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1115. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Nous y goûtons le nombre et l’harmonie de la phrase, sans doute. […] » Ces choses expliquent, selon lui, le désaccord de la vraie Elvire avec Julie et le vague des phrases du roman. […] Alors sa phrase est sobre et bien construite. […] Il me considère longuement ; un sourire, un clignement d’yeux, puis cette phrase ; — Ça va l’armée ? […] C’est un grand styliste, un peu agaçant, lorsqu’on finit par ne plus aimer la belle phrase pittoresque, pour elle-même.

1116. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Non seulement il connaît la propriété de tous les mots, de tous les mots spéciaux à toutes les situations, à tous les métiers, mais il sait l’art de les distribuer dans une phrase, les accouplant, les opposant, les postant en vedette, selon les exigences du récit ou les harmonies du décor. […] Répétitions voulues des mêmes mots, constructions étranges et parfois incohérentes des phrases, souci de commencer souvent un poème par les adverbes « or » ou « car », toutes ces modalités donnent à La Louange de la Vie un aspect archaïque et naïvement religieux qui évoque la mère Flandre de jadis et émeut fort. […] Manifestement Emerson apparaît partout dans l’œuvre philosophique de Maeterlinck qui pourrait porter en exergue ces phrases du moraliste américain : « D’où vient la sagesse ? […] C’est ce dépit qu’elle a traduit par la phrase historique : « Racine fait des comédies pour la Champmêlé… ». Et, plus tard encore, que n’a-t-on dit de la phrase brisée de La Bruyère et de son observation impitoyable, succédant à la période cicéronienne et aux critiques de mœurs toutes générales des sermonnaires ?

1117. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Examinons d’abord la phrase relative aux comédiens nomades. […] Mais pour en revenir au premier Hamlet et à la phrase qui nous occupe, il est singulier qu’on y cherche une allusion précise aux débuts des enfants de Saint-Paul, si l’on remarque que Shakespeare parle en même temps des théâtres privés. […] « Elle a jusqu’au froncement de son sourcil. » Il y a une objection qui embarrasse Walpole, c’est une phrase si directement applicable à Élisabeth et à son père, qu’il n’est guère possible qu’un poëte ait osé la risquer. […] « C’est votre enfant, et il vous ressemble tant que nous pourrions vous appliquer en reproche le vieux proverbe, il vous ressemble tant que c’est tant pis. » Walpole prétend que cette phrase n’aurait été insérée qu’après la mort d’Élisabeth. […] Dans aucun autre de ses ouvrages le style n’est aussi elliptique ; les habitudes de la conversation semblent y porter, dans la construction de la phrase, cette habitude d’économie, ce besoin d’abréviation qui, dans la prononciation anglaise, retranchent des mots près de la moitié des syllabes.

1118. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

., ou sous une infinité d’autres ; tantôt se répondant par un personnage emprunté et controversant avec elle-même, attaquant vivement les Geoffroy, les Fiévée, M. de La Harpe, M. de Bonald (car elle aimait la polémique et ne s’y épargnait pas) ; reprenant et jugeant, à l’occasion de quelque éloge académique ou de quelque réimpression, Vauvenargues, Boileau, Fénelon, Duclos, Mme de Sévigné, Mme de La Fayette, Mme Des Houlières, Ninon, Mme Du Châtelet ; ne manquant pas de les venger des sottes atteintes ; caractérisant au passage Collin d’Harleville, Beaumarchais, Picard, Mme Cottin, Mme de Souza ; dissertant de l’élégie, ou bien morigénant doucement Mme de Genlis, sa verve de raison ne se ralentit point à tant d’emplois et ne s’égare jamais aux vaines phrases. […] A propos d’une phrase de l’auteur de Malvina, de Mme Cottin, qui semblait dénier à son sexe la faculté d’écrire aucun ouvrage philosophique, le critique rappelait l’ouvrage récent de Mme de Staël sur la Littérature, et en prenait occasion d’y louer plus d’un passage, de relever plus d’un censeur, et de toucher à son tour quelques points avec une réserve sentie.

1119. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Comme pourtant les doctrines ne se posent point toutes seules et qu’elles dont dans la bouche de quelqu’un, il a bien fallu en venir à des noms propres pour pouvoir vérifier le plus ou moins d’exactitude des phrases citées et incriminées. […] Il a été démontré que l’honorable professeur (M. le docteur Broca), mis en cause pour avoir fait l’apologie de la doctrine de Malthus, n’avait point fait l’apologie de Malthus et n’avait pas prononcé la phrase telle qu’on l’a construite et arrangée, en rapprochant arbitrairement deux passages d’un discours qui, d’ailleurs, n’avait point été tenu à l’École de médecine, mais à l’Académie de médecine.

1120. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Et ces quatre ou cinq lignes, ces quatre ou cinq phrases sont précisément des préceptes pour ainsi dire de morale mentale, quelques principes antérieurs d’hygiène intellectuelle, des règles de méthode enfin, c’est lui qui le dit, non des principes ou des révélations ou des conclusions de système. […] C’est que des deux pôles de cette phrase, des deux temps de cette maxime c’est déterminé qui est plus fort que douteuses, c’est déterminé qui est plus important que douteuses, c’est déterminé qui l’emporte.

1121. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

. — Aux gestes exagérés des bras, qu’il reprochait à l’instant aux acteurs, Wagner oppose des mouvements plus modérés : « Nous pensâmes, dit-il, qu’une simple élévation du bras ou un mouvement caractéristique de la main ou de la tête, suffirait à exprimer les émotions de l’acteur. » A cette immobilité contre nature du chanteur, à cette situation étrange où se trouvent les acteurs, dans les ensembles des opéras, a cette nécessité enfin de parler devant le public ou de se dérober aux trois-quarts à sa vue, Wagner remédie par une simple attitude, basée sur l’observation de la nature : « Nous tirâmes, dit-il, de la passion même du dialogue le changement de poses que nous cherchions : nous avions observé que les accents les plus pathétiques de la fin d’une phrase donnaient lieu naturellement à un mouvement de la part du chanteur. « En effet, la force de l’expression se porte toujours à la fin d’une phrase, et, même dans la conversation ordinaire, nous faisons involontairement un geste pour ponctuer en quelque sorte le sens de notre discours (tome X, 389 et sq.) « Ce mouvement fait faire à l’acteur un pas en avant et, en attendant la réponse, il tourne à demi le dos au public ; ce mouvement le montre en plein à son partenaire : celui-ci, en commençant sa réponse, fait aussi un pas en avant, et, sans être détourné du public, il se trouve face à face avec le premier. » Ce jeu de scène paraîtra bien simple et indigne d’explication à nos critiques qui n’y verront « qu’un truc » comme un autre.

1122. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Auguez (le Héraut), il s’acquitte supérieurement de sa tâche ; de tous les interprètes, c’est celui qui articule le mieux et dont l’organe est le plus sympathique, Elsa entre en scène ; la mélancolique phrase qui l’annonce émeut tout le public. […] Il les doit toujours regarder de très haut, et si une inquiétude passe sur son visage, c’est à la seule phrase : « Elsa, veux-tu m’interroger ? 

1123. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

De me présenter un seul témoin, digne de foi, qui ait vu, avant la publication des Trois Siecles, un seul Article, une seule phrase de cet Ouvrage, écrite de la main de cet Abbé, ou qui m'ait vu écrire sous sa dictée, ou qui ait entendu cet Abbé dire, en ma présence, qu'il ait eu d'autre part à mon travail que de m'avoir aidé de ses conseils & quelquefois de ses critiques, pour les Articles concernant les Prédicateurs & les Ecrivains ascétiques. 4°. […] Un ton imposant, un style dogmatique, un jargon maniéré, des phrases sentencieuses, des sentimens enthousiastes, des expressions systématiques, la répétition perpétuelle de ces mots parasites, humanité, vertu, raison, tolérance, bonheur, esprit philosophique, amour du genre humain, & mille autres termes qui sont devenus la sauvegarde des inepties qu’on a avancées, à la faveur de ces mots, ont pu éblouir quelque temps les esprits faciles.

1124. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Tantôt, chez les scoliastes, elle se traînait humblement aux pieds des écrivains, interprétant un mot, éclaircissant une phrase ; dressant, comme l’Arabe du désert, sa tente de haillons à l’ombre des pyramides. […] « Il n’y a d’autres règles que les lois générales de la nature qui planent sur l’art tout entier, et les lois spéciales qui, pour chaque composition, résultent des conditions d’existence propres à chaque sujet25. » C’était presque la phrase de Montesquieu : « Les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des êtres26. » Mais si nos préfaces parlent toujours ainsi, qui lira nos préfaces ?

1125. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Phrases tassées par d’énergiques ellipses piétées en une rudesse fauve.. […] La phrase se fronce d’une scurrilité.

1126. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

lui disaient mesdames de Luynes, ces deux nobles et saintes religieuses de Jouarre, après l’avoir entendu ; vous nous tournez comme il vous plaît, et nous ne pouvons résister au charme de vos paroles. » Je ne m’explique tout à fait bien que depuis que j’ai lu l’abbé Le Dieu, la célèbre phrase qui termine l’oraison funèbre du prince de Condé, et dans laquelle, avant d’avoir atteint soixante ans, Bossuet semble renoncer pour jamais aux pompes de l’éloquence.

1127. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Nommé à l’Académie française deux ans après La Bruyère lui-même, qui avait signalé son entrée par un si neuf et si éloquent discours de réception, il en fit un des plus ordinaires ; et, comme Fontenelle, à qui il le montrait en manuscrit, lui faisait remarquer que le style en était plat : « Tant mieux, dit l’abbé, il m’en ressemblera davantage ; et c’est assez pour un honnête homme de donner deux heures de sa vie à un discours pour l’Académie. » Il était homme à répondre comme un de nos contemporains à celui qui critiquait une de ses phrases : « Ah !

1128. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Ne tromper personne, à commencer par soi-même, ne s’en faire accroire ni à soi ni aux autres ; n’être ni dupe, ni charlatan à aucun degré ; ne jamais aller prendre et montrer des vessies pour des lanternes (je parle à la Rabelais), ou des phrases brillantes pour des idées, ou de pures idées pour des faits ; mettre en tout la parfaite bonne foi avant la foi ; c’est aussi là un programme très-sain et un bon régime salubre pour l’esprit.

1129. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Quelles qu’en puissent être les causes très-complexes, le fait subsiste ; il s’est élevé depuis lors toute une race sans principes, sans scrupules, qui n’est d’aucun parti ni d’aucune opinion, habile et rompue à la phrase, âpre au gain, au front sans rougeur dès la jeunesse, une race résolue à tout pour percer et pour vivre, pour vivre non pas modestement, mais splendidement ; une race d’airain qui veut de l’or.

1130. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Mais au fond, depuis la fatale découverte et la perspective mortelle, quelque chose de grave et de résigné, de religieux sans mots ni phrases du sujet, dominait dans sa pensée et se révélait indirectement dans ses discours par une plus grande douceur et une plus grande indulgence de jugement.

1131. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

. — Mais qu’y a-t-il dans cette phrase ?

1132. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Il n’y a pas de raisonnement sans axiomes, et je ne sais si l’on pourrait trouver une phrase d’un seul écrivain qui n’exige l’appui de quelque principe indémontrable.

1133. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

Mais il faudra se garder aussi du défaut opposé, qui consiste à passer à la ligne chaque fois qu’on commence une phrase.

1134. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

Ce n’est pas un brouillon, c’est un poète qui a l’idée, le sens de la forme : il a travaillé la langue, comme il a travaillé le vers, et il travaillera la phrase.

1135. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Il y a toujours, dans une strophe ou dans une phrase poétique, un ou plusieurs vers qui expriment ce qui devait être dit ; et, tout autour, des vers qui traduisent des idées, des sentiments, des images accessoires et qu’on pourrait à la rigueur remplacer par d’autres.

1136. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Ce n’est, comme la phrase de M. 

1137. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

Il écrit couramment (et je ne sais si vous sentez comme moi ce qu’il y a d’impayable dans l’intonation à la fois hautaine et familière et, pour ainsi dire, dans le « geste » de ces phrases) : « Spirituelles, nobles, du ton le plus faubourg Saint-Germain, mais ce soir-là hardies comme des pages de la maison du roi, quand il y avait une maison du roi et des pages, elles furent d’un étincellement d’esprit, d’un mouvement, d’une verve et d’un brio incomparables. » — « Il fallait qu’il fût trouvé de très bonne compagnie pour ne pas être souvent trouvé de la mauvaise.

1138. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

« Sa belle main pâle ne laissa tomber l’encensoir que glacée. » Cette phrase, la dernière que sa plume ait tracée, était dite à propos de Delphine de Girardin ; mais, comme elle s’applique bien à lui-même !

1139. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Je me rappelle aussi une phrase très belle de Sainte-Beuve, qu’il est toujours flatteur de s’appliquer : « Il y a la race des hommes qui, lorsqu’ils découvrent autour d’eux un vice, une sottise ou littéraire ou morale, gardent le secret et ne songent qu’à s’en servir et à en profiter doucement dans la vie par des flatteries ou des alliances ; c’est le grand nombre, — et pourtant il y a la race de ceux qui, voyant ce faux et ce convenu hypocrite, n’ont pas de cesse que, sous une forme ou sous une autre, la vérité, comme ils la sentent, ne soit sortie et proférée : qu’il s’agisse de rimes ou même de choses un peu plus sérieuses, soyons de ceux-là. » 1.

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