L’invention consiste ici à trouver ce qu’en telle circonstance un homme de tel caractère doit dire ou faire. […] Elle avait trouvé si peu d’aide et de bienveillance dans les autres à son entrée dans la vie qu’elle s’est promis de s’occuper uniquement et le plus honnêtement possible de Mme de Maintenon. […] Il faut voir dans Corneille comment, dans les âmes des héros, pour produire les révolutions soudaines des nations, parmi les grands intérêts des États et les raisons de la plus sublime philosophie, peuvent trouver place et prendre rang de causes efficaces les incidents familiers de la vie réelle, les relations sociales, les affections de famille, les situations communes que créent à tous les hommes les croyances et les institutions communes de l’humanité. […] S’il vous est arrivé jamais de concevoir l’idée d’un enfantillage, d’une équipée, d’une folie, pure fantaisie de l’esprit inquiet et désœuvré, et de passer à l’exécution sans autre raison que l’idée conçue, sans entraînement, sans plaisir, mais fatalement, sans pouvoir résister ; — si vous avez repoussé parfois de toutes les forces de votre volonté une tentation vive, si vous en avez triomphé, et si vous avez succombé à l’instant précis où la tentation semblait s’évanouir de l’âme, où l’apaisement des désirs tumultueux se faisait, où la volonté, sans ennemi, désarmait ; — si vous avez cru, après une émotion vive, ou un acte important, être transformé, régénéré, naître à une vie nouvelle, et si vous vous êtes attristé bientôt de vous sentir le même et de continuer l’ancienne vie ; — si par un mouvement de générosité spontanée ou d’affection vous avez pardonné une offense, et si vous avez par orgueil persisté dans le pardon en vous efforçant de l’exercer comme une vengeance ; — si vous avez pu remarquer que les bonnes actions dont on vous louait n’avaient pas toujours de très louables motifs, que la médiocrité continue dans le bien est moins aisée que la perfection d’un moment, et qu’un grand sacrifice s’accomplit mieux par orgueil qu’un petit devoir par conscience, qu’il coûte moins de donner que de rendre, qu’on aime mieux ses obligés que ses bienfaiteurs, et ses protégés que ses protecteurs ; — si vous avez trouvé que dans toute amitié il y a celle qui aime et celle qui est aimée, et que la réciprocité parfaite est rare, que beaucoup d’amitiés ont de tout autres causes que l’amitié, et sont des ligues d’intérêts, de vanité, d’antipathie, de coquetterie ; que les ressemblances d’humeur facilitent la camaraderie, et les différences l’intimité ; — si vous avez senti qu’un grand désir n’est guère satisfait sans désenchantement, et que le plaisir possédé n’atteint jamais le plaisir rêvé ; — si vous avez parfois, dans les plus vives émotions, au milieu des plus sincères douleurs, senti le plaisir d’être un personnage et de soutenir tous les regards du public ; — si vous avez parfois brouillé votre existence pour la conformer à un rêve, si vous avez souffert d’avoir voulu jouer dans la réalité le personnage que vous désiriez être, si vous avez voulu dramatiser vos affections, et mettre dans la paisible égalité de votre cœur les agitations des livres, si vous avez agrandi votre geste, mouillé votre voix, concerté vos attitudes, débité des phrases livresques, faussé votre sentiment, votre volonté, vos actes par l’imitation d’un idéal étranger et déraisonnable ; — si enfin vous avez pu noter que vous étiez parfois content de vous, indulgent aux autres, affectueux, gai, ou rude, sévère, jaloux, colère, mélancolique, sans savoir pourquoi, sans autre cause que l’état du temps et la hauteur du baromètre ; — si tout cela, et que d’autres choses encore !
De sorte que c’est moi qui me trouve exercer légitimement, aujourd’hui, le droit de réponse. […] Ce n’est donc pas pour me venger du Comité que j’ai traité Frédégonde précisément comme le public l’a fait à partir de la seconde représentation, mais parce que je trouvais, comme lui, et bien sincèrement, que Frédégonde ne valait pas le diable. […] Ce sont des hommes doux, bien meilleurs que moi, et qui ont coutume de découvrir, chaque saison, dans les pièces qui leur sont soumises, une bonne douzaine de « scènes supérieures » et de « scènes de premier ordre. » J’estime tout naturel que vous ayez plus de confiance en eux qu’en moi et que vous mettiez leur jugement fort au-dessus du mien ; mais enfin c’est le mien, et non le leur, que vous me demandiez, quand, avec l’espoir effréné que je vous trouverais du génie, vous m’avez convié à la représentation de votre drame et m’en avez même envoyé la brochure. […] Je suis comme vous : je n’ai presque jamais trouvé que la critique comprît entièrement mes pièces, ni même qu’elle les racontât comme elles étaient, ni qu’elle leur fût pleinement équitable.
Il est vrai qu’on trouve dans les livres bouddhiques des paraboles exactement du même ton et de la même facture que les paraboles évangéliques 483. […] Jésus répétait souvent que celui qui a trouvé le royaume de Dieu doit l’acheter au prix de tous ses biens, et qu’en cela il fait encore un marché avantageux. « L’homme qui a découvert l’existence d’un trésor dans un champ, disait-il, sans perdre un instant, vend ce qu’il possède et achète le champ. Le joaillier qui a trouvé une perle inestimable, fait argent de tout et achète la perle 497. » Hélas ! […] L’apologue, tel que nous le trouvons Juges, IX, 8 et suiv., II Sam., XII, 4 et suiv., n’a qu’une ressemblance de forme avec la parabole évangélique.
Nous ne sommes pas de son sentiment, & nous allons établir nos raisons, ou plutôt combattre les siennes, sans craindre que ce Critique trouve mauvais que nous usions d’un droit dont il a usé lui-même à l’égard de plusieurs Ecrivains. […] Et le premier de ces deux Poëmes est-il moins estimé, parce que les mots de Ballade, de Sonnet, de Triolet, de Tercet, d’Emistiche, &c. qu’on y trouve, sont des termes barbares pour une infinité de Lecteurs ? […] Rac.ABCD Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange D’os & de chair meurtris, & traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang & des membres affreux Que des chiens dévorans se disputoient entre eux. […] Voyez le beau morceau du Poëme de la Religion, sur la formation des fleuves & des rivieres : vous y trouverez une description des plus pompeuses, des plus nettes, sans que les difficultés aient pu ralentir la marche du Génie qui les a subjuguées.
Quels heureux jours que ceux d’autrefois, quand il ne trouvait à faire aucun reproche à sa femme ! […] On ne le trouve nulle part, et on désespérait même de le découvrir, quand Kuranosuké, plongeant les mains dans son lit, s’aperçoit que les couvertures sont encore chaudes. […] On conçoit, après le déchiffrement de l’inscription par Hayashi, l’intérêt que j’eus à savoir la part qu’il avait pu prendre à l’expédition contre la résidence de Kotsuké ; part dont je ne trouvais trace ni dans le roman de Tamenaga Shounsoui, ni dans les légendes du vieux Japon de M. […] Et je me mis à fouiller mes albums, et je trouvai le recueil qui porte pour titre : Sei tû Guishi deu (Les Chevaliers du devoir et du dévouement), ou le peintre Kouniyoshi nous représente les ronins dans l’action de l’attaque du yashki de Kotsuké : l’un portant une bouteille d’alcool « pour panser les blessures et faire de grandes flammes afin d’épouvanter l’ennemi », l’autre « tenant deux chandelles et deux épingles de bambou pour servir de chandeliers », celui-ci éteignant avec de l’eau les lampes et les braseros, celui-là ayant aux lèvres le sifflet « dont les trois coups prolongés » doivent annoncer la découverte de Kotsuké ; et presque tous dans des poses de violence et d’élancement, brandissant à deux mains des sabres et des lances, et tous enveloppés d’un morceau d’étoffe de soie bleue, avec leurs lettres distinctives sur leurs uniformes, leurs armes, leurs objets d’équipement, et tous ayant sur eux un yatate, écritoire de poche, et dans leur manche un papier expliquant la raison de l’attaque57.
Si l’on n’en avoit pas fait un colosse, on le trouveroit moins petit : il n’a rien de ce qui mene à la postérité. […] y trouve-t-on toujours du jugement ? […] Tant d’exemples du sublime cité partout, remarquables principalement par ce naturel qui les caractérise, & cette facilité qu’on trouve à les traduire dans toutes les langues, sont une preuve que la sublimité des pensées peut aller sans celle de l’expression. […] L’opinion qu’il en avoit lui-même, ou plutôt sa simplicité, alloit au point qu’ayant trouvé à la campagne, dans un endroit isolé, une personne qui tenoit un livre, il lui demanda ce qu’elle lisoit.
L’homme de lettres, on le cherche en vain, on ne le trouve pas ; et le critique, qui est au-dessus de l’homme de lettres, naturellement encore moins. […] Aussi l’est-il correctement, honorablement, mais si exclusivement, qu’en faisant une étude particulière de son ouvrage on pourrait faire une étude générale du professeur, qui trouve sa chaire trop petite et veut l’élargir par un livre. […] Avec ce beau sujet de la Satire en France pendant le Moyen Âge, avec ce titre d’un bonheur terrible, car le livre doit en mourir s’il n’est pas au niveau de ce titre heureux, la Critique, qui était en droit d’exiger des généralités de génie ou une histoire à fond, ne trouve devant elle que les allures pressées, mal appuyées et sans trace, du tableau ou de la leçon. […] Nous l’aurions trouvée.
On a trouvé le néant au fond de tant de choses, que les ivresses sont difficiles… À cet âge tristement viril, quand on parle de courtisanes, quand on se tache les doigts à cette poussière légère que toute la sainteté de la mort ne peut sauver des profanations de la vie, il faut le faire en moraliste et en observateur, non pour glorifier des mémoires trop heureuses, selon nous, de couler à fond dans l’oubli, mais pour prendre le niveau moral d’un pays ou d’une époque et mesurer le vice de tout le monde à la taille de celles qui l’ont inspiré. […] C’est une manière comme une autre d’écrire l’histoire des mœurs et des influences, que de tracer la biographie des courtisanes qui ont trouvé une espèce de gloire dans leur infamie. […] Pour obvier à cet inconvénient, qui frappe de stérilité la biographie que l’auteur du livre dont il est question voulait écrire, non pour Laïs elle-même, mais pour l’honneur de cette chose que Laïs représente dans le monde ancien et Ninon dans le monde moderne, et que nous ne savons comment nommer avec décence, Debay a découvert (nous ne dirons pas qu’il l’a inventé un manuscrit grec dont l’original, trouvé, dit-il, au couvent de Mégaspitron, et confié aux soins de Vietti le Polyglotte, a complètement disparu depuis la mort de ce savant. […] Une fois que Dieu a ôté la chair et brisé ce jouet de la beauté corporelle, on ne trouve plus que le vide et l’inanité.
Les retracer fidèlement, mais sous l’impression de ce coup porté à l’esprit, qui doit toujours le féconder, semble une chose aisée ; et cela l’est si peu, néanmoins, que, depuis Hérodote jusqu’à nos jours, on trouve bien sur son chemin quelques bons romans historiques et quelques essais (good historical romances and good historical essays), mais, dans toute la rigueur du mot, pas une irréprochable histoire. » Et, pour mieux creuser sa pensée, le critique anglais ajoutait : « Dans les sciences, il est des œuvres qu’on peut appeler parfaites. […] Ou bien, en y réfléchissant et en s’y appliquant à son tour, devait-il trouver diminuée cette horrible difficulté d’écrire l’histoire, qu’il signalait presque avec désespoir ? […] Eh bien, ce qui nous a frappé tout d’abord en lisant cette histoire, ce n’est pas d’y trouver Ranke tel qu’il fut toujours dans ses écrits et n’a jamais cessé d’être (nous ne sommes pas si inconséquent aux idées que nous exprimions, il n’y a qu’un instant, sur la personnalité forcée et nécessaire de l’Histoire), mais c’est, au contraire, de ne pas assez l’y retrouver. […] Ce que je sais le mieux, c’est mon commencement… Il faut avouer qu’une telle chute serait ridicule et mortelle… Nous ne disons pas que Ranke l’ait faite, mais voici pourtant deux volumes dans lesquels il a dû ramasser l’effort de sa pensée et la force réfléchie de sa maturité, et partout où nous les avons ouverts, nous n’avons trouvé que l’indigence, le refroidissement, le dessèchement, mis à la place de tout ce qui promettait autrefois la richesse, la chaleur, l’abondance et la vie Il est des gens, nous le savons, qui appelleront cela un progrès.
Si dans ce volume vous· ne trouvez pas de contradictions positives, vous rencontrez cependant des titubations singulières. […] Mais la vie commune sans des chefs serait le pêle-mêle de l’anarchie, et ce n’est pas pour y trouver de tels spectacles que les hommes étudient l’histoire, mais pour tirer de ces spectacles de vigoureuses conclusions. […] Hatin, jusqu’à la Révolution française, — qui déchaîna le journalisme, jusque-là contenu sous la main des gouvernements, — et son histoire, à cette grande presse dérisoire qui fut si peu de chose, n’aurait-elle pas été bientôt écrite, si l’auteur de l’Histoire de la Presse en France, tenant à justifier son titre, n’avait remonté les courants de la Fronde et de ses pamphlets pour y trouver ce qu’il appelle la petite Presse ? […] Lorsque l’auteur de l’Histoire de la Presse en France ne s’appesantit que sur des inutilités, comme, par exemple, quand il nous cite, dans le dessein transparent de faire son volume, les platitudes difficiles, nugas difficiles , de la Gazette en vers de Loret, pu quand encore, sous prétexte de nous donner l’histoire du Mercure, il nous transcrit je ne sais combien de passages de la comédie du Mercure galant de Boursault, que nous savons bien où trouver sans avoir besoin de la relire dans l’histoire de Μ.
I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico ; car, de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux, et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes. […] L’opinion, qui s’émut pour lui autrefois, cette opinion qui, faute de lauriers, le couronna avec des bandelettes de victime, ne trouvera plus ici son utile condamné du Spielberg, pour lequel elle quêtait des larmes. […] Attiré par ce nom de Silvio Pellico, — astre de popularité, un moment, sur lequel un nuage avait passé, il nous en souvenait, — attiré surtout par ce nuage que nous aimions plus que l’astre lui-même, nous avons ouvert ces lettres posthumes et nous y avons trouvé ce que tout d’abord nous n’espérions guères y rencontrer. Nous y avons trouvé le Silvio de la contrition et de la confession sans faste, — de la confession faite non orgueilleusement au public des livres, mais aux amis, à ces témoins de la vie qui nous jugent, tout en nous aimant, et devant lesquels nous sommes tenus de nous expliquer.
Silvio Pellico29 [Le Pays, 6 août 1857] I C’est l’écrivain religieux, bien entendu, qu’on cherchera ici et qu’on va y trouver sous le nom de Silvio Pellico, car de volonté ou de nature, Silvio Pellico est un écrivain religieux et même, à tort ou à raison, une influence pour certaines âmes. […] L’opinion qui s’émut pour lui autrefois, cette opinion qui, faute de lauriers, le couronna avec des bandelettes de victime, ne trouvera plus ici son utile condamné du Spielberg, pour lequel elle quêtait des larmes. […] Attiré par ce nom de Silvio Pellico, astre de popularité, un moment, sur lequel un nuage avait passé, il nous en souvenait, attiré surtout par ce nuage que nous aimions plus que l’astre lui-même, nous avons ouvert ces lettres posthumes et nous y avons trouvé ce que tout d’abord nous n’espérions guères y rencontrer. Nous y avons trouvé le Silvio de la contrition et de la confession sans faste, — de la confession faite non orgueilleusement au public des livres, mais aux amis, à ces témoins de la vie qui nous jugent, tout en nous aimant et devant lesquels nous sommes ténus de nous expliquer.
Comme fait, si le temps l’a détruite, fille de la vérité sociale elle trouve une expiation vengeresse dans les désordres et les souffrances qui ont déchiré les entrailles du monde depuis qu’elle ne le protège plus. […] On y trouve tout ce qui tient aux jurandes, aux maîtrises, aux rapports des travailleurs avec l’État et la religion. […] Quelle raison empêcherait ici de se servir de l’expérience des siècles, puisqu’un seul entre tous, le xixe cherche sans la trouver une organisation du travail ? […] Qu’on rétablisse les assemblées corporatives, dans lesquelles l’activité humaine trouvera une légitime expansion, et du même coup, sans déchirement, sans violence, on aura supprimé les dangers des clubs.
Ils ont commencé par régler tous leurs différends par la force, puis, quand ils se sont aperçus qu’un fort trouvait toujours un plus fort que lui, et que la bataille était un jeu de dupes qu’ont-ils fait ? […] On peut trouver un embryon de l’idée d’arbitrage inter-national dans les Amphictyonies grecques, bien que ces tribunaux n’aient étendu leur juridiction que sur le monde hellénique. […] On la trouve pour la première fois chez nous, en 1888, avec un caractère général est permanent, dans un traité avec l’Équateur… Le 9 juillet 1884, une Union était constituée entre onze États pour la protection de la propriété industrielle ; deux ans après à Berne, dix grands États d’Europe organisaient l’Union internationale pour la propriété littéraire et artistique, avec un bureau commun, chaque État assurant, par ses lois et ses tribunaux intérieurs, la répression des infractions. […] Où trouver une plus authentique juridiction ?
Les Grecs observèrent encore qu’il y avait eu partout un caractère poétique de bergers parlant en vers ; chez eux c’était Évandre l’Arcadien ; Évandre ne manqua pas de passer de l’Arcadie dans le Latium, où il donna l’hospitalité à l’Hercule grec, son compatriote, et prit pour femme Carmenta, ainsi nommée de carmina, vers ; elle trouva chez les Latins les lettres, c’est-à-dire, les formes des sons articulés qui sont la matière des vers. Enfin ce qui confirme tout ce que nous venons de dire, c’est que les Grecs observèrent ces caractères poétiques dans le Latium, en même temps qu’ils trouvèrent leurs Curètes répandus dans la Saturnie, c’est-à-dire dans l’ancienne Italie, dans la Crète et dans l’Asie. […] Les noms d’Hercule, d’Évandre et d’Énée passèrent donc de la Grèce dans le Latium, par l’effet de quatre causes que nous trouverons dans les mœurs et le caractère des nations : 1º les peuples encore barbares sont attachés aux coutumes de leur pays, mais à mesure qu’ils commencent à se civiliser, ils prennent du goût pour les façons de parler des étrangers, comme pour leurs marchandises et leurs manières ; c’est ce qui explique pourquoi les Latins changèrent leur Dius Fidius pour l’Hercule des Grecs, et leur jurement national Medius Fidius pour Mehercule, Mecastor, Edepol. 2º La vanité des nations, nous l’avons souvent répété, les porte à se donner l’illustration d’une origine étrangère, surtout lorsque les traditions de leurs âges barbares semblent favoriser cette croyance ; ainsi, au moyen âge, Jean Villani nous raconte que Fiesole fut fondé par Atlas, et qu’un roi troyen du nom de Priam régna en Germanie ; ainsi les Latins méconnurent sans peine leur véritable fondateur, pour lui substituer Hercule, fondateur de la société chez les Grecs, et changèrent le caractère de leurs bergers-poètes pour celui de l’Arcadien Évandre. 3º Lorsque les nations remarquent des choses étrangères, qu’elles ne peuvent bien expliquer avec des mots de leur langue, elles ont nécessairement recours aux mots des langues étrangères. 4º Enfin, les premiers peuples, incapables d’abstraire d’un sujet les qualités qui lui sont propres, nomment les sujets pour désigner les qualités, c’est ce que prouvent d’une manière certaine plusieurs expressions de la langue latine. […] Aussi lorsque Tite-Live nous dit en général que les asiles furent le moyen employé d’ordinaire par les anciens fondateurs des villes, vetus urbes condentium consilium , il nous indique la raison pour laquelle on trouve dans l’ancienne géographie tant de cités avec le nom d’Aræ.
Voltaire, le voyant toujours dans cette inaction de la vie privée, et lui-même s’excusant de ne trouver rien de mieux pour tromper les années que de faire des tragédies, lui disait : Mais qu’a-t-on de mieux à faire ? […] Quand vous aurez bâti à Vic, vous trouverez que Vic laisse dans l’âme un grand vide qu’il faut remplir par quelque chose de mieux. […] Voilà mes vœux de cette année ; ils ne sont pas au-dessus de vos forces, et vous trouverez dans votre cœur, dans votre génie, dans votre mémoire si bien ornée, tout ce qui peut rendre cet ouvrage un chef-d’œuvre. […] Vous sentez combien tout cela est ennuyeux et inutile : ainsi, j’attends sans impatience que la bonne compagnie reprenne ses anciens droits ; car je me trouverais fort déplacé au milieu de tous ces petits Machiavels modernes. […] Aussi, quand il voit le pape retarder et opposer sans cesse des délais aux instances des puissances et à celles de l’Espagne en particulier, Bernis, qui trouve quelquefois ces délais excessifs, fait comprendre pourtant à son gouvernement qu’ils sont naturels, et, jusqu’à un certain point, nécessaires.
Directeur de l’Instruction publique, il ne trouvait pas mauvais qu’un de ses discours pour une distribution de prix fût critiqué par un professeur de rhétorique de l’établissement où il l’avait prononcé. […] Ce soir je vais les trouver dans ma chambre ; je ne me coucherai pas sans les avoir lus. […] Anne de Bretagne avait trouvé son pendant à l’autre extrémité de la chaîne, après deux siècles. […] On y trouve des observations très vraies et très bien vues sur le caractère particulier de la Révolution en France, sur la part qu’y eut, plus que l’intérêt même, un amour-propre légitime, et sur ce que cette Révolution est restée chère aux Français, moins encore comme utile que comme honorable. […] Quand on relit aujourd’hui ce petit écrit, on y trouve des idées justes, des vérités et des prévisions en partie justifiées.
Le savant éditeur et commentateur a trouvé moyen de nous rendre la plupart des écrits et de ne pas nous montrer l’homme. […] Il y trouvait non-seulement une conscience, mais une caution du côté de la popularité. […] On trouve, jusque dans ses meilleurs écrits, « des germes qui menacent d’une explosion violente, etc. », et autres légères incohérences dont la langue politique ne se fait pas faute. […] Lanfrey trouve d’une sévérité expéditive et sommaire, n’a fait que rendre l’impression du monde d’alors, du cercle des Royer-Collard et des de Broglie68. […] Il est si usé que c’est aux autres qu’il emprunte les sentiments qu’il ne trouve plus en lui-même.
Ce n’est point pourtant dans les Mémoires de Mme Roland que je trouverais précisément ce rapport de ressemblance entre l’art et la littérature ; ils sont trop courants, trop naturels, trop vivants ; si l’on excepte deux ou trois traits, elle s’y montre plus fille de Jean-Jacques encore que des vieux Romains. […] Cette jeune âme d’abord consternée de son malheur, et qui sur l’arbre où son nid paisible était placé avait senti tomber la foudre, ne trouvait plus de sûreté, ne voulait d’abri et d’asile en définitive que sous l’arbre de la Croix. […] Elle trouvait que l’on faisait la balance trop inégale entre les deux, et que le contraste s’établissait trop aisément par le sacrifice de la moins brillante des deux figures. […] Je sais qu’il y a des personnes qui trouvent cela théâtral ; mais, en vérité, il me semble que l’échafaud est bien réellement un théâtre aussi ; elle ne l’avait pas choisi, il lui échut par le sort ; elle y parut comme il sied, et y joua son personnage d’une manière à la fois aisée, courageuse et supérieure, décente et digne. […] « Après ce grand caractère sont venues les dames de l’Empire, qui pleuraient dans leurs calèches au retour de Saint-Cloud, quand l’Empereur avait trouvé leurs robes de mauvais goût ; ensuite les dames de la Restauration, qui allaient entendre la messe au Sacré-Cœur pour faire leurs maris préfets ; enfin les dames du juste-milieu, modèles de naturel et d’amabilité.
Quelquefois j’arrivais un peu trop tôt, et je trouvais quelque homme ou quelque femme célèbre, achevant la conversation commencée avec la personne qui m’attirait seule, et s’étonnant de la présence de ce mélancolique jeune homme qui saluait respectueusement, mais qui mêlait rarement un mot court et convenable à l’entretien. […] Ni Cicéron ni Bossuet n’auraient trouvé ces beautés. […] « Je m’imagine que les malheureux qui lisent ce chapitre le parcourent avec cette avidité inquiète que j’ai souvent portée moi-même dans la lecture des moralistes, à l’article des misères humaines, croyant y trouver quelque soulagement. […] Cependant ne vous laissez point abattre ; on trouve encore quelques douceurs parmi beaucoup de calamités. […] Mais après avoir passé trente lunes à Saint-Augustin, Chactas fut saisi du dégoût de la vie des cités : « Je dépérissais à vue d’œil : tantôt je demeurais immobile pendant des heures à contempler la cime des lointaines forêts ; tantôt on me trouvait assis au bord d’un fleuve que je regardais tristement couler.
Mais cette œuvre nous conduit vers la fin du premier tiers du xiiie siècle ; à cette date, l’histoire en prose était née : le genre avait trouvé sa forme. […] Après tout, cet abbé des Vaux de Cernay et tous ceux qui pensaient comme lui, n’avaient pas si tort, ce nous semble : Villehardouin a trouvé le biais qui les condamne. […] D’autre part, on n’y trouve ni style, ni goût, ni composition, ni sens de la vie : ce ne sont pas des œuvres d’art. […] Pour d’autres raisons, et particulièrement pour la nouveauté d’un tel caractère dans une telle condition, saint Louis trouva de nombreux biographes. […] Il trouve tout naturel aussi de tricher sur le paiement, et de frustrer les Sarrasins de dix mille livres qu’on leur doit : est-ce péché de tromper les mécréants ?
Il trouve aux portes de la ville la noblesse, le clergé, les officiers de justice, quatre mille bourgeois sous les armes, et conçoit nettement, une fois pour toutes, qu’il n’est point de la même pâte que les autres hommes. […] Nous avons été étonnés de le trouver, après tout, si docile ; mais quelle revanche il prendra ! […] La guerre était évidemment, de tous les travaux humains, celui où ses facultés essentielles et le fond de fougue animale qu’il portait en lui trouvaient le mieux leur emploi. […] « Gassion aussi, dit M. le duc d’Aumale, avait écrit à Mazarin ; dans sa lettre, courte d’ailleurs, il avait trouvé moyen de ne parler que de lui-même. » Voyez-vous percer la malveillance ? […] Du reste, au siège de Thionville, à Fribourg, à Nordlingen, nous ne trouvons plus de ces méchantes querelles à lui faire.
Il ne peut vivre plus longtemps dans une telle inquiétude et veut aller trouver Ricciardo pour lui rendre ce qui lui appartient. […] mon cher époux, je vous en conjure par cette soupe aux choux que je vous fis manger hier et que vous trouvâtes si bonne ! […] En revanche, rien n’est plus français que l’esprit qui anime d’un bout à l’autre le dialogue ; on y trouve le tour naïf et des réminiscences nombreuses de nos conteurs du seizième siècle. […] Molière l’avait déjà employé dans la petite Farce du Médecin volant ; c’était peut-être là qu’il l’avait trouvé : Sganarelle existait peut-être dans l’ancien canevas d’Il Medico volante, au temps où Molière l’avait vu jouer dans le midi de la France, et avant qu’Arlequin, ayant la vogue à Paris, se fût emparé de ce rôle et de tant d’autres. […] On trouvera sans doute que la physionomie qu’il donne à Molière a peu de ressemblance avec celle que lui prête la tradition et que le buste de Houdon a consacrée.
Le paradoxe est flagrant ; mais, à moins d’être borgne, cagneuse ou bancale, une jeune fille ornée de deux millions trouvera cent prétendus pour célébrer sa beauté, sur tous les modes de la flatterie et du madrigal. […] Grattez l’élégance vernie et superficielle de son style, vous trouverez une tendance, à peine contenue, à la panse et à la trogne de la facétie rabelaisienne et je ne sais quelle façon prosaïque et positive d’entendre les choses, peu favorable à l’éclosion de la poésie. […] Cependant, cet incroyable Frantz, qui a la rage de faire cadeau de sa musique aux gens malgré eux, trouve encore moyen de s’indigner parce qu’elle ne veut pas l’accepter, et qu’elle lui envoie un rouleau d’or en échange. […] Il rudoie Spiegel, il boude sa fiancée ; il trouve l’un manant et l’autre bourgeoise ; il donne, tête baissée, dans les pièges à paon que le baron et la margrave tendent à sa gloriole remplumée. […] Vous trouverez des matelots hollandais qui marcheront sur le crucifix pour entrer au Japon ; Vous ne trouverez jamais un grand artiste qui consente à fouler aux pieds sa lyre, sa plume, son ciseau, sa palette, quand ce serait pour entrer dans le palais des Césars.
Victor, duc de Broglie, celui dont nous parlons, né en novembre 1785, petit-fils du maréchal de Broglie, descend d’une race toute guerrière, dans laquelle on distinguait des gens d’esprit, dont quelques-uns ont eu un nom dans la diplomatie ou dans l’Église ; mais il ne s’y trouverait aucun philosophe ni écrivain proprement dit. […] Le monde nouveau, la famille dans laquelle il entrait, le trouva singulièrement disposé à élever son libéralisme d’un cran si je puis dire, à lui trouver des raisons plus fines, plus neuves, plus distinguées, plus d’accord avec l’idée morale qu’on s’y faisait de la nature humaine. […] — Mais nous trouverions surtout de ces exemples d’ironie prolongée et prenant l’accent d’un haut dédain, dans les discours prononcés par M. de Broglie quand il fut au pouvoir après 1830, et surtout dans les luttes de 1835. […] Je trouve maint beau mot, mainte belle pensée chez M. de Broglie, mais on n’a pas toujours l’espace et la place pour les regarder. […] Ce double dédain est rare et lui semble facile ; c’est ici qu’on pourrait trouver que la hauteur de cœur et un reste de hauteur de race se confondent en lui.