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605. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Après 1848, il partit pour la Californie, sans dessein arrêté que d’agir encore, et c’est là qu’une idée qui pouvait valoir un empire s’empara de lui et lui fit jouer sur le dé pipé qu’on appelle le sort des armes une vie qu’il y a laissée ! […] Voilà qui valait mieux déjà que les vers de jeunesse qui, plus tard, devaient venir en cette tête plus poétique que poète.

606. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Mais cette statue ne sera pas plus une gloire pour lui que ce livre de Lamartine et ses amis, qu’il aurait mieux valu intituler : Les Amis de Lamartine, à commencer par moi, Henri de Lacretelle, et Lamartine, — par-dessus le marché ! […] … Ce qu’il y a de plus beau, je ne dis pas dans la langue des hommes, mais dans toutes les langues des hommes, quelles qu’elles soient, car ni peinture, ni musique, ni statue, ni monument en pierre ou en prose, ne valent cette chose surhumainement adorable : de beaux vers !

607. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Sur les mers de son temps, beaucoup de pilotes le valaient. […] IV Encore une fois, nous ne savons pas si ce livre fera du bruit, mais s’il en fait, le bruit qu’il fera, il le vaut.

608. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Rome, en particulier, nous a valu les imbécilités féroces, sous prétexte de liberté, de la Révolution française. […] si la Gaule devint promptement romaine, c’est qu’elle avait compris, avec l’instinct d’une race supérieure, que l’unité Romaine valait mieux pour elle que les diversités dont elle souffrait.

609. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Theiner a donné le signal, dans ces pugilats, cruels jeux funèbres sur le tombeau d’un pontife qu’il eût mieux valu couvrir de silence, l’Histoire ne se préoccupe que d’une seule chose : Clément XIV a-t-il aboli les jésuites, et quelles ont été pour l’honneur de la papauté et pour la paix du monde les conséquences de cette abolition ? […] Theiner ne saurait guères infirmer l’autorité, n’avait qu’à déplier ces dépêches, fortiter et suaviter, et cette seule réponse de foi aurait mieux valu que les plus spirituelles invectives.

610. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Cependant, moi, je cueillerai quelques roses sur cette préface… Certainement, le scalpel affilé de Dumas, qui est un anatomiste et non pas un moraliste comme le croient les imbéciles, vaut mieux et va plus avant que la sonde de Sainte-Beuve, cette mince aiguille à tricoter. […] L’abbé Prévost, à qui on a donné du génie à jour fixe, l’abbé Prévost, qui ne valait peut-être pas l’abbé Cottin, a continué d’être, dans son roman de Manon Lescaut, l’infatigable distillateur d’eau claire qu’il a été dans les cinquante volumes qui ont ruisselé de sa plume et inondé le xviiie  siècle ; et même la boue de Manon n’y a rien changé, et, c’est là le seul phénomène de ce livre, elle ne l’a teinté d’aucune couleur.

611. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Peut-être eût-il mieux valu ne pas agrandir encore un citoyen déjà coupable d’être trop puissant ; mais Cicéron, malgré son génie, fut quelquefois plus orateur qu’homme d’état. […] On l’a blâmé, on le blâmera encore ; je ne l’accuse, ni ne le justifie : je remarquerai seulement que plus un peuple a de vanité au lieu d’orgueil, plus il met de prix à l’art important de flatter et d’être flatté, plus il cherche à se faire valoir par de petites choses au défaut des grandes, et plus il est blessé de cette franchise altière ou de la naïve simplicité d’une âme qui s’estime de bonne foi et ne craint pas de le dire.

612. (1929) La société des grands esprits

Ces chefs-d’œuvre ne valent-ils pas d’être étudiés de près ? […] Et rien ne vaut la poésie. […] Il aurait dû pour cela s’infliger le démenti le plus radical ; et autant aurait valu pour lui tout jeter au feu. […] Cela vaut bien une indulgence plénière. […] Jusqu’à présent, la margarine ne vaut pas le beurre, ni l’alcool industriel un bon cognac.

613. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Autant valait jeter cet argent par les fenêtres. […] Auguste Couat, a bien mis en lumière ce point, et c’est par là que son livre, œuvre d’érudition destinée à lui valoir le titre de docteur, mérite aussi d’intéresser le public. […] Peut-être cela ne vaudrait-il pas la peine d’être dit en prose ; mais ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante. […] ne valez-vous pas mille fois mieux que ce grossier fétiche et ses prêtres stupides ? […] On a montré qu’il valait mieux que ses Maximes, et qu’en lui le cœur donnait à l’esprit un démenti.

614. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontainas, André (1865-1948) »

Nourri d’Henri de Régnier, s’il n’en connaît pas tous les détours, toutes les séductions, il vaut encore par une spontanéité d’images élégantes, pures et bien ajustées.

615. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 2-5

Le premier devoir de l’équité est de rendre justice à ces Auteurs injustement confondus dans la foule, qui n’ont d’autre tort aux yeux de la postérité, que d’être remplacés par des gens qui ne les valent pas.

616. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

N’eût-il pas mieux valu qu’il eût exercé sa plume sur des matieres plus utiles ?

617. (1929) Dialogues critiques

En littérature, l’enjeu a plus de prix, et il importe que les valeurs vraies, qui valent en soi et par soi, ne se laissent pas éclipser par les contrefaçons. […] Paul Peut-être, mais elle permet de respecter ce qui en vaut la peine et de ne rien devoir à personne. […] Pierre Thibaudet n’en disconvient certainement pas, et se borne à ne pas pourfendre ces gens-là, qui n’en valent guère la peine, pour les mieux accabler d’un silencieux dédain. […] Quant à l’élément masculin, les simples hommes du monde valent mieux que les gens de lettres, ils sont moins infatués, plus désintéressés, et d’une politesse plus solidement garantie. […] Paul Tout vaut mieux que l’oubli.

618. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Cette expression : cela ne vaut pas grand-chose, n’est point comique ; cela ne vaut pas un liard, l’est davantage ; cela ne vaut pas un liard rogné , l’est tout à fait. […] Car, voici : cette essence commune, ce caractère général qui constitue le fond de toute œuvre comique, ne vaut pas le quart de la peine que se donnent, pour l’extraire, les abstracteurs de quintessence ; ce qu’il y a de plus insignifiant dans chaque comédie, c’est précisément l’unité du genre ; la diversité particulière des espèces et des formes est seule intéressante. […] Lorsqu’elle n’aimait rien tant, dans Molière, que les coups de bâton donnés si gaiement par Scapin, ce n’était pas qu’elle entrevît alors l’idée du comique comme dans un brouillard ; car, voyez : quand plus tard William Schlegel est venu débrouiller cette idée dans son esprit, et lui expliquer, avec la dernière évidence et la dernière clarté, comment, la gaieté étant l’essence du comique, les farces de Molière valent beaucoup mieux que Le Misanthrope, elle a trouvé Schlegel ridicule, Scapin toujours amusant, mais Alceste admirable.

619. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

On fait venir sept maris, et les sept noces se célèbrent en un seul festin où les vins, dit le poëte, valaient mieux que ceux de Cana. […] Est-il d’ailleurs si inférieur, par l’invention, à ces romans uniformes et interminables qu’on lui préfère, et les meilleurs offrent-ils quelque endroit qui vaille mieux que ses portraits si piquants, premières ébauches des grandes créations dramatiques ? […] D’autres passages du même caractère ; quelques pièces plus connues, dont la plus goûtée, Les fourriers d’esté sont venus est une description du printemps, où la grâce n’est pas sans recherche ; dans tout le recueil, une certaine délicatesse de pensées, qui trop souvent tourne à la subtilité ; des expressions plus claires que fortes ; des images abondantes, mais communes une pureté prématurée à une époque où la langue avait plus besoin de s’enrichir que de s’épurer ; bon nombre de vers agréables qui prouvent plus de culture que d’invention, et où l’on reconnaît l’effet de l’éducation maternelle plutôt que le génie national : ces titres, que je suis bien loin de dédaigner, ne valent pas qu’on dépossède Villon de son rang, au. profit d’un poëte, le dernier qui ait imité le Roman de la Rose, le premier, qui ait imité la poésie italienne. […] De même, quelle élégance précoce de langage peut valoir l’accent et la nouveauté de ces couplets du Grand Testament, où Villon parle de la fuite rapide de sa jeunesse, de ses fautes, de la mort qui égale tout le monde : Je plaings le temps de ma jeunesse, Auquel j’ay plus qu’autre galle (fait-le, libertin) Jusque à l’entrée de vieillesse Car son partement (départ) m’a celé (échappé). […] S’il n’a pas les trésors de Jacques Cœur mieux vaut, dit-il, Vivre soubz gros bureaux Pauvre qu’avoir este seigneur, Et pourrir sous riches tombeaux.

620. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

C’était pousser loin le conseil de s’affranchir de la tradition classique ; mais l’excès d’indépendance vaut mieux que la superstition. […] Habitué à ne voir la pensée que noblement vêtue, peut-être lui arriva-t-il quelquefois de prendre le plaisir que faisait son style pour la mesure de ce que valaient ses idées. […] Si Buffon est aujourd’hui jugé pour ce qu’il vaut, nous en avons l’obligation principale à la science elle-même, complice d’abord de ces jugements dédaigneux qui réduisaient tout son mérite au beau langage. […] Il vaut mieux que ce qu’il fait, et la faiblesse qui le fait succomber est d’une âme tout aussi docile aux impressions du bien qu’à celles du mal. […] Quel roman ne vaut pas mieux que Virgile lu dans une traduction ?

621. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Molière apprit à Piron qu’il valait mieux que ses épigrammes ; à Gresset, que l’art sérieux du Méchant ne ferait pas tort aux aimables mignardises de Vert-Vert et de la Chartreuse. […] Pourquoi refuser au poète comique, à titre de repoussoir, un caractère secondaire qui fasse valoir le caractère principal ? […] Si Philinte n’existait pas, il naîtrait de l’exagération même d’Alceste, et tout près de lui, non pour le faire valoir, mais parce que c’est le propre des caractères excessifs d’engendrer leurs contrastes, ne fût-ce que par contradiction. […] S’il en veut tant aux contrastes, c’est qu’il a inventé quelque chose qui vaut mieux. […] La langue de Diderot vaut ici sa critique.

622. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Le scrutin de la bataille en vaut bien un autre ; car, à celui-là, on ne compte que les forces vives, ou plutôt on soupèse l’énergie que l’opinion prête à ses partisans : excellent critérium ! […] Mieux vaut encore une émancipation prématurée ; car, après quelques folies, elle peut contribuer à ramener la sagesse. […] Nous usons la force pour conserver à tous le droit de radoter à leur aise ; ne vaudrait-il pas mieux chercher à parler raison et enseigner à tous à parler et à comprendre ce langage ? […] Mieux vaut, je le répète, pour l’originalité, l’arbitraire et les inconvénients qu’il entraîne que l’inextricable toile d’araignée où nous enserrent des milliers d’articles de lois, arsenal qui fournit des armes à toute fin. […] Outre le fond individuel, que chacun fait valoir, il y a le cens du capital, qui, s’accumulant toujours, forme le fonds commun de l’espèce, etc. » (Voir l’admirable fragment intitulé : Ueber den Charakter der Menschheit).

623. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le piétisme hypocrite des pharisiens ne valait guère mieux que la frivolité mondaine des sadducéens. […] Un système de philosophe vaut un poème, un poème vaut une découverte scientifique, une vie de science vaut une vie de vertu. […] Elle en vaut beaucoup d’autres. […] Mieux vaut rappeler l’âpre et vaillant labeur dont ces outrances hardies sont le résultat. […] J’ai eu la curiosité d’en écouter un grand nombre, et tous se valent.

624. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Souvent, on est dupe et le mystère ne valait pas tant de cérémonie. […] Autant vaut un soldat que la guerre ne tente plus. […] que vaut le témoignage de la réalité, s’il n’est pas libre ? […] Que valent ces témoignages ? […] Et tant vaut l’homme, tant vaut l’historien, puis son œuvre.

625. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Tous les plaisirs ne se valent-ils point ? […] Mais est-ce que cette autre page, au moins, ne valait pas la peine d’être rappelée ? […] Être ou ne pas être : lequel des deux vaut mieux ? […] Boire, manger, dormir, et le reste, cela ne vaut-il pas la peine d’être né ? […] S’ils n’ont pas de talent, votre opinion vaut la leur : elle vaut même davantage, étant toujours plus désintéressée.

626. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Malherbe consomme cette rupture en rejetant, en supprimant autant qu’il peut tout ce qui a précédé ; il biffe de sa main Ronsard et jusqu’à Des Portes, à qui (dînant chez lui) il dit crûment « que son potage vaut mieux que ses Psaumes ». […] Je demande si cela ne vaudrait pas mieux pour la gloire du poète et pour le plaisir du lecteur. […] Lui, Malherbe, il s’appliquait à son œuvre isolée et toute personnelle, à la fois avec un sentiment très net de ce qu’il y avait de borné et de restreint dans le métier de la poésie (« On n’en doit espérer d’autre récompense, disait-il, que son plaisir, et un bon poète n’est pas plus utile à l’État qu’un bon joueur de quilles »), — et aussi avec la conscience de ce que valaient ses paroles et ses louanges : Ce que Malherbe écrit dure éternellement. […] Le vrai est que Malherbe était sincèrement monarchique, admirateur passionné du grand roi et sentant qu’il pouvait lui rendre en louanges ce qu’il en recevrait en bienfaits : « Il me semble que ce qu’il eût eu de moi valait bien ce que j’eusse reçu de lui. » Il avait, malgré son souci du positif, le cœur haut placé, celui qui a dit : Les Muses hautaines et braves Tiennent le flatter odieux, Et, comme parentes des Dieux, Ne parlent jamais en esclaves. […] Le pauvre en sa cabane… vaut bien le Pallida mors œquo pulsat pede… Ronsard ne savait pas assez l’art d’imiter ; il transportait tout de l’Antiquité, l’arbre et les racines.

627. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Il vaut mieux dire, selon lui une flotte de dix voiles qu’une flotte de dix navires, parce que le mot navire éveillerait probablement la vision des vaisseaux au bassin ; le mot voile vous les montre en mer […] Pourquoi vivre à demi quand le néant vaut mieux279 ? […] Tous les corps, le firmament, les étoiles, la terre et ses royaumes, ne valent pas le moindre des esprits. […] Tous les corps ensemble, et tous les esprits ensemble, et toutes leurs productions, ne valent pas le moindre mouvement de charité. […] Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre.

628. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIV » pp. 209-212

Plusieurs pensent qu’il aurait mieux valu en finir cette année et bâcler une loi pour clore la bouche aux déclamations du clergé.

629. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

Je lui passerais certains chapitres où, rangeant des vers sous air de prose, il s’amuse à les faire filer comme des troupes déguisées et à mystifier le lecteur qui n’y prendrait pas garde ; ces chapitres-là sont une critique lutine du jargon lyrique à la mode : ils valent mieux que notre critique sérieuse.

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