. — Dans la troisième section, je traiterai des raisons qui détournent la plupart des hommes de se borner à l’enceinte des petits États, où la liberté démocratique peut exister, parce que là les passions ne sont point excitées par aucun but, par aucun théâtre propre à les enflammer. […] Si l’âme doit être considérée seulement comme une impulsion, cette impulsion est plus vive quand la passion l’excite ; s’il faut aux hommes sans passions, l’intérêt d’un grand spectacle, s’ils veulent que les gladiateurs s’entredétruisent à leurs yeux, tandis qu’ils ne seront que les témoins de ces affreux combats, sans doute il faut enflammer de toutes les manières ces êtres infortunés, dont les sentiments impétueux animent, ou renversent le théâtre du monde ; mais quel bien en résultera-t-il pour eux, quel bonheur général peut-on obtenir par ces encouragements donnés aux passions de l’âme ?
Surtout quel théâtre, quel champ d’observations que cet hôtel de Condé, que ce Chantilly, où tout ce qui comptait en France défilait devant les yeux du philosophe et du peintre ! […] Dans les chapitres de la tragédie et de la comédie, il parle du théâtre très librement, avec une réelle largeur d’esprit pour un archevêque : je le juge un peu sévère dans sa critique de nos tragédies où il trouve trop de pompe, des sentiments faux, de la fade galanterie, et un abus monotone des peintures de l’amour ; mais il est à noter qu’il admet Phèdre, et ne blâme qu’Aricie et Hippolyte ; au fond, il a raison dans son goût pour la vérité humaine et la pure passion des tragédies antiques.
Ferdinand Fabre quelque chose de très particulier : ses personnages, qui sont des prêtres ou des paysans primitifs ; le théâtre de l’action, un âpre canton des Cévennes, une petite ville ecclésiastique à deux cents lieues d’ici ; sa manière enfin, qui rappelle celle de Balzac et dont s’est déshabitué le roman contemporain. […] Partout ailleurs, les prêtres qu’on a mis au théâtre ou dans le roman, se ramènent à deux types, l’un et l’autre de vérité très superficielle, sinon de pure convention : le mauvais prêtre aux allures de Tartufe, souvent incroyant, toujours hypocrite, tantôt cupide et tantôt débauché, le prêtre comme se le représentent deux cent mille électeurs à Paris, l’homme noir, et, pour tout dire en un mot, le jésuite ; et, d’autre part, le bon prêtre, charitable, tolérant, indulgent, bon vivant à l’occasion, volontiers libéral et républicain, bref, le curé de Béranger et du Dieu des bonnes gens.
Le théâtre de l’esprit encyclopédique, ce sont les salons, — je ne veux pas dire les cafés, invention du dix-huitième siècle ; — ce sont ces salons présidés par des Phrynés honoraires, où, sous prétexte de chercher les principes nouveaux, on se débarrassait des devoirs ; où, dans le plus grand relâchement des mœurs, on poursuivait la destruction des abus ; où, croyant s’éclairer, on ne faisait guère que s’entre-corrompre. […] Aussi, quel ne fut pas le soulagement de tous ceux que n’avait pas atteints la propagande encyclopédique, à la lecture d’un livre qui faisait rentrer la Providence dans le monde, et l’âme dans la nature redevenue le théâtre de la création intelligente, où chaque chose raconte la fin pour laquelle elle a été créée !
Il s’est glissé, en spectateur, sinon en acteur, sur le théâtre du monde de plaisir. […] A tort ou à raison, un jeune homme se débattant, comme un beau diable, contre les avances d’une femme éprise, fait, au théâtre, une piteuse figure.
Elle sait la musique parfaitement, elle chante avec toute la gaieté et tout le goût possible, sait cent chansons, joue la comédie à Étiolles, sur un théâtre aussi beau que celui de l’Opéra, où il y a des machines et des changements… La voilà au vrai telle qu’elle était avant Louis XV. […] Mme de Pompadour avait une belle bibliothèque, très riche surtout en matière de théâtre, une bibliothèque en grande partie composée de livres français, c’est-à-dire de livres qu’elle lisait, la plupart reliés à ses armes (trois tours), et quelquefois avec de larges dentelles qui ornent les plats.
On a une brochure, alors imprimée, de lui, où il raconte par le menu et où il décrit les pompes et solennités touchantes dont la ville de Pontarlier fut le théâtre en cette occasion, et le repas donné aux notables du lieu par M. de Saint-Mauris, et les courses, de bague, vieil usage légué par les Espagnols, et les soixante bourgeois qui s’étaient formés en un corps de dragons volontaires, et les devises et les illuminations, enfin tout un bulletin naïf et sentimental. […] Ou plus loin qu’ils le virent, le cocher, chef de la bande, dit à la marquise : « Vous voyez bien, madame, qu’il y avait quelqu’un. » Mais Mirabeau vient à leur rencontre d’un air à les faire repentir de leur obstination ; et voilà que commence une de ces scènes de haute comédie et de théâtre où il était passé maître : « Que venez-vous chercher ici ?
Il ne croit point aux ouvrages parfaits, surtout au théâtre ; il lui suffit que les beautés rachètent libéralement les défauts : C’est, dit-il, l’équitable appréciation de ces beautés et de ces défauts qui est l’objet de la bonne critique.
Une des sources les plus fécondes de la bouffonnerie grotesque, dont le théâtre contemporain a donné de si éclatants modèles, c’est précisément la comparaison des idées particulières, des circonstances purement locales et individuelles, en un mot la comparaison des incomparables.
Et les personnages, se figurait-on, vivraient d’une vie différente de celle des autres hommes : leur extase dissiperait nos pauvres, mais si passionnantes psychologies ; et même au théâtre on rêvait un poème brûlant où éclaterait seul le génie du poète des Villes tentaculaires reprenant ses lointaines évocations de Moines… On se trompait.
Tel est le point de vue original de cet écrivain, tel que chacun peut le vérifier dans son œuvre : dans ses chroniques et ses critiques ; dans ses romans : Mal éclos, histoire d’un répétiteur, — Une belle journée, poème des adultères ratés, roman en trois cents pages dont l’action dure six heures, petit chef-d’œuvre de psychologie bourgeoise, — la Saignée, intéressante évocation des laideurs secondaires du Siège de Paris ; dans son théâtre : mise en drame de Renée Mauperin, — La Pêche, une ironique pochade, — Les Résignés, sa maîtresse œuvre, d’une valeur suprascénique, un oratorio philosophique.
Des chroniques insérées çà et là, dans les feuilles publiques, des pièces représentées dans différents théâtres, ont soulevé autour de son nom une certaine agitation.
Ajoutez la vie mondaine, les salons, les cafés, les théâtres, les concerts, les fêtes publiques, les voyages.
Par exemple, est-il dans la règle de ne pas faire sentir, ou de prononcer avec affectation en chaire, au barreau & sur le théâtre, le s final des noms, & le r final des verbes dont l’infinitif est terminé en er ou en ir, sous prétexte que cette pratique donne plus de dignité & d’énergie à la prononciation ?
Les monuments ordinaires reçoivent leur grandeur des paysages qui les environnent ; la religion chrétienne embellit au contraire le théâtre où elle place ses autels et suspend ses saintes décorations.
Marionnette d’une coterie d’abord, il le devint de sa propre vanité, et il se crut, par le bruit et l’éclat, un météore et un tonnerre, mais son éclair était, comme au théâtre, du phosphore, et son tonnerre, des feuilles de fer blanc !
Car nous sommes sortis du moule des anciens et nous en portons la marque : or, les anciens, excepté au théâtre, ne savaient pas rire.
Romancier, critique, écrivain de théâtre, il a éparpillé quelquefois magnifiquement un talent poétique, fait essentiellement pour le vers, ce despote heureux de sa pensée ; puis, dans un effort suprême, lui, le poète de l’effort, il s’est ramassé en un volume, d’une condensation souveraine, qui résume son genre de talent avec une incroyable énergie, mais qui n’en est pas peut-être l’expression dernière et l’infranchissable limite.
Le Manfred, tout merveilleux qu’il soit, pourrait Être joué, et dans la pensée de Byron, quand il l’écrivait, il supposait un théâtre, tandis que dans la pensée de M. de Laprade les Idylles héroïques sont de la poésie lyrique au premier chef.
Il l’a eu tout de suite, dès son premier poëme, dès sa première pièce de théâtre, comme M.
Et cependant, il n’y a pas d’autre façon de l’entendre : les Aventures parisiennes sont à peine des faits extérieurs ; ce sont des sentiments qui rident ou agitent les surfaces de l’existence, puisqu’on en souffre et qu’on en meurt : mais ce sont des sentiments dont l’âme est le théâtre encore plus que la vie, en ces récits qui semblent profonds et qui sont à peine appuyés !
« Oui, — dit-il en régentant le Bas-bleu voyageur et irrespectueux, — on tue et on sale beaucoup de porcs à Cincinnati, et c’est pour cela qu’au bout d’un demi-siècle il y a au bord de l’Ohio, au lieu de sauvages qui scalpaient les navigateurs, une ville de cent mille âmes, des églises, des écoles, des théâtres, et même un observatoire !
Gœthe, à Francfort, lisait à haute voix dans un cercle d’amis la grande nouveauté du jour et transformait en pièce de théâtre l’épisode dramatique de Clavijo, extrait du quatrième mémoire. […] Il n’y en a pas de plus célèbre dans les annales du théâtre. […] Si l’on excepte ce qui s’est produit au théâtre, dans les revues et dans les journaux, elle est à peine connue de la masse du public lettré. […] Il foudroie quelque part avec une sainte colère les farces de nos petits théâtres et il dit qu’en sortant de là il fait bon de regarder la Seine lente et noire couler en silence sous les vieux ponts. […] Pour caractériser d’une phrase les arts contemporains, peinture, musique et poésie, roman et théâtre, critique et journalisme, je dirai qu’ils agissent beaucoup sur les nerfs et très peu sur la raison.
En partant du principe intérieur, et prenant l’âme pour théâtre de l’observation, on n’arrive point à sa relation avec les objets extérieurs à la sensation : et quelque loin qu’on pousse la connaissance de l’action des objets extérieurs, considérés comme réels, on ne saurait dire comment une sensation devient une pensée. […] Il essaya de renouveler le théâtre, et protesta contre les règles établies. […] Cette marche est plus conforme à la nature ; elle est aussi plus morale, puisqu’elle représente la vertu, non pas sur un théâtre élevé au-dessus de la vie commune, mais de niveau avec le sol où nous vivons, et susceptible d’une application journalière et habituelle. […] Le théâtre était alors la branche de littérature où la décadence se faisait le plus sentir ; elle exige plus que toute autre une imagination vive et des sentiments vrais. […] Quel déplorable spectacle : une nation qui adopte un tel organe pour ses opinions, un tribunal dans le sein duquel Aristophane établit son théâtre pour y livrer à la risée publique des magistrats qui, par malheur, sont dignes de ce traitement ; et, ce qu’il y a de plus triste, un gouvernement qu’on ne saurait ni plaindre, ni excuser !
Elle ne prouve pas la valeur intrinsèque de l’ouvrage : livre ou pièce de théâtre, mais elle décèle un certain état d’esprit chez le lecteur et le spectateur. […] Aujourd’hui, c’est le conflit entre la Fédération des spectacles et les directeurs de théâtre. Dans l’un et l’autre domaine, celui du livre et celui du théâtre, de quoi s’agit-il ? […] L’État serait autorisé à percevoir un droit sur toute réédition d’un volume, sur toute représentation d’une pièce de théâtre, tombés dans le domaine public. […] Il n’en reste pas moins que l’effort pour établir cette dictature peut porter aux sociétés qui en seraient le théâtre des coups redoutables.