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336. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Cette poésie avait dû prendre bien d’autres caractères, toucher bien d’autres sujets, probablement sous cette forme lyrique ou gnomique, mais toujours concise, qui, ce semble, était le mieux assortie à l’esprit sévère et occupé de Sparte. […] Le soin même d’Hérodote59 à noter avec détail ce souvenir d’Arion, à quelque distance de l’admirable récit de l’invasion des Perses, témoigne de la grande place que la poésie occupait dès lors dans la vie des Grecs.

337. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fertiault, François (1814-1915) »

Sainte-Beuve Je ne ferai que passer devant vous, couple conjugal qui unissez vos deux voix ; qui, après avoir perdu un enfant, votre unique amour, l’avez pleuré dans un long sanglot, et qui, cette fois, inconsolés encore, mais dans un deuil apaisé, avez songé à lui en composant des chants gradués pour les divers âges, continuant ainsi en idée, d’une manière touchante, à vous occuper, dans la personne des autres, de celui qui n’a pas assez vécu pour nous.

338. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article »

Si le style répondoit au mérite de ses travaux, il seroit digne d’occuper une des premieres places parmi les Ecrivains ; mais sa diction très-négligée, & souvent barbare, ne permet pas de le tirer de la classe des Erudits, où il a des droits assurés aux premiers rangs.

339. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Reynaud, Charles (1821-1853) »

Armand de Pontmartin Après les grandes dates poétiques, il en est d’autres qui occupent heureusement les intervalles, rompent la prescription et sont comme des anneaux plus modestes rattachant entre eux les anneaux d’or ; Les Épîtres, Contes et Pastorales méritent un des premiers rangs parmi ces aimables intermédiaires.

340. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il y a, en un mot, des moments où mes semblables, comme à Térence, me sont bien chers ; il y en a d’autres où ils me semblent bien ridicules, bien injustes, bien plats : témoin ce qui s’est passé hier dans le sujet qui nous occupe. […] Il existait une scission profonde entre les érudits qui s’occupaient de l’Antiquité et ceux qui commençaient à se soucier du moyen âge, et les premiers professaient un superbe dédain pour les seconds : il semblait que les uns possédassent seuls les trésors et les temples ; les autres n’inventoriaient que de vieux papiers. Le président de Brosses, l’ami de Sainte-Palaye, qui s’occupait de la formation mécanique des langues, en négligeait tellement la formation historique, qu’il écrivait ces étranges paroles : « Assurément le français de Molière est plus éloigné de celui de Villehardouin qu’il ne l’est de Goldoni. […] Sa journée est occupée par les recherches, les devoirs académiques, les œuvres de charité médicale quand il est à la campagne. […] L’été il habite la campagne, Mesnil-le-Roi près Maisons-Laffitte : il y occupe une petite maison des plus modestes, acquise de ses deniers.

341. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Rousseau, occupé tout récemment de Mme d’Houdetot, ne pensa point à s’attacher à elle, ni à aller sur les brisées de Margency, comme il avait fait sur celles de Saint-Lambert. […] J’ai resté bien des jours occupée de lui cacher ma douleur, tant il m’était douloureux de troubler son âme ! […] Mon père ne m’a occupée qu’à calculer ce qui pouvait regarder mon sexe et mon ménage. […] Quoi de plus doux et de plus innocent, en effet, que de s’occuper dans un détail exact et avec une attention comme affectueuse d’une existence disparue, de ressaisir une figure nette et distincte dans le passé, de donner tous ses soins, pour la recomposer et la montrer aux autres, à celle qui ne nous est de rien, de qui l’on n’attend rien, mais dont je ne sais quelle grâce, quelle bienveillance souriante nous attire et nous a charmés ? […] Mais soyons justes : sans Rousseau et les pages des Confessions, qui donc aurait aujourd’hui l’idée de s’occuper de ces anciens Bremond d’Ars ?

342. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Cette société portait avec elle ses mœurs polies dans la barbarie de ces montagnes ; elle s’y occupait d’études, de conversation, de lectures, de vers : c’était une villa d’Italie transplantée dans les Pyrénées. […] Un vaste bassin d’eau si azurée qu’elle en paraît noire, et si profonde que la sonde n’en atteint pas le fond, occupe toute l’étendue de l’antre. […] Je garde le silence depuis le matin jusqu’au soir, n’ayant personne à qui parler ; les paysans, uniquement occupés à cultiver leurs vignes, leurs vergers, ou à tendre leurs filets dans la Sorgue, ne connaissent ni la conversation ni les commerces de la vie. […] Quant à Pétrarque, il crut revoir dans son ami le restaurateur de cette Italie antique, dont l’image occupait depuis sa jeunesse la moitié de son âme. […] « Quoique Laure eût l’air tranquille, on ne peut douter qu’elle ne fût sensible à la douleur de ses compagnes ; mais, tout occupée de ce qu’elle allait devenir, elle recueillait déjà en silence les fruits d’une vie innocente et pure.

343. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

C’était un homme tendre, pieux et un peu mystique, qui s’occupait de l’âme de ses malades autant que de leur corps. […] Consumé, dévasté, le lieu qu’il occupait est le domaine des aquilons, la terreur habite dans les ouvertures désertes des fenêtres, et les nuages du ciel planent sur les décombres. […] Chacun se réjouit de la place qu’il occupe et brave le dédain. […] Que sa bouche d’airain ne soit occupée qu’aux choses graves et éternelles ! […] Ce projet l’avait occupée pendant bien des jours, et moi, qui lui étais si près du cœur, moi qui suis maintenant seule ici dans ce lieu fatal, je parcours ce même rivage, ne pensant qu’à mon bonheur !

344. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Les Génois en occupaient les ports fortifiés ; les Vénitiens leur disputaient la clef de cette mer dans un quartier de Constantinople fortifié à leur usage ; ces deux flottes italiennes rivales se livrèrent une bataille navale indécise et meurtrière, sous les yeux des Grecs spectateurs, dans le canal du Bosphore. […] La protestation, éteinte par le canon des forts occupés par les Piémontais, fut étouffée dans le sang des Génois. […] Novare était occupé par une partie de l’armée restée inébranlablement fidèle au roi sous le général de Latour. […] Qui lui eût dit alors que ces souverains généreux et affectueux de la Toscane seraient expulsés une première fois par lui-même, puis détrônés par son fils, et que ce palais Pitti, le palais de Léopold, le premier et le plus libéral des princes législateurs avant que le mot de libéralisme fût inventé, serait occupé bientôt après par un proconsul piémontais ? […] L’empereur, de son côté, occupe les villes.

345. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Aussi ai-je été fort occupée toute la matinée aux deux dîners. […] « Vraiment il se passe de charmantes choses sur la cendre, et, quand je ne suis pas occupée, je m’amuse à voir la fantasmagorie du foyer. […] « Quand tout le monde est occupé et que je ne suis pas nécessaire, je fais retraite et viens ici à toute heure pour écrire, lire ou prier. […] J’en suis surprise, occupée, bien aise. […] En attendant, je vais m’occuper de mon âme et voir où elle en est dans ses rapports avec Dieu depuis huit jours.

346. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Mais lorsque Wagner s’y mit définitivement en 1857, il y avait longtemps que le sujet l’occupait (VI, 378 : et Works and Mission of my Life, 54). […] Et les auteurs allemands sont trop occupés de théories, d’analyses des écrits, et, selon les cas, de dénigrements ou d’admirations, pour nous accorder ce qu’il nous importerait d’avoir, un aperçu vivant de cette époque. […] Car ici l’analogie devient presque de l’identité, surtout pour un homme qui s’est occupé de mythologie autant que Wagner. […] Il est en effet certain que Wagner croyait vraiment faire une œuvre facile en écrivant Tristan, car, le 29 octobre 1857, il écrit à Fischer que l’œuvre qui l’occupe à ce moment « sera facile à donner ». […] Oui, quant à l’unité de sujet, nous serons forcés de reconnaître que Tristan occupe, non seulement dans l’œuvre de Wagner, mais dans l’histoire de l’art, une place unique.

347. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Dans cette place qui m’est accordée aux pages du Moniteur, que puis-je faire de mieux que de m’occuper, même au risque de remonter assez haut dans le passé, des grands noms qui ont honoré notre littérature et notre histoire ? […] Je n’y change toujours et n’y rajeunis çà et là que quelques mots : À la requête, contemplation et plaisance de très haut et noble prince, mon très cher seigneur et maître Gui de Châtillon, comte de Blois, sire d’Avesnes, de Chimay, etc., je, Jean Froissart, prêtre et chapelain de mon très cher seigneur susnommé, et pour lors trésorier et chanoine de Chimay et de Lille en Flandre, me suis de nouveau réveillé et entré dedans ma forge, pour ouvrer et forger en la haute et noble matière de laquelle dès longtemps je me suis occupé, laquelle traite et propose les faits et les événements des guerres de France et d’Angleterre, et de tous leurs conjoints et leurs adhérents… Or, considérez, entre vous qui me lisez, ou lirez, ou avez lu, ou entendrez lire, comment je puis avoir su ni rassemblé tant de faits desquels je traite avec tant de détail. […] Il s’est laissé aller un peu longuement, dit-il, à raconter les événements et les choses nouvelles qui étaient voisines de lui et qui inclinaient à son plaisir, et pourtant le bruit des exploits qui se passent en pays lointains le préoccupe : il se sent arriéré et veut se remettre au pas de ce côté : Et pour ce, dit-il, je, sire Jean Froissart qui me suis chargé et occupé de dicter et écrire cette histoire, considérai en moi-même que nulle espérance n’étoit qu’aucuns faits d’armes se fissent aux pays de Picardie et de Flandre, puisqu’il y avoit paix ; et point ne voulois être oiseux, car je savois bien qu’encore au temps à venir et quand je serai mort, sera cette haute et noble histoire en grand cours et y prendront tous nobles et vaillants hommes plaisance et exemple de bien faire ; et, tandis que j’avois, Dieu merci !

348. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Déjà vieux et hors de la carrière (et il ne mourut qu’à près de quatre-vingt-six ans), il disait avec un soupir, en rejetant ses regards sur le passé : Je m’en irai sans avoir déballé ma marchandise ; et comme on ne m’a jamais mis en œuvre, on ne saura point si j’étais propre à quelque chose ; je ne le saurai pas moi-même : je m’en doute pourtant, et, croyant me sentir des talents, il y a eu des temps dans ma vie où je me suis trouvé affligé en songeant qu’ils étaient perdus, et en les comparant avec ceux des personnes à qui je voyais occuper les premières places. […] Il n’y a plus rien dans le monde pour moi ; je n’ai d’espérance qu’en la mort ; elle seule peut finir mes maux, il n’est pas au pouvoir de tous les hommes de me donner un moment de plaisir ; la plus aimable personne du monde n’est plus ; une personne qui ne vivait que pour moi, que la perte de la vie n’a pu occuper un moment en mourant, et qui n’a senti que la douleur de me quitter ; qui était si parfaite, que mon imagination ne me saurait fournir un endroit par où je me puisse consoler ; je ne la verrai plus. […] Puis, après ces devis d’embellissements et profitant du cadre trouvé, il en revenait au roman : « Vivre en paix dans un beau séjour avec une personne qui ne vit que pour vous, y avoir une compagnie de gens qui vous conviennent, est une vie qui n’est propre qu’à un fainéant comme moi. » Ce dernier mot était un trait indirect à l’adresse de M. de Torcy, en qui il entrevoyait pour le moment un rival, mais trop occupé, selon lui, et trop destiné à la politique pour être longtemps et parfaitement amoureux.

349. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Soyez sociable ; faites honneur à la vertu dans le monde. » Et il redouble lui-même de légèreté en écrivant, comme pour lui donner l’exemple avec le précepte : « On a besoin d’être sans cesse la faucille en main, pour retrancher le superflu des paroles et des occupations. » Jamais la piété de Fénelon ne se montre mieux ce qu’elle est que dans ces lettres au vidame d’Amiens, c’est-à-dire une piété douce, commode, simple, exacte, ferme et gaie tout ensemble, une piété qui s’allie avec tous les devoirs et qui se ressouvient du grand seigneur devant les hommes jusque dans la perfection de l’humilité devant Dieu : Un homme de votre rang ne fait point assez, et il manque à Dieu quand il ne s’occupe que de curiosités, que d’arrangement de papiers, que de détails d’une compagnie, que de règlements pour ses terres. […] Les religieuses sont pourtant séparées, mais j’occupe une partie de leurs logements… » Interrogé sur un cas de conscience lorsqu’il venait de donner un conseil royal et de politique, Fénelon souffre évidemment ; il rassure en deux mots son élève : « Vous ne devez avoir aucune peine, lui dit-il, de loger dans la maison du Saulsoir : vous n’avez rien que de sage et de réglé auprès de votre personne ; c’est une nécessité à laquelle on est accoutumé pendant les campements des armées. » Mais il fait précéder sa réponse sur ce point-là de bien des avis plus généraux que le duc de Bourgogne devait être capable d’entendre : « On dit que vous êtes trop particulier, trop renfermé, trop borné à un petit nombre de gens qui vous obsèdent. […] Le Fénelon qui, en 1711, paraît désirer et appeler de ses vœux une Assemblée des notables, mais qui, en même temps, est tout occupé à combattre le jansénisme, même le jansénisme mitigé, à réfuter M. 

350. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Et nous aussi, nous voyons le libre concert et l’union de l’Église et de l’État ; et, à ce point de vue plus particulier du Génie du christianisme qui nous occupe, n’est-ce donc rien comme signe charmant de douce influence regagnée et socialement établie, que cette image de la Vierge envoyée hier par l’Empereur à nos flottes, et qui y est reçue avec reconnaissance en protectrice et en patronne ? […] Oui, tout est chance, hasard, fatalité dans ce monde, la réputation, l’honneur, la richesse, la vertu même… » Et cette note, qui peut tenir lieu des trois ou quatre autres qui sont aussi expressives et aussi formelles sur le même sujet, finit en ces mots sinistres : « Il y a peut-être un Dieu, mais c’est le Dieu d’Épicure ; il est trop grand, trop heureux pour s’occuper de nos affaires, et nous sommes laissés sur ce globe à nous dévorer les uns les autres. » Ainsi donc voilà où en était Chateaubriand à la veille du moment où il fut vivement frappé et touché, et où il conçut l’idée du Génie du christianisme. […] Il y a peut-être un Dieu, mais c’est le Dieu d’Épicure ; il est trop grand, trop heureux pour s’occuper de nos affaires, et nous sommes laissés sur ce globe à nous dévorer les uns les autres.

351. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Les lettres de ce temps que Henri adresse à M. de Saint-Geniez, son lieutenant général en Béarn et l’un de ses meilleurs serviteurs, montrent à quel point il commence à s’occuper sérieusement de ses affaires, et, à cet âge de trente-trois ans où il est arrivé, à devenir tout à fait l’homme de conseil et de maturité qu’il sera depuis : « N’accomparez plus les actions de feu Monsieur (le duc d’Alençon) aux miennes ; si jamais je me fiai en Dieu, je le fais à cette heure ; si jamais j’eus les yeux ouverts pour ma conservation, je les y ai. […] Cette méfiance de la comtesse nous revient dans presque toutes les lettres du roi, qui est surtout occupé à la rassurer sur le chapitre de la fidélité : (1er mars 1588) J’ai reçu une lettre de vous, ma maîtresse, par laquelle vous me mandez que ne me voulez mal, mais que vous ne vous pouvez assurer en chose si mobile que moi. […] Henri cependant songea sérieusement, dit-on, à l’épouser, ou du moins il en parla comme aiment à faire les amoureux de l’objet qui les occupe.

352. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Lui, il est heureux pour la première fois de sa vie, et il le sent ; occupé de ses malades tout le jour, il trouve, en rentrant au logis, la joie et la douce ivresse ; il est amoureux de sa femme. […] J’abrège là ce qui occupe des pages, ce qui va se prolonger pendant des années. […] J’ai connu, au fond d’une province du centre de la France, une femme jeune encore, supérieure d’intelligence, ardente de cœur, ennuyée : mariée sans être mère, n’ayant pas un enfant à élever, à aimer54, que fit-elle pour occuper le trop-plein de son esprit et de son âme ?

353. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Tous ceux qui s’occupent d’une branche de l’histoire traversant cette période du xviie  siècle ont à profiter avec lui. Ceux qui, comme moi, se sont occcupés de Port-Royal et de son premier éclat, y trouvent des détails curieux et précis, d’une impartialité incontestable, sur le bruit que fit le livre d’Arnauld, De la fréquente communion, sur les prédications auxquelles il donna sujet dans les chaires de Paris, sur les sentiments de messieurs du Parlement à l’égard d’Arnauld. — Un de nos jeunes maîtres qui s’occupe, je le sais, d’une histoire de l’éloquence de la chaire dans la première moitié du xviie  siècle et avant Bossuet, y trouvera le compte rendu ou la mention au moins de plus d’un sermon qui fut éloquent à son heure ; et en particulier d’Ormesson, bon témoin, mais nullement prophète, dira de l’un des premiers sermons du coadjuteur (Retz) : « L’après-dînée (du jeudi 4 décembre 1643), M. le coadjuteur prêcha à Saint-Jean où était la reine, avec toute la suffisance et éloquence possibles, dont chacun espérait beaucoup de fruit lorsqu’il sera archevêque de Paris. […] Ceux qui s’occupent de Mme de Sévigné, et ils sont nombreux, ils se renouvellent sans cesse, trouveront des détails précis, continuels, mais qu'on voudrait, chaque fois, un peu plus développés, sur ses affaires, son mariage, sur une quête même qu’elle fit avant son mariage, aux Minimes, le jour de Saint-François de Paule (5 avril 1644) : « La reine y vint à vêpres ; M. l’évêque d’Uzès y prêcha.

354. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Mais en ce qui concerne la personne du duc d’Orléans, Mme Elliott nous dit presque dans les mêmes termes que le correspondant de Mirabeau : Ce prince était un homme de plaisir, qui ne pouvait supporter ni embarras ni affaire d’aucun genre ; il ne lisait jamais et ne s’occupait de rien que de son amusement. À cette époque, il était amoureux fou de Mme de Buffon, la menant tous les jours promener en cabriolet, et le soir à tous les spectacles ; il ne pouvait donc s’occuper de complots ni de conspirations. […] J’ai été hier à l’Opéra ; les aboyeurs étaient occupés de mon seul service ; j’avais le vestibule pour moi, et Roland mon domestique faisait promenade solitairement dans le couloir ; cependant la salle était pleine… — On court après Lafayette.

355. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

L’Académie française a le privilège d’occuper beaucoup le public et par ses séances de réception et par les élections qui les précèdent et les promettent longtemps à l’avance. […] » Les journaux qui s’occupent de ces choix, et ceux même qui le font à bonne intention, sont, en général, assez inexactement informés. […] L’héritage du Père Lacordaire a dû occuper beaucoup ceux des académiciens qui composent la majorité de la Compagnie, et qui l'y avaient fait entrer.

356. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

On ne peut se lever si matin, ni rentrer si tard le soir, qu’on ne le voie occupé à bêcher, à labourer, à porter des fardeaux. […] Mais ce que vous passez de temps à travailler vous-même, si vous l’employiez à surveiller votre monde, vous y gagneriez. » A ces observations hasardées d’un ton de bonté, avec intérêt, Ménédème répond d’abord sèchement : « Chrémès, vos affaires vous laissent-elles donc assez de temps de reste pour vous occuper de celles des autres et de ce qui ne vous regarde en rien ?  […] Tu te trompes si tu crois cela, et tu ne me connais pas, Clinias. » Et puis les vanteries ordinaires aux hommes d’âge, les contrastes de leur conduite à celle des jeunes gens d’aujourd’hui : « A ton âge j’étais occupé à tout autre chose qu’à l’amour ; pauvre, je suis allé en Asie porter les armes, et là j’ai su acquérir du bien à la fois et de la gloire. » C’était le refrain.

357. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Marie-Thérèse, par malheur, n’était plus seule à gouverner ; elle s’était donné pour associé et coadjuteur dans la souveraineté son fils l’empereur Joseph II, et si elle, au bout de son rôle, fatiguée des luttes, attentive au bonheur des peuples, occupée de l’établissement de ses nombreux enfants, n’aspirait plus qu’à maintenir les alliances et à éviter les chocs, lui, le jeune césar était ambitieux, dévoré d’activité, avide d’entreprises et ne redoutant pas les aventures. […] Cela ira toujours en augmentant. » C’est à ceux qui s’occupent des affaires présentes de l’Allemagne et du conflit persistant entre Berlin et Vienne de juger jusqu’à quel point les craintes de Marie-Thérèse étaient fondées et se sont vérifiées. […] L’empereur son époux, qui n’osait se mêler des affaires du gouvernement, se jeta dans celles du négoce… » Suivent quelques détails piquants et caustiques sur François Ier, cet époux tant adoré d’elle et si subordonné, qui, lui laissant tout l’honneur et toute la gloire de l’empire, s’était fait l’intendant, le fermier général, le banquier de la Cour, homme de négoce jusqu’à fournir au besoin en temps de guerre le fourrage et la farine aux ennemis eux-mêmes pour en tirer de l’argent ; puis reprenant le ton grave et sévère, Frédéric continue : « L’impératrice avait senti dans les guerres précédentes la nécessité de mieux discipliner son armée ; elle choisit des généraux laborieux, et capables d’introduire la discipline dans ses troupes ; de vieux officiers, peu propres aux emplois qu’ils occupaient, furent renvoyés avec ces pensions, et remplacés par de jeunes gens de condition pleins d’ardeur et d’amour pour le métier de la guerre.

358. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

L’étude alors est là, l’érudition dans toutes ses branches et avec ses ingénieux travaux, plus longs, à coup sûr, que la vie : elles ont pour objet d’occuper, d’animer, s’il se peut, les saisons sur lesquelles d’abord on ne comptait guère, et qui ont déconcerté plus d’un. […] Une fois passé, on n’a plus à s’occuper d’eux, et l’on va rejoindre les gens d’esprit d’au delà. […] Les nouveaux sujets qui l’occupent désormais promettent, non pas un mélange, mais bien un emploi uni et concerté de ses facultés les plus belles.

359. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Il rédigeait le Constitutionnel, et se laissa vivre de ce train d’improvisation facile et de paresse occupée qui semble avoir été le fond de ses goûts et de sa nature. […] Trop souvent, je le sais, la poésie dans sa forme directe, et à l’état de vers, trouve peu d’accès et a peu de chances favorables auprès d’hommes mûrs, occupés d’affaires et partis de points de vue différents. […] Étienne s’est occupée depuis de publier le recueil de ses principales Œuvres.

360. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Il ne ressemble guère aux gens de lettres du xviiie siècle, si remuants, si désireux de s’étaler, d’occuper le monde de leurs personnes. […] Mais, tel que Marivaux nous est apparu dans son théâtre, il est aisé de deviner que la peinture des mœurs et des milieux ne l’occupera pas seule dans ses romans. […] Dans son journal le Pour et le Contre, suivant l’exemple des journaux littéraires rédigés par les réfugiés de Hollande, il s’occupe beaucoup de l’Angleterre ; c’est lui qui plus tard met en français Paméla (1742) et Clarisse Harlowe (1751).

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