Frédéric Masson, après Albert Sorel, Ernest Denis et Gross-Hoffinger, nous explique les causes profondes : François éprouve contre la Révolution et la France cette sorte d’horreur religieuse que doivent lui inspirer à la fois un cerveau peu développé, une éducation religieuse très stricte et le sentiment de sa majesté outragée. […] Le 13 mars, après un nombre incalculable de cérémonies officielles ou religieuses, de banquets et de réjouissances publiques, Marie-Louise, bien confessée par le chapelain de la cour, dûment embrassée par tous ses parents, monta en carrosse et partit en poste, au bruit des trompettes, des tambours, des grelots, des canons et des cloches. […] Élevée chez les religieuses de Notre-Dame, au couvent de la rue des Mineurs, à Strasbourg, Lucienne apprend le français, parce qu’il est convenable qu’une jeune fille de bonne maison, même à Berlin, sache notre langue et copie nos modes. […] Et sa première occupation, sur ce sol lointain, fut d’accompagner le mort jusqu’aux ébéniers et aux hibiscus d’un cimetière charmant, dont les épitaphes, brèves et mystérieuses, commémoraient des noms de fonctionnaires, d’actrices, de religieuses, de soldats, de marins et de quelques femmes sans état-civil.
Je crois ouïr l’église immense Élever son bruit jusqu’aux cieux : De loin vers ces bois il s’élance, Et vient accroître le silence De leurs dômes religieux.
Il y a, entre autres, une mémorable scène, c’est quand Bernier, le loyal vassal, qui a retrouvé sa mère religieuse dans un couvent de ce même pays du Vermandois qu’on va ravager, est tout d’un coup surpris par l’incendie de l’abbaye, à laquelle Raoul, le fougueux baron, avait pourtant la veille accordé la paix ; mais un incident survenu a retourné soudainement sa volonté aveugle et enflammé sa colère ; il a commandé qu’on mit le feu, et il a été trop bien obéi : Brûlent les cellules, s’effondrent les planchers ; Les vins s’épandent, s’enfoncent les celliers ; Les jambons brûlent et tombent les lardiers ; Le sain-doux fait le grand feu redoubler ; Il (le feu) s’attache aux tours et au maître-clocher : Force est bien aux couvertures de trébucher ; Entre deux murs est si grand le brasier, Que toutes cent (les nonnains) brûlent écrasées ; Marcens y brûle, qui fut mère à Bernier, Et Clamados, la fille au duc Renier… De pitié pleurent les hardis chevaliers.
.) — La Religieuse a une origine semblable ; il s’agissait de mystifier M. de Croismare.
Il la trouve dans sa conscience, gravitation mystérieuse, mais convenable, que Dieu a donnée comme une impulsion constante dans tous les pays, dans tous les temps, dans toutes les doctrines civiles ou religieuses, à tous les hommes de bonne volonté.
On les délivre alors de leurs chaînes, on les laisse s’entretenir librement dans le cloître avec leurs parents, leurs amis, leurs femmes, et surtout avec les prêtres ou les religieux, de quelque couvent que ce soit, qu’ils demandent pour se préparer au grand passage.
Maîtres de la Gaule, et devenus chrétiens, les Francs oublièrent ou réduisirent en faits humains leurs mythes religieux : ils gardèrent leurs poèmes historiques et leur goût pour les récits épiques qui exaltent le courage et enchantent l’imagination.
.), donnée dans de telles conditions, présente évidemment un caractère presque religieux, puisqu’il exige en outre la participation, la Communion des spectateurs.
Des cinq filles de madame de Rambouillet, trois étaient religieuses, la quatrième était madame de Montausier, la cinquième et la plus jeune était mariée depuis un an au comte de Grignan, il faut même que le mot de madame soit rétabli, pour que Ménage ait pu dire ensuite que tout l’hôtel de Rambouillet était présent ; car madame de Rambouillet était une grande partie de ce tout.
Ce poème religieux s’achèvera par elle dans le ciel.
N’avons-nous pas vu récemment un écrivain religieux d’un grand zèle tenter « s’il ne serait pas possible de composer un roman avec des personnages, des sentiments et un langage chrétiens3 » ?
C’était au seizième siècle, c’était parmi les guerres religieuses, sous les règnes si orageux et si poétiques des derniers Valois, que devait surgir l’Épopée française ; à cette époque on trouve Ronsard et quelques autres poètes de la Pléiade, trop vantés alors, et surtout trop décriés de nos jours par des auteurs qui ne les connaissent guères et qui sont loin de les égaler, mais on cherche vainement, dans cette Pléiade brillante, l’homme d’une puissante imagination, le poète de génie enfin, capable d’enfanter une œuvre épique.
Doré, qui comprend si bien le côté physique du Moyen Âge et n’a peur d’aucun détail poignant ou immonde des passions naïves de ce temps, n’en comprend pas si bien le côté pur, fermé, intime et religieux.
Ils se trouvèrent ainsi épais sur toute la terre, lorsque le tonnerre se faisant entendre pour la première fois depuis le déluge, les ramena à des pensées religieuses, et leur fit concevoir un Dieu, un Jupiter ; principe uniforme des sociétés païennes qui eurent chacune leur Jupiter.
Si l’on met à part les chefs-d’œuvre de nos grands orateurs chrétiens, il est certain que le « discours moral » d’Arnolphe ne ressemble pas mal à la moyenne des sermons religieux, en reproduit, avec un peu d’exagération scénique, le tour et le style, surtout le ton affirmatif et la grossièreté des arguments. […] Aucune de ses pièces, d’ailleurs, ne fut aussi discutée que celle-là (car la guerre qu’on fit au Tartufe n’était que religieuse.) […] Quand les croyances et les pratiques chrétiennes sont aussi généralement répandues que dans la société du xviie siècle ; quand elles font partie de l’éducation, des institutions et des mœurs, et cela dans un pays où règne — provisoirement — la plus profonde paix religieuse et politique, elles ne sauraient être bien gênantes pour les dissidents, quand ce ne sont ni des hérétiques ni des rebelles, quand ce sont bonnement de tranquilles athées et de braves épicuriens, car alors la majorité des fidèles vit, à peu de chose près, comme ces épicuriens. […] Elle a vu débarquer le prétendant, il l’a baisée au front et elle a conçu pour lui un amour enthousiaste et religieux. […] Coppée a été frappé de la beauté du sentiment qui a quelquefois attaché les peuples à leur roi : sentiment profond, irraisonné, mystique, et de la même nature que la foi religieuse.
Dans la seconde partie de sa vie, Goethe s’est dégagé, on le sait, de toute croyance religieuse. […] Or, il semble que, plus que d’autres, les sentiments religieux que nous avons une fois éprouvés aient dû nous émouvoir profondément. […] Seules, les revues à tendances religieuses introduisirent quelques réserves : encore se plaisaient-elles à saluer en l’œuvre nouvelle de l’illustre écrivain « le meilleur produit de sa muse11 ». […] Les douces relations qui se sont établies entre nous m’imposent le devoir religieux de confondre votre cause avec la mienne.
M. de Vitresac, un Des Grieux moins les vices du temps, arrive au Boul’Miche, autrefois le quartier Latin, pourvu d’une solide éducation religieuse ; il descend dans un hôtel habité par des prêtres. […] Jamais un mot de raillerie sur les choses religieuses n’est sorti de mes lèvres. […] Je ne puis que mentionner, sans y rien emprunter, les chapitres relatifs à la philosophie positive ; mais ce que je tiens à faire connaître à mes lecteurs, c’est la belle conclusion du chapitre intitulé : De la persistance des idées spiritualistes et religieuses, dans les solutions proposées par les positivistes, sur la question de la valeur et de la dignité de la vie humaine. […] Si même cette faveur se traduisait ouvertement, s’il vivait toujours avec l’une et négligeait les autres, l’autorité civile, qui se confond chez nous avec l’autorité religieuse, ne tarderait pas à intervenir, et il serait l’objet d’une réprimande publique. […] Je crus remarquer que les yeux de notre interlocuteur commençaient à briller d’un éclat qui ne sentait pas seulement l’ardeur religieuse, et je me demandais si l’oreille du satyre ne perçait pas sous le masque du fanatique.
L’intérieur de la maison des brodeurs, voisine de la cathédrale qui l’abrite et semble l’écraser : L’ombre éternelle y était pourtant très douce, tombée de la croupe géante de l’abside, une ombre religieuse, sépulcrale et pure, qui sentait bon. […] Cet Abbé Jules aurait dû naître le jour où Diderot écrivait la Religieuse ; l’idée mère en remonte au dix-huitième siècle si la forme est d’aujourd’hui et de demain. […] … » Il aurait embrassé la religieuse !
Avec cette foi religieuse nouvelle — accordée par force, mais accordée tout de même — la vie présente devient pour les croyants aussi, l’objet de leurs plus immédiats soucis. […] L’important est qu’ils doutent et il n’en est plus dont les convictions religieuses ne soient pas entamées par quelque côté.
Lise vivait encore, mais loin, mais perdue dans l’oubli ; il pensait à elle comme à une personne vivante, et ne reconnaissait point celle qu’il avait aimée autrefois dans cette triste et pâle apparition, enveloppée de vêtements de religieuse et entourée de nuages d’encens. […] Elle se rendait dans le chœur ; elle a passé tout près de lui, d’un pas égal, rapide et modeste, avec la démarche particulière aux religieuses ; — et elle ne l’a point regardé ; mais la paupière de l’œil tourné vers lui a frissonné légèrement ; mais son visage amaigri s’est incliné davantage encore ; mais ses mains jointes et enlacées de chapelets se sont serrées plus fortement.
« Une rechute religieuse comme ça, moi aussi m’est arrivée, s’écrie Daudet. […] Ma foi, les volumes étaient bien reliés et, les jours suivants, mon accès religieux étant un peu passé, et ayant faim, je vendais les quatre volumes du Père Félix, ce qui me donnait à manger, deux ou trois jours.
Avec les coquilles, il bâtit de nouveaux systèmes philosophiques, religieux ou scientifiques qu’il tourne, retourne, polit, attife de cent fanfreluches en manière d’axiomes, de dogmes ou de formules. […] Tout tressaillant d’une émotion religieuse, je recueillis les conseils paternels des arbres. […] Marie-Marguerite des Anges, Flamande, religieuse du Carmel, se ceint la poitrine de chaînes hérissées de pointes, se nourrit de rogatons recrachés sur les assiettes, boit, pour se désaltérer, l’eau de vaisselle.
Et, parce qu’elle est juste, utile, obligatoire, elle est le devoir religieux de tous envers chacun et de chacun envers tous.
J’ai habité trois mois à quelques pas des grottes mystérieuses où les Druses, peuple franc-maçon, se livrent à la fois à leurs cérémonies religieuses et à de nocturnes débauches.
C’est la vérité, reprit-elle avec une satisfaction religieuse.