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1302. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

La curiosité peut encore ressembler à de la protection. […] que de donnera un pareil système le nom de conservateur ; cela ne ressemble-t-il pas infiniment à ce qui arrive à M.  […] Planche ; mais le champignon difforme ressemblait fort à M. 

1303. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

La fusion s’est donc opérée au point que cette fusion ressemble beaucoup à une conquête. […] Stéphane Mallarmé m’a dit qu’il ressemblait beaucoup, par l’expression du visage et par l’habitude du corps, à Edgar Poe ; non point l’Edgar Poe tel que nous le restituent les gravures mensongères, mais tel que M.  […] Bien que très différent d’eux, et qu’il ne ressemble qu’à lui-même, M.  […] Et comme tous ils se ressemblent, sous le masque uniforme de la verte envie ! […] Hier ne ressemble plus à aujourd’hui, et demain dévore déjà aujourd’hui.

1304. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Son héros, un premier rôle de la politique moderne, courait grand risque de ressembler à ceux que MM.  […] C’était une pièce lambrissée de bois clair qui ressemblait à une lingerie ; la converse s’y trouvait encore occupée à examiner des rochets d’enfants de chœur ; elle, lui sourit d’un sourire de bienvenue plus franc que tout à l’heure, qu’autorisait la moindre sainteté du lieu ; car, pour les religieuses, il est une hiérarchie, même de sourires. […] Lenotre nous donne sous ce titre : La Guillotine et les exécuteurs des arrêts criminels à Paris et dans les provinces pendant la Révolution, mais cela y ressemble terriblement, car il est, hélas ! […] Lenotre ne ressemblent en rien au bourreau terrible de Joseph de Maistre ; ce sont, pour la plupart, de pauvres diables qui sont toujours à court d’argent, et qui passent le temps où ils n’exécutent pas à demander l’amélioration de leur situation pécuniaire. […] Je citerai, à ce propos, d’abord l’étonnement de Thiébault qui, devant aller voir le Roi à Versailles, supposait que les souverains devaient se ressembler entre eux et songeait à le comparer à Frédéric II !

1305. (1925) Comment on devient écrivain

Les fausses vocations ressemblent aux vocations véritables : elles ont les mêmes exigences, elles procurent les mêmes joies, elles inspirent le même orgueil. […] Il n’en reste pas moins certain qu’un artiste doit toujours avoir le souci de dégager sa personnalité et de ne pas ressembler aux autres. […] Les surenchérisseurs ont beau se démener, tous nos romans se ressemblent ; quand on en a lu un, on les a tous lus ; ils n’ont qu’un thème : l’amour ; qu’un héros : l’amant ; qu’un type de femme : la maîtresse. […] Et non seulement tous les romans se ressemblent, mais chaque auteur recommence le même livre. […] Pas une de ces figures ne ressemble à l’autre.

1306. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Tout a été dit sur lui, croira-t-on, mais c’est le propre de ces génies chargés de vitalité — ainsi Shakespeare, ainsi Balzac — que leurs créations ressemblent à celles de la nature : plus nous les considérons, plus elles nous apparaissent complexes et mystérieuses. […] Mais, je le répète, rien de moins international, rien qui ressemble moins à ce désir de n’être pas de son pays, véritable maladie mentale d’un âge dont la tare dangereuse est une diminution, non pas, comme on l’a dit, de la Volonté, mais, — on ne le dira jamais trop, — de l’Intelligence. […] Elle aide à mieux comprendre le chemin suivi par l’intelligence d’outre-Rhin et comment s’est produite une déviation dans laquelle nous devons trouver un enseignement : celui de ne pas lui ressembler. […] Plus la cité ressemble à la ruche, plus un Haeckel la juge accomplie. […] Cette théorie qu’il y a une spécificité des métiers a été soutenue pour la première fois par Balzac, dans la préface générale de la Comédie humaine : « La Société », écrivait-il, « ressemble à la nature.

1307. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Vivre comme on respire, c’est l’apanage de la divinité ; mais pour nous, comme dit le poète : Nous ressemblons les bœufs, qui de coutres tranchants À col morne et fumeux vont labourant les champs. […] que je suis marry que la Muse françoise Ne peut dire ces mots comme fait la Grégeoise, Ocymore, dyspotme, oligochronien : Certes je les dirais du sang Valésien, Qui de beauté, de grâce et de lustre ressemble Au Lys qui naist, fleurit et languit tout ensemble. […] D’ailleurs ces deux poètes, inégaux par le génie, certes, se ressemblent encore par la délicatesse de leur art et un commun souci de perfection dans le style. […] Un tel mesnage à l’âge d’or ressemble, Tant regretté par les siècles passez. […] La Harpe au serpent n’a jamais ressemblé : Le serpent siffle, et La Harpe est sifflé.

1308. (1900) Molière pp. -283

Tous ceux qui ont dit : le jargon de Molière, ont eu raison ; il est d’une époque où la langue n’était pas encore complètement formée ; et, comme Regnard, qui vient après lui, ressemble beaucoup, par son élégance achevée, à Racine, Molière, par la façon pittoresque et rocailleuse dont il lui arrive de dire les choses, ressemble à Corneille ; il en a la rudesse, les formes oratoires, les traits sublimes : il en a aussi le forcé et le prétentieux. […] Quand Goethe, préoccupé de définir la ressemblance créée par la nature entre individus d’un même sexe, a dit l’éternel féminin, il a voulu dire évidemment que la colombe et la panthère, quelque éloignées de tempérament qu’elles puissent être, ont cependant des côtés par lesquels elles se ressemblent bien plus entre elles, que chacune d’elles ne ressemble au pigeon et au léopard. […] Ce seul fait a modifié et transformé le sentiment fraternel aux deux époques ; il ne se ressemble plus du tout. […] ASPASIE Ô Anaxagore, tu ressembles aux Pythagoriciens ; ils bâtissent le monde sur une fragile unité, et toi, sur un mot, tu élèves tout un édifice de soupçons. […] ——— Ou bien encore elle ressemble à ces Indiens qui ne connaissent pas le prix de l’or brut et qui l’échangent contre le premier morceau de verre luisant au soleil.

1309. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Ils ne ressemblent point aux autres fêtes. […] Ses personnages lui ressemblent : ils n’arrivent point à se dégager de l’absolu. […] Toujours leste, jamais embarrassé, il se tire d’affaire par une réflexion amusante ; l’être auquel il a le plus peur de ressembler, c’est M.  […] Regardez avec attention : dans le roman, dans la poésie, au théâtre, partout le spectacle se ressemble. […] Ils ne veulent pas que le roman ressemble à une œuvre d’imagination.

1310. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Jusqu’à lui on ne se doutait pas de tout ce que pouvaient fournir d’intérêt, de vie, de drame mouvant et sans cesse renouvelé, les événements, les scènes de la Cour, les mariages, les morts, les revirements soudains ou même le train habituel de chaque jour, les déceptions ou les espérances se reflétant sur des physionomies innombrables dont pas une ne se ressemble, les flux et reflux d’ambitions contraires animant plus ou moins visiblement tous ces personnages, et les groupes ou pelotons qu’ils formaient entre eux dans la grande galerie de Versailles, pêle-mêle apparent, mais qui désormais, grâce à lui, n’est plus confus, et qui nous livre ses combinaisons et ses contrastes ; jusqu’à Saint-Simon on n’avait que des aperçus et des esquisses légères de tout cela ; le premier il a donné, avec l’infinité des détails, une impression vaste des ensembles. […] Prétendre compter chez lui ces sortes de portraits, ce serait compter les sables de la mer, avec cette différence qu’ici les grains de sable ne se ressemblent pas.

1311. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Les discours en vers de Voltaire sont ce qui ressemble le plus, dans nos littératures modernes, aux épîtres du poète latin : une morale prodigue de préceptes merveilleusement alignés dans ces vers faciles, et des retours personnels sur sa propre vie privée qui font le charme des confidences poétiques. […] Il ne faut pas chercher de la poésie ; c’est écrit au crayon sur le genou, en notes où le vers s’amuse à ressembler à la prose.

1312. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Un pli triste, qui ressemblait à un commencement d’ironie, ridait sa joue droite. […] Ce mot est une adulation à la trivialité de la multitude hébétée de rage, qui, faute de trouver une parole, jette l’excrément au visage du destin ; c’est de la démagogie grammaticale qui, voulant que tout lui ressemble, enlève au soldat et au peuple une réplique immortelle, pour lui substituer ce qui n’a de nom dans aucune langue, une bestialité muette cherchant une injure sur ses lèvres, et n’y trouvant qu’un sale idiotisme dans le cœur de tant de héros !

1313. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Cet égout, ces rencontres, ces complications, ces dénouements, ressemblent infiniment trop au boulevard du Crime. […] Il leur ressemblait en ce sens qu’il marchait comme eux.

1314. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Comme artiste, Wagner ressemblait à un puissant magicien capable d’évoquer toutes les passions humaines par les incantations de la musique et le ressort du drame. […] Une trentaine de jeunes filles, dont les vêtements ressemblent à de grandes fleurs, accourent affolées.

1315. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

En ces temps même, il faut l’avouer, le militaire revêt un aspect prêtant un rien à la moquerie, un aspect légèrement comique, et nous commençons à ressembler aux Athéniens, souriant d’Hercule et de ses héroïques exploits. […] Dimanche 1er octobre L’amour du mari chez l’Américaine diffère de celui de la femme française : « L’Américaine préfère toujours son mari à son enfant, la Française, toujours son enfant à son mari. » Jeudi 12 octobre Je revois Daudet, dans une espèce d’allégresse, de bonheur exalté produit par le travail, et qui ressemble à de la griserie : un état très particulier et que je n’ai constaté que chez lui.

1316. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Je sais que vous riez amèrement de cette nécessité, où l’on est en France de prendre un état… Il vaut mieux, mon cher René, ressembler un peu plus au commun des hommes et avoir un peu moins de malheurs. » Prendre un état, ressembler au commun des hommes, mais c’était le malheur des malheurs pour René.

1317. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Voilà pourtant, qui le croitoit, en quoi la plûpart de nos faiseurs d’éloges ont cherché à lui ressembler. […] Or le style n’est agréable qu’autant qu’il est l’image naïve du genre d’esprit de l’auteur, & c’est à quoi le lecteur ne se méprend guéres, comme on juge qu’un portrait ressemble sans avoir vu l’original.

1318. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Agassiz insiste fortement sur ce que les animaux anciens ressemblent jusqu’à un certain point à l’embryon des animaux de la même classe ; de sorte que la succession géologique des formes éteintes est en quelque degré parallèle au développement embryogénique des formes récentes. […] Si l’on pouvait arriver un jour à prouver que les anciens animaux ressemblent, jusqu’à un certain point, à l’embryon des animaux vivants de la même classe, le fait n’aurait rien d’inexplicable.

1319. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Les espèces étroitement alliées des plus grands genres paraissent aussi plus limitées dans leur extension et, d’après leurs affinités, elles sont renfermées en petits groupes autour d’autres espèces : sous ces divers rapports elles ressemblent donc à des variétés. […] Dans certaines classes tout entières, des formes très diverses sont cependant construites sur le même plan ; et à l’âge embryonnaire les espèces se ressemblent les unes aux autres de fort près.

1320. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Il eût pu être, à côté de plus d’un qui lui ressemble et dont je suis tenté (oubliant l’anachronisme) de mettre le nom tout près du sien64, un des champions écoutés de la classe moyenne.

1321. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

On commence à voir de quelle manière ce paysage se diversifie d’avec les précédents, et comment ces continuelles courses de montagnes ne se ressemblent point toutefois et admettent les accidents, les variétés les plus sensibles.

1322. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Il advint même, pour plus de vérité et pour que cela ressemblât davantage à ce qui s’est passé trop souvent, que François Ier ne fut point informé que c’était à lui qu’on devait l’exécution de son désir.

1323. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

— Encore une fois, Bossuet ressort de cette lecture et de l’épreuve suprême de ces intimes documents avec des traces de faiblesse sans doute et d’infirmité humaine ; je ne sais si ceux qui se dressent dans l’esprit d’illustres statues qui ressemblent trop souvent à des idoles, trouveront qu’il ait grandi à leurs yeux ; mais cet homme, qui a eu tant de grandeur dans le talent, s’y montre avec bien de la bonté morale et de la piété vraie dans le cœur ; que faut-il davantage ?

1324. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Il était fier, et avec raison, de cette découverte : « Auparavant, disait-il, les chimistes ressemblaient à des architectes qui, pour connaître un édifice, auraient commencé par le démolir et auraient prétendu ensuite juger de sa structure intérieure d’après la nature, le nombre et le poids des matériaux bruts, au lieu que maintenant, dans bien des cas, on peut saisir la constitution intime des corps sans les endommager, et distinguer les propriétés essentielles des particules mêmes en situation. » — Se plaignant que les chimistes tardassent trop à user de ce nouveau moyen d’investigation délicate : « Les chimistes ne sont que des cuisiniers, disait-il encore ; ils ne savent pas tirer parti de l’admirable instrument que je leur ai mis entre les mains. » Mais, enfin, il y eut de jeunes et habiles chimistes qui en essayèrent et qui donnèrent à M. 

1325. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Au reste, toutes ces toilettes féminines se ressemblent fort.

1326. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Il y eut par suite à Sicca un rassemblement inusité, qui ressemblait à une halte de tout un ramas de peuples en voyage.

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