DESHOULIERES, [Antoinette du Ligier de la Garde, femme de Guillaume de la Fon, Seigneur] de l’Académie des Ricovrati de Padoue, née à Paris vers 1634, morte dans la même ville en 1694.
DULARD, [Paul-Alexandre] de l’Académie de Marseille, où il naquit en 1696, & où il mourut en 1760, est Auteur d’un volume de différentes Pieces de Poésies, dont la réputation n’a pas passé les bornes de sa Province.
Suze, [Henriette de Coligni, Comtesse de la] morte à Paris en 1673.
— La politique, à tort ou à raison, est de plus en plus morte en ce moment en France.
Edmond Barthélemy Édouard Dubus nous apparaît surtout comme un poète du sentiment, un des derniers poètes du sentiment, tout à fait près de Verlaine, avec, pourtant, des garanties de développements, de certains développements qui donneront autre chose… Un poète du sentiment, mais point sentimental ; de là, sans doute, le sourire mi-navré, mi-ironique de cette poésie où toutes sortes de tendresses s’évaporent dans le doute, se meurent d’incertitude, encens à qui l’espace fait défaut.
Ils inventeront l’art de ne pas mourir, et dans ce temps-là je serai morte ! […] Veux-tu mourir avec le jour qui meurt ? […] Tu ne mourras point ; tu ne mourras point ; tu ne te reposeras jamais. Mourir, reposer, t’est interdit. […] Ou elle aurait pu mourir de sa « belle mort ».
Il peut et la respecter, et la défendre, et se battre pour elle, et mourir, — il ne pourrait pas l’aimer. […] Il faut que tout cela vive ou que tu meures. » M. de Riverolles avait vingt-deux ou vingt-trois ans alors. […] C’est le « moi sentimental » qui se refuse en nous à mourir. […] Tout meurt. […] « Il n’est pas de bonne manière de mourir », a écrit un philosophe.
Mon cher ami, j’ai mis ma confiance dans le Dieu de ma mère ; je lui demande de me la conserver à jamais, cette confiance, et de mourir comme elle sous la bénédiction céleste. […] Puissiez-vous, mon cher ami, être plus heureux que moi et ne pas voir encore s’éteindre et mourir sous vos yeux paternels les deux enfants qui vous restent ! […] Je vous donne ma parole d’honneur, mon cher ami, que j’aimerais mieux mourir tout doucement à Versailles, dans le lit de ma mère, pour être déposé ensuite auprès d’elle, que d’accepter la place de sénateur. […] Il y volait dans l’air d’heureux hémistiches, qu’il attrapait, disait-il, comme des mouches : « J’ai encore dans la tête des formes, des couleurs, des idées poétiques, originales, bizarres, flottantes, qui sont comme les rats de mon grenier, et les grains qui nous nourrissent. » « J’ai beaucoup d’idées assez singulières qui me roulent dans la tête et qui ne laissent pas que d’occuper encore mon cœur et mon imagination… Qu’on m’ôte la liberté et la joie de mon cœur, et l’on a coupé sur ma tête le cheveu fatal, et je suis un pauvre homme qui se meurt. » Ainsi parlait à toute heure ce beau vieillard reverdissant.
Dans son délire, son regret le plus vif, et qui s’exhalait sans cesse de ses lèvres, était de mourir dans son lit : « Mourir dans mon lit comme un épicier ! […] je ne veux pas mourir ici, je veux mourir au soleil. » Jusqu’à son dernier mot, on put voir qu’Horace n’était pas seulement un talent, mais une nature ; et c’est à ce titre que nous nous sommes fait un plaisir et un devoir sérieux de l’étudier.
Il la suivait, cette Sylphide, par les prairies, sous les chênes du grand mail, sur l’étang monotone où il restait bercé durant des heures ; il lui associait l’idée de la gloire. « Elle était pour lui la vertu lorsqu’elle accomplit les plus nobles sacrifices ; le génie, lorsqu’il enfante la pensée la plus rare. » Il y a à travers cela d’impétueux accents sur le désir de mourir, de passer inconnu sous la fraîcheur du matin. « L’idée de n’être plus, s’écrie-t-il, me saisissait le cœur à la façon d’une joie subite ; dans les erreurs qui ont égaré ma jeunesse, j’ai souvent souhaité de ne pas survivre à l’instant du bonheur. […] Mais à quel propos ici ces désirs de mourir, ce cri égaré d’une félicité en apparence sans objet ? […] Triste, dégoûté de tout, voyant sa sœur peu heureuse, sa mère peu consolante, craignant son père au point que, si au retour de ses courses sauvages il l’apercevait assis sur le perron, il se fût laissé tuer plutôt que de rentrer au château, le chevalier essaya en effet de mourir ; il s’enfonça dans un bois avec son fusil chargé de trois balles : l’apparition d’un garde l’interrompit. […] Puis au retour, après le mariage, l’émigration ; la guerre au siège de Thionville, les veilles nocturnes du camp qui ont servi à peindre celles d’Eudore dans les Martyrs ; la blessure, le retour à Namur par les Ardennes où le poëte, qui a ébauché déjà Atala et René, est près de mourir d’épuisement ; Jersey, Londres ; la vie de misère et de noble fierté, l’Essai sur les Révolutions, l’histoire divine de Charlotte, et, à la nouvelle de la mort d’une mère pieuse, la pensée conçue, le vœu du Génie du Christianisme.
Sieyès, Barnave, Thouret, Rabaut, la plupart de ceux avec qui tout à l’heure elle mourra, n’échappent pas aux qualifications de lâche et de perfide ; Pétion, Buzot, Robespierre, seuls, la satisfont. […] Ainsi elle écrit à Bancal : « Il n’est pas encore question de mourir pour la liberté ; il y a plus à faire, il faut vivre pour l’établir, la mériter, la défendre. » Et ailleurs : « Je sais que de bons citoyens, comme j’en vois tous les jours, considèrent l’avenir avec un œil tranquille, et, malgré tout ce que je leur entends dire, je me convaincs plus que jamais qu’ils s’abusent. » Et encore : « Je crois que les plus sages sont ceux qui avouent que le calcul des événements futurs est devenu presque impossible. » Elle s’étend en un endroit (p. 233) avec un sens parfait sur cette patience, vertu trop négligée et toutefois si nécessaire aux gens de bien pour arriver à des résultats utiles ; mais, par une singulière contradiction, elle manque, tout aussitôt après, de patience. […] Les derniers événements l’ont alimenté ; les lumières de la raison se sont unies à l’instinct du sentiment pour l’entretenir et l’augmenter… Je finirai de mourir quand il plaira à la nature, mon dernier souffle sera encore le souffle de la joie et de l’espérance pour les générations qui vont nous succéder. » Les jugements de Mme Roland sur La Fayette en particulier ont lieu de nous frapper par le contraste qu’ils offrent avec l’unanime respect dont nous avons entouré cette patriotique vieillesse. […] Près de mourir, elle a pu s’écrier, sans fiction aucune, dans son hymne d’adieu : « Adieu, mon enfant, mon époux, ma bonne, mes amis ; adieu, soleil dont les rayons brillants portaient la sérénité dans mon âme comme ils la rappelaient dans les cieux ; adieu, campagnes solitaires dont le spectacle m’a si souvent émue, et vous, rustiques habitants de Thézée, qui bénissiez ma présence, dont j’essuyais les sueurs, adoucissais la misère et soignais les maladies, adieu !
Seulement l’art, dans la force de génération qui lui est propre, a quelque chose de fixe, d’accompli, de définitif, qui crée à un moment donné et dont le produit ne meurt plus ; qui ne varie pas avec les niveaux ; qui n’expire ni ne grossit avec les vagues ; qui ne se mesure ni au poids ni à la brasse, et qui, au sein des courants les plus mobiles, organise une certaine quantité de touts, grands et petits, dont les plus choisis et les mieux venus, une fois extraits de la masse flottante, n’y peuvent jamais rentrer. […] Il mourut dans l’isolement, atteint d’une sorte de marasme causé par l’oubli. […] Pourtant, dans un ouvrage qu’il composa durant sa vieillesse et peu d’années avant de mourir, l’Essai sur la Vie de Sénèque, il s’est plu à traduire le passage suivant d’une lettre à Lucilius, qui le transporte d’admiration : « S’il s’offre à vos regards une vaste forêt, peuplée d’arbres antiques, dont les cimes montent aux nues et dont les rameaux entrelacés vous dérobent l’aspect du ciel, cette hauteur démesurée, ce silence profond, ces masses d’ombre que la distance épaissit et rend continues, tant de signes ne vous intiment-ils pas la présence d’un Dieu ? […] Sa vie bienfaisante, pleine de bons conseils et de bonnes œuvres, dut lui être d’un grand apaisement intérieur ; et toutefois peut-être, à de certains moments, il lui arrivait de se redire cette parole de son vieux père : « Mon fils, mon fils, c’est un bon oreiller que celui de la raison ; mais je trouve que ma tête repose plus doucement encore sur celui de la religion et des lois. » — Il mourut en juillet 178491.
Jean de La Bruyère était né dans un village proche Dourdan, en 1639, disent les uns ; en 1644, disent les autres et D’Olivet le premier, qui le fait mourir à cinquante-deux ans (1696). […] D’Olivet, qui est malheureusement trop bref sur le célèbre auteur, mais dont la parole a de l’autorité, nous dit en des termes excellents : « On me l’a dépeint comme un philosophe, qui ne songeoit qu’à vivre tranquille avec des amis et des livres, faisant un bon choix des uns et des autres ; ne cherchant ni ne fuyant le plaisir ; toujours disposé à une joie modeste, et ingénieux à la faire naître ; poli dans ses « manières et sage dans ses discours ; craignant toute sorte d’ambition, même celle de montrer de l’esprit138. » Le témoignage de l’académicien se trouve confirmé d’une manière frappante par celui de Saint-Simon, qui insiste, avec l’autorité d’un témoin non suspect d’indulgence, précisément sur ces mêmes qualités de bon goût et de sagesse : « Le public, dit-il, perdit bientôt après (1696) un homme illustre par son esprit, par son style et par la connoissance des hommes ; mes ; je veux dire La Bruyère, qui mourut d’apoplexie à Versailles, après avoir surpassé Théophraste en travaillant d’après lui et avoir peint les hommes de notre temps dans ses nouveaux Caractères d’une manière inimitable. […] Ayant un soir, en effet, poussé Santeul de vin de Champagne, il trouva plaisant de verser sa tabatière de tabac d’Espagne dans un grand verre de vin et le lui offrit à boire ; le pauvre Théodas si naïf, si ingénu, si bon convive et plein de verve et de bons mots, mourut dans d’affreux vomissements140. […] Reçu à l’Académie le 15 juin 1693, époque où il y avait déjà eu en France sept éditions des Caractères, La Bruyère mourut subitement d’apoplexie en 1696 et disparut ainsi en pleine gloire, avant que les biographes et commentateurs eussent avisé encore à l’approcher, à le saisir dans sa condition modeste et à noter ses réponses145.
Le marin qui nous raconte les dangers qu’il a courus dans sa navigation a plutôt en vue de nous faire admirer ses talents et sa prudence, que les faveurs dont il est redevable à sa bonne fortune ; et souvent, il lui arrive d’exagérer ses périls pour augmenter notre admiration : de même les médecins ne manquent guère à présenter la situation de leur malade comme beaucoup plus alarmante qu’elle ne l’est en effet, afin que, s’il vient à mourir, ce malheur soit plutôt attribué à la force de la maladie qu’à leur défaut d’habileté ; et que s’il en réchappe, le mérite de la cure paraisse encore plus grand. […] Ses connaissances profondes dans toutes les parties de la philosophie étaient encore étendues et fortifiées par l’avantage de posséder plusieurs langues, et par l’instruction qu’il avait sur toutes les sciences dignes d’estime ; en sorte que l’on peut dire qu’il n’y a point d’éloges qui ne soient au-dessous de son mérite. » Il mourut jeune. […] XV La femme de Laurent, Clarisse Orsini, mère vertueuse de ses fils, charme de sa vie, mourut alors, en 1488. […] La nature elle-même est, sans doute, toujours supérieure à ces imitations ; cependant on est excusable d’admirer un art qui sait donner à la matière morte tant de vie et d’expression, qu’il semble qu’il ne faudrait que le souffle pour l’animer.
Et d’abord une grande pièce éclairée par le jour morne d’une cour, et, tout autour, dans des poses affaissées et pleurantes, les hardes de la morte, hardes de femmes, hardes de reines ; les sorties de bal de satin blanc et les robes d’Athalie, tous les chiffons-reliques de ce corps, tous les costumes de cette gloire, accrochés en grappes, comme aux murs d’une Morgue, avec un aspect d’enveloppes fantomatiques et de vêtements ondoyants et radieux de rêves, immobilisés et morts au premier rayon du jour. […] * * * — Quand le xviiie siècle va mourir et que la grâce de Watteau en cet art d’esprit, n’a plus que le souffle, il tombe dans l’art français, une invasion de lourds barbares qui se gracieusent, de teutomanes qui font les gentils : les Wille, Schenau, Freudeberg, etc., — et même Lawreince. […] Un cheval meurt, puis deux, puis trois, puis plus de calèche. […] Enfin l’agonie de la femme, disant au moment de mourir : « Penguilly, en cas de mort tout le monde peut baptiser et donner l’absolution », et elle le force à écouter sa confession.
Son fils meurt, et c’est alors son neveu qu’elle retire du lycée pour avoir un prétexte à garder le précepteur à la maison. […] Elle meurt. Lui alors vient pour s’assurer que sa victime est bien morte : mais surpris dans son examen par le garde-chasse du château, il tire son revolver et menace de le tuer ; le garde-chasse riposte, et d’un coup de fusil étend le drôle raide mort. […] Depuis sa femme est morte, et il s’est retiré, riche de 300,000 francs, aux environs de Paris.
Pour peu que vous donniez quelque signe de pitié, le courage s’armera contre la fureur ; et le combat sera court : car l’antique vigueur n’est pas morte encore dans les cœurs italiens. » Je ne puis relire sans émotion cet ancien témoignage, qui rappelle des accents presque semblables échappés, de nos jours, dans une prose toute poétique, au cœur de Rossi222 et à son espérance de ranimer le cadavre de la belle Italie, au moment où lui-même allait tomber sous le poignard d’un assassin. […] Un compatriote d’Herréra, du même temps, et d’un plus rare génie, c’est un religieux de Grenade, Luis de Léon, qui mourut à Madrid, en août 1591, avec la renommée de grand prédicateur et de grand poëte. […] N’est-ce pas elle, en effet, qui, toute ravie d’amour divin, s’écrie dans un cantique : « Je vis, sans vivre en moi-même ; j’aspire à une vie si haute, je la sens si proche, que je meurs de ne pas mourir !
Scudery, [Madelaine de] sœur du précédent, de l'Académie des Ricovrati, née au Havre de Grace en 1607, morte à Paris en 1701.
Valois, [Marguerite de] Reine de Navarre, fille de Charles d'Orléans, Duc d'Angoulême, sœur de François I, née à Angoulême, en 1492, morte dans le Bigorre en 1549.
Notre adolescence, cette morte charmante, nous apparaît, et veut qu’on pense à elle.
Quel bonheur de mourir pour être encore aimé ! […] Alfred de Musset : Ami, toi qu’a piqué l’abeille, Ton cœur veille, Et tu n’en saurais ni guérir, Ni mourir.
— La duchesse d’Orléans boit un verre d’eau et meurt : donc elle est morte de ce verre d’eau ; donc elle a été empoisonnée. — Pourquoi François Ier, pourquoi Louis XIV ont-ils à un certain moment changé leur politique, donné une direction imprévue aux affaires, commis des fautes qu’ils n’eussent pas dû commettre ?
Il mourut en 1757, presque centenaire. […] Biographie : Pierre Bayle, né en 1617 dans le comté de Foix, meurt à Rotterdam en 1706.
Sans la connaissance de ces variations, de cette carrière, de ces origines, de cette transition, de ce point de départ et de ce point d’arrivée, l’analyse d’une âme reste morte et sèche, absolue et irréelle, comme une proposition de mathématiques, incomplète comme une ostéologie. […] Taine, la minutieuse enquête de Sainte-Beuve, le réalisme humain des meilleurs biographes anglais, les études anecdotiques comme celles des romantiques, seront fondus ensemble et concentrés au point de donner de l’homme, de ses contours, une apparente image : on aura ainsi les procédés qu’il faut pour pénétrer de réalité, de vérité, de vie, pour galvaniser et animer l’être dont l’âme aura paru morte et morcelée d’après le travail de l’analyseed.
Car Joseph de Maistre, ce n’est pas la féodalité comme nous l’avons vue mourir dans les derniers gentilshommes de l’ancienne monarchie, c’est quelque chose de plus et de mieux. […] Comme tout est relatif en ce monde, on peut bien dire que pour un ministre plénipotentiaire Joseph de Maistre mourut de faim dix-sept ans à Saint-Pétersbourg.