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699. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Montesquieu, Lettres persanes. (Lettre 61.) — Cf.  […] Lettres de Mme de Boufflers (octobre 1772, juillet 1774). […] Lettres de Mme de la Marck (1776, 1777, 1779). […] Lettre de Mme de Staël (1786).

700. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Je suis homme de lettres, je dois savoir mon métier. […] On est bien malheureux vraiment, d’être organisé nerveusement, quand on vit dans le monde des lettres. […] Du reste, un chef de famille pas commode ; notre père qui était chef d’escadron à vingt-cinq ans et qui passait pour un vrai casse-cou parmi ses camarades de la Grande Armée, racontait qu’il lui arrivait de garder dans sa poche, huit ou dix jours, une lettre de son père, avant d’oser l’ouvrir. […] Le cinquième acte paraît un peu lyrique, et Saint-Victor trouve que la mort de notre homme de lettres est trop une mort de sensitive10. […] Prévost-Paradol, j’ai reçu la lettre suivante de M. 

701. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

était, dans les lettres, la Légitimité reprenant la place usurpée par la Bâtardise ! […] Dans une lettre rendue publique, il s’est confessé de cette histoire avec l’humilité d’une intelligence chrétienne qui ne recule ni devant les aveux ni devant les réparations. […] Certainement, dans les lettres modernes, — dans les lettres sérieuses, — on peut admettre sans témérité qu’il n’y a pas de talent plus véritablement jeune qu’Audin. […] Après avoir écrit le mot Civilisation avec la béate confiance d’un moderne, il en place l’idée dans le développement des lettres et des arts, et la diffusion des connaissances. […] … Ne serait-elle pas plutôt dans l’accroissement de la moralité chrétienne, que ni les lettres, ni les arts, ni les sciences n’ont jamais élevée d’un degré ?

702. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Dans la carrière des lettres, le côté commercial tend, de plus en plus, à l’emporter sur le côté littéraire. […] Enfin l’art et en même temps les lettres, car les deux sont régis par la même loi, allaient sortir de l’ornière classique. […] J’y allai bien après l’ouverture, c’est-à-dire quand le monde des arts et des lettres était absent, saut exception. […] L’École naturaliste peut-elle se vanter d’avoir doté les lettres d’un apport nouveau ? […] Le véritable but des lettres est de faire monter le niveau de la conscience.

703. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

La première lettre de M. […] Le Prevost), on le voit s’échauffer graduellement à chacune de ses lettres. […] Dans la troisième lettre, la question prend une importance excessive ; elle est proclamée une cause toute nationale, à laquelle de nobles et pieuses intelligences portent le plus vif intérêt.

704. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Et d’abord, pour les esprits sévères qui aiment avec raison qu’en recueillant même les songes et les fantaisies de l’imagination dans le passé, on soit fidèle à la lettre et qu’on transmette scrupuleusement les vestiges, l’ouvrage de M.  […] Dans un missel, de lettres d’or   Tout brillant encor. […] Ce fort de Joux, où Mirabeau écrivait ses lettres brûlantes à Sophie, ne manquait pas, on le voit, en son beau temps, de tragédies d’amour.

705. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 512-518

Nous ne saurions trop le répéter ; il est avantageux, & même nécessaire au maintien de la République des Lettres, qu’il s’éleve de temps en temps des esprits assez éclairés pour connoître les regles du bon goût, assez habiles pour démêler les usurpations du mauvais, & assez fermes pour en arrêter les progrès. […] Les Lettres ne rougiront-elles pas un jour d’avoir vu subsister, parmi elles, une Inquisition plus redoutable & plus odieuse que celle que la Philosophie reproche si amérement à certains pays qu’elle appelle Barbares ; une Inquisition que les Philosophes eux-mêmes exercent envers les Littérateurs qui ont assez de bon sens pour ne pas adopter leurs opinions, assez de droiture & de vigueur pour les réfuter ? […] Clément a publié depuis les premieres éditions de notre Ouvrage, plusieurs volumes de Lettres à M. de Voltaires, qui confirment de plus en plus le témoignage que nous avons rendu à la sagacité de son jugement & à la sûreté de son goût.

706. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 23-32

Dans les Eloges de Fontenelle, tous les genres de savoir se réunissent, & sont traités d’une maniere [Omission] « également mis sur les rangs pour m’injurier ; & c’est dans une Lettre théologique de près de cent pages d’impression, qu’il m’a lâché sa bordée. […] Helvétius l’avant-veille du funeste accès de goutte qui l’enleva aux Lettres & à la Société ; il auroit pu lui apprendre encore, que…… Admirez, je vous prie, Monsieur, l’adresse avec laquelle le Libelliste tâche de répandre un air de vérité sur la double imputation qui m’a été faite par M. de Voltaire, & à laquelle j’ai déjà répondu. […] Pour montrer combien il respecte la Magistrature, il dit du Parlement de Paris, que c’est un Corps d’assassins, & cite en toutes lettres deux de ses Membres les plus respectables & les plus vénérés du Public, comme les auteurs d’un jugement, qu’il appelle atroce.

707. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 489-496

Le goût, ou pour mieux dire, une passion enthousiaste pour les Lettres, le porta à de grands sacrifices, & l’engagea dans de grands écarts. […] Pour cet effet, il nous suffira d’extraire d’une de nos Lettres à un Seigneur étranger, l’endroit où nous lui avons rendu compte de l’Ecrit où M. […] La crainte d’une inimitié redoutable put bien imposer silence à son indignation, pendant que le Philosophe Géometre m’accabloit d’injures en style de Crocheteur : elle ne put ni étouffer le mépris que méritoit un tel procédé, ni l’empêcher de me dire le lendemain en propres termes : Ces vilains Philosophes dégradent perpétuellement les Lettres.

708. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

En mars me vint la lettre de Stéphane Mallarmé répondant à mon envoi. […] Votre lettre est charmante. […] La lettre était en somme fort convenable. […] Ghil dans sa lettre à M.  […] Et ils se passionnent… J’ai ainsi souvenir (rapportons-le en passant) de deux lettres vraiment virulentes reçues en même temps, en 92, d’un Collège situé en Ile-de-France  lettres d’ailleurs dûment signées.

709. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Enfin il est homme de lettres, et rien autre chose qu’homme de lettres. […] Il est homme de lettres. […] Comparez aux Lettres Persanes. […] Ces Lettres Persanes sont significatives. […] Les Lettres Persanes le prouvent assez.

710. (1886) Le roman russe pp. -351

Il faut étudier le poète dans ses lettres. […] Ses lettres nous instruisent de son histoire morale. […] (Lettre III.) […] (Postface des Lettres.) […] (Lettre X.)

711. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Lebrun-Pindare en eut beaucoup de mauvaise humeur : rien n’est démontant comme les homonymes dans les lettres. […] Lebrun s’était adressé à l’illustre écrivain comme au patron naturel de tous les hommes de lettres honorables. […] La princesse, en entrant, aperçoit quelque homme de lettres de sa cour et lui dit : Ah ! […] Depuis ce temps, le poëte, l’homme de lettres en lui a dû se moins manifester, et on ne le retrouverait guère directement que dans les solennités de l’Académie, y portant la parole en toute convenance. […] Chauvet, laquelle provoquait Manzoni à sa lettre en français sur les Unités.

712. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Le 22 mars 1845, j’écrivis à mon ami une lettre qu’il ne put lire. […] M. *** fit à ma lettre une réponse pleine de cœur. […] Ma sœur, dont la haute raison était, depuis des années, comme la colonne lumineuse qui marchait devant moi, m’encourageait, du fond de la Pologne, par ses lettres pleines de droiture et de bon sens. […] Sa famille me fit rendre, après sa mort, les lettres que je lui avais écrites ; je les ai toutes. […] J’aimerais certes à relire toutes ces lettres, qui me rappelleraient bien des nuances d’un état d’âme disparu depuis trente-sept ans.

713. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

On décida qu’on ôterait de tous les mots les lettres superflues. […] Sa lettre à l’évêque de Vence sur la détention du prince est intéressante et noble. […] Aujourd’hui qu’on imprime madame ou mademoiselle en toutes lettres, on ne se tromperait pas de même. […] Lettres du 27 novembre 1667, du 20 mars 1671 et du 15 novembre 1680. […] Lettre du 12 juillet 1671.

714. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Le fond, c’est bien moins des lettres et des impressions personnelles comme celles que l’on trouve dans des lettres, qu’une suite de contes, enlevés avec une légèreté de main et une vivacité de coloris dans cette manière sensible et profonde qui est celle de Daudet ; car Daudet a sa manière à lui, qu’on ne peut confondre avec celle de personne. […] mais dans l’accent, — c’est la profondeur d’impression qui me frappe surtout dans ces lettres écrites d’un moulin, ces lettres d’une fantaisie qui tourne, tourne comme ses ailes ; c’est cette profondeur d’impression qui me frappe plus que tout. […] Eh bien, c’est ce Bixiou que l’auteur des Lettres de mon moulin a peint vieux, décrépit, aveugle, méprisé de sa femme, idiot de sa fille… et cherchez le pastel du doux Chérubin littéraire dans cette peinture ! […] Le muscle intellectuel est venu à l’éphèbe des Amoureuses, et c’est des Lettres de mon moulin que datera sa virilité. […] Lettres de mon moulin (Constitutionnel, 10 janvier 1870).

715. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Le côté grandiose, majestueux et, pour ainsi dire, épique de cette misère, se peut voir dans l’admirable lettre de Chateaubriand à M. de Fontanes, écrite vers ce temps. […] — Je viens de recevoir votre lettre. […] — Je vous ai écrit une longue lettre que j’ai déchirée. […] La dernière des lettres que j’ai sous les yeux, et d’où je tire cette pensée, est du 4 novembre 1831, de trois mois seulement avant la mort de Bonstetten. […] (Lettre de Mlle de Klustine, du 22 décembre 1829.)

716. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Rome, comme capitale des lettres et des arts, régit l’Italie avec le génie de Laurent de Médicis. […] L’Église ajouta sous ces deux papes sa puissance réelle et respective à l’influence des Médicis ; les cours de France et d’Espagne y ajoutèrent leurs armes ; estime, vénération, politique se réunirent aussi pour les consacrer, mais ce furent les lettres qui leur donnèrent l’empire. […] Nous vous traduisons cette lettre, qui fit pleurer l’Italie et qui est écrite pour faire pleurer la France. […] « Ordinairement, quand on est un peu en retard pour répondre aux lettres de ses amis, on donne pour excuse de grandes occupations : quant à moi, si j’ai un peu trop tardé à vous écrire, je ne veux pas tant mettre ma faute sur le compte de mes occupations, quoiqu’elles ne m’aient pas manqué, que sur le chagrin bien amer de la perte de cet homme sous le patronage duquel j’étais naguère si heureux de me trouver, avec tous ceux qui font profession de littérature ou avec tous les gens de lettres. […] Dans quelle affection n’embrassait-il pas les gens de lettres !

717. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

En vérité, les gens de lettres sont dans une position bien difficile. […] « Elle lui écrivit en français, dit Pouchkine, car on ne peut écrire une lettre en russe. » C’est une épigramme à l’adresse d’un de ses critiques. La lettre de Tatiana est en excellent russe et des plus touchantes. […] À son tour, Onéguine lui écrit ; il lui envoie lettre sur lettre ; pas une n’obtient de réponse. Désespéré, il pénètre un jour dans l’appartement de Tatiana et la surprend tout en pleurs lisant les lettres qu’il lui a adressées. — « Vous savez mon secret, lui dit-elle ; je vous ai toujours aimé ; mais je suis mariée.

718. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

En rentrant chez lui, le duc de Septmonts, usant d’un droit dont on va lui faire un crime effroyable, commence par intercepter une lettre de la duchesse adressée à Gérard. La lettre confirme pleinement ses soupçons : elle crie l’amour coupable, sinon l’adultère. […] M. de Septmonts montre à sa femme la lettre qu’il vient de saisir ; il pourrait s’en faire une arme de séparation scandaleuse, il préfère la changer en traité de paix. […] Il débute par lui confier, pour la remettre à un tribunal, s’il est tué dans le combat, la lettre qui empêchera l’ingénieur d’épouser sa veuve. […] La famille de son père lui fait offrir cinq cent mille francs en échange des lettres qu’elle a de lui ; jamais Lionnette ne se dessaisira de ces lettres.

719. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Schiller, qui par la suite devait tomber au champ d’honneur, écrivait de la caserne deux lettres (publiées dans la Lanterne du 8 octobre 1916, sous ce titre : Ceux de l’école sans Dieu). […] Et puis, le même jour, virilement, il expliquait ses sentiments dans une autre lettre adressée à son ami M.  […] (Lettre citée par M.  […] Son capitaine, dans la lettre où il annonce sa mort, déclare qu’il est « glorieusement tombé en vendant chèrement sa vie ». […] Voici la lettre d’un instituteur qu’on lira avec intérêt.

720. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

L’économie politique ensuite aura sa place ; mais ce qui donnera à cette collection un prix tout particulier, ce seront les mémoires du comte Roederer, composés tant des notices mêmes rédigées par l’auteur en vue de sa famille, que d’un choix entre les notes et lettres nombreuses qu’il a laissées à son fils. […] Durant ces premières luttes avec son père sur la profession d’avocat qu’il n’embrassa jamais que provisoirement, il a décrit l’intérieur de son âme et de ses pensées, et a tracé comme sa biographie morale dans des lettres à un beau-frère, M.  […] Je cite ces lettres, parce qu’on y voit se dessiner un trait de son caractère, et en même temps l’estime qu’il inspirait. […] Et si vous trouvez cette explication aussi loyale et aussi sensible que je désire qu’elle le soit en effet, dites-moi bien vite que vous ne pensez plus à la fin de votre lettre échappée à un juste moment d’humeur, et que vous serez plus fidèle à mon assignation ordinaire demain qu’à nos assignats. Je vous prie de communiquer ma lettre à notre cher maître (Sieyès), si vous lui avez montré la vôtre.

721. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Signé : Benjamin de Rohan. » Forcé de se rendre après vingt-quatre jours de siège (24 juin 1624), en vertu d’une capitulation qui eut la forme de lettres de grâce, Soubise, bien qu’en sortant il eût demandé pardon au roi à deux genoux, alla immédiatement, dans cette même guerre et cette année même, continuer l’œuvre de résistance et de révolte dont il ne se départit jamais. […] Rohan, dans ses mémoires destinés à être lus en manière d’apologie, témoigne être satisfait de cette paix provisoire : ses lettres et missives confidentielles, dont quelques-unes furent surprises et rapportées au cardinal, trahissaient moins de contentement, et ce traité si désavantageux pour le parti « mit les deux frères en tel désespoir, assure Richelieu, que Mme de Rohan la mère, ne sachant plus quel conseil donner à Soubise, le persuada, par une lettre interceptée, de se joindre aux corsaires moresques et de se retirer en Barbarie », plutôt que de se résigner à la loi du vainqueur. […] Richelieu tout le premier montra qu’au fond il jugeait mieux de Rohan lorsqu’il lui confia ensuite le corps d’armée destiné à entrer dans la Valteline, et que, dans une lettre de lui adressée à ce général victorieux, il lui dit « qu’il sera toujours très volontiers sa caution envers le roi que lui, Rohan, saura conserver les avantages acquis et ne perdra aucune occasion de les augmenter. » Mais, en ce moment de la guerre civile, ce sont deux génies, deux âmes rivales et antagonistes qui sont aux prises, et tous les défauts, toutes les complications et enchevêtrements de la conduite et du rôle de Rohan lui apparaissent : il les impute à son caractère, et il les exprime avec excès, avec injustice sans nul doute, mais avec discernement du point faible et en des termes qui ne s’oublient pas. […] On y voit que, pendant le siège, Mme de Rohan, dans une lettre qui fut interceptée, proposait à son fils la devise qu’elle disait être de la reine de Navarre (sans doute Jeanne d’Albret) : « Paix assurée, victoire entière et mort honnête ! » Envoyée prisonnière à Niort, on essaya d’agir sur elle dans le cours de l’année suivante pour lui faire écrire à M. de Rohan de rentrer dans le devoir ; on mit en avant des tiers, qui, sans employer le nom du roi, l’exhortaient comme d’eux-mêmes et comme s’ils étaient mus par la seule considération de son intérêt et de celui de ses enfants : « Mais cette femme maligne jusques au dernier point, dit Richelieu, ne voulut jamais condescendre à s’y entremettre par lettres, disant pour prétexte que ce n’était pas un moyen assez puissant et qu’il fallait qu'elle y allât elle-même, ce que Sa Majesté refusa, sachant qu’elle ne le désirait que pour rendre le mal plus irrémédiable, et affermir son fils et ceux de son parti dans la rébellion jusqu’à l’extrémité. » Telle était cette mère invincible, qui portait dans la défense de sa foi l’âme des Porcia, des Cornélie, et des anciens Romains.

722. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Il trouve des expressions significatives pour rendre l’espèce de répulsion et de frayeur qu’il avait produite : « Un silence profond de ceux qui étaient auparavant mes amis dans les lettres, et qui m’ont abandonné depuis, comme si je les avais offensés de leur avoir donné de mes livres, m’a fait assez apercevoir du sentiment public sur ce sujet26. » Je ne sais si l’on trouverait un autre exemple, un autre cas aussi caractérisé de discrédit que celui de Marolles ; c’est un phénomène à étudier dans son genre. […] Ayant à faire la part de Marolles dans le mémoire sur les gens de lettres dressé en 1662 par ordre de M.  […] Ce n’est là qu’une note officielle et mesurée : pour avoir le fond du cœur de Chapelain sur Marolles, il faut lire ses lettres. […] Les éloges de Marolles, qu’on recueillerait dans les Lettres de Costar et qui ne sont que des politesses aigre-douces ou de simples prêtés-rendus, ne comptent pas davantage. […] [NdA] Et dans une lettre du même Chapelain à Bernier, du 25 avril 1662 : « On dit que le comédien Molière, ami de Chapelle, a traduit la meilleure partie de Lucrèce, prose et vers, et que cela est fort bien.

723. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Ses lettres, publiées par le même27. […] J’ai mauvaise grâce assurément de chicaner un éditeur aimable qui rachète de légères inexpériences du métier par des mots spirituels chemin faisant, surtout par la richesse du tissu étranger qu’il développe à nos yeux, par les lettres fort belles qu’il insère à tout moment dans son texte et qui en font le prix. Ces lettres de la jeunesse de Mme Swetchine nous révèlent une âme ardente, impétueuse, que la difficulté, l’âpreté même de l’effort moral tente et convie, et qui ne s’est jetée vers Dieu avec tant de passion que de peur de se laisser prendre trop vivement aux choses de la terre. […] La céleste Roxandre, en ce temps-là, était l’objet de son admiration vraiment romanesque ; elle la voyait comme assise sur un trône idéal, et, dans la suite de lettres qu’elle lui adresse, on croirait par moments qu’elle parle à quelque impératrice de Constantinople ou de Trébizonde. […] Cousin et qui ne lui eussent pas été agréables, a incliné aussi, dans son dépouillement des lettres manuscrites concernant Mme Swetchine, à ne choisir que ce qui convenait à sa thèse.

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