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932. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Botrel, Théodore (1868-1925) »

—Théodore Botrel a presque toujours su rester simple, sans tomber dans un prosaïsme choquant.

933. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte, Sébastien-Charles (1860-1934) »

Voilà de « simples études » très supérieures à nombre d’œuvres audacieusement proclamées irréprochables.

934. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Legrand, Marc (1865-1908) »

Charles Guérin J’estime l’Âme antique, parce que c’est un livre simple et de formes sereines ; il n’apaisera point ceux qui sont tristes, pas plus qu’il n’inquiétera ceux qui sont calmes, mais il flattera les esprits classiques qui aiment la nature vue à travers les bons auteurs.

935. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 306-307

La marche de cette Piece est simple & naturelle ; les principaux caracteres nous ont paru bien dessinés & bien soutenus ; le style en est agréable, facile & correct : cet Ouvrage en un mot annonce un vrai talent pour l’Art sublime de Melpomene, si défiguré par le plus grand nombre des Poëtes qui le cultivent aujourd’hui.

936. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 91

On sait qu’il a aussi traduit Théocrite, quelques Pieces de Sophocle, plusieurs Dialogues de Platon, Hippocrate, Plutarque, Marc-Antonin ; Ouvrages dont la plupart ne sont recherchés que pour les Commentaires, quoique l’élocution en soit simple & communément exacte.

937. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 479-480

Le style en est simple, judicieux, coulant ; tel, en un mot, qu’il convient à une Description historique.

938. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 186-187

La raison en est simple, il étoit déjà vieux lorsqu’il commença à donner l’essor à sa Muse.

939. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru s’empresse de recommander à la protection spéciale de l’autorité militaire les établissements des arts et des sciences, l’Académie, la Bibliothèque, le Musée, le Jardin des plantes ; mais cela est tout simple : voici un petit fait singulier et plus remarquable, qui rentre tout à fait dans la curiosité d’un Pline l’Ancien. […] Daru, et où il passa de la simple condition d’un administrateur cultivant les lettres à celle d’un personnage considérable dans l’État. […] Daru le 1er février 1807, que, sur mon simple aperçu, vous ayez aussi bien senti, approuvé et deviné mon sujet ; il semble à votre lettre que nous avons longtemps causé ensemble.

940. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Et elle ajoute d’un ton de protection, qu’elle ne gardera pas toujours ; « Notre petit poète vous prie de ne point donner à Plombières de copies de ses vers, parce qu’il y a beaucoup de lieutenants-colonels lorrains. » Nous avons cette épitre de Saint-Lambert À Chloé ; c’est une des meilleures de ses poésies dites fugitives ; elle pourrait être aussi bien la première en date des élégies de Parny : elle en a la forme ; le tour en est simple, net et fin, l’inspiration toute sensuelle. […] Rien n’est si beau, à mon avis, que cette peinture de la vieillesse ; j’aurais voulu que les expressions du quatrième vers eussent été plus simples, mais le mot être est du style à la mode. […] Il a vivement décrit bien des scènes et des jeux d’une journée de château ou de salon ; mais nulle part, si l’on ne se paye pas de rimes sonores, il ne paraît soupçonner le charme intime qui naît des habitudes vertueuses et simples d’une vie privée pratiquée obscurément et aimée, et la fleur inattendue de poésie qui tout d’un coup s’y découvre et la couronne.

941. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Parlant du Pape, il lui échappait quelquefois de dire M. de Rome comme d’un simple évêque. […] Une place à l’Académie française étant venue à vaquer par la mort de Barbier d’Aucour, simple avocat et littérateur (septembre 1694), le roi témoigna qu’on lui ferait plaisir d’élire M. de Noyon. […] Simple organe de ses confrères en cette circonstance, et réduit à exprimer leurs sentiments, lors même qu’ils ne sont pas les siens, il est, au moins pour ce moment, voué ou, si l’on veut, condamné à l’éloge, comme le récipiendaire l’est à la timidité et à la modestie.

942. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

N’allons pas cependant, passant d’un premier effroi à la superstition, et pour nous payer de notre peine, nous mettre à admirer des choses très simples et des plus ordinaires, uniquement parce qu’elles sont revêtues de ces formes devenues pour nous un peu étranges. […] Il était bien entendu, d’ailleurs, qu’on n’y devait discuter en rien ni aborder le fond des doctrines : c’était de simples questions de faits à éclaircir, une expertise et une vérification solennelle des textes, par une espèce de jury composé d’hommes notables de l’une et de l’autre communion. […] Ce n’est, point à de simples particuliers, en effet, à expliquer l’Écriture ; et en ce qui est des docteurs du jour, ils ne nous enseignent point de voie certaine, mais ils nous conduisent comme au rond-point des chemins dans une forêt : quand on les a entendus, ils nous laissent plus incertains qu’auparavant.

943. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Il faut l’entendre, avant tout, parler de la chose sur laquelle il a le plus droit d’être écouté, de celle qu’il a le mieux sue et qu’il avait le plus à cœur de posséder et de faire dignement, l’office et la fonction de la royauté ; soit qu’il songe à son fils dans ses instructions, soit que plus tard il s’adresse à son petit-fils partant pour régner en Espagne, il excelle à définir dans toutes ses parties ce personnage qu’il a su le mieux être, qu’il a été le plus naturellement et comme par une vocation spéciale, le personnage de souverain et de roi. il faut l’entendre encore dans cette Conversation devant Lille (qui se lit dans les Œuvres de Pellisson), parlant dans l’intimité, mais non sans quelque solennité selon sa noble habitude, de son amour pour la gloire, du sentiment généreux qui l’a poussé à s’exposer et à paraître à la tranchée et à l’attaque comme un simple mortel, comme un soldat : « Il n’y a point de roi, pour peu qu’il ait le cœur bien fait, disait-il, qui voie tant de braves gens faire litière de leur vie pour son service, et qui puisse demeurer les bras croisés. » On retrouve là à l’avance, dans la bouche du monarque, quelques-unes des belles pensées de Vauvenargues sur la gloire, avec un peu plus d’emphase, mais non moins de sincérité. […] Louis XIV commence par rappeler ses bons offices constants et ceux de ses prédécesseurs envers les Provinces-Unies de la Hollande, et il raisonne, comme il aime à le faire, non-seulement à l’adresse et à l’intention de ses contemporains, mais en vue de l’avenir : « La postérité, dit-il, qui n’aura pas été témoin de tous ces événements, demandera quel a été le prix et la reconnaissance de tous ces bienfaits ; pour la satisfaire, je veux lui apprendre que, dans toutes les guerres que les rois mes prédécesseurs ou moi avons entreprises, depuis près d’un siècle, contre les puissances voisines, cette république ne nous a non-seulement pas secondés de troupes ni d’argent, et n’est pas sortie d’une simple et tiède neutralité, mais a toujours tâché de traverser, ou ouvertement ou sous main, nos progrès et nos avantages. » La Hollande n’est pas la seule ni la dernière république qui ait été ingrate envers la France pour prix des plus grands services reçus à leur berceau : ces sortes de gouvernements, où tant de passions et de volontés s’en mêlent, sont coutumiers du fait […] Un Récit authentique de ses derniers instants, écrit par un témoin et assez récemment publié, nous le montre procédant et agissant sur son lit de mort « avec une manière naturelle et simple, comme dans les actions, est-il dit, qu’il avait le plus accoutumé de faire ; ne parlant à chacun que des choses dont il convenait de lui parler, et avec une éloquence juste et précise qu’il a eue toute sa vie et qui semble s’être encore augmentée dans ses derniers moments.

944. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

En repassant l’autre jour en idée les abdications forcées ou volontaires de rois et d’empereurs, j’ai été naturellement amené à penser à Charles-Quint, le plus mémorable exemple que l’histoire nous offre antérieurement à notre temps, et un simple coup d’œil m’a fait apercevoir à quel degré de précision et d’intérêt les travaux récents ont porté l’examen et l’exposé de ce curieux épisode. […] C’est ainsi qu’il parlait de lui-même en des termes simples et réservés. […] En premier lieu, les écrivains du couvent, les moines hiéronymites, voyant le grand empereur honorer à jamais leur maison par une adoption sans exemple, assister à leurs exercices, s’agenouiller à leurs offices, vénérer les mêmes reliques, dîner une fois à leur réfectoire avec toute la communauté, obliger son confesseur, simple moine, de rester assis devant lui, faire dire messes sur messes pour le repos de l’âme des siens et pour le salut de la sienne, en ont fait un saint, un homme détaché du siècle, ne pensant qu’à Dieu, à l’autre vie, à la fin dernière.

945. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

La Congrégation, qui a eu le triste honneur de donner son nom à cette sorte de maladie honteuse et de lèpre qui menaça de couvrir la France de 1821 à 1828, était, à l’origine, une simple association de piété et de bonnes œuvres : dès les premiers temps de la seconde Restauration, l’intrigue s’en empara pour la faire agir dans le sens d’une certaine politique, et, en y prêtant grande attention, on commence à trouver trace de son influence, à saisir le mouvement de ses sapes, encore très-sourdes, dans la Chambre de 1815. […] D’autres, simples assistants et hommes de désir, se plaisaient à voir le catholicisme s’essayer à des interprétations compatibles peut-être avec les progrès de la science et avec ceux de l’humanité ; ils prenaient goût à de hauts entretiens qui rappelaient ceux des philosophes ou des chrétiens alexandrins. […] Que ce soit dans une allée des jardins de Juilly au temps de M. de Salinis, ou au coin d’un maigre foyer dans une grande chambre à peine meublée de la rue de Vaugirard, ou sous les ombrages mélancoliques et mornes de La Chesnaie, à l’époque où s’y cachait l’humble Maurice de Guérin, inaperçu alors, devenu aujourd’hui le génie poétique du lieu ; ou encore, à quelque dîner discret du mercredi à l’Abbaye-au-Bois, sous une présidence gracieuse ; il y a de ces rencontres qui semblent toutes simples et faciles au moment même, et qui n’ont pu avoir lieu que bien peu de fois ; qui le lendemain, et l’instant passé, ne recommenceront jamais plus.

946. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Soulié va plus loin, et supposant cet axiome admis et accepté : « Montrez-moi la chambre à coucher d’une femme, et je vous dirai qui elle est », il conclut, non sans quelque couleur de raison et selon qu’on aime à le croire avec lui : « C’est donc de Marie Cressé que Molière tenait son esprit élevé, ses habitudes somptueuses et simples à la fois, sa santé délicate, son attrait pour la campagne hors de Paris, et désormais la mère de Molière, restée inconnue jusqu’à ce jour, aura sa place bien marquée dans les commencements de la vie de son premier-né. » Voilà où peuvent conduire, à toute force, des inventaires bien lus et finement commentés. […] Bazin, esprit ironique et critique, homme d’humeur, fit en 1847, sous le simple titre de Notes historiques sur la Vie de Molière, un premier examen très sévère de tout ce qu’on avait précédemment écrit à ce sujet ; il trancha et retrancha fort librement, tantôt se fondant sur des faits, tantôt se confiant à des raisonnements ou à des conjectures ; et, s’il fut quelquefois injuste pour le travail de ses devanciers, il a du moins obligé tous ceux qui, depuis, sont venus ou revenus à la charge, à plus d’exactitude et de prenez-y garde qu’on n’en mettait auparavant. […] Aimer La Fontaine, c’est presque la même chose qu’aimer Molière ; c’est aimer la nature, toute la nature, la peinture naïve de l’humanité, une représentation de la grande comédie « aux cent actes divers », se déroulant, se découpant à nos yeux en mille petites scènes avec des grâces et des nonchalances qui vont si bien au bonhomme, avec des faiblesses aussi et des laisser aller qui ne se rencontrent jamais dans le simple et mâle génie, le maître des maîtres.

947. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Leys, à qui il était si aisé, pour sa manière archaïque, de dénier l’originalité en le déclarant un disciple pur et simple d’Albert Durer, Théophile Gautier s’y prend avec plus de ménagement ; il a toute une théorie pour le cas particulier, et il entre dans les explications les plus appropriées comme les plus favorables : « S’il est permis, dit-il, de ressembler à quelqu’un, c’est sans doute à son père, et M.  […] En exécutant enfin ce Capitaine Fracasse dont il avait, il y a quelque vingt-cinq ans, donné le simple titre à son libraire, il a tenu encore une gageure des plus difficiles, laquelle consistait à composer un roman presque pastiche qui parût suffisamment de la date ancienne où la scène se passe, et qui eût en même temps ce je ne sais quoi de frais et de neuf, indispensable signature de toute œuvre moderne. […] Manon Lescaut lui paraît trop simple, j’en suis sûr, et, telle qu’elle est, ne le tente pas.

948. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

C’est un corridor où le vent passe. » Non, le poète n’est pas une chose si simple, ce n’est pas une résultante ni même un simple foyer réflecteur : il a son miroir à lui, sa monade individuelle unique. […] L’histoire naturelle de Pope est bien simple : les délicats, a-t-on dit, sont malheureux, et lui il était deux fois délicat, délicat d’esprit, délicat et infirme de corps ; il était deux fois irritable.

949. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

On a pu dans ces derniers temps, par analogie avec d’autres époques légendaires mieux connues, distinguer divers moments durant cette période ; il y eut probablement d’abord l’âge des chants narratifs de peu d’étendue, de ce qu’on appelait épos : l’âge de l’épopée a suivi, dans lequel ces chants plus simples étaient repris, remaniés, et transportés avec souffle dans des compositions plus larges et déjà savantes. […] L’Homère unique, il est vrai, l’Homère simple, individuel, pareil à un Milton antérieur, a cessé d’être possible : après Wolf, après Lachmann, ces docteurs Strauss de l’homérisme, il n’y a plus moyen de tout sauver : du moins il nous reste à la place un Homère en deux ou trois personnes, en deux ou trois génies. […] Et de loin, à la distance où nous sommes, et où était déjà un Solon ou un Pisistrate, ces deux grands Homères ne faisaient qu’un seul et même astre, qu’une étoile : il a fallu l’instrument des modernes pour les décomposer, pour découvrir que ce qui de loin paraissait simple, et qui le paraît encore à l’œil nu, n’est qu’une réunion, un rapprochent de deux astres, une étoile double.

950. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

De ce que Newton, contrôleur de la monnaie de Londres, a été d’avis qu’on devait pendre un faux monnayeur convaincu de ce crime par-devant le jury, et de ce qu’il n’ait pas donné à l’avance dans l’opinion de Beccaria contre la peine de mort, je ne vois pas ce qu’on en peut conclure par rapport à son génie ou même à son caractère, et il faut bien être de cette date philanthropique de 1865 pour voir là dedans autre chose qu’une opinion des plus ordinaires et des plus simples, des plus commandées à la date et dans la position de Newton. […] De même les esprits ordinaires sentent bien la différence d’une simple vraisemblance à une certitude entière, mais il n’y a que les esprits fins qui sentent le plus ou le moins de certitude ou de vraisemblance, et qui en marquent, pour ainsi dire, les minutes par leur sentiment. » C’est délicat, exquis d’expression comme de vérité. […] Mais nous, simples hommes, que le surnaturel étonne toujours, nous lui demandons la permission d’hésiter et de douter un peu devant cette révélation nouvelle qu’il nous propose.

951. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Des figures : métaphores, métonymies, périphrases Voilà donc les ressources que nous offrent les mots, soit isolément, par l’élasticité de leur sens propre et la puissance d’évocation qui leur appartient, soit assemblés, par leur simple contact et la modification particulière qui en résulte pour chacun d’eux. […] Faute d’autres, elles se sont vidées de toute image et sont devenues simples. […] Cependant on a distingué certaines espèces de métaphores13, dont il est assez aisé de donner la formule : ce sont celles où l’idée que l’on a dans l’esprit, et celle dont on applique l’expression à la première, sont entre elles dans un rapport simple, nettement défini, permanent même, et dépendant le moins possible de la fantaisie de l’écrivain, connu de tous ou facilement perceptible à tous.

952. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Claude aime Christine, puis est ressaisi tout entier par son art : c’est aussi simple que cela. […] Le drame est aussi simple que s’il se passait dans un ménage d’ouvriers et si la cause du mal était le jeu ou la boisson. […] Ou bien (page 167) : « Et Hubertine était très belle encore, vêtue d’un simple peignoir, avec ses cheveux noués à la hâte ; et elle semblait très lasse, heureuse et désespérée… » Etrange idée d’avoir entrouvert cette alcôve de quadragénaires au fond de cette idylle enfantine !

953. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

On y retrouve pour ainsi dire l’homme aux goûts simples qui, dans sa jeunesse, étudiait et écrivait au milieu des forêts et des prairies, qu’on ne voyait jamais dans les rues de Bayreuth sans une fleur sur sa poitrine, et que ses biographes nous peignent travaillant et méditant dans un coin de la même chambre où sa mère, sa pauvre et humble mère, se livrait activement aux travaux du ménage, soignant le feu de son poêle et faisant sa cuisine, sans que le bruit des occupations domestiques parût troubler son fils, pas plus que le roucoulement des pigeons qui voltigeaient dans cette chambre. […] Il s’est élancé de l’une, et est allé expirer sur l’autre, en passant par-dessus tout un monde et en touchant le ciel : voilà l’idée plastique de cette belle ode ; et ceux qui ne verraient dans la comparaison de la bombe, qui la termine, qu’une simple comparaison et presque un hors-d’œuvre, n’auraient rien compris à une composition si artistique. […] On peut ensuite faire correspondre une série progressive à une autre, et cette correspondance a conduit aux logarithmes, de telle manière qu’on a substitué au calcul des nombres le calcul plus simple de leurs logarithmes.

954. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Sa vie fut simple, et je ne la rappelle ici que pour ceux qui aiment à bien savoir de quel homme on parle quand on a affaire à un auteur. […] Aussi la plus simple parure suffisait à une pensée élégante pour leur plaire, et la vérité pure les satisfaisait dans les descriptions. […] Décidément, il sera convenable qu’un jour, de tous ces chapitres métaphysiques, on n’en fasse qu’un seul, très réduit, dans lequel on n’admettra que les pensées belles, simples, acceptables, rejetant toutes celles qui sont équivoques ou énigmatiques.

955. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Non pas précisément ; mais je voudrais aider avant tout à maintenir, à renouer la tradition, sans laquelle rien n’est possible en bonne littérature ; et, dès lors, quoi de plus simple que de tâcher de renouer cette tradition au dernier anneau ? […] J’aimerais à voir la jeunesse s’apprivoiser et s’adoucir petit à petit à ce style plus simple, à ces manières de dire vives et faciles, qui étaient réputées autrefois les seules françaises. […] Je ne sais quelle ambition diplomatique, la tentation d’une autre carrière, peut-être le simple attrait de la nouveauté, le tiennent à ce moment ; il part, il court les petites principautés ; il va de Berlin à Brunswick, à Bayreuth (octobre 1743) : « Il est ivre absolument, il est fou des cours et d’Allemagne. » Le roi de Prusse est évidemment le grand rival de Mme du Châtelet à cette heure ; singulier rival, ajoute-t-elle amèrement.

956. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Ces races aristocratiques et fines, douées d’un tact si exquis et d’un sentiment de raillerie si vif, ou n’aimaient pas ces choses simples, ou n’osaient pas le laisser voir. […] Lorsque, quittant sa patrie, à la fin du premier livre des Confessions, il se représente le tableau simple et touchant de l’obscur bonheur qu’il aurait pu y goûter ; quand il nous dit : J’aurais passé dans le sein de ma religion, de ma patrie, de ma famille et de mes amis, une vie paisible et douce, telle qu’il la fallait à mon caractère, dans l’uniformité d’un travail de mon goût et d’une société selon mon cœur ; j’aurais été bon chrétien, bon citoyen, bon père de famille, bon ami, bon ouvrier, bon homme en toute chose ; j’aurais aimé mon état, je l’aurais honoré peut-être, et, après avoir passé une vie obscure et simple., mais égale et douce, je serais mort paisiblement dans le sein des miens ; bientôt oublié sans doute, j’aurais été regretté du moins aussi longtemps qu’on se serait souvenu de moi.

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