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1097. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

La jeunesse ne dissimule rien : je ne lui cachai pas tout le mépris que j’avais pour lui, et il ne l’oublia pas, d’autant plus que, sans lui répondre jamais, je lui donnais quelquefois en passant des marques de ce mépris qui était en moi un sentiment vrai. » Il y a des instincts de race : pourquoi cet écolier de philosophie méprisait-il Fréron ?

1098. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Camille Rousset vient de nous donner l’histoire, jeune homme charmant et sage, sur qui reposaient toutes les espérances du maréchal et tout l’avenir de cette race des Fouquet, ainsi restaurée et ressuscitée du fond de l’abîme.

1099. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Tantôt, flottant entre un passé gigantesque et un éblouissant avenir, égarée comme une harpe sous la main de Dieu, l’âme du prophète exhalera les gémissements d’une époque qui finit, d’une loi qui s’éteint, et saluera avec amour la venue triomphale d’une loi meilleure et le char vivant d’Emmanuel ; tantôt, à des époques moins hautes, mais belles encore et plus purement humaines, quand les rois sont héros ou fils de héros, quand les demi-dieux ne sont morts que d’hier, quand la force et la vertu ne sont toujours qu’une même chose, et que le plus adroit à la lutte, le plus rapide à la course, est aussi le plus pieux, le plus sage et le plus vaillant, le chantre lyrique, véritable prêtre comme le statuaire, décernera au milieu d’une solennelle harmonie les louanges des vainqueurs ; il dira les noms des coursiers et s’ils sont de race généreuse ; il parlera des aïeux et des fondateurs de villes, et réclamera les couronnes, les coupes ciselées et les trépieds d’or.

1100. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Pour trouver de ces lutteurs, ils font chercher trois ou quatre hommes de race ou d’éducation différente, tous ayant roulé et pâti, un plébéien brutal comme l’abbé Maury, un satyre colossal et fangeux comme Mirabeau, un aventurier audacieux et prompt comme ce Dumouriez qui, à Cherbourg, lorsque la faiblesse du duc de Beuvron a livré les blés et lâché l’émeute, lui-même hué et sur le point d’être mis en pièces, aperçoit tout d’un coup les clés du magasin dans les mains d’un matelot hollandais, crie au peuple qu’on le trahit et qu’un étranger lui a pris ses clés, saute à bas du perron, saisit le matelot à la gorge, arrache les clés et les remet à l’officier de garde en disant au peuple : « Je suis votre père, c’est moi qui vous réponds des magasins322 ».

1101. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

III Mathieu de Montmorency n’avait aucune ambition qui ne fût digne de son nom, de son caractère et de sa race.

1102. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

La tristesse qui s’y rencontre n’implique point le dégoût théorique du monde comme il est, un parti pris féroce, une malédiction jetée sur notre race.

1103. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Oscar Wilde, encore qu’il se défendît d’obéir aux préjugés, subissait à son insu cette hostilité héréditaire et s’il avait retrouvé, à Londres, cette même rigueur puritaine, cette même obstination hypocrite du cant (on sait que les Irlandais se font gloire d’un haut renom de chasteté) dont sa libre et sensuelle nature avait à souffrir, il se sentait doublement incité à s’en affranchir par instinct et par désir de faire pièce à une race détestée.

1104. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Nul auteur n’a été plus admiré que Rabelais, mais il l’a été de deux manières et comme par deux races, très distinctes d’esprit et de procédé.

1105. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Marie Stuart a succombé de sa personne et dans celle de ses descendants ; Charles Ier sous la hache, Jacques II par l’exil, ont continué et accru son héritage de fautes, d’imprudences et de calamités : la race entière a été retranchée et a paru mériter de l’être.

1106. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Cette page est vraiment juste, elle est simple et belle, et, puisque je suis en train de découpures, je la donnerai : Malheureux prince (est censé lui dire Henri IV), le plus semblable à moi des petits-fils de ma race, tu avais en toi-même tout ce qui fait les grands hommes, et tu t’en es servi pour accomplir les plus grands vices.

1107. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Hommes de la génération de 1830, tombés en 1848, désormais évincés et très ajournés, vous qui vous êtes toujours piqués de tout comprendre dans l’histoire, et qui, par l’étude, par les idées, par une habituelle et libre ouverture de l’intelligence, vous êtes crus et êtes, en effet, si supérieurs aux plus hommes d’esprit de cette race de 1815, n’admettez en vous trop longtemps aucun grain d’aigreur et d’amertume, aucun levain pareil au leur et qui est de nature à se loger si aisément au cœur de l’homme.

1108. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Ducis était de cette race de philosophes, d’amis de la retraite et de la Muse, qui n’entendent rien à la politique ni à la pratique des affaires, et qui ont droit de résumer toute leur charte en ces mots : « Quand un homme libre pourrait démêler dans les querelles des rois (rois ou chefs politiques de tout genre) le parti le plus juste, croyez-vous que ce serait à le suivre que consiste la plus grande gloire ? 

1109. (1903) Zola pp. 3-31

Avec un peu de Taine mal compris et peut-être de Claude Bernard mal lu, et peut-être avec le souvenir d’une boutade de Sainte-Beuve : « Je fais l’histoire naturelle des esprits », il se dit que l’homme était le produit de sa race et un peu de son milieu, et il se dit qu’il serait intéressant de faire l’histoire d’une famille de 1840 à 1870.

1110. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Enfin, qu’une sensibilité vive soit accompagnée d’émotions vives aussi, comme cela est coutumier, et l’exubérante pitié de Dostoïewski s’expliquera, si l’on conçoit, jointes en son âme, la conception de vie que nous avons dite, et une sorte de bonté rêveuse qui semble douer la race slave.

1111. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Nous, les décadents d’une race qui s’éteint dans les amollissements convulsifs et la pourriture de sa propre civilisation, nous avons été trempés dans un bien autre Érèbe que le grand poète anglais.

1112. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

II Ce qu’il a donné en volume, je l’avais lu en partie dans La Vie parisienne, et j’avais été, je l’avoue, intéressé par le ton de tout cela, par ce ton retrouvé et que nous allions perdre, et qui est le ton de notre race.

1113. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Tous les romanciers se sont préoccupés de traduire cette vie qui enveloppe la nôtre, et ils l’ont fait avec une variété de procédés infinie, selon leur tempérament, selon leur race, selon le temps où ils ont vécu.

1114. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Elles ne s’écartent en rien du génie de notre race et tendent à donner un peu d’élasticité à des préceptes dont l’étroitesse ne peut que nuire à l’essor poétique, puisque la poésie est l’expression musicale et rythmée du sentiment et des idées.

1115. (1887) La banqueroute du naturalisme

Pour flatter un goût naturel à la race, M. 

1116. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Voici une page écrite sans légèreté et sans emphase, noble ; mesurée, et pourtant pressante, d’un style ample et grave, sans rien de monotone ou d’académique, qui semble du dix-septième siècle et qui n’est point une copie, qu’on peut relire dix fois, et qu’on trouvera toujours plus belle, et qui, certainement, donne une idée de la perfection : Depuis les premiers jours des sociétés humaines jusqu’à la venue de Jésus-Christ, tandis que dans un coin du monde une race privilégiée gardait le dépôt de la doctrine révélée, qui, je vous prie, a enseigné aux hommes, sous l’empire de religions extravagantes et de cultes souvent monstrueux, qui leur a enseigné qu’ils possèdent une âme, et une âme libre, capable de faire le mal, mais capable aussi de faire le bien ?

1117. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Mais je suis bien las de ces tyrannies Qu’adore en tremblant le monde à genoux ; Peuples énervés, races accroupies. […] Et pourquoi nous haïr, demandait Lamartine, Et pourquoi nous haïr et mettre entre nos races Ces bornes de nos cœurs qu’abhorre l’oeil de Dieu ? […] La sensibilité matérielle et maladive est surexcitée chez nous aux dépens du sens moral et de l’intelligence… Quand j’ai fermé les yeux à ces flammes de Bengale, quand la dernière vibration de ces cuivres ne tinte plus dans mes oreilles, quand je regarde là dedans avec mon esprit tout seul, il m’est impossible d’y découvrir quelque chose qui ressemble à une pensée et qui dénote l’exercice de la raison… L’imagination ne manque pas aux races inférieures ; voyez les nègres. […] La raison chez les races humaines est en proportion de leur force vitale, de leur énergie et de leur beauté corporelle. » Deux mots, pour finir, sur Mes premières années de Paris, par M.  […] Sortez donc du temple des idolâtres, vous qui vous annoncez comme le messager du Très-Haut ; remontez dans l’air pur où l’on plane au-dessus des rois, des peuples, de tous les pouvoirs de la terre ; n’êtes-vous pas de race céleste ?

1118. (1913) Poètes et critiques

Sa traduction ne grimace jamais : elle est d’un écrivain de race. […] C’est seulement à l’éloquent auteur de ce livre de sensations, où les idées abondent, qu’il faut laisser le soin de l’expliquer : « Quand je la compare au Danemark et à la Norvège, la Suède m’apparaît comme la lourde arrière-garde de la race scandinave. […] Mais tout ce qu’il y a de dignité et de vertu dans la race suédoise n’est pas exprimé par le savoir de ses docteurs ou le pouvoir de ses artistes. […] S’en détourner pour n’y pas revenir, ne serait-ce pas abdiquer en partie cette hégémonie littéraire attribuée dans le passé, dans le présent — il serait bien fâcheux de ne pouvoir dire dans l’avenir, — à la race française ? […] Elle pourrait se définir une combinaison ou, si l’on veut, un perfectionnement des méthodes dont Sainte-Beuve et Taine lui-même avaient fait tant d’applications : la race, l’hérédité lointaine ou immédiate, les impressions d’enfance et de jeunesse, les influences de tout ordre, la formation du caractère, l’orientation de l’esprit, les premières révélations, le développement progressif, l’évolution, la crise de l’âge mûr, le dernier mot prononcé ou encore à dire, l’influence profonde et durable, qui est la forme la plus rare et la plus enviable du succès.

1119. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Chez cette race nouvelle Où j’aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit. […] Heyermans ne serait qu’un épisode accessoire du drame que pourraient inspirer, à un auteur dramatique qui aurait quelque génie, la situation et le rôle de la race juive dans le monde contemporain. Race singulière entre toutes. […] Et tout cela, cependant, depuis les colporteurs méprisés des moujiks jusqu’aux rois de Paris et de Londres, tout cela, c’est la même race Renan ne voulait pas qu’on dît cela ; il voulait qu’on dit seulement « la même religion », mais vraiment il semble bien qu’il y ait quelque chose de plus) ; c’est, dis-je, la même race, et qui a conscience de son unité, et qui garde jalousement cette conscience. […] C’est lui enfin qui, tenant en son pouvoir Tibère, l’ennemi de sa race, l’épargne à la prière de la chrétienne Blandine.

1120. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Robert de Traz Les Suisses romands, pour la plupart, tiennent de leur race et de leur religion un goût très vif de l’analyse. […] C’est un drame nouveau, Une Race 47, qui est devenu le prologue à une tétralogie qui comprend Place 48, Rosengarten 49 (je ne peux pas le traduire, en français cela donne quelque chose de si mièvre, de si veule), et Dietrich 50. […] Taine montrera les influences de la race, du milieu, du moment, sur l’écrivain. […] On peut dire qu’il avait trouvé là le titre d’ensemble de son œuvre future qui devait être si pleine, si variée, et que la poésie, le mysticisme, traversent si spontanément sans que jamais le bon sens de la race vaudoise en soit ébranlé. […] C’est la même race, la même plénitude païenne ; l’un et l’autre aiment le bon travail, la bonne vie et la bonne chère.

1121. (1886) Le naturalisme

Arabes, Perses, Peaux-Rouges, Nègres, Sauvages de l’Australie, les races les plus inférieures et les plus barbares possèdent leurs contes. […] Viens, Miguel de Cervantès Saavedra, viens en finir avec une race d’écrivains absurdes, viens abattre, un idéal chimérique, patronner la réalité, concevoir le meilleur roman du monde ! […] Le romancier, après avoir lui-même tracé l’arbre généalogique de la race des Rougon, avec ses mélanges, ses fusions et ses sauts en arrière, retrace les métamorphoses de la terrible maladie héréditaire, en étudiant dans chacun de ses romans un cas d’un mal si mystérieux. […] Il pourra donc s’expliquer facilement comment est en odeur de sainteté sur notre terre catholique et latine une littérature, et le légitime du protestantisme, appropriée à ces mœurs méticuleuses, hypocrites, réservées et égoïstes que le puritanisme, mêlé à l’esprit mercantile de la race, acclimata dans l’ancienne île des Saints. […] Pour faire comprendre l’influence et l’action du roman dans la race saxonne, il suffit d’en citer un, la Case de l’Oncle Tom, dont personne n’ignore les résultats anti-esclavagistes.

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