Si, personnellement, nous nous plaisons à fortifier comme première vertu d’artiste, cette sévérité jamais satisfaite, préservatrice des inutiles accouchements et des relevailles mélancoliques, ne veuillons pas généraliser cette exigence particulière jusque en faire la loi intransgressible de la mise au monde artistique.
Nous sommes très religieux ; jamais nous n’admettrons qu’il n’y ait pas une loi de l’honnêteté, que la destinée de l’homme soit sans rapport avec l’idéal.
Il déclarait sans hésiter 560 qu’il était plus qu’un prophète, que la Loi et les prophètes anciens n’avaient eu de force que jusqu’à lui 561, qu’il les avait abrogés, mais que le royaume du ciel l’abrogerait à son tour.
Quant à l’illusion selon laquelle l’homme se flatte d’agir sur le monde pour augmenter son bonheur en pénétrant ses lois et en les exploitant à son profit, on a dit tout ce qu’il en fallait mettre en évidence au cours des développements consacrés au Bovarysme scientifique.
Lorsqu’il blâmerait çà et là une loi dans les codes humains, on saurait qu’il passe les nuits et les jours à étudier dans les choses éternelles le texte des codes divins.
Je voyais là ce Rien que nous appelons Tout ; Les rois, les dieux, la gloire et la loi, les passages Des générations à vau-l’eau dans les âges ; Et devant mon regard se prolongeaient sans fin Les fléaux, les douleurs, l’ignorance, la faim, La superstition, la science, l’histoire, Comme à perte de vue une façade noire.
Ils recommandèrent qu’on ne les fît point dans une langue étrangère, à moins qu’il ne s’agît d’un texte ou d’une loi décisive.
De là les irrégularités, les exceptions que les physiologistes rencontrent toutes les fois qu’ils veulent soumettre à des lois rigoureuses les rapports du cerveau et de la pensée.
Et d’abord, c’est une chose assez curieuse de voir lutter de front les deux langues les plus anciennes du monde ; langues dans lesquelles Moïse et Lycurgue ont publié leurs lois, et Pindare et David chanté leurs hymnes.
Les combats de gladiateurs ne cesserent à Rome qu’après que la religion chrétienne y fut devenuë la religion dominante, et que Constantin Le Grand les eut défendus par une loi expresse.
Cette idée, qu’enfant il avait conçue en lisant Robinson, Télémaque et les récits des voyageurs, c’était d’avoir quelque part, dans un coin du monde, son île, son Ithaque, sa Salente, où il assoirait par de sages lois le bonheur des hommes. […] C’était certes une position à prendre, un point de vue heureux à relever vers cette fin du xviiie siècle, que d’assembler et de déduire les accords, les harmonies animées du tableau de la nature, et de faire sentir la chaîne et, s’il se pouvait, l’intention de ces douces lois. […] S’il est insuffisant à remuer et, pour ainsi dire, à faire frémir avec grâce le voile de la nature, s’il lui est refusé de revêtir d’images transparentes, et accessibles à tous, les vérités qu’il médite, et s’il les ensevelit plutôt sous des clauses occultes, il contredit, sinon avec raison en principe (ce que je ne me permets pas de juger), du moins avec une portée bien supérieure, quelques-unes des douces persuasions propagées par Bernardin ; par exemple, que la nature, qui varie à chaque instant les formes des êtres, n’a de lois constantes que celles de leur bonheur
Rousseau, presque de nos jours, écrivit de verve trois livres d’un style entraînant qui vous empêche de réfléchir : un livre chimérique sur l’éducation, appelé Émile ; un livre immoral et raisonneur sur l’amour, appelé Héloïse ; enfin un livre de fanatique, sur la législation des empires, appelé le Contrat social, livre où toutes les lois sont faites à l’inverse de l’homme, un livre qui exalte la liberté et finit par la plus atroce des tyrannies. […] D’ailleurs, en admettant qu’un jury, sauvage appréciateur des circonstances, de l’urgence, de la pitié du misérable, l’eût condamné à cinq ans de travaux forcés pour cette bonne action d’un oncle devenu un moment fou de miséricorde pour sa famille, quand la loi de 1795 ne le condamnait qu’à un an de prison ; quand on l’aurait ensuite condamné à mort pour le vol d’une pièce de quarante sous à un enfant qui n’avait de témoin que ses larmes ; quand toutes ces pénalités romanesques seraient aussi vraies qu’elles sont heureusement fausses, y avait-il là quelque chose qui fût de nature à changer en bête féroce un pauvre homme injustement condamné, et à en faire un assassin d’occasion du seul homme de Dieu qu’il eût rencontré à son premier pas sur sa route, l’évêque de Digne ? […] Ce ne sont pas les lois ordinaires du roman conçu, médité, écrit par un écrivain consciencieux et humain ; c’est le procédé d’un dieu de la plume, d’un possédé de la verve, qui se dit à soi-même : « À quoi bon composer du vraisemblable ?
Dans ces rapports perpétuels avec des hommes ayant d’autres lois et d’autres mœurs, l’esprit s’élargit, apprend à supporter des idées nouvelles, à goûter des formes imprévues du beau ; l’amour-propre national y perd de sa naïve infatuation. […] Mais à leur tour ces œuvres militantes apportent des plans d’organisation, des idées directrices, des conceptions neuves de la vie ; elles contiennent en germe les lois à venir, la société de demain. […] Non seulement la propriété littéraire a été reconnue par les lois ; mais les gens de lettres, associés pour défendre leurs intérêts, ont su fort habilement l’administrer.
Sous cet aspect à demi humain, Bacchus figure le côté aventureux de la vie, l’instinct des migrations, l’esprit des conquêtes, la civilisation hellénique domptant et absorbant les barbares, les lois et les dieux portés comme des lumières, par la force d’un bras invincible, à travers les nations sombres. […] Il l’initie, par le sang de la vigne, à la grande communion humaine ; il lui donne des lois et lui révèle des dieux plus cléments. […] Voilà Bacchus maître de l’intérieur de la terre, de cette région où l’antiquité révérait les racines sacrées de toutes choses : trésors des métaux et des pierres précieuses, fruits et plantes en germe, cultures et sépultures, effluves des antres et des trépieds prophétiques, lois immuables qui développent le monde et qui le portent comme des fondements.
Sans doute cherche-t-il à composer une synthèse impersonnelle et probe de la complexité des luttes qui — au milieu de la contradiction des théories — déchirent aujourd’hui la masse des producteurs et celle des travailleurs ; sans doute l’énigme des lois propres à l’organisation sociale existante et l’impossibilité d’échapper à leur force inexorable demeure-t-elle au fond de livres comme Un vainqueur ou comme l’Indocile ; mais, chez l’auteur, le résultat est moins une révolte, une thèse de rébellion ou d’anarchie, qu’un besoin de large et tendre sympathie. […] Ces coutumes leur assuraient la durée en les défendant elles-mêmes contre la fièvre des ascensions sociales trop rapides, tandis que de nos jours les plus dangereuses lois d’orgueil poussent l’individu à sortir de sa sphère, à dédaigner son milieu, à tendre vers un échelon qu’il est mal préparé à occuper dignement. […] Il est la grande loi dure de l’humanité.
Durant ce stade et après, il a l’illusion d’être libéré des lois physiques qui nous régissent. […] C’est ainsi que les anarchistes ne comprennent pas qu’en condamnant le « tu ne dois pas », ils lui substituent un « je le veux » tout aussi absolu. « Soyez des artistes libres, frayez le chemin », clament-ils, et ils ne se soucient guère de limitations et des lois, Mais l’artiste, par définition, ne saurait négliger les lois et les limitations.
Catherine de Médicis, si la politique, comme l’auteur des Guise doit le penser, est la seule loi et le seul but de l’Histoire, est évidemment la plus grande figure de son temps. […] Son talent, s’il en avait eu, aurait bénéficié du malheur auguste et mystérieux de la Cause de Dieu perdue par les hommes au xvie siècle ; car c’est presque une loi de l’Histoire, avec la mélancolie naturelle à l’âme humaine, que les Causes perdues nous prennent plus fortement le cœur que les Causes triomphantes, et soient plus belles à raconter ! […] La Ligue, même, qui n’eut de bon que ce fanatisme religieux méconnu si profondément par Forneron, la Ligue, qui, pour nous, fut à l’origine l’explosion de la conscience révoltée d’un peuple, n’a pas échappé à cette loi des Démocraties.
Courez vous enfermer dans vos cités, allez vous soumettre à vos petites lois, etc. […] « On s’écrie : Les citoyens sont esclaves, mais esclaves de la loi. […] Que m’importe que ce soit la loi ou le roi qui me traîne à la guillotine ? […] Une autre refaisait la loi d’élection dans un sens restrictif. […] Montesquieu donne pour épigraphe à l’Esprit des lois : Prolem sine matre creatam.
N’est-ce pas celle des comédiens ambulants, des poètes aventuriers et, par-delà, des gymnastes étincelants de paillons, vainqueurs des lois de la pesanteur ? […] L’éternité du sage est dans les lois qu’il trouve. […] J’avais donc raison de dire que ses principes ne sont peut-être que des sentiments qu’il érige en lois. […] Il n’y a pas de lois pour cela : celui qui en édicte est un faux prophète. […] Au lieu des dignes marchands et hommes de loi pareils de sort et de figure, voici M.
Et pourtant le travail est la grande loi de la vie. […] Asin, n’est qu’un fils bâtard de la Loi Mosaïque et de l’Évangile. […] Mais il se pourrait que dans leurs innovations ils eussent rencontré les lois immuables de l’enseignement. […] Les lois de quarantaine exigeaient qu’on les enterrât dans le sable. […] En revanche, ce que je trouve parfaitement odieux, c’est la loi d’exil dont il fut frappé.
Ennemi naturel, non seulement de toute contrainte, mais de toute règle ou de toute loi, ce que Regnier défend et soutient dans ses Satires, non pas dogmatiquement, mais avec cette nonchalance, — qui est « son plus grand artifice » et son charme, — c’est l’entière et absolue liberté de l’individu. […] IV, ch. 5], quelle qu’elle soit au premier degré et dans son premier chef et parent, devient antichrétienne, ou du moins hérétique, à la seconde génération ; c’est la loi, et il faut bien savoir cela. » Le doux, l’éloquent, et le candide Malebranche en peut servir d’un instructif exemple. […] — Parce que l’on croyait alors qu’il existe une relation nécessaire entre la perfection des œuvres et l’observation des règles ou des lois des genres dont elles relèvent. […] — Considérons en ce cas qu’il nous suffit d’y croire pour être aussi bons que nous le puissions être parmi les hommes ; — que ces dogmes ont d’ailleurs été figurés par l’ancienne loi, — annoncés par les prophètes, — confirmés par les miracles ; — et qu’enfin, à défaut de notre raison, nous y pouvons toujours incliner nos volontés. […] Au point de vue esthétique ou littéraire ; — il s’agit de savoir si les Anciens ont atteint la perfection ; — et posé des lois qu’on ne saurait transgresser sans détriment pour l’art ; — ou, au contraire, si les genres littéraires ne doivent pas s’enrichir ou se transformer du fait seul du progrès du temps.
Nous pouvons peser ce que vaut cet appareil en face des volontés fortes, et mesurer tout le champ qui s’ouvre aux génies audacieux, dès que la loi faiblit, que la règle s’use, et que les barrières vermoulues chancellent. […] Cette loi du silence, hélas ! […] Les présidents, les ministres, les lois, le peuple lui-même ne comptent plus dès qu’un chapeau à panache, incliné sur l’oreille, fait mine de se fâcher. […] Plus loin, notre savant économiste semble imiter la brièveté piquante et incisive du Montesquieu de l’Esprit des lois. […] Et c’est navrant, après la dislocation d’une union contraire aux lois sociales et aux lois naturelles, c’est navrant, la survivance de cet innocent, de cet intrus que les amateurs de mariages exotiques ne prévoient jamais.
Si j’étais un homme à sermons et à messes, je vous dirais : ma vertu ne détruit point mes passions ; elle les tempère seulement, et les empêche de franchir les lois de la droite raison. […] — J’en conviens. — Que si vous êtes strictement jugée par les lois vous serez condamnée à des indemnités ? […] J’ai donné la loi sur cet article à la souveraine la plus despote qu’il y ait en Europe. […] Cette lettre accompagnait les premiers cahiers de : De la Monarchie française et de ses lois, par Pierre Chabrit, conseiller au conseil souverain de Bouillon, et avocat au Parlement de Paris. […] C’est ainsi que Catherine appelait le livre de l’Esprit des lois.
Ils ne s’obtiennent que graduellement et suivant les principes d’une hiérarchie qui a ses lois. […] Ignorant sans doute combien nos lois sont paternelles pour ces petits délits qui sont dans la nature, le délinquant parut frappé d’une invincible terreur, et je n’oublierai jamais l’accent avec lequel il demanda au sergent de ville « quel siouplice lui était réservé ? […] C’est une sorte de cour d’appel comique où l’opinion casse quelquefois les arrêts rendus par les magistrats ; anomalie assez étrange à constater dans un pays où le respect de la loi est souvent poussé jusqu’à l’exagération. […] En pareil cas, la loi anglaise est précise, et, avant de faire partie du club que nous plaçons en France sous la présidence de Georges Dandin, il faut prouver qu’on y a des titres. […] On ne peut se défendre d’être profondément attristé par ces rigoureuses préférences du destin, qui semble quelquefois transformer la mort, le doux ange de la délivrance, en une sorte de juge brutal, appliquant avec colère la loi de destruction.
Derrière ces amants, au lieu de Némésis, on devine l’homme de loi, On ne doute pas moins de leur mort que de leur vie, et même s’ils tuent, même s’ils meurent. […] Il a évolué selon la courbe même d’une pensée obstinée à chercher sa loi et ne se reconnaît plus dans sa volonté présente au sein de ces documents périmés. […] La pensée, sous ce zaïmphba d’une audace froide qui ne reconnaît aucune des lois féminines et prétend quasi à la surféminité. […] Il a fallu l’apport d’une peu commune discipline morale, d’une loi qui permet à l’homme de renoncer absolument à tout ce qui le fait lui-même. […] Dans la nouvelle La Cause (1915), il raconte le meurtre de son ancien maître d’école, incarnation de la loi, par le héros, le poète Anton Seiler : il illustre là de façon caractéristique le thème expressionniste du meurtre du père.