Une inspiration puisée à la source de ces agitations, de ces inquiétudes pouvait seule la toucher, je dis mieux : ce n’est que puisée à cette source qu’une inspiration pouvait être vivante. […] Qu’ils l’aient chanté avec génie et de manière à saisir l’âme des générations qui les escortaient, cela suffirait à faire de leur poésie, l’héritière vivante de la chaire sacrée veuve d’auditeurs, d’eux-mêmes, les hommes de la place publique. […] Si l’on ne saurait mettre trop de vivacité à défendre un écrivain vivant et en pleine lutte que l’on croit injustement malmené, la querelle de deux grands écrivains acquis à l’immortalité l’un et l’autre n’est plus pour nous qu’une source d’instruction et d’idées. […] Le fond réel et vivant de leur foi, c’est qu’il y a une puissance souveraine qui a les yeux sur l’homme, qui veille sur lui, et qui, dans le conflit universel de l’iniquité et de la justice, réserve à la justice le dernier mot. […] Que Delteil se soit écarté avec horreur de ces sentiers de mort et d’édifiante niaiserie, qu’il ait cherché à nous donner une Jeanne bien vivante et de plein jet, combien je l’en loue !
Pourtant, une après-midi, comme on avait décidé, dans les chambres de bonnes, d’interrompre, pour goûter, le travail pendant cinq minutes, on signala la présence du poète des Vivants et des Morts dans la maison ; comme on soupçonnait la comtesse de Noailles d’entretenir avec M. […] Les dernières communications avec les vivants, ne les limite-t-il pas chaque fois davantage ? […] Regrettant sans doute de n’avoir pu le défendre vivant, Bremond du moins voulut protéger ce mort charmant contre tant d’intellectualistes qui imposent au dogme une rigidité telle qu’ils vident la religion de son contenu pour en mieux conserver la forme. […] Maurice Brillant Les gens les plus vivants, ce ne sont pas toujours ceux qui le paraissent. […] L’érudition, chez Maurice Brillant, est bien vivante : quand il livre le fond intime de la pensée hellénique, il le fait absolument comme s’il s’agissait d’un personnage, et sait le rendre attachant.
Lorsqu’il était parti pour la Belgique, afin d’y récolter de quoi vivre, il n’avait fait que sentir plus cruellement sa misère ; et déjà il n’était plus au nombre des vivants. […] Dans ses vers, les murmures de l’air, les frissons des arbres, les plaintes de la mer, s’unissent à la voix des êtres vivants, pour ne former qu’un seul hymne où s’entrelacent tous les frémissements de la vie universelle (Alastor, v. 13 et suivants). […] Empédocle est une force primitive, un hymne vivant à la création, une émanation de l’Être nécessaire et éternel. […] Un élan d’admiration et d’amour porte le marin vers ces belles créatures vivantes ; il les bénit : au même instant, il redevient capable de prier ; l’albatros, se détachant de son cou, tombe comme du plomb dans la mer. […] L’animal, en effet, éprouve seulement le désir d’écarter tout sentiment désagréable, tandis que l’homme, plus compliqué, ayant observé les effets de la mort sur ses semblables, ajoute au désir d’éloigner la douleur le désir de se conserver vivant.
. — En somme, la condition directe de la sensation, c’est l’action ou mouvement moléculaire du nerf ; peu importent les événements du dehors, ou les autres événements intérieurs du corps vivant ; ils n’agissent que par l’intermédiaire de ce mouvement qu’ils provoquent ; par eux-mêmes, ils ne font rien ; on pourrait se passer d’eux. […] Dans l’homme lui-même, l’atrophie des lobes cérébraux et l’absence des circonvolutions sont toujours accompagnées d’idiotisme ; « au-dessous d’un certain volume et d’un certain poids, le cerveau a nécessairement appartenu à un individu frappé d’imbécillité… » ; et d’une manière générale, si l’on compare entre elles les diverses races d’hommes, « le volume de l’encéphale est en rapport avec le degré de l’intelligence ». — Toutes ces présomptions se confirment lorsqu’on opère sur des animaux vivants ; il suffit de reprendre les expériences précédentes125 ; après qu’on a enlevé les lobes cérébraux, si l’on conserve le reste de l’encéphale, les sensations pures subsistent, comme on l’a vu ; mais elles subsistent seules. […] Il y a dans le corps vivant un autre centre que l’encéphale : c’est la moelle épinière ; et cette moelle, comme l’encéphale, renferme une substance grise qui, comme celle de l’encéphale, est un point d’arrivée pour des excitations transmises, et un point de départ pour des excitations renvoyées. […] Presque toutes les fonctions du corps vivant supposent un mécanisme analogue ; car toutes comprennent parmi leurs éléments une action réflexe, et dans presque toutes l’action réflexe aboutit, non pas à la contraction isolée d’un seul muscle, mais à la contraction successive de plusieurs muscles dans un ordre déterminé.
C’est un gros garçon, à l’encolure d’un propriétaire foncier vivant sur ses terres, avec un rien de l’air d’un ahuri et d’un mystique. […] Partout l’abandon de la ruine, et comme spécimen de la vie vivante dans toute cette pierre morte, quelques vieillards desséchés, quelques jaunes enfants, des chats maigres : une pauvre et rare création d’êtres et d’animaux bancroches. […] Bourget vient aujourd’hui au grenier, et se met à conter, pittoresquement, l’intérieur de Nicolardot, vivant dans la mansarde d’une maison de passe, d’une des rues du quartier Latin. […] Quand on m’a dit cela, au souvenir de mon frère, j’ai eu vis-à-vis de moi-même, comme une espèce de honte d’être encore si vivant.
L’orgueil de la vie enivre aisément les vivants, surtout s’ils se comparent à ceux qui ne sont plus : c’est déjà une telle supériorité que celle de vivre !
Ces poètes que nous avons connus vivants et que nous avons aimés, ils ont souffert, ils ont eu leurs fautes, leurs faiblesses, des plis à leurs ailes, leurs taches de poussière et leurs ombres ; ils se sont consumés sur le bûcher : il n’y a plus que la flamme qui monte.
Des intérêts plus animés, des passions encore vivantes jugeront ce nouvel ordre de recherches ; mais je sens néanmoins que je puis analyser le présent avec autant d’impartialité que si le temps avait dévoré les années que nous parcourons.
Sont exempts du tirage, non seulement tous les nobles et bourgeois, mais encore tous les employés de l’administration des fermes et des ponts et chaussées, « tous les garde-chasse, garde-bois, domestiques et valets à gages des ecclésiastiques, des communautés, des maisons religieuses, des gentilshommes, des nobles784 », et même des bourgeois vivant noblement, bien mieux, les fils des cultivateurs aisés, et, en général, tous ceux qui ont un crédit ou un protecteur quelconque. — Il ne reste donc pour la milice que les plus pauvres, et ce n’est pas de bon cœur qu’ils y entrent.
Aussi bien l’homme (l’écornifleur) vivant en société, généralement à l’ironie de l’un correspond la naïveté, la peine ou l’ahurissement des autres.
Mille fois plus vivant, mille fois plus aimé depuis ta mort que durant les jours de ton passage ici-bas, tu deviendras à tel point la pierre angulaire de l’humanité qu’arracher ton nom de ce monde serait l’ébranler jusqu’aux fondements.
Un homme de lettres, confiné à Bruxelles, leur sembla plus à plaindre que Lamotte, aveugle & malade, mais vivant à Paris.
je pense qu’on ne peut jamais savoir parfaitement qu’une seule langue ; c’est la sienne propre : encore cela est-il rare ; et je me souviens que Despréaux avait fait une espèce de dialogue satirique contre les versificateurs latins modernes, qu’il supprima de son vivant, pour ne point blesser trois ou quatre latinistes de ses amis, et surtout de ses admirateurs, qui avaient pris la peine de mettre en vers latins son ode sur Namur ; ouvrage d’ailleurs si faible et si défectueux, que les traductions même, toutes latines qu’elles sont, ne paraissent pas au-dessous de l’original.
Relisant le livre, évoquant le tableau, faisant résonner à son esprit le développement sonore de la symphonie, l’analyste, considérant ces ensembles comme tels, les restaurant entiers, les reprenant et les subissant, devra en exprimer la perception vivante qui résulte du heurt de ces centres de force contre l’organisme humain charnel, touché, passionné et saisi4. » Et enfin (p. 217), « saisissant ainsi des intelligences telles quelles, les analysant avec une précision et une netteté considérables et les replaçant ensuite par une minutieuse synthèse dans leurs familles, leurs patries, leurs milieux, l’esthopsychologie, un ensemble d’études particulières de cette science, sont appelés à vérifier les plus importantes théories de ce temps sur la dépendance mutuelle des hommes, sur l’hérédité individuelle, sur l’influence de l’entourage physique et social ».
Les ascètes et les Saintes, les Saintes, comme sainte Brigitte, sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse, dont nous avons tant de prières touchantes de foi ou sublimes, ne les publiaient pas, de leur vivant, avec des approbations enthousiastes des Alexandre Dumas de leur temps !
Renée resta Français, et Français de Paris, et nous eûmes une histoire pénétrante souvent, brillante parfois, mais vivante toujours, et toujours écrite ; car il est toujours ce que Sismondi n’est jamais, dans le sens aiguisé du mot : je veux dire un lettré et un écrivain.
V Vignette fatale dans la mémoire, coup de sifflet dans l’intelligence, corruption dans la volonté fourvoyée, le bâtard est la parabole de la chute, la contrefaçon du dogme qu’il repousse, et un argument vivant, dans sa propre existence, contre sa propre incrédulité !
ce fut un bien magnifique empire que le sien, et elle fut une bien grande reine aux yeux de ces poètes, ses sujets ; mais aucun d’eux, aucun de ces adorateurs, aucun de ces tournesols, comme on disait alors, dont elle était le soleil, ne l’a vue et ne l’a jugée de son vivant comme Livet l’a vue et l’a jugée, maintenant qu’elle est morte, mais non oubliée, car l’heure pour elle est propice !
La vérité historique, cette chose vivante, n’est point la vérité de l’exactitude, cette chose morte ; et peut-être se dégage-t-elle plus encore de l’ensemble fortement exprimé des choses que du soin apporté à la description des détails.
C’est un peintre tapageur de coloris, plus qu’original, profond, nuancé et fondu, comme doit l’être un grand peintre, mais c’est un peintre, comme le prouvent certaines fresques de son livre, un peu galopées sur le mur, mais vivantes, et par exemple ce fameux repas des gardes du corps que je voudrais tout entier citer : « Le roi prêta sa magnifique salle du théâtre.
De son vivant, il avait décoré de son Saint-Esprit cette poitrine vide.
On le trouva, à l’Hôtel de Ville, la mâchoire brisée, son habit violet déchiré, ses culottes nankin avalées, ses bas de coton sur ses talons, souillé, sanglant, vautré sur une table où il venait d’écrire, et après l’avoir un peu lavé, un peu pansé, tout en l’insultant, on le jeta, ce reste vivant d’homme, au bourreau, qui coupa comme il put cette tête fracassée, et telles furent, en mourant, la grâce et la décence de ce magnifique gladiateur de l’Égalité !
Mais le rêveur, en vivant dans les-réalités qui auraient dû le réveiller, n’y a pas vécu impunément.
Si, de son vivant, quelque ami littéraire lui avait exposé la théorie de son historien futur, elle l’eût bientôt coupé en quatre, comme dit Sainte-Beuve, avec un de ces mots comme il en bondissait de son esprit, puis elle aurait tourné sur les hauts talons de ses mules, et tous ceux qui aiment la grâce même dans l’impertinence, lui auraient pardonné.
… Mais, entre nous, je crois bien que ce n’en était pas… Cette fameuse Madame Récamier, cette Juliette à dix mille Roméos, dont ils ont tous, en Europe, raffolé au temps de leur jeunesse, au fond, ne me fait pas l’effet ici d’être vivante.