Et elles symbolisent ainsi la vie de la croyance, qui réclame une incessante volonté, un soin perpétuel. […] Telle est, si je ne me trompe, la volonté de nos poètes classiques et encore la volonté de nos écrivains à l’époque de Marivaux. […] Ce vers signale très exactement sa volonté ; il donne la clé de son œuvre. […] Telle est, dans l’exercice de ses plus fermes résolutions, notre volonté ! […] Les fatalités naturelles travaillent ; et les hasards sont de connivence avec les volontés.
Napoléon meurt donc en chef d’État, en homme social, en civilisateur, non comme un philosophe qui scrute et décompose au fond de son cabinet les instincts et les mobiles de l’âme humaine : lui, il les accepte et les pratique en ce qui est de lui et de sa volonté jusqu’à la fin, même lorsqu’il n’avait plus à s’en servir chez autrui. […] Chacun, en ces suprêmes instants où la volonté trop faible laisse flotter les rênes, s’en va en imagination à son penchant favori, à son délire préféré.
Nouvelle lutte, nouvel assaut de volonté ou de caprice. Il est certes des natures merveilleusement douées en naissant, des êtres (surtout femmes) revêtus de dons singuliers, d’aspirations pures, tendres, poétiques, idéales, et qui semblent vouloir glisser, s’élever au-dessus de la terre : ici, chez Sibylle, cette faculté éthérée, cette tendance au sublime est jointe à une fermeté de volonté qui devient le trait caractéristique et qui, dans plus d’un cas, ira jusqu’à la dureté.
Il s’agite sur son fauteuil, il ôte son chapeau de paille, il promène et repromène ses doigts égratigneurs sur son front, comme s’il voulait fouiller son cerveau : il froisse la page, il l’approche de ses yeux. » Troubles psychiques : Affaiblissement de l’intelligence et de la volonté, manque d’attention, troubles de la mémoire : 8 avril : « Un jour, quel jour ? […] À Bayreuth, rien de tel : le Dieu conduit sans la fixer Brünhild endormie déjà de la seule volonté divine.
La gloire des écrits ou celle des actions est soumise à des combinaisons différentes ; la première, empruntant quelque chose des plaisirs solitaires, peut participer à leurs bienfaits ; mais ce n’est pas elle qui rend sensibles tous les signes de cette grande passion ; ce n’est pas ce génie dominateur, qui, dans un instant, sème, recueille et se couronne ; dont l’éloquence entraînante, ou le courage vainqueur décident instantanément du sort des siècles et des empires ; ce n’est pas cette émotion toute puissante dans ses effets, qui commande en inspirant une volonté pareille, et saisit dans le présent, toutes les jouissances de l’avenir. […] Le public se plaît à donner à celui qui possède ; et, comme ce sultan des Arabes, qui s’éloignait d’un ami poursuivi par l’infortune, parce qu’il craignait la contagion de la fatalité ; les revers éloignent les ambitieux, les faibles, les indifférents, tous ceux enfin qui trouvent, avec quelque raison, que l’éclat de la gloire doit frapper involontairement ; que c’est à elle à commander le tribut qu’elle demande ; que la gloire se compose des dons de la nature et du hasard, et que personne n’ayant le besoin d’admirer ; celui qui veut ce sentiment ne l’obtient point de la volonté, mais de la surprise, et le doit aux résultats du talent, bien plus qu’à la propre valeur de ce talent même.
Le plus pacifique de ces modérés calvinistes fut un des plus vaillants soldats de la guerre civile, La Noue227, ce petit gentilhomme breton qui forçait à tel point l’estime des deux partis, qu’en même temps il pouvait être envoyé du roi auprès de ceux de la Rochelle, et défenseur de la Rochelle contre le roi, au su et par la volonté des uns et des autres. […] En somme, il ne faut pas y voir une des forces qui opérèrent la réunion des esprits sous la royauté légitime, mais l’expression des volontés à l’instant de cette réunion.
Et surtout il a rappelé notre théâtre, qui se perdait dans l’insignifiance dégoûtante ou féroce, dans la « rosserie » plate ou grimaçante, il l’a rappelé au souci des idées, à l’expression de la lutte des volontés affirmant leurs diverses conceptions de la vie ou du bien. […] Scribe et le genre Sardou ; puis à faire aimer les idées au théâtre, idées de psychologie, de morale, de philosophie, traduites dramatiquement, c’est-à-dire en états concrets de conscience, en résonances de la sensibilité, en tensions de la volonté.
Toutes les maladies pourront, par des moyens sûrs, être prévenues ou guéries, sans excepter même celle de la vieillesse, et notre vie s’allongera à volonté, même au-delà de ce qu’elle était avant le Déluge. […] En en dressant le plan, le ministère anglais faisait assez voir qu’il attribuait au Parlement britannique le droit de taxer à volonté les colonies et de leur signifier un impôt non consenti par elles.
Le lent et sourd accroissement de l’angoisse morale de Raskolnikoff, le vertige et l’oppression de son projet, qu’il apercevait vague et cependant fatal dans le délabrement de ses forces, son sourd malaise une fois le sang versé, et l’étrange sensation de retranchement qui le prend, le lâche et le tient quand il revoit sa mère et sa sœur, la cruauté de se sentir interdit à leurs caresses et de ne pouvoir leur parler que les yeux détournés vers l’ombre ; puis la terreur croissante et une sorte d’ironique rudesse s’installant dans son âme, qui l’introduisent à revisiter le lieu du crime, et à machiner de singulières mystifications qui le terrifient tout à coup lui-même — ces choses lacèrent son âme et rompent sa volonté ; ainsi abattu et ulcéré, il est amené d’instinct à visiter Sonia, et à s’entretenir avec elle en phrases dures, qu’arrête tout à coup le sanglot de sa pitié pour elle, pour lui et pour tous, en une crise où il sent à la fois l’effondrement de son orgueil et la douceur de n’être plus hostile ; des retours de dureté, la sombre rage de ses premières années de bague, l’angoisse amère d’un cœur vide et murmurant, conduisent à la fin de ce sombre livre, jusqu’à ce qu’en une matinée de printemps, au bord des eaux passantes d’un fleuve, que continue au loin la fuite indécise de la steppe, il sente, avec la force d’eaux jaillissantes, l’amour sourdre en lui, et l’abattre aux pieds de celle qui l’avait soulagé du faix de sa haine. […] Criminel instruit, ayant tué par théorie, nerveux, tendre, disposé aux consultations de conscience, farouche cependant et d’une volonté raidie par accès, posé ainsi comme un mécanisme complexe, il est amené successivement aux contacts, qui causeront en lui telle ou telle évolution spirituelle.
Huysmans, à l’homme normal, chez qui la sensation perçue en gros et à la hâte, est transformée par un travail conscient ou inconscient en volontés, en actes, en une conduite et une carrière ; le point morbide des créatures romanesques apparaît. […] Huysmans rend ses personnages plus nerveux, c’est- à-dire plus soumis et plus directement sensibles aux impressions externes, il est forcé d’atténuer leur force de volonté, de les décrire plus incapables de tirer de leurs sensations de forts et persistants mobiles d’agir.
La pression exercée par un ou plusieurs corps sur d’autres corps ou même sur des volontés ne saurait être confondue avec celle qu’exerce la conscience d’un groupe sur la conscience de ses membres. […] Et comme cette synthèse a lieu en dehors de chacun de nous (puisqu’il y entre une pluralité de consciences), elle a nécessairement pour effet de fixer, d’instituer hors de nous de certaines façons d’agir et de certains jugements qui ne dépendent pas de chaque volonté particulière prise à part.
Il la poursuit d’un désir aveugle, irrésistible, plus fort que la volonté, la raison et l’honneur.
Les petits traités de morale publiés aujourd’hui sont intitulés : De la faiblesse de l’homme ; De la soumission à la volonté de Dieu ; Des diverses manières dont on tente Dieu ; Des moyens de conserver la paix avec les hommes ; De la civilité chrétienne.
Il y a dans son roman les empreintes marquées de la volonté, les griffes de lion d’un labeur qui sait s’acharner, et quand nous trouvons cela, notre critique n’a plus qu’un mot : courage !
Ces premiers hommes, qu’on peut considérer comme représentant l’enfance de l’humanité, durent posséder à un degré merveilleux la faculté de la mémoire, et sans doute il en fut ainsi par une volonté expresse de la Providence ; car, au temps d’Homère, et quelque temps encore après lui, l’écriture vulgaire n’avait pas encore été trouvée (Josèphe, Contre Apion).
Il renonce à la volonté et à la vie égoïstes pour fondre sa vie, plus joyeusement, dans la vie universelle. […] Cette Essence n’est point l’inconcevable Volonté, absolue et inveuillante, de Schopenhauer ; cette Essence des choses est l’homme, c’est le Moi, c’est la volonté individuelle, créant le monde des apparences. […] Il faut en faire un temple très haut, fermé aux lâches de l’art, accueillant aux volontés bonnes. […] Renan déclare que ce Dieu n’agit point par des volontés, des actions particulières ! […] La science acquerra la loi qui détermine le sexe de l’embryon, et pourra l’appliquer à volonté.
Un rude pilote surgit, qui donne son coup de barre brutal à ce grand radeau, flottant à l’aventure, et le jette à l’Europe d’un seul effort de sa volonté. […] De par la volonté du fondateur, les académiciens seront les sergents-instructeurs de son peuple pour toutes les disciplines intellectuelles. […] Fils d’un pêcheur de la mer Blanche, enfant de peuple et de misère, à force de volonté, ce petit mendiant de savoir fait son intelligence, puis sa situation. […] Surprenez à l’œuvre la volonté obscure, toujours agissante, qui tisse adroitement chaque fil dans la vaste trame de l’histoire. […] Ce tableau, qui eût dû être laid, repoussant, l’écrivain l’avait revêtu de grâce et de charme, en quelque sorte contre sa volonté, par la vertu intime de sa poésie.
Il obéit, dans ses actes, à la volonté paternelle. […] De ces séances d’hôpital, j’aimais tout : le profond sérieux des maîtres et des élèves, le sévère décor, la volonté de soulagement chez l’opérateur, la lueur d’espérance allumée dans les yeux des malades. […] Cette conclusion intellectuelle que Balzac exigeait de l’ouvrier de la plume suppose un parti pris de la volonté, et pour qu’elle soit valable, il faut qu’elle soit fondée, comme vos décisions à vous, sur des observations vraies. […] Pour un Bismarck, cette volonté nationale, c’est le travail des générations successives maintenu dans la même direction. […] Cette même névropathie explique le mélange de volonté systématique et d’hésitation qui caractérise chez l’Empereur les mois qui s’écoulent entre cette conversation révélatrice et l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand.
Une passion immense, doublée d’une volonté formidable, tel était l’homme. […] Tout en lui était énergie, mais énergie dérivant des nerfs et de la volonté ; car, physiquement, il était frêle et délicat. […] Toutes les âmes sont des âmes chargées de volonté jusqu’à la gueule. […] Car ces ouvrages, médités, laborieux, tourmentés, contiennent la saveur toujours vive de la volonté qui les enfanta. […] Liberté et fatalité sont deux contraires : vues de près et de loin, c’est une seule volonté.
Et j’aime à me figurer que l’atelier de Rembrandt était au midi, et que par un système quelconque, un arrangement de rideaux, par exemple, il dirigeait un jour ensoleillé sur son modèle, l’amassait sur ce qu’il voulait, le dardait à sa volonté, peignant, en un mot, les choses et les êtres non plus éclairés par un jour des Limbes. […] Nous étions à bout de force, à bout de volonté, à bout de tension nerveuse, et quand la porte s’est ouverte, nous avons dit : « Nous enverrons quelqu’un », et nous nous sommes sauvés ! […] Et chez cette femme une énergie de caractère, une force de volonté, un art du mystère, auxquels rien ne peut être comparé. […] Toutes ou presque toutes ont la tête carrée, des têtes de volonté et d’endurcissement, de mauvaises têtes de paysannes — et déprimées d’une manière curieusement uniforme. […] Ce n’est pas mauvaise volonté de l’Académie, c’est ignorance.
Avec la meilleure volonté du monde, ils bouclèrent leurs sacs et sonnèrent au drapeau. […] Affranchie des rigueurs matérielles, la visitandine dut se consacrer tout entière à réduire en une parfaite humilité et obéissance son esprit et sa volonté. […] Taine a merveilleusement vu et décrit la puissance de ce génie, la force de cette volonté. […] Les jours des princes et des seigneurs féodaux sont passés ; les monarques occupent leurs trônes pour exécuter la volonté des peuples. […] Ses conseils, d’ailleurs, sont excellents, et je voudrais que son livre, l’Éducation de la volonté, fût mis entre les mains de tous les jeunes hommes.
Pour ne pas les entendre, on s’abîma de plus en plus dans le tourbillon des voluptés et des intrigues ; en partie volonté, en partie fatalité, on s’étourdit sur les dangers de sa postérité et d’un avenir qu’on ne jugeait pas si prochain : l’illusion de cette cour usée semblait un rêve de la caducité délirante.
Mais n’est-il pas téméraire de proclamer telle la volonté divine ?
Ainsi les ressorts qui meuvent tout, c’est l’honneur et la foi, deux principes de désintéressement et de dévouement, qui imposent à la volonté l’effort infatigable contre les intérêts et contre les appétits, au nom d’un bien idéal.
Et cette volonté d’une critique nouvelle semble louable assurément.