/ 2457
1370. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Parmi les joueurs de flûte et les bâtisseurs de systèmes, il y a le plaisir d’un instant ; il n’y a que cela. […] Il faisait cela si gentiment que c’était plaisir de le voir. […] Aussi son œuvre donne-t-elle un plaisir de silence et de recueillement. […] Je me figure que vous ne détestez rien ni personne : pourquoi limiter son plaisir ? […] Ils acceptent la corvée et ne t’offrent que le plaisir.

1371. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

On prendra plaisir à observer ce phénomène qui ne s’observe pas toujours ailleurs. […] Il n’y a pas de devoirs, se dit Aurel ; il y a des beautés supérieures et des plaisirs supérieurs. […] C’est pour le plaisir. Ce n’est même pas pour le plaisir ; c’est par impossibilité de dire la vérité, d’être exact. […] Femme d’indépendance, femme de plaisirs, femme contemptrice de tout devoir, telle est l’Américaine des classes riches.

1372. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Là-bas on ment sans raison, sans intérêt, pour se faire plaisir ; et leurs crimes, quel autre caractère ils ont que ceux du Nord ; dans le Midi, ce sont de terribles improvisations ; poignée de main, dispute, meurtre, massacre, tout est venu ensemble. […] Voilà ce que je pourrais bien dire, mais ce que je m’empresse de taire, laissant au lecteur le plaisir de lire le roman même dans le livre, en même temps qu’il admirera les fins et spirituels dessins, les séduisantes aquarelles de Rossi et Myrbach. […] À dessein, l’auteur a un peu embrouillé le tout, laissant au lecteur le plaisir de croire qu’à travers les obscurités, les cauchemars d’un cerveau surexcité, il trouve lui-même le fil conducteur, la vérité du mystère du roman. […] La pluie battait les vitres ; le vent secouait le toit ; j’entendais l’haleine courte, dure, sifflante des deux femmes, et le souffle de mon chien qui soupirait de plaisir, roulé devant l’âtre clair. […] Les plaisirs d’Antoinette ne s’arrêteront pas là ; sa sœur l’étranglera un soir de grande joie, dans une scène que je me refuse à analyser et qui la conduit à la réclusion.

1373. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Un plaisir si léger vous sera peu durable. […] Nul plaisir n’est léger, qui nous est secourable. […] Cette pièce eut des partisans et des adversaires ; mais elle fit tant de plaisir à Henri II que ce prince fit compter à Jodelle cinq cents écus d’or ; chose fort rare. […] On représenta cette pièce avec le ballet des Plaisirs, de Benserade, dans lequel Louis XIV dansa. […] Il se faisait quelquefois un plaisir de m’entretenir des différents sujets qui lui avaient passé dans l’esprit.

1374. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Je connais peu de plaisirs aussi doux, aussi soutenus, aussi attachants que celui d’avoir les mains occupées d’un travail quelconque, pendant qu’une voix amie (sonore ou voilée, peu importe !) […] Je n’avais jamais travaillé que pour mon plaisir ; je savais, comme tout le monde, un peu de tout, rien en somme. […] » C’était le premier encouragement littéraire que je recevais, et je crois pouvoir dire que c’est le seul qui m’ait jamais fait plaisir. […] M. de Latouche, qui cherchait à sous-louer pour se retirer à la campagne, me céda son bail et eut du plaisir à voir un hôte ami occuper cette mansarde qui lui était chère. […] qu’on me donne un adorable enfant, et que j’emploie ma vie à lui faire plaisir !

1375. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Le moment était bien choisi pour se donner le plaisir d’une réaction, et l’on sait que, dans tous les genres, les plus sérieux comme les plus frivoles, la France se refuse rarement ce plaisir-là. […] Ponsard a fait preuve de tact en se refusant le plaisir facile et le facile succès d’une caricature. […] C’est le 18 février 1635 (elle avait alors seize ans) que les plaisirs du monde, le bonheur de plaire, l’enivrement du succès et des hommages, se révélèrent à mademoiselle de Bourbon dans un bal où elle se laissa traîner en victime, et d’où elle sortit en conquérante et en souveraine. […] C’est alors que la capitale du monde civilisé, éveillée brusquement après une nuit de plaisir et de fête, voyait de sang-froid et sans colère une foule, ivre de vin et de rage, se ruer sur les murs sacrés d’une église, sur la sainte demeure d’un archevêque, et jeter au courant du fleuve des trésors d’art et de science. […] Existe-t-il aujourd’hui, dans les nombreux rendez-vous du plaisir parisien, rien de comparable à ce bazar de toutes les basses voluptés, qui, sous le nom de Palais-Royal, sollicitait sans cesse les imaginations juvéniles, et que Mercier a peint avec des couleurs d’une crudité si vraie ?

1376. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

Je remarque avec plaisir dans celui que je parcours bon nombre de ces petits avis à l’usage des demi-habiles ; je leur en souhaiterais un peu plus encore.

1377. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

., son imagination s’est créé comme des sœurs qu’elle transporte dans des situations diverses, qu’elle place même à plaisir dans des cadres assez brillants ; mais toujours et chez toutes la note fondamentale est le délaissement intime, la plaie secrète, la douleur.

1378. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

» Tel est l’effet curieux à étudier et désormais manifeste du génie lyrique dont on a abusé, de cette inspiration de pure fantaisie et de jeunesse où l’on avait tout mis, de cette lacune morale sous des airs de sentiment, de cette vie épicurienne et de plaisir sous un vernis de mysticisme et de religiosité.

1379. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Léopold, pour jouer son rôle d’héritier opulent et faire impression sur la belle et jeune voyageuse, ne parle que de dépenses folles, de plaisirs ruineux, et s’attire de la part de la dame, qui d’abord n’avait pas l’air d’écouter, la plus juste et la plus piquante leçon de morale sur l’emploi des richesses.

1380. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Un Espagnol, Tirso de Molina, veut peindre l’égarement du libertin qui se damne en comptant trop sur les délais de la justice divine : il crée d’après une vieille légende le type de don Juan, qui donne le jour présent au plaisir, pensant toujours avoir plus tard le temps de se repentir.

1381. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Voilà vingt-sept ans qu’il n’y a plus guère de plaisir à être Français.

1382. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Et il faudrait être sans pitié aussi pour toute une catégorie des clientes de ces gens-là, pour leurs clientes riches, pour les perruches et les poupées sans cœur qui ne veulent pas être mères, parce que cela gâte la taille et interrompt le plaisir.

1383. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

Il pourrait pousser le détail de ces explications beaucoup plus loin, et examiner une à une avec la critique toutes les pièces de la charpente de son ouvrage ; mais il a plus de plaisir à remercier la critique qu’à la contredire ; et, après tout, les réponses qu’il pourrait faire aux objections de la critique, il aime mieux que le lecteur les trouve dans le drame, si elles y sont, que dans la préface.

1384. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Platon, et Aristote. » pp. 33-41

Il étoit ouvert, enjoué, séduisant dans la conversation, fougueux & volage dans ses plaisirs, magnifique dans ses habits.

1385. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Quoique ces deux ouvrages rentrent l’un dans l’autre, on les a lus avec plaisir, parce que les anecdotes dont ils sont semés servent à faire connoître le cœur humain.

1386. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Je regrette vivement que le manque d’espace me prive du plaisir de reconnaître le généreux concours que m’ont prêté un grand nombre de naturalistes dont quelques-uns me sont personnellement inconnus.

1387. (1767) Salon de 1767 « Peintures — [autres peintres] » pp. 317-320

Vous allez croire, mon ami, que je vous l’avais réservé exprès pour nos menus plaisirs ; il n’en est rien. à juger Pierre par les premiers tableaux qu’il a faits au retour d’Italie et par sa galerie de st Cloud, mais surtout par sa coupole de st Roch, c’est un grand peintre.

1388. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

Il apprendra à lire à vingt ans, pour joüir indépendemment de personne du plaisir sensible que font les vers à tout homme qui est né poëte… bien-tôt il fera lui-même des vers.

1389. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Quand Ronsard et les poetes ses contemporains, dont il étoit le premier, parurent, nos ancêtres n’avoient presque aucunes poesies qu’ils pussent lire avec plaisir.

1390. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Pareillement, à l’endroit des autres entreprises collectives et en vertu de la même conception, quelle que soit l’entreprise, locale ou morale, et quel qu’en soit l’objet, sciences, lettres et beaux-arts, bienfaisance désintéressée ou assistance mutuelle, agriculture, industrie ou commerce, plaisir ou profit, ils sont méfiants ou même hostiles.‌

1391. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Il avait fait remarquer pourtant que la loi qui interdisait ces terribles cloches n’était guère observée que dans les villes, qu’elle était généralement violée dans les campagnes, que ces cloches proscrites sonnaient encore, et qu’elles ne sonnaient ni pour le tocsin ni pour la contre-révolution, que le seul abus qu’elles présentaient pour le moment était l’inexécution d’une loi existante ; il ajoutait : « Ces cloches sont non seulement utiles au peuple, elles lui sont chères, elles composent une des jouissances les plus sensibles que lui présente son culte : lui refuserions-nous cet innocent plaisir ? […] Quinze jours après environ, dans la séance du 16 messidor (4 juillet), la parole de Camille Jordan l’entraîna un peu plus loin qu’il n’eût fallu, et il lui échappa un de ces mots dont s’empare aussitôt et qu’envenime à plaisir la mauvaise foi des partis. […] J’ai donc renoncé par force à un véritable plaisir, celui de connaître une personne qui vous est aussi chère ; mais je ne sais pas pourquoi vous vous étiez placé d’avance hostilement contre mon jugement. […] « … Il se pourrait que Matthieu vînt avec moi à Lyon, si je me décidais pour cette ville. — Je n’ai pas su démêler dans votre lettre si ce serait un plaisir pour vous de m’y voir. […] défendant ses fils et son talent au péril de son bonheur, de sa sécurité, de sa vie, est un moment touchée de ce qu’un jeune homme d’une nature chevaleresque sacrifie tout au plaisir de la voir140. — J’estime avant tout sur cette terre le dévouement, l’élévation et la générosité. — Je voudrais qu’on pût y joindre l’absence totale de faiblesses d’imagination ; mais de toutes les faiblesses, celles qui souillent la plus à mes yeux, ce sont celles du calcul ou de la pusillanimité !

1392. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Akenside refondit ses Plaisirs de l’imagination et son Épître à Curion ; Pope lui-même, enhardi sans doute par le succès avec lequel il avait étendu et remanié la Boucle de cheveux, fit la même expérience sur la Dunciade. […] Il était membre du parlement, et parlait si bien, dit-on, qu’on l’écoutait pour le seul plaisir de l’entendre. […] Nous trouvons, nous l’avouons, un si grand charme dans son anglais, que même lorsqu’il écrit des absurdités, nous le lisons généralement avec plaisir, excepté lorsqu’il essaye d’être plaisant. […] Tel autre, excellent et nouveau, ne peut être lu qu’une fois avec plaisir. […] Le vieux Mac-Ian, qui avait été fort inquiet, ne sachant s’il était considéré comme sujet ou comme rebelle, paraît avoir vu cette visite avec plaisir.

1393. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

En ceci, comme en toutes choses, qu’il soit fait selon le bon plaisir de la fée Viviane. […] Néanmoins, pas plus que Dante, les plaisirs du bel esprit ne le détournent des études austères. […] Alors, comme son héros, Gœthe va se jeter au tumulte des sensations ; il va boire à la coupe du plaisir l’ivresse de la vie. […] Cependant la noblesse de cour murmure en voyant un homme de peu, un artiste, donner le ton des plaisirs. […] Et lui, dans ce premier éblouissement de la gloire, dans le tourbillon des plaisirs, croyez-vous qu’il va s’oublier ?

1394. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

« Ces lèvres, ces lèvres qui ont profané leur pourpre, et scellé de faux serments d’amour à d’autres aussi souvent qu’à moi ; ces lèvres qui ont volé au lit d’autrui sa rente de plaisir ! […] Désormais le cœur se trouve mort à tous les plaisirs ordinaires ; il ne peut plus sentir et respirer que d’un seul côté. […] Falstaff est un pilier de mauvais lieu, jureur, joueur, batteur de pavés, vrai sac à vin, ignoble à faire plaisir. […] N’est-ce pas un plaisir de voir cette succession de sentiments et de figures ? […] « Non, non, vous n’aimez pas. » Orlando répète, et elle se donne le plaisir de le faire répéter plus d’une fois.

/ 2457