/ 1953
690. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre II. Du Chant grégorien. »

Ces cinq tons sont la gamme naturelle de la voix, et donnent une phrase musicale pleine et agréable.

691. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVII. La flûte d’ybilis »

» Ybilis fut grandement surpris d’entendre cette voix.

692. (1925) Proses datées

Heureusement que l’on est rassuré par le timbre et l’inflexion de la voix et par l’obligeance des propos. […] J’entends encore sa voix, un peu basse et comme mystérieuse et confidentielle… Ce fut notre dernier entretien. […] Ils portent jusques à nous la voix même de l’époque. […] A voix haute, l’iman lisait dans un livre. […] Ces murs nus ont-ils gardé l’écho de sa voix et de son rire ?

693. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

On n’eut donc besoin ni de masques pour grossir les traits & la voix, ni du cothurne exhaussé pour suppléer aux gradations du lointain. […] A l’égard de la voix, il en faut moins qu’on ne pense pour être entendu dans nos salles de spectacles, & il est peu de situations au théatre où l’on soit obligé d’éclater ; dans les plus violentes même, qui ne sent l’avantage qu’a sur les cris & les éclats, l’expression d’une voix entrecoupée par les sanglots, ou étouffée par la passion ? […] Une voix ingrate, des yeux muets & des traits inanimés, ne laissent aucun espoir au talent intérieur de se manifester au-dehors. […] (Belles-lettres.) entretien de deux ou de plusieurs personnes, soit de vive voix, soit par écrit. […] L’on vous entend, s’écrie une voix ; mais qu’appellez-vous douze hommes de bonne volonté ?

694. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Voici d’abord le motif, un air vif et léger, exposé, durant trois mesures par la première voix. La seconde voix le reprend plus développé, et le motif est repris encore par la troisième voix, complété encore. […] Taine ont été les deux maîtres : ce sont leurs deux voix qui ont le plus profondément résonné en nous. […] Et, quand elle eut reconnu la voix de Pierre, elle courut dire que Pierre était devant la porte. […] Et ce furent les voix secrètes des choses qui lui offrirent un concert.

695. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

dit le tragédien de sa voix ronde. […] La voix des foules, cette voix qui, dit-on, est la voix de Dieu, a couvert de son vaste tumulte la chanson des poètes. […] Les inflexions de sa voix avaient gardé cette souplesse musicale par qui furent tant d’oreilles ensorcelées et tant de cœurs apprivoisés. […] Mais si tu ne veux pas quitter la tombe pour un moment, fais-leur entendre des éclats de ta voix. […] L’empereur entonnait, d’une voix un peu nasillarde, les psaumes et les litanies.

696. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Cette chambre d’échos, qui a le mérite de faire entendre des voix très diverses, est toutefois gagnée peu à peu par un ton nettement partisan. […] Tout ceci dit pour causer, comme je voudrais le faire, du reste, de vive voix avec vous. […] dit une voix grave, et rauque un peu. […] Une anxiété passa sur son visage, trembla dans sa voix rauque : — Mallarmé ? […] Une voix jeune, au timbre clair, argentin, répétant : « Voulez-vous une cigarette ? 

697. (1888) Poètes et romanciers

Le seul bruit qu’il ait permis autour de son cercueil, c’est la voix sourde des tambours voilés de crêpe. […] — Que votre voix est triste et quel sombre discours ! […] Mais de ce trône descend une voix qui proclame l’arrêt nouveau. […] » Le vent seul répondit à sa voix. […] On a ouvert avec avidité ce livre qui nous apportait l’écho d’une grande voix.

698. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

La voix du poète va se placer à l’intérieur […] nous pour s’épanouir par nous, avec nous, et c’est […] que l’une des deux ailes du lyrisme est musique. […] Admirez le berger, dont la voix, heurtée à des rochers malins jamais ne lui revient selon le trouble d’un ricanement. […] Le poète aperçoit sa main qui fait le geste, habituel aux musiciens de la parole, de rythmer en caresse les inflexions de sa voix. […] … L’Azur triomphe et je l’entends qui chaule Dans les cloches Mon âme, il se fait voix pour plus. […] C’est « la voix d’un ténor allant retrouver au balcon, aux loges, au plafond et parmi le lustre, l’or partout prodigué pour lequel est faite la voix des ténors136 ».

699. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Sarah Bernhardt » pp. 14-18

Ce qui demeure, à la louange de Sarah Bernhardt, c’est qu’elle a répandu le goût des beaux vers que transfigure la musique de sa voix, la flamme de son génie et la noblesse de son maintien.

700. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Ne pas manger de chair humaine, ne pas tuer les vieillards inutiles ou incommodes, ne pas exposer, vendre ou tuer les enfants dont on n’a que faire, être le seul mari d’une seule femme, avoir horreur de l’inceste et des mœurs contre nature, être le propriétaire unique et reconnu d’un champ distinct, écouter les voix supérieures de la pudeur, de l’humanité, de l’honneur, de la conscience, toutes ces pratiques, jadis inconnues et lentement établies, composent la civilisation des âmes. […] » L’homme est libre, capable de choisir entre deux actions, partant créateur de ses actes ; il est donc une cause originale et première, « une substance immatérielle », distincte du corps, une âme que le corps gêne et qui peut survivre au corps  Cette âme immortelle engagée dans la chair a pour voix la conscience. « Conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix, guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre, juge infaillible du bien et du mal qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature. » — À côté de l’amour-propre, par lequel nous subordonnons le tout à nous-mêmes, il y a l’amour de l’ordre, par lequel nous nous subordonnons au tout. […] Il ne s’agit plus de plaisanter, de polissonner ; le sérieux est continu ; on s’indigne, et la voix puissante qui s’élève perce au-delà des salons jusqu’à la foule souffrante et grossière, à qui nul ne s’est encore adressé, dont les ressentiments sourds rencontrent pour la première fois un interprète, et dont les instincts destructeurs vont bientôt s’ébranler à l’appel de son héraut. — Rousseau est du peuple et il n’est pas du monde.

701. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Dans ces dernières années, après la restauration, la France veut intervenir en Espagne : l’Angleterre proteste au congrès de Vérone, et proclame à l’instant, par la voix monarchique de M.  […] La Russie, une seconde fois, contre laquelle elle se retourne à la voix de Napoléon, pour obtenir son pardon par une lâcheté ? […] Pourquoi les cent voix populaires de la France répètent-elles, à la suite de ses jeunes publicistes, le cri d’extermination contre l’Autriche ? […] XIII Aucune de ces races, pas même la race grecque, n’est donc assez agglomérée dans les mêmes provinces d’Europe, d’Asie ou d’Afrique, pour s’y lever en une unité puissante et pour dire : « Je suis la population héritière des Turcs. » Il y a plus encore : c’est que toutes les races, chrétiennes ou autres, disséminées sur le sol ottoman sont mille fois plus antipathiques entre elles qu’elles ne le sont aux Turcs sous l’empire desquels ces races vivent, et que, si l’on mettait aux voix à qui l’empire, il n’y a pas une de ces tribus qui ne répondît sans hésiter : « Aux Turcs plutôt qu’aux Grecs ; aux Turcs plutôt qu’aux Arméniens ; aux Turcs plutôt qu’aux Arabes ; aux Turcs plutôt qu’à aucune de ces petites races faibles et tyranniques, assez fortes pour nous opprimer, trop peu pour nous défendre.

702. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Blauwaert (Frédéric de Telramund) se tire fort bien de son rôle : sa voix est mordante, excellemment timbrée, et les paroles arrivent toutes au spectateur, encore que la prononciation laisse un peu à désirer. […] Couturier (Henri l’Oiseleur), dont la voix de baryton s’accommode mal d’une partie vocale destinée à une basse véritable. […] » La salle éclate en applaudissements ; la tempête des bravos emporte toutes les sonorités : les voix de la scène, le tonnant orchestre, tout cela s’éteint, pendant quelques secondes, dans l’universelle clameur d’enthousiasme. […] Perreau, l’Amfortas du Petit-Bayreuth et l’un des pèlerins de Parsifal, engagé volontaire en cette noble bataille de Lohengrin, qui, sans cesse animant ses compagnons du geste et de la voix, n’a pas peu contribué au succès du deuxième acte.

703. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

L’œil pourra trouver la notation un peu basse ; mais la voix du lecteur rétablira l’intonation. […] S’il s’y trouve quelque œuvre de génie, elle surnagera d’elle-même : la voix publique deviendra pressante ; elle réveillera le somnolent critique. […] Le monde disputeur et critique dédaigna alors cette voix discordante : personne ne condescendit même à la réfuter. […] Nos voix sont isolées, confuses.

704. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

sous son ombre propice, la lyre de Phœbus rendait des sons plus touchants, la voix du poëte se modulait en accents plus remplis de charme. […] Il reconnut à l’instant ma voix, et me regardant avec complaisance, selon son habitude : « Eh ! […] — Oui, et le plus tôt possible. » Voici ce que je fis : il était déjà venu et s’était assis près de moi, qui me tenais contre les genoux de Laurent, pour entendre plus facilement sa voix qui commençait à baisser.

705. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

me dit une voix que je respecte  Hé ! […] Les Chants du crépuscule étaient la même chose que les Voix intérieures qui étaient la même chose que les Feuilles d’automne ; la seconde Légende était la même chose que la première ; les Quatre vents de l’esprit reprenaient tous les thèmes des Contemplations, etc. […] Imaginez je ne sais quel taureau de Phalaris d’où sortirait, amplifiée, la voix de Lucain, de Juvénal, de Claudien, et aussi de d’Aubigné, de Malherbe, même de Corneille, de tous ceux enfin qui ont le mieux eu le verbe classique.

706. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

          Voici d’avant cette excursion et de toujours, que me poursuit un avis à notre usage, éveillé au contact étranger ; certes, banal, peut-être, pour cette cause, fréquemment l’ai-je dit de vive voix, sans m’y arrêter : aussi sa teneur trop applicable. […] Admirez le berger, dont la voix, heurtée à des rochers malins jamais ne lui revient selon le trouble d’un ricanement. […]       La transparence de pensée s’unifie, entre public et causeur, comme une glace, qui se fend, la voix tue : on me pardonnera si je collectionne, pour la lucidité, ici tels débris au coupant vif, omissions, conséquences, ou les regards inexprimés.

707. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

C’est contracter une solide assurance contre les déceptions que de s’attacher comme Ulysse au mât du navire et c’est jouir sans danger de la douceur des voix perfides. […] Je ne réclame De vous que vos regards meurtris… L’amour est de « l’égoïsme à deux », prétendait Mme de Staël, mais les contemporains font l’économie du partage, autant par prudence que par orgueil : Je repousse le cœur qui m’attend et m’appelle, Et je suis cette nuit amoureuse de moi, De mes yeux sans espoir, de ma voix immortelle. […] Dans le concert des voix confuses qui résonnent en eux et où se brouillent, comme chez toute créature vivante, leur ascendance et leur postérité, ils ne savent pas démêler le passé de l’avenir.

708. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Il y a toujours de la ressource pour ramener au bien celui qui s'en est écarté, tant que la voix de ses devoirs peut se faire entendre à son cœur, au lieu que le méchant irréligieux est inaccessible au cri de la Justice, comme à celui du remords. […] Qu’ils se taisent donc, ces Hommes destructeurs de tout principe & de tout frein ; qu’ils écoutent ; qu’ils se soumettent à la voix de la droiture & de la vraie humanité qui les condamne. […] Si vous pesez leurs raisons, ils n'en ont que pour détruire : si vous comptez les voix, chacun est réduit à la sienne ; ils ne s'accordent que pour disputer.

709. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Une voix mâle répondit : — « Présent !  […] Et puis cet air de passion follement ardente n’est plus dans la voix de deux amants sur le retour, mûris dans l’habitude d’une liaison prolongée. […] Sur quoi, madame Bernard, s’avançant vers lui, avec une autorité singulière, le geste haut, la voix solennelle : « Il le faut, je le veux, tu le dois !

710. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Dix Princes chrétiens métamorphosés en poissons, dans les bassins d’Armide, & un perroquet chantant des chansons galantes de sa propre composition, sont des choses bien étranges aux yeux d’un lecteur sensé, quoique nous soyons prévenus par l’histoire de Circé dans l’Odyssée, & quoique nous voyions tous les jours les perroquets imiter la voix humaine. […] “Ç’a été, lui dit M. de Fontenelle, votre belle traduction de la Jérusalem du Tasse qui a brigué nos voix : vous avez appris aux François combien étoit estimable ce Poëte italien qu’ils estimoient déjà tant. […] La voix du public qui prévint nos louanges, vous indiqua dès-lors à l’Académie.

711. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Vingt personnes l’ont jugé ainsi : deux cents ont reconnu la compétence des vingt juges ; cent mille répètent leur arrêt : tout cela, voix et échos, c’est le public, et le bruit que cela fait s’appelle la gloire. […] De là peu de franchise et par conséquent d’éloquence dans leur parole : c’est une voix de tête où la poitrine n’est pour rien. […] Émile était bon de son temps ; c’était un paradoxe nécessaire, une façon de grossir sa voix pour se faire entendre.

712. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Enfin, sans comparer spécialement à telle ou telle fraction de la littérature indo-européenne, nous aurons à mettre en regard des procédés généraux communs de celle-ci les procédés indigènes ci-après : La croyance à la voix du sang. […] Le conteur, pour les chanter, adoucit la rudesse de sa voix masculine en prenant une voix de tête dont l’effet devient assez comique, par contraste, lorsque c’est, par exemple, un garde-cercle qui raconte.

713. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

S’il n’y a qu’une voix sur lui, et si un juste respect l’environne, c’est qu’il s’exhale un parfum d’honnêteté de tout ce qu’il écrit. […] Quand il eut fini, et qu’on fit ce qu’on appelle un tour d’opinions, il n’y eut qu’une voix chez tous ceux qui avaient entendu.

714. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

je ne vous la donne pas pour une création profonde et neuve : c’est un lieu commun qui recommence sans cesse aux approches de quinze ans pour toutes les générations de Chloé et de Daphnis ; mais ici le lieu commun a passé par le cœur et par les sens, il est redevenu une émotion, il est modulé d’une voix pure ; il continue de chanter en nous bien après que le livre est fermé, et le lendemain au réveil on s’étonne d’entendre d’abord ce doux chant d’oiseau, frais comme l’aurore. […] » répètent bien des voix.

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