Son visage était maigre, ses cheveux lisses et rares, sa voix creuse.
De même, un son ne s’entend que parce qu’il a un écho où il se prolonge, un commencement, un milieu et une fin : il y a déjà de la musique et de l’harmonie dans la plus élémentaire de nos perceptions de l’ouïe ; son apparente simplicité enveloppe une infinité de voix unies en un concert.
Les plus habiles sculpteurs qui fussent en Italie présenterent chacun son modele, et ces modeles aïant été exposez, il fut décidé sur la voix publique que celui de Theodon, alors sculpteur de la fabrique de saint Pierre, et celui de Le Gros, tous deux françois, étoient les meilleurs.
Quant au nombre musical et poétique, il est naturel à l’homme ; les bègues s’essaient à parler en chantant ; dans la passion, la voix s’altère et approche du chant.
Pour accepter le monothéisme, il lui faut sans doute un Père Éternel avec une grosse voix, un tonnerre et une grande barbe ! […] En second lieu, Rodin élève la voix en faveur des cathédrales, parce que si on ne les attaque plus ouvertement, on les honore peu et mal. […] C’est l’avis de presque tous les critiques ; c’est également celui de la voix populaire. […] Littéraire, Berlioz le fut de bonne heure et, tout enfant, il lisait déjà Virgile avec transport33. « Combien de fois, expliquant devant mon père le quatrième livre de l’Enéide, n’ai-je pas senti ma poitrine se gonfler, ma voix s’altérer et se briser !
C’est Hélène qui est censée faire elle-même de vive voix son autobiographie pour sa jeune suivante Erato. […] Il se flatte d’accabler ces traîtres par l’histoire de l’élégie, qui commença dans Sparte, avec Tyrtée, par être la voix de la cité, le chant de guerre d’un peuple ou d’un parti, pour devenir à Alexandrie, puis à Rome, l’expression des joies et des peines les plus privées. […] Henri de Régnier ne se contente pas de chérir et d’exalter Ronsard, il l’a pastiché à ravir, notamment dans cette odelette exquise : Ronsard, allons voir si la rose Est toujours au matin éclose, Comme en tes vers délicieux Où ta voix rendit immortelle L’ardente fleur que la plus belle Jugent les hommes et les Dieux. […] Toi, Musset, tu n’as rien, mais pourtant quelquefois, Un enfant qui te lit sent s’étrangler sa voix… Comment !
Bonjour, ma tante. » On dira, après avoir lu, que ce n’est pas la peine à Piron de tant se vanter et que vraiment il n’y a rien dans tout son rôle de si piquant et de si rare : c’est que cela se joue, s’improvise, se fait applaudir après boire, se raconte de vive voix le lendemain et ne s’écrit pas.
Le lièvre devait être remis à Cyrus, et le messager était chargé de lui dire de vive voix de découper de ses propres mains l’animal, et de n’avoir personne auprès de lui quand il l’ouvrirait.
J’en vois une vive image dans la comparaison du fils d’Ulysse à un coursier fougueux « qui ne connaît que la voix et la main d’un seul homme capable de le dompter. » On en disait autant de l’influence extraordinaire de Fénelon sur son élève.
Une voix intérieure, à peine perceptible, murmure : « Pourquoi cette délibération ?
Elle s’arrête, comme si elle écoutait une voix qui l’appelle.
À l’astrologue qui lui reproche de « donner de mauvaises plaisanteries » : « Vous en parlez fort à votre aise, et le métier de plaisant n’est pas comme ce ira de l’astrologue Bien mentir et bien plaisanter sont deux choses fort différentes, et il est bien plus facile de tromper les gens que de les faire rire. » De l’homme de mérite de la pièce, Sostrate, il dit très sagement en faisant le fol : « En vérité, c’est un homme qui me revient, un homme fait comme je veux que les hommes soient faits : ne prenant point des manières bruyantes et des tons de voix assommants ; sage et posé en toutes choses ; ne parlant jamais que bien A propos ; point prompt à décider ; point du tout exagérateur incommode ; et, quelques beaux vers que nos poètes lui aient récités, je ne lui ai jamais ouï dire : « Voilà qui est plus beau que tout ce qu’a jamais fait Homère ». […] On a quelquefois, Ferdinand Brunetière surtout et avec un admirable talent, présenté Molière comme un philosophe de la nature, se rattachant à Rabelais d’une part et à Diderot, et un peu à Mousseau de l’autre, comme un homme qui croit à la bonté infaillible de la nature, qui fait de la nature notre vrai et sûr guide et qui veut ramener l’humanité à la nature et à obéir toujours à sa voix. […] À la commune voix veut-on qu’il se réduise, Et qu’il ne fasse pas éclater en tous lieux L’esprit contrariant qu’il a reçu des cieux ?
Mais le visiteur avait à peine passé la porte que Hokousaï, courant après lui, lui criait d’une voix railleuse : « Ne manquez pas, si l’on vous demande comment est mon atelier, de dire qu’il est très beau ! […] Je pense qu’au commencement du second mois de l’année je serai épuisé de papier, de couleurs, de pinceaux, et que je serai forcé d’aller à Yédo, en personne, alors je vous rendrai visite en cachette et je vous donnerai, de vive voix, tous les détails dont vous pouvez avoir besoin. […] En cette dernière maladie où Hokousaï eut les soins de sa fille Oyei, qui avait divorcé avec son mari et habitait avec son père, et où il fut entouré de l’affection filiale de ses élèves, la pensée du mourant fou de dessin, toujours toute à l’ajournement que le peintre sollicitait de la Mort pour le perfectionnement de son talent, lui faisait répéter d’une voix qui n’était plus qu’un soupir : Si le ciel me donnait encore dix ans… Là, Hokousaï s’interrompait, et après un silence : « Si le ciel me donnait seulement encore cinq ans de vie… je pourrais devenir un vrai grand peintre27. » Hokousaï mourait à l’âge de 90 ans, le dix-huitième jour du quatrième mois de la deuxième année de Kayéï (le 10 mai 1849).
. — Dom Japhet d’Arménie, 1652, est une adaptation d’une comédie de Moreto ; — Les Rivales, 1653, ne sont qu’une reprise des Pucelles de Rotrou, qui passent elles-mêmes pour être empruntées à Lope de Vega ; — Le Charme de la voix, 1653, est une imitation d’une comédie de Moreto. — Il semble que tous ces auteurs aient « des yeux pour ne point voir » et « des oreilles pour ne point entendre » ; — et c’est ce qui fait que tout ce théâtre n’a, en un certain sens, d’intérêt que pour les curieux. […] Corneille : Le Berger extravagant, 1653 ; — Le Charme de la voix, 1653 ; — de Quinault : Les Rivales, 1653 ; — de Scarron : L’Écolier de Salamanque, 1654 ; — de Th. […] 2º Le Poète ; — et d’abord de l’inutilité de parler de l’homme, — qui fut un triste personnage ; — mais dont les œuvres et la vie n’ont presque pas de rapport ensemble ; — et cette observation suffit par contrecoup à juger le lyrique. — Le « lyrisme » de Rousseau est le lyrisme impersonnel ; — qui est le contraire même du lyrisme ; — et rien n’est plus difficile à expliquer que sa réputation. — Ses débuts malheureux au théâtre. — Ses paraphrases des Psaumes ; — ses Odes et ses Cantates ; — ses Allégories. — Comment il essaie de suppléer au sentiment personnel absent, — par les mouvements désordonnés ou les contorsions dont l’auteur de l’Art poétique avait semblé faire le caractère essentiel de l’ode ; — par l’emphase ou la déclamation du langage ; — et par l’entassement des allusions mythologiques [Cf. l’Ode au comte du Luc : Tel que le vieux pasteur du troupeau de Neptune, et la Cantate de Circé : Sa voix redoutable Trouble les enfers, Un bruit formidable Gronde dans les airs].
Il passa le temps à voir les jeux, les combats et les exercices qui se faisaient dans la place, à entendre la symphonie qu’il y avait dans le salon, composée des meilleures voix et des plus excellents joueurs d’instruments qui soient à ses gages, à discourir avec les grands de son État, qui étaient dans l’assemblée, et à boire et manger.
D’autres particularités de moindre importance, telles que sa couleur, le ton aigre de sa. voix, son vol ondulatoire, tout enfin m’assure de son étroite parenté avec notre espèce commune ; cependant, non seulement d’après mes propres observations, mais encore d’après celles d’Azara, toujours si exactes, c’est un Pic qui ne monte jamais aux arbres.
Lisez : « Nos conteurs d’aujourd’hui se donnent un mal infini pour paraître plus méchants qu’ils ne sont, grossissant leur voix, agitant de sang-froid toutes les chimères et tous les gnomes du “réalisme”, véritables fanfarons de noirceur et de misanthropie ; au demeurant, les meilleurs fils du monde. » Comme je l’ai dit, c’est habile ; mais ne croyez pas, quand vous dites du livre de M. […] C’est par la voix de MM.
Rationalisme et sensibilité ont régné parallèlement vers la fin de cet âge, se reconnaissant bien pour frères, en ce qu’ils dérivaient de la même source qui n’est autre qu’orgueil personnel et grande estime de soi, mais frères ennemis, qui se défiaient fort l’un de l’autre en s’apercevant qu’ils menaient aux conclusions, aux règles de conduite, aux morales les plus différentes ; et aussi, dans les esprits communs et peu capables de discernement, dans la foule, frères ennemis vivant côte à côte, prenant tour à tour la parole, mêlant leurs voix en des phrases obscures autant que solennelles ; dieux invoqués en même temps d’une même foi indiscrète et d’un même enthousiasme confus.
Une voix sourde, des inflexions dures, une volubilité de langue qui précipitoit trop sa déclamation, le rendoient de ce côté fort inférieur aux acteurs de l’hôtel de Bourgogne.
Je ne puis entrer ici dans les détails nécessaires pour en prouver toute l’importance ; mais si nous parvenons, en un laps de temps assez court, à donner l’élégance du port et la beauté du plumage à nos Coqs Bantam, d’après le type idéal que nous concevons pour cette espèce, je ne vois pas pourquoi les femelles des oiseaux, en choisissant constamment, durant des milliers de générations, les mâles les plus beaux ou ceux dont la voix est la plus mélodieuse, ne pourraient produire un résultat semblable.
Il a fallu qu’à son tour Rodogune, malgré son caractere, proposât aux deux princes d’assassiner Cleopatre, ce que Corneille n’a pû justifier en partie que par une subtilité de raisonnement dont lui seul étoit capable : mais ce n’est pas assez ; il a fallu que Timagene se rencontrât à propos dans le bois où Seleucus expire, et que ce prince n’eût de vie précisément que pour dire les vers énigmatiques qui font tomber un soupçon égal sur Cleopatre et sur Rodogune ; et que la voix lui manquât, quand il alloit prononcer le mot de l’énigme : une main qui nous fut bien chere vange ainsi le refus d’un coup trop inhumain : regnez ; et surtout, mon cher frere, gardez-vous de la même main. […] Leur voix, leur maintien, leur geste, tout s’y est mesuré.
Silence de la prière et silence du vœu, silence du repos et silence du travail même, silence du septième jour mais silence des six jours mêmes ; la voix seule de Dieu ; silence de la peine et silence de la mort ; silence de l’oraison ; silence de la contemplation et de l’offrande ; silence de la méditation et du deuil ; silence de la solitude ; silence de la pauvreté ; silence de l’élévation et de la retombée, dans cet immense parlement du monde moderne l’homme écoule le silence immense de sa race. […] Elle trouva les Anglais (et les Bourguignons) et il faut le dire les Français, et la Sorbonne et le roi d’Angleterre et il faut le dire le roi de France et l’Église d’Angleterre et il faut le dire l’Église de France plus sourde et fermée à la voix de Dieu, plus rebelle à Dieu que saint Louis n’avait trouvé les infidèles d’Égypte. […] Croyez-moi, mon père, (et ici sa voix prit un éloignement grave et mélancolique), (il marqua malgré lui une distance et une profondeur), (il marqua comme un temps), je l’ai faite, moi, la route de Chartres.
Mais depuis que ce fils est mort dans la gloire, le père ne parle pas autrement de lui, qu’en murmurant d’une voix éplorée : « Ce pauvre Pierre, ou, Mon petit Pierre adoré » ; il s’est recomposé un personnage nouveau pour être à même de supporter cette renommée inattendue, qui rejaillit, malgré tout, jusque sur les ascendants.
y a débagoulés de cette plume qui ressemblait à une voix de chantre… Ce fatras ennuyeux, plus parlé qu’écrit, d’une érudition incertaine, confuse et haletante, est absolument sans intérêt pour qui a lu Diderot chez lui, c’est-à-dire dans ses livres personnels et réfléchis, si l’on peut dire que cet homme, qui se répandait comme un tonneau défoncé, ait réfléchi jamais.
Il fut élu par vingt et une voix contre douze qu’obtint Fromentin. […] Derrière eux, et en plein soleil, se tenait un cercle de gens accroupis, grandes figures d’un blanc sale, sans plis, sans voix, sans gestes, avec des yeux clignotants sous l’éclat du jour, et qu’on eût dit fermés.