Ce n’était pas la peine de prendre femme pour cela… Il faut dire que c’est sa sœur Lucile qui l’a voulu marier. […] Or, en lisant ou relisant le Génie du christianisme, j’ai eu quelque peine à aller jusqu’au bout. […] À vrai dire il n’avait pas à se donner beaucoup de peine pour faire de Lucile une druidesse amoureuse, un peu folle et un peu sorcière. […] Il s’étonne particulièrement qu’on ait été si méchant pour un ouvrage qui lui a coûté tant de peine. […] Chateaubriand est le premier sans nulle peine.
Seulement sa Laure et sa Béatrix ont le costume et le déshabillé d’une idylle des bords du Rhin ; on a quelque peine à s’y faire. […] Aujourd’hui, pour le jugement définitif du livre et le rang qui lui est dû dans l’ordre des œuvres de l’art, cette fin de Werther nuit aux parties principales, et quand on considère le caractère si opposé de l’auteur, et ses destinées en un sens si inverse, elle a peine à ne pas nous faire l’effet d’une mystification. […] Imaginez le désagrément et la peine pour un honnête homme comme Kestner, heureux d’épouser celle qu’il aime depuis des années, l’emmenant comme en triomphe de Wetzlar à Hanovre, la présentant avec orgueil à tous les siens, et remplissant avec considération un emploi honorable, imaginez-le, après dix-huit mois de mariage, recevant de son meilleur ami, en cadeau, ce petit volume, où il est crayonné d’une manière assez reconnaissable sous les traits d’Albert ; où sa fiancée paraît à bien des moments près de lui échapper ; où elle n’est guère retenue que parce qu’elle est supposée déjà liée à lui par un engagement positif.
D’autres poètes aussi ont été gens d’affaires : l’abbé de Chaulieu, en son temps, fut comme l’intendant des Vendôme, et le spirituel épicurien, dit-on, n’y perdit point sa peine. […] Il s’adresse volontiers, dans ses confidences, à Olivier de Magny, agréable poète de sa volée, en exil, comme lui, dans la Ville éternelle ; il le prend à témoin de ses peines et de ses tracas ; il les soulage, dit-il, en chantant jour et nuit : Ainsi chante l’ouvrier109 en faisant son ouvrage, Ainsi le laboureur faisant son labourage, Ainsi le pèlerin regrettant sa maison, Ainsi l’aventurier en songeant à sa dame, Ainsi le marinier en tirant à la rame, Ainsi le prisonnier maudissant sa prison. […] Quant à moi (et hoc mihi apud amicum liceat), encore que jusques ici j’aie enduré des indignités de la fortune autant que pauvre gentilhomme en pourroit endurer, si est-ce que pour perte de biens, d’amis et de santé et si quelque autre chose nous est plus chère en ce monde, je n’ai jamais éprouvé si grand ennui que celui que j’ai dernièrement reçu de la mort du feu roi et du prochain département de Madame, qui étoit le seul appui et colonne de toute mon espérance… » Épuisé de santé, de peines et de travail, Du Bellay mourut le jour même du 1er janvier 1560.
Je l’accorderai sans peine ; et pourtant, là aussi, on marche à chaque pas sur des traductions et des imitations indiquées ou sous-entendues. […] Elle le loue de sa clémence envers les révoltés de La Rochelle ; elle l’admire avec exaltation surtout pour sa loyale conduite et ses chevaleresques représailles envers Charles-Quint, son grand ennemi, lorsqu’il le fêta si royalement durant ce hasardeux passage à travers la France : L’Ytalien à grand peine l’a creu, Car la bonté, qui de Dieu est venue, De l’infidelle est tousjours incongnue. […] Mais en valent-elles la peine ?
D’une part, les nobles se sont rapprochés du Tiers-état ; d’autre part, le Tiers-état s’est rapproché des nobles, et l’égalité de fait a précédé l’égalité de droit Aux approches de 1789, on aurait peine à les distinguer dans la rue. […] Le marquis de Mirabeau, apprenant que son fils veut être son propre avocat, ne se console qu’en voyant d’autres, et de plus grands, faire pis encore570. « Quoique ayant de la peine à avaler l’idée que le petit-fils de notre grand-père, tel que nous l’avons vu passer sur le Cours, toute la foule, petits et grands, ôtant de loin le chapeau, va maintenant figurer à la barre de l’avant-cour, disputant la pratique aux aboyeurs de chicane, je me suis dit ensuite que Louis XIV serait un peu plus étonné s’il voyait la femme de son arrière-successeur, en habit de paysanne et en tablier, sans suite, sans pages ni personne, courant le palais et les terrasses, demander au premier polisson en frac de lui donner la main que celui-ci lui prête seulement jusqu’au bas de l’escalier. » — En effet, le nivellement des façons et des dehors ne fait que manifester le nivellement des esprits et des âmes. […] J’aurais peine à citer un seul révolutionnaire qui ne fût transporté de ces théorèmes anarchiques et qui ne brûlât du désir de les réaliser.
. — Très souvent nous avons peine à remarquer cette renaissance partielle. […] Des lacunes se font dans la trame des souvenirs et vont s’élargissant comme des trous dans un vieux manteau. — On voit sans peine combien ces destructions doivent être continues et vastes ; tous les jours, nous perdons quelques-uns de nos souvenirs, les trois quarts de ceux de la veille, puis d’autres parmi les survivants de la semaine précédente, puis d’autres parmi les survivants de l’autre mois, en sorte que bientôt un mois, une année ne se retrouvent plus représentés dans notre mémoire que par quelques images saillantes, semblables aux sommets épars qui apparaissent encore dans un continent submergé, destinées elles-mêmes, du moins pour le plus grand nombre, à disparaître, parce que l’effacement graduel est une inondation croissante qui envahit une à une les cimes préservées, sans rien épargner, sauf quelques rocs soulevés par une circonstance extraordinaire jusqu’à une hauteur que nul îlot n’atteint. […] Point du tout ; au bout de deux ou trois minutes, les objets si nettement aperçus se fondent en vapeurs ; et ces vapeurs s’évanouissent ; une demi-heure après, j’aurais peine à dire mon rêve ; pour m’en souvenir plus tard, je suis obligé de l’écrire à l’instant. — C’est que l’état physiologique et l’afflux du sang dans le cerveau ne sont pas les mêmes dans le sommeil et dans la veille, et que le second état, favorable au réveil de ses images, n’est pas favorable au réveil des images du premier état.
Les hommes supérieurs n’ont pas de peine à se faire pardonner le passé ! […] Était-ce la peine d’aller surprendre les faiblesses, les douleurs, les confidences de leur intérieur pour les étaler ensuite en style qui appelait le sourire devant leurs ennemis ? […] Ainsi se dessinent les deux caractères : l’un léguant ses désespoirs et ses rancunes à la postérité, l’autre remettant le passé et les peines de l’avenir à la bonté de Dieu !
Il ne vaudrait pas la peine de le remarquer, si cette observation banale ne nous donnait la clef de l’omission de la Fable et de La Fontaine. […] La distinction absolue des genres et la détermination rigoureuse de leur nombre sont deux des points sur lesquels on a le plus de peine aujourd’hui à se mettre d’accord avec Boileau. […] Mais, en général, les ornements dont il parle et que le poète doit ajouter aux choses, ne doivent pas nous faire de peine.
Depuis Alexandre, une foule de critiques s’étaient mis après lui, amis de Corneille, ennemis de Boileau, rivaux et envieux : c’était à qui trouverait des fautes et ferait les beautés dans ses pièces ; les préfaces amères dont il accompagna toutes ses tragédies depuis Alexandre faisaient voir qu’on ne perdait pas sa peine à le tourmenter. […] Mme de Maintenon avait été prise de scrupules à l’endroit de ces représentations tapageuses qui démoralisaient Saint-Cyr : l’œuvre de Racine en porta la peine, et fut étouffée à sa naissance. […] Ces considérations une fois admises, nous n’aurons pas de peine à trouver que le réalisme psychologique de Racine se fond dans une vision poétique, d’où résultent cette lumière exquise et cette pure noblesse î de sa forme tragique.
C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi, Sans amour et sans haine, Mon cœur a tant de peine. […] On peut penser tout ce qu’on voudra de cette violence, en rire ou s’en alarmer, mais il nous semble qu’il ne s’en est point vu d’aussi curieuse depuis que Ronsard essaya de parler grec et latin en français, et qu’elle vaut la peine qu’on s’y arrête une fois.
Tout objet dont je me sers représente les peines, les privations d’autrui ; l’argent dont je l’ai acquis représente les miennes propres ou celles de quelque autre encore, et tant que je le possède, je prive les autres d’une utilité que tous ne possèdent sans doute pas. […] Quel contraste entre la douceur naïve d’un enfant, et les meurtres, les peines, les ruines, les fatigues, les maladies, les souffrances de toute nature qui ont rendu possible sa venue en ce monde après tant de générations ; que représentent sa vie même, sa nourriture, ses vêtements, les objets de ses premiers désirs et de ses goûts enfantins ! Dans chaque produit de notre civilisation s’est concrétée une infinité de peines et de souffrances.
Mais la grosse question des Vérités nécessaires est de notre ressort, et elle vaut bien la peine d’être examinée199. […] Il omet, par exemple, le plaisir et la peine qui sont les éléments inséparables de toute sensation, et déterminent toute action. […] Et de même si tous les êtres sentants étaient enlevés à la fois de la surface de la terre, le feu n’aurait plus d’attributs ressemblant à la lumière et à la couleur ; parce que la lumière et la couleur sont des modifications de l’être sentant, causées par quelque chose d’externe, mais qui ne ressemble pas plus à leur cause que la peine causée par un instrument ne ressemble à cet instrument. » L’erreur radicale de ceux qui pensent que nous percevons les choses comme elles sont, consiste à prendre une métaphore pour un fait, et à croire que la perception ressemble à un miroir dans lequel les objets se réfléchissent.
Les animaux inférieurs ne connaissent pas d’abord d’autres souvenirs que ceux du plaisir et de la peine, de l’activité aidée et de l’activité contrariée : ce contraste primitif est le premier moment de la mémoire, moment d’antithèse, où la conscience ne retrouve pas, ne reconnaît pas ce qu’elle avait éprouvé. […] L’image qui, dans telles ou telles circonstances, nous a causé du plaisir ou de la peine, tend à se réaliser de nouveau lorsque les mêmes circonstances sont encore données. […] La loi d’économie ou de moindre dépense n’est que la loi de moindre peine et de plus grand plaisir.
Février Aujourd’hui, il s’est trouvé bien, merveilleusement bien, et lui qui était autrefois la volonté de nous deux, et qu’on a aujourd’hui tant de peine à décider à vouloir quelque chose, m’a étonné, en me demandant à aller à la Cascade. […] » Et tout le long du chemin, c’était un réveil de son plus fin et de son plus caustique esprit, à l’encontre des bandes de bourgeois que nous traversions : « Mais tu ne dis rien, me jeta-t-il, après un mot charmant sur un couple de vieilles amours, ça te fait de la peine de me voir comme ça, hein ? […] * * * M’interrogeant longuement, j’ai la conviction qu’il est mort du travail de la forme, à la peine du style.
La bouche garde le silence Pour écouter parler le cœur34 ; sa parole intérieure reste calme ; elle ne peut s’élever jusqu’à l’inspiration ; si, dans cet état, il se souvient de la Muse et de leurs amours d’autrefois, son esprit lui représente en vain tous les motifs poétiques qui devraient éveiller son génie ; aucun n’a le pouvoir de l’arracher à lui-même ; il ne ressent ni colère durable ni enthousiasme profond ; la Muse est pourtant descendue du ciel ; elle lui a parlé ; mais il a eu peine à la reconnaître ; ni son appel ni son baiser n’ont pu réchauffer un cœur glacé ; il refuse de s’envoler avec elle dans les « mondes inconnus » qu’en des temps plus heureux ils ont tant de fois parcourus ensemble. […] elle ne nous trompe jamais, et nous n’avons aucune peine à écarter une illusion dont les conditions font défaut : la parole intérieure ne possède aucun des caractères de l’extériorité ; elle n’est ni […], ni même […], comme le souvenir d’un visum ; par quoi serions-nous donc séduits à l’aliéner ? […] Aussi devient-il sans peine une chose de l’âme, et la parole intérieure est bientôt pour la conscience le phénomène principal de la pensée [ch.
En d’autres termes, si l’on conçoit sans peine que les ennemis de la vieille monarchie puissent rétrospectivement s’intéresser à ce roi, suicide de sa race, qui l’a frappée en sa personne, à cette fête de Sardanapale incendiaire qui a dévoré ses convives, à ce souper de soixante ans qu’on appelle le règne de Louis XV et qui semblait rendre après lui tout règne de ses descendants impossible, conçoit-on aussi facilement que les hommes, vassaux fidèles du passé, qui ont reconnu que ce n’était pas le passé seul, mais l’avenir pour eux, qui périssait dans un tel désastre ; puissent en parler autrement que pour le déplorer et le maudire ? […] , ce peintre qui veut blanchir son modèle, met à ce travail qui semble horrible, au lieu de peine, la plus négligente candeur. […] Capefigue se donne tant de peine pour anoblir, et qui n’en fut pas moins une mésalliance pour le gentilhomme qui l’épousa et pour le roi qui ne l’épousa pas, tout n’est pas insultes et calomnies, mais tout le serait-il qu’il resterait toujours la vérité de ces quatre mots d’histoire : « Elle fut la maîtresse du roi de France de 1770 à 1774 », et cela seul suffirait pour la honte que M.
Je ne veux pas rappeler ici l’anecdote de ce chevalier qui part pour la croisade, afin de rencontrer plus facilement une dame, qu’il avait peine à voir dans son château. […] Ces faits, volontairement écoutés, vous concevez sans peine combien la poésie des troubadours les embellissait et les animait de couleurs variées et nouvelles. […] En les étudiant beaucoup, on a quelque peine encore à les distinguer. […] La poésie française elle-même, maniée avec art, aurait peine à suivre tous les artifices du rhythme provençal. […] Je n’achève pas ce récit ; vous vous figurez sans peine le prix de cette peinture naïvement originale et où tout est poétique, parce que rien n’est inventé.
On entendait là-dessous : « Ne te chagrine donc pas, ma pauvre bête… Est-ce que ça vaut la peine ? […] dit-il, j’ai eu de la peine à me déshabituer de la plume et de ceux qui s’en servent ! […] Voilà un Tartuffe qui en vaut la peine ! […] Vivre, cela vaut-il la peine d’ouvrir les yeux ? […] J’ai éprouvé les mêmes peines : ce sera pour toi une consolation que cette autre concordance entre nous.
— Ce qui reviendrait à dire que ce n’est pas la peine de changer quoi que ce soit au train des choses. […] Il a peine, d’abord, à se défaire de ses façons aristocratiques ; il compose, avec quelques camarades, « la tente dorée ». […] Ils ne regretteront pas leur peine. […] Cela vaudrait-il la peine de vivre, si l’on savait tout l’avenir ? […] Je le crois sans peine !
Or, en prétendant qu’une telle philosophie, construite d’ailleurs avec une admirable méthode et un air de rigueur qui séduit, doit marcher tout uniment de concert avec la religion comme le premier cartésianisme, on soutient une chose que la religion a bien de la peine à se persuader.
Letronne qui les avait laissés se réjouir et triompher revint lentement à la charge, et n’eut pas de peine à les battre tous en confirmant toutes les conclusions de son premier Rapport.
L’auteur de ces Souvenirs, que déjà de grands dons de nature et d’art recommandent à l’admiration, aurait peine à éluder, en s’offrant sous une autre forme au jugement du monde, cette disposition un peu maligne qu’il a de ne louer qu’à son corps défendant, si l’absence de toute prétention d’abord, et puis une cordialité noble, sociable, une nature manifestement bienveillante et généreuse, n’engageaient le lecteur qui a tant de fois applaudi.
Le madrigal, plus simple et plus noble en son tour… Si Boileau avait songé que tous ces genres n’avaient rien de commun que d’être des genres de poésie, et qu’ils ne se reliaient point l’un à l’autre, mais chacun à part à l’idée générale de ce second chant, destiné à exposer les règles des genres secondaires, il se serait épargné bien de la peine et n’aurait pas fait la joie de ses ennemis.
Stéphane Mallarmé, il s’imagine qu’il en est de même pour nous, que nous rétablissons sans peine ce lien, et que nous remontons sans hésitation des signes aux choses signifiées.
. — Sur la peine de mort (1864). — Les Roses jaunes, un acte en vers (1867). — L’Auberge de la vie (1869). — Les Dents du Dragon (1869). — Les Gaietés romaines (1870). — La Maison close (1871). — La Queue d’or (1872)