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413. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Pour s’être donné le malin plaisir de faire un livre de Régence et de Directoire, qui est bien de la date où le surintendant Fouquet faisait collection de ses billets doux, et dressait une liste de ses bonnes fortunes, il manque le grand siècle, les guerres de Flandre, celle de Franche-Comté qui vient passer presque sous ses fenêtres ; tous ses compagnons d’armes y seront : « Il vient de passer dix mille hommes à ma porte (à la porte de son château de Bussy) : il n’y a pas eu un officier tant soit peu hors du commun qui ne me soit venu voir ; bien des gens de la Cour ont couché céans. » Vite il écrit au roi pour demander à servir cette campagne, et le roi impassible répond : « Qu’il prenne patience ! […] On y apprend que Tallemant des Réaux naquit à la Rochelle, le jeudi 7 novembre 1619 ; qu’il mourut à Paris dans sa maison, rue Neuve-Saint-Augustin, près la porte de Richelieu, le 10 novembre 1692, et qu’il avait fait abjuration entre les mains du père Rapin, le 17 juillet 1685.

414. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Arrivé à Paris, déposé à la porte de sa mère, M.  […] Je fais une remarque : sa critique principale, qui porte sur le système des causes finales de Bernardin de Saint-Pierre, très-nette, très-franche et sans réserve dans son expression première, est corrigée et atténuée par une note ajoutée depuis, où l’on trouverait, en y regardant bien, l’indice d’une certaine timidité de pensée qu’il avait acquise en vieillissant. […] Quelque jugement qu’on porte de l’ensemble du tableau, l’expression particulière que M. 

415. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

On n’y dînait d’ailleurs qu’à portes closes. […] Le maître de la maison ne se considérait, disait-il lui-même, que « comme le maître du cabaret », où l’on avait, il est vrai, cet avantage de plus sur les autres cabarets, que l’on pouvait être bien sûr que personne n’écoutait aux portes. […] Sainte-Beuve disait à un ami en face de lui, dans une de ces conversations familières qui le prenaient parfois après une forte journée de travail : « Je ne me serais pas cru libre dans un journal qui porte un emblème en tête (il montrait le Journal officiel) ; il faut trop se ranger, quand on marche sous une bannière ; on a peur de marcher sur le pied de son voisin ; on se gêne ou l’on gêne ; on n’est plus là pour discuter, mais pour suivre ; on est enrôlé ; allez donc discuter les affaires de Rome, par exemple, comme on les sent, dans un journal qui épouse tant là légitimité que cela ; qui semble voué à la reine Marie-Antoinette ; oh il est sans cesse question d’elle !

416. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Deux jours après, un interne frappait à sa porte et hâtivement emmenait Flaubert, accompagné d’un de ses disciples. […] Vous arriverez, par cette gymnastique intellectuelle, à donner à votre esprit une puissance de déduction inconnue à ceux qui restent servilement dans le sillon creusé par leurs maîtres, moins par respect pour ceux qui ont ouvert les portes de la science que par paresse ou insuffisance. » L’emploi véridique de ce procédé, en littérature, suppose donc un certain degré de nescience de la part de l’auteur. […] Il s’agit d’un cas de phthisie prétuberculeuse : « Germinie, dans une nuit de jalousie, reste à la porte de son amant pour le guetter37.

417. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

La vie poussa encore Mme de Staël en ce sens : chassée de Paris, elle vit à Coppet, où son salon donne pour ainsi dire par trois portes sur la France, sur l’Italie et sur l’Allemagne, De Coppet elle sent mieux que de Paris l’attrait de l’Italie et de l’Allemagne : Paris est le lieu du monde où l’esprit s’enferme le plus facilement. […] Mais, bien Française en cela, elle porte son effort principal sur le théâtre. […] Il y a là en germe la lutte des classes ; et ce conseil porte la bourgeoisie libérale à répéter la faute de la noblesse privilégiée du xviiie  siècle.

418. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

En ce moment, une main légère frappait à la porte de l’humble colon […] — « Entrez », dit-il, car à peine la porte fermait au loquet. […] — « Enfants, dit-il, voilà une heure mal choisie pour aller à travers champs comme vous faites ; cependant vous êtes plus heureux que sages, et vous arriverez dans un instant à Fontenay. » Disant ces mots, il renfermait dans le pétrin sa miche commencée, et du pas de la porte il indiquait leur chemin aux voyageurs.

419. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Mais un jour, après la révolution de juillet, les portes de l’ordre social étant ébranlées, à ce que croyait la bourgeoisie, il s’agit de tenir bon et de se mettre en travers, en attendant qu’on eût refait à loisir des verrous neufs. […] Il parle de nos peintres en homme qui a manié, sinon le pinceau, du moins la clef de l’art, et qui a pénétré par une autre porte dans le même sanctuaire.

420. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Et tout de même, comme il est jeune et qu’un sang de campagnard, de chasseur et de marin coule dans ses veines, il laisse voir assez fréquemment une prédilection pour les tableaux charnels  soit qu’il porte en ces matières l’esprit du naturalisme antique, ou l’amertume pessimiste qui est à la mode depuis vingt ans. […] Il regarde si bien que je ne puis douter de la vérité de son livre (lequel porte en lui-même le témoignage de cette vérité) ; et il raconte si bien que, l’ayant lu voilà trois semaines, j’ai encore le cœur serré en y songeant.

421. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre II. Enfance et jeunesse de Jésus. Ses premières impressions. »

A part quelque chose de sordide et de repoussant que l’islamisme porte partout avec lui, la ville de Nazareth, au temps de Jésus, ne différait peut-être pas beaucoup de ce qu’elle est aujourd’hui 110. […] La maison de Joseph ressembla beaucoup sans doute à ces pauvres boutiques, éclairées par la porte, servant à la fois d’établi, de cuisine, de chambre à coucher, ayant pour ameublement une natte, quelques coussins à terre, un ou deux vases d’argile et un coffre peint.

422. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Elle est si sensible au jugement qu’on porte de ses ouvrages, qu’un grand succès la rendrait folle ou la ferait mourir de plaisir ; c’est un enfant. […] L’indigne prussienne oublie ses créanciers qui viennent sans cesse crier à ma porte.

423. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

La porte était obsédée, il demanda qu’on lui fît passage ; la foule s’ouvrit, et tandis qu’il la traversait on lui criait : passe, foutu âne. l’élève injustement couronné parut ensuite. […] Je serais au désespoir qu’on publiât une ligne de ce que je vous écris, excepté ce dernier morceau que je voudrais qu’on imprimât et qu’on affichât à la porte de l’académie et aux coins des rues.

424. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Nous ouvrons toutes grandes les portes de la démonstration pratique ; M. de Gourmont nous reproche d’avoir établi des prisons […] Nous ouvrons toutes grandes les portes de la démonstration pratique ; M. de Gourmont nous reproche d’avoir établi des prisons. « C’est pourquoi, dit-il, entré chez M. 

425. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Léon de Wailly commence par un écrit, le plus long de tous les écrits composant ce volume, qui porte ce titre, horriblement modeste : Instructions aux Domestiques. […] Mais Swift, lui, est un ironique de certitude, car si son livre aux domestiques, incroyable même quand on l’a expliqué, n’était pas la plus grosse, la plus colossale et la plus sanglante ironie, il ferait vomir de dégoût… Règle générale, du reste : si vous supprimez l’ironie dans le doyen Swift, ce bon prêtre anglican, ce digne homme, comme dit peut-être ironiquement à son tour le bon Walter Scott, il n’y aurait plus là qu’un cynique bon à jeter à la porte de toutes les maisons honnêtes pour sa peine d’en corrompre si abominablement les serviteurs.

426. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Malheureusement, quoique le nom qu’on porte vienne de la prétention qu’on a, M. le Conte de L’Isle n’est pas un poète. […] Aussi le costume original et neuf pour ce dernier est l’indien, qu’il porte bien mieux.

427. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

la Muse de M. de Gères, qui les a traversées, qui s’est baignée avec amour dans l’arc-en-ciel de ces trois teintes, répandues partout, pour l’instant, les porte toutes les trois confondues sur ses ailes, ce qui les fait ressembler, ces ailes originales de roitelet, à toutes celles des pigeons pattus imitateurs ! […] M. de Gères, qui a de l’apologue dans la tête, porte jusque dans la mélancolie de l’élégiaque cette virilité.

428. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Malgré ses liaisons avec les Parnassiens, qui sont presque tous ses amis, et quoiqu’on porte toujours un peu sur sa pensée la peine de ses intimités, quoiqu’il ait même payé son passage chez Lemerre de l’obole de quelques sonnets, évidemment M.  […] Dans ce recueil, où tout, malgré le titre qu’il porte, n’est pas cependant le génie cruel de l’anxiété dans la vie, ce malheur avant le malheur et qui nous gâte jusqu’à l’espérance, il y a (il faut bien l’avouer) çà et là, comment dirai-je bien ?

429. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Autrefois, il suffisait de se déplacer pour avoir un avantage très net sur son voisin qui ne bougeait pas ; mais aujourd’hui les déplacements étant devenus fort aisés pour tout le monde (preuve de grande civilisation, comme l’on sait), les descriptions et les faits nouveaux, qu’allaient chercher au loin des voyageurs incapables de penser et d’inventer au coin de leur feu et les portes fermées, deviennent, par la facilité avec laquelle on se les procure, du domaine commun, tout autant que si ce domaine était immobile. […] III Ce Voyage en Orient nous conduit naturellement au livre d’Édouard Salvador, qui porte aussi ce grand nom d’Orient dans la première ligne de son titre21.

430. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

On peut donc conclure de tout ce qui s’est dit dans cet ouvrage, que la Science nouvelle porte nécessairement avec elle le goût de la piété, et que sans la religion il n’est point de véritable sagesse. […] La première nous porte par la grâce aux actions vertueuses pour atteindre un bien infini et éternel, qui ne peut tomber sous les sens ; c’est ici l’intelligence qui commande aux sens des actions vertueuses.

431. (1914) Une année de critique

Il est hétéroclite et disparate, et elle le porte avec une gêne visible. […] Brusquement, mais sans bruit, s’entrouvre la porte de l’édifice obscur. […] La porte sera entrouverte. […] Dans ma main, il franchit le seuil des églises et jusqu’à la porte des cloîtres. […] M. de Gourmont l’a éprouvé, ce goût de néant qu’un tel livre porte au cœur.

432. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Mais nous aurons une sympathie ardente pour tout ce qui est jeune, pour tout ce qui a le caractère de la sincérité ou porte l’empreinte de la force. […] Il est bien vrai que la haine frappe par intervalles à la porte du poète, et qu’elle essaie même de l’ébranler ; — mais la porte est solide : c’est peut-être M.  […] Le romantisme, n’ayant plus un seul cheveu sur la tête, s’en va tous les jours frapper à la porte de l’Institut pour y acheter, quoi ? […] Apollon ne tient pas seulement une lyre, il porte aussi un carquois ; — même il ne dédaigne pas de s’armer d’un couteau, quand il lui arrive de rencontrer Marsyas… Est-il moins beau dans cette exécution que dans son attitude souriante au milieu des muses ? […] Sa phrase à queue, poudrée à frimas et coiffée du tricorne porte l’épée en verrouil, et secoue négligemment la poudre de macouba sur son jabot de dentelle.

433. (1881) Le naturalisme au théatre

On porte aux nues des œuvres médiocres, on jette au ruisseau des œuvres estimables. […] Je ne dînais pas pour être le premier à la porte, avant l’ouverture des bureaux. […] Enfin, il prétend que j’enfonce les portes ouvertes. […] Quant aux portes, elles sont, il est vrai, sinon ouvertes, du moins entr’ouvertes. […] Ernest Blum porte la peine du milieu romantique dans lequel il vit.

434. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

» Et Iza, de plus en plus gentille, met le prince à la porte et se jette dans les bras de sa maman. […] Le meilleur monde a ouvert ses portes à la femme galante devenue duchesse authentique. […] Elle jettera cette drôlesse à la porte. « Drôlesse ! […] Rumeurs, fanfares ; on frappe à la porte. […] Elle traverse le salon, ouvre une porte ; Pugnol se jette sur elle, l’étrangle, roule un canapé devant la porte, et s’effondre en grognant : « Amen ! 

435. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 324

Deux Tragédies oubliées, quelques Poésies fugitives aussi oubliées, sont les présens qu’il a faits au Public, toujours ingrat pour ce qui porte le caractere de la médiocrité.

436. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Critique d’eux-mêmes qui leur donne le sentiment amer d’une impuissance, et qui les porte à écrire le livre même de cette impuissance, l’analyse d’un échec. […] Un homme qui porte comme lui, dans sa chair débile, la mémoire de l’union invétérée à la chair maternelle, rêvera partout à la chaleur du sein. […] Chacun porte d’ailleurs dans le genre commun de cette école sa différence spécifique. […] À partir de ce moment l’intérêt du récit porte sur Madeleine. […] Une vie qui porte un fruit n’est pas manquée, mais la vie qui ne porte pas tous les fruits se croit manquée, et le philosophe garde, comme un dernier lambeau de son humanité, cette suprême illusion.

437. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Adam » p. 252

Qu’on porte ce morceau chez l’exécuteur de la justice, ou chez Ferein l’anatomiste, et qu’ils prononcent.

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