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347. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 475-476

Les beautés en sont vives & originales, mais presque toujours accompagnées de quelques négligences, moins fréquentes, à la vérité, que dans l’Abbé de Chaulieu, son disciple.

348. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 75-77

Le Traducteur s’est attaché à rendre l’Original selon le style dans lequel il est écrit, c’est-à-dire qu’il traduit tantôt en vers, tantôt en prose, & qu’il emploie quelquefois des vers alexandrins sans rimes, qu’on appelle vers blancs, fort en usage en Angleterre, & qui y rendent la versification bien plus facile que parmi nous.

349. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 298-300

L’Auteur l’accompagna d’un Discours préliminaire, où il traitoit sans façon son Original de Radoteur, Madame Dacier de femme sans esprit & sans goût.

350. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Les nombreuses anecdotes que chacun sait par cœur sur Malherbe, et dont plus d’une fait sourire, ne doivent point détourner un moment la critique du trait original et significatif qui est à respecter en lui : il eut le caractère et l’autorité, ce qui fait le chef de secte et le chef d’école. […] Rendant hommage aux poètes français du xvie  siècle, à ceux que Malherbe avait eu le tort de trop dépriser, et leur faisant jusqu’à un certain point réparation, Godeau, dans le discours qui servait de préface à la première édition de Malherbe, ajoutait pourtant : « La passion qu’ils avaient pour les anciens était cause qu’ils pillaient leurs pensées plutôt qu’ils ne les choisissaient. » Et il fait sentir que la méthode habile et combinée, cette méthode d’abeille par laquelle Horace imitait les Grecs, a succédé en France, grâce à Malherbe, à l’imitation confuse, à l’importation trop directe et trop entière des originaux grecs eux-mêmes. […] Sa pièce n’est, si l’on veut, qu’une paraphrase de l’épode d’Horace : « Beatus ille qui procul negotiis… » Racan, qui ne lisait pas Horace dans l’original, avait sous les yeux une traduction en prose que lui en avait donnée son parent et cousin le chevalier de Bueil.

351. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

C’est de lui qu’il est question dans ce passage de la satire de Rulhière, où l’original a tout l’air d’un portrait de fantaisie : Auriez-vous par hasard connu feu monsieur d’Aube Qu’une ardeur de dispute éveillait avant l’aube ? […] L’original y apparaît dans son plein : le personnage s’y juge au fond. […] Si je perds l’image du parfait philanthrope et de l’homme de bien modèle qu’on avait réussi à nous faire accepter alors, je me dédommage de reste en retrouvant l’homme de bien original et particulier qui ne ressemble à nul autre.

352. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il n’est pas rare de constater de graves méprises d’un peuple à l’égard d’un autre, tantôt faute de moyens sérieux d’informations, tantôt parce que l’original a changé, tandis que son portrait, une fois tracé, restait immuable et continuait à passer pour fidèle. […] Alphonse Daudet, qui avait, quand il voulait, une vision si originale des gens et des choses, les a vues parfois à travers les lunettes de Dickens ; Alexandre Dumas père a dans le vaste fleuve de son imagination débordante absorbé quelques petits ruisseaux ; André Chénier, qui fut un vrai poète, fut aussi par endroits un arrangeur industrieux de centons antiques. […] Un homme d’initiative peut ainsi entraîner après lui ceux qui sont moins originaux ou moins hardis et leur communiquer une partie de sa vigueur et de son audace.

353. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Ce côté des Mémoires de Mme d’Épinay est vrai, sans être autrement original. […] Duclos, avant la publication de ces Mémoires, jouissait d’une bonne réputation, de celle d’un homme original d’humeur et de caractère, ayant son franc-parler, droit et adroit. […] Rousseau que possède la bibliothèque de cette ville, m’assure qu’après vérification faite par lui sur les originaux des lettres de Jean-Jacques, c’est le texte donné dans les Confessions qui est l’exact et le véritable.

354. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Le 23 du mois dernier, est mort dans la force de l’âge un homme dont le nom et les œuvres n’étaient guère connus que de ceux qui s’occupent des productions de l’esprit, mais qui était fort apprécié par les meilleurs juges, d’une intelligence rare, élevée, étendue et sérieuse, d’un goût fin, curieux, quelquefois singulier, mais distingué toujours, d’un caractère à part, ironique et original ; écrivain des plus spirituels et des moins communs, et qu’il serait injuste de traiter comme il semblait par moments désirer qu’on le fît, c’est-à-dire par l’omission et le silence. […] Bazin est une composition rare, originale, offrant, non pas comme d’autres prétendues histoires, une marqueterie brillante et spirituelle, moyennant des lambeaux de citations relevées de quelques scènes dramatiques, mais un récit médité, réfléchi, tout à fait neuf, dans lequel il est tenu compte de chaque témoignage, et où l’historien a constamment le fil en main pour donner à tout la liaison la plus vraisemblable, l’accord le plus exact et l’enchaînement le plus conforme à la vérité. […] Enfin, c’était un des esprits rares et l’un des originaux de ce temps-ci.

355. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Il était l’aîné ; il avait une sœur d’un caractère original, d’un cœur excellent, brave fille qui ne se maria point pour mieux servir son père, « vive, agissante, gaie, décidée, prompte à s’offenser, lente à revenir, sans souci ni sur le présent ni sur l’avenir, ne s’en laissant imposer ni par les choses ni par les personnes ; libre dans ses actions, plus libre encore dans ses propos : une espèce de Diogène femelle ». […] L’histoire de la philosophie, qu’il y traite de seconde main il est vrai, la description des arts mécaniques, dans laquelle il se montre peut-être plus original ; trois à quatre mille planches qu’il fit dessiner sous ses yeux, la charge et la direction du tout enfin, ne purent jamais l’absorber ni émousser sa vivacité de verve. […] On en ferait un excellent chapitre de la force de l’unité. » Diderot en tout ceci est grand critique, et dans cet ordre de critique générale auquel aucun art, sous prétexte de technique, ne saurait se dérober : Il me semble, dit-il, que quand on prend le pinceau, il faudrait avoir quelque idée forte, ingénieuse, délicate ou piquante, et se proposer quelque effet, quelque impression… Il y a bien peu d’artistes qui aient des idées, et il n’y en a presque pas un seul qui puisse s’en passer… Point de milieu, ou des idées intéressantes, un sujet original, ou un faire étonnant.

356. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

La plupart des prétendus auteurs se contentent de travailler sur des idées étrangères, qu’ils retournent et qu’ils accommodent au goût du moment ; rien n’est plus rare que cette vivacité et cette hardiesse à peindre sa propre pensée et ses propres sentiments, qui fait l’auteur original. Montaigne est original, même dans son érudition ; il l’est jusque dans les traits qu’il emprunte aux autres, « parce qu’il ne les emploie que lorsqu’il y a trouvé une idée à lui, ou lorsqu’il en a été frappé d’une manière neuve et singulière ». […] Lui et La Motte, représentant tous deux le bel esprit, l’emportaient déjà sous la Régence, et allaient faire école, si Voltaire n’était venu à temps pour remettre le naturel en honneur : Son style simple, naturel et original à la fois, le charme inexprimable de son coloris, nous ont bientôt fait mépriser, dit Grimm, tous ces tours épigrammatiques, cette précision louche et ces beautés mesquines, auxquels des copistes sans goût avaient procuré une vogue passagère.

357. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Il est donc capable, par une série de comparaisons et de souvenirs, de discerner dans l’œuvre qu’il étudie les parties marquantes, originales, caractéristiques. […] Car il ne s’agit pas ici accomplir cette besogne byzantine, de juger la façon dont un auteur a jugé une œuvre enfin originale, mais de dégager de cet écrit critique au deuxième degré, les raisons pour lesquelles il frappe ou émeut. […] La petite typologie proposée par Hennequin, assez originale, constitue un des premiers efforts de théorisation contemporains de ces débats.

358. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Être original dans le sens profond du mot ; et, après l’avoir pensé, bâtir un livre dans la puissance équilibrée de son harmonie, voilà le signe de la virilité en littérature, et nulle femme ne l’a ni ne peut l’avoir. […] [I à V : article original paru dans Le Pays, 7 février 1859.] — Les Horizons célestes, par l’auteur des Horizons prochains. [VI à X : article original paru dans Le Pays, 16 novembre 1859.] — Chez Lévy.

359. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

En 1811, cet esprit original, appelé à professer au sein de la Faculté des Lettres, prit position sur une question très-particulière à l’école écossaise, et il en tira parti pour renouveler l’observation psychologique. […] De celui-là, qui échappe pour le moment à l’appréciation littéraire, mais qu’une curiosité respectueuse ne saurait, même à ce seul titre, s’empêcher de suivre en silence et d’observer, il me suffira de dire qu’il a eu cela de particulier et d’original, que, trempé encore plus expressément par la nature pour les luttes et pour les triomphes de l’orateur, il y a de plus en plus aguerri et assoupli sa parole : cette netteté, ce nerf, cette décision de pensée et d’expression qu’il a sans relâche développés et qu’il porte si hautement dans les discussions publiques, toutes ces qualités ardentes et fortes, il semble que ce soit plutôt l’orateur encore qui, chez lui, les communique et les confère ensuite à l’écrivain ; et si l’on pouvait en telle matière traiter un contemporain si présent comme on ferait un grand orateur de l’antiquité, on aurait droit de dire à la lettre que c’est sur le marbre de la tribune, et en y songeant le moins, qu’il a poli, qu’il a aiguisé son style.

360. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Il suivait un plan fixe, disposait toutes les parties de la composition d’après une idée maîtresse, transformait ses originaux, développait un point, en abrégeait un autre, proportionnait le tout. […] C’est ce qui met à part et au-dessus de tous, les pauvres fous, malheureux ou naïfs, qui les trouvent ; on appellera les autres « grands hommes si l’on veut, mais poëtes, non pas. » Nous en avons eu un (ce n’est guère), un seul et qui, par un hasard admirable s’étant trouvé Gaulois d’instinct, mais développé par la culture latine et le commerce de la société la plus polie, nous a donné notre oeuvre poétique la plus nationale, la plus achevée et la plus originale ; c’est pour cela que j’en ai parlé si longuement, trop longuement Peut-être.

361. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Il arrive à chaque moment qu’un son appelle un son et le mot un mot : on s’amuse de leur cliquetis, et le hasard fait parfois qu’il en jaillit l’étincelle d’une idée : quand on regarde ce qu’on dit, après qu’on a parlé, il se trouve qu’on a dit quelque chose ; l’oreille a chassé pour l’esprit. « Traduttore, traditore », dit-on : sans la ressemblance des sons, on n’eût peut-être pas sitôt ni si bien remarqué la trahison que faisaient les traducteurs à leurs originaux. […] L’inconvénient est grave : car quand la pensée se coule dans des phrases toutes prêtes, elle perd sa marque originale.

362. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Il fut en son temps une sorte de journaliste, pas toujours indépendant, mais toujours original, toujours convaincu, soit qu’il travaillât sur commande, ou qu’il fût l’écho des passions populaires. […] Au service de ces idées et de ces sentiments, le poète met un talent original.

363. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre III. L’antinomie dans la vie affective » pp. 71-87

Il ne suffit pas de vouloir être original dans l’ordre de la pensée ou du sentiment. […] On voit très bien qu’il prétend avoir non seulement des idées différentes, mais des désirs originaux ; mais on ne se rend pas bien compte de l’originalité, de la nouveauté de ces désirs et de ces aspirations.

364. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Kœnig de produire l’original de la lettre de Léibnitz ; & l’original ne se trouvant plus, il fit rendre, par les mêmes membres, un jugement, qui déclare M.

365. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

Au auteur vraiment original dans sa façon de traiter le roman, est l’ingénieux Marivaux. […] La traduction françoise que nous en avons pourroit être plus saillante, mais l’original a tant de mérite qu’on ne s’apperçoit pas de la langueur que le traducteur a quelquefois répandu sur son style.

366. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Chien-Caillou passe pour être une copie dont Rodolphe Bresdin — le très remarquable artiste que je veux vous présenter — serait l’original. Mais, à s’en rapporter à l’original, le peintre réaliste a mis beaucoup d’imagination dans ce récit, qui affiche des prétentions biographiques.

367. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Et cependant, ce livre du Bluet, que j’aime à rappeler et qui fut le premier livre de Mme Haller, aurait pu, sous une autre plume que cette plume d’oiselet, être une œuvre originale et virile. […] [Article original paru dans Le Constitutionnel, 12 février 1877.]

368. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Ainsi encore, dans le Lieutenant de Rancy, copié sur le héros des Deux amours de Mme Émile de Girardin, la ressemblance de la copie avec l’original est si frappante, que pour désarmer du reproche, Mme de Chandeneux en prévient et s’en vante presque, avec cette incomparable légèreté de conscience qu’ont les femmes (beaucoup plus communistes qu’on ne croit), lorsqu’elles s’approprient les choses qui leur plaisent, si dangereuses qu’elles soient à prendre. […] [Article original paru dans Le Constitutionnel, 9 juillet 1877.]

369. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

La Révolution française, ses arts et sa littérature, attestent avec une assez triste éloquence que si l’esprit grec avait charmé ceux qui firent cette révolution à deux faces, — par un côté si grandiosement originale, par l’autre si grotesquement postiche, — l’esprit romain les avait aussi enivrés. […] C’était nouveau, c’était original, c’était intéressant, c’était vrai, et si réussi qu’en rééditant ce livre pas un mot n’y a été changé.

370. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Nous ne voulûmes plus entendre parler d’originaux, & nous nous rendîmes enfin à Saint-Cloud, où nous ne trouvâmes heureusement qu’un vin original, parce qu’il n’avoit pas son pareil. […] J’en conclus que c’est un défaut, & que cela ôte à une langue l’honneur de passer pour originale. […] Trois originaux avoient pris querelle ; ils alloient se tuer, quand ils finirent par des éclats de rire. […] Tout cela vient d’un tourment d’esprit, me dit un original que je rencontrai dans ma promenade. […] Leur fourniroit-on toutes les coiffures originales dont elles s’affublent ?

371. (1900) La culture des idées

Albalat les supprime excellemment ; il juge avec raison qu’il n’y a que deux sortes de style : le style banal et le style original. […] Albalat se demande : comment être original et personnel ? […] « Pour la création originale, écrit M.  […] Le cliché est immédiatement perceptible ; le lieu commun se dérobe très souvent sous une parure originale. […] Philippe a au moins le mérite de l’invention ; il est original à sa manière ; nous sommes surpris que M. 

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