… La fille et la mère de la fille !!
Les vers de Louis Wihl, ces vers, fils de la Bible et ressemblant à la Bible comme des enfants amoureusement faits ressemblent à leur mère, peuvent se lire après la Bible et ne pas tomber dans le néant où le rapprochement de la Bible fait tomber toute imitation qu’on fait d’elle.
Le prince qui dit, Je voudrais ne point savoir écrire , n’était pas le même que celui qui fit périr et son frère, et sa femme, et sa mère, et une foule de Romains.
On le loue de sa piété céleste, et de ce qu’il a bien voulu se rendre aux instances de la patrie ; « Empereur éternel, tu n’as pu résister aux larmes de cette mère auguste. » Après cela on le compare au soleil, qui, en remontant sur son char, et de ses propres mains le guidant dans les cieux, a réparé les désordres du monde, embrasé par l’ignorance de Phaëton.
A sa mère, qui lui parle avec tendresse, il avoue : « Rien n’est plus fatigant que de réaliser sa dissemblance. […] Sur ces entrefaites, son vieux père l’envoie à la recherche d’un jeune bohème du quartier latin nommé Lafcadio Wluki, et qui n’est autre qu’un fils naturel de ce vieillard ; ancien diplomate, le comte Jules-Agénor de Baraglioul avait connu la mère, demi-mondaine cosmopolite, à Bucarest. […] J’ai vu citer, je ne sais plus où, un mot d’enfant qui, entendant ronronner le chat couché devant le feu, disait à sa mère : « Le chat commence à bouillir ». […] Bernard Profitendieu, à la veille de son baccalauréat, quitte la maison paternelle, parce qu’il a découvert, en volant dans un tiroir des lettres adressées à sa mère, qu’il n’est pas vraiment le fils de M. […] Son bisaïeul maternel, Rondeaux de Montbray, maire de Rouen vers l’époque de la Révolution, avait épousé une protestante ; son grand-père maternel aussi ; le mariage de son père et de sa mère fut fait par le pasteur Roberty de Rouen, dont le fils, récemment décédé, était à l’Oratoire du Louvre.
Il alliait à une grande vivacité, une sensibilité facile à émouvoir, et qu’il paraissait devoir à une mère d’origine allemande. […] Je n’étais pas à une nagée du sein de ma mère que déjà les tourments m’avaient assailli. […] Il s’enfuit à la campagne avec sa mère et il y subit toutes les privations. […] On y remarque surtout une série de pièces telles que la jeune Malade, la Sœur malade, la jeune Fille malade, la Mère mourante. […] Il la rencontra enfin, cette femme, à un bal que donnait sa mère.
J’ai épousé ma mère, mais sans savoir que j’étais son fils. […] N’appelle plus tes fils, ni ta mère : ils sont morts ! […] Mais j’espère en la Vierge, en sa mère sainte Anne. […] Montrez-vous digne fille d’une mère telle que moi. […] Armande, elle, ne se croit philosophe que par imitation de sa mère et jeune vanité.
« … Des projets pour la Russie, une anicroche à Vienne (Autriche), quelques mois en France, d’Arras et Douai à Marseille, et le Sénégal, vers lequel bercé par un naufrage ; puis la Hollande, 1879-80 ; ou décharger des voitures de moisson dans une ferme à sa mère, entre Attigny et Vouziers, et arpenter les routes maigres de ses « jambes sans rivales ». […] C’est, je crois, Racine qui a commencé à rimer faiblement, en ce sens, par exemple, qu’il se sert souvent d’adjectifs au bout de deux vers, redoutables, épouvantables, qu’il y emploie des mots presque congénères, père, mère, chose que Malherbe eût évitée, qu’il n’a presque jamais la consonne d’appui. […] Siméon Pécontal : Il naîtra sur un lit de chaume, Et celle qui l’aura porté, Ce roi du céleste royaume, Gardera sa virginité ; Car, à travers sa chaste mère, Passera l’enfant radieux... […] Marceline Desbordes Valmore naquit à Douai, ville triste, que pour ma part j’aime, parce que c’est presque le pays de ma mère, Arras, et qu’elle est baignée par la même Scarpe si bien célébrée par notre héroïne. […] Il appert que l’auteur, épris surtout de la personnalité, de la délicatesse et de la naïveté, mère et nourrice de toutes les perfections grandes et petites, s’est sustenté des mêmes sucs, a assumé la même vie que le sensitif raffiné, mais amoureux de simplicité noble et charmante qu’il est de nature.
Voilà les eaux profondes, les eaux mères des perles. […] Seule, la pauvre mère ne dormait pas. […] La mère était toujours assise au chevet de ses fils, elle ne les quittait pas des yeux une minute, elle ne pensait pas au sommeil. […] On fit défense à Chamékof d’imprimer et de lire à haute voix ses vers, « sauf à sa mère ». […] Rien à dire des mères ; par un parti pris curieux, qui révèle quelque plaie ancienne du cœur, toutes les mères des romans de Tourguénef, sans une exception, sont mauvaises ou grotesques.
Baudelaire lui-même, durant les séjours qu’il faisait chez sa mère, Mme Aupick, retirée à Honfleur, était un des clients de l’officine. […] Marié une première fois en 1803, il épousa en secondes noces, en 1818, Mlle Caroline Archambaut-Dufays, fille d’un ancien officier et qui fut la mère du poète. […] Après la disparition du général, un rapprochement s’était fait entre la mère et le fils qui trouva plus d’une fois auprès d’elle un refuge favorable au repos et au travail. […] A son départ, le 7 octobre, sa mère lui remet 400 livres, mais dès le 2 avril 1784, les dettes recommencent. […] La Révolution ne lui permit pas d’acheter une charge au Parlement de Bourgogne et l’obligea à émigrer en Suisse avec sa mère qu’il ne voulut pas abandonner et qui y mourut.
Il était né d’une mère timorée et d’un père officier. […] Il a commenté amoureusement Carrière, le ténébreux et douloureux Carrière, le peintre des visages pâles, des tons mourants, des grisailles poignantes, des mères alanguies, des enfants souffreteux, des logis modernes où il n’y a pas de lumière et pas de bonheur. […] Cabariot. — Pour me faire voir, pour qu’on apprécie ce que je vaux, et puis surtout pour les mères, les mères calées. […] Telle brave mère de famille, assez bégueule chez elle, se précipite à des pièces dont rougirait un suisse : vérité en deçà du « home », erreur au-delà. […] Il faut renoncer à ces unions de « convenance » ou de « raison » qui enthousiasment les mères prudentes, font pleurer de joie les grands-parents et les tantes et jettent dans une impasse deux jeunes hypnotisés.
Est-ce donc moi qui ai manqué de cœur lorsque je vous ai rappelé que vous négligiez votre travail, que vous négligiez vos amis, que vous abandonniez voire mère ? […] Cette mère enfin est-elle bien prudente ? […] Là où la femme oserait, la mère reculerait. […] Et comme on doit bien dormir dans ce petit cimetière, le plus gai que je connaisse, — un cimetière qui vous invite à vous y reposer avec la vivacité gracieuse d’un enfant qui tend les bras vers sa mère ! […] Vingt pages d’analyse, pour prendre un seul exemple, auraient-elles jamais mieux éclairé le caractère d’Ida de Barancy, la mère de l’infortuné Jack, que les actions sans suite où se révèle d’emblée au lecteur cette inconsistance de pensées et par suite de conduite qui fait les héroïnes de la vie de désordre ?
X Ma mère me nourrissait, dès mon enfance, de l’Imitation de Jésus-Christ, ce résumé en sentiment, en prières et en œuvres, de la philosophie chrétienne. […] Voyant le caractère grave et pieux que contractait le doux et ravissant visage de notre jeune mère, quand, après nous avoir embrassés, elle prenait ce livre dans sa main pour en lire quelques versets, comme pour l’avant-goût de la journée dans la nourriture de son âme, nous appelions avec respect l’Imitation la gravité de notre mère, et nous nous mettions le doigt sur les lèvres pour nous commander à nous-mêmes le silence sans savoir pourquoi, jusqu’à ce que sa courte lecture fût achevée.
Une mère bel esprit veut marier sa fille à un méchant poète dont elle est entichée ; le père veut qu’elle épouse l’amant à qui on l’a promise : voilà l’intrigue. […] Sorte de petit Tartufe littéraire, dont l’espèce n’est pas rare d’ailleurs, il flatte le travers de la mère pour arriver à la fille, et par la fille à la dot. […] Molière vint au secours des filles négligées par leurs mères, comme Henriette ; des maris dont les hauts-de-chausses étaient décousus ou les rabats mal repassés, comme Chrysale ; des servantes chassées, comme Martine, parce qu’elles s’obstinaient à ne point parler le français de Vaugelas.
Dans La Petite Dorrit, quand Arthur Clennam, au retour d’une longue absence, parcourt la sombre et décrépite maison de sa mère, c’est l’idée que ce morne édifice est tombé en léthargie qui le hante et, s’il constate que tout, dans les silencieuses chambres, est terne, c’est pour se demander à quelle fleur, quel papillon, quelle gemme sont allées les couleurs mortes au mur. […] Les premières paroles de la bonne de Mme Clennam mère, la singulière Affery Flintwinch, révèlent la vieille servante quinteuse, rancunière et timorée, un peu folle, un peu stupide, qui tout le long du récit étonnera le lecteur par ses attitudes d’effarée vieille poule. […] Micawber, sa mère la femme geignarde, bavarde et sans tête qu’est Mme Nickleby, Charles Dickens fut élevé avec des frères et sœurs qui ne le valaient guère, d’abord à Chatam, au bord de la mer, puis dans une de ces désolantes petites maisons basses qui forment les faubourgs de Londres.
« J’éprouvais bien un certain remords, une certaine hésitation à trancher du coup une telle vie, une telle joie, une telle innocence dans un être qui ne m’avait jamais fait de mal, qui savourait la même lumière, la même rosée, la même volupté matinale que moi, être créé par la même Providence, doué peut-être à un degré différent de la même sensibilité et de la même pensée que moi-même, enlacé peut-être des mêmes liens d’affection et de parenté que moi dans sa forêt ; cherchant son frère, attendu par sa mère, espéré par sa compagne, bramé par ses petits. […] Que vont devenir ma mère, mes frères, ma compagne, mes petits qui m’attendent dans le fourré, et qui ne reverront que ces touffes de mon poil disséminé par le coup de feu, et ces gouttes de sang sur la bruyère ? […] Je suis le sacrifice ; je suis le culte ; je suis l’encens ; je suis l’invocation ; je suis les cérémonies qu’on fait aux mânes des ancêtres ; je suis les offrandes ; je suis le père et la mère de ce monde, l’aïeul et le conservateur.
« Ô Dieu de miséricorde, invoqué par les saints et par les chœurs des anges, soyez adouci pour moi par l’intercession de votre mère ! […] Il n’appartient pas au christianisme dès le berceau ; il n’est pas né du mariage d’un sectaire chrétien, devenu plus tard orthodoxe et pontife, et élevant son jeune fils sous l’aile d’une mère honorée comme sainte, à l’ombre d’une église qu’il gouverna quarante ans. […] Tu es le père ; tu es la mère ; tu es mâle et femelle ; tu es la voix ; tu es le silence ; tu es l’essence qui as enfanté la nature ; tu es le roi ; tu es l’éternité du temps, autant qu’il est permis de te nommer.
Son père, Jean-Baptiste Poquelin, valet de chambre tapissier chez le roi, marchand fripier, et Anne Boutet, sa mère, lui donnèrent une éducation trop conforme à leur état, auquel ils le destinaient : il resta jusqu’à quatorze ans dans leur boutique, n’ayant rien appris outre son métier, qu’un peu à lire et à écrire. […] On prouva que Molière n’avait connu la mère qu’après la naissance de cette fille. […] On joua la même année la comédie de la Mère coquette, du célèbre Quinault ; c’était presque la seule bonne comédie qu’on eût vue en France, hors les pièces de Molière, et elle dut lui donner de l’émulation.
Si l’on y ajoute Plutarque et Sénèque, toute la famille des bons livres y sera, père et mère, aîné et cadet. […] Au-dessous du crucifix sont les deux portraits de feu mon père et de feu ma mère.
. — Il faisait plus, il prenait les initiales d’une femme de ses amis, en imprimant un opuscule : Conseils d’une mère à ses filles (1796) ; il s’autorisait du déguisement et tenait assez bien la gageure dans ses préceptes maternels d’une raison modeste et solide. […] [NdA] Ce petit écrit (Conseils d’une mère…) est-il de Roederer seul ?
Mais la jeune Russe venait de partir pour l’Italie avec sa mère (1828). […] » Mais quand il vit qu’on était sincère et fidèle, qu’il avait affaire à un de ces cœurs francs et de bon aloi, des moins médiocres à sentir l’amitié, il lui écrivait (et je donne ici de simples mots pris çà et là, quelques notes seulement pour indiquer le ton) : Je suis vivement touché de votre amitié et des bontés de madame votre mère… Vous êtes de l’or dont on fait les amis ; et voilà les cases vides de mon cœur, où logeaient Muller, Matthisson ou Mme Brun, qui sont occupées par vous.
Ne fallait-il pas que les quadrilles du Château se reformassent au complet malgré les pieds gelés des hommes et les larmes dans les yeux des femmes et des mères ? […] L’ouverture du roman a vraiment de la beauté : la douceur du paysage qu’admirent les deux enfants, la ferme de Saint-Andéol, le repas de famille et l’autorité patriarcale du père de Cavalier, l’arrivée des dragons et des miquelets sous ce toit béni, les horreurs qui suivent, la mère traînée sur la claie, tout cela s’enchaîne naturellement et conduit le lecteur à l’excès d’émotion par des sentiments bien placés et par un pathétique légitime.
Les femmes n’ayant presque pas de lait, les enfants d’un an mangent de ce pain dont je vous ai parlé ; aussi une fille de quatre ans a le ventre gros comme une femme enceinte… Les seigles ont été gelés cette année, le jour de Pâques ; il y a peu de froment ; des douze métairies qu’a ma mère, il y en a peut-être dans quatre. Il n’a pas plu depuis Pâques : pas de foin, pas de pâturage, aucun légume, pas de fruits ; voilà l’état du pauvre paysan ; par conséquent, point d’engrais, de bestiaux… Ma mère, qui avait toujours plusieurs de ses greniers pleins, n’y a pas un grain de blé, parce que, depuis deux ans, elle nourrit tous ses métayers et les pauvres. » — « On secourt le paysan, dit un seigneur de la même province647, on le protège, rarement on lui fait tort, mais on le dédaigne.
La politique est la mère des phrases vides, de la déclamation, des idées troubles, du mauvais style et des passions injustes : or, M. […] Il blague la patrie et au besoin il mourrait pour elle ; il blague l’amour filial et pleure quand on lui parle de sa vieille mère, il blague les beautés de l’Italie et se mettrait à genoux devant un Raphaël.
La déclamation est tout le fond de ses œuvres philosophiques ou historiques, et la morale qui excuse Sénèque d’avoir écrit pour Néron l’apologie du meurtre de sa mère, ne se trouve pas dans les livres de ces jésuites qu’il contribua de sa personne à faire chasser. […] Ni les ardeurs combattues de Didon, ni les langueurs d’Épicharis n’ôtent du prix à la peinture de Virginie perdant la sérénité et le sourire, gaie tout à coup sans joie et triste sans chagrin, n’osant plus arrêter ses yeux sur ceux de Paul, se dérobant à ses caresses qu’autrefois elle cherchait, s’éloignant de la maison, fuyant dans la solitude pour éviter Paul et ne s’y trouvant que plus en sa présence ; puis revenant auprès de sa mère, « pour lui demander un abri contre elle-même », et se dérober dans son sein à l’image aimée dont elle n’ose plus parler.