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1121. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Je le comprenais, et je m’accusais comme s’il avait parlé avec la voix. […] » demande le disciple. « Le bien va au bien, et le mal au mal », répond le maître ; « mais l’homme ne cesse pas d’exister sous d’autres formes jusqu’à ce qu’il soit régénéré tout entier dans le bien. » Puis le dieu se définit lui-même par la voix inspirée et extatique du maître surnaturel. […] » « Il est dissipé », répond le disciple, « et j’ai retrouvé à ta voix l’entendement.

1122. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Le cygne, reconnaissant de cette compassion du jeune chasseur, prend une voix humaine ; il promet à Nala de s’envoler vers Damayanti, et de lui révéler l’amour du héros. […] Là, il s’arrête, il se laisse caresser par la jeune fille, il prend une voix douce comme son chant de mort, et révèle à Damayanti l’amour dont Nala brûle pour elle. Ce double message est porté et reporté par ces divins messagers qui rappellent les colombes grecques de Vénus, établissant ainsi, par leurs voix modulées et harmonieuses, une secrète confidence entre les cœurs des deux amants.

1123. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Blyth sur les habitudes, la voix, la constitution, etc., du Zébu de l’Inde, il est probable qu’il descend d’un autre type originel que nos Bœufs européens ; et plusieurs juges compétents pensent que ceux-ci ne proviennent même pas d’un type sauvage unique. […] Le vol, et, en quelques races, la voix et les instincts, présentent des diversités remarquables. […] Un autre argument qui me semble de grand poids, et qui peut s’appliquer à plusieurs autres cas fort analogues, c’est que les races susmentionnées, bien que généralement assez semblables au Biset dans leur constitution, leurs habitudes, leur voix, leur couleur et la plupart de leurs organes, sont néanmoins très anormales dans d’autres parties de leur structure.

1124. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Il comparera tout d’abord la voix du chaste enfant Louis Lambert à une voix qui prononce un mot d’amour, au matin, dans un lit voluptueux ; il abusera, en peignant Mme Claës, des projections fluides dans les regards.

1125. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Sans parler des poésies publiées et connues, comme le recueil des Deux Voix 7, il y a bien de jeunes espérances, et qui ne se gâtent pas jusqu’ici de fausses ambitions. […] S’il fallait chercher quelque représentant de la poésie du pays de Vaud, de cette poésie que Rousseau a vue dans les lieux, et qu’il a contestée aux habitants ; que quelques-uns, que plusieurs nourrissent pourtant avec culte ; il faudrait se tourner à côté, vers cette jeunesse de Lausanne qui s’essaye encore, feuilleter ce recueil des Deux Voix dans lequel je puis désigner la pièce du Sapin, entre autres, comme franche impression des hautes cimes ; s’adresser à la conversation de quelques hommes, comme M. le pasteur Manuel, qui se sont plus dirigés à l’étude qu’à la production, et qui, pieux et modérés, savent et sentent, en face de leur lac et de leurs montagnes, toute vraie poésie depuis les chœurs de Sophocle jusqu’aux pages de Mme de Staël23.

1126. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

n’enflez pas tant votre voix pour mêler tous ces hommes et Carrel ensemble au même moment, pour saluer l’un comme prince, pour parler de l’autre comme d’un père, et proclamer celui-là devant tous comme votre seconde conscience ; pour Dieu ! […] Le petit envoi qui termine, et qui nous apprend que la pièce a été composée pour le jour de naissance de son ami, nous rend de véritables accents de cœur : Hæc tibi, parva quidem, genitali luce paramus Dona, sed ingenti forsan victura sub ævo, Tu cujus placido posuere in pectore sedem Blandus honos, hilarisque (tamen cum pondere) virtus : Cui nec pigra quies, nec iniqua potentia, nec spes Improba, sed medius per honesta et dulcia limes : Incorrupte fidem, nullosque experte tumultus, Et secrete palam : qui digeris ordine vitam ; Idem auri facilis contemptor, et optimus idem Comere divitias, opibusque immitter e lucem… Si Stace a eu tant de vogue en son temps, si l’on a trouvé à sa voix de la douceur, c’est aussi, apparemment, pour quelques-unes de ces notes aimables : il y avait lieu de le dire.

1127. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Ils blessent des biches à voix humaine, suivent des sangliers magiques, se couchent dans des barques qui les portent au pays fatal où s’accomplira leur destinée de joie ou de misère. […] Ce sont là quelques-uns des lais que nous dit Marie de France54, de sa voix grêle, si simplement, si placidement, qu’on peut se demander si elle se doutait de l’originale impression qu’elle nous fait ressentir.

1128. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

C’est, de 1750 à 1752, la Voix du sage et du peuple contre les immunités du clergé ; ce sont des Dialogues entre un philosophe et un contrôleur des finances, entre Marc Aurèle et un recollet, entre un plaideur et un avocat ; ce sont des Pensées sur le gouvernement : c’est le roman de Micromégas. […] Il écrit en 1746 une Lettre à M. de Machault sur l’impôt du vingtième (imprimée seulement en 1829) ; il fait imprimer, en 1750, le Remerciement sincère à un homme charitable, contre les Nouvelles ecclésiastiques, puis la Voix du sage et du peuple (condamnée en cour de Rome et par arrêt du Conseil, en 1751, Voltaire étant déjà en Prusse).

1129. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Voici dans les mêmes Burgraves la voix du sang, et dans Angelo la croix de ma mère, empruntée à Zaïre. […] Musset a le sens du dialogue : il voit les interlocuteurs comme personnes distinctes, et il entend manifestement le timbre de chaque voix, l’accent, la réplique, qui manifestent chaque âme en son état et qualité.

1130. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Mon oreille a de singulières finesses pour entendre vibrer Dieu au fond de la voix humaine. Or je trouve que Dieu ne vibre pas au fond de votre voix.

1131. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Quelle est cette voix colère qui s’élève au milieu de la nuit ? […] Tel qu’un cadavre, j’étais gisant dans le désert, et la voix de Dieu m’appela : Lève-toi, prophète, vois, écoute, et parcourant et les mers et les terres, brûle par la Parole les cœurs des humains. » 1.

1132. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Et si, par hasard, il s’élève quelques voix citoyennes & courageuses, pour dévoiler le prestige & dissiper l’aveuglement général, les Corrupteurs & leurs Disciples se liguent pour décrier ces voix, pour les étouffer, tandis que le petit nombre de ceux qui ont résisté à la contagion, & qui sont les plus intéressés à en arrêter les progrès, négligent de les encourager*, & craignent même de leur applaudir ouvertement.

1133. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Pour lui, il ne fera point ainsi : tout résolu qu’il était d’abord à ne point sortir de son obscurité, à ne point faire entendre sa voix inconnue au milieu de cette confusion de clameurs, il a pensé qu’il fallait triompher de ces réserves d’amour-propre plutôt encore que de modestie, et payer, coûte que coûte, son tribut pour le salut commun : J’ai de plus, ajoute-t-il, goûté quelque joie à mériter l’estime des gens de bien en m’offrant à la haine et aux injures de cet amas de brouillons corrupteurs que j’ai démasqués. […] … élevez donc la voix, montrez-vous… Ce moment est le seul qui nous reste : c’est le moment précis où nous allons décider de notre avenir… La perte d’un poste est peu de chose, mais l’honneur de la France a été plus compromis par de détestables actions qu’il ne l’avait été depuis des siècles.

1134. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Ce jeune homme blond, à la coiffure soignée, si plein de respect pour lui-même, et qui portait sa tête comme un saint sacrement, débitait ses discours écrits, à la tribune, carrément, symétriquement, d’un air impassible et compassé, d’une voix âpre et sèche, mais quelquefois aussi avec des adoucissements hypocrites de ton qui simulaient les caresses et les ondulations perfides du chat-tigre. […] Je n’ai jamais considéré, d’ailleurs, la Révolution française au point de vue de cet auteur, adversaire à outrance, qui a pu compulser et produire bien des documents et les interpréter dans le sens de ses systèmes, mais qui n’a pas la tradition des choses dont il parle : la tradition, cette voix divine, comme disaient les anciens, et qui maintient et remet le chanteur dans le ton juste.

1135. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

En sortant de la représentation, Zola nous demande, le nez en point d’interrogation, d’une voix dolente, si la pièce a vraiment réussi. […] Sa femme, de laquelle il était séparé, et à laquelle il ne payait pas sa pension, se cacha un jour, derrière le tombeau, et imitant la voix de Mme D…, lui ordonna de mettre de l’exactitude dans ses payements.

1136. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Le paon trouve qu’il a un plumage merveilleux, mais qu’il a une voix contestable, et il se plaint à la maîtresse céleste, à sa patronne, à Junon, il se plaint de cette injustice qu’on a à son égard. […] Si tu te plains de n’avoir pas une jolie voix, je t’ôterai de plus ton plumage. » Avis aux hommes qui regrettent toujours de n’avoir pas les qualités qui leur manquent et qui les réclament à la Destinée.

1137. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Nous savons de plus que les Latins, et surtout les Grecs, élevaient ou abaissaient la voix sur un grand nombre de syllabes ; ce qui devait nécessairement contribuer chez eux à la mélodie du discours, surtout quand ces élévements ou abaissements étaient distribués d’une manière agréable à l’oreille. Or, en prononçant le latin et le grec, nous ne pratiquons point du tout ces élévements et ces abaissements successifs de la voix, si familiers et si fréquents chez les anciens ; autre source de plaisir perdue pour nous dans l’harmonie des langues mortes et savantes.

1138. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

C’était moins encore l’auteur de la comédie L’Honneur et l’Argent, qui envoyait sa pièce au concours, que la voix publique et l’acclamation d’un grand succès qui semblaient la désigner dès l’abord au choix de la Commission.

1139. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Sous la Restauration, cette école, on le conçoit, dut avoir une bien insensible influence là où elle s’adressait ; les engagements étaient pris, les intérêts et les passions en jeu ; au milieu de ces clameurs aigres et retentissantes du parti, de ces voix de vieillards incurables et fanatiques, il y avait peu de place pour les calmes conseils de quelques jeunes hommes.

1140. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

C’est de la sorte seulement qu’on s’explique bien la chute des vieilles races, et la facilité avec laquelle, au jour soudain des colères divines et populaires, l’orage les déracine, sans que la voix tardive des sages, sans que les intentions les plus pures des innocentes victimes, puissent rien conjurer.

1141. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Les alliés, qui l’en firent sortir en 1814, ont pu voir son écrou et les motifs de sa détention. » Georges Cadoudal, le plus grand caractère d’entre les conspirateurs royalistes, le plus héroïque des brigands, le Vendéen roturier qui ne souffrait pas de nobles dans son armée ; physionomie attrayante d’ailleurs, ouverte, très replet, les cheveux bouclés, le teint clair et frais, l’œil assuré, mais doux, aussi bien que la voix ; Georges avait, il paraît, été reçu avec hauteur et dureté par le premier consul, lorsqu’il se présenta à lui après la pacification.

1142. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Est-il impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de peindre la réalité comme elle est, transporterait l’action dans un monde fantastique, donnerait à des idées abstraites une existence réelle, aux êtres réels une vie, en quelque sorte, idéale, un corps, une voix à des nuages, une constitution politique aux habitants de l’air ?

1143. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Parfois, en dépit du très habile emploi de tous les ressorts dramatiques, on croit n’avoir pas devant soi une image de la vie : l’abstraction l’emporte, et la pièce s’écoute, en dépit des acteurs, comme un dialogue moral ; l’accent de l’auteur domine dans toutes les voix des personnages.

1144. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Mais je me souviens nettement que Flaubert me parla avec enthousiasme de son jeune ami et qu’il me lut, de sa voix tonitruante, une pièce qui figura, quelques mois après, dans le premier volume de Maupassant : Des vers.

1145. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

En les froncis des tentures, l’inflexion des voix s’apitoie ; en les froncis des tentures lourdes, sombres, à plumetis… « Dehors, la blancheur pacifiante des neiges.

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