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1137. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Reste donc la conséquence : Pourquoi les pauvres ne prendraient-ils pas la place des riches ? […] Mais allez donc aujourd’hui prendre un frein pour le plaisir d’en avoir un, c’est-à-dire faites-vous esclave pour le plaisir d’être esclave ! […] Ne prends sur la terre de l’amour que ce que tu peux en prendre là, une image, une ombre. […] Laissons donc De Maistre s’écrier : « Toutes les législations ont pris des précautions plus ou moins sévères contre les femmes. […] La femme cherchera le bonheur, et l’homme, entraîné après elle dans cette recherche, prendra avidement de sa main le poison qu’elle lui offrira.

1138. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il prend sa plume. […] Je prends ce terme, bien entendu, dans sa légitime acception. […] C’est là qu’il a pris terre et ciel. […] Tous les aspects de la ville et du paysage ont été pris sur place. […] Souvent mon père et ma mère me prenaient, le matin, dans leur lit, et me plaçaient entre eux.

1139. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Toutes les précautions furent prises en même temps pour ne pas indisposer l’Espagne par l’appareil d’une administration plutôt étrangère que nationale. […] Mais, dès son retour, ayant mission formelle pour agir, elle répond de ses œuvres, et, dans les déterminations qu’elle fait prendre, donne la vraie mesure de ses intentions et de ses talents. […] Plût à Dieu qu’il nous fût aussi facile de prendre le dessus sur les prêtres et les moines, qui sont la cause de toutes les révoltes !  […] Je prends la liberté, Madame, de vous demander là-dessus une explication un peu plus intelligible, pourvu néanmoins que vous le puissiez faire. » Et comme on lui répond discrètement qu’en France on n’aime pas que les femmes parlent d’affaires, « tant mieux alors, s’écrie-t-elle avec l’orgueil de son sexe ; nous aurons bien des choses à reprocher aux hommes, puisque nous n’y aurons point eu de part. » Philippe et sa cour furent obligés d’abandonner Madrid pour la seconde fois devant les armes de l’archiduc.

1140. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Mais c’est là un trait des Français, qu’ils prennent au pied de la lettre tout ce qui est compliment. Sous bien des rapports ils paraissent avoir fait entre eux l’espèce de convention tacite que le spectateur fait en entrant au théâtre, de prendre l’apparence des choses pour la réalité. […]   — Les soldats s’amusaient aussi appeler les ânes des demi-savants : mais, dans les moments difficiles, ils injuriaient ces malheureux serviteurs, et les savante avaient leur  part aux reproches du soldat, qui s’imaginait que le but de l’expédition était de satisfaire leur passion pour des recherches auxquelles le militaire prenait fort  peu d’intérêt. » — Il ne sait donc pas, celui qui a écrit ces lignes, que cette noble armée, de laquelle il lui plaît de faire une cohue de goujats, prenait aussi sa part des souvenirs magnifiques dont elle était environnée, qu’elle enterrait ses moite avec orgueil au pied de la colonne de Pompée, et qu’elle battait des mains avec enthousiasme à la vue des ruines de Thèbes !

1141. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Ainsi c’est dans son livre que nous prendrons l’idée generale de la musique des anciens. […] Porphyre qui vivoit environ deux cens ans après Aristides Quintilianus et qui nous a laissé un commentaire sur les harmoniques de Ptolomée, ne partage les arts musicaux, qu’en cinq arts differens, sçavoir, l’art metrique, l’art rithmique, l’art organique, l’art poetique, pris dans toute son étendue et l’art hypocritique. […] Dès que Porphyre a dit qu’il prenoit l’art poetique dans sa plus grande étendue comme il prend soin de le dire, il a dû ne point parler de la melopée, ou de l’art de composer la melopée comme d’un art musical particulier, parce que ce dernier art étoit renfermé dans l’art poetique, pris dans toute son étendue. […] On a déja vû que l’art poetique, l’art de composer la melopée et l’art du chant avoient tant d’affinité, que Porphyre ne les comptoit que pour un seul art, qu’il nomme l’art poetique pris dans toute son étendue.

1142. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Il cite pour exemple des vers de la tragedie de Thyeste, qu’on pourroit prendre, dit-il, pour de la prose, quand on ne les entend pas avec leur accompagnement. […] Cela veut dire que la déclamation theatrale est si variée, qu’il est si difficile d’entrer avec justesse dans tous ses differens tons, qu’on a besoin lorsqu’on veut déclamer comme on déclame sur la scene, de se faire soutenir par un accompagnement qui aide à bien prendre ces tons, et qui empêche de faire de fausses inflexions de voix. […] Il est au-dessous de l’orateur, dit Ciceron, d’avoir besoin d’un pareil secours pour entrer avec justesse dans tous les tons qu’il doit prendre en déclamant. […] Ainsi je crois que dans l’execution des dialogues la basse continuë ne faisoit que jouer de temps en temps quelques notes longues qui se faisoient entendre aux endroits où l’acteur devoit prendre des tons dans lesquels il étoit difficile d’entrer avec justesse.

1143. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

qu’ils ne s’en vont pas tous finir à la Morgue et à Bicêtre, mais qu’il en est qui se décident à emboîter le pas… gymnastique, pour aller plus vite, derrière cette société en marche qu’ils ne voulaient ni servir ni suivre, et même à avoir avec elle de ces manières très peu sauvages à l’aide desquelles on prend le succès à Paris. […] … En d’autres termes, si le peintre est dans ces Réfractaires, le peintre amer, âpre et féroce, qui nous les a faits si cruellement ressemblants, pourquoi le moraliste n’y est-il pas, le moraliste qui jugerait en dernier ressort tous ces Bohèmes de l’orgueil et de la paresse, tous ces Échappés de la Loi Sociale, et qui les internerait au bagne du Mépris, à perpétuité, pour leur peine d’avoir lâchement refusé de prendre leur part des travaux forcés de la vie ? […] le sujet de Vallès a l’inconvénient de tous les sujets circonscrits : il manque de l’intérêt qui prend, d’emblée, tous les esprits et tous les cœurs ! […] Un ombilic à regarder, ce n’est pas le tour du monde, quand vous le prendriez dans la panse même de Falstaff !

1144. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Véron »

Nous pensions qu’en une certaine mesure l’instinct politique ne manquait pas à un homme que Mazarin, qui aimait les heureux, aurait employé pour cette raison-là, et nous n’avions pas prévu cette nouvelle physionomie qu’il vient de prendre. […] Si le docteur Véron n’était pas une joviale et innocente individualité, comment le Corps législatif prendrait-il ses indiscrétions ? […] Le patelinage des mots et les précautions de médecin que prend le bienveillant docteur ne peuvent cacher le fond des choses. […] Ce qui a entraîné Véron vers les idées toutes faites de sa brochure, c’est que les idées dont il ne voulait plus l’ont pris au mot ; c’est que le silence, cette belle chose qui semble facile et qui ne l’est pas, est impossible à certaines natures expansives.

1145. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Par quelle pente est-il arrivé à aller prendre son suprême sommeil dans la famille protestante ?‌ […] C’est que la raison et les sentiments prennent d’eux-mêmes la pente de la nature. […] Aujourd’hui comme jadis, il me paraît très profond le mot de l’homme que j’ai le plus estimé, de ce Franz Wœpke qui disait : « J’ai pris la vie par le côté poétique. » Sous le nom de Paul, dans les Philosophes classiques 2, puis dans le musicien du dernier chapitre de Graindorge, et ailleurs encore, bien souvent, j’ai décrit cette résignation, ce calme, cette politesse, ce labeur désintéressé. […] aujourd’hui, au terme de ma course, je prends la résolution de donner mon suprême témoignage à une religion, parce qu’elle donne satisfaction à ma conception poétique de la vie et parce qu’elle aide à refréner les tendances naturelles des hommes qui sont la brutalité et l’égoïsme.‌

1146. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

» L’Ombre de Fénelon prit donc de bonne heure par la main M. […] En voyant aux prises les deux partis acharnés, les libéraux et les ultra-royalistes, chacun croyant à son droit et pouvant produire également des hommes de vertu et d’intelligence, M. […] Ses projets de travaux s’élargirent, se fixèrent et prirent, par leur structure imposante, quelque chose de ces grandes lignes romaines des monuments et des horizons. […] L’attitude d’Armand Carrel pris perpétuellement à témoin et invoqué pour arbitre par mes adversaires, son silence obstiné (je m’étais, il est vrai, abstenu soigneusement de le voir, mais M. […] Depuis ce temps, il avait vécu sur son capital dix-sept années durant, sans prendre jamais souci du lendemain.

1147. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Prenons nos exemples dans l’antiquité, qui est à la fois plus simplement naturelle et avec laquelle on est moins tenu de rester poli. […] Elle-même prit les rênes, et, tenant le fouet élégant de la main droite, elle conduisait à travers la ville. […] e Nemours prit la parole… » Voilà ce qu’est proprement le goût français ; on indique, on court, on sous-entend ; on a la grâce, la discrétion, la finesse, tout jusqu’à la poésie exclusivement. Et qu’on ne dise pas que les amants sont assis et non debout, et que c’est dans un roman et non dans un poëme que je prends mon exemple ; on ne dirait pas mieux ni par d’autres images s’ils étaient debout ; on dirait moins bien dans un poëme, à moins de sortir du cadre convenu. […] Après donc avoir fait briller de loin la gloire d’Ariane, « c’est ainsi, poursuit-il, que les Dieux te sauront gré à ton tour, si tu prends sur toi de sauver une telle élite de héros ; et certes, à te voir si belle, tout dit assez que tu es ornée des trésors du cœur.

1148. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Ces vices du goût, ces abjections d’images, sentent les inélégances natales d’un enfant sans mère qui prend ses polissonneries pour des phénomènes, et qui croit devoir les immortaliser comme des précocités de génie et d’originalité. […] Il prend la plume, il commence contre la société, contre les arts, contre la civilisation, cette série de paradoxes sur l’état de nature, c’est-à-dire l’état de barbarie : c’est là, selon lui, l’idéal de perfectibilité prêchée aux hommes. Une société corrompue alors jusqu’à la moelle sourit à ces contresens de la mauvaise humeur contre elle-même ; elle prend pour de la profondeur et pour de la vertu cette philosophie très éloquente et très absurde du monde renversé. […] L’âge et la sauvagerie de Rousseau pris en flagrant délit de ridicule, il découvrit que la curiosité de madame d’Épinay allait jusqu’à corrompre Thérèse pour avoir communication de la correspondance mystérieuse entre madame d’Houdetot et lui. […] Voilà un cynique qui prend, non pour épouse, mais pour instrument de plaisir brutal et pour esclave, une pauvre fille enchaînée à sa vie par le déshonneur, par la faim et par le dévouement de son sexe aux vicissitudes de la vie !

1149. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Paroles sévères, que nous aurions voulu prononcer après des paroles de sympathie ; mais que Baudelaire s’en prenne à lui-même ! […] Au milieu des énormités qu’il prend tant de peine à arranger pour l’illusion, il a des sourires qui lui traversent la physionomie comme des éclairs de bon sens et de mépris, mais l’industrialisme américain force le don Juan intellectuel à souper, et il obéit, — comme l’autre, — tout en raillant son Commandeur. […] Prenons-la où elle fit vraiment un ravage. […] Doué de la force de cette race de puritains qui se sont abattus d’Angleterre comme une bande de cormorans affamés, ce qu’il prend aux préoccupations contemporaines ne vaut pas la force qu’il déploie pour se servir de ce qu’il a pris ; et ici nous arrivons à ce qui l’emporte, selon nous, dans Edgar Poe, sur les résultats obtenus de sa manière, — c’est-à-dire l’application de son procédé. […] L’opinion, trompée jusqu’ici, avait, en effet, pris Edgar Poe pour ce qu’il n’était pas.

1150. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Tel théologien, son ami, songe à donner tous ses biens aux pauvres ; « mais les prendrait-on ? […] Désormais il a pris son parti, il veut être sauvé coûte que coûte. […] Nous prenons un homme compassé pour un homme religieux. […] Considérez-les à leur lecture ; ils prennent pour eux les prescriptions imposées aux Juifs, et les préfaces les y invitent. […] Au spectacle de ces détails si petits et si familiers ; l’illusion vous prend.

1151. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Enfin, son enfant naît, mais le rêve de toute la race a pris corps et forme, lady Hastings donne le jour à un centaure. […] Et s’il est vraiment poète, il ne discutera même pas : il prendra sa plume et il écrira. […] On n’a qu’à prendre un beau poème et à le lire. […] C’est à la suite de nombreuses et décisives expériences qu’il a pris la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. […] Il faudra que la poésie prenne une direction définie.

1152. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Chateaubriand a été pour lui le grand initiateur : il a pris de Chateaubriand les tristesses vagues, il en a pris ce dégoût des hommes qui se console dans la solitude. […] Il n’est rien comme d’avoir pris de fortes habitudes. […] Fantasio prend le costume du bouffon, met sa bosse et s’introduit ainsi dans le palais. […] Comment est-ce que le poète va s’y prendre pour nous exprimer cette idée. […] Je ne vais pas bien loin, je prends la première Solitude.

1153. (1888) Études sur le XIXe siècle

Je pris ma chère compagne dans mes bras, je débarquai et la débarquai sur la grève. […] Le parti que peuvent prendre la France, l’Angleterre, la Russie, l’Autriche, il n’en a cure. […] Est-ce qu’Annibal, demande-t-il quelque part, a pu prendre Rome, malgré ses victoires ? […] Il a la tête très grosse, le front large, si large que sa tête prend la forme d’une toupie. […] Sa folie consiste à prendre pour l’infidèle tous ses successeurs, l’un après l’autre.

1154. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Il passe sous la fenêtre de Catella, qui le prend pour le prétendu page. […] Catella prend toujours Paolo pour Romulo. […] Bientôt le More prend l’enseigne en aversion, et le renvoie de son armée. […] Ainsi comme, dans Macbeth, le poëte montre l’homme aux prises avec les passions du crime, de même dans le Roi Lear, il le fait voir aux prises avec le malheur, dont l’action se modifie selon les divers caractères des individus qui le subissent. […] Donc, comme votre plus proche héritier connu, j’ai pris cette couronne comme mienne et non comme vôtre.

1155. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Ce soir je les prendrai au moment où ma mère montera dans ses chambres hautes pour retrouver sa couche. […] Il s’avance et va s’asseoir près de Nestor… Dès que les viandes sont rôties, on les retire du foyer, et tous s’asseyent pour prendre le repas du matin. […] Télémaque monte sur le char brillant ; le fils de Nestor se place à côté de lui, prend les rênes dans ses mains, et du fouet il frappe les coursiers. […] Ne prit-elle pas les bords de son tablier et ne le releva-t-elle pas sur son visage pour cacher ses sanglots ? […] Il en prend deux et les immole aussitôt.

1156. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Cette effervescence cléricale s’incarna dans la Sainte Ligue, ou Union catholique dont le clergé, d’accord avec la funeste maison des Guise, prit en 1576, l’initiative. […] S’agit-il de la Révocation de l’Édit de Nantes et de la part capitale qu’y prit Bossuet ? […] 2° Loin d’avoir répudié les violences exceptionnelles qui ont marqué cette persécution, non seulement Bossuet n’a pas cessé de les justifier, de les encourager et de les aggraver, mais il y a pris part personnellement dans des circonstances particulièrement ignobles (rigueurs exercées contre des enfants).‌ […] Il parvint rapidement au but désiré : conquis par un tel assaut de louanges hyperboliques, Louis prit en affection profonde cet adorateur éperdu de la tyrannie. […] Mais les princes ont reçu de Dieu l’épée pour seconder l’Église et lui soumettre les rebelles. »… C’est sur ce droit de forcer la conscience que s’engage la querelle… Bossuet n’échappe aux prises de Jurieu qu’en s’enfonçant dans sa barbare doctrine, en soutenant, contre la nature, la pitié, la justice, — le faux droit de la tyrannie.

1157. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Un rude sacrifice s’est accompli en lui ; il a fait pour le bien, il a pris sa science au sérieux et a voulu que rien de téméraire et de hasardé n’y restât. […] qui vous dira les murmures et les balancements de nos sapins, le vêtement de brouillard que chaque matin ils prennent, et la funèbre obscurité de leurs ombres ? […] La Dôle est le point culminant du Jura, et où le Doubs prend sa source. […] Dubois, et avant de prendre rang comme une des natures de penseur les plus puissantes et les plus ubéreuses d’aujourd’hui, était simplement ouvrier typographe, M. […] Guizot, seul parmi les doctrinaires d’alors, prit une action.

1158. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

La maladie de l’imagination que madame de Staël voyait déjà si marquée dans Werther prend dans Byron un caractère plus intense, et sa cause se révèle plus clairement. […] Mais ce ne serait pas là seulement que nous prendrions de nouvelles armes. […] On prendrait ensuite l’œuvre entière de Byron, et le type en question reparaîtrait. […] On s’y réfugie toujours, pour y prendre des consolations ou des inspirations, aux époques de renouvellement. […] L’amour le prend alors.

1159. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Winckelmann prétend qu’en présence de l’Apollon du Belvédère, l’homme se redresse involontairement et prend une plus noble attitude. […] Il est des esprits chagrins qui ne regardent jamais un tableau qu’avec le désir d’y reconnaître des fautes de dessin, qui ne prennent jamais un livre qu’avec l’espoir d’y découvrir des incorrections de style. […] Comment supposer qu’un écrivain, au moment où il prend la plume, puisse se dépouiller des pensées qui l’agitent, des passions qui le dominent, pour revêtir des idées, des sentiments qui lui sont étrangers ? […] L’art de parler est peut-être de tous les arts celui dans lequel les mauvaises habitudes sont le plus funestes et se prennent le plus aisément. […] Ces règles, il faut les connaître ; cette habitude, il faut la prendre de bonne heure.

1160. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Le monde moral et le monde physique se confondent ; les sentiments sont des sensations ; les idées ont des contours ; l’abstrait prend un corps, et l’invisible même veut qu’on le voie. […] C’est là son objet : tirer des lettres un enseignement pratique, songer moins à conduire l’esprit que le cœur, prendre plus de souci de la morale que de l’esthétique. […] S’il n’avait pas suffi, pour l’inventer, de la justesse d’esprit et de la candeur d’âme dans un homme de bien, je dirais de l’écrivain qui s’y est fait de nos jours une aimable célébrité, qu’il en a pris le modèle à Fénelon et à Rollin. […] La passion lui fait défaut, mais il n’en prend pas le masque. […] Arrivé au terme de cette trop rapide revue, la gloire de mon temps m’attire vers d’autres côtés, et je me sens pris d’un dernier doute sur le mérite d’un plan qui me force d’omettre tout ce qui n’est pas de pure littérature.

1161. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Si le poète ose débuter par une situation forte, il se mettra dans la nécessité de soutenir le ton qu’il aura pris, et son ouvrage y gagnera. […] Pour remplir chaque acte, ils prenaient des actions qui appartenaient bien au même héros, mais qui n’avaient aucune liaison entre elles. […] Dans Andromaque, Oreste, ouvrant la scène, déclare à Pilade sa passion pour Hermione, et y intéresse tellement le spectateur, qu’on est tenté de prendre cet amour épisodique pour l’action principale. […]prendre, encore un coup, les originaux de semblables discoureurs ? […] Mais il n’est pas nécessaire qu’un acteur prenne la parole, pour avoir part au dialogue.

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