Un Horace non châtié et le livre des Confessions mal faitestombèrent aux mains du jeune homme ; il entrevoyait d’une part la volupté flatteuse avec ses secrets incompréhensibles, de l’autre la mysticité délirante apprêtant des flammes et des chaînes. « Si j’ai peint plus tard avec vérité, dit-il, les entraînements de cœur mêlés aux syndérèses chrétiennes, je l’ai dû à cette double connaissance simultanée. » Le quatrième livre de l’Énéide, les volumes de Massillon où sont les sermons de l’Enfant prodigue et de la Pécheresse, ne le quittaient pas.
Comme, après un certain laps de temps, la vérité minutieuse et toute réelle est introuvable, comme elle l’est même souvent déjà entre contemporains, il faut ou se condamner à un scepticisme absolu et fatal, ou se résigner à cette grande manière qui nous reproduit bien moins l’individu en lui-même que les idées auxquelles il a contribué et qu’on personnifie sous son nom.
Boileau, comme moraliste et comme critique, avait exprimé bien des vérités en vers avec une certaine perfection.
Au dessert et dans la vérité du vin, ils sont tous convenus qu’ils étaient venus à Paris voir le Mariage de Figaro… Il semble que jusqu’ici les auteurs comiques ont toujours eu l’intention de faire rire les grands aux dépens des petits ; ici au contraire ce sont les petits qui rient aux dépens des grands. » De là le succès de la pièce. — Tel régisseur d’un château a trouvé un Raynal dans la bibliothèque, et les déclamations furibondes qu’il y rencontre le ravissent à ce point que, trente ans après, il les récitera encore sans broncher.
C’est là une vérité fort méconnue et proscrite comme immorale, quoique tout le monde la connaisse et l’applique.
… » En cet admirable cadre de Bayreuth on sent mieux de quelle intense et formidable vérité l’œuvre de Richard Wagner touche le fond intime de notre être.
… Le joli causeur à la malice amusante que ce Banville, et tout ce qu’il raconte sur le théâtre qu’on ne lit pas, avec des aperçus si philosophiquement blagueurs, et les portraits si bien mordus à l’eau-forte qu’il enlève des comédiens et des comédiennes, et le délicieux comique et le parfait acteur qu’il est pour jouer ce monde des planches, et l’art unique qu’il a, avec son ironie flûtée et poignardante, d’exposer les dessous infâmes ou ironiques des choses des coulisses… Et les paradoxes charmants, énormes, stupéfiants, les paradoxes de lettré, où au fond de l’exagération hyperbolique, existe toujours un grain infinitésimal de vérité ou de bon sens, et qui sortent de sa bouche à tout moment.
Je me défends, en lui répondant que, dans mon livre, je n’ai fait aucune personnalité, que j’ai peint un type général — et ce qui est la vérité — que je n’ai jamais vu ni connu l’abbé.
Quelques rares esprits dans lesquels le génie exaspéré du Romantisme vit encore, appelleront peut-être le nouveau livre de Sainte-Beuve une capucinade littéraire, et ce mot, tout choquant qu’il veuille être, ne nous choque point, nous qui aimons les capucinades en toutes choses, parce qu’elles impliquent à nos yeux la reconnaissance de la vérité et le repentir de l’erreur ; Seulement, si ce mot veut dire conversion, appliqué à Sainte-Beuve c’est un mot faux et nous le repoussons.
Elle ne se trompe pas, bien qu’elle n’hésite jamais, et si vous me demandez quelle est cette puissance qui agit si librement et si vite, je vous dirai que c’est simplement la vérité que l’écrivain veut souligner, la situation qu’il veut exposer.
La vérité est que si nous pouvions, à travers le crâne, voir ce qui se passe dans le cerveau qui travaille, si nous disposions, pour en observer l’intérieur, d’instruments capables de grossir des millions de millions de fois autant que ceux de nos microscopes qui grossissent le plus, si nous assistions ainsi à la danse des molécules, atomes et électrons dont l’écorce cérébrale est faite, et si, d’autre part, nous possédions la table de correspondance entre le cérébral et le mental, je veux dire le dictionnaire permettant de traduire chaque figure de la danse en langage de pensée et de sentiment, nous saurions aussi bien que la prétendue « âme » tout ce qu’elle pense, sent et veut, tout ce qu’elle croit faire librement alors qu’elle le fait mécaniquement.
Dans combien de pays d’Europe le juge est-il obligé de rappeler au témoin chrétien qu’il doit dire la vérité, même si elle est favorable à un Juif ?
Après le sel un peu gros, mais franc, du Cocu imaginaire, et l’essai pâle et noble de Don Garcie, l’École des Maris revient à cette large voie d’observation et de vérité dans la gaieté. […] C’est alors que par la vérité des sentiments, par l’intelligence des expressions et par toutes les finesses de l’art, il séduisoit les spectateurs au point qu’ils ne distinguoient plus le personnage représenté d’avec le comédien qui le représentoit.
Ces dilettantes sont à la vérité des personnes fort curieuses, qui dans la vie des nations, paraissent à cette époque précise où les races s’étant mélangées, certains individus naissent fort hétérogènes et avec une diversité de facultés extraordinaire. […] Je ne raconterai pas comment ils se façonnèrent une éthique des vérités scholastiques de Darwin, comment le réalisme scientifique les amena nécessairement à un réalisme esthétique.
Nous n’aimons pas voir sa robe s’accrocher au clou du lupanar, et toute débraillée, titubant à travers les ruisseaux, voir la Muse, le stigmate au front de l’Impudeur, s’en aller, psalmodiant des rapsodies sans nom, parmi lesquelles rien ne transpire, ni vérité, ni style, ni inspiration… » C’est drôle vraiment l’appel de ce Charles Dupuy, dans le journal conservateur par excellence. […] Dimanche 20 décembre « Eh bien, le voilà le nouveau théâtre, votre nouveau théâtre. » C’est Daudet qui entre dans mon grenier, marchant avec effort sur des jambes mal d’aplomb. « Oui, Le Matin fait un article sur le nouveau théâtre, et Duret doit à ce sujet vous interviewer, vous, Zola et moi. » Et de suite la conversation est sur Sapho, et l’on cause du tact qu’il faut pour faire passer de la vérité sur les planches, et de son délicat dosage près d’un public de théâtre.
Que la plus grande diversification possible d’organisation permette la plus grande somme de vie possible, c’est une loi dont la vérité éclate dans un nombre considérable de phénomènes naturels. […] Mêmes doutes à l’égard des plantes, chez lesquelles on ne retrouve plus l’intelligence pour servir de mesure et de guide ; de sorte que certains botanistes donnent le rang supérieur aux plantes qui possèdent la série complète de leurs organes, c’est-à-dire des sépales, des pétales, des étamines et un pistil pleinement développés dans chaque fleur ; d’autres au contraire, avec plus de vérité probablement, considèrent comme plus élevées dans l’échelle organique les plantes chez lesquelles les organes sont le plus différenciés, le plus localisés pour des fonctions spéciales, et en général moins nombreux pour la même fonction.
On n’y voit pas la pensée au travail, faisant effort pour découvrir la vérité ou la démontrer, mais l’esprit détendu, se laissant aller à la contemplation de la nature, au songe intérieur, au jeu des pures représentations. […] La vérité est entre ces deux extrêmes. […] Mais la poésie n’est ni la vérité, ni le pathétique extrême : elle est la rêverie esthétique. […] En somme, la vérité réclame une précision, et la passion une familiarité (les hommes vraiment passionnés me comprendront), absolument contraires à cette beauté qui n’est autre chose, je le répète, que l’excitation ou le délicieux enlèvement de l’âme48. » Reste le reproche qu’on a fait au vers, de nuire à la sincérité du sentiment.
S’il m’est permis (et il est certes bien permis de dire la vérité), je dirai qu’elle tyrannise même la poitrine de Jupiter.
Je voudrais le lire avec vous : il m’a fait du bien ; il ne contient pas des choses très-nouvelles ; ce que tous les cœurs éprouvent, ou comme bonheur ou comme besoin, ne saurait être bien neuf ; mais il a été à mon âme en plus d’un endroit…Il y a des vérités qui sont triviales, et qui tout d’un coup m’ont déchiré.
La pensée arrive alors, non plus seulement comme vérité, mais comme sentiment.
Quant aux journaliers de campagne et aux colons, le propriétaire, même privilégié, qui les emploie, est obligé de prendre à son compte une partie de leur cote ; sinon, n’ayant pas de quoi manger, ils ne travailleraient plus668 ; même dans l’intérêt du maître, il faut à l’homme sa ration de pain, comme au bœuf sa ration de foin. « En Bretagne669, c’est une vérité notoire que les neuf dixièmes des artisans, quoique mal nourris, mal vêtus, n’ont pas à la fin de l’année un écu libre de dettes » ; la capitation et le reste leur enlèvent cet unique et dernier écu.
Son idéalisme, ce qu’il y a de vérité et d’observation chez elle.
Sébastien-Charles Leconte La vérité est plus simple : Tous les Méridionaux sont poètes, et grands poètes.
La vérité c’est que Flaubert s’est fait du style l’idée la plus puérile et la plus insensée, c’est qu’il ignore le véritable génie de la langue, ses sens délicats et souples, enfin cet art des valeurs qui seul indique le grand écrivain, et qu’il méprise avec la plupart des autres modernes, avec le Parnasse, avec les romantiques.
Nous analysons simplement chaque partition, comme s’il s’agissait d’un ouvrage nouveau ; nous notons nos impressions ; puis, nous formulons notre jugement, en critiques impartiaux, épris de la vérité, et non en théoriciens, soucieux de faire prévaloir un système.