Mais tandis qu’Adhémar, le bandit de Chavette, se laisse persuader, celui de la Santé n’a rien voulu savoir et il accomplit sa volonté, qui était de mourir librement. […] Il n’y avait pas de doute que son engagement eût été pleinement volontaire, mais quelle était la qualité de cette volonté ? […] Elles ont dorénavant la prétention d’exister, d’avoir leurs sentiments propres, leur volonté. […] Il met en cause la volonté et s’il ne peut prouver cette intervention, le caractère criminel de l’acte disparaît : il faut le ranger parmi les accidents.
Les temples, fermés par la volonté impériale, furent démolis en quantité par le fanatisme des masses. […] Dimier lui-même avoue que Descartes n’a pas satisfait à ces difficultés… Descartes admet que les vérités éternelles, logiques et mathématiques, dépendent de la volonté de Dieu, ce qui n’est peut-être encore qu’un relativisme transcendantal. […] Avant tout, il est intellectualiste, et je déplore qu’Alain s’évertue à le maquiller en philosophe de la volonté. […] Évidemment, Jean-Jacques fut, plus tard, un peu honteux de cette facilité, qui ne dénote certes pas un esprit solide ni une volonté ferme. […] On nous a même inspiré des doutes sur la réalité de cette commémoration en ajoutant qu’elle s’était faite sur sa tombe, attendu qu’il est enterré au Père-Lachaise, selon ses dernières volontés : Parisien de Paris, il est resté fidèle à sa ville natale.
Quel empire as-tu donc sur ma volonté, et que me sert d’être forte comme un cheval ? […] Car votre douleur, à vous, n’a été l’œuvre que des mauvais hasards : la sienne sera l’œuvre d’une volonté, d’une volonté ingénieuse et acharnée. […] — C’était votre volonté ! réplique le pauvre garçon. — Je n’ai pas de volonté ! Si j’avais une volonté, je ne serais pas venue à toi.
Et sa volonté, toute-puissante contre les plus difficiles obstacles, hésitait, reculait devant cette extrémité. […] Un homme, si dénué qu’il puisse être de sens moral, de réflexion et de volonté, ne glisse pas tout seul dans l’infamie. […] Trop de dilettantes ont énervé nos énergies et paralysé nos volontés. […] Elles sont en contradiction avec notre effort et notre intérêt, car ce n’est pas la France qui achète… Tu es, par ta volonté, industriel allemand ; si tu tournes le dos aux Allemands, tu es perdu. […] Leurs vives descriptions enchantent les imaginations, raniment les courages, entraînent les volontés.
Je me suis dit de bonne heure : l’homme sensé ne peut pas vivre sans Dieu et sans religion : ce serait un effet qui voudrait subsister sans relation avec sa cause ; mais la foi en Dieu suppose un culte qui l’adore, une morale qui se conforme à ses perfections, une action qui concourt à sa divine et souveraine volonté. […] Quand le droit de tous est représenté, quand la volonté de tous est exprimée, cette volonté doit être irrésistible.
On en retrouve une autre, celle de la justice absolue, dans toutes les morales fondées, comme celle de Kant, sur « l’autonomie de la volonté. » Et s’il y a sans doute une morale positiviste, une morale issue de l’idée d’une participation de misères et d’une solidarité d’intérêts qui lierait les unes aux autres, dans l’infini de l’espace et du temps, les générations des hommes, une très belle morale, celle dont George Eliot a donné la plus noble expression : — « Puissé-je atteindre — Les cieux très purs ! […] Et c’est un second point dont nous pouvons tomber d’accord : la vertu n’est que la victoire de la volonté sur la nature. Ce qui revient à dire, sans métaphore, que la volonté ne se détermine qu’en se dégageant de la nature.
. — Le Voltaire, le Soir, le Journal, le Figaro, la Volonté, les Débats, l’Écho de Paris, l’Ermitage, la Plume, l’Hémicycle, la Revue illustrée, la Chronique des Livres, le Magasin pittoresque, l’Art du théâtre, etc. […] Collaboration. — La Volonté, Le Journal du Peuple, L’Enclos, L’Effort, La Petite République (Chronique littéraire). […] Collaboration. — La Volonté, L’Écho de Paris.
Je ne doute donc pas que l’ancien état de discontinuité des régions dont les barrières naturelles ont aujourd’hui disparu n’ait joué un rôle important dans la formation d’espèces nouvelles, et plus spécialement parmi les animaux qui se meuvent librement et qui croisent à volonté. […] Il faut nous rappeler que le climat, la nourriture, etc., ont probablement quelque influence directe sur l’organisation ; que certains caractères réapparaissent parfois en vertu de la loi de réversion au type des aïeux ; que la corrélation de croissance doit avoir eu la plus puissante influence pour modifier divers organes ; et enfin que la sélection sexuelle a dû souvent intervenir pour modifier profondément les caractères extérieurs des animaux doués de volonté et pour donner l’avantage à certains mâles dans leurs combats contre d’autres mâles, ou pour leur assurer la préférence des femelles. […] Ce phénomène de phosphorescence, bien que paraissant, comme la décharge des poissons électriques, dépendre en une certaine mesure de la volonté de l’animal, n’est pas essentiellement lié à sa vie.
En somme, la caractéristique de ses ouvrages est la passion exclusivement charnelle, poussée jusqu’au fanatisme lubrique ; c’est l’abdication de la volonté devant la dictature de l’instinct brutal. […] Je veux bien que pour se disculper et même se relever dans l’opinion, l’auteur en appelle à Saint-Augustin lui-même qui, pour démontrer la puissance de la volonté humaine sur nos différents organes, cite des individus qui, par des sons postérieurs ab imo, dit le texte, sans malpropreté sine pædore contrefaisaient des sons harmonieux. « Cité de Dieu. […] Il reçoit les conseils, les avis, les leçons les plus disparates ; il lui est donné tous les exemples, et s’il n’est pas suffisamment préparé, armé, s’il n’a pas le sens droit et la volonté ferme, il sombre.
Anaxagore rangeait les plantes parmi les animaux ; Démocrite leur accordait les sentiments de douleur et de volonté, les disait tristes à la chute de leurs feuilles, joyeuses à leur renouveau ; et Empédocle pensait qu’elles se livrent à la conjonction sexuelle. […] La part de la volonté est minime dans notre vie : nous gardons en nous la trace profonde de l’automatisme originaire. […] On dirait qu’il a une volonté, qu’il choisit son heure, qu’il ne se laisse jamais tomber qu’au bon moment, choisissant sa proie. […] Le plus souvent on s’arrêtait à ce dernier chiffre, âge de raison, dit l’Eglise, qui ne met jamais trop tôt ; à son gré, la main sur les consciences et sur les volontés. […] C’est là qu’il faut distinguer, bien que cela ne soit guère scientifique, le corps et l’esprit, la matière sensible et la volonté.
Au premier acte, il semble qu’il ait voulu faire la tragédie de l’orgueil, comme Corneille a fait celle de la volonté, et qu’il va s’attacher à le montrer grandissant dans une âme ardente et forte. […] L’âme des temps nouveaux était en lui, et il ne dépendait pas de sa volonté de la chasser, car le mouvement de 1830 avait apporté autre chose, de bien plus important et plus tenace, qu’une forme littéraire. […] Il savait qu’il détruisait lui-même son intelligence, jour par jour, heure par heure, et il assistait au désastre le désespoir dans l’âme, la volonté effondrée, incapable de se défendre contre lui-même. […] Celui qui veut dompter son âme avec les armes des sens peut s’enivrer à loisir ; il peut se faire un extérieur impassible ; il peut enfermer sa pensée dans une volonté tenace ; sa pensée mugira toujours dans le taureau d’airain. » Sa pensée faisait son devoir et « mugissait ». Sa volonté malade manquait au sien et ne venait pas à son secours.
L’auditoire applaudissait ou sifflait, à volonté. « En somme, me disait un Anglais, c’est de cette façon-là que nous faisons nos affaires. […] C’est de cela qu’on lui parle dans les églises, en style grave et froid, avec une suite de raisonnements sensés et solides : comment un homme doit réfléchir sur ses devoirs, les noter un à un dans son esprit, se faire des principes, avoir une sorte de code intérieur librement consenti et fermement arrêté, auquel il rapporte toutes ses actions sans biaiser ni balancer ; comment ces principes peuvent s’enraciner par la pratique ; comment l’examen incessant, l’effort personnel, le redressement continu de soi-même par soi-même doivent asseoir lentement notre volonté dans la droiture : ce sont là les questions qui, avec une multitude d’exemples, de preuves, d’appels à l’expérience journalière1331, reviennent dans toutes les chaires, pour développer dans l’homme la réforme volontaire, la surveillance et l’empire de soi-même, l’habitude de se contraindre, et une sorte de stoïcisme moderne presque aussi noble que l’ancien.
Le roi plia sous la volonté de l’armée. […] XXIX Un roi presque enfant, dont on ne connaît encore que le nom, se tient debout sous ces coups de vent, par le seul aplomb de la volonté de son père ; il semble survivre à ce père, le plus volontaire des rois de ce siècle.
« Quoiqu’il en soit, même tombés, surtout tombés, ils sont augustes, ces hommes qui, sur tous les points de l’univers, l’œil fixé sur la France, luttent pour la grande œuvre avec la logique inflexible de l’idéal ; ils donnent leur vie en pur don pour le Progrès ; ils accomplissent la volonté de la Providence ; ils font un acte religieux. […] La génuflexion devant l’idole ou devant l’écu atrophie le muscle qui marche et la volonté qui va.
Je pourrais, en faisant ouvertement usage de mon pouvoir, le balayer de ma vue sans en donner d’autre raison que ma volonté ; mais je ne dois pas le faire, à cause de quelques-uns de mes amis qui sont aussi les siens, dont je ne dois pas négliger l’affection, et avec qui il me faudra déplorer la chute de l’homme que j’aurai renversé moi-même. […] Désormais, les premiers mouvements de mon cœur seront aussi les premiers mouvements de ma main ; dès à présent, pour couronner mes pensées par les actes, il faut, par une exécution aussi prompte que ma volonté, surprendre le château de Macduff, m’emparer de Fife, passer au fil de l’épée sa femme, ses petits enfants, et tout ce qui a le malheur d’être de sa race.
Je ne doute pas de sa sincérité, et qu’il n’ait eu la volonté sérieuse de la distinguer de la fausse. […] En général ses caractères féminins ont quelque chose de viril et de vigoureux ; et son honnête femme est tout à fait identique à un honnête homme : raison éclairée, volonté droite, voilà le type, qui est féminisé par la grâce affinée et par l’innocente coquetterie.
Comme toutes ces formes narratives et dramatiques lui servaient à enfermer, à révéler son intime état de souffrance ou de volonté, ainsi ses poèmes, où il semblait devoir s’exprimer plus directement, ne sont lyriques aussi que par l’émotion subjective qui les a fait germer : ce sont des légendes mystiques, des contes épiques, des récits dramatiques. […] Hugo769 avait, pour ce rôle, puissance et volonté.
Qui de nous, en y regardant d’un peu près, n’a surpris en soi, ou autour de soi, même chez les personnes qu’il pensait connaître le mieux, des phénomènes qui déroutent, des volontés ou des faiblesses qu’on ne s’explique pas entièrement, des effets dont les causes en partie se dérobent et qui font parler de la fatalité ou des nerfs, deux manières de nommer l’inconnu ? […] On ne saurait étudier leurs descriptions sans parler en même temps de leur style ; car c’est la volonté de peindre plus qu’on n’avait fait encore qui les a conduits souvent à se faire une langue, à inventer pour leur usage une « écriture artiste », comme dit M.
Sa main est celle de Dieu lui-même, et elle se promène avec une infatigable persévérance sur la surface rude et ébauchée du globe pour la polir et l’achever ; et si le monde terrestre est l’œuvre de Dieu, il est aussi l’œuvre de l’homme ; car partout déjà sa volonté et sa puissance ont laissé leur trace et leur empreinte. […] La poésie est cette aile mystérieuse qui plane à volonté dans le monde entier de l’âme, dans cette sphère infinie dont une partie est couleurs, une autre sons, une autre mouvements, une autre jugements, etc., mais qui toutes vibrent en même temps suivant certaines lois, en sorte qu’une vibration dans une région se communique à une autre région, et que le privilège de l’art est de sentir et d’exprimer ces rapports, profondément cachés dans l’unité même de la vie.
La résistance modeste de la petite société à devenir une académie ; le soin de se réduire à la fonction de nettoyer la langue des défauts qui la gâtaient ; l’adoption du titre d’Académie française comme le plus propre à cette fonction ; une modération qu’inquiète, sans la corrompre, l’impatience du cardinal fondateur ; tout cela prouve qu’il y avait, au fond de cette institution, une vérité supérieure et générale qui dominait les volontés particulières. […] La Logique nous donne des armes aussi bien contre les mauvaises actions que contre les mauvaises raisons, et c’est toujours au profit de notre volonté qu’elle éclaire notre entendement.
La formation des différents systèmes planétaires et leur conservation, l’apparition des êtres organisés et de la vie, celle de l’homme et de la conscience, les premiers faits de l’humanité ne furent que le développement d’un ensemble de lois physiques et psychologiques posées une fois pour toutes, sans que jamais l’agent supérieur, qui moule son action dans ces lois, ait interposé une volonté spécialement intentionnelle dans le mécanisme des choses. Sans doute tout est fait par la cause première ; mais la cause première n’agit pas par des motifs partiels, par des volontés particulières, comme dirait Malebranche.
Au contraire, elle mettait en nous la volonté entêtée et presque colère de faire une dizaine de pièces coup sur coup, et cette fois sans aucune concession aux ingénieuses ficelles, au secret, à tout ce charpentage moderne dont n’a jamais usé l’ancien, le classique répertoire. […] Augier avait eu besoin de la volonté de l’Empereur pour se faire rendre par la censure le Fils de Giboyer ; M.
Je veux bien que Shakespeare n’ait été ni Macbeth, ni Hamlet, ni Othello ; mais il eût été ces personnages divers si les circonstances, d’une part, le consentement de sa volonté, de l’autre, avaient amené à l’état d’éruption violente ce qui ne fut chez lui que poussée intérieure. […] Distraction de la volonté, je l’accorde, autant et plus que de l’intelligence.
Jeannin se hâte d’en informer Villeroi ; et les voilà encore à attendre une heure plus favorable, « se disant, selon l’expression de l’un d’eux, qu’il y avait plusieurs heures au jour, et que les cœurs et les volontés des princes étaient aussi sujets au changement comme les occasions s’en présentaient ».
Il n’avait pas besoin, pour paraître affable, d’étudier ses gestes, de donner à un corps robuste des attitudes contraintes, d’adoucir l’éclat de sa voix, de réprimer la fougue de sa pensée, de cacher les impulsions d’une volonté absolue (c’était une allusion sans doute à quelque confrère moins favorisé) : la nature l’avait fait aimable ; c’est-à-dire qu’en lui donnant de la saillie, de la finesse et de la gaieté, elle y avait joint cette sensibilité, cette douceur, sans lesquelles l’esprit est presque toujours incommode pour celui qui s’en sert, et dangereux pour ceux contre lesquels il est dirigé.