Il en résulte une sorte de disproportion qui déconcerte bien un peu, mais avec laquelle on se raccommode quand on est fait à l’air et aux façons de ce guide supérieur. […] Esprit supérieur lui-même et ami de la vérité, mais ami ambitieux, et bien moins à l’abri que Fontenelle des intempéries et des contagions de son temps, Condorcet a ses propres idées qu’il ramène trop complaisamment à travers l’exposé qu’il fait de celles des autres. […] Voilà l’idée vraie du genre exprimée avec modestie par un homme supérieur qui s’y est lui-même exercé.
Mais ce qui est à côté les trahit, et ne les montre que comme d’heureux hasards ou comme des jeux d’une rhétorique supérieure. […] D’ailleurs, la nature supérieure et d’elle-même généreuse de M. de Lamartine se fait jour dans l’impartialité de quelques appréciations : il rend à Marmont, duc de Raguse, la justice qui lui est due pour sa défense de Paris, et il le lave du reproche de trahison en déterminant la part d’erreur et de faiblesse, commune alors à bien d’autres moins accusés. […] La seule partie supérieure des Histoires de M. de Lamartine, et qu’il serait injuste d’y méconnaître au milieu de tout ce qu’on y rencontre d’inexact et de défectueux, c’est le sentiment vif des situations générales, l’esprit en quelque sorte des grandes journées et des foules, cet esprit que le poète encore plus que l’historien embrasse et qu’il recueille en son âme, avec lequel il se mêle et se confond, et dont il excelle à tracer en paroles émues, et comme en ondes vibrantes et sonores, les courants électriques principaux.
Mais, si disposés que nous soyons à saluer et à honorer ce qui cesse, n’oublions jamais cette loi supérieure des choses : pas un individu n’est essentiel ici-bas, pas une génération n’est indispensable ; la nature est féconde, et après les pertes les plus senties, et les plus irréparables ce semble, tout reprend bientôt et tout recommence. […] Pourquoi lui ou quelqu’un de ses autres collègues n’a-t-il pas réalisé ce vœu si noble et si simple, si original, et si supérieur à tout ce qu’une demi-politique pouvait y opposer ? […] Cousin voulait moins encore exposer quelques doctrines consolantes et désirables pour l’esprit humain, et nous énumérer les ambitieuses chimères des philosophes, que faire prévaloir à son tour une école de plus, laquelle, au milieu de ses vues supérieures, avait aussi sa part d’ambition et de chimère.
Pour nous en tenir au simple sommaire, Beaumarchais est informé que de ses deux sœurs établies depuis longtemps en Espagne, la cadette, celle qui n’est pas mariée, a deux fois été près de l’être à un homme d’esprit, employé supérieur à Madrid, Clavico, qui deux fois a faussé sa promesse. […] On peut voir, dans la correspondance de Voltaire, l’impression et le reflet de cette lecture chez un esprit supérieur et de la même famille, qui revient de ses préventions : ce qui arriva là à Voltaire en faveur de Beaumarchais dut arriver également à tout le monde : J’ai lu, écrivait-il, à d’Argental, tous les Mémoires de Beaumarchais, et je ne me suis jamais tant amusé. […] dites si vous avez jamais vu autre chose en moi qu’un homme constamment gai ; aimant avec une égale passion l’étude et le plaisir ; enclin à la raillerie, mais sans amertume ; et l’accueillant dans autrui contre soi, quand elle est assaisonnée ; soutenant peut-être avec trop d’ardeur son opinion quand il la croit juste, mais honorant hautement et sans envie tous les gens qu’il reconnaît supérieurs ; confiant sur ses intérêts jusqu’à la négligence ; actif quand il est aiguillonné, paresseux et stagnant après l’orage : insouciant dans le bonheur, mais poussant la constance et la sérénité dans l’infortune jusqu’à l’étonnement de ses plus familiers amis.
Je ne voudrais pas le voir seulement comparé et balancé avec Bossuet ; je voudrais qu’on me le mît à part comme un homme de premier rang, qui est avant tout lui-même ; je voudrais que l’on me dît que, dans cette science noble et excellente qu’on appelle la politique, Montesquieu n’est pas seulement le premier dans son siècle, mais l’un des premiers dans tous les siècles, et qu’Aristote excepté, il n’a ni supérieur ni égal. […] Mais nous croyons en même temps qu’il y a bien des places dans la maison du Seigneur ; qu’un certain classique n’est pas tout le classique ; que le parfait a toujours quelque imperfection qui permet de concevoir un autre genre de parfait ; que, par exemple, le classique du xviie siècle n’est qu’une forme de classique qui n’est pas sans défaut ; qu’on pourrait soutenir très-fortement que le classique grec lui est supérieur, et peut-être aussi que le classique anglais ou allemand (si l’on peut employer une telle expression) lui est égal ; que, pour comparer en toute justice ces différents genres de chefs-d’œuvre, il faudrait lire Goethe et Shakespeare avec la même préparation que nous lisons Racine ou Corneille : il faudrait se faire Anglais ou Allemand, tandis qu’il nous est si facile d’être Français. […] N’indiquerait-il pas précisément par où Homère et Pindare, Démosthène et Platon sont supérieurs même à Racine, même à Bossuet ?
Ce que les auteurs mettent sous nos yeux, ce sont êtres qui, ou sont dans la moyenne de l’humanité, ou s’en écartent en étant supérieurs ou inférieurs à elle, mais doivent lui ressembler et sont de purs monstres d’imagination s’ils ne lui ressemblent pas. […] Il ne doute point qu’il n’ait une âme de qualité supérieure, une âme nourrie du miel d’Hymette. […] Il se sent par là d’une classe un peu supérieure au reste de l’humanité.
Ce n’est pas l’enthousiasme, la noblesse, ni l’élégance qui caractérisent le génie de sa Muse : Santeuil, son devancier, lui est infiniment supérieur à tous ces égards : mais le Recteur de l’Université a pour partage le nombre, la douceur, & quelquefois le sentiment.
On a soupçonné cette ruse sur des finesses de détails supérieurs à la patience la plus longue, et à l’étude de la nature la plus minutieuse.
C’est là que se réunit le Conseil Supérieur qui élabore le programme des études. […] Aucun Janséniste de bataille, Pascal excepté, n’est supérieur aux polémistes de la compagnie. […] Ainsi il donne à son produit une marque supérieure et qui en augmente le prix. […] La morale devient la floraison naturelle d’un grand esprit et la religion la forme supérieure de la raison. […] Ni le paradis chrétien ne peut convenir à la partie supérieure de l’humanité, ni le paradis socialiste.
C’était une résolution et une gageure d’être distingué, comme on aurait dit soixante ans plus tard ; d’être supérieur, comme on dirait aujourd’hui : on disait alors précieux. […] La Grâce a rétabli ce que le monde ne lui pouvoit rendre. » Autant, dans la Fronde, on voit Mme de Longueville supérieure, comme esprit, à Mme de Montbazon par exemple, ou à Mlle de Chevreuse (ce qui est trop peu dire), ou même à Mademoiselle, autant elle reste inférieure à son amie la princesse Palatine, véritable génie, ferme, ayant le secret de tous les partis, et les dominant, les conseillant avec loyauté et sang-froid ; non pas l’aventurière, elle, mais l’homme d’État de la Fronde. « Je ne crois pas que la reine Elisabeth ait eu plus de capacité pour conduire un État, » dit Retz. […] Sa tante, veuve de M. de Montmorency, était supérieure de ce monastère. […] Elle était proprement de ces esprits fins que Pascal oppose aux esprits géométriques, de ces « esprits fins qui ne sont que fins, qui, étant accoutumés à juger les choses d’une seule et prompte vue, se rebutent vite d’un détail de définition en apparence stérile, et ne peuvent avoir la patience de descendre jusqu’aux premiers principes des choses spéculatives et d’imagination, qu’ils n’ont jamais vues dans le monde et dans l’usage. » Mais, géométrie à part, l’usage même, le monde et son coup d’œil, sa finesse et ses élégances, le sang de princesse dans toutes les veines, une âme féminine dans tous ses replis, cette vocation, ce point d’honneur de plaire qui est déjà une victoire, de belles passions, de grands malheurs, une auréole de sainte en mourant, l’entrelacement suprême autour d’elle de tous ces noms accomplis, de Condé, de La Rochefoucauld et de Port-Royal, cela suffit à composer à Mme de Longueville une distinction durable, et lui assure dans la mémoire française une part bien flatteuse, que nul renom d’héroïne ne surpasse, que nulle gloire, même de femme supérieure, n’effacera. […] Il est un seul point sur lequel je lui demanderai la permission de ne pas le suivre, c’est lorsqu’il veut faire décidément de Mme de Longueville un esprit fort supérieur pour la trempe à Mme de La Fayette.
VII Quant à la souveraineté, c’est-à-dire à ce pouvoir légitime qui régit avec une autorité sacrée les empires, Rousseau la place, la déplace métaphysiquement ici ou là, dans un tel labyrinthe d’abstractions, et lui suppose des qualités tellement abstraites, tellement contradictoires, qu’on ne sait plus à qui il faut obéir, et contre qui il faut se révolter ; tantôt lui donnant des limites, tantôt la déclarant tyrannique ; ici la proclamant indivisible, là divisée en cinq ou six pouvoirs, pondérés, fondés sur des conventions supérieures à toute convention ; collective, individuelle, existant parce qu’elle existe, n’existant qu’en un point de temps métaphysique que la volonté unanime doit renouveler à chaque respiration ; déléguée, non déléguée, représentative et ne pouvant jamais être représentée ; condamnant le peuple à tout faire partout et toujours par lui-même, lui défendant de rien faire que par ses magistrats ; déclarant que le peuple ne peut jamais vouloir que le bien, déclarant quelques lignes plus loin la multitude incapable et perpétuellement mineure. […] Ce but supérieur à la grossière satisfaction en commun des besoins physiques, cette dignité de plus, cette moralité de plus, ce spiritualisme social de plus, c’est l’âme de l’humanité cultivée par la civilisation, résultant de cette société. […] L’une a pour but de bien brouter la terre, en tirant chacun à soi la plus large part de la nappe terrestre ; l’autre a pour but de nourrir le corps, sans doute, par la loi impérieuse du travail, mais elle a un but supérieur : élever l’âme du peuple par la pensée de Dieu, par la piété envers Dieu, par le dévouement envers ses semblables, jusqu’à la dignité de créature intelligente et morale, jusqu’à la glorification du Créateur par sa créature ; en un mot, diviniser la société mortelle autant que possible sur cette terre, pour la préparer au culte de son éternelle divinisation dans un autre séjour. […] Ce n’est donc pas la question de savoir laquelle de vos lois est plus monarchique ou plus républicaine, plus autocratique ou plus démocratique, mais laquelle est plus imprégnée de règle innée, de justice divine, de moralité supérieure à l’abjecte matérialité des intérêts purement physiques de l’espèce humaine. […] Doit-elle à chaque individu qui naît à chaque seconde du temps, sur la terre, pour y demander de droit divin une place égale à celle de tout autre homme, lui doit-elle, à ce nouveau venu, de lui faire violemment cette place en déplaçant ceux qui s’en sont fait une avant lui et supérieure à la sienne ?
Quoiqu’il soit fort supérieur dans la Tragédie aux Lemiere, aux Marmontel, aux de la Harpe, &c. on ne peut pas dire qu’il soit un de nos bons Poëtes Tragiques.
S'il veut s'appliquer dans la suite à mettre plus de precision dans son style, à dégager les événemens de certains détails superflus qui refroidissent la narration & affoiblissent l'intérêt principal, nous lui promettons du succès, même pour des Ouvrages d'un genre supérieur.
Peut-être s'en ressouviendra-t-il dans une nouvelle édition, qu'il paroît être en état de rendre supérieure aux précédentes, s'il veut y donner ses soins.
Sa Cour Sainte ne mérite pas les railleries qu’en a faites le Marquis d’Argens : cet Ouvrage respire la piété, la douceur, une morale pure, & est écrit d’un style supérieur à celui de bien de Ecrivains de son temps.
Si ses Sermons n’abondent pas en raisonnemens & en solidité, ils sont du moins bien supérieurs aux Discours légers de la plupart de nos Orateurs modernes, & n’ont point du tout l’air d’être plutôt l’Ouvrage d’un Moine Portugais que d’un Evêque François, comme l’a dit encore, avec son élégance ordinaire, le Gazetier Ecclésiastique.
La postérité qui a déjà commencé pour vous a fait et fera justice des misérables tracasseries qui ont traversé une carrière supérieure, par son objet, aux accidents et aux circonstances de second ordre.
Celle de l’Histoire des Juifs par Josephe, est sur-tout répréhensible par beaucoup d’inexactitudes, sans qu’on puisse néanmoins lui refuser le mérite d’être supérieure à celle du P.
On remarque sur-tout dans ses Epigrammes, un tour naturel qui les rend souvent supérieures à celles de son rival.
Une femme belle et célèbre du temps m’a raconté bien souvent toutes les démarches de ces amis de l’écrivain pour faire pardonner, cet acte d’opposition, et pour obtenir de Bonaparte un poste supérieur à l’ambassade de Sion. […] Les hommes supérieurs n’ont pas de peine à se faire pardonner le passé ! […] Ce commentaire est bien supérieur au texte ; toutes les anecdotes y sont rectifiées, toutes les injures palliées, tous les excès de bile adoucis, tous les venins de style réparés, déplorés, excusés, de façon qu’il ne reste guère que de belles choses à admirer et un grand homme à comprendre. […] Legouvé, un de nos plus charmants poètes, en a écrit une infiniment supérieure, pour que la belle tragédienne, madame Ristori, épanchât en italien de Montanelli les plaintes de l’héroïne si dévouée et si abandonnée.
Il aimait Mme de Sévigné par cette idée vraie et charmante, que dans les choses où les femmes sont supérieures, elles le sont aux hommes les plus habiles, sans compter la grâce du sexe, qu’elles gardent jusque dans la force. […] Le roi restait, toujours majestueux, mais sans son escorte d’hommes supérieurs, entouré et obscurci de parvenus choisis par le caprice ou donnés par le hasard, qui le flattent dans sa passion d’être le maître et dans la plus grande faute de sa vie, son mariage avec Mme de Maintenon. […] Il n’était ni un politique supérieur ni un homme d’Etat, comme les Lyonne et les Colbert. […] Sans parler du nombre des honnêtes gens, même au contrôle de Saint-Simon, honnêtes gens vraiment vérifiés, combien d’intelligences supérieures, d’esprits fermes ou délicats !
« Considérez, dit Kant, le cerveau d’un homme, par exemple d’un savant, avec tous ses souvenirs : une puissance supérieure n’aurait qu’à dire : Que la lumière soit ! […] On pourrait dire plutôt que c’est une mémoire confiée par les centres supérieurs aux centres inférieurs, qui ont reçu peu à peu l’éducation nécessaire et sur lesquels le moi s’est déchargé de son travail. […] Si les opérations intellectuelles pouvaient devenir aussi automatiques que celles de la vie organique, ajoutent-ils, elles seraient bien supérieures à ce qu’elles sont maintenant. […] Par elle, l’expérience, c’est-à-dire une adaptation d’ordre supérieur a été possible pour l’animal… Il est vraisemblable que la conscience s’est produite comme toute autre manifestation vitale, d’abord sous une forme rudimentaire et, en apparence, sans grande efficacité.
Il serait étrange de refuser aux hommes supérieurs la conscience de leur propre valeur, toujours amplifiée par l’inévitable grossissement de l’illusion humaine. « L’Eternel m’a nommé dès ma naissance, s’écriait le grand poète hébreu. […] Dieu, selon Jocelyn, est supérieur à la pensée humaine comme il est supérieur à la nature. […] S’il y avait au-dessus de la Nature des êtres supérieurs et vraiment divins, — un Dieu, des dieux ou des anges, — ils n’auraient qu’un moyen de prouver leur divinité : descendre pour partager nos souffrances, nous aimer pour ces souffrances et même pour nos fautes.
je suis bien obligé de dire que ce roman de Mademoiselle La Quintinie de George Sand n’est pas de beaucoup supérieur, dans son genre, à celui d’Octave Feuillet dans le sien. […] Cette lettre, éclaboussée de sang, est le Traité du Prince de ce Machiavel de père, supérieur à son élève, le contraire justement du Machiavel de l’histoire, très inférieur à Borgia, et qui n’écrivit son Traité du Prince que sous la dictée des actions de cet homme, qui fut, en somme, tout son génie. Seulement, si supérieur qu’il apparaisse, dans cette lettre testamentaire, à ce qu’est son fils dans tout le roman, ce comte de Camors a déjà des pailles dans son acier. […] Dans le roman de Feuillet, il n’y a pas la moindre invention, la moindre combinaison, le moindre détail original, le moindre rendu supérieur, la moindre volonté révélée par un effort quelconque de donner de l’accent à cette vulgarité d’un mariage dans le monde, — dans ce monde à la hauteur sociale duquel Octave Feuillet s’est placé.
Quoique son style ne soit ni noble ni élégant, il ne laisse pas d’être supérieur à celui de la plupart des Histoires publiées par ses Confreres ; car il est net, coulant, précis, & toujours égal.