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533. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 530-531

Non seulement ce Poëte, aussi élégant que lumineux, détruit, par des raisonnemens simples & convaincans, le systême du Partisan d’Epicure, en se servant de tout ce que la Physique, la Morale & la Métaphysique ont de plus positif & de moins contesté ; mais encore sa touche, également vive, pénétrante, ingénieuse, & fleurie, ajoute à ses raisons un charme secret, qui porte dans les ames raisonnables le plaisir avec la conviction.

534. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 357-358

Touche, [Claude Guymond de la] né en 1726, mort à Paris en 1760.

535. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Dans la nuit claire-obscure, une flamme bleue, sans blesser ce qu’elle touche, çà et là danse et parcourt en zig-zag tous les points de l’horizon fantastique ; les fleurs en feu s’éteignent, se rallument ; des esprits chuchotent dans le vent, et les montagnes se dressent, vagues formes vacillantes, dans le clair de lune indécis : c’est l’image de la poésie romantique122. […] Le domaine de la satire touche de très près au domaine de Cornus ; l’épigramme en marque la frontière.

536. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

La probité et la modestie de l’auteur touchaient ; on souffrait de voir un ouvrier si appliqué ne réaliser qu’à demi ; on l’aidait d’un rêve sympathique et l’esprit du lecteur achevait l’œuvre. […] Dans Le Tout-Pourri, par exemple, où il touche à des choses qu’il ne connaît pas mieux que nous, il se manifeste un des mille maladroits qui, d’un geste avide et ridicule, cherchent le scandale.

537. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Il fallait, pour toucher le fond du plaisir du beau, remonter aux perceptions mêmes, aux états perceptifs de la vue ou de l’ouïe, lesquels sont agréables ou désagréables selon la nature et le degré de l’excitation. […] Relisant le livre, évoquant le tableau, faisant résonner à son esprit le développement sonore de la symphonie, l’analyste, considérant ces ensembles comme tels, les restaurant entiers, les reprenant et les subissant, devra en exprimer la perception vivante qui résulte du heurt de ces centres de force contre l’organisme humain charnel, touché, passionné et saisi4. » Et enfin (p. 217), « saisissant ainsi des intelligences telles quelles, les analysant avec une précision et une netteté considérables et les replaçant ensuite par une minutieuse synthèse dans leurs familles, leurs patries, leurs milieux, l’esthopsychologie, un ensemble d’études particulières de cette science, sont appelés à vérifier les plus importantes théories de ce temps sur la dépendance mutuelle des hommes, sur l’hérédité individuelle, sur l’influence de l’entourage physique et social ».

538. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

… Un éloge adroitement et captieusement touché de la société du xviie  siècle, exaltée dans sa préface au point de vue de cette égalité qui est l’idée fixe et le tourment de la société d’aujourd’hui, nous donne à croire que, si Tallemant des Réaux avait été d’une condition plus relevée, il aurait moins intéressé son annotateur. […] Touché et séduit par l’idée qu’il eût pu, s’il avait vécu de son temps, étaler ses aiguillettes et ses canons à côté de la robe bouffante de madame de Fiesque ou de la marquise de Sablé, Paulin Paris n’a pas un mot profond, grave et vrai, sur ce xviie  siècle qui attend toujours son juge, et qui, pour des raisons diverses, impose à tant de gens, tous plus ou moins compromis dans cette conspiration contre l’Histoire qui dure depuis deux cents ans et que de Maistre a dénoncée, mais sans pouvoir la faire condamner.

539. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Elle restera parce qu’avant lui personne n’avait songé à l’écrire, et surtout, surtout, parce qu’elle touche intimement à un homme bien plus grand encore que la femme qu’elle nous fait connaître, un homme envers qui l’Histoire, en France, a honteusement manqué de justice. […] La peur de l’absolu, qui a fait se taire Villemain devant cette figure surnaturelle de Grégoire à laquelle il ne touchera pas (et ce livre-ci nous en console), la peur de l’absolu a-t-elle troublé un esprit fait pour le regarder sans en pâlir ?

540. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

C’est là que Chamfort a souvent visé sans toucher ; esprit forcené plutôt que juste. […] Ils voient dans leur naissance un malheur et non pas un titre, et ils le confessent avec une simplicité qui a sa noblesse et qui nous touche.

541. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Il touchait presque au paradoxe, cette crânerie détestée de tous les poltrons intellectuels, et ils ne l’avaient pas lapidé… au moins par derrière ! […] On n’avait pas montré à ses ouvrages ce dédain et cette hostilité qu’on a pour tous les livres forts dans ce monde quand ils touchent à des idées faites ; car l’homme n’aime pas plus à être dérangé dans son esprit que dans son corps.

542. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Pour ma part, j’aime ces Centaures intellectuels, moitié savants, moitié artistes, et M. d’Héricault en est un… D’une main alerte et compétente, il a touché à une foule de sujets, même au roman. […] Ceux-là tous qui ont touché à ce baril de poudre de la Révolution française en ont ressenti l’explosion, dans leurs facultés.

543. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Armand Carrel » pp. 15-29

Il faut être Camille Desmoulins, l’André Chénier du journalisme révolutionnaire, qui en a l’iambe en prose et la langue souple, pure comme un camée, parfumée d’antiquité et quelquefois de mélancolie, pour qu’on puisse toucher sans dégoût ou sans indifférence aux haillons du Vieux Cordelier. […] Armand Carrel n’est sérieusement ni un penseur, ni un écrivain, ni un esprit politique, ni un historien, quoique une fois dans sa vie il ait touché à l’histoire, à ces pierres d’un passé en ruines qui nous écrasent quand nous voulons les détacher pour les jeter à nos ennemis.

544. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Ces quatre biographies, qui ne peuvent pas être justes, avec les opinions de l’auteur, ne manquent ni d’intérêt ni même de piquant, non dans le fond des choses et des jugements, qui sont, excepté sur l’un d’eux (Béranger), de la plus profonde pauvreté, mais dans la manière dont elles sont touchées. […] sans être atroce… Pour ce qui est de l’Inquisition, de Maistre n’a touché ce sujet que de l’extrémité de sa plume, au lieu de le prendre carrément à pleine main.

545. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

pour que cette publication se produise en paix et s’impose à la Critique comme un sentiment auquel le respect défende de toucher ? […] Ces illusions touchent au comique, mais, encore une fois, était-ce à des amis à nous les révéler ?

546. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

… Benjamin Constant, qui a traduit le Wallenstein, qui parlait allemand et qui s’est marié en allemand à une femme de grande maison allemande, Mademoiselle Charlotte de Hardenberg, Benjamin Constant, dont la nerveuse inconsistance toucha un jour à la trahison politique, fut, de nature et de mœurs, le plus agité et le plus étourdi des Français. […] Il y eut un homme à genoux et plus bas qu’à genoux, qui se mit à demander la charité de l’amour avec des implorations et des éloquences à fondre de pitié des pierres, mais qui ne touchèrent pas ce doux caillou lisse de l’âme de Madame Récamier.

547. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

dans une doctrine qui touche par un seul point à celle de Calvin, mais qui y touche, Pascal a su être un grand poëte.

548. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Par cela même qu’un sujet a moins d’étendue, tout homme intelligent qui y touche le creuse davantage. […] Embarras qui me touche, que j’épouse et que je partage, mais non tout entier, et à la manière paternelle.

549. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

Il y a là, dans cette publication de chez les frères Garnier, huit à dix volumes qui ne sont que la fleur d’un panier très plein et très profond, dans le fond duquel je ne plongerai pas mes mains indignes, mais je me permettrai de toucher, sans appuyer, au velouté de toute cette fleur. […] Tout ce qu’il touche, il le fleurit !

550. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Renan avait mis la main sur le sujet le plus scandaleux qu’on pût toucher, dans un pays qui avait plus de quinze cents ans de Christianisme dans la poitrine et qu’il fallait en arracher ! […] je n’y toucherais pas s’il ne s’agissait de donner l’idée exacte du temps présent par une de ses publications, et si je ne voyais derrière M. 

551. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Pour ma part, il est dans notre histoire de France deux grandeurs auxquelles je défends à toute plume qui n’est pas catholique de toucher, et c’est précisément ce saint Louis sur lequel Guizot vient de mettre sans façon sa main protestante, et Jeanne d’Arc ! Évidemment, toute plume catholique n’est pas digne, par cela seul qu’elle est catholique, de toucher à ces deux êtres surnaturels, mais toute plume qui ne sera pas catholique s’y brisera.

552. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Ôtez le sexe à son talent, le sexe qui, pour tant d’esprits, en fait le charme ; ôtez la touche de la maternité qui retentit si longuement dans ses vers, gémissante, pure et sonore ; ôtez l’amour, l’amour des femmes, éternellement victime et qui veut l’être, entêtement et banalité de ces incroyables cœurs, et vous n’avez plus là, sous le nom de Valmore, qu’un de Musset moins spirituel, moins fringant, moins joli garçon et surtout moins coupable, et un Lamartine, devenu ruisselet, au lieu d’avoir l’abondance et l’ampleur qu’il a, ce grand fleuve de mélancolie ! […] Enfin faites tant et si souvent l’aumône, Qu’à ce doux travail ardemment occupé, Quand vous vieillirez, — tout vieillit, Dieu l’ordonne, —  Quelque ange en passant vous touche et vous moissonne Comme un lis d’argent pour la Vierge coupé !

553. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme de Girardin. Œuvres complètes, — Les Poésies. »

Avant 1828, en effet, Mme Delphine Gay ressemble infiniment à ce que fut, vers le même temps, Mme Desbordes-Valmore, qui a fini par toucher son idéal dans une pureté d’éther. […] Parmi les poèmes qu’elle a laisses, deux surtout me frappent ; Magdelaine, d’une largeur de touche étonnante avec la tendresse du sujet, et parfois d’une vigueur d’invention encore plus étonnante pour un cerveau de femme, dont le destin est d’imiter, et Napoline, poëme personnel publié, il est vrai, en 1833, à l’époque où Mme Delphine Gay était devenue Mme Émile de Girardin, mais qui fut composé, croyons-nous, lorsqu’elle était jeune fille, et dans lequel, d’ailleurs, si elle ne l’était plus, elle exprimait des sentiments de jeune fille pour la dernière fois.

554. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Ch. Bataille et M. E. Rasetti » pp. 281-294

Sujet épouvantable, qu’il fallait toucher avec les mains pures, passées au charbon d’Isaïe, d’un artiste consommé. […] J’en connais deux parmi ces quatre, et je vous jure que le pouls y bat trop vite, que le sang les infiltre trop, que la passion y met des tremblements trop convulsifs pour avoir cette domination et cette sûreté des mains pures qu’ont les grands artistes, quand ils touchent à des sujets ardents et fangeux.

555. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Introduction »

Sentiment ou principe, notion confuse et enveloppée ou claire et expliquée, ce sera toujours un « préjugé » qui nous dictera la solution : c’est-à-dire que pour mesurer la valeur d’une formule égalitaire, nous la rapportons à un certain idéal général que nous avons une fois admis, et qui nous sert de pierre de touche pour discerner les qualités estimables ou blâmables, les actions prescrites ou interdites. […] Pour que cette science fût totale, il y aurait lieu de chercher dans les sens les plus différents les antécédents de l’égalitarisme : seules des recherches multiples, poussées de tous les côtés, nous en livreraient l’explication « exhaustive » ; toutes les sciences qui, directement ou indirectement, touchent aux phénomènes sociaux auraient sans doute leur mot à dire.

556. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Seulement, quoiqu’on soit touché de la constance d’affection de Mathieu de Montmorency pour cette Béatrice, on est un peu lassé de cette éternelle litanie d’un prêcheur de trente ans qui termine chacune de ses lettres par un signe de croix sur un souvenir de femme. […] « Faites tout ce qu’il y a de bon, d’aimable, ce qui ne brise pas le cœur, ce qui ne laisse jamais aucun regret ; mais, au nom de Dieu, au nom de l’amitié, renoncez à ce qui est indigne de vous, à ce qui, quoi que vous fassiez, ne vous rendrait pas heureuse. » XI Ce langage d’un directeur spirituel touchait la jeune femme du monde, parce qu’elle était assez clairvoyante pour lire entre les lignes ce que l’ami se cachait à lui-même ; mais elle jouait avec le feu de l’autel, elle ne s’en laissait pas consumer. […] Trois mois se passèrent dans les enchantements d’une passion dont madame Récamier était vivement touchée, si elle ne la partageait pas. […] XXVIII M. de Chateaubriand est à Vérone, caressé, admiré, enivré de l’accueil des empereurs, des rois, des ministres ; il a emporté l’intervention française en Espagne, il touche de l’œil au ministère, sans trop de scrupule d’en précipiter son ami Mathieu de Montmorency. […] Que nos lecteurs nous pardonnent ; nous touchons aux meilleures pages du cœur et du génie de M. de Chateaubriand.

557. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Rien ne l’a plus touché, dit-il, dans cette apologie, que d’être qualifié par Arnauld du titre d’ami. […] Comment s’y conduire, soit pour les éviter, soit pour ne pas les envenimer ; par quelles illusions nous confondons la vérité avec notre intérêt ; par quel sophisme de la vanité, croyant ne faire que redresser notre prochain, nous l’opprimons ; dans quelle mesure doit-on résister ou déférer aux opinions établies, respecter les personnes d’autorité ou ceux qu’elles, accréditent, prétendre à la créance des autres ; quels sacrifices nous conseille notre intérêt bien entendu, et nous commande la charité chrétienne : voilà les points que touche Nicole, et sur lesquels il n’est pas d’esprit droit qui ne soit d’accord avec lui. […] La gloire de bien écrire ne paraît point le toucher, et il songe bien moins à ce qu’on dira de lui qu’au dommage que pourrait souffrir la vérité de l’insuffisance de l’écrivain. […] Dans la jeunesse on n’est touché que des pensées extraordinaires et surprenantes, et l’on dispute beaucoup du style, qui est la partie la plus apparente des écrits. […] C’est principalement à ces deux ouvrages que Saint-Simon fait allusion, à l’endroit de ses Mémoires où, parlant de la dispersion de Port-Royal par l’influence des jésuites, il loue ces « saints solitaires illustres que l’étude et la pénitence avaient assemblée à Port-Royal, qui firent de si grands disciples, et à qui les chrétiens seront à jamais redevables de ces ouvrages fameux qui ont répandu une si vive et solide lumière pour discerner la vérité des apparences, le nécessaire de l’écorce, en faire toucher au doigt l’étendue si peu connue, si obscurcie, et d’ailleurs si déguisée ; pour développer le cœur de l’homme, régler ses mœurs…74 » Cet éloge comprend tout en quelques paroles, le mérite des personnes, celui de la communauté, les grands exemples qu’ils ont donnés, les traditions qu’ils ont laissées, ce qu’ils ont réglé, ce qu’ils ont inventé.

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