Je demande aujourd’hui à poursuivre cette espèce d’analyse pour les autres volumes, et à rendre quelque chose de l’effet général qui résulte d’une lecture suivie. […] Il ne manque à rien, et trouve moyen de suivre quelques-unes de ces difficultés d’étiquette même de loin, et de l’armée du Rhin, où il est allé. […] Cela se soutient et se régularise de plus en plus les années suivantes, et Dangeau, par des résumés de fin d’année, prend soin de constater cette réforme de plus en plus laborieuse de régime, qui suit la mort de Louvois.
Il y en a qui n’ont jamais pu suivre M. […] Il semblerait vraiment, d’après ce qui précède, que MM. de Lamartine, Hugo, de Vigny et Balzac, à leurs débuts, aient été des libéraux en toute chose et qui souffraient (comme pouvait le faire Casimir Delavigne) des événements de 1815, tandis que tous ceux qui les ont vus et suivis pendant des années savent qu’ils étaient surtout, par leurs origines et leurs premières inclinations, dans le parti contraire, dans le parti dit royaliste, ce dont, au reste, on ne saurait les blâmer ; ils étaient les hommes de leur éducation et du milieu social où un premier hasard les avait placés. […] Mais tout ceci et ce qui suit est un peu trop appuyé : c’est imité et grossi de Béranger !
Comme c’est le cœur qui doute dans la plupart des gens du monde, quand le cœur est converti, tout est fait ; il les entraîne ; l’esprit suit les mouvements, par coutume et par raison. […] C’est un neutre indulgent et parfois sympathique ; et quant à ces traités particuliers sur le libre arbitre et sur d’autres sujets où il a paru imiter le style et suivre les sentiments de Pascal, il nous en donne la clef un peu plus loin dans cette lettre même (10 octobre 1739) ; car, après un assez long développement et qui vise à l’éloquence, sur les combats du remords et de la foi au lit d’un mourant, il ajoute : J’aurais pu dire tout cela dans quatre lignes, et peut-être plus clairement ; mais j’aime quelquefois à joindre de grands mots, et à me perdre dans une période ; cela me paraît plaisant. […] On sent dans cette lettre qu’il aurait pu, ce jour-là même, tracer le caractère de Sénèque ou l’orateur chagrin, l’orateur de la vertu, qui commence en ces termes : Celui qui n’est connu que par les lettres, n’est pas infatué de sa réputation, s’il est vraiment ambitieux ; bien loin de vouloir faire entrer les jeunes gens dans sa propre carrière, il leur montre lui-même une route plus noble, s’ils osent la suivre : Ô mes amis, leur dit-il, pendant que des hommes médiocres exécutent de grandes choses, ou par un instinct particulier, ou par la faveur des occasions, voulez-vous vous réduire à les écrire ?
Il est donc convenu que, pour aujourd’hui, on m’accorde d’entrer dans quelques détails touchant la marche et la méthode que j’ai cru la meilleure à suivre dans l’examen des livres et des talents. […] Les disciples qui imitent le genre et le goût de leur modèle en écrivant sont très-curieux à suivre et des plus propres, à leur tour, à jeter sur lui de la lumière. […] On connaît ses origines bretonnes, sa famille, sa race ; on le suit dans les divers groupes littéraires qu’il a traversés dès sa jeunesse, dans ce monde du xviiie siècle qu’il n’a fait que côtoyer et reconnaître en 89, et plus tard dans son cercle intime de 1802, où il s’est épanoui avec toute sa fleur.
Cervantes le suivit à Rome et fit partie de sa maison en qualité de chambellan ou valet de chambre ; mais cet état de domesticité, réputé honorable, paraît lui avoir peu convenu, et, au lieu de pousser sa fortune près de son patron, de devenir signor abbate et le reste, on le voit bientôt engagé soldat au service de la ligue conclue entre le pape, Philippe II et les Vénitiens, dans cette espèce de sainte croisade commandée par Don Juan d’Autriche contre les Turcs. […] » Il ne se ressouvenait pas seulement d’Alger quand il écrivait ceci, il se reportait à tant d’autres circonstances qui avaient suivi cette ancienne infortune, et où il lui avait été dur de monter l’escalier et de manger le pain d’autrui ; mais il n’y mettait rien de l’amertume de Dante : génies égaux, mais différents et plutôt contraires ; incompréhensible variété de la nature ! […] J’aime à suivre pour guide, dans ce résumé de la Vie de Cervantes, Ticknor, cet exact et judicieux historien de la littérature espagnole.
Mais les relations particulières se suivirent. […] Pour eux n’épargnez rien ; mettez à toute branche Et l’ombre de la feuille, et la fleur, et le fruit, Et l’ivresse à la coupe où leur lèvre se penche, Sans la tristesse qui la suit ! […] … Et tout ce qui suit, et qui de plus en plus monte.
En tous ces morceaux, l’émotion se redouble du contraste de ce qui précède ou de ce qui va suivre, du bruit lointain des combats ou des naufrages, et du cercle environnant de toutes les calamités humaines un moment suspendues. […] En un mot, dans cette carrière ouverte au commencement du siècle par Racine fils et par Voltaire, et suivie si activement en des sens divers par Le Tourneur et Ducis, par Suard et l’abbé Arnaud, Léonard à son tour fait un pas ; il est de ceux qui tendent à introduire une veine des littératures étrangères modernes dans la nôtre. […] Sa réputation modeste, et qui eût demandé pour s’établir un peu de silence, s’est trouvée comme interceptée dans les grands événements qui ont suivi.
Il suit aussi de cette forte avance qu’elle avait trente-cinq ans lors de ses amours à la Bastille avec le chevalier de Ménil, et qu’elle ne se maria enfin avec le baron de Staal que dans sa cinquante et unième année. […] et ce caractère indélébile de femme de chambre , comme elle le qualifie amèrement, est-il donc si indélébile qu’il la suive jusque dans les productions de sa pensée ? […] La correspondance de Mme de Staal avec Mme du Deffand trahit les misères du fond sous la forme toujours agréable ; on y suit l’habitude de l’esprit et l’ironique gaieté persistant à travers une existence sans plaisir et comblée d’ennui.
Leur génie leur inspire souvent les expressions les plus simples pour les passions les plus nobles ; mais quand ils se perdent dans l’obscurité, l’intérêt ne peut plus les suivre, ni la raison les approuver. […] Pour que les événements inventés vous captivent, il faut qu’ils se succèdent avec une rapidité dramatique ; pour que les raisonnements amènent la conviction, il faut qu’ils soient suivis et conséquents ; et quand vous coupez l’intérêt par la discussion, et la discussion par l’intérêt, loin de reposer les bons esprits, vous fatiguez leur attention ; il faudrait beaucoup moins d’efforts pour suivre le fil d’une idée aussi loin que la réflexion peut la conduire, que pour reprendre et quitter sans cesse des raisonnements interrompus et des impressions brisées.
Si, au contraire, il a existé dans la vie un heureux moment où l’on était aimé ; si l’être qu’on avait choisi était sensible, était généreux, était semblable à ce qu’on croit être, et que le temps, l’inconstance de l’imagination, qui détache même le cœur, un autre objet, moins digne de sa tendresse, vous ait ravi cet amour dont dépendait toute votre existence, qu’il est dévorant le malheur qu’une telle destruction de la vie fait éprouver ; le premier instant où ces caractères, qui tant de fois avaient tracé les serments les plus sacrés de l’amour, gravent en traits d’airain que vous avez cessé d’être aimé ; alors, que comparant ensemble les lettres de la même main, vos yeux peuvent à peine croire que l’époque, elle seule, en explique la différence, lorsque cette voix, dont les accents vous suivaient dans la solitude, retentissaient à votre âme ébranlée, et semblaient rendre présents encore les plus doux souvenirs ; lorsque cette voix vous parle, sans émotion, sans être brisée, sans trahir un mouvement du cœur, ah ! […] C’est là mourir en effet, que n’affliger, ni punir, ni rattacher dans son souvenir, l’objet qui vous a trahi ; et le laisser à celle qu’il préfère, est une image de douleur qui se place au-delà du tombeau, comme si cette idée devait vous y suivre. […] Qui pourrait comparer le calme qui suit le sacrifice, et le regret des espérances trompées ?
Un beaucoup plus grand nombre d’hommes se mêle aux querelles politiques, parce que dans les intérêts de ce genre, toutes les passions se joignent à l’esprit de parti, et décident à suivre l’un ou l’autre étendard ; mais le pur fanatisme, dans tous les temps, et pour quelque but que ce soit, n’existe que dans un certain nombre d’hommes, qui auraient été Catholiques ou Protestants dans le xve siècle, et se font aujourd’hui Aristocrates ou Jacobins. […] Elle s’empare de vous comme une espèce de dictature, qui fait taire toutes les autorités de l’esprit, de la raison et du sentiment : sous cet asservissement, pendant qu’il dure, les hommes sont moins malheureux que par le libre arbitre qui reste encore aux autres passions ; dans celle-là, la route qu’il faut suivre est commandée comme le but qu’on doit atteindre : les hommes dominés par cette passion sont inébranlables jusques dans le choix de leurs moyens ; ils ne voudraient pas les modifier, même pour arriver plus sûrement à leur objet : les chefs, comme dans toutes les religions, sont plus adroits parce qu’ils sont moins enthousiastes ; mais les disciples se font un article de foi de la route autant que du but. […] L’esprit de parti unit les hommes entre eux par l’intérêt d’une haine commune, mais non par l’estime ou l’attrait du cœur ; il anéantit les affections qui existent dans l’âme, pour y substituer des liens formés seulement par les rapports d’opinion : l’on sait moins de gré à un homme de ce qu’il fait pour vous que pour votre cause ; vous avoir sauvé la vie est un mérite beaucoup moins grand à vos yeux que de penser comme vous ; et, par un code singulier, l’on n’établit les relations d’attachement et de reconnaissance qu’entre les personnes du même avis : la limite de son opinion est aussi celle de ses devoirs ; et si l’on reçoit, dans quelques circonstances, des secours d’un homme qui suit un parti contraire au sien, il semble que la confraternité humaine n’existe plus avec lui, et que le service qu’il vous a rendu est un hasard qu’on doit totalement séparer de celui qui l’a fait naître.
Le Docteur fait emporter son fils et le suit ; Pantalon rentre chez lui pour questionner sa fille. […] Pantalon, suivi de toute sa famille, va, dans le moment, arriver pour lui demander sa soupe. […] Scaramouche est chargé de l’éducation d’un fils de famille qui suit une intrigue amoureuse avec une jeune personne du voisinage.
Ces grandes orgues sont assez désaccordées et hors de service ; il n’est pas que les joueurs de flûte ou de viole qui chantent sur le vers libre à cette heure plus d’un poète, poète, refuse de suivre la mesure au métronome obsédant des romantiques. […] Stéphane Mallarmé, est, de loin en loin, la présence d’un « réfractaire », d’un monsieur qui demeure là causeur brillant, et qui « suit son idée », en faisant des mots. […] Vous, vous excellerez à des décorations légendaires ; vous à des drames ; vous à suivre des musiques trop explicites de vers plus lointainement émouvants vous… vous… Mais s’il s’en trouvait un, parmi, sur qui la Grâce du Rêve descende, mon fils, mon hoir, il n’écrira pas ses poèmes.
Il suit de là que, pour connaître complètement une œuvre littéraire, il faut la soumettre à une double analyse, l’une interne, l’autre externe. […] Ainsi il est évident, presque au premier coup d’œil, que Racine se plaît à suivre, dans les méandres du cœur humain et surtout du cœur féminin, l’amour-passion, comme dit Stendhal, l’amour tragique avec son cortège de fureurs, de jalousies, d’emportements allant jusqu’au meurtre et au suicide. […] Il suit de là qu’il faut se demander quels effets pratiques une œuvre littéraire aspire à produire, quel but elle poursuit.
L’imbécile qui a suivi sans peine est fier d’avoir compris de la « pensée » et de la « psychologie », et sa digestion n’a pas été troublée. […] Il sait que tout mouvement libre offense les critiques, prêtres de l’immobilité ou porteurs du manipule de foin que suivent toujours, salive à la bouche, les légions, les centuries et les décuries littéraires : « Jadis un homme se levait, bouclier de la foi, contre les nouveautés, contre les hérésies, le Jésuite ; aujourd’hui, champion de la règle, trop souvent se dresse le Professeur. » Mais « la diabolique intelligence rit des exorcismes, et l’eau bénite de l’Université n’a jamais pu la stériliser, non plus que celle de l’Église ». […] Arréat refuse de le suivre « dans cette région philosophique, où les sciences particulières trouvent leurs points de rencontre, où les définitions deviennent explicatives, quoique avec un inégal succès, et plus larges aussi que les événements positifs qui ont servi à les construire ».
Cette première manière, dans laquelle on suivrait à la piste la veine des affectations et la trace des réminiscences, se couronne par deux poèmes (si l’on peut appeler poèmes ce qui n’est nullement composé), par deux divagations merveilleuses, Namouna et Rolla, dans lesquelles, sous prétexte d’avoir à conter une histoire qu’il oublie sans cesse, le poète exhale tous ses rêves, ses fantaisies, et se livre à tous ses essors. […] Le hasard pense à lui………………………… Et tout ce qui suit. […] Je pose la question seulement et n’ai garde de la trancher, ni de suivre de près cette ligne légère, sensible pourtant, qui, chez les illustres les plus sûrs d’eux-mêmes, sépare déjà le mort du vif.
Tout le reste, division de discours, preuves triomphantes & naturelles, érudition choisie, pensées neuves & sublimes, figures hardies, raisonnemens forts & suivis, pathétique admirable, diction élégante & correcte, lui sembloit étranger. […] L’abbé Goujet prétend que ces deux ou trois parties qui divisent communément un sermon, n’empêchent point d’en faire un tout régulier & bien suivi, d’approfondir les raisonnemens, de varier la matière. […] Mais aussi quelle attention ne faut-il pas pour le suivre ?
La force du sujet a même obligé La Fontaine à suivre l’intention du premier auteur, jusqu’au dénouement, où il l’abandonne. […] Cela est très-vrai, témoin les quatre vers de cette pièce et ceux qui suivent. […] Et surtout ce vers admirable qui suit : Vous ne vous voyez point, vous ne voyez personne.
Maintenant la pierre elle-même vit, on la sent muante de la vie qui précède en la vie qui va suivre. […] Huysmans provient de ce qu’il a voulu suivre l’exemple de cet héroïque mais absurde contemplateur de soi-même. […] Combien vont le suivre et donner la même solution à leur crise intérieure !
Il est encore en partie tourné vers le moyen âge ; son œuvre est à moitié latine et ascétique ; mais son geste montre l’aurore et répond si bien à l’esprit de son peuple, qu’en 1341 un maître d’école aveugle suit ses traces de ville en ville, pour le rejoindre enfin et baiser la main du génie libérateur. […] La Gerusalemme liberata suivie de la Conquistata, voilà bien en littérature le phénomène le plus expressif de cette période qui devrait correspondre au classicisme français ; au lieu de l’action épique, créatrice, c’est une cristallisation, un épuisement. […] Quant à D’Annunzio, tempérament essentiellement lyrique, il violente et fausse son génie : dans une recherche effrénée du succès, il suit la mode, du roman d’abord, du théâtre ensuite, et aboutit, lui le grand artiste, à des œuvres informes31.
La beauté de l’art grec nous entraînait ; nous l’avons suivi jusque dans sa première éclipse et ses premiers retours. […] Cela même y jeta parfois cette variété de mélodie, ces nombres impétueux et divers qu’avait connus l’ode grecque, et qui seuls pouvaient suivre par la musique, comme par l’expression, toutes les secousses de l’âme. […] vous l’abandonnez dans l’exil ; vous l’avez laissé chasser ; vous souffrez qu’il reste banni. » Et ces paroles, que l’acteur rehaussait, enflammait par le débit, étaient interrompues ou suivies par les applaudissements, les acclamations, les sanglots étouffés d’une foule immense.
Peut-être, dès la première jeunesse, les avait-il murmurés sous les platanes de l’Académie d’Athènes, quand le hasard le jeta dans une cause qu’il ne devait pas suivre longtemps. […] Ce progrès en mal d’une génération sur l’autre, cette enchère de perversité dans les âges qui devaient suivre, de César à Auguste et d’Auguste au dernier des Césars, n’était-ce pas l’horoscope de l’empire et la fatalité de cette puissance sans droit et sans barrière ? […] C’est un doux péril, ô Bacchus, de suivre le dieu qui ceint sa tête du pampre verdoyant. » Ce sont les fêtes, ou plutôt c’est la poésie de la Grèce qui respire dans ce caprice savant d’Horace ; c’est la veillée des bacchantes d’Euripide : on voit les mille bras qui ont saisi la tige du frêne et l’ont arrachée de la terre.
Aussi le lecteur le plus complaisant a peine à le suivre. […] Suivons-le, nous verrons bien. […] Suit une scène empruntée au drame de M. […] Après le premier enivrement, la satiété suivra de bien près. […] Les trois actes qui suivent sont pitoyables.
Cette évolution ou ce mouvement des lois du théâtre à travers, le temps, c’est ce que j’essayerai, c’est ce que je m’attacherai surtout à suivre dans ces conférences. […] Ton ombre suit ton corps de trop près, ce me semble, Car nous deux seulement devons aller ensemble. […] Ce sont des portraits à plaisir, où vous ne cherchez point de ressemblance, et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor. […] Et elle n’a pas surtout empêché la comédie de suivre son évolution intérieure, et de développer après Molière le contenu de sa définition. […] Il suit encore de là que le dialogue en doit être moins tendu, plus familier, plus souple, plus approché du ton de la conversation.
On remarquera pourtant que, sauf sous le second Empire, il n’a jamais fait que suivre une impulsion déjà donnée. […] » Cette soudaineté de la sensation, immédiatement suivie d’une résolution qui s’exécute aussitôt, n’est pas un trait de notre âge. […] Elle le précède en Italie ; de nouveau elle le suit pendant la campagne de Rome (1849), aux fatigues de laquelle elle ne devait pas résister. […] « Je la suivis : elle m’avait paru agitée. […] Il a réuni des articles écrits au jour le jour, qui ne se distinguent pas autrement de la production moyenne du journalisme, et ses lecteurs l’ont suivi sur ce terrain.