Pierre Ronsard, né dans le Vendomois en 1525, passa pour le plus grand poëte de son temps. […] C’est à lui que nous devons le sonnet, qui passa de l’Italie en France. […] Des transports de la colère, il passe à ceux de l’amitié.
On se passerait bien aussi du grenier et de l’armoire des deux derniers vers. […] Ces deux fables me paraissent assez médiocres, et on se passerait fort bien du dicton picard. […] Le voilà qui s’intéresse au sort de cette alouette, qui a passé la moitié d’un printemps sans aimer.
Il passe pour expérimenté, connu déjà par des ouvrages dont la publicité n’a pas été, jusqu’à ce moment, très sonore, ce qui est presque une distinction dans un temps où les réputations les moins méritées font le bruit de ces innocents coups de pistolet de papier que les enfants s’amusent à tirer et qui ne cassent la tête ni les doigts de personne. […] Or, ce n’est pas une exception que d’être un proscrit regrettant sa patrie, un officier mécontent du gouvernement qui l’emploie, un philanthrope, un humanitaire, un Don Quichotte ; — non du passé, comme le chevalier de la Triste-Figure, mais d’un avenir qui ne viendra peut-être pas, ce qui ne donne pas l’air plus gai. […] Tel est pourtant le personnage principal autour duquel le roman va tourner, emportant deux mondes, l’Europe et l’Asie ; car une partie de l’action se passe aux Indes.
Aussi use-t-il de l’ironie en gentilhomme de lettres, qui en connaît toutes les passes et les parades. […] Nous passons de la mélodie à la symphonie. […] Je ne reviendrai pas sur le passé. […] Un homme est le produit du passé et de sa race. […] Dirais-je comment elle se passe au milieu de quelques amis qui l’entourent d’une affection familiale et admirative.
Les vivants orageux passent dans les rumeurs, Chiffres tumultueux, flots de l’océan Nombre. […] Tout parle ; l’air qui passe et l’alcyon qui vogue, Le brin d’herbe, la fleur, le germe, l’élément. […] L’homme que voilà qui passe, aurait mon âme ! […] Le navire ne s’arrête pas, ce navire-là a une route qu’il est forcé de continuer ; il passe. […] Il était là tout à l’heure, il était de l’équipage, il allait et venait sur le pont avec les autres… Maintenant, que s’est-il donc passé ?
Une enfance, une adolescence, les premières joies et les premières tristesses de la Chair, décrites en de successifs états d’âmes, d’une subtilité d’analyse et d’un art infinis, tel est ce livre d’où se dégagé un charme enveloppant et profondément émouvant, parce qu’il est fait de sincérité et que l’on sent, par-delà les musiques charmeuses des mots, passer un intense frisson de vie. Je voudrais pouvoir citer plusieurs de ces pages exquises qu’il faut lire et aimer et dans lesquelles nous retrouvons tous un peu de nous-mêmes, car elles sont, fixées par un Véritable poète, les minutes fugitives d’amour, de souffrances et de joies de nos enfances et de nos vingt ans, aujourd’hui déjà devenus de lointains passés.
« Je compte aller bientôt passer deux jours à Lyon. […] Raspail était allé passer ses années de bannissement en Belgique ; il y jouissait de l’espace retrouvé, de la nature, du soleil ; il y vivait à la campagne et s’amusait à rédiger un journal de médecine, une Revue où il parlait de tout à son gré, et dont il était le seul rédacteur. […] Nous sommes tous ainsi faits : les débutants croient en apprendre aux maîtres ; un touriste en sait plus que l’habitant du lieu ; passez-moi cette commune manie : elle fait tant de plaisir ! […] Ici l’on passe ; là-bas où vous êtes, on existe, on s’aime, on s’apprécie, on se comprend, on se respecte jusques après la mort.
De même pour Lamartine : j’aurais aimé qu’en développant son talent poétique aussi grandement, aussi démesurément même, que sa nature de génie l’y portait, il fût demeuré en politique d’accord avec lui-même, fidèle à ses origines, à ses précédents, à l’ordre d’opinions, de doctrines et, pour tout dire, de bienséances où il avait passé toute sa jeunesse et qui lui étaient comme son cadre naturel, — un M. […] Arthur de La Bourdonnaye. — Il fit peu après sa brochure de la Politique rationnelledédiée à Cazalès, très-raisonnable et noble manifeste. — Puis il alla en Orient mettre une page blanche entre son passé et son avenir. — Il entra à la Chambre, et fut d’abord à peu près seul du parti social, s’exerçant à manier la parole. — Il devint conservateur en défendant le ministère Molé contre la coalition. — Peu après il eut l’idée un peu brusque d’être président de la Chambre, et, n’y ayant pas réussi, il reprit son vol et passa à gauche, et par delà la gauche. […] Je ne l’avais pas vu depuis l’an passé, au convoi de notre confrère le poëte Guiraud.
… Ou il doit recommencer sérieusement, ce qui ne manquerait pas de hardiesse, la comédie de Molière, cette comédie des Précieuses, qui n’a point passé comme le temps qu’elle a peint, et dans laquelle tout est resté aussi vrai et aussi réel que cet éternel bonhomme que Molière met partout, ce Gorgibus qui est Chrysale ailleurs, et Orgon, et même Sganarelle ; car Sganarelle, c’est Gorgibus avec quelques années de moins et une… circonstance de plus ; ou bien — ce qui serait beaucoup plus crâne encore — il doit être, ce livre, la défense enfin arborée des Madelon et des Cathos contre les moqueries de Molière, la négation des ridicules mortels qu’il leur a prêtés, et la cause épousée par un spiritualiste du xixe siècle de ces idéales méconnues qui tendaient à s’élever au dernier bien des choses, et voulaient des sentiments, des mœurs et une langue où tout fût azur, où tout fût éther ! […] Il oublie que la conversation est un genre de génie tout individuel, intransmissible, incommunicable, qui peut jeter sa flamme dans le monde comme elle peut la jeter partout ailleurs ; mais qu’elle ne tient à aucune atmosphère, qu’elle n’est ni une routine, ni une éducation, ni un procédé, et que quand elle devient une manière d’être générale elle n’est plus qu’une médaille effacée, tombée à l’état de monnaie qu’on se passe de main en main et que chaque main efface un peu plus ! […] Toute cette grave histoire, c’est celle d’une société qui passa sa vie à jouer aux petits jeux et aux petits vers, et qui eut la triste puissance de rapetisser une minute Condé et Bossuet. […] Virginité passé au verjus, elle aurait été en 48, si elle avait vécu, du Club des femmes.
I Hippolyte Castille, qui avait débuté dans les lettres par l’imagination et par la fantaisie, a passé depuis longtemps à la littérature politique avec armes et bagages, et pour preuve de son changement de côté, il nous donne le premier volume de son Histoire de la Révolution 23. […] Ce volume-ci a beau brusquer les faits pour les faire aller plus vite ; il a beau les pousser, les presser et les entasser ; ou ils résistent par leur masse même à cette rapidité que l’auteur est tenu de leur imprimer, s’il veut remplir les conditions de son programme ; ou ils ne résistent pas, et alors ils passent trop vite sous les yeux pour former cette chose de discernement et de renseignement qu’on appelle une histoire. […] C’est bien quelque chose que de n’avoir pas écrit, même par distraction, une seule fois le nom de Dieu dans un volume de cinq cents pages où il s’agit d’un des plus grands événements qui se soient passés sur la terre, et d’avoir substitué à ce nom de Dieu, qui éclaire et apaise l’histoire, les mots de vent, de souffle, de trombe et de nécessité ! […] On passe de la tendresse aux sentiments belliqueux.
Aussi, jamais on n’aurait pu penser et prévoir que cette blanche figure de Vestale qu’était Madame Récamier et qui passa un jour entre lui et Madame de Staël, pourrait allumer le feu de l’amour non partagé dans une âme sans enthousiasme, que l’Esprit et l’Épigramme gardaient comme deux dragons contre l’exaltation de l’âme, — et cela sans coquetterie, et en y jetant… rien du tout ! IV Quand il la rencontra pour la première fois, c’était à Coppet, chez Madame de Staël, en 1807, où elle passa entre eux deux sans lui donner le coup de coude au cœur qui nous avertit que c’est là notre destin qui vient de passer ! […] Dès le premier jour, il en sortit foudroyé… D’un seul regard elle lui avait passé la chemise de Nessus !
Nous voulons seulement indiquer quelle fut sa vraie réalité, — qu’on nous passe le mot, quoiqu’il ait l’air d’un pléonasme. […] « Rien de certain, rien qui se démontre, la philosophie radicalement impuissante, la raison, sotte, Dieu donc et Dieu, c’est-à-dire Jésus-Christ », tel est le fond : mais la forme et plus que la forme, — car, au point de vue extérieur, cette forme, c’est Montaigne, Montaigne, c’est l’écorce du style de Pascal, — mais l’âme inouïe qui circule dans tout cela, qui passe à travers ce fond de si peu d’invention et cette forme de tant de mémoire, voilà le Pascal en propre, voilà l’originalité qu’on n’avait pas vue et qu’on ne reverra peut-être jamais ! […] C’est un Hamlet, mort à trente ans passés, qui n’eut pas d’Ophélie, qui cause aussi, et dans quelle langue, grand Dieu ! […] Toute une armée de géomètres a passé pourtant sur le géomètre du dix-septième siècle et planté plus loin que la place où il était tombé l’étendard de la découverte !
— Et même lui ; car quel passé a-t-il à ménager ou à exposer en disant tout cela ? […] Caro a l’inconvénient d’être quelque chose et d’avoir un passé quelconque. […] M. le docteur de Feuchtersleben, c’est le Platon du spiritualisme multiplié par Jocrisse, mais par Jocrisse qui aurait passé de France en Allemagne, qui y aurait pris des lettres de naturalité, puis y aurait gagné des lettres de noblesse, et y serait enfin devenu M. le baron de Feuchtersleben. […] Une fois cependant, dans son traité de l’Hygiène de l’âme, cet excellent Feuchtersleben a oublié qu’il était philosophe et que l’épi rebelle de l’hégelianisme passe par-dessous sa perruque, et il a invoqué, le brave homme !
Le pauvre Baudelaire, qu’on faisait souffrir alors jusque dans sa propre originalité, mais qui n’en restait pas moins imperturbablement sûr de la gloire future de son auteur, souscrivit à tout, en frémissant, pour faire passer en France son ballot de génie, n’importe sous quel nom, et il passa sous le nom d’Histoires extraordinaires. […] Où l’homme aigu, perçant, incroyablement, sur naturellement intuitif, a-t-il passé ? […] Je ne vous le dirai certainement pas, moi qui souhaite qu’on lise Ernest Hello, et je ne vous épargnerai pas le plus terrible frisson qui aura jamais peut-être passé sur vous !
Il vole et passe comme un résumé qui a tout pris sans rien étreindre, et il nous emporte dans le plus rapide, mais le plus net des panoramas. […] Des hommes passent rapidement, embossés dans leur cape. […] avec sa nature poétique et plastique, avec ses facultés de coloriste débordant, Heredia a dû souffrir de s’être passé cette gourmette du mot à mot, humble et résigné. […] et c’est encore ce souffle de simplicité qui vient de l’Evangile et qu’on trouve aussi dans sa Chronique, — brise de Dieu qui passe, à chaque instant, sur ses récits !
Pourtant l’héroïne l’emporte ; le décret passe, et le parti est résolument pris. […] Il leur suffit d’un cadre simple sous lequel passent tour à tour les portraits qui viennent s’y placer. […] Doucement : ne nous trompons pas : ces cinq espèces ont été déjà vues, et bien évaluées dans les séances passées. […] Un militaire passerait pour poltron s’il affectait la prudence du jurisconsulte. […] Dans la comédie épisodique, il marque simplement les physionomies dont elle fait passer les seuls portraits en revue.
Que s’est-il passé, par exemple, entre Corneille et Racine ? […] Comme la peinture et comme la musique, il peut, s’il le veut, se passer d’idées. Et de nombreux exemples vous prouveraient qu’encore plus aisément il peut même se passer de style. […] Le second passe le premier, le troisième est au-dessus du second et le dernier l’emporte sur tous les autres. […] Presque tous les grands poètes ont eu les regards tournés vers le passé.
Cette dame vint s’établir à Saint-Denis ; elle eut pour sa fille adoptive des soins vraiment maternels, et se conduisit toujours de manière à passer aux yeux de tous pour la véritable mère. « J’ai particulièrement connu, nous écrivait un de nos amis créoles, la personne qu’on dit être la fille de Parny : déjà d’un certain âge quand je la vis, elle a dû être fort jolie, sinon belle ; de taille moyenne, blonde avec des yeux bleus, elle passe pour avoir eu quelque ressemblance avec Éléonore, dans la mémoire, peut-être complaisante, de quelques anciens du pays. […] Tout le monde lui parlait d’Éléonore, et il sentait que pour lui le souvenir même s’enfuyait, s’effaçait déjà dans le passé. […] On a remarqué que certaines natures poétiques, voluptueuses et sensibles, se flétrissent vite ; la première fleur passée, elles ne donnent qu’un fruit peu abondant, après quoi ce n’est plus qu’une écorce mince et sèche, à laquelle, s’il se peut, s’attache un reste de l’ancien parfum. […] Il y eut bien des années intermédiaires ; ces années-là sont difficiles à passer. […] Un soir, nous passâmes six heures ensemble, et il me parla d’Éléonore.
La tête de mort passe des mains de Dante dans les mains de Shakespeare ; Ugolin la ronge, Hamlet la questionne. […] Entrent et passent sur le théâtre un maître d’hôtel et plusieurs domestiques portant des plats et des choses de service. […] J’ai dans la tête d’étranges choses qui passeront dans mes mains, des choses qu’il faut exécuter avant d’avoir le temps de les examiner. […] N’ont-elles pas passé près de vous ? […] Il y vécut de ses travaux passés et persévérants avec sa charmante épouse, sœur de Virginie ; lui-même, digne frère de Paul.
Cependant l’étude du passé et quelques inductions fondées sur l’histoire permettent peut-être de le pressentir. […] Suivons dans le passé la marche de ce développement : elle pourra éclairer pour nous l’avenir et le laisser entrevoir. […] Platon n’admettait pas qu’on fût philosophe sans avoir été géomètre, mais la géométrie se passait dès lors de la philosophie. […] La médecine, qui a existé partout et toujours, n’a pu se passer de l’étude du corps vivant. […] Car si ma réflexion m’avertit de ce qui se passe en moi, elle est absolument incapable de me faire pénétrer dans l’esprit d’un autre.
La Dame aux Camélias a passé pour une merveille de réalisme auprès du public théâtral du temps ; les ouvriers ne croient guère à la vérité de l’Assommoir, tandis qu’ils admettent facilement le maçon ou le forgeron idéal des romanciers populaires. […] Molière et La Fontaine n’ont pu passer ni le Rhin, ni la Manche. […] Que l’on néglige les cas de la Renaissance en France et du XVIIIe siècle en Angleterre où des causes politiques et perturbatrices sont en jeu ; ce qui s’est passé à Rome dès le premier éveil de la littérature, ce qui s’est passé en France au XVIIe siècle pour la tragédie, au XVIIIe pour la philosophie et pour le roman, au XIXe pour la poésie lyrique, ne peut être éclairé par aucune des lois de l’ancienne critique sociologique. […] Si le groupe attrait est considérable, par la quantité, par la qualité, l’œuvre prend une haute signification sociale, qu’elle ne possède qu’à ce moment-là, qui peut larder longtemps et passer vite. […] — Passons sur les précautions et les recherches qu’exige l’application de la méthode basée sur ces considérations : elle ne permet, par exemple, de conclure d’une œuvre à une nation, qu’après détermination de l’importance relative du groupe attiré et défini par l’œuvre, de l’époque précise pour laquelle l’œuvre est considérée comme un document.
Il renaquit à l’espérance : il passa en Amérique, non pour se battre avec Lafayette et Rochambeau, mais pour changer de place ; René est remarquable par son incapacité à servir une cause, un parti et à songer aux autres ; son individualisme est féroce : Moi, toujours moi ! […] Mais quand René écrivit son autobiographie, l’heure des réalités triviales était passée pour lui ; leur souvenir ne revenait que dans un demi-jour lointain ; il sut n’en préserver que ce mirage nuageux, teinté par les sentiments du présent. […] On copiait le premier, on le mettait sur le théâtre ; en nivôse an V on jouait le Lovelace français, comédie en cinq actes ; le nom du héros passa dans la langue, Atala est une Clarisse Harlowe francisée et déguisée en sauvagesse. […] Un Parisien de Notre-Dame-de-Lorette fait la trouvaille de la virginité-capital ; mais c’est en Angleterre que les filles se marient sans dot ; tandis qu’en France elles doivent apporter un capital espèces sonnantes pour faire passer l’autre. […] Mais victorieuse, elle fut si épouvantée de son œuvre, qu’elle voulut qu’on en perdît le souvenir : elle posa l’homme bourgeois avec ses passions, ses vices et ses vertus, comme le type immuable de l’espèce humaine passée, présente et future.
Il paraît étrange de dire qu’on aurait pu se passer de Shakespeare ou de Raphaël, et cependant cela est vrai. […] peut-être bien, puisque seule elle demeure, tandis que l’autre passe. […] Corneille, car je suis persuadé que les écrits de l’un et de l’autre passeront aux siècles suivants. […] Vraiment, nous pouvons encore moins nous passer d’elle que des originaux. […] L’heure était passée, en 1751, pour la poésie et pour l’éloquence religieuse.
C’est une lettre de lui qui va passer aux enchères. […] Est-ce l’écrivain qui est responsable si son correspondant meurt et si ses lettres passent alors de mains en mains ? […] Le progrès, en droit, n’a-t-il pas consisté à passer justement de la jurisprudence à la codification écrite ? […] Or, que se passe-t-il ? […] Tout se passe comme s’ils comptaient ces droits dans leur prix de revient, mais ne les payaient pas.
Il ne faut point passer en ce monde sans faire quelque chose de sa vie sur la terre. […] Ce siège ne se passe point sans opposition de la part de bon nombre des pèlerins zélés ou soi-disant tels, ni de la part de Rome, qui craint de voir se dissiper une expédition sainte. […] Villehardouin, au moment du départ, est un homme mûr et qui a passé le milieu de la vie ; la ride s’est faite à son front ; il sait le poids des choses et les difficultés de tout genre ; il est dans le conseil des chefs, et l’un des plus prudents à prévoir ; il a peu d’illusions, comme nous dirions aujourd’hui. […] quand ils virent la riche et belle flotte, qui avait si peu perdu pour attendre, surgir à toutes voiles et passer bientôt tout près d’eux, « ils en eurent si grande honte, dit Villehardouin, qu’ils n’osèrent se montrer » ; et le comte de Flandre ayant envoyé une barque pour les reconnaître, un des soldats non chevaliers, qui était parmi les transfuges, se laissa couler dedans, et cria de là à ceux qu’il abandonnait : « Je vous tiens quittes de tout ce que je laisse à bord, mais je m’en veux aller avec ceux-là qui m’ont tout l’air de devoir conquérir du pays. » Ce soldat, qui s’échappait d’avec les fugitifs pour s’en revenir avec les conquérants, fut reçu à merveille, on le peut croire ; on l’accueillit comme l’enfant prodigue87, et cet épisode anima la traversée. […] passons à d’autres », dit la Fortune ; et le Génie de la civilisation, se voilant un moment et la suivant à regret, parle bientôt comme elle.