Il y a trois questions : La question littéraire ; La question politique ; La question personnelle, — ou plutôt la question sociale.
Il est gai, bon enfant, aimable, et vraiment, il faut l’avouer, parmi les hommes politiques, il est le seul qui soit doué d’un charme social, charme dans lequel disparaît, par moments, le commun de sa personne.
Seulement il faut reconnaître, d’un autre côté, qu’à mesure que les variations purement physiologiques diminuent de vitesse et d’intensité, les variations psychologiques, c’est-à-dire les modifications instinctives et mentales, semblent accroître leur mouvement en raison contraire, comme on l’observe chez toutes les espèces sociales que forment généralement les degrés les plus élevés des principales classes du règne animal.
Je ne donnerai ici qu’un passage décisif en ce qu’il prouve que l’auteur, à ce moment, n’était point encore du tout revenu des idées généralement courantes sur le pacte ou contrat social : « Sans doute, messieurs, tous les hommes ont des devoirs à remplir ; mais que ces devoirs sont différents par leur importance et leur étendue ! Représentez-vous la naissance de la société ; voyez ces hommes, las du pouvoir de tout faire, réunis en foule autour des autels sacrés de la patrie qui vient de naître, tous abdiquent volontairement une partie de leur liberté ; tous consentent à faire courber les volontés particulières sous le sceptre de la volonté générale ; la hiérarchie sociale va se former ; chaque place impose des devoirs ; mais ne vous semble-t-il pas, messieurs, qu’on demande davantage à ceux qui doivent influer plus particulièrement sur le sort de leurs semblables, qu’on exige d’eux un serment particulier, et qu’on ne leur confie qu’en tremblant le pouvoir de faire de grands maux ?
Il faisait…, dans la pensée, « sentir un mouvement, un courant », un élan analogue à l’élan vital de l’« évolution créatrice », et, dans l’image, il montrait, non pas la cause, « mais au contraire l’arrêt et comme la congélation de ce courant, la forme spatiale qu’il prend en devenant pour la pratique et pour la vie sociale, une représentation »…. […] Le sujet, auquel tant de personnes insensibles aux grandes cadences assignent la première place (et qui peut l’avoir du point de vue religieux ou social) est « picturalement parlant » secondaire, voire un simple prétexte… etc : je n’ai pas voulu interrompre mon pittoresque correspondant, il est trop savoureux.
Les chapitres : Suprématie de Paris et Fonction de Paris, en raison même des idées sociales et politiques qui y sont développées, échappent à la compétence de la Revue des Lettres et des Arts, et ce nous est une douleur de n’en pouvoir louer tout à notre aise l’élévation, la forte éloquence et la poésie puissante. […] La Décoration et l’art industriel À l’exposition de 18898 Rien de plus intéressant, dégagées bien entendu de trop hautes et trop larges considérations morales ou sociales, que les expositions universelles internationales.
Qu’on le sache bien pourtant, et n’en déplaise à toutes nos périphrases sociales, la maladie de l’amour est une, constante, sui generis, comme on dit dans la science : bien souvent voilée chez les Modernes, et encore plus souvent absente, elle se retrouve identique dès qu’elle existe.
Depuis cent cinquante ans, une sorte d’attraction toute-puissante retire les grands de la province, les pousse vers la capitale, et le mouvement est irrésistible, car il est l’effet des deux forces les plus grandes et les plus universelles qui puissent agir sur les hommes, l’une qui est la situation sociale, l’autre qui est le caractère national.
La vie sociale y fait une grande évolution qui commence.
Il aurait besoin de passer un mois dans une ferme, en Beauce… et dans ces conditions… avec une lettre de recommandation d’un riche propriétaire à son fermier… lettre, qui lui annoncerait l’arrivée avec son mari, d’une femme malade, ayant besoin de l’air de la campagne… « Vous concevez, deux lits dans une chambre blanchie à la chaux, c’est tout ce qu’il nous faut… et bien entendu, la nourriture à la table du fermier… autrement je ne saurais rien. » Les chemins de fer, son roman sur le mouvement d’une gare, et la monographie d’un bonhomme vivant dans ce mouvement ; avec un drame quelconque… ce roman, il ne le voit pas dans ce moment-ci… Il serait plus porté à faire quelque chose, se rapportant à une grève dans un pays de mine, et qui débuterait par un bourgeois, égorgé à la première page… puis le jugement… des hommes condamnés à mort, d’autres à la prison… et parmi les débats du procès, l’introduction d’une sérieuse et approfondie étude de la question sociale.
Ainsi le bleu avait été choisi pour les romans intimes ; le vert pour les romans champêtres et les voyages, le citron pour les satires, les épigrammes : le fauve pour les sujets populaires ; le rouge pour les romans à tendances de réforme sociale.
Livingstone rapporte que les Nègres de l’intérieur de l’Afrique, qui n’ont aucuns rapports sociaux avec les Européens, évaluent à un haut prix les bonnes races d’animaux domestiques.
On ne saurait étudier dans toute leur étendue le sujet et la forme de ses chants, sans être frappé de l’affinité naturelle qui, à des époques éloignées, sous des conditions sociales fort différentes, a souvent réuni dans la même personne, pour la même croyance et pour les mêmes admirateurs, le prêtre, le philosophe et le chantre lyrique.
Notre attention est peut-être spécialement attirée en ce moment sur d’autres réformes, plus urgentes encore que celle de la versification : sur des transformations sociales à accomplir, sur des injustices à réparer, sur des souffrances, des misères, des ignorances et autres très laides choses, que nous aurions envie de voir disparaître. […] Parfois l’auteur se proposera de représenter un type ethnique (l’Américain dans le Roi de la mer de Vogué, le Basque dans Ramuntcho, le Slave dans l’Aventure de Ladislas Bolscki) ou un type social (Balzac, Zola) ou encore un type professionnel (le clergé, dans Mon oncle Célestin ou dans Lucifer ; la magistrature, dans La robe rouge, etc.). […] Il est probable que nous garderons notre système prosodique, sous la réserve de quelques remaniements de détail, tant que ne surviendra pas dans la langue, et surtout dans l’état social, une modification considérable, qui exigera des moyens d’expression nouveaux.
L’étude des questions sociales, ramenée aux idées génératrices qui les dominent, peut seule fournir à l’imagination du poète les armes dont il a besoin. […] Faute de connaître assez nettement les questions sociales dont se préoccupent à leur insu les intelligences les plus paresseuses, il n’a jamais donné à sa colère, à son ironie, la grandeur et la puissance dont le poète satirique a besoin pour accomplir sa mission. […] Bulwer l’occasion de formuler sa philosophie sur le bonheur de l’amour, et sur la condition sociale du poète et de l’homme d’État. […] Guizot a voulu nous montrer les idées qui ont présidé à l’accomplissement des faits ; en d’autres termes, il a voulu nous montrer le développement individuel et le développement social de l’humanité. Dans l’Histoire de la Civilisation européenne, qui n’embrasse pas plus de quatorze leçons, il s’en est tenu au développement purement social, et n’a pas abordé la développement individuel.
Mais il écrit : « Avec Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, avec Rabelais, Montaigne, Descartes, Pascal, Bossuet, La Bruyère, on a déjà toutes les remarques essentielles sur la nature humaine, sur l’homme religieux, l’homme politique, l’homme social. […] Critique des arts, des mœurs et des théories sociales, essayiste, romancier, puis dramaturge, il a éprouvé sa méthode ; il l’a conservée.
La mission de la société est d’employer les armes dont elle dispose pour sa défense contre ceux qui osent pour ainsi dire l’outrager en la représentant éternellement basse, laide et triviale, contre ceux qui ne comprenant aucune idée belle, se plaisent à copier le mal au lieu de montrer le bien, poussant le dédain de toutes lois jusqu’à insulter au style, sauvegarde de l’élévation et de la noblesse des pensées, garanties de convenances morales et intellectuelles, de politesse, de bon ton, de goût et d’amour du beau, cette suprême nécessité de l’âme humaine, de même que certains vêtements sont chez un homme la garantie d’une bonne éducation, de bonnes manières et du respect pour les conventions sociales et morales sur lesquelles le monde repose. […] Je crois que, dans les échanges de la vie sociale, elle détruira tôt ou tard ces idoles pleines d’imbécillité et de cruauté qui n’existent que par l’ignorance des uns, l’égoïsme des autres, la lâcheté de tous. […] Champfleury, il n’est peut-être pas mauvais que paraisse cette déclaration d’un homme honnête, pouvant revendiquer un certain rang social, une certaine éducation et certaines relations qui font de lui un réaliste pas encore trop boueux. […] Les habitués des cabarets de Teniers ne peuvent être de sa société, tandis qu’il se trouve dans un milieu comme il faut et approprié à son rang social lorsqu’il fraye avec les personnages historiques, mythologiques, religieux et quelques belles femmes déshabillées.
En supprimant, comme font volontiers les modernes, et comme ils sont portés à le faire de plus en plus, les anciens miracles et l’ordre surnaturel, il essaye de substituer et d’inaugurer un autre idéal, celui de l’Humanité ; et ce qui n’était chez lui d’abord qu’un sentiment de justice et de reconnaissance individuelle devenant un dogme social avec les années, il se range à cette parole d’un maître : « L’Humanité est composée de plus de morts que de vivants, et l’empire des morts sur les vivants croît de siècle en siècle : sainte et touchante influence qui se fait sentir de plus en plus au cœur à mesure qu’elle subjugue l’esprit.
Mais, revenant à l’idée première de cette Étude, à ces sortes d’amitiés d’esprit à esprit, à ces intimités d’intelligence et de sentiment, où il y a le plus souvent un sous-entendu d’amour qui ne sort jamais ; où il se mêle du moins, de femme à auteur, une affection plus tendre que d’homme à homme, n’ai-je pas raison de conclure en disant : Évidemment, la morale sociale a fait un pas ; un nouveau chapitre inconnu aux anciens, trop oublié même des modernes, est à ajouter désormais dans tous les traités de l’Amitié ?
Les circonstances sociales s’en mêlèrent et y mirent le sens.
On ne peut disconvenir en effet que les différences de religion, de climat, d’habitudes sociales, si elles n’ont pas changé le fond de la nature humaine, ont du moins donné à l’amour chez les modernes une tout autre forme que chez les anciens ; et lorsque les peintures que ceux-ci en ont laissées nous apparaissent dans leur nudité énergique et naïve, il y a un certain travail à faire sur soi-même avant de s’y plaire et d’oser admirer.
Marcel Prévost vous a expliqué que l’Académie était une carte d’échantillons des diverses élites sociales.
D’autre part, la mémoire revenant, les images et les idées renaissantes enveloppent l’image par leur cortège, entrent en conflit avec elle, lui imposent leur ascendant, la tirent de sa vie solitaire, la ramènent à la vie sociale, la replongent dans sa dépendance habituelle.
On sourit d’entendre les gros mots savants échappés de ces lèvres roses. « Les voilà le long des bancs comme des colombes au matin sur le chaume du toit, quand le soleil tombe sur leurs blanches poitrines » ; elles écoutent des tirades d’histoire et des promesses de rénovation sociale, en robes de soie lilas, avec des ceintures d’or, « splendides comme des papillons qui viennent d’éclore » ; parmi elles une enfant, Mélissa, « une blonde rose, pareille à un narcisse d’avril, les lèvres entr’ouvertes, — et toutes ses pensées visibles au fond de ses beaux yeux, — comme les agates du sable qui semblent ondoyer et flotter au matin, — dans les courants de cristal de la mer transparente1528. » — Et croyez que l’endroit aide à la magie.
Ce n’est point sur les maximes obliques d’une politique qui rapporte tout à soi que le livre fonde l’art de régner ; il en fait consister tous les secrets à maintenir la pureté de la doctrine et de la morale par les vertus naturelles, sociales, civiles et religieuses.