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1809. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Car notre patrie ne nous a point donné les trésors de la vie et de l’éducation pour ne point en attendre un jour les fruits, pour servir sans retour nos propres intérêts, protéger notre repos et abriter nos paisibles jouissances ; mais pour avoir un titre sacré sur toutes les meilleures facultés de notre âme, de notre esprit, de notre raison, les employer à la servir elle-même, et ne nous en abandonner l’usage qu’après en avoir tiré tout le parti que ses besoins réclament.

1810. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Quand on ne sait pas tirer parti des réalités, on s’impatiente contre les sociétés, et on se jette dans ces violences de l’esprit qu’on appelle le radicalisme.

1811. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Toutes les Églises, toutes les écoles, tous les partis ont eu leurs conciles, leurs congrès, pour fixer artificiellement l’orthodoxie.

1812. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Samedi 7 août On parlait d’un huissier, un enragé bonapartiste, qui se trouve par la fatalité des circonstances, chargé des exécutions contre tout le monde de son parti, et des moyens dilatoires qu’il fournit à ses coreligionnaires.

1813. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

IV L’œuvre qui est ainsi moralisante, qui juge, approuve et désapprouve, en vertu de considérations purement sentimentales, la société et les hommes, qui tantôt les dépeint en caricatures outrées, comiques ou monstrueuses, tantôt en indications disconnexes et mystérieuses, qui jamais ne les analyse et ne les donne à connaître, pas plus qu’elle ne décrit les lieux, ne ménage les développements humoristiques et personnels, les indications au lecteur, les exubérances, les prosopopées, les partis pris du style, qui procède par épisodes au gré d’une composition singulièrement lâche et mal faite, révèle chez l’écrivain que nous étudions une organisation mentale nettement accusée, simple et une, assez rare chez les hommes de lettres, fréquente au contraire chez les hommes ordinaires, chez les hommes d’action et qu’il sera intéressant d’étudier en un exemplaire parfait.

1814. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Il n’existe en aucune langue un tableau plus grandiose que celui de la ruine du parti vaincu et du massacre de la famille royale.

1815. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Je ne dis ni à mon père ni à ma mère pourquoi je quittais la chambre et la douce table de famille, et je partis pour Paris par les carrioles du Bourbonnais, appelées pataches, en compagnie des marchands de vin du vignoble et des marchands de bœufs des herbages de mon pays, qui causaient de leur commerce aux cahots inharmonieux de ces voitures.

1816. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Dieu lui avait donné des facultés singulièrement belles, puissantes et rares ; il n’en tira point le parti qu’il en eût pu tirer.

1817. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Corot est actuellement visible dans presque toutes les œuvres des jeunes paysagistes — surtout de quelques-uns qui avaient déjà le bon esprit de l’imiter et de tirer parti de sa manière avant qu’il fût célèbre et sa réputation ne dépassant pas encore le monde des artistes.

1818. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Le poète, pour en finir, veut croire au futur règne de la justice et prend son parti de toute l’injustice qui aura précédé. […] Ou plutôt on pressent là tout un poème d’ironie, une âme très fine et très alerte empêtrée dans trop de matière, et qui s’en accommode, et qui même en tire un fort bon parti en faisant rayonner sur tous les points de ce masque large la malice du sourire, comme si c’était se moquer mieux et plus complètement du monde que de s’en moquer avec un plus vaste visage ! […] Son premier mouvement est de la comparer aux « modèles » et, cependant qu’il se hâte de la juger, il oublie d’en jouir, de chercher quelle est enfin sa beauté particulière et si l’auteur, malgré les fautes et les partis pris, n’aurait point par hasard quelque originalité et quelque puissance, des impressions, une vue des choses qui lui appartienne et qui le distingue. […] C’est que j’y retrouve Flaubert dans le plein épanouissement ou plutôt, car il n’y a là rien d’épanoui, dans l’extrême rétrécissement de ses manies et de ses partis pris d’artiste ; mais enfin je l’y retrouve, avec des traits plus précis, plus sèchement et durement définis que partout ailleurs.

1819. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Les ressorts sont cachés et les machines paraissent, et quand on vient à découvrir ces ressorts, on s’étonne de les voir si faibles et si petits… Une jalousie d’amour entre des personnes particulières a été la .cause d’une guerre générale ; des noms baillés ou pris par hasard, les Verts et les Rouges des jeux du cirque ont formé les partis et les factions qui ont déchiré l’Empire. […] Mais, tous ou presque tous, ils étaient amis de Boileau, à commencer par le plus fameux et le plus considéré du parti, celui que l’on saluait alors du nom du « grand Arnauld ». […] Très inférieur à Guizot de toutes les manières — qui sera quelque jour l’un des trois ou quatre grands esprits du xixe  siècle, qui le serait déjà, si, en se mêlant de politique, il n’eût mis sa gloire au hasard des contestations de partis, — c’est aussi, c’est enfin ce que Villemain a voulu faire, et c’est ce qu’il nous faut voir maintenant. […] Sans doute, il est fort éloigné d’en avoir tiré tout le parti que nous verrons Sainte-Beuve en tirer après lui.

1820. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Il existe un parti, en Belgique, qui rêve d’une culture purement flamande, sans odeur latine, sans même parfum germanique, capable de laisser s’exprimer en flamand des pensées et des sentiments flamands. Ce parti considère comme une faute contre la patrie l’emploi de la langue française, dangereux facteur de dénationalisation, et témoigne d’une mauvaise humeur de plus en plus méfiante envers un Maeterlinck ou un Verhaeren, coupables d’écrire dans la langue de Racine. […] Un fait prouvera la surexcitation de certains flamingants : pendant les fêtes données à Anvers au mois d’août 1912 en l’honneur du romancier flamand Henri Conscience, des feuillets furent lancés dans la voiture du Roi qui portaient : « Nous exigeons la flamandisation de l’Université de Gand. » D’ailleurs, depuis les élections du 2 juin 1912, favorables au parti conservateur, les flamingants redoublent d’audace et la querelle des langues semble s’accentuer.

1821. (1914) Une année de critique

Deux autres sont annoncés, peut-être même ont-ils parti. […] Il l’avoue lui-même : « Sa documentation, ses théories servirent à des écrivains de l’un ou de l’autre sexe, qui en ont tiré dans le livre ou au théâtre un parti plus fructueux… » On se souvient, en effet, de l’affaire du Vaisseau des caresses. […] Julien Benda excelle à tirer parti de la défaite.

1822. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Pas un d’eux à mon gré ne se doit rejeter : S’il est vieux, il rendra sa famille opulente ; S’il est jeune, ma fille en sera plus contente ; S’il est beau, je dis lors : beauté n’a point de prix ; S’il a de la laideur, la nuit tous chats sont gris : S’il est gai, qu’il pourra réjouir ma jeunesse ; Et s’il est sérieux, qu’il a de la sagesse ; S’il est courtois, sans doute il vient d’un noble sang ; S’il est présomptueux, il sait tenir son rang ; S’il est entreprenant, c’est qu’il a du courage ; S’il se tient à couvert, il redoute l’orage… ………………………………………………… Enfin, quelque parti qui s’ose présenter, Toujours je trouve en lui de quoi me contenter. […] Mais ce que je veux dire, et ce sera ma conclusion, c’est que les beautés mêmes de Rodogune n’empêchent pas qu’il fût dès lors orienté dans une direction fausse, et que, parti d’une idée juste, mais portée ou poussée tout de suite à l’extrême, il n’eût dès lors détourné la tragédie de son véritable objet, tel qu’il le lui avait, comme vous l’avez vu, si nettement assigné dans le Cid. […] Mais Racine, lui, parti de l’observation, et ne tâchant qu’à peindre des sentiments qui fussent de tous les temps et de tous les lieux, dans des situations ordinaires, pour ne pas dire quotidiennes, n’a cherché dans l’histoire que le moyen de les rendre tragiques ou uniques. […] J’acceptai le premier parti, et en sortis à six heures du soir ivre-mort.

1823. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Dans ce roman fabuleux qui se passe au temps de la guerre de Minamoto et des Taïra, le guerrier Tadanobou, parti en campagne, a laissé à la maison une femme et un tout jeune enfant. […] Ce roman est l’histoire de Tamétomo, un héros du xie siècle, prenant parti pour un empereur dépossédé à la suite d’une révolte, et qui tente de reprendre le pouvoir. […] Dans ces séries, Hokousaï tente — et je crois là seulement, — de tirer un parti pittoresque, dans ces compositions, de l’escalier, de l’escalier extérieur des habitations chinoises et japonaises, tente de représenter des scènes d’intérieur coupées par la montée ou la descente au premier plan d’un homme ou d’une femme dans un de ces escaliers aériens, — et c’est vraiment d’un très joli effet. […] Et, sur le conseil du ministre, le voilà parti à la recherche de sa femme et de ses enfants, recherche qui dure trois ans.

1824. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Cependant le refus de plusieurs partis avantageux m’a bientôt éclairée ; j’en ai demandé la cause et je l’ai, pour ainsi dire, révélée par cette question.

1825. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

En tira-t-il meilleur parti plus tard, lorsqu’il alla ou retourna à Alexandrie ?

1826. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

L’honneur d’avoir, le premier, appliqué la critique littéraire proprement dite à nos vieux monuments, étant compromis chez Génin par trop de paradoxes et de partis pris, on doit lui savoir gré surtout d’avoir amené deux excellents esprits, M. 

1827. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Je partis, et j’arrivai dans la soirée à Conegliano, qui n’est qu’à huit milles de distance de Cénéda, ma chère patrie.

1828. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Le matin d’une des chaudes journées du mois de juin 18**, je partis seul et à pied de la petite ville pastorale et batelière de Neuchâtel en Suisse, pour gravir le mont Jura.

1829. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Le prince de Talleyrand fut en France dans ces derniers temps le Goethe de la politique ; Goethe fut le prince de Talleyrand de l’Allemagne en littérature ; tous les deux très supérieurs au vulgaire, très dédaigneux des événements, peu soucieux de ces doctrines soi-disant immuables que les partis appellent des principes et que l’histoire appelle des circonstances.

1830. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

C’est le parti que mademoiselle Eugénie de Guérin prit de bonne heure, martyre obscure de deux abnégations volontaires, l’une pour remplacer l’épouse morte dans la maison et dans le cœur de son père, l’autre pour remplacer la mère absente auprès de son frère enfant.

1831. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

. — Mais on le sait, quel que soit le bonheur que nous ayons à penser à un mort bien-aimé, le fracas confus du jour qui s’écoule fait que souvent pendant des semaines et des mois notre pensée ne se tourne vers lui que passagèrement ; et les moments de calme et de profond recueillement où nous croyons posséder de nouveau, dans toute la vivacité de la vie, cet ami parti avant nous, ces moments se mettent au nombre des rares et belles heures d’existence. — Il en était ainsi de moi avec Goethe. — Souvent des mois se passaient où mon âme, absorbée par les relations de la vie journalière, était morte pour lui, et il n’adressait pas un seul mot à mon esprit.

1832. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Par Bossuet, il se lia avec Fénelon, et quand la querelle du quiétisme brouilla les deux prélats, il resta neutre entre ses deux amis, pour ne pas perdre l’un en prenant parti pour l’autre.

1833. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Wagner a créé une œuvre qui satisfait par la parole aux exigences logiques que manifeste une partie de notre être, et qui en même temps, précisément parce que cette base est solidement posée, peut satisfaire aux besoins de l’autre parti de notre être, par la musique.

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