable cette année (mai 1772) que l’année passée. » Elle s’accorde avec tous. […] Celle-ci, de son côté, cédait sans doute un peu moins dans ses dernières années à l’impétuosité de son caractère, à son esprit d’épigrammes, et se donnait un peu plus de peine pour persuader à ses amis qu’elle les aimait. […] Telle était la personne qui était généralement tenue pour l’oracle du goût et de l’urbanité, celle qui exerçait, on l’a dit, une espèce de police pour le ton et l’usage du monde, le censeur de la bonne compagnie durant les belles années de Louis XVI.

80. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

De là il passa à la composition de son Histoire ancienne, dont il donna treize volumes en huit années. […] Pendant les quarante-cinq années qui remplissent la vie de Rollin depuis qu’il a terminé ses études jusqu’au moment où il publie son premier écrit en français, que fait-il ? […] Il dut se retirer du collège de Beauvais après douze ou treize années de direction. […] Ces livres de Rollin, c’est proprement l’histoire à lire pendant l’année de la première communion. […] Rollin, dans ses vingt dernières années, passait souvent à Colombes d’heureuses saisons en compagnie du maréchal et de l’abbé d’Asfeld, ses amis.

81. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Année 1881 Samedi 1er Janvier 1881. — À mon âge, le réveil dans la nouvelle année est anxieux. […] Paris me fait l’effet aujourd’hui de ces Babylones de l’antiquité, dans les dernières années de leur existence. […] Il était en vacance, à la fin de sa dernière année de médecine. Il fut appelé pour soigner un prêtre de quatre-vingts ans, tombé en paralysie depuis une dizaine d’années, et qui venait d’être pris d’une pneumonie aiguë. […] J’étais brouillé avec lui… Mais enfin il a été mon compagnon de lettres, pendant des années, et il avait la séduction d’une haute intelligence.

82. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Nous l’avons perdu il y a quelques années ; il n’a rien laissé qu’une ou deux traces dans quelques cœurs. […] Quoique si inégal à moi de rang et d’années, il se fit mon ami pour avoir le droit d’être mon protecteur sans humilier ma fierté ; il se passionna pour mes vers. […] Qui sait quelle métamorphose n’attend pas encore cet écrivain que les années transfigurent au lieu de le pétrifier ? […] Le hasard, et non la concordance de parti, me le fit heureusement pour moi rencontrer dans ces dernières années avant la république. […] Mais quel démenti plus éclatant aux dénigreurs de notre âge que la tribune de ces trente années ?

83. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Ils peuvent servir, pour se remémorer la peinture d’une année, aux historiens de l’art dont le travail, pour être chanceux, est moins vain que celui du chroniqueur immédiat. […] Geffroy, nous ont valu, cette année encore, d’excellents articles, excellents surtout en ce qu’ils signalent des artistes indépendants, sans notoriété, déplaisants en général au public et qu’il n’est peut-être pas absurde de lui imposer quelques années, jusqu’à ce qu’il ait eu le loisir de les comprendre et de les aimer tout seul. […] Les visiter n’est point une fatigue : les magasins sont dans le centre, qui les organisent ; les toiles sont en petit nombre, en bon jour, dans des salles aérées ; en même temps l’effort réalisé d’un peintre durant un certain nombre d’années est mis sous les yeux du curieux, qui peut suivre et comprendre l’évolution de l’artiste. […] Quelques retouches conviendraient au décor l’année suivante, pour donner aux mondains tout ensemble la sensation du nouveau et celle du recommencement. […] Nous nous blasons même des excellents paysages norwégiens, des Harrison et des Mesdag, qui nous prirent tant il y a quelques années, nous sommes saturés du plein air et de la pleine vie, mais n’est-ce pas déjà charmant de constater la réunion de deux ou trois jeunes talents, les Aman-Jean, les Louis Picard, les Jean Veber ?

84. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Maintenant, il est nécessaire de revenir sur la société des femmes d’élite, durant les dix années que nous venons de parcourir, d’en reconnaître l’état et de voir ses progrès. […] Au mois de mars de la même année, c’est elle-même qui écrit à sa fille, qu’elle a ménagé au cardinal de Retz, pour le samedi suivant, la lecture des Femmes savantes et Le Lutrin de Despréaux. […] Son amour dura plusieurs années avec une telle exaltation, que personne, dans sa société la plus intime, n’eût osé lui adresser un mot de la plus légère galanterie. […] C’était l’année de son mariage. […] Madame de Sévigné, dans sa lettre du 6 janvier 1671, rappelle à sa fille une conversation qui eut lieu chez madame de Coulanges, plusieurs années avant son mariage, qui se fit en 1669.

85. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Mais ces sortes de frais sont d’habitude, et ils y comptent, au lieu qu’ils craignent, s’ils devenaient plus exacts, d’être plus chargés l’année d’ensuite. » En effet, le receveur, qui paye ses garnisaires un franc par jour, les fait payer deux francs et gagne la différence. […] Ordre de détruire chaque année le sel naturel qui se forme en certains cantons de la Provence. […] La réponse n’est pas douteuse, et tant de communes qui plaident chaque année contre messieurs tels ou tels pour les soumettre à la taille l’écrivent tout au long dans leurs requêtes. […] Chaque année, les élus et leurs collecteurs, munis d’un pouvoir arbitraire, fixent la taille de la paroisse et la taille de chaque habitant. […] À Nevers et à Moulins723, « tous les gens riches trouvent moyen de se soustraire à la collecte par différentes commissions ou par le crédit qu’ils ont auprès des élus, de sorte qu’on prendrait pour de vrais mendiants les collecteurs de Nevers de cette année et de l’année précédente ; il n’y a point de petits villages dont les collecteurs ne soient plus solvables, puisqu’on y prend des métayers ».

86. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Je suis terriblement en arrière avec les poëtes ; il y a des années que je n’ai parlé d’eux. […] Couronnée il y a quelques années par l’Académie pour son poëme la Sœur de charité, elle a recueilli à la suite ses pièces diverses, — le tout sous le titre général de Caritas 32 qui se justifie. […] Je me sens un peu au dépourvu, je l’avoue, parmi ces nombreux et nouveaux poëtes avec qui je n’ai pas vécu ; plus d’un classement naturel m’échappe ; quelques années de plus ou de moins font entre eux des différences assez marquées. […] Goujon, par une de ses dédicaces, m’avertit qu’il y a eu dans ces dix dernières années tout un groupe de poëtes provinciaux rallié à l’appel de Thalès Bernard, et qui formait, — qui forme peut-être encore « l’Union des poëtes44. » Parmi ceux que la Bourgogne revendique, M.  […] Comment ne pas donner un souvenir amical et reconnaissant à un ancien et fidèle amateur, contemporain de nos jeunes années, M. 

87. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Dans la dernière année et quand la maladie déjà mortelle retenait Bossuet à Paris, il l’y venait voir, passait avec lui plusieurs heures, lui lisant l’Évangile et lui en parlant : entretiens doux et graves, élevés et purs, entre ces deux chrétiens si à l’unisson ; c’est là ce qu’on aimerait à entendre et à connaître ; mais Le Dieu ne nous donne que le titre de l’entretien. […] Voilà l’effet que produisait à première vue Fénelon sur celui qui admirait le plus Bossuet, et qui sortait de passer vingt années auprès de lui. […] Les travaux critiques de Richard Simon sur l’Ancien et le Nouveau Testament, ses interprétations tout historiques et hardies sous forme littérale, et les explications philosophiques qui y étaient en germe, lui firent surtout pousser le cri d’alarme et l’occupèrent durant toutes ses dernières années : il travailla jusqu’au dernier moment à le réfuter, à le faire condamner, à faire supprimer ses livres par l’autorité ecclésiastique et séculière. […] La maladie dont Bossuet mourut, et dont il avait ressenti les premières atteintes depuis quelques années déjà, était la pierre : Le Dieu ne nous fait grâce d’aucune particularité. […] Aujourd’hui qu’on est entré jour par jour pendant quatre années dans l’intérieur de Bossuet vieux, malade, laborieux toujours, mais défaillant par degrés et mourant, on sait à quoi s’en tenir, comme si l’on avait été soi-même un témoin oculaire lisant dans cette belle et bonne conscience à toute heure.

88. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Pour ceux qui, distraits des pures Lettres ou occupés ailleurs (comme il est permis), auraient besoin qu’on les remît sur la voie, je rappellerai qu’Eugénie de Guérin, sœur de Maurice de Guérin, de l’admirable auteur du Centaure, était son égale en dons naturels, en génie, sa supérieure en vertu, en force d’âme, son aînée vigilante et tendre, et qu’elle fut pendant neuf années sa survivante douloureuse, son Antigone ou son Électre, toute consacrée à sa mémoire et comme desservante d’un tombeau. […] Je le trouve dans une personne qui, sans être Française de nation, Test par la langue, dans une Genevoise qui a publié, depuis bien des années, quantité d’écrits remarquables, saisissants, éloquents avec une pointe d’étrangeté : il me faut bien la nommer, quoiqu’elle n’ait point inscrit son nom en tête de tous ses nombreux et piquants ouvrages ; elle voudra bien m’excuser de cette liberté, car je ne suis pas comme M. de Rémusat qui, dans la Revue des Deux Mondes, a pu parler d’elle hier à merveille et à fond, en toute discrétion cependant, pour des lecteurs déjà au fait et initiés aux sous-entendus. […] Dans une des premières lettres qui remontent à l’année 1832, on est au 2 janvier ; les lettres de Louise ne sont pas venues ; les dernières se sont perdues ou ont été retardées par la faute du messager ; mais Eugénie pense à sa jeune amie et lui écrit dès le second jour de l’année nouvelle : « Comme je me serais étrennée hier matin, ma très-chère, si j’avais pu en me levant sauter à votre cou, vous souhaiter la bonne année, vous dire que je vous aime au commencement et à la fin de tous les ans, de tous les jours, et que je fais pour vous des vœux, des vœux sans fin ! […] Je vous place avec ma famille… « Savez-vous que vous me faites tristement commencer l’année par votre silence ; pas un mot, pas un signe de vie. […] Et, par exemple, un jour qu’Eugénie de Guérin visite le Nivernais (à quelques années de là), pour rendre son impression, elle dira : « Il fait bon courir, dans cette nature enchanteuse, parmi fleurs, oiseaux et verdure, sous ce ciel large et bleu du Nivernais.

89. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle fut mariée à Paris dans sa seizième année (le 24 avril 1793) à Jacques-Rose Récamier, riche banquier ou qui tarda peu à le devenir. […] À ses nouveaux amis (comme elle voulait bien quelquefois les appeler), Mme Récamier parlait souvent et volontiers des années anciennes et des personnes qu’elle avait connues. […] À une femme qui la revoyait après des années, et qui lui faisait compliment sur son visage : « Ah ! […] Récamier avait essuyé de grands revers de fortune : la première fois au début de l’Empire, la seconde fois dans les premières années de la Restauration. […] Elle expira le 11 mai 1819, dans sa soixante-douzième année.

90. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Ce prince la connut en Picardie vers 1591, dans ces années où il guerroyait aux environs de Rouen et de Paris. […] Henri IV était donc ouvertement veuf pendant ces années ; il n’y manquait que la déclaration authentique qui, depuis sa conversion, ne pouvait se faire bien attendre. […] Les premières années qui suivirent l’entrée de Henri IV dans sa capitale ne furent pas aussi sereines qu’on se le figure. […] Dès la fin de la première année (1594), la tentative d’assassinat de Châtel prouvait aux bons citoyens que le fanatisme veillait toujours. […] [NdA] Bibliothèque de l’École des chartes, année 1841, article de M. de Fréville.

91. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Établi à Passy dans une belle maison, avec un jardin, jouissant d’un voisinage aimable, Franklin, d’ordinaire, et dans les premières années du moins, avant que sa santé se fût affaiblie, dînait dehors six jours sur sept, réservant le dimanche aux Américains qu’il traitait chez lui. […] Il vécut près de cinq années encore à Philadelphie, et ne mourut que le 17 avril 1790, âgé de quatre-vingt-quatre ans. […] Sa correspondance, en ces années, ne cesse pas d’être intéressante et vive, et elle se nourrit jusqu’au bout des mêmes sentiments. […] Sur la mort, il n’avait jamais varié depuis des années, et son espérance devint plus vive et plus sensible à mesure qu’il approchait du terme. […] [NdA] L’arrivée de Franklin à Paris, en 1767, avait été, au reste, très remarquée des savants ; on lit dans les Mémoires secrets dits de Bachaumont, à la date du 19 septembre de cette même année : « M. 

92. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Elles parurent à Milan en 1815 ; l’année suivante, Leopardi les traduisait. […] On ne saurait se tromper en reportant la grande conversion philosophique de Léopardi entre les années 1820-1823. […] Leopardi partagea entre Milan et Bologne les années 1825-1826. […] Il ne se trouve pas cette année à Rome de philologues étrangers de réputation. […] L’Allemagne, toujours si au courant, possède, depuis plusieurs années, des traductions en vers du poëte.

93. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il amena sa femme à Dublin, et après deux ans de mariage, y mourut au mois d’avril de l’année 1667. Le 30 novembre de la même année, sa veuve, déjà mère d’une fille, mit au monde Jonathan Swift. […] Il ne parla jamais qu’avec ressentiment de ces longues années de collège et des épreuves qu’y subit son orgueil. […] L’année 1714 vit éclater ces divisions, et la partie extrême du ministère en exclut les modérés. […] La séparation d’Oxford et de Bolingbroke ne l’empêcha pas l’année suivante de rester fidèle à ses deux amis.

94. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Ce Voltaire, qui lui a donné ce joli et malin sobriquet, est le premier, des années après, à le caresser sur ses vers, à lui en reparler, à faire le rôle de tentateur. […] Il y fut nommé dès la fin de l’année 1744, c’est-à-dire à l’âge de vingt-neuf ans. […] On a sa correspondance avec Pâris-Duverney pendant ces années ; elle est tout à son honneur, et commence à nous le faire connaître par son côté politique et sérieux. […] Cependant les deux années et demie que Bernis eut à passer à Venise lui parurent extrêmement longues. […] Duclos, l’ami et le confident de Bernis, nous a très bien rendu l’emploi de sa vie durant ces années qui vont être si occupées.

95. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Cette nouvelle édition de l’Histoire de Venise a paru l’année dernière, précédée d’une notice sur M.  […] L’ouvrage fut fort sévèrement critiqué dans L’Année littéraire. […] Daru, d’ailleurs, était déjà connu à Paris comme traducteur d’Horace, des Odes, des Épîtres et de l’Art poétique, publiés l’année précédente (1798)93. […] Bien des années après, un ami de Daru, un ancien oratorien, grand vicaire d’Orléans (M.  […] Vous n’aurez point ce malheur à craindre si, pendant quelques années encore, vous ne faites des vers que pour vos amis.

96. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Cette conversion rendant moins agréable etmoins facile sa résidence à Pétersbourg, elle vint en France dès la fin de l’année 1816 ; elle avait trente-quatre ans. […] Elle avait perdu sa mère depuis plusieurs années. […] Pendant plusieurs années, la Religion eut pour moi ce caractère ; et le croiriez-vous, mon amie ? […] Ces deux dames se connaissaient depuis nombre d’années. […] Ce fut en 1848 et dans les deux années qui suivirent.

97. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

La vie de Mme d’Albany s’y partage en deux périodes distinctes, de 1793 à 1803, c’est-à-dire pendant les dix ans que vécut encore Alfieri ; et de 1803 jusqu’en 1824, pendant les vingt années qu’elle lui survécut. […] Un jeune peintre, élève de David, avait été présenté à elle et à Alfieri dans les dernières années : Fabre de Montpellier (c’était son nom), grand prix de Rome, s’était arrêté à Florence et avait fait le portrait des deux amis. […] Puisque le temps continuait d’aller et les années de courir, elle avait dû y pourvoir en personne sensée, et il lui avait bien fallu, elle-même, mettre une rallonge à sa vie ; mais la sensibilité n’a qu’un âge, et ce qui est passé, ce qui est perdu et véritablement irréparable, ne se recommence pas. […] elle s’en garda bien, elle resta digne, fidèle au nom dont elle soutenait l’honneur par ses talents et par sa haute raison : elle eût près d’elle, dans les dernières années de sa maturité et jusque dans son extrême vieillesse, un ami constant, fidèle et sur, un autre Fabre, Fauriel. […] On peut lire quelques détails sur Fabre et Mme d’Albany dans les Souvenirs de soixante années de M. 

98. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

. — Cette loi, au reste, ne pourra être discutée cette année à la Chambre des députés et tout porte à croire qu’elle y sera modifiée. […] Sans doute de tout temps il y a eu des regrets sur la fuite des années légères : Voltaire en cela ne faisait que suivre Horace et il l’égalait même le jour où il chantait à demi-voix : Si vous voulez que j’aime encore… Fontanes a fait aussi sur ce ton une pièce mélancolique et presque morose intitulée La Cinquantaine. […] Il est tel poëte de nos jours qui a commencé d’être atteint de ce regret public de la fuite des années le jour où il a eu trente ans, et même on commence maintenant à gémir tout haut sur cette perte dès vingt-cinq. […] Mais quand arrivent pour le coup les années sérieuses, quand l’irréparable outrage pèse et se fait sentir, oh ! […] Vacquerie est le frère de ce jeune époux de la fille de Victor Hugo, qui a péri, l’année dernière, en voulant sauver sa jeune femme.

99. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Un auteur qui a trente ans quand il produit ses bons ouvrages, ne sçauroit vivre les années dont le public a besoin pour juger, non-seulement que ses ouvrages sont excellens, mais qu’ils sont encore du même ordre que ceux des ouvrages des grecs et des romains toujours vantez par les hommes qui les ont entendus. […] Ainsi deux ou trois années suffisent bien au public pour connoître si le poëme nouveau est bon ou s’il est médiocre, mais il lui faut peut-être un siecle pour en connoître tout le mérite, supposé qu’il soit un ouvrage du premier ordre dans son espece. […] Un augure favorable pour un de ces ouvrages, c’est que sa réputation croisse d’année en année. […] Chaque année qui se passera sans donner un successeur au Terence françois, ajoutera encore quelque chose à sa réputation.

100. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Ce fut encore une année de crise. […] Ses professeurs de seconde et de troisième année, MM.  […] Ces années 1855-1856 furent des années d’activité féconde et joyeuse où Taine sentait son talent s’affermir de jour en jour. […] L’Italie occupait à elle seule trois années, une année était donnée aux Pays-Bas et une à la Grèce. […] Son travail de toute l’année a été opiniâtre.

101. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Le duc et la duchesse de Montausier passèrent deux années à Paris et dans l’hôtel de Rambouillet, après leur mariage. […] Pendant ces qu’être années d’absence et de guerre intestine, la maison de la marquise était fort délaissée. Dirai-je que la mort de Voiture, arrivée dans la même année 1648, cette mort pour laquelle l’Académie française avait pris le deuil, fit aussi un vide dans l’hôtel de Rambouillet ? […] Quelques années avant, elle avait perdu, comme nous l’avons dit, son second fils, mort de la peste entre ses bras. […] En attendant ce progrès et cette importance, le nom de précieuses n’existait point encore ; et je prie mes lecteurs de tenir note de ce fait : que quand la société de Rambouillet s’est dissoute, et plusieurs années après sa dissolution, ce substantif n’avait point encore été inventé, et n’existait pas dans la langue même la plus familière.

102. (1896) Écrivains étrangers. Première série

On dit couramment que les années d’école sont de dures années : oui, mais ce sont aussi des années d’une portée énorme pour la suite de la vie ; et pourtant il est vrai que ce sont des années très dures, car l’esprit y est jeune et frais, et doit se soumettre cependant à d’étroites contraintes. […] C’est là qu’il a vécu ses dix-huit dernières années. […] C’est elle aussi qui explique pourquoi les traits du vieux poète semblaient d’année en année rajeunir et se purifier, comme si d’année en année la nature s’y imprégnait plus avant. […] Mais d’année en année je le vis aspirer davantage au ferme soutien d’un dogme. […] Mais c’est à Oxford qu’il a pour ainsi dire passé toute sa vie ; et d’année en année son influence s’y est fait sentir davantage.

103. (1933) De mon temps…

Pierre de Nolhac, à qui j’eus le plaisir, quelques années après, d’apporter mon suffrage. […] Telle m’apparut Méry Laurent, en l’année 1888, à ce dîner dont j’ai conservé un charmant souvenir. […] L’hiver même ne lui faisait pas quitter sa retraite et il passait l’année entière au « Vieux Presbytère ». […] Stéphane Mallarmé profitait des brefs congés de Pâques pour aller chaque année se reposer dans sa petite maison de Valvins, et, une année, il me proposa de venir l’y rejoindre pour quelques jours. […] Dans la solitude où elle s’était retirée et où elle avait vécu durant de longues années, elle avait admis M. 

104. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il avait d’ordinaire la première place et tous les prix à la fin de l’année. […] La dernière année, le nombre des volumes obtenus en prix dépassait de beaucoup cent volumes. […] Littré, celle sur laquelle se dirigea et se concentra pendant des années son principal effort intellectuel. […] Littré en ces années et dans la première moitié de sa carrière, à son Hippocrate. […] À Paris, il loge depuis des années rue de l’Ouest.

105. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Je vais à cette Italie le cœur aussi plein et malade que vous l’aviez quelques années plus tôt. […] J’ai vu en arrivant le château qu’avait habité madame de Beaumont pendant les années de la Révolution. […] Il marque par une tendresse de souvenir la borne du temps entre deux années. […] C’est aujourd’hui le 4 septembre, et non le 4 octobre, que je suis né, il y a bien des années ! […] Allons en Italie, du moins le soleil ne trompe pas ; il réchauffera mes vieilles années qui se gèlent autour de moi.

106. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

On a un portrait de lui tracé en ces années mêmes par une plume loyale et hardie que M. Poirson prise fort et à laquelle j’ai emprunté beaucoup, celle de Hurault Du Fay, un petit-fils de L’Hôpital, qui fit deux libres et excellents Discours sur les affaires du temps, dont le second se rapporte à l’année 1591. […] Il ne vit donc point le Henri IV du triomphe et des années de paix ; il ne put rien ajouter ni changer aux traits sous lesquels il nous l’a peint dans l’action, au plus fort des dangers et des épines. […] Il y eut là, vers l’année 1600, dans la nature aussi bien que dans les âmes, comme un immense et vigoureux printemps ; on avait un puissant besoin de réparation et de saine jouissance ; c’était le cri universel. […] Au dedans, si Henri IV avait vécu et si quinze années de règne lui avaient été accordées encore, on peut croire que la France se serait de plus en plus assise, aurait mûri (ce qui lui est chose rare) par voie de continuité.

107. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Dans ce livre était une terrible accusation : il la réservait pour l’époque où le duc de Bourgogne atteindrait à la maturité des années et s’approcherait des degrés du trône. […] Elle erra ainsi avec lui pendant plusieurs années de Gex à Thonon, à Grenoble, à Verceil, à Turin et à Lyon, laissant partout le monde indécis entre l’admiration et le scandale. […] Le religieux, interrogé, jeté à la Bastille, fut enfin renfermé au château de Lourdes, dans les Pyrénées, pour y languir pendant de longues années d’expiation. […] Elle y mourut, de longues années après, dans une renommée de piété et de vertu qui ne se démentit jamais et qui justifie l’estime de Fénelon. […] XL Une fièvre, dont la cause était l’âme, saisit Fénelon le premier jour de l’année 1715 ; elle consuma en six jours le peu de vie que les années, le travail et la douleur avaient épargné dans ce cœur qui avait tout prodigué aux hommes.

108. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

En moins de quinze années, huit de ces centres de fanatisme ont été créés ainsi et organisés contre nous en plein désert. […] L’espace que chacun d’eux parcourt dans une année dépasse tout ce que l’imagination la plus féconde peut supposer. […] Il est tel marabout considérable qui est souvent forcé d’être, pendant des mois ou des années, absent de son couvent. […] Dans les années de sécheresse surtout, ils ont à peine de quoi se nourrir. Ces années de sécheresse sont fréquentes et continues.

109. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Bertin, propriétaires du journal, furent évincés ; ils devaient être totalement dépossédés quelques années plus tard. […] Successivement professeur au collège de Navarre et au collège Mazarin, il travaillait de plus dans L’Année littéraire. […] En général, dans ses articles de L’Année littéraire, il visait plus à la justesse qu’au piquant. […] Dans les dernières années il se gâta, ou du moins il parut plus gâté qu’il ne l’avait été jusque-là. […] Presque aveugle depuis des années, il n’allait plus dans le monde, mais on venait à lui.

110. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Marié après trente ans à une femme estimable qui fut vingt-huit années sa compagne, il paraît n’avoir porté de passion que dans l’amitié. Il a immortalisé la sienne pour cet Étienne de La Boétie, qu’il perdit après quatre années de l’intimité la plus douce et la plus étroite. […] Cette même année, Montaigne partit pour faire un voyage de Suisse et d’Italie. […] Il l’exerça durant quatre années, depuis juillet 1582 jusqu’en juillet 1586, ayant été réélu après les deux premières années. […] Pourtant daignons réfléchir, et disons-nous qu’en laissant en dehors l’Empire, lequel, à l’intérieur, était une époque de calme et, avant 1812, une époque de prospérité, nous qui nous plaignons si haut, nous avons vécu paisiblement depuis 1815 jusqu’en 1830, quinze longues années ; que les trois journées de Juillet n’ont fait qu’inaugurer un autre ordre de choses qui, durant dix-huit autres années, a garanti la paix et la prospérité industrielle ; en total trente-deux années de calme.

111. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

et l’on se dit : Quel général de la Révolution aux années du Directoire, ou mieux encore quel maréchal d’Empire c’eût été que Villars, et de ceux qui aspiraient de tout leur cœur à être rois ! […] L’année suivante (1675), il continua de servir en Flandre sous Condé encore, puis sous Luxembourg, l’un de ses maîtres pour le brillant et le hardi comme pour le bonheur. […] Servant, cette même année, en Alsace sous le maréchal de Créqui, il désira passer d’une brigade dans une autre, n’étant pas en bons termes avec le brigadier. […] Elles lui furent cependant très utiles : elles avaient frappé le roi et le confirmaient dans le dessein de l’élever, ce qui arriva quelques années après. […] On a retrouvé, dans ces dernières années, l’acte de baptême qui constate que Claude-Louis-Hector de Villars (ce prénom de Claude a toujours été omis par la suite) fut baptisé le 29 mai 1653, dans la chapelle du couvent de la Visitation de Moulins.

112. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Biot se faisait des objections : Saint-Just ne paraît point avoir été, même une seule année, au collège Louis-le-Grand, et le jeune homme du cabriolet en parlait très pertinemment et comme très au fait de la maison. […] Quelque chose de l’esprit sinon républicain, du moins philosophique de ces ardentes années, vivait pourtant en lui. […] Tout annonçait que la République allait périr avant d’avoir eu une année d’existence. […] Après ces morceaux littéraires qui appartiennent par leur date aux dix premières années du siècle, et si l’on excepte quelques articles insérés dans la Biographie universelle, on ne retrouve plus M.  […] Biot, je la diviserais en quatre ou même en cinq périodes : la première, comprenant toute sa jeunesse, ses études d’École polytechnique, et les années qui suivirent, jusqu’à son entrée à l’Académie des Sciences en 1803 ; — la seconde, depuis 1803 jusqu’en 1822, époque où Fourier fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie à la place de Delambre (je dirai pourquoi cette nomination de Fourier fait époque dans la vie de Biot) ; — la troisième, durant les dernières années de la Restauration et jusqu’à l’avènement d’Arago au secrétariat perpétuel, en remplacement de Fourier ; — la quatrième, sous ce règne et cette dictature d’Arago ; — la cinquième, dans sa vieillesse heureuse et délivrée.

113. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Bien des années après ce coup du Ciel et dans le temps même dont nous parlons (1698-1699), il se passait, disait-on, des choses miraculeuses au tombeau de M.  […] Le fils, qui court sa vingt-unième année, en avait la survivance et y était reçu. […] L’aîné avait la survivance de gentilhomme ordinaire ; il est dans sa vingt-unième année. […] Vuillart nous montre ce petit péché d’épigramme entièrement oublié et le Boileau des dernières années dans la stabilité complète de sa religion et de sa droiture. […] Nos idées Sur les poëtes ont, en effet, changé presque entièrement depuis quelques années.

114. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Le malheur, en pesant sur son front, n’y a pas encore posé cette marque qui ne s’accusera que quelques années plus tard, et qui lui donnera, en vieillissant, de plus en plus de ressemblance avec Louis XVI. Mais à la fin de cette année 1795, si l’enveloppe gardait en elle quelque chose de la première jeunesse, l’âme était mûre, elle était faite et aguerrie désormais. […] C’est dans cette suite de transes, d’énigmes et de cauchemars pénibles que se passèrent pour elle les années et le songe d’ordinaire si léger de l’enfance. […] Mme la duchesse d’Angoulême est morte à Frohsdorf le 19 octobre 1851, à l’âge de soixante-treize ans moins deux mois, et dans la vingt et unième année de son dernier exil. […] Il avait été précédé d’une prison au Temple de plus de trois ans, et d’une résidence forcée aux Tuileries de près de trois autres années au sein de l’émeute.

115. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Dans les dernières années de son séjour à Philadelphie, Franklin était devenu de plus en plus considérable dans sa province. […] Franklin, élu membre de l’Assemblée de Pennsylvanie et directeur général des Postes, passe un peu plus de deux années à prendre la part la plus active aux affaires locales. […] Il ne prévoyait pas qu’il allait y rester dix ans, ce qui, avec le précédent séjour, ne fait pas moins de quinze années de résidence. […] Pendant les dix années de résidence de Franklin, la question passa par bien des phases, par bien des variations successives avant l’explosion finale ; mais on peut dire pourtant qu’elle ne recula jamais. […] Franklin, après ce séjour de dix années à Londres, et quand la rupture irréparable se consomme, retourne en Amérique (mars 1775).

116. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

Elle eut lieu sous le règne d’Auguste, vers l’an 750 de Rome, probablement quelques années avant l’an 1 de l’ère que tous les peuples civilisés font dater du jour où il naquit 104. […] Ses sœurs se marièrent à Nazareth 118, et il y passa les années de sa première jeunesse. […] Ce cercle enchanté, berceau du royaume de Dieu, lui représenta le monde durant des années. […] Le recensement opéré par Quirinius, auquel la légende rattache le voyage de Bethléhem, est postérieur d’au moins dix ans à l’année où, selon Luc et Matthieu, Jésus serait né. […] Orelli, Inscr. lat., nº 623, et le supplément de Henzen, à ce numéro ; Borghesi, Fastes consulaires [encore inédits], à année 742).

117. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

Eugène Despois, a signalé une lacune dans les Œuvres posthumes de Sainte-Beuve1 : il a fait observer, avec raison, que dans les Premiers Lundis, dont l’ensemble embrasse toute la carrière littéraire du grand critique, la période intermédiaire, correspondant au règne de Louis-Philippe, n’était représentée, à partir de l’année 1834, que par un très-petit nombre d’articles. […] Juste Olivier, de Lausanne, et nous obtenions de lui qu’il voulût bien nous communiquer les textes autographes des Chroniques parisiennes, par lesquelles le futur auteur des Causeries du Lundi s’entretenait la plume et la main dans la Revue Suisse pendant les années 1843, 184 et 1845. […] Jamais il ne s’appliqua tant qu’en ces années la devise du peintre antique, qui est devenue tout à fait, de nos jours, celle des nouvellistes et des correspondants des journaux français à l’étranger : Nulla dies sine linea. […] Dans ses dernières années, Sainte-Beuve ne faisait plus mystère de sa collaboration à la Revue de Lausanne. […] Je l’ai éprouvé durant les années dont je parle (1843-1845).

118. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Chapitre XXX Années 1673 (suite de la huitième période) — Mort de Molière. […] Le commencement de l’année 1673 fut marqué par la mort de Molière, arrivée le 17 février. […] Ce ne fut pas seulement la mort de Molière qui marqua un terme à la protection que les lettres donnaient à la société licencieuse contre la société d’élite ; l’esprit satirique de Boileau, la courtoisie de Racine, la licence de La Fontaine, s’arrêtèrent en même temps devant les progrès de cette société : comme ces progrès atteignaient la cour elle-même, nos poètes virent que le temps était venu de prendre un autre ton, une autre direction, et ils furent plusieurs années à contempler en silence le changement qui s’opérait. […] Dans cette même année 1673, sa situation éprouva un nouveau changement : madame de Coulanges écrit à madame de Sévigné, le 20 mars : « Nous avons enfin retrouvé madame Scarron, c’est-à-dire que nous savons où elle est ; car, pour avoir commerce avec elle, cela n’est pas aisé. » La suite de cette lettre prouve que madame de Coulanges était instruite de bien des particularités concernant madame Scarron. […] Il est constant, par une lettre de madame de Sévigné à sa fille, du 7 août 1675, qu’à peu près à la même époque de l’année 1673, madame de Montespan et madame Scarron étaient en guerre ouverte.

119. (1898) Essai sur Goethe

Chaque année voit s’augmenter une bibliothèque déjà colossale. […] Car ces dix années de Weimar (1775-86), qui précèdent le voyage en Italie, sont d’un récit difficile, comme le sont toujours des années vides, des années de paresse, de plaisirs médiocres, de tâtonnements perdus, d’activité diffuse. […] Ces dix années, de quelque côté qu’on les examine, sont un néant. […] Je ne puis pas m’attarder, je suis déjà avancé en années. […] Pendant les premières années de leur liaison, elle sortait rarement avec lui.

120. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Puis enfin, ne trouvant plus à s’occuper en France, il se décida à passer aux États-Unis, où il est mort quelques années après. […] Pendant les années 1794 et 1795, il alla habiter la campagne avec ses parents. […] Ce succès eut d’autant plus d’éclat qu’il se liait avec celui que venait d’obtenir l’année précédente le jeune élève de David, J. […] Et bien qu’ils trouvassent quelques échos dans le monde, le tableau des Sabines obtint, dès son apparition, un succès qui s’est affermi d’année en année, et qu’après cinquante-quatre ans personne ne conteste aujourd’hui. […] Pendant ces années, il n’excita vraiment l’attention du public que par le portrait en pied d’un député nègre de Saint-Domingue, en 1798, et l’année suivante, en exposant pendant quelques jours au salon un tableau satirique que la réprobation publique le força d’enlever promptement.

121. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Enfin les tristes années arrivent, les heures du mal croissant et de la séparation suprême. […] Vingt années déjà s’étaient écoulées depuis la perte irréparable. […] Voulant de plus en plus m’assurer de cette absence essentielle de M. de Ferriol durant onze années consécutives, j’ai prié M.  […] Extrait du registre des actes de décès de la Paroisse de Saint-Roch, année 1733. […] Année littéraire, 1788, tome VI, page 209.

122. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

Sous la Restauration, cette littérature était encore contenue par des doctrines et des espèces de principes ; sous le régime des dix-huit années, elle n’a plus rien eu qui la contînt, et le désir du gain, joint au besoin de faire du bruit, a produit beaucoup d’œuvres qui ont contribué à la dissolution des pouvoirs publics et des idées. […] Une Commission nommée chaque année pourrait désigner ces sujets proposés à l’émulation de tous. […] Une audience par année suffirait à consacrer et à maintenir le lien d’honneur qui flatterait et attacherait les amours-propres bien placés et toujours voisins du cœur. […] Nous demandons seulement la permission de mettre en regard de la pièce ci-dessus un autre portrait de l’ouvrier littéraire, écrit quelques années après 1864), et dans lequel la pensée de M.  […] et de sages institutions d’emploi, d’occupation sûre, de retraite encore laborieuse, de rangement graduel avec les années, de crédit, — oh !

123. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Moi-même, à la fin de l’année 1830, j’éprouvai dans ma vie morale des troubles et des orages d’un genre nouveau. Des années se passèrent pour moi à souffrir, à me contraindre, à me dédoubler. […] Quelque chose de semblable avait eu lieu entre Beyle et moi en Italie, peu d’années avant. […] ” Ainsi dira Énée à Didon après sept années d’épreuves, et dans un sentiment aussi vif et aussi saignant que le premier jour. […] « “Le lieu de la résidence de Virgile est bas et humide, et le climat en est froid à certaines saisons de l’année.

124. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Chaque année un volume de caractères, chaque année une comédie ! […] On ne croit pas tout à fait à leur mensonge ; on en croit la moitié, et, à force d’insister, à force de déranger, tous les ans, vos plus habiles calculs, à force de compter une année de moins, chaque fois qu’elles ont une année de plus, elles font si bien leur compte que vous ne savez plus le leur, ni le vôtre. […] Une fois que cette limite fatale est dépassée, on ne compte plus les années, c’est un crime et une insulte de les compter. […] Que de gloires se sont brisées à la borne ardente de la cinquantième année, et que de génie immolé sur cet autel de feu ! […] Avec beaucoup moins d’années que cela, le joyeux Picard a écrit une comédie intitulée : L’Acte de naissance.

125. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hinzelin, Émile (1857-1937) »

. — Toute une année (1898). […] Charles Fuster Ce recueil (Poèmes et poètes) est assurément un des meilleurs de l’année. […] Mais que de jolies choses… C’est Adam chassé, le Charnier des moines, — un chef-d’œuvre pur, — c’est la délicate Fleur de tout, c’est le sonnet fantaisiste : Si Dieu se mettait en grève… [L’Année des poètes (1891).]

126. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il le prouve bien en commençant son journal en 1794 ; le printemps de cette affreuse et mémorable année, même avant qu’on puisse prévoir Thermidor, ne lui apporte que des impressions douces et paisibles ; il s’est complètement isolé de la tyrannie qui pèse sur toute la France, et il n’y songe même pas dans le lointain. […] Nous allions de pair l’année dernière ; il faut désormais que j’apprenne à me passer de considération publique, de renommée, et que je me couvre du manteau philosophique en prenant pour devise : Bene qui latuit bene vixit. […] Les incapacités que nous lui avons trop vues, et qu’il nous révèle, supprimaient pour lui les années que la plupart des hommes emploient ardemment et consacrent à la poursuite des honneurs et aux objets de l’ambition. […] Cette société, plus ou moins fréquentée et renouvelée par portions, mais toujours de grand choix et d’élite, se continua pendant plusieurs années ; on y traitait à fond les questions d’analyse interne. […] Maine de Biran veut encore davantage, il aspire à dire avec le chrétien parfait : « Douleur, tu es mon bien » — « Car, remarque-t-il délicatement, c’est le trouble et non la souffrance qui nuit à l’âme. » Tout cela ne se passe pas en un jour chez Maine de Biran, mais dure des années.

127. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

L’histoire des idées et de l’opinion, dans les années qui ont précédé la Révolution française, ne serait pas complète si l’on ne s’arrêtait à étudier Franklin. […] Il s’embarque pour ce premier voyage d’Angleterre à la fin de l’année 1724 ; il n’avait pas dix-neuf ans. […] Marié à vingt-quatre ans, il trouvera en elle durant des années une tendre et fidèle compagne, et qui l’aidera beaucoup dans le travail de sa boutique. […] Je l’ai réclamée, mais elle me disait froidement : J’ai été votre bonne femme quarante-neuf années et quatre mois, presque un demi-siècle ; soyez content de cela. […] La première année il fut choisi sans opposition ; mais, à la seconde, un membre influent parla contre lui, et il s’annonçait comme devant le contrecarrer à l’avenirg.

128. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Mais avant d’en faire sa patrie pour de longues années, il veut voir Paris, l’école de peinture de Paris. […] Il l’a revue, à des années de là, plusieurs fois, et n’a jamais osé faire allusion à cette soirée. […] La répétition d’une pièce, ça l’empêche d’en faire une autre, et comme, dit-il, il n’a plus que quatre ou cinq années à produire, il veut faire les dernières choses qu’il a en tête. […] On parle enfin du refroidissement du globe, dans quelques dizaines de millions d’années. […] Pour cela, il irait s’établir, toute une année, dans la ville poétique, et Venise lui fournit le thème de paroles toujours peintes, de paroles toujours originales, mais un peu lentes à se formuler.

129. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — III »

Ce n’est nullement une crise religieuse qu’il traversait dans les années 1843, 44 et 45. […] J’affirme qu’à serrer de près les préoccupations qu’échangèrent, durant ces trois années, Ernest Renan et son admirable sœur, on ne voit rien d’essentiellement religieux.‌ […] Mais je vous demande à quoi vous prétendriez reconnaître, dans ces soucis de la vingtième année de M.  […] Renan, dans les premières années de sa majorité, a traversé une crise psychique ; il eut une de ces fortes congestions du cerveau qu’on remarque chez les enfants un peu notables, mis en présence des immenses ressources de la vie.‌ […] Renan avait connu une crise de conscience, je crois qu’il faudrait la chercher un peu plus tard, quand il a terminé son essai sur l’Avenir de la Science et qu’après quelques tentatives, il se détermine à se conformer à la conduite dictée par les anciens : « Le philosophe doit sacrifier aux dieux de l’Empire. » Ce que Pascal formulait : « Il faut avoir une pensée de derrière la tête et juger du tout par là, en parlant cependant comme le peuple. » Cet aphorisme constitue le point essentiel du « renanisme » ; c’est à l’adopter que le maître put hésiter, parce qu’il avait l’amour de la vérité et qu’il dut lui en coûter de la taire à demi, comme il fit le plus souvent, dès sa trentième année.

130. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

« Vous me direz que la Coalition a bien su arriver jusqu’à Paris, l’année dernière. […] L’année dernière, il y avait ici dans les premières places des gens qui voulaient un bouleversement. […] Déjà l’année dernière les Alliés craignaient fort le paysan et les partisans ; cette année, ce sera bien autre chose ; ce sera comme nous étions en Espagne, où le soldat aimait mieux mourir de faim que de s’éloigner de dix pas de leurs troupes. […] Un traité avec Napoléon qu’on n’a pas tenu, une année de malheur pour Napoléon dont il a profité. […] Si une fois cette armée entre en Brabant, que les Belges (se) prononcent pour les Français, Napoléon ne pourra plus les abandonner ; et nous voilà, pour la vanité de l’empereur de Russie, dans une guerre de vingt années avec l’Angleterre.

131. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

On dirait que le tempérament littéraire de l’époque sommeille, attend, se refait sourdement, qu’il passe par l’un de ces lents efforts de recomposition intérieure dans lequel il y a lieu d’agir, et plus lieu assurément qu’à aucun des instants qui ont couru durant ces dix dernières années. […] Si l’on excepte quelques illustres incurables, auxquels les années n’ont guère rien appris, la plupart, d’un côté ou d’un autre, sont arrivés à un fonds commun ; ce que j’appelle les secondes phases du talent a tourné chez presque tous à l’expérience. […] Si une conciliation entre toutes les parties généreuses et saines peut sembler possible au sein de la littérature moderne, c’est surtout en contemplant celle qui s’est faite avec les années dans ce haut esprit de plus en plus étendu, attentif et accueillant. Les organes les plus en vue, les chefs de file tout à fait considérables du mouvement historique, philosophique et littéraire, aux dernières années de la Restauration, MM. […] Des existences ainsi ne se dissiperont pas, d’autres se régleront ; de nobles esprits retrouveront de ces emplois dont l’effet durable, après des années, se revoit aux moments de réflexion avec le plaisir du sage.

132. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

—Trop tard ; car si elle se fût produite aussi bien vers 1780, si elle fût entrée en scène le lendemain de Jean-Jacques, elle aurait eu chance de se faire virile en ces dix années, de prendre rang et consistance avant les orages de 89. […] Jusqu’alors il avait été plutôt timide et d’une allure toute poétique ; il commença de s’émanciper, et ces vives années de son adolescence purent paraître très-dissipées et très-oisives. […] Ces années ne furent donc pas absolument malheureuses, les sentiments consolants de la jeunesse les embellissaient, et de fréquentes tournées au village de Quintigny, qui recélait pour son cœur une espérance charmante, lui décoraient l’avenir. […] … Rien n’est doux et brillant comme de regarder à distance nos jeunes années malheureuses à travers ce prisme qu’on appelle une larme. […] Après une année environ, l’amour de l’indépendance et la passion de l’histoire naturelle ramenèrent Nodier dans son village de Quintigny.

133. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Deux années de vain espoir et de tentatives pénibles suivirent ; elles furent cruelles pour celui qui s’en était promis tant de joie : décidément la peinture lui échappait. […] Sa première brochure sur l’exposition de 1826 avait réussi ; il continua les années suivantes, en abandonnant peu à peu le trop docte jargon d’archaïsme. […] L’amitié seule, peut-être, quand elle est vraie, et que, semblable à un vin généreux, les années là mûrissent en l’épurant. […] Chaque année en effet, en de certains mois, les voyageurs fondent sur la Suisse de tous les points de l’horizon, comme des volées d’étourneaux qui s’abattent. […] L’année suivante, son aïeul meurt, et l’enfant, qui suit le convoi sans trop savoir, se retrouve tout ému aux mêmes lieux.

134. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Permettez-moi donc un retour intime avec vous sur mes premières et sur mes dernières années. […] Les années austères de ces études s’écoulèrent ainsi. […] Les années ne me pèsent pas encore, mais elles me comptent ; je porte plus péniblement le poids de mon cœur que celui des années. Ces années, comme les fantômes de Macbeth, passant leurs mains par-dessus mon épaule, me montrent du doigt non des couronnes, mais un sépulcre ; et plût à Dieu que j’y fusse déjà couché ! […] Chaque entretien, d’inégale grandeur, contiendra tantôt 64 pages, tantôt 80 pages, tantôt 96 pages, selon l’étendue du sujet, mais de manière à former toujours 2 forts volumes à la fin de l’année.

135. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Hier, avec Dangeau, nous étions à la cour de Louis XIV, de chaque partie et de chaque fête : aujourd’hui il ne tient qu’à nous, moyennant ces lettres de Mme de Maintenon, d’être de la maison de Saint-Cyr, et de suivre année par année le progrès et le détail des classes. […] Elles commencent à l’année 1680. […] En suivant de près la vie journalière de Louis XIV en ces années (comme cela est maintenant facile avec Dangeau), il résulte clairement que la fondation de Saint-Cyr fut un acte royal lié aux autres circonstances importantes de cette même date. […] Il a corrigé le chœur de Saint-Cyr et plusieurs autres endroits… — Quelques années après (1698), quand l’établissement fut en pleine prospérité, les charges s’étant trouvées supérieures aux revenus, il fut question de diminuer le nombre des demoiselles : mais le roi n’y voulut point entendre ; il n’aimait point à resserrer les idées qu’il avait une fois conçues et mises à exécution ; il maintint donc expressément le nombre de deux cent cinquante demoiselles qu’il voulait faire élever dans la maison, et pour qu’on les pût garder jusqu’à vingt ans, c’est-à-dire dans les années les plus périlleuses, il ajouta à la dotation première trente mille livres de revenu. […] Mais de mon enfance du moins je rapporte un don de larmes pour adoucir et pour expier ; et vous tous, objets et lieux témoins de mes années bénies, ces larmes me rendront encore une fois tout vôtre ! 

136. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Une Providence indulgente la servit encore en préservant ses dernières années de l’isolement qui d’ordinaire les accompagne. […] Depuis le divorce, il y eut arrêt marqué, définitif ; et la liaison étroite où ils furent avec M. de Talleyrand, durant ces dernières années de l’Empire, étendit sur eux comme une ombre de la même disgrâce. […] Cependant, encore quelques années, la ceinture tombera d’elle-même, se refusant à parer des charmes flétris. […] Pendant des années, chaque soir, elle couchait au vif sur le papier ses souvenirs. […] Une maladie grave qu’elle avait faite au commencement de cette année, une autre maladie qui survint à son fils, émurent coup sur coup ses inquiétudes et fixèrent ses irrésolutions.

137. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

ou portait-il en lui-même, dès ses premiers jours, le principe de la catastrophe qui le renversa après seize années de durée ? […] Si la Restauration n’avait fait dans toute sa durée et dans sa seconde carrière que ce qu’elle a fait dans la première et pendant l’année 1814, la question serait évidemment résolue pour tous les lecteurs de son livre, et elle le serait dans un sens tout autre que celui que l’historien paraît désirer. […] Avoir cette singulière mise en train de l’année 1814, vous diriez de vieux ressorts automates, depuis longtemps rouillés, qui se remettent à marcher chacun dans son sens, à tout hasard et sans se correspondre. […] Dumolard, membre des anciennes assemblées depuis 1791, et qui se dédommageait du silence contraint des dernières années par un flux de rhétorique intarissable. […] On se demande encore ce que c’est que cette singulière forme de sagesse et d’expérience qui n’est pas mûre à cinquante-neuf ans, après vingt-cinq années d’épreuves, et qui a besoin d’un nouveau malheur, d’une nouvelle crise stimulante, pour être mûre à soixante et un ans.

138. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Cependant il est nécessaire de revenir sur les dix dernières années du règne de Henri IV, ainsi que sur la régence de Marie de Médicis, et de faire connaître avec détail les mœurs de la cour de 1600 à 1620, pour montrer clairement comment s’échappa de cette cour dissolue la grande exception qui donne naissance à une société de mœurs pures et d’esprits délicats, dont la filiation et les traditions sont venues jusqu’à nous, et dont l’existence a été illustrée par le respect des étrangers. […] L’année suivante, 1600, il épousa en secondes noces Marie de Médicis, âgée de 27 ans ; il en avait 46. […] La première année du xviie  siècle, l’année 1600, époque du mariage de Henri IV avec Marie de Médicis, fut aussi celle du mariage de Catherine de Vivonne, âgée de 16 ans, avec Charles d’Angennes, marquis de Rambouillet. […] Les jeunes époux s’établirent, en se mariant, dans l’hôtel du marquis de Pisani, père de la marquise, mort depuis une année. […] Quelques années après, il le donna à madame d’Hervart ; « pour la chanter, disait-il, il faut bien lui donner un nom du Parnasse.

139. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Comment raconter la vie de Jean-Jacques, son enfance, ses durs commencements, ses belles années, comment retracer de nouveau les particularités de sa physionomie de jeune homme, après les Confessions ? […] Dans une lettre de décembre même année à Brissot, résumant ses conseils : « Des comptes et de la raison ! […] Revenue à Paris à la fin de l’année 91, Mme Roland entra, on peut le dire, au ministère avec son mari, en mars 92. […] Il se passe en effet, il se noue et se dénoue entre Mme Roland et Bancal, durant ces deux années, une espèce de roman ; oui, un roman de cœur, dont, à travers les distractions des grands événements et la discrétion du langage, on poursuit çà et là les traces à demi couvertes. […] C’était ici une allusion toute naturelle aux insurrections de Lyon dans les premières années du règne de Louis-Philippe.

140. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Siehr sont des artistes fort convenables à la manière allemande ; Reichmann est plus distingué et sa voix est meilleure qu’aux années précédentes. […] Les années de gestation du poème sont celles qui vont de 1855 à 1864. […] Ensuite vinrent les pénibles années qui vont de l’automne 1859 à l’été 1864, les années de Tannhaüser à Paris, des éternels projets de Tristan à Vienne, des tournées de concerts en Russie, etc., et qui conduisirent le maître à un état de dénuement tel, que, littéralement, il n’avait plus de quoi manger. […] Il poursuivit son action jusqu’à la crise des années 1920 puis abandonna cette charge importante à la suite d’une mésentente avec le fils de Richard Wagner, Siegfried. […] Frédéric Ier est un projet d’opéra historique en cinq actes datant des années 1846-1849.

141. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

Victor Hugo, au lieu de signer ce livre : Mes premières années  de Paris 42, fastueusement Victor Hugo, comme tous les autres, l’a signé modestement — et incroyablement, puisque c’est modeste ! […] … Je tiens donc Victor Hugo pour l’auteur du livre : Mes premières années de Paris, d’abord par respect pour lui, et ensuite parce qu’il ne peut y avoir, dans notre ciel poétique, deux soleils de cette force : Hugo et Vacquerie ; nous serions cuits ! […] Vous pouvez prendre Mes premières années de Paris pièce par pièce, page par page, vers par vers, mot par mot, et vous reconnaîtrez partout l’ubiquité de Victor Hugo, dans ce livre rempli de son omniprésence ! […] … Pour moi, je n’ai jamais douté ; mais jusque-là j’aurais douté que je serais convaincu maintenant que c’est Hugo qui a pensé, écrit, rimé, enjambé ce livre des Premières années à Paris, publié sous le nom de Vacquerie. […] Or, voilà que Vacquerie, si c’est lui qui, en ce livre des Premières années de Paris, hugotise avec cette perfection, ébréche sa divinité du coup de sa petite humanité travailleuse, à lui, Vacquerie !

142. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Pour tâcher d’atténuer l’effet désastreux de certains de ses tableaux, on a dit que Bonstetten avait visité le Latium dans une année de famine et qu’il avait trop généralisé ses observations. […] Pendant ces années agréablement occupées à Genève, Bonstetten eut, de temps en temps, des reprises d’intérêt du côté de sa pauvre Berne, sa vieille et ingrate patrie. […] Les livres qui s’échappèrent de sa plume en ces années : L’Homme du Midi et l’homme du Nord (1824) ; La Scandinavie et les Alpes (1826), faciles, agréables et décousus, ne le représentent que très imparfaitement. […] Il mourut le 3 février 1832, dans sa quatre-vingt-septième année. […] [NdA] Mlle de Klustine, dans la dernière ou l’avant-dernière année de sa liaison avec Bonstetten, était devenue la comtesse de Circourt.

143. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Étudions donc ici d’abord ces quarante années à peu près de travail littéraire, qui sont en même temps les « années d’apprentissage » de Voltaire (1715-1755). […] Les trois années qu’il y passa furent une contre-expérience qui précisa toutes les notions déjà élaborées en lui. […] Voltaire, en quelques années, fera de ce Prussien un de nos bons écrivains ; on voit de jour en jour dans les lettres de Frédéric l’esprit s’alléger, le goût s’épurer, le Germain enfin se polir à la française. […] Après avoir achevé son Siècle de Louis XIV, Voltaire avait repris ses esquisses d’histoire universelle, et poussé vigoureusement son travail pendant l’année 1752. […] Zadig parut en 1747 sous le titre de Memnon l’année suivante sous son titre définitif.

144. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Car que faire de toutes ces tables de bois ou de marbre, de tous ces albums sur mur, où s’écrivait l’histoire de chaque année, durant les siècles où il n’y avait pas d’autre histoire ? […] A chaque génération, il se fait un naufrage d’idées vives ; une sorte d’ignorance recommence ; une bonne partie du savoir et de l’esprit de chaque année périt avec elle ; une autre portion s’entasse en de savants depôts, et ne s’en tire qu’en se dispersant dans quelques têtes de plus en plus singulières. […] Les journaux, dès l’année 626 environ, y auraient suppléé et auraient rendu compte des affaires publiques, des édits, des procès scandaleux, des orages, pluies de sang et autres phénomènes atmosphériques, etc. ; les actes de l’assemblée du peuple, selon la conjecture très-avenante de M. […] Que n’y ai-je pas retrouvé dans le petit nombre d’années que j’en ai parcourues ! […] ne nous exagérons rien ; si la tâche s’allonge, elle se simplifie aussi avec le temps : combien peu de gens, d’ici à quelques années, seront encore à même de contrôler et de contredire en ce genre l’approximatif de nos travaux !

145. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il touchait à sa vingtième année ; un voyage qu’il fit à cette époque en Auvergne, et durant lequel il perdit sa mère, apporta une impression décisive dans sa vie morale, et détermina l’homme en lui. […] Après les désastres de tant d’années orageuses, on le conçoit, c’était mieux qu’un arc-en-ciel et qu’une promesse que cette réunion d’élite, cette émulation combinée des plus vives et des plus rares intelligences. […] Il en est sur les premières années de Mme de Lescure avant son mariage, sur Versailles au 5 octobre, et sur Paris au 10 août. […] Depuis ce moment, et durant les neuf dernières années de la Restauration, il se contenta de servir sa nuance d’opinion par ses discours et ses votes à la Chambre des pairs, en même temps qu’il honorait ses loisirs par la composition de sa grande histoire. […] Aussi, voyez les Suisses pendant les trente années qui s’écoulèrent entre Morat et Marignan !

146. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Pour elle, elle ne songeait qu’à obtenir, à force de démarches, la grâce de son mari, ou du moins le maintien des biens en vue de sa fille ; car elle avait, de la première année de son mariage, une fille qu’elle chérissait avec une passion singulière, telle que M. de Pontivy n’en avait jamais excité en elle, et qui donnait à entrevoir la puissance de tendresse de cette âme encore confuse. […] Ainsi se passèrent des années. […] Ils auraient voulu vivre près d’Anne d’Autriche avant la Fronde, à la cour de Madame Henriette durant ses voyages de Fontainebleau, ou aux dernières belles années de Louis XIV, dans les labyrinthes encore illuminés de Versailles, entre Mmes de Maintenon et de Montespan. […] Une chute qu’elle avait faite, il y avait peu d’années, sans lui laisser douleur ni trace, avait apporté quelque dérangement dans son être. […] Et ils s’avançaient ainsi dans les années qu’on peut appeler crépusculaires, et où un voile doit couvrir toutes choses en cette vie, même les sentiments devenus chaque jour plus profonds et plus sacrés.

147. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Molière avait fait Tartuffe quelques années avant que le vrai Tartuffe triomphât sous Louis XIV : Lesage fit Turcaret quelques années avant que Turcaret fût au pinacle sous la Régence. Mais, comme tant de vices de la Régence, le vrai Turcaret sortait de dessous les dernières années de Louis XIV. […] Les deux premiers volumes parurent en 1715, l’année même de la mort de Louis XIV. […] Il mourut à Boulogne, le 17 novembre 1747, dans sa quatre-vingtième année. […] En dernier lieu, et pendant un grand nombre d’années, Lesage habita une petite maison au haut du faubourg Saint-Jacques.

148. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Il était allé dans le Midi et à Nice quand il reçut, à la fin de l’année 1794, sa nomination à l’une des places de professeur des Écoles normales. […] À partir de ces années, Volney, souffrant et affaibli de santé, légèrement intimidé et découragé d’esprit, se réfugie de plus en plus dans l’étude austère et dans la vie de cabinet. […] Ses dernières années paraissent avoir été assez heureuses. […] Chaque année, quand l’hiver m’attriste, je parle d’aller en Provence, et, quand je songe au départ, je m’enfonce dans mon grand fauteuil, et je fais plus grand feu pour remplacer le soleil. […] Moi, j’ai compté mourir chaque année de 1802 à 1805, et me voilà en 1819.

149. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

On la voit, pendant les dix années qui suivent, au premier rang dans les affaires. […] Les lettres de madame des Ursins s’en ressentent pendant les années 1707 et 1708. […] Sur ces entrefaites, la terrible année 1709 arriva. […] Depuis trois années elle n’avait reçu de Louis XIV que 5 000 livres sur 60 000 qui lui étaient dues ; et de Philippe, elle n’avait rien reçu du tout. […] Chamillard, elle demande à madame de Maintenon à propos de ce dernier, « si c’était assez de sa bonté pour gouverner la guerre et les finances durant tant d’années si terribles.

150. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

Pour la deuxième année, de 1830 à 1831, la suspension de Marion de Lorme a été volontaire. […] Quoique placé depuis plusieurs années dans les rangs, sinon les plus illustres, du moins les plus laborieux, de l’opposition ; quoique dévoué et acquis, depuis qu’il avait âge d’homme, à toutes les idées de progrès, d’amélioration, de liberté ; quoique leur ayant donné peut-être quelques gages, et entre autres, précisément une année auparavant, à propos de cette même Marion de Lorme, il se souvint que, jeté à seize ans dans le monde littéraire par des passions politiques, ses premières opinions, c’est-à-dire ses premières illusions, avaient été royalistes et vendéennes ; il se souvint qu’il avait écrit une Ode du Sacre à une époque, il est vrai, où Charles X, roi populaire, disait aux acclamations de tous : Plus de censure ! […] Aujourd’hui que trois cent soixante-cinq jours, c’est-à-dire, par le temps où nous vivons, trois cent soixante-cinq événements, nous séparent du roi tombé ; aujourd’hui que le flot des indignations populaires a cessé de battre les dernières années croulantes de la restauration, comme la mer qui se retire d’une grève déserte ; aujourd’hui que Charles X est plus oublié que Louis XIII, l’auteur a donné sa pièce au public ; et le public l’a prise comme l’auteur la lui a donnée, naïvement, sans arrière-pensée, comme chose d’art, bonne ou mauvaise, mais voilà tout. […] Et en effet, dans les dernières années de la restauration, l’esprit nouveau du dix-neuvième siècle avait pénétré tout, reformé tout, recommencé tout, histoire, poésie, philosophie, tout, excepté le théâtre.

151. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Ce qu’il fit en ces années nous échappe, et on peut au plus en prendre quelque idée par ce qu’il nous dit du prince, depuis maréchal de Beauvau, dont il a écrit la vie, les mémoires, et à la carrière duquel il s’attacha de tout temps, moins encore en protégé qu’en ami. […] Que de progrès j’eusse faits, nous eussions faits cette année ! […] Ce noble et bon vieillard a écrit dans ses dernières années d’admirables lettres où respire la poésie de la solitude, de la campagne, de la famille regrettée et perdue, de l’amitié toujours accueillie, et de la patrie céleste de plus en plus prochaine et souhaitée ; mais le même homme, qui a sous sa plume en prose des paroles douces et fortes comme le miel des déserts, ne trouve plus dans ses vers de la même date que des couleurs mêlées, inégales, et où le talent se relâche trop dans la bonhomie : ici, c’est l’art et l’originalité de forme qui a manqué. […] Le marchand qui va à deux pas de la capitale respirer la poussière de la grande route, et qui se croit dans une Tempé ; les belles qui chaque année courent aux eaux, aux bains de mer, et y portent avec elles leur frivole tourbillon, passent et posent devant lui tour à tour. […] Cette demande hautement répétée d’année en année appauvrit l’invention et rend l’imagination boiteuse.

152. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Lorsque Cowper s’était senti mieux et plus fort d’esprit, il avait commencé une correspondance avec un petit nombre d’amis, et il la suivit sans interruption pendant plusieurs années ; c’est là surtout qu’on apprend à le connaître et à pénétrer dans les mystères de son esprit ou de sa sensibilité. […] On peut rapprocher de ce joli billet une autre lettre écrite quelques années après (mars 1784), dans laquelle Cowper raconte la visite, ou plutôt l’irruption d’un candidat à la députation, une après-dînée, dans sa paisible demeure d’Olney, à l’heure même où le lièvre Puss prenait ses ébats au salon, et où lui-même, entre Mme Unwin et une autre amie qui toutes deux tricotaient ou faisaient du filet, il enroulait de la laine. […] Newton une escapade et une fuite de son lièvre favori qui, un soir, pendant le souper, rompt son treillage, prend sa course à travers la ville, et qu’on ne parvient à rattraper qu’après toute une odyssée aventureuse, on lira une lettre très grave, très élevée, à une de ses nobles cousines qu’il n’avait pas vue depuis des années, qui avait été très belle, et à qui les hautes et sérieuses pensées étaient devenues familières. […] Gardons-nous de méconnaître les qualités essentielles de celle-ci : amie de Cowper depuis seize années déjà à cette date (1781), elle avait été tous les jours la même pour les soins et la tendresse ; elle avait sacrifié sa santé en le veillant aux heures sinistres et funèbres : aux moments meilleurs, elle lui avait donné des conseils de travail pleins de justesse et de bonne direction. […] Le charme de poésie posséda tout à fait Cowper en ces années (1782-1784).

153. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Le d’Argenson dont il s’agit était le fils aîné de Marc-René, le célèbre lieutenant de police pendant les dix-huit dernières années de Louis XIV, et garde des sceaux sous la Régence. […] Cependant les années d’application et de travail allaient commencer pour lui. […] Méliand (car on l’avait marié de bonne heure sans le consulter, et ce mariage maussade aboutit après quelques années à une séparation). […] Il en fut pour son zèle : seulement, au lieu d’en plaisanter et de se moquer de lui-même en le racontant, comme font les gens bien appris, il ajoute, en y revenant avec un certain sérieux et avec persistance : « Mais je sus que cela avait été bien lu au roi, qui, quoique tout enfant, aima à entendre dire qu’il avait opéré ce miracle », De retour à Paris après quatre ou cinq années d’intendance, il siégea au Conseil d’État, et peu à peu s’y fit distinguer par le garde des sceaux Chauvelin et par le cardinal de Fleury. […] Issu d’une ancienne maison, fils d’un père noble et généreux qui s’était ruiné dans l’ambassade de Venise et qui vivait en Touraine, né dans Venise même où il avait eu pour marraine la République, et salué en naissant d’une lettre complimenteuse de Balzac, il fut d’abord et pendant des années simple lieutenant général du bailliage d’Angoulême : c’est là que dans une tournée de Grands Jours, vers 1691, il fut en quelque sorte découvert par M. de Caumartin, qui se prit aussitôt d’enthousiasme pour lui et le mit en relation étroite avec M. de Pontchartrain, contrôleur général et depuis chancelier.

154. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Ce manuscrit donné, elle l’oublia sans doute ; de graves événements survinrent, qui occupèrent toutes les dernières années de sa vie. […] Son père paraît souvent fort mal de santé durant ces années, et lui sur le point d’être roi. […] Les neuf années qui précèdent la guerre de Sept Ans sont remplies et animées par cette correspondance tout à fait agréable et à l’honneur de tous deux. […] Il m’a promis de venir, l’année qui vient, passer trois mois chez moi, et alors nous capitulerons peut-être pour plus longtemps. […] [NdA] Dans une lettre de Frédéric à Maupertuis écrite bien des années après, il lui échappe une allusion à la dureté de son père, qui est assez touchante.

155. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Les succès ont donc été balancés l’année 1758 et le seront probablement encore l’année prochaine, et l’année d’après ; et Dieu sait quand les malheurs du genre humain finiront ! […] Il en rabattit après quelques années ; Ferney devint et resta son séjour unique et suffisant. […] Les longues années de Cirey furent encore pour lui des années d’étude variée et de bonheur. […] On l’y retrouve surtout dans les premières années, engendrant encore les tracasseries jusque dans son bonheur, se montant la tête pour son éternelle Pucelle ; car s’il avait eu tort de la faire, elle l’en a bien puni ; il se créait des dangers en idée, se voyait déjà décrété par un parlement, et tenait parfois ses paquets tout prêts, même en plein hiver et pendant les mois de neige, pour pouvoir d’un saut, s’il le fallait, franchir la frontière. […] Voltaire, disons-le, dans les dernières années de sa vie, nous apparaît, par cette suite même de lettres, comme s’étant occupé activement du bien public dans sa petite contrée de Gex, et de tous les intérêts particuliers qui, de loin, faisaient appel à son patronage ; il plaide sans cesse auprès des ministres et des sous-ministres pour ses colons et pour tout ce qui peut assurer leur existence ou améliorer leur bien-être, et aussi pour les autres clients plus éloignés qui se donnaient à lui.

156. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Je rappellerai seulement que Georges Maurice de Guérin était un jeune Homme né en 1810, mort en 1839, avant sa trentième année. […] Vers la fin il souffrait de la poitrine ; il retourna au Cayla après cinq ans d’absence, en 1838, pour respirer l’air natal ; il se maria cette année-là même avec une jeune Anglaise née dans l’Inde, qui lui apportait de la fortune, « une Ève charmante, venue tout exprès d’Orient pour un paradis de quelques jours. » Elle et lui jouirent peu de ce bonheur ; il mourut dans l’année. […] Maurice de Guérin, dans les années où il a écrit les pages qui le recommandent à la mémoire comme artiste, les belles pages dont on se souviendra dans une histoire de l’art, — ou des tentatives de l’art au xixe  siècle, — avait cessé de croire et de prier. […] — Enfin il y a encore (car je veux faire avec elle le tour de l’année), il y a les jours d’hiver et de tempête : « Le 7 février. — Grand vent d’autan, grand orchestre à ma fenêtre. […] Quand elle l’attend, quand elle l’espère au Cayla après cinq années d’absence, elle lui prépare des fleurs dans un gobelet : « J’en ai longtemps regardé deux, dit-elle, dont l’une penchait sur l’autre qui lui ouvrait son calice.

157. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Gavarni, en ses années de jeunesse, était comme le centre d’un tourbillon ; il vivait dans un monde d’artistes, de joyeux amis ; — joyeux, entendons-nous bien, et n’exagérons pas. […] Gavarni partit pour l’Angleterre sur la fin de 1847 ; il était à Londres aux fêtes de Noël de cette année. […] Ce furent des années toutes d’étude, de réflexion, d’observation solitaire, de production aussi, et d’un renouvellement vigoureux et fécond. […] Entre les deux Gavarni, la différence est qu’il y eut de tout temps en lui une prodigieuse et spirituelle facilité, et qu’avec les années il s’y ajouta la puissance. […] fit Gavarni, s’il faut la demander soi-même, je ne l’aurai jamais. » A quelques années de là, il la reçut sans avoir eu à y songer.

158. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Mais ce qui est vrai, c’est qu’il servit très honorablement dans toutes les campagnes de ces années (1744-1747) et qu’il paya vaillamment de sa personne. […] On voit par là le respect que l’on doit aux discours de ville et du public : car que n’a-t-on pas dit contre lui, l’année dernière, et le tout à cause de Mlle Leduc, sa maîtresse ? […] Le roi ne parut point blessé de ce discours ; au contraire, il dit à M. le comte de Clermont de rester, et l’ordre accoutumé fut rétabli. » Le comte de Clermont était en veine de courage ces années-là. Il fut envoyé, dans les derniers mois de cette même année 1744, sur le haut Rhin avec le chevalier de Belle-Isle ; pendant le siège de Fribourg, il s’avança avec un gros corps de troupes jusqu’à Constance. […] M. de Valfons a placé dans le cours de cette année 1746 une brouille du comte de Clermont avec le maréchal de Saxe, et il en donne un récit assez agréable.

159. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Mais, dès ces années et sans doute dès sa première jeunesse, quand Napoléon causait, il y était tout entier de verve et de génie. […] Il demeurait à Chaillot pendant les années 1796 et 1797. […] Un grand peintre, un grand poète descriptif, Chateaubriand, voyage, quelques années après, en Orient, pour y chercher des couleurs. […] On y lit également le précis et la critique des événements militaires survenus en Europe pendant les années 98 et 99. […] Marchand en 1836, et dont Carrel a parlé si pertinemment dans Le National du 12 mars même année.

160. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Nous pourrions suivre son passage à la police durant ces deux années (depuis la fin de 1799 jusqu’au printemps de 1802) par une longue suite de bons offices rendus et de bienfaits. […] On en a assez pour bien voir déjà comment tous deux furent précurseurs en littérature dès les années de l’Empire, et Fauriel tout aussi précoce que Constant. […] Fauriel connut beaucoup Villers dans les premières années du siècle, et cette relation a laissé des traces. […] Bien des années après, M. […] xviie année (1839), page 314.

161. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

J’avais conçu cette tragédie à Pise, l’année d’avant, et j’en avais pris le sujet dans l’Agamemnon de Sénèque, pièce détestable, s’il en fut. […] Et certes je ne me trompai pas, puisque, après dix années entières, à l’heure où j’écris ces enfantillages, désormais, hélas ! […] « La jeune femme que le duc d’Aiguillon destinait à ce vieillard n’avait pas accompli sa dix-neuvième année. […] Ses premières années de mariage à Rome ne trompèrent pas entièrement ses espérances. […] J’y restai cependant jusqu’à la fin de janvier 1781 ; mais les semaines étaient pour moi des années, et je ne savais plus ni travailler ni lire.

162. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

La Goetterdammerung. semble avoir été commencée cette même année, 1869. […] Et lorsque nous le saurons, nous saurons que nous ne pouvons pas vouloir ce qui se passe partout sous prétexte de Wagnérisme, et que nous ne pouvons surtout pas vouloir ce qui s’est passé à Paris et à Bruxelles, ces dernières années, et ce qui s’y prépare pour les années suivantes. […] Dujardin, le fondateur de cette Revue, et envers M. de Wyzewa, son principal collaborateur durant la première année. […] La période pratique, commerciale, si vous voulez, ne tardera point à s’ouvrir en France, étant déjà ouverte ailleurs depuis pas mal d’années. […] Durant cette période de plus de trois années, de grands efforts furent faits pour la propagande et pour la défense des œuvres de Wagner.

163. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

bien changée depuis les années, où je l’ai vue à Ferrières, et chez mon cousin de Courmont. […] Il veut encore deux années entières, consacrées à des représentations, comme celles qu’il est en train de donner, deux années, pendant lesquelles il apprendra à fond son métier et les éléments de la direction d’un théâtre. […] Grévy demandant au directeur des Beaux-Arts, comment il trouvait le Salon de cette année ? […] … Et dire que je dois cette délivrance à un vol fait chez eux, l’année dernière. […] Barbey d’Aurevilly m’avouait, il y a quelques années, les mêmes appréhensions.

164. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Or la publication des Maximes, et l’entrée du comte de Saint-Paul dans le monde, en la rapportant à l’âge de seize ou dix-sept ans, concordent juste, et donnent l’année 1665 ou 1666. […] Mme de La Fayette vécut treize années encore : on peut s’enquérir chez Mme de Sévigné des légers détails de sa vie extérieure durant ces années désertes. […] La Comtesse de Tende doit dater de ces années-là. […] Les Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689 se font remarquer par la suite, la précision et le dégagé du récit : aucune divagation, presque aucune réflexion ; un narré vif, empressé, attentif ; une intelligence continuelle. […] Je n’avois malheureusement point eu l’honneur de la voir dans les dernières années de sa vie.

165. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

P… est ce pauvre Pagans, dont ces guitares et ce tambourin ont apporté, toutes ces années, de si tapageuses ou rêveuses musiques, aux soirées où je me trouvais. […] Les années de choléra, j’ai été frappé par un certain bleu neutralteinte, bleu violacé, qu’il me semble retrouver dans le ciel, cet an. […] Les platanes, cette année-ci, ont une maladie, ne l’avaient-ils pas les autres années de choléra ? […] Car je suis un peu inquiet pour les années qui viennent. […] Je l’ai revue, en cette année 1832, quand elle est venue avec la nourrice, me chercher à la pension Goubeaux, pour fuir le choléra.

166. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Il ajoute qu’il avait rencontré une sœur Philomène à l’hôpital, qu’elle avait épousé un de ses amis, qui est mort de phtisie, il y a quelques années. […] Et ma pensée allait au grenier, à ce lieu de réunion, ouvert seulement depuis l’année dernière, et dont déjà deux membres tout jeunes, Desprez et Robert Caze, sont morts tragiquement. […] Elle le repêcha pendant quelques années, se faisant près de lui une bonne sévère, et l’empêchant de boire, comme on empêche un petit enfant de se donner une indigestion. […] Quant à mon ancienne adorée, c’est une bien portante bourgeoise, aux yeux noirs d’Espagnole encore pleins de jeunesse, aux dents éclatantes, et portant joyeusement et gaillardement ses années. […] Il se montre charmant, caressant, parle de l’intention qu’il a de reprendre, dans le courant de l’année, Henriette Maréchal.

167. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Cette idée s’oublie alors ou s’obscurcit, pendant quelques années. […] Cette année où Mme de Staël est en fuite, Coppet fermé, est celle où l’esprit du groupe de Coppet se répand en. […] Lamartine, aussi, qui a trente ans en 1820, et par qui cette année est l’année des Méditations. […] La date de la mort de Napoléon, 1821, c’est l’année de la majorité du pur Enfant du siècle, né avec lui. […] La génération des enfants du siècle trouve dans l’année médiane du siècle en 1850 son chemin creux d’Ohain.

168. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Mouël, Eugène (1859-1934) »

Dans son premier recueil paru au cours de sa vingtième année, il avait déjà montré un talent sympathique et consciencieux. […] Camille Doucet, secrétaire perpétuel de l’Académie française, sur les concours de l’année 1891.] […] [Cite dans l’Année des poètes (1893).]

169. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Sainte-Beuve écrivit pour le journal le Temps, en 1869, l’année même de sa mort1. […] L’éditeur se propose bien de faire entrer dans ce volume (qui n’est pas encore prêt) tous les épisodes marquants des dernières années de la vie de M.  […] Renan (dans la séance du 29 mars 1867), et, l’année d’après (le 7 mai 1868), à propos de son discours sur la loi de la presse, prouve bien que le Sénat (si j’en excepte M. de La Guéronnière) ne s’intéressait que pour les étouffer à ces questions de livres et de journaux. […] Jules Troubat, et sa fidèle servante qui l’a soigné pendant des années et durant toute sa maladie, Mlle Marie Chicot. — Les exécuteurs testamentaires, auxquels il a confié le soin de ses dernières volontés, sont M.  […] Cher Ulric, vous êtes donc incurable ; vous êtes resté l’homme de nos belles et jeunes années, de nos ardeurs qui ne vivent plus qu’en vous et en un autre ami que peut-être vous avez oublié, Victor Pavie d’Angers, celui-là encore un fidèle, un chapelain resté pieux de notre chapelle ardente !

170. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

C’est précisément alors, si l’on en croit un bruit assez généralement répandu depuis une centaine d’années, que commença de briller un poëte illustre, notre grand lyrique, comme disent encore quelques-uns. […] On ne sait trop comment se passèrent ses premières années ; il s’est bien gardé d’en parler jamais, et il paraît s’être expressément interdit, comme une honte, tout souvenir d’enfance ; c’était mal imiter Horace pour le début. […] Rousseau qu’il allait, durant quelques années, tenir un des premiers rangs, le premier rang peut-être ! […] Les établissements de l’espèce des cafés ne dataient guère que de ces années-là, et remplaçaient avantageusement pour les auteurs et gens de lettres le cabaret, où s’étaient encore enivrés sans vergogne Chapelle et Boileau. […] Quand il eut quitté la France en 1712, et durant les trente années dignes de pitié qui succédèrent aux trente années dignes d’envie, Rousseau, successivement protégé du comte du Luc, du prince Eugène, du duc d’Aremberg, dut travailler sur lui-même pour mériter ces faveurs dont il vivait et rétablir sa réputation compromise.

171. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Sur quatre-vingt-dix millions780 de solde que chaque année elle coûte au Trésor, il y a 46 millions pour les officiers, 44 seulement pour les soldats, et l’on sait qu’une ordonnance nouvelle réserve tous les grades aux nobles vérifiés. Nulle part cette inégalité, contre laquelle l’opinion publique se révolte, n’éclate en traits si forts : d’un côté, pour le petit nombre, l’autorité, les honneurs, l’argent, le loisir, la bonne chère, les plaisirs du monde, les comédies de société ; de l’autre, pour le grand nombre, l’assujettissement, l’abjection, la fatigue, l’enrôlement par contrainte ou surprise, nul espoir d’avancement, six sous par jour781, un lit étroit pour deux, du pain de chien, et, depuis quelques années, des coups comme à un chien782 ; d’un côté est la plus haute noblesse, de l’autre est la dernière populace. […] Quelques années avant la Révolution788, « on parlait déjà » dans l’armée, « on raisonnait, on se plaignait, et, les idées nouvelles fermentant dans les têtes, une correspondance s’établit entre deux régiments. […] Dès la première année, on peut voir l’effet de leur association. […] Maréchal de Rochambeau, Mémoires, I, 427. — Marquis d’Argenson, 24 décembre 1752. « On compte plus de 30 000 hommes suppliciés pour désertion depuis la paix de 1748 ; l’on attribue cette grande désertion au nouvel exercice, qui fatigue et désespère les soldats, surtout les vieux soldats. » — Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Supplices . « Je fus effrayé un jour en voyant la liste des déserteurs depuis huit années seulement : on en comptait 60 000. » 786.

172. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

L’histoire de la Révolution n’a pas moins de soixante années, — soixante années qu’Hippolyte Castille, qui comprend un peu l’unité historique comme la Convention comprenait l’unité politique, prétend faire tenir, bon gré, mal gré, dans dix volumes, — ni plus ni moins, — par la seule force du poignet. […] Ce volume de près de cinq cents pages ne comprend guères que quatre années (de 1789 à 1792), et encore s’arrête-t-il au mois de juin. […] — il est bien évident que l’auteur de la Révolution n’emménagera jamais dans les limites qu’il s’est tracées l’immense récit et l’immense détail de ces soixante années, dont les jours, par la plénitude des événements, semblent avoir plus de vingt-quatre heures. […] Or, si c’est là, sans aucune exagération, sa seule philosophie, si son histoire tout entière est contenue dans de telles prémisses, il est facile d’en conclure cette terrible abréviation des soixante années qui valent peut-être deux siècles ordinaires, tant elles ont influé sur le cours des choses et du monde ! Et l’on ne doit plus s’étonner que les détails de ces soixante années prodigieuses, l’auteur des Soixante ans croie — comme cet enfant qui s’imaginait faire tenir l’océan dans une coquille d’huître  — les mettre dans le creux de sa main, en en oubliant la moitié !

173. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Chapitre XXVII Année 1671 (huitième période). — Séparation du roi et de Madame de Montespan sous prétexte de religion. — Premier symptôme de lassitude. — Mort de la duchesse de Montausier. — Rapport singulier entre madame de Maintenon et elle. — La duchesse de Richelieu nommée dame d’honneur. […] La date de cette lettre est importante à fixer, parce que madame de Caylus, et d’après elle beaucoup d’autres ont confondu cette première séparation du roi et de madame de Montespan, avec une autre plus éclatante et plus durable qui eut lieu l’année suivante. […] iº Elle est antérieure au 15 novembre 1671, puisqu’elle parle de madame de Montausier, qui est morte le 15 novembre de cette année. 2º Elle est antérieure au départ du roi pour l’armée de Flandre, qui eut lieu à Saint-Germain, au mois de mai de la même année, suivant L’Art de vérifier les dates.

174. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Malgré les années écoulées sans se revoir, tous deux avaient repris naturellement le tutoiement. […] Verlaine allait avoir quarante-deux ans et le poète de l’Après-midi d’un Faune n’était son aîné que de deux années. […] Y a-t-il seulement deux années que ces nouveaux champignons littéraires sont éclos ? […] Le Scapin est à sa deuxième année. […] Mais l’on peut se demander si avant les années 85-86 et suivantes, son plan était le même ?

175. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Les souvenirs que consigne ici le célèbre écrivain se rapportent à l’année 1812 ; il est probable cependant que dès l’année 1803 la veuve du dernier Stuart, la vieille amie de l’ardent poète piémontais, avait déjà cette physionomie sans jeunesse, ces allures sans légèreté, que Chateaubriand nous signale. […] Elle arriva donc avec Fabre dans ce Paris qu’elle avait quitté dix-sept années auparavant, soutenue par Alfieri au milieu des vociférations de la populace. […] Se pouvait-il que l’armée tirât sur un général qui l’avait menée vingt années à la victoire ? […] On sentait en la décomposant qu’elle avait dû être remarquablement agréable dans ses belles années. […] À quarante ans il se sentait vieux et usé, comme s’il eût assez de ce petit nombre d’années pour dévider l’existence infinie d’un Sophocle, d’un Racine ou d’un Voltaire.

176. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Floquet, qui, depuis des années, travaillait et creusait en silence, se décide enfin à paraître (1853). […] Lachat (page xxvii) que la plume de Bossuet soit devenue de plus en plus timide avec les années. […] Je sais de nos jours un bien spirituel adversaire de Bossuet, qui n’a cessé depuis des années de trouver et de semer sur lui des mots piquants et justes. […] Les thèses qu’il soutint à la fin de sa première année de philosophie et qu’il dédia à l’évêque de Lisieux, Cospéan, furent célèbres ; il était cité comme l’une des merveilles de l’Université, une des gloires de Navarre. […] Il en improvisa un autre, des années après, à Metz, au dessert, chez la maréchale de Schomberg, où il avait dîné.

177. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Lehir, à l’enseignement solide duquel il a rendu hommage ; il était même chargé, quoique élève, et dès la seconde année, de faire aux autres élèves le cours élémentaire. […] Cette seconde année de Saint-Sulpice était de 1844-1845. […] Renan fit ses dernières réflexions ; toutes les études historiques et critiques de l’année précédente avaient donné une forme précise et arrêtée aux objections qui flottaient auparavant dans son esprit. Il résolut de quitter Saint-Sulpice sans y commencer sa troisième année, et annonça sa détermination à ses maîtres. […] Un autre Mémoire, couronné l’année suivante, sur l’Étude du grec dans l’Occident au Moyen Age, n’a pas encore été publié.

178. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Dans ces premières années de tâtonnements, le corps de doctrines critiques n’était pas encore formé ni dégagé ; la Revue avait plutôt le caractère d’un magazine. […] Voilà le vrai ; et de plus, il est résulté de ces années d’expérience et de pratique commune que cette doctrine critique, qu’on cherchait à introduire dès l’abord, s’est formée de la manière dont ces sortes de choses se forment le mieux, c’est-à-dire lentement, insensiblement, comme il sied à des hommes d’âge déjà mûr, qui ont passé par les diverses épreuves de leur temps, et qui sont guéris des excès. […] Il y a quelques années déjà, cette Revue fut l’objet d’attaques violentes et tout à fait sauvages, parties d’une feuille obscure que rédigeaient de jeunes débutants. […] Hâtons-nous de sortir de ces débats, d’en détourner les yeux et de nous préparer, en cette année comme nçante, à des sujets capables de la remplir. […] Celui-ci fut écrit pour servir comme de programme à la Revue des Deux Mondes, à la veille de l’année 1845.

179. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jouy, Jules (1855-1897) »

Jouy, Jules (1855-1897) [Bibliographie] Les Chansons de l’année (1888). — Les Chansons de bataille (1889). — La Chanson des joujoux (1889). — Les Refrains du Chat-Noir. […] Le recueil intitulé : Les Chansons de l’année, est une sorte de journal chanté, où chaque sottise publique et privée est lestement rimée… Bien d’autres que M. Jules Jouy ont rimé depuis nombre d’années ; mais j’ai dû le signaler comme celui qui, aujourd’hui que tout le monde a un peu ou beaucoup de talent, a apporté la seule chose rare, une note personnelle, qu’il s’agisse de « grand art » ou de chansons.

180. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Durant la dernière année, en rhétorique, il avait eu d’assez grands succès en discours français pour être le candidat le plus désigné à la couronne universitaire ; mais les événements politiques de 1814 lui firent quitter le collége avant la fin de l’année. […] Il eut aussitôt du succès, et obtint, dès cette année, une mention de philosophie au Concours. […] Ce ne fut qu’à quelques années de là qu’il se retourna contre elle. […] Durant les dernières années, quand il entendait prodiguer l’appellation devenue banale, M.  […] C’est en cette année que fut fondé le Lycée , où Charles Loyson et M. 

181. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Les Gaietés de l’année de M.  […] Car voyez, goûtez, comparez : les anciens hommes n’ont rien eu qui ressemblât à l’esprit des Gaietés de l’année. […] Grosclaude exécute depuis des années ce tour de force, de ne pas écrire une ligne qui ne soit un cliché ou un poncif. […] Les Gaietés de l’année, par Grosclaude, 3e année  Librairie moderne.

182. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Béranger depuis des années ne chantait plus, mais la France, en le perdant, a senti à quel point il lui était toujours cher et présent, et combien l’âme de ses chants faisait partie de son âme, à elle, de son génie immortel, comme race et comme peuple. […] Béranger, plus que personne, a entretenu en France le culte de la gloire et des plus nobles signes auxquels elle s’est attachée dans les années héroïques du siècle : Quand secoûrai-je la poussière Qui ternit ses nobles couleurs ? […] Béranger, en 1830, et dans les années qui ont suivi, a peu ou point chanté, parce qu’il n’était qu’à demi satisfait alors dans ses sentiments de patriote. […] Béranger, dans ses dernières années et avant que la maladie de cœur à laquelle il a succombé le retint dans sa chambre, se faisait remarquer par une qualité rare et qui dénotait l’excellence de sa nature : il était le plus activement obligeant et le plus utilement serviable des hommes.

183. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Quand il revit Paris dix années après son départ, le monde avait changé, et, en se rencontrant l’un l’autre, ils ne se reconnurent plus. […] On n’a rien conservé des leçons de ces années. […] Des trois premières années, on n’a qu’un discours d’ouverture de 1824, imprimé ; vers 1826-1827, d’ingénieuses et transparentes analyses dans le Globe par M. […] comment se recréait-il sans cesse avec nouveauté et fraîcheur, après la sixième année comme au premier jour, aux regards émerveillés ? […] Cette année a fourni une ample moisson de poëtes, » ce serait avec un sourire d’aimable raillerie, et non en homme qui se pique de faire et de réciter à son tour des hendécasyllabes.

184. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

— Pas un opéra ne réussit plus depuis nombre d’années ; les théâtres de musique vivent de vieilles renommées et d’accessoires chorégraphiques : au contraire les entreprises symphoniques prospèrent. […] Cependant, l’esprit humain fut plus sage que les hommes ; durant cette longue campagne hivernale, il préparait le printemps là où chaque année il naît avec le soleil à l’est. […] Les deux œuvres, deux confessions de foi écrite avec le sang du martyre, nous disent donc ce que le Maître a vu ; et la connaissance de sa vie pendant les années de 1845-1882, dans les trente-sept années où sont nés Tristan et Parsifal nous fera comprendre les impressions qui les ont produits. […] Scaria, ne devant pas chanter cette année à Bayreuth, sera remplacé dans les rôles de Gurnemanz et de Mark par M.  […] A l’Opéra Américain, où l’année dernière les Patti et les Schalchi perlaient leurs trilles, la musique allemande triomphe.

185. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Il ne faut pas oublier que cette année Tristan a été monté. […] Cette année, au concours public ce piano du Conservatoire, le final de la sonate op. 27 fut joué dix-neuf fois de suite, par dix-neuf jeunes gens très distingués. […] Dowdeswell, un grand nombre de faits pour Montrer que le titre de « Prophète de Richard Wagner », employé depuis des années par les ennemis et les amis, pour désigner Ferdinand Praeger, était bien mérité par lui. […] De ces drames, le hollandais fut représenté l’année dernière, avec éclat et succès, à l’opéra américain ; Siegfried, si je ne me trompe, n’a jamais été présenté au public de New York. […] Il existe une symphonie, inédits je crois, de Georges Bizet, exécutée il y a bon nombre d’années chez Pasdeloup, où le compositeur a introduit un thème fixe à la Berlioz.

186. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Et tous, tandis qu’une odieuse bruine attriste les jours, se préparent, consciencieusement, à changer d’année. […] D’année en année les exécutions d’œuvres de Wagner se sont multipliées et ont été acclamées davantage aux concerts populaires. […] Durant plusieurs années le théâtre de la Monnaie reste fermé à la musique de Wagner. […] III : Les trois années à Paris. […] Rapport sur ce que les sociétés anti-vivisectionnistes en Allemagne ont fait pendant ces dernières années.

187. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Les Mémoires de L’Estoile, ce bourgeois de Paris et cet écho des autres bourgeois ses compères, nous informent des vers satiriques, pasquinades ou caricatures qui se faisaient contre Sully dans les dernières années de sa puissance. […] Quoi qu’il en soit, Sully, en se retirant, était peu populaire, et on ne voit pas que son souvenir le soit redevenu dans les années qui suivirent, ni durant tout le xviie  siècle. […] L’année suivante, à Nérac, il continue dans le même train : « La Cour y fut un temps fort douce et plaisante ; car on n’y parlait que d’amour et des plaisirs et passe-temps qui en dépendent, auxquels vous participiez autant que vous pouviez, ayant une maîtresse comme les autres. » Une maîtresse avouée, c’est-à-dire une dame de ses pensées. Il y a des moments, dès les premières années, où il est en altercation assez vive avec Henri, et où la colère du prince qui est prompte rencontre l’humeur de Rosny qui n’est pas endurante. […] Il l’épousa cette année même 1583 : L’amour et gentillesse de laquelle vous retint toute l’année 1584 en votre nouveau ménage, où vous commençâtes à témoigner, comme vous aviez déjà bien fait auparavant en toute votre vie, en la conduite de votre maison, une économie, un ordre et un ménage merveilleux, prenant la peine de voir et savoir tout ce qui concernait la recette et dépense de votre bien, écrivant tout par le menu, sans vous en remettre ni fier à vos gens, chacun s’étonnant comment sans bienfaits de votre maître, ni sans vous endetter, vous pouviez avoir tant de gentilshommes à votre suite, et si honnêtes gens qu’étaient les sieurs de Choisy, Morelly, Boisbrueil, Mallosnay, Tilly, Lafond et Maignan, et faire une si honorable dépense.

188. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

M. le duc de Noailles avait déjà, il y a quelques années (1843), donné sur ce sujet un intéressant opuscule par lequel il préludait à son Histoire de Mme de Maintenon : mais aujourd’hui M.  […] L’idée de la fondation de Saint-Cyr fut décidée, et le roi en parla au Conseil le 15 août 1684 ; deux années se passèrent, durant lesquelles on bâtit la maison, on régla les dotations et les revenus et on prépara les constitutions. […] Pendant les six années qui suivirent, on resta dans les essais et les tâtonnements ; ils furent des plus brillants et même des plus glorieux, et jamais Saint-Cyr ne fit plus de bruit que dans ce temps où il n’était pas encore assis sur ses entiers et ses plus sûrs fondements. […] C’est dans ces années d’essai, de premier essor et, d’apprentissage de Saint-Cyr, que Mme de Maintenon demanda à Racine de lui composer des comédies sacrées, et qu’eurent lieu les représentations d’Esther. […] Une lettre d’Horace Walpole qui les visite en antiquaire, une autre lettre du chevalier de Boufflers qui est citée par M. de Noailles, sont les seuls témoignages un peu saillants qu’on ait sur elles pendant de longues années.

189. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Cowper vécut encore quinze années après la publication de La Tâche ; il ne mourut que le 25 avril 1800. […] Frappé de bonne heure des beautés d’Homère et mécontent des infidélités de Pope, il s’appliqua (lady Austen encore, à l’origine, l’y poussant) à faire en vers blancs une traduction complète et fidèle de L’Iliade et de L’Odyssée, ce qui lui prit de bien longues années. […] Une aimable cousine, une compagne d’enfance, qu’il avait retrouvée avec bonheur et dont la fortune était considérable, lady Hesketh, lui fit arranger dans les environs d’Olney, à Weston, l’un des plus jolis villages d’Angleterre, une maison commode pour lui et Mme Unwin, et elle-même y venait passer chaque année plusieurs mois. […] On a dit que, dans les dernières années, il croyait voir un abîme ouvert à ses côtés ; si cela est exact, c’était une pure sensation physique dont il n’était pas la dupe et qu’il repoussait. […] C’est plutôt avec le coin de manie et de folie qui s’était logé avant dans l’esprit de Rousseau pendant les dernières années, qu’il y aurait lieu de comparer la maladie de Cowper, si compatible avec d’admirables preuves de talent.

190. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

M. de Harlay devint le point de mire de ce Le Noir, il eut pendant des années son Le Noir à ses trousses, comme M. de Talleyrand son Maubreuil. […] Pour mieux se consoler et se remettre en lustre, l’archevêque imagina, en cette même année (1683), une diversion qui lui réussit : il tint dans une salle de son palais des Conférences sur la morale (De re morali). […] N’écrivant point la vie du prélat, je n’ai pas à le suivre dans le détail des dernières années. […] On avait fort parlé, il y avait quelques années, et avec exagération sans doute, des parties fines de Conflans, des collations de Conflans. […] L’abbé Legendre, qui devait à M. de Harlay d’être chanoine de l’Église de Paris, eut, des premiers, à son égard, le courage de la reconnaissance ; il le loua publiquement le lendemain de sa mort et fit distribuer par les facteurs de lettres un premier Panégyrique qu’il répéta et varia d’année en année.

191. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Il est orphelin de naissance et d’enfance ; il a perdu sa mère presque en naissant, et, peu d’années après, son père ; il a grandi au milieu des vieux domestiques de la maison, et a eu pour compagnons de jeux les enfants des paysans du voisinage. […] Dominique a atteint sa seizième année ; il est envoyé au collège de la ville voisine (un Ormesson quelconque) à douze lieues de là, où sa tante habite quand elle n’est pas aux Trembles. […] il suffira d’une année et que Dominique ait atteint ses dix-sept ans, que Madeleine en ait dix-huit, pour que le rayon arrive, à elle d’abord et à sa beauté dans sa fleur première, à lui ensuite et à son cœur qu’un soudain regard vient éclairer. […] Qu’avait-il à faire de souffler pendant des années le feu, pour se dérober et s’enfuir au moment où il voit la flamme ? […] Je prends pour exemple l’hôtel d’Orsel où vont ces deux jeunes gens, Olivier et Dominique, pendant leurs années d’études.

192. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Cependant les jours passent, et les mois et les années emportent la vie dans leur fuite rapide. […] C’est la question qu’il roule et agite en son esprit durant ces années et qu’il mit bien du temps à résoudre. […] Revenons en arrière, à cette année 1814 que La Mennais passa en grande partie à Paris, mais auparavant résumons encore une fois l’impression de notre lecture sur cette période antérieure, sur les sept années de La Chesnaie. […] Les années d’apprentissage, dans la saison utile, lui ont entièrement fait défaut. […] C’est donc vainement qu’on chercherait chez lui dans toutes ces années, de 1806 à 1814, la trace de quelque chose d’aimable sous sa plume.

193. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il en est de même pour ce mystérieux « mal du siècle » que Gœthe, Chateaubriand, Oberman, Byron, Ugo Foscolo ont crié ou soupiré, chacun à sa manière, dans les dernières années du xviiie  siècle et dans les premières années du nôtre. […] Gloires tardives et posthumes dont la clarté a mis des centaines d’années à franchir quelques dizaines de lieues ! […] Il n’est pas douteux que l’Allemagne est en grande partie responsable du jargon dont plus d’un parmi nos philosophes de ces trente dernières années s’est complaisamment enveloppé. […] Il semble que la France, dans une grande débauche historique, se soit complu à passer en revue ses traditions les plus différentes et à revivre toute son existence en quelques années. […] C’est ainsi que la lumière, qui met des années et des années à nous arriver des étoiles lointaines, nous en révèle l’histoire ancienne et peut même nous apporter des nouvelles de mondes qui ne sont plus… » Je suis heureux de pouvoir ajouter que la cause de méprise, signalée ici, n’existe plus au même degré qu’en ce temps-là.

194. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud put avoir dans ces années de colère et de guerre civile, je ne prétends les nier ni les excuser. […] Il est vrai que ces quatorze années paraissent n’être plus rien à l’auteur lorsque plus tard, au lendemain de la chute de l’Empire, il fit réimprimer sa brochure en 1814. « Ce n’est point, disait-il, que je recherche la vaine gloire d’avoir été prophète. » Il se flattait pourtant d’avoir prédit juste, à quelques années près. […] Il s’était logé à Passy dans une maison agréable, entourée d’un jardin ; il s’était uni depuis des années à une jeune, à une belle et aimable personne qui animait son intérieur et réjouissait son regard. […] Ceux qui l’ont vu à Passy, dans ses dernières années, savent combien il était resté aimable, indulgent, bon et malin, accueillant pour l’esprit, de quelque part qu’il vînt.

195. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Dübner »

Dübner, mort l’année dernière à pareil jour. […] « Les dernières années de Dübner semblaient devoir le tirer de l’ombre où il avait si longtemps et si volontiers vécu. […] « Mort il y a juste un an, le 13 octobre 1867, Dübner n’avait pas accompli sa soixante-cinquième année : à ne voir que sa vie saine et son apparence robuste, de longs jours lui semblaient encore promis. […] Il y a peu d’années, un jour que M.  […] Miller, de l’Académie des Inscriptions, dans la préface de ses Mélanges de Littérature grecque publiés en 1868, a rendu un juste hommage à Dübner, et en des termes ingénieux qui méritent d’être rapportés : « Feu Dübner, dont la science philologique déplore la perte encore récente, était, depuis un grand nombre d’années, le confident et le conseiller de mes travaux.

196. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

La maturité de ces écrivains répond ou au commencement ou aux plus belles années du règne auquel on les rapporte, mais elle se produisait en vertu d’une force et d’une nourriture antérieures. […] Heureusement, Racine allait être tiré de son silence de dix années par madame de Maintenon. […] Vers les mêmes années, ce qui devait nourrir à sa naissance et composer l’aimable génie de Fénelon était également disposé et comme pétri de toutes parts ; mais la fortune et le caractère de La Bruyère ont quelque chose de plus singulier. […] Que d’années d’étude ou de loisir durant lesquelles il dut se borner à lire avec douceur et réflexion, allant au fond des choses et attendant ! […] Ils n’attendent presque rien du temps et des années.

197. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Si, après plusieurs années d’absence, on rentre dans la maison paternelle ou dans le village natal, une multitude d’objets et d’événements oubliés reparaissent à l’improviste. […] Tout le monde sait qu’on oublie beaucoup de mots d’une langue lorsqu’on cesse pendant plusieurs années de la lire ou de la parler. […] « Un clergyman57, sortant d’une attaque d’apoplexie, avait perdu le souvenir de quatre années et de quatre années seulement. […] « Il y a quelques années, dit Abercrombie58, je vis un enfant qui, en tombant d’un mur, s’était heurté la tête contre une pierre. […] « Un homme, dit Abercrombie, né en France, avait passé la plus grande partie de sa vie en Angleterre, et, depuis plusieurs années, avait perdu entièrement l’habitude de parler français.

198. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Mais aucun siècle, autant que celui qui nous occupe, n’a méconnu l’enfant : sa précoce sagesse et lucidité vers la septième année, sa déviation imaginative ultérieure, vers la douzième année, par l’éveil de l’instinct sexuel. […] A ces cinq années de guerre civile correspondent exactement, cent vingt ans plus tard, les cinq années de guerre exhaustive de 1914 à 1918. […] On a pu écrire plusieurs volumes sur les bévues de l’Académie des Sciences, dont les comptes rendus manifestent d’ailleurs un vide, d’année en année plus effrayant. […] Or, encore une fois, ce ciron a empli et occupé soixante années et masqué l’univers à une foule de chercheurs. […] En la seule année 1889, dans mon service de Broussais, mon interne d’alors, mon collègue d’aujourd’hui, M. 

199. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

puissent mes destinées Vous amener à moi, de dix en dix années, Attentifs à mon œuvre, et pour moi c’est assez ! […] J’avais cru M. de Vigny né le 27 mars 1799 ; je le rajeunissais de deux années. […] Les poètes sont quelquefois jaloux de dérober une année ou deux, comme les femmes. […] Étant demeuré quatre années sans avancement, il se fit réformer pour cause de délicatesse de santé, le 22 avril 1827, à l’âge de trente ans. […] M. de Vigny en effet, en les réimprimant dans l’édition de 1829 et ensuite dans ses œuvres complètes, a jugé bon de les vieillir après coup de quelques années.

200. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Il y a loin du Panégyrique de saint Gorgon, qu’il prêchait à Metz dans les années de son séjour, au Panégyrique de saint Paul qui signala les premières années de sa prédication à Paris, et qui est déjà du plus grand de nos orateurs sacrés (1661). […] Appelé souvent à prêcher devant la Cour à dater de 1662, ayant à parler dans les églises ou dans les grandes communautés de Paris, Bossuet y acquit en un instant la langue de l’usage, tout en gardant et développant la sienne ; il dépouilla entièrement la province : celle-ci, dans un exercice et une discipline de six années, l’avait aguerri ; la Cour ne le polit qu’autant qu’il fallut. […] Durant huit ou neuf années (1660-1669), il fut le grand prédicateur en vogue et en renom. […] Dans les premières années de son séjour à Paris, il préluda dans le genre de l’oraison funèbre. […] Il devait être plus à l’aise et se sentir plus au large en célébrant la reine Anne d’Autriche, dont il prononça quelques années après l’oraison funèbre (1667) ; mais, chose singulière !

201. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Feuillet de Conches font déjà connaître et dont la publication plus entière deviendra possible avec les années, formera un livre qui se placera tout naturellement à côté du recueil des lettres du Poussin, celui de tous les peintres de qui Léopold Robert relevait le plus, et dont il écrivait à un ami : J’ai été enchanté de me rapprocher autant avec vous pour ce que vous me dites du Poussin. […] En se séparant d’eux pour longtemps, en se disant qu’il rompait avec les habitudes domestiques régulières, qu’il avait reprises depuis son retour, il éprouvait une de ces douleurs tendres et pénétrantes que savent tous ceux qui ont vécu intimement de la vie de famille ; douleur recouverte, que la plupart dissipent bientôt et évaporent, mais que, lui, il couva toujours et concentra, au point de la sentir plutôt augmenter avec les années. […] En continuant d’écrire, comme il le fit avec plus d’abondance dans les dernières années, il serait arrivé à dégager son expression : jusque dans ses incorrections et son incertitude, elle a son charme. […] Je croyais le voir changer avec les années, devenir plus calme ; et malheureusement c’est le contraire. […] Léopold Robert est de ces artistes qui avancent et mûrissent avec les années.

202. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Pendant les années de Santeul il y eut à Saint-Victor un pieux confrère, le père Simon Gourdan, qui essaya de revenir à la régularité primitive, et ce fut lui qui fit presque scandale et schisme dans la maison. […] Quelques années après, un novice scrupuleux, le frère Gueston, ayant voulu suivre l’exemple du père Gourdan, s’en vit détourner par l’esprit de liberté et de facilité mondaine qui régnait dans la maison. […] L’année 1694 fut une importante année pour Santeul, et depuis ce moment jusqu’à la fin de sa vie il ne cessa de faire encore plus de bruit dans le monde qu’il n’en avait fait jusqu’alors, ce qui était pour lui le souverain bonheur. […] Son ambition fut en partie satisfaite, et dans les dernières années il devint un commensal, un favori, et comme un hôte indispensable de la maison de Condé. […] Dijon, dans les dernières années, était devenu comme une seconde patrie pour Santeul : il y accompagnait M. le duc, qui y allait tenir les états, et il y réussit par son tour d’esprit et son sel plus qu’à Paris même.

203. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

La paix de Vervins (1598), qui allait donner à la France des années de repos et d’une félicité dès longtemps inouïe, rendit le zèle du jeune homme inutile, et il résolut de voyager. Il avait l’idée d’abord de pousser jusqu’en Orient et de voir l’empire des Turcs, « non par superstition », dit-il, comme la plupart de ceux qui y vont seulement pour visiter Jérusalem, mais pour s’instruire en ces années actives d’apprentissage et pour considérer la diversité des pays et des peuples. […] Et cependant, à une année de là, devait tomber la tête de Biron. […] Selon Rohan (et ce jugement le caractérise), ces huit années laborieuses et victorieuses, mais d’une victoire si combattue et achetée par tant de périls et de veilles, furent plus heureuses encore pour Henri IV que les douze années de paix et de félicité durant lesquelles il gouverna sans plus de lutte. […] Celui-ci nous fait bien fidèlement assister aux intrigues et menées de mille sortes qui remplissent ces premières années de la Régence.

204. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Le prince Guillaume ne survécut que d’un an à peine à sa disgrâce ; il mourut l’année suivante (juin 1758), et cette mort, à laquelle Frédéric s’attendait si peu, et à laquelle il put se reprocher d’avoir contribué, vint ajouter dans ces sanglantes années aux peines morales qui assiégeaient de toutes parts son âme. […] Frédéric était en bonne veine sur cette fin d’année 1757. […] Cette suite de mécontentements, de plans contrariés et rentrés ; et, selon lui, d’injustices, amenèrent le prince Henri à vouloir se retirer, vers l’été de l’année suivante (1760) : il allégua l’état de ses nerfs et sa santé. […] Les lettres, qui remplissent les années 1761-1762, sont pleines de verve et de bonne humeur de la part du roi, d’une bonne humeur un peu brusque et âcre : aux détails militaires il se mêle, entre son frère et lui, des lambeaux de dissertations philosophiques. […] [NdA] « Mon frère Henri a fait des merveilles et s’est distingué au-delà de ce que je puis en dire. » Lettre de Frédéric à ses sœurs la princesse Amélie et la duchesse Charlotte de Brunswick, datée du camp de Prague, 11 mai 1757. — Et dans une lettre à la margrave de Baireuth, du 17 septembre même année, après la perte de la bataille de Kolin, après les revers : « J’ai lieu de me louer beaucoup de mon frère Henri ; il s’est conduit comme un ange en qualité de militaire, et très bien envers moi en qualité de frère. » 54.

205. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Quelques-unes se sont perdues ; il s’en est conservé trente-sept, publiées pour la première fois il y a une centaine d’années, et qu’on a réimprimées en 1806 : il n’est rien de plus agréable dans cette branche de littérature du xviie  siècle. […] Le tableau intérieur de cette monarchie, qui depuis des années manquait d’une tête et d’un bras capables, et qui devait continuer ainsi de dépérir pendant vingt années encore, est effrayant. […] L’argent manquait absolument ; quand le galion arrivait chaque année des Indes, l’or si attendu qu’il apportait était dépensé à l’avance, et aussitôt dévoré et dilapidé. […] Le voyage de l’Escurial, à une certaine époque de l’année, est irrévocablement réglé, infaillible et invariable comme le cours des astres et des saisons, et il n’y a pas moyen de l’éluder. […] La jeune reine vécut peu d’années dans cette vie d’étouffement et de réclusion, à laquelle elle semblait pourtant s’être si tôt accoutumée.

206. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Il n’avait pas reçu encore l’affront sanglant qu’il essuya l’année suivante, et qui changea la direction de sa vie. […] L’ambition, si elle avait longtemps tardé, lui poussait avec les années comme une excroissance d’égoïsme, comme une avarice dernière. […] Dès 1732, le 24 janvier de cette année, le roi étant en orgie à la Muette avec vingt-quatre convives, porta la santé d’une inconnue, et après avoir bu il cassa son verre, invitant tout le monde à faire de même. […] Ce n’est pas probable, quoique l’intrigue avec cette dame ait commencé bien plus qu’on ne le sut généralement alors, et qu’elle ait été menée pendant les premières années très secrètement. […] On a dansé après souper ; et, si cela recommence souvent, il n’est pas impossible que quelque belle courageuse ne mette la main sur le roi. » Mais il fallut quelques années de stage encore.

207. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

S’étant chargé, il y a quelques années, de mettre la dernière main à la grande œuvre de Sismondi, « ce monument de la science historique que sa mort avait laissé inachevé », M.  […] Les quatorze ou quinze années du règne de Louis XVI, antérieures à la Révolution, seront toujours un sujet de méditation et d’étude pour ceux qui cherchent à se rendre compte de la manière dont les révolutions se forment, se préparent, et de ce qu’il faudrait faire pour les prévenir et les éviter. […] Cela manqua entièrement durant les quinze années d’essai et de tâtonnement, accordées à Louis XVI. […] S’il avait eu un de ces éclairs d’indignation comme en avait à ses côtés sa généreuse compagne, si le sang lui avait monté au visage, s’il s’était souvenu qu’il était le dernier roi d’une race militaire, s’il avait résisté à la force par la force, l’épée à la main, avec ses dévoués serviteurs qui y comptaient ; si, dans le conflit, il s’était seulement fait tuer en gentilhomme sur les marches de son palais, l’histoire de la Révolution eût changé ; il n’y aurait pas eu cette tache juridique sanglante qui s’appelle le procès de Louis XVI, et qui fut la plaie livide et toujours ouverte pendant de longues années.

208. (1925) Proses datées

Vingt années ont fait de nombreux vides parmi les noms cités dans l’index. […] Que lui font les années ! […] Elles me ramènent à un matin de printemps d’il y a quelques années. […] Chaque année nous en voyons disparaître quelques-uns. […] C’est un homme d’une quarantaine d’années.

209. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Elle passa l’année de la Terreur au pays de Vaud, avec son père et quelques amis réfugiés, M. de Montmorency, M. de Jaucourt. […] Mme de Staël était revenue à Paris dès l’année 95, et elle ne cessa, jusqu’à son exil, d’y faire de fréquents et longs séjours. […] Avant la résignation complète, le plus fort de sa crise fut durant la longue année qui précéda sa fuite. […] Grimm ou peut-être son secrétaire et suppléant, l’aimable Meister, qui tenait souvent la plume pour lui en ces années. […] Avec les années ce beau génie, sans s’affaiblir, est allé s’épurant.

210. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

Il nous donne, cette année, la Clairière de Donnay et de Descaves, Poil de carotte de Jules Renard et du Courteline. […] Il sait pourtant que nous avons passé là-dessus l’éponge et que l’année a débuté par le bannissement de Paul Déroulède. […] Encore quelques années et nous pourrons vivre, comme des coqs en pâte, sans bourse délier. […] » et sans doute parce qu’il est instruit de la vertu du nombre sept et de ses multiples, il opine pour l’année 1914. […] L’année 1900 a fourni au trésor des plus-values dépassant 100 millions (exactement 100 728 096 fr.  77) (Rapport sur la situation générale de la France).

211. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

Il en est qui se retrouvent en tout temps ; d’autres qui durent plusieurs siècles ; d’autres qui s’effacent au bout de trente ou quarante ans ; d’autres qui périssent en une quinzaine d’années ou même au bout de deux ou trois ans. […] Même quand éclate une de ces crises d’évolution qu’on appelle des révolutions, elle a été annoncée par des signes avant-coureurs, elle a été préparée souvent durant de longues années dans la profondeur des âmes. […] Ainsi, notre siècle est coupé, d’une façon si visible qu’elle crève, pour ainsi dire, les yeux, par de grandes commotions nationales et internationales ; sur le fond uniforme des années se détachent, éclairées d’une lueur plus éclatante, joyeuse ou sinistre, ces dates mémorables : 1815,1830, 1848, 1870. […] Mais le romantisme, qui n’admet plus le style noble, les règles de Boileau, la séparation des mots et des genres en castes nettement tranchées, bref, qui abolit l’ancien régime en matière littéraire, ne triomphe que dans les trente premières années de notre siècle. […] L’adolescent change plus de la quinzième à la vingtième année que l’homme fait de vingt-cinq à trente-cinq ans.

212. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Pendant des années, c’est à peine si nos livres nous ont payé l’huile et le bois de nos nuits. […] Or, cela je le déclare tout à la fois le comble de la difficulté et le summum de l’art dramatique des années qui vont venir, — et je me trouve tout seul, pas assez fort pour y arriver. […] L’année d’après, nous publiions dans le mois de décembre, En 18.. […] De ce jour, nous appartenions exclusivement au roman ; cela jusqu’à l’année 1863, où nous écrivions Henriette Maréchal. […] Nous nous plongions cependant en un drame de la Révolution vers laquelle nous nous sentions attirés depuis des années, et dans laquelle le siège de Verdun donnait l’épisode héroïque de la défense de la France contre l’étranger.

213. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

On sait d’ailleurs que Ramond retourna en Suisse dans les années 1783-1784, et pour y rejoindre sans doute Cagliostro ; il l’accompagna ensuite à Lyon, et ce fut lui qui, par ordre du cardinal, l’installa à Paris, dans la rue Saint-Claude au Marais, en février 1785, prenant à cet effet tous les arrangements et passant tous les marchés nécessaires. […] Lorsque l’on sait à quel esprit sain, ferme, vigoureux, on a affaire en Ramond, lorsqu’on a pu apprécier ses qualités sûres comme savant, comme observateur, lorsqu’on voit Laplace avoir assez de confiance en lui pour adopter et enregistrer dans la Mécanique céleste la réforme numérique dont était susceptible le coefficient d’une de ses formules, on se demande quelle sorte d’intérêt et de zèle celui qu’on a connu en ces dernières années le moins mystique des hommes pouvait apporter dans cette intimité de chaque jour avec Cagliostro. […] Ce curieux voyage est le sujet d’un volume publié en 1789, sous le privilège, comme on disait, de l’Académie des sciences, et sous le titre d’Observations faites dans les Pyrénées, pour servir de suite à celles que l’auteur avait déjà faites sur les Alpes dix années auparavant. […] L’ouvrage de Ramond où elles se trouvent, ces Observations sur les Pyrénées parurent en 1789, c’est-à-dire au moment de la Révolution, et n’eurent pas le temps d’avoir leur succès ; venues quelques années plus tôt, elles auraient sans doute obtenu la vogue, elles auraient peut-être même déterminé un courant de l’opinion et entraîné des flots d’élégants visiteurs par-delà Campan et Bagnères, du côté des hautes vallées des Pyrénées, comme cela s’était vu dans les vallées de la Suisse et des Alpes. […] Jefferson fit deux voyages en ces années, l’un de sept semaines en Angleterre (mars-avril 1786), l’autre, plus long, dans le midi de la France et dans le nord de l’Italie (mars-juin 1787).

214. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

M. de Senfft, à qui Lamennais adressait quantité de lettres, publiées également dans ces dernières années, était familier avec la France où il avait assez longtemps résidé en qualité de ministre de Saxe ; il est, avec M.  […] C’est à elle que, dès l’année 1814, dans un intervalle d’inaction et de retraite, au bord du lac de Constance, il adressait les Mémoires que nous lisons avec cette touchante dédicace : « À LOUISE. […] Appelé au printemps de cette année 1807 à rejoindre la partie du Corps diplomatique de Paris qui avait suivi le quartier général de Napoléon, il nous dit un mot des moyens et des ressorts qui furent mis en jeu auprès du ministre des Affaires étrangères, M. de Talleyrand. […] Le Moniteur, en publiant l’année suivante le Message au Sénat concernant la guerre d’Autriche, rapporta parmi les pièces à l’appui la conversation de l’Empereur avec l’ambassadeur de Vienne, M. de Metternich, qui avait eu lieu à l’audience diplomatique de Saint-Cloud, le 15 août 1808. […] Est-ce qu’il fait trop chaud cette année à Paris ?

215. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Nicolas-Germain Léonard, né à la Guadeloupe en 1744, vint très-jeune en France, y passa la plus grande partie des années de sa vie, mais il retourna plusieurs fois dans sa patrie première. […] La jeune fille mourut de douleur, non sans avoir senti fuir auparavant sa raison égarée ; et lui, il passa de longues années à gémir amèrement en lui-même, à moduler avec douceur ses regrets. […] Quelques idylles et poésies champêtres, composées en ces mêmes années, s’ajoutèrent à une nouvelle et assez jolie édition que donna Léonard (La Haye, 1782). […] Revenu de Liège à Paris au commencement de 1783, il partit l’année suivante pour les colonies, où il passa trois années, après lesquelles on le retrouve à Paris en 1787, prêt à repartir de nouveau pour la Guadeloupe, mais cette fois avec le titre de lieutenant général de l’Amirauté et de vice-sénéchal de l’île. […] Passant à la Guadeloupe quelques années après la mort de Léonard, une jeune muse, qui n’est autre que madame Valmore, semble avoir recueilli dans l’air quelques notes, devenues plus brûlantes, de son souffle mélodieux.

216. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Chapitre XXXII Année 1675 (suite de la huitième période). — Le roi donne, pour la première fois, à madame Scarron, le nom de madame de Maintenon. — Prédications du P.  […] L’année 1675 éclaircit beaucoup l’avenir que pouvait espérer Madame Scarron, et lui fit entrevoir sa destinée. […] Nous avons parlé de cette lettre sous la date de 1673, parce qu’elle s’applique à deux années de mésintelligences, de prétentions d’un côté, de griefs de l’autre… « Ce secret, ajoute la lettre, roule sous terre depuis plus de six mois. […]   L’année 1675 peut se résumer ainsi : Elle commence par la manifestation de la bienveillance royale, exprimée par le changement du nom de Scarron en celui de madame de Maintenon. […] L’année suivante n’amènera pas encore le dénouement de ce drame, mais y jettera des incidents propres à en ranimer l’intérêt.

217. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Les années se succèdent. […] Il mourait le 17 août de la même année. […] Il était né à Düsseldorf et les années de son enfance coïncidèrent avec les années de triomphe de Napoléon. […] C’était dans le plus terrible moment de la terrible année. […] Dans ces années-là, Coppée excitait l’envie.

218. (1913) Poètes et critiques

Son nom brille déjà depuis soixante-dix années, et il n’a pas subi d’éclipse. […] C’était pendant l’année terrible. […] Giraud ne fait pas le cas que je voudrais de ces années de bohème et de rêve. […] Au printemps de l’année 1890, Verlaine était à l’hôpital. […] Almanach pour l’année passée. — IX.

219. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Aujourd’hui, ce sont non pas des lettres, mais des conversations proprement dites de Gœthe avec un de ses admirateurs et disciples pendant les dernières années de sa vie, que publie M.  […] Il était dans sa trente-troisième année seulement à son arrivée à Weimar ; il avait gardé toute la fraîcheur des impressions premières et la faculté de l’admiration. […] Gœthe, à cette époque où Eckermann commence à nous le montrer (juin 1823), était âgé de soixante-quatorze ans, et il devait vivre près de neuf années encore. […] Heureuse et enviable entre toutes l’impression vierge du premier jour qui se nourrit et se confirme avec les années, qui se fixe en respect inaltérable et en vénération ! […] Nous avons à passer avec Gœthe la revue de presque tous nos auteurs en vogue dans les dix dernières années de la Restauration, à entendre sur eux son avis vrai et sans fard.

220. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

On est au commencement de l’année 1691, année des plus accidentées et des plus pénibles, mal inaugurée en janvier par la tentative manquée sur Veillane, relevée et signalée en mars-avril par la prompte et brillante conquête de Nice, qui se fit comme d’un revers de main, continuée et poursuivie en Piémont avec des succès divers et fort balancés. […] Je ne sais quel jugement fera le public de cette campagne ; mais je t’assure qu’à la suivre de près, j’ai plus de mérite que de celle de l’année passée. La fortune en a décidé l’année passée, et, si j’ose le dire, la bonne conduite à celle-ci. […] Vauban dut attendre dix années encore. […] Le bâton obtenu, il s’agissait de le justifier par quelque action d’éclat, et Catinat n’y manqua point en cette année même.

221. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Les générations sont vite remplacées par d’autres, et il y a des choses exquises qui se comprennent moins, qui ne se comprennent plus de même à quelques années d’intervalle. […] Voilà quatre ans (la cinquième année va commencer) qu’il y parle à poste fixe tous les mercredis durant la saison. […] Aussi chaque jour, désormais, et chaque semaine, et chaque mois, et chaque année, sont-ils les bienvenus. […] Toutes ces heures et toutes ces années, vous ne voyez plus qu’elles vous font vieillir, vous voyez qu’elles le font grandir. […] L’enfant vous ôte les années qu’il prend.

222. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Après sa première année de séjour, le maréchal de Saxe écrivait d’elle au roi Auguste : « Cette princesse a grandi et embelli, elle est plus formée de tout point. […] Et ici je rencontre un témoin brave, spirituel, galant et brillant, au propos bien français, mais un peu avantageux, ce me semble, le marquis de Valfons dont on a publié depuis quelques années les Souvenirs. […] » et d’autres jours où la sagesse lui aurait soufflé à l’oreille : « Arrête-toi. » Les petites choses, comme signe, ne sont pas à dédaigner : un grand acte d’indépendance qu’il fit vers la fin de cette année 1747 ! […] Il lui en touchait un mot dès l’année 1746, puis encore dans ses lettres du 10 janvier et du 10 mars 1767, et il lui en parle en des termes qui ne sont point parfaitement d’accord avec ce que dit l’auteur de la Notice sur la Vie de Favart en tête des Mémoires de ce dernier. Un des plus consciencieux écrivains du maréchal, dans son estimable travail, s’en est trop remis de confiance à l’auteur de cette Notice, Dumolard, écho de la famille, et qui a fait de Mme Favart un modèle de vertu des plus touchants, dont le maréchal n’aurait eu raison qu’après des années.

223. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

On ne dira pas de cette saison qu’elle a porté une grande moisson de poëtes (magnum proventum tulit) ; évidemment il faut que les dernières générations qui ont donné aient été un grand effort pour que la nature se repose ainsi ; il faut que les années d’auparavant aient tout pris, et nous finirons par croire que 1829 fait époque. […] Thiers, laquelle décidément s’imprime, et dont les trois premiers volumes (contenant cette Histoire du Consulat tout entière) paraîtront ou à la fin de l’année ou tout au commencement de l’autre. […] Ce ne serait que Henri IV qui, descendu de Robert de France, sixième fils de Louis IX, aurait enfin fait rentrer la couronne dans la lignée directe du saint roi. » Le fait est qu’une quarantaine d’années après la mort ou la prétendue mort de ce petit roi Jean, parut en France un aventurier qui se donna pour lui, qui raconta toute une histoire romanesque à laquelle plusieurs puissances et personnages politiques d’alors ajoutèrent foi, notamment Rienzi. […] Les amis de Latouche ont, pendant des années, raconté à l’oreille des crédules toutes sortes de petites historiettes sur ce Chénier-Latouche.

224. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

Il était érudit, studieux avec friandise, intimement versé dans Horace, dont il donnait d’agréables et familières traductions, sachant tant soit peu le grec, et par conséquent beaucoup mieux que les gens de lettres ne le savaient de son temps : car de son temps les gens de lettres ne le savaient pas du tout, et, quelques années plus tard, la génération littéraire suivante, dite littérature de l’Empire, et dont était M. de Jouy, sut à peine le latin. […] Andrieux professa au collège de France, comme, depuis plusieurs années déjà, il professait à l’intérieur de l’École Polytechnique, et ses cours publics, fort suivis et fort aimés de la jeunesse, devinrent son occupation favorite, son bonheur et toute sa vie. […] Andrieux a fait, avec un talent qui pouvait sembler de médiocre haleine, ce que bien des talents plus forts ont trouvé trop long et trop lourd ; il a fourni une carrière non interrompue de dix-huit années de professorat ; et, comme il le disait lui-même à sa dernière leçon, il est mort presque sur la brèche. […] Dans les querelles littéraires qui s’étaient élevées durant les dernières années, l’opinion de M. 

225. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

C’est donc à l’année 1402 qu’il faut faire remonter la création du premier théâtre à Paris. […] Introduits au théâtre par Jodelle, ils furent scrupuleusement conservés par les auteurs dramatiques qui vinrent après lui, jusqu’à l’année 1630. […] Tristan, qui s’était révélé avec tant d’éclat, resta plusieurs années sans rien produire. […] Après Lucrèce vinrent : La vraie suite du Cid en 1638, et la même année Coriolan. […] … L’année 1646 fut bien employée par Gilbert, car il donna encore à la scène une Sémiramis en cinq actes.

226. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Telle était la maison où je passai quatre années au moment le plus décisif de ma vie. […] Olier sanctifia la maison, que rien jusque-là n’avait préparée à une destination pieuse, en l’habitant dans les dernières années de sa vie. […] À Saint-Sulpice de Paris on pourrait passer trois années sans avoir eu aucune relation sérieuse avec un seul des directeurs. […] C’était l’année de la mort de M.  […] Mes souvenirs se rapportent aux années 1842-1845.

227. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Ce fut très probablement pour elle aussi, et à sa demande, que le cardinal de Retz, quelques années après, entreprit d’écrire ses incomparables Mémoires. […] Il revint à Paris en L’année 1690, pour prononcer l’oraison funèbre de la dauphine, et celle de son grand ami, le duc de Montausier. […] Fléchier lui écrit : Je vous souhaite, madame, à ce renouvellement d’année, tout ce qui peut contribuer à votre sanctification et à votre repos. […] On y trouvera l’exposé le plus exact, et puisé aux meilleures sources, de l’état intérieur de la France dans ces premières années du gouvernement de Louis XIV. […] [NdA] Cette nuance, encore légère du temps de Fléchier, ne fit que se marquer et trancher de plus en plus avec les années.

228. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

On a beaucoup parlé, depuis tantôt deux années, de la réaction classique ; elle est assez réelle, très-légitime ; il n’y faudrait pourtant pas voir plus qu’il n’y a véritablement. […] Les huit années, de 1805 à 1814, furent remplies pour lui de beaucoup d’études et de plusieurs essais. […] Représentons-nous bien l’état littéraire de la France aux abords de l’année 1820. […] Celle du baron de Riedern, publiée par M. de Latouche, ne parut que dans le courant de l’année 1820. M. de Barante publia les OEuvres dramatiques de Schiller l’année suivante.

229. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Le prince de Prusse venait chaque année faire visite à la famille de Humboldt, ses successeurs dans le domaine de ses pères. […] Je ne le revis plus ; il fut nommé ambassadeur à Londres, puis au congrès de Vienne, et mourut peu d’années après à Tégel, où il avait passé son enfance. […] L’amour de Guillaume pour sa femme avait grandi avec les années, et cette mort réveilla de nouveau dans son cœur cette tendance naturelle à la mélancolie et à la rêverie. […] « Mais, dans les derniers temps, les années de l’illustre octogénaire avaient réclamé leurs droits naturels. […] Toutefois les nombreuses infirmités survenues dans les dernières années avaient plus ou moins modifié cette distribution habituelle du temps.

230. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Michel-Ange y avait perdu son temps, sa fortune et ses yeux ; sa vue resta plusieurs années affaiblie par l’attitude forcée de la tête, qu’il avait dû renverser en peignant la voûte. […] Sous trois autres papes et pendant dix-sept années consécutives, il fit de cet édifice le poëme de sa vie. […] Douze années de guerres firent de lui le premier général de son siècle et le bouclier de l’Italie. […] « Et rends-moi cette ardeur à voler sur ses traces, à mes pas maintenant si seuls et si appesantis par le poids des années. […] Ses lettres à son ami Giorgio Vasari, à ce déclin de ses années, prouvent qu’il vivait seul à Rome dans la seule famille de ses disciples et de ses ouvriers.

231. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Le journal, en effet, commence le 18 février 1507 ; ce jour-là Casaubon entre dans sa trente-neuvième année. […] Il est très vrai que les études étaient fort tombées en France après les saturnales de la Ligue ; elles n’avaient pas moins besoin de réparation alors qu’elles n’en eurent besoin plus tard sous l’Empire au sortir des désastres de la Révolution : « Les fureurs de Mars, écrivait en ces années Casaubon à Scaliger, ont presque entièrement éteint dans les âmes le culte et l’amour des muses. […] Que je commence bien ce jour et l’année, c’est ce que je te demande avec prière et supplication, Dieu éternel ! Et certainement heureux sera le jour, heureuse sera l’année, heureux tout le temps que je vivrai pour toi et que je consacrerai à ta loi divine et à ton Écriture véritablement inspirée ; quoique cependant sans ton secours, ô Père céleste, sans une aide particulière venue d’en haut, cela même ne me réussisse pas. […] Voilà ce qui me tourmente depuis des années déjà, et me tient en inquiétude les jours et les nuits.

232. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Cette année même, j’ai remarqué deux de ces discours d’un genre bien différent : l’un prononcé à Paris pour la rentrée de la Cour de cassation par M. l’avocat général Charrins, et qui nous offrait un vivant portrait du très-éloquent avocat de Toulouse, défenseur heureux de tant d’accusés politiques, M.  […] Ce singulier état de transition allait se prolonger durant bien des années encore. […] De sorte que l’on peut dire sans trop d’exagération et en résumant son rôle d’une manière pittoresque et sommaire : La langue française avait fait une année de rhétorique brillante avec Balzac ; que dis-je ? […] Vaugelas, en ses dernières années, était donc devenu le grand travailleur, la cheville ouvrière de l’Académie* celui qui tenait la plume pour le Dictionnaire et qui avait la conduite de tout l’ouvrage. […] Et quelle gloire n’a point encore Amyot depuis tant d’années, quoiqu’il y ait un si grand changement dans le langage !

233. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Il reste beaucoup à faire pour établir avec sûreté et précision les premières années de Catinat : une Vie critique de ce guerrier de tant de mérite n’est pas écrite encore. […] Lorsqu’on eut pris Saint-Ghislain en décembre, il lui en confia le gouvernement, comme, à la fin de l’année précédente, il lui avait donné le commandement des troupes de Cateau-Cambrésis, pour tenir Cambrai bloqué pendant l’hiver. […] Le roi l’ayant vu à l’œuvre de longues années sous ses yeux, a l’idée de l’émanciper et de s’en servir au loin. Et d’abord, il jugea à propos de l’envoyer à Pignerol, à la frontière du Piémont, sur la fin de cette année 1678, pour une mission très-secrète, mystérieuse même, et des plus importantes. […] Tous les biographes disent qu’en cette même année de la conquête de la Franche-Comté (1674), Catinat présent à la bataille de Senef y fut blessé et reçut à ce sujet un billet du grand Condé, dont il cite même les termes.

234. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Il publie, à la fin de son volume, des fac-similé de lettres de Marie-Antoinette (année par année) depuis 1770 jusqu’en 1780. […] Le temps, les années, les circonstances, en la pressant, la forcèrent peu à peu à avoir tout son jugement et à développer son caractère ; mais elle s’attarda aussi longtemps qu’elle put aux accessoires divertissants et aux agréables frivolités. […] Après deux années de ce rôle assez ingrat et infructueux, il écrivait (mai 1772) : « Le mauvais ton des alentours, l’habitude de ne recevoir ni correction ni même avis du roi et de M. le Dauphin, les seules autorités légales et convenables pour Mme la dauphine, enfin l’éloignement de 300 lieues, voilà à mon avis les causes du peu d’effet des lettres de réprimande. […] M. ne m’a rien dit de plus ; elle n’en désire peut-être pas davantage ; elle trouvera une importunité de moins pendant mon absence, et quand elle aimerait mieux ma présence, elle sent bien qu’elle ne peut plus m’en parler sans répondre aux motifs clairs et décisifs que je lui ai présentés l’année dernière. […] Il reprochait à la reine son engouement pour la comtesse Jules, sa famille et sa société, lui disait des choses vraies sur les suites fâcheuses que pourrait avoir cette amitié… Il se plaignait de voir ses avis négligés ; puis il en venait aux conditions pour son retour… » — D’un autre côté on trouve dans les lettres de Marie-Thérèse à Marie-Antoinette du commencement de l’année 1780 des indications qui concordent avec ce changement de situation : « (1er janvier 1780.)

235. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Ce poème, où il a appliqué son génie (et ce génie est manifeste), a paru digne, il y a quelques années, d’être publié avec luxe à Paris, aux frais du Gouvernement, dans la Collection orientale des manuscrits inédits. […] » Ferdousi était donc né en Perse vers l’année 940, et il ne mourut qu’en 1020, âgé de quatre-vingts ans. […] Pendant les premières années, le poète vit se réaliser son rêve. […] Après douze années de séjour à Ghaznin, et quand son poème, composé de près de soixante mille distiques (cent vingt mille vers !) […] Après ce coup d’éclat, Ferdousi erra durant des années, cherchant une cour où ne pût l’atteindre la colère du sultan.

236. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Elle s’y était rendue de son côté, et l’on assure que les noms des deux pèlerins se lisaient encore, il y a quelques années, sur les murailles moresques où ils les avaient tracés. […] Il se trahit tout à la fin, et, dans l’odieuse supposition qu’il l’eût pu séduire en la revoyant après vingt-sept années, il s’écrie : « Eh bien ! […] Ainsi, dans les années du déclin, il passait sa vie, et trompa tant qu’il put la vieillesse. Les Mémoires nous feraient croire vraiment qu’il se convertit tout à fait dans ses vingt dernières années, et qu’il n’adora plus qu’une Béatrix unique. […] Acceptez de cet accident la passion, la rapidité et le malheur ; je vous donnerai plus dans un jour qu’un autre dans de longues années.

237. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Sa langue garda toujours quelque chose du mauvais ton de ses premières années. […] Voilà ce que ressentait à Annecy l’enfant de Genève en l’année 1734, pendant qu’on lisait à Paris Le Temple de Gnide. […] La description de ces années de l’Ermitage, et de la passion qui vient l’y chercher, a bien de la séduction encore, et peut-être plus de relief que tout ce qui a précédé ; il aura raison de s’écrier pourtant : Ce n’est plus là les Charmettes ! […] Son caractère s’aigrira et contractera durant ces années un mal désormais incurable. […] Le vrai bonheur de Rousseau, celui que personne, pas même lui, ne sut lui ravir, ce fut de pouvoir évoquer ainsi et se retracer, avec la précision et l’éclat qu’il portait dans le souvenir, de tels tableaux de jeunesse jusqu’au sein de ses années les plus troublées et les plus envahies.

238. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Étienne Pasquier a été, dans ces dernières années, l’objet d’études nouvelles et approfondies. […] Il avertit Ronsard, dès l’année 1555, de ne pas se prêter comme il fait à cette pente facile par où tout périt, de ne pas courtiser et flatter ses disciples, de ne pas laisser dégénérer enfin une œuvre élevée, en un tumulte et une ovation de coterie. […] Il est en ce point le devancier de Balzac, du chevalier de Méré, de cette école ingénieuse et compassée qui fit faire à la langue sa dernière année de rhétorique : la première année de cette rhétorique commence déjà sensiblement chez Pasquier. […] Les longs travaux et les années d’épreuves, quelques pertes même domestiques au sein de sa nombreuse famille, n’avaient en rien amorti l’esprit de Pasquier ni chagriné son humeur. Après avoir été trente-six ans avocat plaidant, et pendant dix-neuf autres années avocat du roi, il se démit de tout emploi public et entra dans la retraite à l’âge de soixante-quinze ans (1604).

239. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il nous a rendu compte lui-même, dans des Mémoires agréables et très naturels, de ses premières années et d’une grande partie de sa vie. […] Si je sais quelque chose, je le dois particulièrement à ces trois ou quatre années d’études. […] À l’égard de celles qui se distribuaient à Paris, elles se portèrent la première année chez tous les gratifiés, par le commis du trésorier des Bâtiments, dans des bourses de soie d’or les plus propres du monde ; la seconde année, dans des bourses de cuir. […] Les années bientôt eurent quinze et seize mois ; et, quand on déclara la guerre à l’Espagne, une grande partie de ces gratifications s’amortirent. […] Le Parallèle des anciens et des modernes de Perrault (quatre volumes) commença à paraître en 1688, et se continua les années suivantes.

240. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Dans mes dernières années, j’ai été plus hardi à l’égard des ouvrages relatifs à la critique et à l’antiquité ; j’avais, par de longs travaux, acquis des droits à ma confiance. […] Ce fut le germe de son ouvrage, qu’il mit trente années ensuite à combiner et à écrire. […] En ces années, Barthélemy justifiait déjà les attentions dont il était l’objet par la manière même dont il traitait quelques points d’érudition devant le public dans les séances solennelles de son Académie. […] Il était trop favorisé en ces années pour ne pas avoir affaire à l’envie. […] En soixante années de pratique, il lui avait passé plus de quatre cent mille médailles entre les mains.

241. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

La persévérance toutefois, qui fait le caractère du petit troupeau janséniste, n’avait pas cessé son effort après tant d’années, et l’on n’avait pas renoncé à payer cette dette d’une publication tardive à une mémoire des plus honorées. […] Depuis quelques années, les grandes bibliothèques de Paris où sont conservées des copies manuscrites avaient été soigneusement explorées ; les recueils mêmes de ces copies portaient des traces visibles du passage des patients investigateurs, ou plutôt des investigatrices (car c’étaient des dames, m’assure-t-on, qui se livraient à ce travail) ; des tables, des renvois et concordances d’une écriture très nette et toute récente faisaient présager une pensée d’assemblage et d’édition. […] Encadrée comme elle l’était dans la maison de Port-Royal, amenée après des années de recueillement et de paix à être témoin et, qui plus est, champion de contentions opiniâtres, jetée forcément au milieu des luttes, et placée même depuis la mort de sa sœur à la tête de la résistance, elle sut conserver un caractère de douceur inaltérable, une physionomie paisible et presque souriante. Elle eut dans une nièce (son égale pour le moins par l’esprit, et sa supérieure par le caractère), dans la mère Angélique de Saint-Jean, un lieutenant énergique qui lui prêta de la force dans les sièges et les blocus qu’on eut à soutenir durant plusieurs années. […] Royer-Collard avait réduit ce coin de sa bibliothèque dans ses dernières années.

242. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Cette étude demande une attention entiere et une perseverance continuée durant plusieurs années. […] Les organes contractent sans peine durant ces années, toutes les habitudes dont leur premiere conformation les rend susceptibles. Mais si l’on perd ces années précieuses, si l’on les laisse écouler sans les mettre à profit, la docilité des organes se passe sans que tous nos efforts puissent jamais la rappeller. […] Malheureusement pour nous, ces années si précieuses sont celles où nous sommes distraits le plus facilement de toutes les applications sérieuses. […] Cependant en quelques années, il ôte à l’esprit sa vigueur, et au corps une partie de ses forces.

243. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Il y a quelques années, à propos du volume intitulé les Pleurs, on a essayé de caractériser le genre de sensibilité et de talent particulier à Mme Valmore. […] Pour elle chaque souffrance est un chant : c’est dire que, depuis ces cinq années, dans les vicissitudes de sa vie errante, elle n’a pas cessé de chanter. […] » Reprends donc de ta destinée L’encens, la musique, les fleurs ; Et reviens, d’année en année, Au jour où tout éclate en pleurs !

244. (1874) Premiers lundis. Tome II « Achille du Clésieux. L’âme et la solitude. »

M. du Clésieux, nous dit-on, après de bonnes études, et quelques années passées à Paris dans sa première jeunesse, s’est bientôt retiré, et comme enfui dans sa Bretagne ; les plaisirs l’avaient effleuré un moment, et il s’y dérobait avec une sorte d’effroi. Dans un domaine rural, voisin de la mer, six pleines années se sont écoulées pour lui à méditer, à prier, à se guérir et à s’affermir. […] En réponse à ces excellentes exigences, nous n’avons rien à opposer sinon que M. du Clésieux, nous a-t-on dit encore, n’a pas employé ces six années de retraite, dont nous parlons, à de pures extases de cœur, à de simples élévations d’intelligence ; il a fait le bien, et a beaucoup amélioré les hommes autour de lui ; combien d’agitations bruyantes sont moins effectives !

245. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Préface » pp. 1-3

À peine rentré à Paris, je me sentais un grand besoin d’activité, comme après une forte année d’étude et de solitude ; mais je ne savais à quoi m’appliquer. […] Sous le règne de Louis-Philippe, pendant les dix-huit années de ce régime d’une littérature sans initiative et plus paisible qu’animée, j’ai fait, principalement à la Revue des deux mondes, de la critique plus neutre, plus impartiale, mais surtout analytique, descriptive et curieuse. […] Je donne donc ici les articles de cette année (octobre 1849-octobre 1850), sans y rien changer.

246. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Le temps les effeuille comme leurs actes et leurs ouvrages à chaque période de leur existence, à chaque année de leur vie. […] Il était dans sa trente-troisième année seulement à son arrivée à Weimar ; il avait gardé toute la fraîcheur des impressions premières et la faculté de l’admiration. […] Goethe, à cette époque où Eckermann commence à nous le montrer (juin 1823), était âgé de soixante-quatorze ans, et il devait vivre près de neuf années encore. […] Goethe, en effet, s’occupe beaucoup de la France et du mouvement littéraire des dernières années de la Restauration ; il est peu de nos auteurs en vogue dont les débuts en ces années n’aient été accueillis de lui avec curiosité, et jugés avec une sorte de sympathie ; il reconnaissait en eux des alliés imprévus et comme des petits cousins d’outre-Rhin. […] Jamais livre n’eut, en si peu d’années, un si grand nombre d’éditions.

247. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Nous avions entrevu, plusieurs années avant cette époque, ce jeune homme, qui n’était encore qu’un bel adolescent, marqué au front de ce double cachet du génie futur : la tristesse et l’enthousiasme. Son père nous l’avait amené un jour à Paris : bien que nous fussions resté plusieurs années sans le revoir, sa figure nous était demeurée gravée dans la mémoire de l’œil, comme un de ces songes qui passent devant notre esprit dans la nuit, et qu’on ne peut chasser de ses yeux après de longs jours écoulés. […] je l’ai vu mourir avant son malade, à la fleur de ses années, d’une maladie de trois ans, tête à tête avec un crucifix d’ivoire suspendu par un chapelet de femme au bois de son lit. […] Je dévorais déjà de l’œil les longues années qui me séparaient encore de la tribune et des hautes affaires d’État, ma vraie et entière vocation, quoi que mes amis en pensent et que mes ennemis en disent. […] ils deviennent rares dans cette dernière et précaire demeure de nos bonnes années.

248. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIV » pp. 209-212

Il est très-certain qu’on ne conclura pas cette année, mais les idées germeront. Plusieurs pensent qu’il aurait mieux valu en finir cette année et bâcler une loi pour clore la bouche aux déclamations du clergé. […] — L'auteur a déjà publié il y a quelques années un recueil de Maximes ; il a cru devoir cela à son nom de La Rochefoucauld.

249. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Il empêcha du moins entre eux un éclat qui n’eut lieu que plusieurs années après. […] Le point était habilement choisi par l’Espagne, si elle avait voulu rompre décidément en rendant odieux le roi de France allié des Hollandais, et en le présentant comme opposé aux intérêts et aux droits de sa propre religion : mais il n’entrait point en cela une si profonde politique, et bientôt, lorsque le président Jeannin eut introduit dans l’assemblée des États-Généraux (27 août 1608) sa proposition d’une trêve à longues années au lieu d’une paix, on vit (tant les mots sont puissants sur les hommes !) […] La faveur du président auprès de Henri IV dans les dernières années était grande. […] Henri IV mort, le président continua d’être un des principaux conseillers de l’État, et pendant près de douze années encore (1610-1622) il ne cessa, sauf un court intervalle marqué par le premier ministère de Richelieu, de servir chaque jour soit dans les finances, dont il eût le maniement en chef, soit dans toutes les affaires si compliquées de la régence et des premières années de la majorité. […] Il se préparait à aller jouir du repos en sa maison de Montjeu près d’Autun, et d’où l’on a une des plus belles vues sur la ville et le pays, lorsqu’il mourut à Paris, le 31 octobre 1622. disent toutes les biographies ; cependant, comme il y a des lettres de lui qu’on présente comme datées des deux premiers mois de 1623, j’incline à croire que la vraie date de sa mort est des derniers jours de février ou peut-être de mars de cette même année.

250. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Pendant plusieurs années, il y eut là à deux pas de Genève Mme de Staël, à Coppet, avec son monde, avec Benjamin Constant et Auguste-Guillaume de Schlegel entre autres, et qui par le mouvement de son voisinage communiquait à la cité savante une activité inaccoutumée. […] Nulle part peut-être, excepté à Édimbourg et en remontant à quelques années en arrière, on n’aurait trouvé réunis sur un aussi petit espace et dans des conditions de société plus favorables une aussi grande variété d’esprits, de talents et d’idées, une culture aussi diverse, aussi complète, et aussi honorablement désintéressée, de toutes les branches de l’intelligence, un ensemble aussi supérieur, aussi éclairé, aussi paisiblement animé, aussi honnête. […] C’est à ces questions qu’il songeait par goût et se délectait depuis des années, dans l’intervalle de ses passe-temps mondains. […] Ses amis, devenus ministres après 1830, le nommèrent professeur ; on put d’abord regretter que ces fonctions nouvelles le détournassent des grands travaux historiques qu’il poursuivait depuis des années : en y songeant mieux pourtant, je ne sais s’ils ne lui rendirent pas service, à lui et à nous, dans tous les sens. […] À l’âge où le bonheur s’enfuit pour plusieurs, il trouva le sien et le prolongea pendant près de trente années encore.

251. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Guizot le ministre spécial qui se contenta assez longtemps de présider à l’Instruction publique, et le ministre politique qui prétendit à diriger l’intérieur et l’extérieur du pays, et qui remplit en dernier lieu (sauf accident final) sa fameuse période de sept années. […] Dans sa courte année de gouvernement, Casimir Perier, luttant contre les périls publics et contre un mal intérieur qui le minait, « hardi avec doute et presque avec tristesse », selon l’expression de M.  […] Par quels degrés de maturité et de perfectionnement, par quels âges successifs son éloquence passa-t-elle durant quinze années ? […] Guizot n’était pas essentiellement écrivain au début ; prenez ce qu’il a publié dans les premières années de la Restauration : il écrivait toujours avec pensée et doctrine, mais très inégalement, selon les jours. […] Que dites-vous de cette vigueur, qui semble plus près de s’assouplir que de se casser avec les années ?

252. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Il faut du nerf dans l’esprit, et une autorité efficace… » Fénelon écrivait cela au duc de Chevreuse, quinze jours avant la mort du prince qui était dans sa trentième année ; c’est un dernier mot, et qui revient à dire que le duc de Bourgogne a besoin de coup d’œil, de dominer sa matière, de ne pas s’y perdre et s’y noyer. […] Ce règne en espérance dura moins d’une année, et lui-même il fut enlevé par une mort soudaine en février 1712. […] La dépopulation, l’abandon de la culture, la disette, l’épuisement, l’impossibilité de subvenir aux charges d’une guerre désastreuse, tous ces fléaux, déjà excessifs depuis des années, s’accroissaient de jour en jour dans une progression effrayante. […] Léopold Monty, dans une Étude sur ce prince et qui remonte à dix-huit années déjà19, a soutenu cette insuffisance royale qui se trahit en lui par tant de marques, et l’a démontrée avec beaucoup de fermeté et autant de vraisemblance qu’on en peut désirer. […] Il y a quelques années qu’ayant appris que l’on ne devait pas se servir à la collation de riz, épinards, soupes, etc., il prit une résolution qu’il a toujours gardée depuis, de ne prendre le soir que des fruits cuits ou crus, et les jours qu’on lui faisait manger de la viande en carême, il n’usait que des viandes les plus communes, ainsi qu’il me l’a témoigné lui-même. » Oh !

253. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

On l’avait depuis quelques années séparé, non sans peine, d’une maîtresse avec laquelle il vivait, et dont il avait une fille. […] Mon ami Schérer devint amoureux d’une dame d’honneur, amie de la reine ; moi je le devins de la reine. » Le prince, à cette époque, avait encore, à ce qu’il paraît, des éclairs de raison et de bons moments ; il n’était pas tombé au degré permanent de brutalité qu’il atteignit quelques années plus tard. […] Je fus étonné de ne pas me trouver horrible… » Après le départ de Bonstetten, trois années encore se passèrent avant qu’un amoureux moins léger et moins frivole que lui vînt apprendre décidément à la Reine des cœurs qu’elle en avait un. […] Après y avoir mis d’abord quelque mystère et s’être donné des rendez-vous l’été, en Alsace, au pied des Vosges, à Bade et au bord du Rhin, ils se réunirent pour ne plus se quitter, soit dans leurs voyages, soit dans les séjours qu’ils firent à Paris et à Londres, à la veille et dans les premières années de la Révolution française, soit en dernier lieu dans leur installation à Florence, le cher théâtre de leur première rencontre et leur vraie patrie. […] Taillandier ; l’anecdote est rapportée à l’année 1770, et le maréchal de Broglie y figure à la place du maréchal de Belle-Isle.

254. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Les États généraux étaient convoqués pourtant, et l’année 1789 s’ouvrait au milieu d’une attente immense. […] Geoffroy, en de sévères et justes articles qu’il a insérés dans L’Année littéraire (1789), a noté, et point du tout en homme de collège, ces graves défauts et ces lacunes de l’ouvrage. […] Il trouva partout de l’écho, et il n’y eut qu’une voix opposante : ce fut celle d’un auteur autrefois très protégé de la Cour, Laignelot, qui avait fait une tragédie d’Agis quelques années avant la publication et le succès d’Anacharsis, et qui en avait conçu de la jalousie de métier. […] Il mourut le 30 avril 1795, dans sa quatre-vingtième année : Mme de Choiseul lui survécut encore six ans, et ne mourut que sous le Consulat, en novembre 180130. […] L’abbé Barthélemy, dans les dernières années de Louis XVI, privé du salon de Mme de Choiseul et ne pouvant vivre sans habitude, passait sa vie chez Mme de La Reynière.

255. (1903) Zola pp. 3-31

Émile Zola a eu une carrière littéraire de quarante années environ, ses débuts remontant à 1863 et sa fin tragique et prématurée étant survenue, — alors qu’il écrivait encore et se proposait d’écrire longtemps, — le 29 septembre 1902. […] Il semble ne les avoir pas complétées par cette éducation que l’on se donne à soi-même et qui est la seule qui vaille, ayant, dès la vingtième année, été forcé de gagner sa vie d’abord comme employé de librairie, ensuite comme écrivain. […] Tout homme qui écrit avant trente ans et qui ne consacre pas l’âge d’or de la vie, de la vingtième année à la trentième, à lire, à observer et à réfléchir, sans écrire une ligne, risque de n’avoir pas de cerveau et de n’être qu’un ouvrier littéraire. […] Les années d’apprentissage d’Émile Zola sont, non seulement les moins méthodiques, ce qui serait peu grave chez un artiste, mais les plus vides, les plus creuses et les plus nulles de toutes les années d’apprentissage des écrivains connus. […] Zola voulait dire qu’il faisait des romans d’observation et fondés sur des documents, comme on en faisait depuis une centaine d’années.

256. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

L’auteur le fit réimprimer l’année suivante (1550), fort augmenté et à visage découvert. […] Ce séjour de quelques années à Rome, fécond en mécomptes et en ennuis, lui fut bon en un sens et lui suggéra ses meilleurs vers : ils lui furent inspirés par un sentiment vrai, par le regret de la patrie. […] Poétiquement, il employa les années qui suivirent son retour à mettre en ordre ses derniers vers et à les publier : vers français, vers latins, il donna tout. […] Revillout et provenant de la bibliothèque du président Bouhier, ont mis en lumière tout ce côté ecclésiastique et contentieux des dernières années de notre poète. […] La santé de Du Bellay, ne l’oublions pas, était totalement ruinée dans les dernières années de sa vie.

257. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Ajoutez-en des milliers d’autres : en premier lieu, les financiers qui font au gouvernement des avances de fonds, avances indispensables, puisque, de temps immémorial, il mange son blé en herbe, et que toujours l’année courante ronge d’avance le produit des années suivantes : il y a 80 millions d’anticipations en 1759, et 170 en 1783. […] En 1753, les domestiques de Louis XV n’avaient rien reçu depuis trois années. […] Avec de l’argent et de l’esprit, un parvenu se dégourdit vite, et son fils, sinon lui, sera initié : quelques années d’exercices à l’académie, un maître de danse, une des quatre mille charges qui confèrent la noblesse lui donneront les dehors qui lui manquent. […] C’est pourquoi, pendant les vingt dernières années, l’ancien régime a beau s’alléger, il semble plus pesant, et ses piqûres exaspèrent comme des blessures. […] Dans les collèges de l’Université, on n’enseigne point l’histoire604. « Le nom de Henri IV, dit Lavalette, ne nous avait pas été prononcé une seule fois pendant mes huit années d’études, et, à dix-sept ans, j’ignorais encore à quelle époque et comment la maison de Bourbon s’est établie sur le trône. » Pour tout bagage, ils emportent, comme Camille Desmoulins, des bribes de latin, et ils entrent dans le monde, la tête farcie « de maximes républicaines », échauffés par les souvenirs de Rome et de Sparte, « pénétrés d’un profond mépris pour les gouvernements monarchiques ».

258. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Pendant les deux années qu’il y consacra, Wagner se trouva dans un état de surexcitation extraordinaire. […] Le travail ne put être repris qu’un an plus tard, et la partition exigea une année et demie environ (Glasenapp, Tappert). D’été 1845 en été 1848, trois bien tristes années ! Plus tristes, peut-être, que les trois années à Paris. […] Le premier but de la Revue, pendant cette année 1885, était d’expliquer l’œuvre de Wagner à ceux qui ne la connaissaient pas, et à ceux qui la connaissaient, le « génie entier » du compositeur.

259. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Ouvrons donc Un été dans le Sahara, et Une année dans le Sahel. […] Je crois que si Fromentin n’avait laissé que son Été dans le Sahara et son Année dans le Sahel, il serait aujourd’hui oublié : on parlerait encore du peintre ; l’écrivain n’aurait pas de nom. […] Madeleine, un jour, tombera dans tes bras en te demandant grâce ; tu auras la joie sans pareille de voir une sainte créature s’évanouir de lassitude à tes pieds ; tu l’épargneras, j’en suis sûr, et tu t’en iras, la mort dans l’âme, pleurer sa perte pendant des années. […] Ils n’ont pas vu que c’était la saison la plus riche et la plus colorée de l’année, celle où les arbres, qui peuvent se ressembler au printemps, ont des frondaisons variées, et chacun une manière différente d’épanouir en peu de jours toute leur beauté jusque-là indécise ? […] Les semeurs de pensées ne jettent pas que des graines qui germent en une année.

260. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Dans ce rôle actif qu’il eut avec distinction pendant une douzaine d’années, je me le figure toujours sous une image. […] Il apprit de ses maîtres du latin, et le reste au hasard, comme on peut se le figurer en ces années de troubles civils. […] L’année suivante, ayant accompagné MM.  […] Je n’ai point parlé de son livre De l’amour, publié d’abord en 1822, ni de bien d’autres écrits de lui qui datent de ces années. […] C’est dans le tome  II de la deuxième année (Gotha, 1793) que se trouve l’article sur Mozart (p. 82-112).

261. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Le nom de la marquise de Créqui a été fort remis en vogue depuis quelques années : il ne s’agit plus que de connaître la véritable. […] L’auteur des prétendus mémoires fait dire à la marquise « qu’elle a passé trente ans avec M. de Créqui dans un bonheur sans mélange. » Elle revient en plus d’un endroit, d’un air d’attendrissement, sur « tant d’années » d’un parfait bonheur qu’elle lui a dû. […] La vie de cœur de Mme de Créqui paraît s’être concentrée, durant ses belles années, sur deux personnes, ce fils unique et son oncle le bailli de Froullay. […] C’est dans le cours de cette période morale déjà très avancée qu’elle rencontra vers 1781, ou chez son amie Mme de Tessé, ou chez une autre amie, Mme de Giac (l’ancienne duchesse de Chaulnes), Senac de Meilhan, alors intendant de Hainaut, et qui venait chaque année à Paris. […] J’aime vos lettres, votre conversation et vos écrits ; mais je crains si fort de prendre sur vos occupations, et je respecte tellement votre loisir, que je n’ai osé le troubler les autres années.

262. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Il n’y obtint qu’un bénéfice de 800 livres qu’il résigna après quelques années de jouissance, au profit, dit-on, de la demoiselle Marie Poncher de Bretouville qu’il avait aimée et qui se faisait religieuse. […] Ce petit nombre de faits connus sur les vingt-quatre premières années de sa vie nous mènent jusqu’en 1660, époque où il débute dans le monde littéraire par la publication de ses premières satires. […] En effet, durant les quinze années qui suivent, jusqu’en 1693, il ne publia que les deux derniers chants du Lutrin ; et jusqu’à la fin de sa vie (1711), c’est-à-dire pendant dix-huit autres années, il ne fit plus que la satire sur les Femmes, l’Ode à Namur, les épîtres à ses Vers, à Antoine, et sur l’Amour de Dieu, les satires sur l’Homme et sur l’Équivoque. […] En 1679, à la mort de Jérôme, il logea quelques années chez son neveu Dongois, aussi greffier ; mais bientôt, après avoir fait en carrosse les campagnes de Flandre et d’Alsace, il put acheter avec les libéralités du roi une petite maison à Auteuil, et on l’y trouve installé dès 1687. […] Le beau bouquet d’arbres qui en couronnait le bassin a été abattu il y a peu d’années.

263. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Jacob servit sept ans, suivis de sept autres années, afin d’obtenir Rachel, la femme selon son cœur. […] Le goût du théâtre était très vif à cette époque ; on était las des Grecs et des Romains, et, depuis plusieurs années, aucune nouveauté n’avait réussi. […] Les contradictions même qu’il provoque n’atteignent pas le fond de son mérite ; car nul n’a soulevé et versé dans la circulation un plus grand nombre de matériaux et d’instruments qu’il ne l’a fait durant vingt années. […] Dans les dernières années, il vivait retiré à Passy, dans l’étude, levé dès grand matin, et se plaignant de ne pouvoir pousser encore son travail dans la soirée : « Ah ! […] Nous l’avons tous rencontré, dans ses dernières années, arrivant de Passy, déjà fatigué et voûté, courant de l’Institut à l’imprimerie Crapelet, corrigeant lui-même ses épreuves, tout au travail et à l’affaire qui l’amenait, l’impression de son Lexique.

264. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il était très avant dans les conjurations contre Richelieu, et il jouait sa tête dans les dernières années de ce ministre. […] Ce n’est que dans ses dernières années que Retz se relève, qu’il recouvre quelque dignité par une retraite noblement soutenue, qu’il réveille même l’idée de probité par d’immenses dettes complètement payées, et qu’il se rachète à nos yeux dans l’ordre de l’esprit par la composition de ses incomparables Mémoires. […] Cette douceur et cette facilité des quatre premières années de la régence, suivies tout d’un coup et sans cause apparente d’un mécontentement subit et d’un souffle de tempête, sont décrites et traduites dans ces pages de manière à défier et à déjouer tous les historiens futurs. […] Après ces quatre premières années de la régence, durant lesquelles le mouvement d’impulsion donné par le cardinal de Richelieu continua de pousser le vaisseau de l’État sans qu’il fût besoin d’imprimer de secousse nouvelle, après ces quatre années de calme parfait, de sourire et d’indulgence, on entre, sans s’en apercevoir d’abord, dans de nouvelles eaux, et un nouveau souffle peu à peu se fait sentir : c’est le souffle des réformes, des révolutions. […] [NdA] Mme de Motteville nous apprend, dans ses Mémoires, que M. de Senneterre lui dit, le dernier jour de l’année 1647, « qu’il craignait qu’à l’avenir l’État ne fût troublé par beaucoup de malheurs ».

265. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Il nous a raconté en détail ses premières années. […] Arnault était donc légèrement aristocrate, comme on disait, ou plutôt il n’était nullement révolutionnaire durant ces années 1792, 1793 et 1794. […] Il a très bien peint ces années confuses et à la fois brillantes. […] C’est ainsi que l’année suivante, après s’être associé d’abord à l’expédition d’Égypte, retenu à Malte par une fièvre de son ami et futur beau-frère Regnault de Saint-Jean-d’Angély, il profitera d’une première occasion pour s’en revenir en France sans pousser à bout sa fortune ; il interrompra une seconde fois la chance qui est entre ses mains. […] Arnault et son exil, on donnait au Théâtre-Français son Germanicus (mars 1817), composé depuis plusieurs années, et dont les circonstances d’alors faisaient une allusion continuelle : les partis s’y donnèrent rendez-vous comme à un combat.

266. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

En 1593, pendant que les jésuites obtenaient du pape la permission expresse de faire peindre « les tourments et supplices de l’enfer » sur les murs de « la chambre de méditation » du collège de Clermont, où l’on enfermait souvent un pauvre adolescent qui devait, l’année d’après, rendre fameux le nom de Jean Châtel, il fit la Sauvage apprivoisée. […] En 1596, l’année où Élisabeth publia un édit contre les longues pointes des rondaches, et où Philippe II chassa de sa présence une femme qui avait ri en se mouchant, il fit Macbeth. […] Les dates que nous venons d’indiquer, et qui sont groupées ici pour la première fois, sont à peu près certaines ; cependant quelque doute persiste sur les années où furent non seulement écrits, mais même joués, Timon d’Athènes, Cymbeline, Jules César, Antoine et Cléopâtre, Coriolan et Macbeth. Il y a çà et là des années stériles ; d’autres sont d’une fécondité qui semble excessive. […] La date du Henri VI est fixée, pour la première partie du moins, par une allusion que fait à ce drame Nashe dans Pierce Pennilesse, L’année 1604 est indiquée pour Mesure pour mesure, en ce que cette pièce y fut représentée le jour de la Saint-Etienne, dont Hemynge tint note spéciale, et l’année 1611 pour Henri VIII, en ce que Henri VIII fut joué lors de l’incendie du Globe.

267. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Mais soyons plus précis encore : les marbres de Paros fixent à la dernière année de la soixante-sixième olympiade, sous l’archonte Ménon, la naissance du poëte Eschyle, cinq cent vingt-cinq ans avant notre ère. D’autre part, un témoignage antique place la représentation de la tragédie des Perses à la quatrième année de la soixante-quinzième olympiade, dix ans après Marathon, et l’année même de Salamine, deux journées où le poëte, qui célébrait ainsi la seconde, avait également combattu. Au temps de Salamine, nous dit encore un témoignage authentique, le poëte thébain Pindare atteignait sa quarantième année. […] C’est à ce prix que, l’année même de Salamine, après d’autres succès d’Eschyle, elle avait atteint, dans le drame des Perses, cette élévation que devait soutenir et tempérer le majestueux Sophocle, et qui n’a pas été surpassée dans la suite des siècles, non plus que la grandeur de la statuaire antique. […] Visant d’abord Agrigente, je ferai d’une âme sincère le serment que, depuis cent années, cette ville n’a pas vu homme d’un cœur plus bienfaisant et d’une main plus libérale que Théron.

268. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Cette même année il plaida plusieurs causes. […] Il ne permit pas de jurer par ses actes, de donner le nom de Tibère à l’un des mois de l’année. […] Cette même année, il quitta Rome pour habiter la Campanie. […] Il laissa pendant plusieurs années des places vacantes, des provinces sans gouverneur. […] Chaque année, Shakspeare donnait une ou deux pièces de théâtre.

269. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

C’était l’année de leur publication. […] Sainte-Beuve (pour Lausanne, où il commença son cours sur Port-Royal cette année même), pour insinuer qu’il s’expatriait par dépit ? […] On s’étonnera, à la fin, de cette persévérance à ternir une belle réputation, dont les titres, incontestés jusqu’ici, sont l’élévation du sentiment, le culte fervent de l’art, une haute probité critique, une pureté de goût littéraire que les ménagements d’une bienveillance instinctive ne peuvent altérer, et surtout ce désintéressement, cette indépendance qui s’effarouchent, à tort selon nous, des distinctions les plus méritées* [* Voir à ce sujet, dans Souvenirs et Indiscrétions, pages 198 et 203, ce qui se rapporte à cette année même et aux années suivantes dans une Note confidentielle de M. 

270. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Dans les six dernières années de la Restauration, après l’épuisement des générations aux prises dès 1815, après la mauvaise réussite des tentatives violentes de la jeunesse et le triomphe indéfini d’un pouvoir hypocrite et corrupteur, il s’était formé, à la fois par désespoir du présent et par besoin d’espérance lointaine à l’horizon, une école de philosophie politique qui avait entrepris la réforme et l’émancipation du pays au moyen des idées ; c’est-à-dire en répandant toutes sortes de connaissances, d’études et de théories propres à féconder l’avenir. […] Quant au jeune groupe dont nous voulons parler, et qui se comporta, sinon plus sagement, du moins avec plus d’esprit et de décence, le fait principal qui le concerne, c’est qu’il se dispersa à l’instant, et que l’ensemble des idées qui avaient l’air de se tenir pour un bon nombre d’années encore, s’éparpilla en un clin d’œil comme le plus vain des nuages. […] Les maîtres célèbres, qui, dans ces dernières années, avaient convoqué une avide jeunesse autour de leurs chaires retentissantes, ayant jugé convenable de se taire tous ensemble, M.  […] Lerminier en a déjà parcouru une bonne longueur ; il est, pour quelques années encore, sur une ligne de travaux historiques, qui aboutissent de toute nécessité à une théorie plus ou moins formelle, dont au reste la tendance, les principes et de nombreuses parties s’aperçoivent aisément.

271. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Elle nous apparaissait la plus illustre pénitente et protectrice de Port-Royal durant des années ; c’est d’elle et de sa présence en ce monastère que dépendit uniquement, vers la fin, l’observation de la paix de l’Église ; c’est sa mort qui la rompit. […] Cette année d’absence avait encore renchéri son prix ; le retour mit le comble à son succès. […] M. le Prince, qui lui demanda cet éloquent office pour la mémoire de la Palatine, n’eut pas l’idée, à ce qu’il paraît, quelques années auparavant, de lui exprimer le même désir à l’égard de sa sœur. […] Singlin, du premier coup d’œil, lui découvrit son défaut capital, cet orgueil qu’elle-même avait quasi ignoré, dit-elle, depuis tant d’années. […] Elle fut très-active pour Port-Royal dans ces années difficiles.

272. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Cette année, Messieurs, l’Académie n’a pas d’action d’éclat à célébrer et à couronner ; elle a mieux, si j’ose dire : elle a des existences, des vies tout entières dévouées au bien à récompenser et à raconter devant vous. […] Ses premières années nous échappent. […] En peu d’années, la première impulsion était devenue une habitude, une direction constante, une nécessité : nous cherchons bien des noms à ce que les chrétiens appellent d’un mot abrégé, une grâce. […] De tels actes, une telle activité bienfaisante et, pour tout dire, une telle agence de charité instituée et gouvernée pendant des années par une simple particulière, n’ont pas été sans attirer les regards des supérieurs dans l’ordre spirituel. […] Bien des années se passèrent avant qu’il pût réaliser ce vœu qui lui était cher ; ce ne fut qu’en 1849-1850 qu’il lui fut donné de l’accomplir.

273. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

mes dernières années ont été bien assez tumultueuses et envahies ; laissez-moi çà et là quelque coin intact de souvenir, où je puisse me retrouver seul ou à peu près seul avec mes pensées d’autrefois !  […] Présent au 14 juillet, il en a célébré le palpitant souvenir en 1829, sous les barreaux de la Force, après quarante années. […] Il y eut là pour lui quelques années de rude épreuve. […] Durant les douze années qu’il passa à cet emploi, ses appointements flottèrent de mille à deux mille francs. […] En janvier 1814, je le surprends qui fredonne encore à sa jeune maîtresse : Autant de pris sur l’ennemi ; l’année suivante, en juillet 1815, la voix tout émue, et d’un ton qu’il s’efforce en vain d’égayer, il soupire : Rassurez-vous, ma mie.

274. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Dès l’année 1424, la famille des Médicis, alliée au pape Jean XXIII, apparaît dans l’histoire de Florence comme quelque chose de plus grand qu’un citoyen. […] Il était alors dans sa vingt et unième année, et son père pensa qu’il était temps de l’attacher au lien conjugal ; dans cette vue, il avait négocié un mariage entre Laurent et Clarice, fille de Giacopo Orsini, de la noble et puissante famille de ce nom, qui avait si longtemps disputé à Rome la prééminence à celle des Colonne. Soit que Laurent désespérât du succès de son amour, ou qu’il crût devoir faire céder ses sentiments à la voix de l’autorité paternelle, il est certain que, dès le mois de décembre de l’année 1468, il fut accordé avec une femme que probablement il n’avait jamais vue, et la cérémonie du mariage se fit dans le mois de juin de l’année suivante. […] Il mourut, dit-on, dans un festin, au milieu de ses amis, précisément à la fin de sa quatre-vingt-unième année. […] Cette institution, qui dura plusieurs années, soutint le crédit de la philosophie platonicienne, et lui donna même un éclat tel, que ceux qui la professaient furent considérés comme les hommes les plus respectables et les plus éclairés de leur siècle.

275. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Et Charles Maurras n’a-t-il pas su imposer pendant des années à de nombreux lecteurs un article quotidien de plusieurs colonnes, et sur des sujets peu folâtres ? […] Quant aux grands magazines… eh bien, les Français qui voudraient être renseignés sur le mouvement poétique des quinze dernières années n’auront qu’à apprendre l’espagnol, pour lire les articles impartiaux, intelligents, documentés, que le bon poète et romancier Francisco Contreras publie dans les magazines de l’Amérique du Sud. […] Quant à la critique, incontestablement elle est supérieure à ce qu’elle était, il y a, par exemple, une quinzaine d’années. […] Eugène Montfort qu’il est incontestable, surtout pour qui compare la critique actuelle avec « ce qu’elle était, il y a, par exemple, une quinzaine d’années », au temps des Marcel Ballot, des Philippe Gille et des Gaston Deschamps. […] Michel Puy observe avec satisfaction la place plus considérable donnée à la littérature, depuis quelques années, dans la presse, exception faite « des journaux à très gros tirage ».

276. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Il en avait depuis des années, mais en écolier toujours et sous le bon plaisir du cardinal ; il lui en fallait une qui fût réellement maîtresse et qui le mît hors de page. […] L’année 1745, celle de Fontenoy, fut pour Mme d’Étiolles l’année aussi du triomphe et celle des grandes métamorphoses. […] Ce furent de rudes années, et qui vieillirent avant l’âge cette faible et gracieuse femme entraînée à une lutte plus forte qu’elle. […] Mon revenu de cette année ne m’est pas encore rentré ; je l’emploierai en entier pour payer les quinzaines des journaliers. […] Le Roi, bibliothécaire de la ville de Versailles, a publié, d’après un manuscrit authentique, le Relevé des dépenses de Mme de Pompadour depuis la première année de sa faveur jusqu’à sa mort.

277. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Politiquement, il a rempli pendant dix-huit années une fonction très humble en apparence, très importante et des plus actives : il rendait compte dans le Journal des débats des séances des chambres, du jour au lendemain ; et dans les discussions qui s’engageaient entre les principaux organes de la presse sur les questions en jeu, il intervenait pour sa grande part. […] Il aime les livres ; il en a réuni depuis des années une fort belle et riche collection qui, si l’on y jetait seulement les yeux, permettrait d’apprécier l’esprit du collecteur ; — chose rare ! […] Vécût-il cent années encore, il est dans l’impossibilité, dans l’impuissance de se teindre à aucun degré du style moderne, de s’initier aux procédés, aux motifs d’inspiration modernes, d’en connaître à fond, ou même de s’en informer. […] M. de Sacy est de l’Académie, et à ce titre il a charge, pour sa part, d’entendre et de juger chaque année nombre de pièces de poésie et de prose qui y sont adressées pour les concours. Il y a quelque temps (il y a quelques années, si vous voulez), on lisait dans une séance particulière des pièces de vers, et, on le sait trop, il y a une infinité de façons pour les vers d’être médiocres ou mauvais.

278. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

EXTRAIT DES COMPTES DE LA COUR, POUR L’ANNÉE 1670. […] Eularia, muette par amour, représentée le 29 mai de la même année. […] Le Recueil de Gherardi commence par le Mercure galant, de Fatouville, à la date du 22 janvier de l’année 1682, et finit avec Les Fées, de Dufresny et Biancolelli, au 2 mars 1697. […] Comptes de la cour, pour l’année 1680. […] Comptes de la cour, pour l’année 1682.

279. (1842) Essai sur Adolphe

Comme il n’y a pas dans ce tableau mystérieux un seul trait dessiné au hasard ; comme tous les mouvements, toutes les attitudes des deux figures qui se partagent la toile sont étudiés avec une sévérité scrupuleuse et inflexible, d’année en année nous découvrons dans cette composition un sens nouveau et plus profond, un sens multiple et variable malgré son évidente unité, qui ne se révèle pas au premier regard, mais qui s’épanouit et s’éclaire à mesure que notre front se dépouille et que notre sang s’attiédit. […] Il a dévoré dans ses ambitions solitaires plusieurs destinées dont une seule suffirait à remplir sa vie ; il a vécu des siècles dans sa mémoire, et il n’est encore qu’au seuil de ses années. […] Elle était jeune et ne savait pas le nombre de ses années, et voici qu’elle a vieilli en un jour ; elle avait l’œil splendide et superbe, et sur son front rayonnaient, en caractères éclatants, ses pensées heureuses et sereines, et voici que son regard s’est voilé, que les rides anguleuses ont inscrit sur son front sa plainte et sa douleur. […] L’intervalle des années s’effacera. […] En vue des années qui vont suivre, il sentira défaillir son courage, et regrettera l’extase qu’il avait à peine espérée.

280. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Il me dit qu’il y a quelques années, faisant un voyage en Suisse, il entrait dans une brasserie, où le patron chantait, en faisant ses comptes, le garçon en rinçant les verres, la fille, en balayant, tandis que chez nos marchands de vin, patrons et domestiques, tout est morne. […] Il signalait la dépression morale, qu’à la longue amenait l’état du condamné, disant qu’il était arrivé à ne plus parler, et qu’à sa rentrée en France, il était resté, pendant des années, silencieux, muet. […] Un jour, où j’étais réduit aux derniers expédients, ce tableau que j’avais acheté quelques années auparavant, je le portais à votre père, en lui disant : J’ai besoin de 600 francs…. […] Ce soir, comme je dînais au restaurant Voisin, j’entendais le Bordelais Marquessac, le propriétaire actuel du restaurant, dire à des clients, à propos de la chaleur de cette année, que les vendanges qui se font dans son pays, en octobre, allaient se faire à la mi-août. Le raisin, ajoutait-il, était si abondant qu’il y aurait, cette année, la récolte de la moyenne de quatre années.

281. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il y avait dans les dernières années de la Restauration un poète errant et des plus bohèmes, Franc-Comtois d’origine ou à peu près, resté de tout temps provincial, voué à l’Épître laudative et à l’Élégie, d’une verve facile et un peu banale dans son harmonie coulante, Aimé De Loy. […] Il y avait des années déjà qu’il avait noté et distingué entre tous l’accent particulier à Mme Valmore. […] et combien aux années heureuses et innocentes, avant la politique, il lui a été donné de verser de semblables chants dans les âmes souffrantes, lui, le grand consolateur à qui il doit être tant pardonné ! […] Raspail était allé passer ses années de bannissement en Belgique ; il y jouissait de l’espace retrouvé, de la nature, du soleil ; il y vivait à la campagne et s’amusait à rédiger un journal de médecine, une Revue où il parlait de tout à son gré, et dont il était le seul rédacteur. […] Je n’ose presser l’avenir ni forcer les présages ; je ne veux pas regarder au plus ou moins de ressemblance ; je m’en tiens à cette pieuse et enthousiaste invocation par laquelle un fidèle, un croyant saluait à un commencement d’année la patrie absente : « (Boitsfort, 1er janvier 1856)… Oh !

282. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Ainsi Tacite, s’imposant la loi de faire l’histoire du monde romain année par année, raconte d’abord l’histoire extérieure, les campagnes, les guerres, les révoltes, puis l’histoire intérieure, les événements du palais impérial, et les affaires du sénat, enfin les menus incidents, les singularités, les circonstances secondaires, ce qu’on peut appeler les faits-divers de la vie romaine : et dans tous ces morceaux juxtaposés, il n’empiète guère d’une année sur l’autre. […] Tout ce qui ne commence pas, ne se développe pas, ne s’achève pas dans les limites d’une année, ne laisse qu’une impression confuse, à moins que par un travail qui veut du temps et de la patience on ne rejoigne les tronçons épars de l’événement démembré par la chronologie. D’autre part, à lire Voltaire, on saisit bien l’ensemble des guerres, ou l’ensemble de l’administration financière : mais les rapports de ces parties entre elles, l’action et la réaction réciproques de la politique extérieure, de la politique intérieure, des guerres, de l’administration, de la vie de la cour, comment la situation de la France à chaque année du règne et le développement ultérieur de chaque partie de l’histoire dépendent du développement antérieur de toutes les parties, comment tout vient de tout et aboutit à tout, voilà ce qu’on ignore.

283. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Mais à la fin de cette année 1787, le prince de Ligne redevient tant qu’il peut un personnage d’histoire ; il a désiré la guerre, et il s’y met au premier rang. […] Il passait les années insensibles du déclin dans sa retraite de Vienne, dans sa petite maison du rempart ou dans son Refuge au Leopoldsberg. […] Ceux qui le veulent connaître dans les dernières années, peuvent lire ce qu’en ont dit le comte Ouvaroff dans ses Esquisses (1848), et le comte de La Garde au tome premier de ses Souvenirs du congrès de Vienne (1843). […] M. de La Garde nous l’a peint durant cette dernière année avec un sentiment d’entière admiration. […] Le prince de Ligne mourut à Vienne, le 13 décembre 1814, dans sa quatre-vingtième année, pendant la tenue même du Congrès, à qui il procura entre deux bals le spectacle de magnifiques funérailles.

284. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

L’un de ces voyageurs, et qui était plus homme d’esprit qu’autre chose, nous l’a très bien peinte dans ces dernières années de sa vie ; on a par lui cet intérieur au naturel : Cette princesse, dit le baron de Poellnitz, était très affable, accordant cependant assez difficilement sa protection. Elle parlait beaucoup et parlait bien : elle aimait surtout à parler sa langue naturelle que près de cinquante années de séjour en France n’ont pu lui taire oublier ; ce qui était cause qu’elle était charmée de voir des seigneurs de sa nation et d’entretenir commerce de lettres avec eux. […] Mais ce n’étaient là que des éclairs de joie, et le fond des pensées de Madame en ces années était le découragement et un soulèvement de cœur perpétuel contre la grande orgie dont elle était témoin. […] Cette honnête princesse vint visiter sa mère à Paris dans ces années de la Régence (février 1718). […] Arrivée à Versailles au moment où l’astre de La Vallière déclinait et s’éclipsait, ayant vu les dernières années brillantes, elle entre peu dans cet ordre délicat et qui était fait pour flatter l’imagination : mais sans y entendre finesse, et tout uniment par sa franchise, elle nous découvre à nu la seconde partie du règne sous son aspect humain et très humain, naturel, et, pour tout dire, matériel.

285. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Il se crut dévot, se fit une retraite charmante joignant les Incurables, et y mena quelques années une vie forte édifiante. […] Il avait fait la même année la campagne de la Franche-Comté. Il prit part aux divers sièges en Flandre, dans les années suivantes ; à la prise de Valenciennes (1677), il fut de ceux qui entrèrent les premiers dans la place. […] Malgré tout cela, après quelque temps, après quelques années de ce genre de vie, Lassay, qui avait remis un pied dans la société tout en ayant l’autre dans la retraite, comprit trop bien qu’il n’y pouvait tenir, et que ce qui, dans le principe, avait été de sa part une consécration pieuse envers une chère défunte, n’était plus qu’une gageure d’amour-propre envers le monde. […] Cette considération, qui le fuyait et qu’il ne rattrapera point, était précisément ce qui lui tenait le plus à cœur : vers la fin, il la regagna petit à petit et en détail moyennant les longues années qu’il vécut, mais jamais à temps ni avec éclat, et sur le pied qu’il aurait souhaité.

286. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Les quatre années de loisir et de paix, depuis la trêve de Ratisbonne jusqu’à la guerre qui sort de la ligue d’Augsbourg (1684-1688), sont vite écoulées. […] L’hiver et l’année suivante se passent pour Louis XIV à aider Jacques II dans son infructueuse expédition d’Irlande : d’ailleurs on ne voit pas qu’il songe à rien de décisif sur le Rhin ni qu’il veuille frapper aucun coup pour déconcerter la ligue ennemie. […] Ce qu’on voulait surtout à Versailles pour cette année, c’était un répit, et on l’a eu. […] On en a fait avertir les habitants quelques jours auparavant, afin qu’ils aient le loisir de transporter leurs effets et leurs meubles les plus considérables… » En lisant Dangeau jour par jour, on éprouve de l’impatience de cette lenteur à se mettre en campagne dans l’année 1689. Monseigneur semble avoir épuisé tout son feu l’année précédente, et il n’en veut plus qu’au sanglier et au loup.

287. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Ces lettres de Racine n’ont rien de remarquable, sinon qu’elles ne le sont pas du tout, et qu’il devient curieux de voir un homme de génie, dans une Correspondance qui se prolonge durant tant d’années, écrire si uniment et avec si peu de vivacité, avec une telle absence de traits d’esprit. […] Les vers de Racine, au contraire, et son poème de la Grâce, si longtemps retardé, et son poème de la Religion, qui ne parut qu’en 1742, devaient être revêtus de toutes les formalités et approbations d’usage, et cela demanda des années. […] Il éprouva, dans les années qui suivirent, un chagrin mortel. […] Mais, après des années de ce régime, où cela mène-t-il ? […] Indépendamment de tout ce qu’on trouve sur Louis Racine dans le présent volume, M. l’abbé de La Roque avait publié, il y a quelques années, une Vie de Louis Racine plus développée (Firmin Didot, 1852).

288. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Edmond About était de cette même année. […] Tous ces noms se pressaient et se rencontrèrent un moment dans le cercle des trois années d’études que comprend l’École. […] C’étaient, somme toute, de bonnes et inappréciables années, et l’on conçoit que tous ceux qui y ont passé en aient gardé, avec la marque à l’esprit, la reconnaissance au cœur. […] Il se mit donc, durant trois années, à pousser l’analyse mathématique (moins pourtant qu’il n’aurait voulu), et à suivre assidûment les cours de l’École de médecine, en y joignant ceux du Muséum17. […] Ils ont gagné du moins à cette abstinence de ne point s’amollir et se briser, comme d’autres, en leurs plus vertes années.

289. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il s’était perfectionné, depuis les trois dernières années, de la manière la plus sensible pour qui le suivait de près. […] Il achevait sa philosophie à Abbeville en 1834, et faisait un premier voyage à Paris dans l’été de cette même année, pour y prendre son grade de bachelier-ès-lettres. […] Nous ne le suivrons point ici pas à pas dans la série d’articles qu’il laissa échapper durant les premières années, et qui n’étaient que le trop-plein de ses études constantes. […] C’est dans cette position que Charles Labitte a passé les deux ou trois dernières années. […] Et que n’eût-il pas fait en peu d’années à travers ce fonds, toujours renaissant, que n’en eût-il pas tiré avec son talent dispos, sa facilité d’excursion et son abondance d’aperçus ?

290. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

La toux, qui depuis longtemps secouait Molière, avait fort augmenté depuis la dernière année. […] Burat de Gurgy, a publié, en 1838, dans Le Monde dramatique (4e année, t.  […] Quelques années après, en 1835, une nouvelle commission, composée de MM.  […] Et les comédies contemporaines les plus applaudies et les plus fanées déjà datent de dix années à peine ! […] Ce petit Louis, né le 19 janvier 1664, mourut le 10 novembre de la même année.

291. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il va à Tarbes et y passe plusieurs années. […] Variez ainsi le chiffre, selon les noms, depuis un jusqu’à cinq ; demandez même au vieux siècle de vous donner les trois ou quatre dernières années de grâce auxquelles il ne tient guère, et vous aurez, en sept ou huit ans, toute la couvée réunie, tout le groupe27. […] L’observateur n’a fait que suivre le cours des années et nous rendre, avec une légère teinte de misanthropie et de tristesse, la juste et rigoureuse vicissitude des choses. […] Vuillart, souhaitant une bonne fin d’année à l’un de ses amis le jeudi, dernier jour de l’an 1699, écrivait : « Il y en a qui prennent ce nouvel an pour le premier d’un siècle nouveau ; mais il me paraît bien plus naturel de le prendre pour le dernier de celui-ci. […] Et ce sera conséquemment 1701 qui sera la première année du xviiie  siècle de l’Église. » Mais encore un coup, cela est bon pour un ami du savant chronologiste Tillemont.

292. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Il fut cependant convenu entre Malouet et Raynal que celui-ci, qui vivait depuis quelques années à Marseille, enverrait à l’Assemblée une lettre de remontrances, concertée entre eux deux, dans laquelle il la blâmerait de ses excès, de ses fautes, en faisant lui-même amende honorable de quelques-uns de ses écarts. […] Une négociation fort contentieuse l’occupa durant ces années et le sauva des ennuis de l’inaction. […] L’histoire de sa vie, en ces années de l’Empire, est dévolue à son digne petit-fils, qui saura s’acquitter de cette pieuse tâche dans un esprit de vérité et avec mesure. […] Louis xviii le fit ministre de la marine ; mais les forces du fidèle serviteur étaient à bout, et Malouet mourait bien avant la fin de cette année 1814 (6 septembre). […] Decrès, homme d’esprit, mais malveillant et cynique : « Dès la troisième année (de ma gestion à Anvers) nous dit-il, les magasins, les cales, les principaux ateliers étaient terminés ; nous avions en construction sept vaisseaux de ligne, une frégate et deux corvettes.

293. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

La faveur de Jomini auprès de lui au début, et durant des années, semble avoir été entière. […] L’année ne s’embarrassait ni des distances, ni des vivres ; elle ravageait le pays. […] Le soir était venu, et il vient vite à cette époque de l’année. […] « Enfin le soussigné a fait volontairement l’immortelle campagne de cette année. […] Jomini a donné un jugement de la bataille d’Eylau, et dès l’année même, pendant qu’elle était encore toute fumante (1807).

294. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

En attendant, je poursuis l’entreprise qui m’a aidé à filer sans ennui ces quatre dernières années. […] Une guerre, qui couvait depuis plusieurs années, éclata en 1828 entre la Russie et la Turquie. […] L’année 1854 le trouva retiré à Bruxelles, où il résidait depuis 1848. […] Ce que je puis dire, c’est que Jomini paraissait tenir beaucoup à ce Précis inédit, qui devait présenter la relation complète et dernière de ses propres années les plus critiques et les plus combattues. […] Le colonel Lecomte a donné depuis une seconde édition de son Esquisse biographique, à laquelle il a ajouté quelques pages qui complètent le tableau des dernières années de Jomini.

295. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Il passa le traité par lequel il s’acquit cette collaboration pour plusieurs années à l’exclusion des autres théâtres rivaux. […] Aux approches de la révolution de 89 et dans les années du Directoire, le Théâtre-Français se montrait beaucoup moins strict qu’on ne l’a vu depuis sur la dignité des genres. […] Mais ce ne fut que quelques années après qu’à Paris elle eut sa pleine revanche. […] Scribe au Gymnase était celui des dix dernières années de la Restauration, monde depuis fort dérangé. […] On le jouera l’année prochaine à Tombouctou, disait M.

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