C’était là une arrière-pensée poignante que toute l’amabilité délicate et ingénieuse de la mère74 ne put assoupir dans l’âme du jeune précepteur. […] Colin, jeune peintre français, d’un caractère aimable et facile, d’un talent bien vif et bien franc, se trouvait à Ischia en même temps que Farcy ; tous deux se convinrent et s’aimèrent. […] Il n’y avait plus qu’un point secret sur lequel Farcy se sentait inexpérimenté encore, et faible, et presque enfant, c’était l’amour ; cet amour que, durant les tièdes nuits étoilées du tropique, il avait soupçonné devoir être si doux ; cet amour dont il n’avait guère eu en Italie que les délices sensuelles, et dont son âme, qui avait tout anticipé, regrettait amèrement la puissance tarie et les jeunes trésors. […] Loyson, jeune chirurgien de sa connaissance. […] toujours j’enviai, Farcy, de te connaître, Toi que si jeune encore on citait comme un maître.
Homais avec un fin sourire ; Clytemnestre s’appelait Klutaïmnéstra, et c’était fort ennuyeux. » D’autre part, interrogez les poètes, pas tous, mais les meilleurs d’entre les jeunes, et quelques curieux çà et là. […] Des élèves du maître, de jeunes et habiles ouvriers se sont donné ce plaisir, et l’on aura beau chercher, on ne trouvera guère sous leurs vers éclatants d’autre passion que celle des contours rares et des belles rimes. […] Kaïn est, si l’on veut, un Prométhée qui parle et sent comme Lucrèce, c’est-à-dire comme le plus jeune des poètes anciens. […] Il est bien jeune et bien naïf, le vieux Kaïn, et trop dupe de son bon cœur. […] Si desséché qu’il soit par l’extase, si avant qu’il se soit enfoncé dans le nirvâna, le solitaire, « rêvant comme un dieu fait d’un bloc sec et rude », sent à leur voix suppliante remuer en lui quelque chose d’humain et « entend chanter l’oiseau de ses jeunes années ».
Il est conduit dans la maison de cet Arabe avec une jeune dame qui a été séparée de son mari dans le partage. Malc et cette jeune dame sont donc les esclaves de l’Arabe, qui les traite durement, qui les méprise, qui les couvre d’insultes et de railleries, qui leur commande des choses auxquelles ils ne peuvent consentir. Enfin, Malc, pour délivrer la jeune dame de la torture que sa présence fait qu’elle endure (parce que le seigneur arabe veut absolument les marier ensemble), se sauve à travers beaucoup de périls. […] La jeune Iris à peine achevait cette histoire ; Et ses sœurs avouaient qu’un chemin à la gloire C’est l’amour. […] Il est vrai, vous m’aimiez pendant votre jeune âge : Aujourd’hui j’en demande un nouveau témoignage….
L’aspect des lieux, la nature, les institutions, les mœurs, les hommes, les principaux acteurs politiques, les personnages les plus considérables, tout y est attaqué à la fois et de front par une plume jeune, dégagée, hardie. […] Entre le jeune voyageur de 1831 et celui d’aujourd’hui, je fais la part de la physionomie individuelle, de la différence des caractères et des formes de talent ; mais aussi il me semble qu’on peut, en lisant les deux récits, se faire une idée des éléments tout nouveaux qui sont entrés dans l’éducation depuis trente ans, des excitants qui flottent dans l’air et qu’on y respire ; de la réalité en fusion qui circule, qu’on absorbe, et qui ressort ensuite par tous les pores ; en un mot, du changement introduit dans la nourriture générale des esprits, même de ceux qui sembleraient appartenir à un même courant d’opinions et de traditions. […] Tocqueville, à son entrée dans la carrière publique, eut certainement l’idée et l’ambition d’être un Royer-Collard jeune. […] Dans la première, le majestueux vieillard s’attache à tempérer l’impatience du jeune et déjà célèbre publiciste qui va risquer sa première candidature pour la députation, en 1837. […] Vous êtes jeune et destiné à traverser bien des événements : il n’est pas avantageux de s’être engagé de si bonne heure, au risque d’être jeté violemment hors de sa route, et si violemment qu’on n’y peut plus rentrer.
Aussi foible que toi dans ta jeune saison, Elle est chancelante, imbécile ; Dans l’âge où tout t’appelle à des plaisirs divers, Vile esclave des sens, elle t’est inutile , Quand le sort t’a laissé compter cinquante hivers. […] Presque toujours le printemps, comme chez les trouvères, en est le sujet : L’aimable Printemps fait naître Autant d’amours que de fleurs ; Tremblez, tremblez, jeunes Cœurs : Champs-Élysées sont l’antique et célèbre cimetière de la ville, et que les femmes d’Arles sont d’une insigne beauté. […] Tremblez, tremblez, jeunes Cœurs : L’aimable Printemps fait naître Autant d’amours que de fleurs. […] Elle était bien jeune encore pour le rôle qu’on lui prête ; mais tout annonce que sa maturité, comme ensuite son désabusement, devança l’âge. […] Cela ne m’empêchera pas de vous conjurer d’avoir de l’amitié pour une personne de qui vous êtes chèrement aimé. — Brûlez ma lettre : il est important pour moi. » Malgré les quelques obscurités qu’on y roudrait éclaircir, une telle, de la part d’une jeune femme de dix-neuf ans, ne laisse pas d’être significative.
Le jeune Prévost fit ses premières études chez les jésuites de sa ville natale, et plus tard alla doubler sa rhétorique au collège d’Harcourt, à Paris. […] Ils partent donc pour l’Espagne d’abord, puis visitent le Portugal et l’Angleterre, le vieux marquis sous le nom de M. de Renoncour, le jeune sous le titre de marquis de Rosemont. […] Quant à ces fils d’Amulem, à ces neveux de M. de Renoncour, il se trouve que le plus charmant des deux est une nièce qu’on avait déguisée de la sorte pour la sûreté du voyage ; mais le marquis, si triste de la mort de sa Diana, n’a pas pris garde à ce piége innocent, et, à force d’aimer son jeune ami Mémiscès, il devient, sans le savoir, infidèle à la mémoire de ce qu’il a tant pleuré. […] Le jeune Rosemont dans le plus haut rang, le chevalier des Grieux jusque dans la dernière abjection, conservent les caractères essentiels de ce type et le réalisent également sous ses revers les plus opposés. […] Ainsi rétabli dans la vie paisible, et désormais au-dessus du besoin, Prévost, jeune encore, partagea son temps entre la composition de nombreux ouvrages et les soins de la société brillante où il se délassait.
La jeune Circassienne est la proche parente de Gulnare et de Haïdée, et c’est une belle personne qu’on ne voit guère que par les yeux de l’imagination lorsqu’on a vingt-cinq ans. […] Tout jeune, il sait commander à son imagination, il se contient et se corrige. […] Le comte Nouline, revenant de faire son tour d’Europe, s’arrête, par suite d’un accident de voiture, dans le château d’une jeune femme un peu négligée par son mari, qui ne pense qu’à la chasse. […] Il en est un cependant qu’il distingue, c’est le jeune Lenski, rapportant d’une université allemande un enthousiasme naïf et des aspirations sublimes. […] Dans une grande soirée, il distingue une jeune femme remarquable par sa beauté et plus encore par son grand air.
Dans le séjour qu’il fit à Lausanne, jeune, de seize à vingt et un ans, il s’apprit tout à fait à penser en français, à ce point que les lettres en anglais qu’il écrivait pendant ce temps sont de quelqu’un qui ne sait plus bien sa langue. […] Pavilliard a parlé de son étonnement lorsqu’au premier abord, dans les discussions qu’il engageait avec son jeune hôte, il voyait devant lui « ce petit personnage tout mince, avec une grosse tête, disputant et poussant avec la plus grande habileté les meilleurs arguments dont on se soit jamais servi en faveur du papisme ». […] La lecture en est assez difficile et parfois obscure ; la liaison des idées échappe souvent par trop de concision et par le désir qu’a eu le jeune auteur d’y faire entrer, d’y condenser la plupart de ses notes. […] Le but principal du jeune auteur est de venger la littérature classique et l’érudition, de la légèreté avec laquelle d’Alembert les avait traitées. […] Selon Gibbon, les Géorgiques de Virgile ont eu un grand à-propos sous Auguste, un but politique et patriotique mêlé à leur charme : il s’agissait d’apprivoiser aux travaux de la paix et d’attacher à la culture des champs des soldats vétérans devenus possesseurs de terres, et qui, avec leurs habitudes de licence, avaient quelque peine à s’y enchaîner : « Qu’y avait-il de plus assorti à la douce politique d’Auguste, que d’employer les chants harmonieux de son ami (son ami est une expression un peu jeune et un peu tendre) pour les réconcilier à leur nouvel état ?
Dans une autre nouvelle de lui, San Francesco a Ripa, imprimée depuis sa mort (Revue des deux mondes, 1er juillet 1847), je trouve encore une historiette de passion romaine, dont la scène est, cette fois, au commencement du xviiie siècle ; la jalousie d’une jeune princesse du pays s’y venge de la légèreté d’un Français infidèle et galant : le récit y est vif, cru et brusqué. […] C’est une idée heureuse que celle de ce jeune Fabrice, enthousiaste de la gloire, qui, à la nouvelle du débarquement de Napoléon en 1815, se sauve de chez son père avec l’agrément de sa mère et de sa tante pour aller combattre en France sons les aigles reparues. […] Les scènes de passion, dont quelques-unes sont assez belles, entre la duchesse tante de Fabrice et la jeune Clélia, ne rachètent qu’à demi ces impossibilités qui sautent aux yeux et qui heurtent le bon sens. […] Il faut encore moins songer aux critiques qu’un jeune officier de dragons, chargeant avec sa compagnie, ne songe à l’hôpital et aux blessures. […] Jeune, il avait eu un certain renom dans les bals de la Cour par la beauté de sa jambe, ce qu’on remarquait alors.
Présenté au jeune roi, qui n’avait que six ans plus que lui, La Fare entrait dans le nouveau régime quand tout commençait et sous l’œil du maître ; il n’avait qu’à y tourner son esprit avec quelque suite pour se concilier la faveur : « J’oserais même dire que le roi eut plutôt de l’inclination que de l’éloignement pour moi ; mais j’ai reconnu dans la suite que cette impression était légère, bien que j’avoue sincèrement que j’ai contribué moi-même à l’effacer. » Doué d’un esprit fin et libre, d’un jugement élevé et pénétrant, il aima mieux être indépendant qu’attentif et flatteur, et ce n’est pas ce qu’on peut lui reprocher ; mais il devint évident par la suite qu’il prit souvent pour de l’indépendance ce qui n’était que le désir détourné de se retirer de la presse et de chercher ses aises. Jeune, il eut pourtant ses ardeurs de se distinguer et sa saison de chevalerie ; il fut le premier, en 1664, à demander au roi la permission de faire partie, comme volontaire, du corps de six mille hommes qu’on envoyait au secours de l’empereur, sous le commandement de M. de Coligny. […] Mais qu’on est rarement jeune et sage tout à la fois ! […] Aussi, lorsqu’on 1677 M. de Luxembourg demanda que La Fare fût fait brigadier, et comme celui-ci représentait à Louvois que de plus jeunes que lui au service étaient déjà maréchaux de camp, Louvois répondit : « Vous avez raison, mais cela ne vous servira de rien. » Cette réponse brutale et sincère du ministre alors tout-puissant, qui me haïssait depuis longtemps, nous dit La Fare, et à qui je n’avais jamais voulu faire ma cour, jointe au méchant état de mes affaires, à ma paresse et à l’amour que j’avais pour une femme qui le méritait, tout cela me fit prendre le parti de me défaire de ma charge de sous-lieutenant des gendarmes de Monseigneur le Dauphin, que j’avais presque toujours commandés depuis la création de ma compagnie, et, je puis dire, avec honneur. […] » — « La gloire est la preuve de la vertu », a dit Vauvenargues ; et dans un admirable Discours adressé à un jeune ami il expose toute une noble doctrine que je voudrais mettre en regard de cette lettre du chevalier de Bouillon à Chaulieu, et qui la réfute par une éloquence victorieuse : « Insensés que nous sommes, nous craignons toujours d’être dupes ou de l’activité, ou de la gloire, ou de la vertu !
Cette lettre, publiée par Voltaire, est devenue historique, et elle fait le plus grand honneur auprès de la postérité à l’esprit et à l’humanité de M. d’Argenson : « Vous m’avez écrit, monseigneur, lui répondait Voltaire, une lettre telle que Mme de Sévigné l’eût faite, si elle s’était trouvée au milieu d’une bataille. » Et cet éloge est mérité ; on a la description gaie, vive, émue, du combat, du danger, du succès plus qu’incertain à un moment, de la soudaine et complète victoire ; le principal honneur y est rapporté au roi : puis, après tout ce qu’un courtisan en veine de cœur et d’esprit eût pu dire, on lit les paroles d’un citoyen philosophe ou tout simplement d’un homme : Après cela, pour vous dire le mal comme le bien, j’ai remarqué une habitude trop tôt acquise de voir tranquillement sur le champ de bataille des morts nus, des ennemis agonisants, des plaies fumantes… J’observai bien nos jeunes héros ; je les trouvai trop indifférents sur cet article… Le triomphe est la plus belle chose du monde : les Vive le roi ! […] … » — J’étais jeune alors, et j’ajoutais l’inspiration à la persuasion. […] Il eut, à l’âge de vingt-trois ans, une intrigue avec une jeune dame du même âge que lui, et qui fut la première à l’enhardir : elle était parente de la marquise de Prie : Mme de Prie était sa cousine germaine. […] Rien ne supplée à cela, et la langue en était d’autant plus riche… On entendait en même temps de bonnes et d’aimables qualités avec quelques défauts : enfin cela présentait une image… De dire C’est une jeune personne, ne dit point cela. Quand on dit C’est une jeunesse qui se divertit, c’est comme si on disait : Cela se divertit parce que cela est jeune. » — On a depuis fait droit jusqu’à un certain point à cette réclamation ; Paul-Louis Courier a remis en honneur ces vieilles locutions populaires, et Mme Sand, dans ses jolis romans rustiques, dit couramment une jeunesse, il est vrai que dans le beau style, on s’en prive toujours.
Quoi qu’il en soit, il avait une peine alors, et en se trouvant transporté, au sortir de la solitaire Chênaie, dans l’intimité tendre d’Hippolyte de La Morvonnais et de sa jeune femme, cette peine se guérit. Il était de ceux qu’une sympathique amitié de jeune femme apaise au lieu de les enflammer. […] Il a exprimé en mainte occasion cette sensation diffuse, errante ; il y avait des jours où, dans son amour du calme, il enviait « la vie forte et muette qui règne sous l’écorce des chênes » ; il rêvait à je ne sais quelle métamorphose en arbre ; mais cette destinée de vieillard, cette fin digne de Philémon et de Baucis, et bonne tout au plus pour la sagesse d’un Laprade, jurait avec la sève ardente, impétueuse, d’un jeune cœur. […] Il supposa le dernier des centaures interrogé au haut d’un mont, au bord de son antre, et racontant dans sa mélancolique vieillesse les plaisirs de ses jeunes ans à un mortel curieux, à ce diminutif de centaure qu’on appelle homme ; car l’homme, à le prendre dans cette perspective fabuleuse, grandiose, ne serait qu’un centaure dégradé et mis à pied. […] Heureux d’un mariage tout récent avec une jeune et jolie créole, assuré désormais du foyer et du loisir, il fut pris d’un mal réel qui n’éclaira que trop les sources de ses habituelles faiblesses.
Il arrive, au contraire, deux maux : l’un, que les pasteurs muets ou qui parlent sans talent sont peu estimés ; l’autre, que la fonction de prédicateur volontaire attire dans cet emploi je ne sais combien d’esprits vains et ambitieux… A quel propos tant de prédicateurs jeunes, sans expérience, sans science, sans sainteté ? […] Sa thèse de philosophie avait eu de la célébrité à son moment ; et, au bruit qu’elle fit, le cardinal de Richelieu, quoique peu disposé en faveur des Champvallon, avait voulu que le jeune soutenant lui fût présenté. […] Les docteurs de Sorbonne, fiers d’un talent et d’un candidat qui devait faire honneur à leur maison, écrivirent à ce sujet une lettre de félicitation à son oncle l’archevêque de Rouen, et le jeune Harlay eut de lui promesse d’obtenir l’abbaye de Jumiéges, si la reine y consentait. […] Abbé de Jumiéges, le jeune Harlay n’en était pas plus riche ; car l’oncle retenait la plus grande partie des revenus. […] À peine rentré en faveur auprès du roi, il avait été nommé, lui le plus jeune et le moins ancien des archevêques, à la présidence de l’Assemblée du Clergé ; et l’on peut dire que ce fut désormais une de ses fonctions habituelles que de présider cette illustre Assemblée en chacune de ses sessions ordinaires ou extraordinaires.
Une publication à la fois spéciale et répandue, l’Artiste, sous la direction d’Arsène Houssaye, conviait les jeunes plumes et préparait le goût de plus d’un expert. […] Les jugements ou définitions pittoresques que Gautier a donnés de tant de peintres d’hier, hommes de mérite dans les seconds, et de Léopold Robert, et du loyal Schnetz, « qui est un Léopold Robert historique, visant moins haut et plus sain », et de tous les jeunes modernes que nous savons, de ceux du jour si vivants et si présents, Gérome, Hébert, Fromentin…, tous ces jugements-portraits sont aussi vrais que distingués de couleur et de ton. […] Jeune, il a aimé à la passion l’époque de Louis XIII ; il l’a fort étudiée, et son volume des Grotesques (1844) renferme une suite de portraits originaux et singuliers de ce temps-là. […] Une troupe de comédiens honnêtes gens, c’est-à-dire qui prennent leur profession et leur métier au sérieux, errant la nuit par un désert de Gascogne, aperçoivent une clarté qui les dirige jusqu’à un château habité par le jeune baron de Sigognac. […] Ce sont les détails de toutes ces journées de marche qu’il faut lire : la première station à l’auberge très-suspecte du Soleil bleu, le guet-apens du brigand Agostin et cette attaque à main armée qui tourne en bonne humeur ; la rencontre du marquis de Bruyères, jeune gentilhomme aussi bien en point et aussi florissant que Sigognac est pauvre ; l’invitation et la réception des comédiens à ce brillant et confortable château de Bruyères, où ils donnent une représentation applaudie ; le congé et le départ bien rémunérés ; l’enlèvement volontaire de la soubrette à l’une des pattes d’oie du chemin ; puis la disette qui revient, la route qui s’allonge, la neige qui tombe, les rafales qui forcent le chariot de s’arrêter ; le pauvre Matamore, le plus maigre de la troupe, qui n’y peut tenir et qui succombe d’inanition et de froid ; la recherche qu’on fait de lui par ces steppes de neige, quand on s’est aperçu de sa disparition, son enterrement lugubre : — et cela s’appelle Effet de neige.
Placée dans un couvent à Niort, puis à Paris, élevée par charité, la jeune d’Aubigné, devenue tout à fait orpheline, connut à chaque instant tout le poids de la dépendance. […] Cependant la jeune personne commençait dans ses voyages à Paris à voir le monde, et ses premiers pas furent des succès. […] La jeune Indienne, comme on la nommait à cause de son voyage d’Amérique, fut très remarquée à première vue, et elle ne perdait pas à l’examen. […] Il la recommandait à la duchesse de Lesdiguières, qui voyageait, comme d’une grande ressource pour l’agrément : « Elle est douce, reconnaissante, secrète, fidèle, modeste, intelligente, et, pour comble d’agrément, elle n’use de son esprit que pour divertir ou pour se faire aimer. » Quand Mlle d’Aubigné, de retour en Poitou, écrivait à ses jeunes amies de Paris, ses lettres circulaient comme des chefs-d’œuvre et venaient à l’appui de sa réputation naissante. […] Humainement, elle remplit ses instants, elle amusa tant qu’il y eut moyen et combla ses heures, et, une fois entrée dans la famille royale, elle y apporta, avec un surcroît de zèle et d’exactitude, cette inépuisable multiplication d’elle-même qu’elle avait portée plus jeune chez les Montchevreuil, les Heudicourt, les Richelieu.
Marguerite jeune, ouverte à tous les bons et beaux sentiments, à la vertu sous toutes les formes, s’éprit de cette cause ; et, quand son frère fut arrivé au trône, elle se dit que c’était à elle d’en être auprès de lui le bon génie et l’interprète, de se montrer la patronne et la protectrice de tous ces hommes qui excitaient contre eux, par leurs doctes innovations, bien des rancunes pédantesques et des colères. […] Louise de Savoie, cette jeune veuve, n’avait que quinze ou seize ans de plus que sa fille. […] Montaigne, qui d’ailleurs fait grand cas d’elle, n’a pu s’empêcher de noter, par exemple, sa singulière réflexion au sujet d’un jeune et grand prince dont elle raconte l’histoire en ses Nouvelles, et qui a tout l’air d’être François Ier. […] Le joli petit roman de Jehan de Saintré, où l’idéal chevaleresque se peint encore au début dans ce qu’il a de plus mignon, et qui prétend offrir un petit code en action de la politesse, de la courtoisie, de la galanterie, en un mot de l’éducation complète d’un jeune écuyer du temps, ce joli roman est rempli aussi de préceptes pédantesques, d’articles d’un cérémonial minutieux, et, vers la fin, il tourne tout à coup à la grossièreté sensuelle et au triomphe du moine selon Rabelais. […] Ne lui demandez rien de ces éclairs de talent et de passion qu’on rencontre chez sa jeune contemporaine Louise Labé, la Belle Cordière.
Crozat le jeune. […] On sçait avec quelle affection Pline vante le trait ingénieux de Timante, qui peignit Agamemnon, la tête voilée au sacrifice d’Iphigenie, pour marquer qu’il n’avoit osé tenter d’exprimer la douleur du pere de cette jeune victime. […] Qui ne connoît pas le grouppe célebre qu’on voit encore à la vigne Ludovise, et qui représente un évenement célebre dans l’histoire romaine, l’avanture du jeune Papirius. […] Aucun sentiment ne fut jamais mieux exprimé que la curiosité de la mere du jeune Papirius. […] Le jeune Papirius répond à sa mere avec une complaisance apparente ; mais il est sensible que cette complaisance n’est qu’affectée.
Parfois, quand on est jeune, on se pique d’originalité et l’on prétend penser des choses qu’aucune intelligence humaine n’ait encore pensées. […] Peu d’objets, vigoureusement éclairés, la lumière fût-elle un peu crue, voilà ce qu’il faut d’abord à de jeunes esprits, dont le défaut ordinaire est de regarder sans voir. […] De cette facilité dont les âmes jeunes croient à la parole enseignée ou écrite, il résulte un autre inconvénient. […] Ils ont si peu cherché, si constamment fui tout ce qui est singularité ou exception, que, dès le jeune âge, on peut les goûter sans idolâtrie, autrement que sur parole, par une claire intelligence de leur profonde vérité.
… C’est le linteolum Cæsicium, ainsi nommé, parce qu’il s’ouvre Sur la poitrine, — là ; jusqu’en bas, — et découvre, En suivant les contours du sein comme cela… Or, nous voyons que l’énigmatique et silencieuse esclave Blandine est aimée d’un jeune charpentier, nommé Ponticus. […] Et nous nous disons que le jeune Ponticus se fera sans doute prier avant de céder Blandine à Jésus ; qu’Attale et Æmilia, passionnément amoureux l’un de l’autre, ne semblent pas dans les meilleures conditions pour embrasser la religion du crucifié, et qu’ils y feront quelque résistance ; ou bien qu’Æmilia se convertira seule, et que sa lutte contre Attale sera, du moins, l’un des principaux épisodes de cette tragédie… Mais rien de tout cela. La vie et la passion de Jésus, contées à sa façon par Blandine, — en un récit naïf, décousu et ardent, tout à fait convenable à la simplicité et à l’imagination passionnée d’une esclave ignorante, — décident instantanément le jeune Ponticus, ce pendant qu’Attale et Æmilia cèdent à la première exhortation de l’évêque Pothin. […] Il viole la jeune Grecque Hébé, puis, l’ayant donnée pour femme à l’esclave germain Faustus, la lui enlève contre la foi jurée.
Théodore de Banville Dans cette tête brune, chevelue, aux joues larges et d’un pur contour, à la barbe légère, calme comme celle d’un lion, fière comme celle d’un dieu, aux yeux doux, profonds, infinis, où le front olympien abrite la connaissance et les images de toutes les choses, où le nez droit, large à sa naissance, est d’une noblesse sans égale, où sous la légère moustache, écartée avec grâce, les lèvres rouges, épaisses, d’une ligne merveilleusement jeune, disent la joie tranquille des héros, dans cette noble tête aux. sourcils paisibles, qui si magnifiquement repose sur ce col énergique de combattant victorieux, superbe dans ce blanc vêtement flottant et entr’ouvert sur lequel est négligemment noué un mouchoir aux raies de couleurs vives, — […] Jeune pâtre, conduis ton docile troupeau Vers ce tertre ! […] Jeune Grec exilé dans la laideur des âges, Tu te ressouvenais, cil pleurant, les retards De la beauté qui fait se lever les vieux sages ! […] Judith Gautier Cette splendide aurore de l’art nouveau qui se leva à la première d’Hernani et illumina les premiers pas du jeune poète, a été la lumière de toute sa vie !
Elle était jeune et ne savait pas le nombre de ses années, et voici qu’elle a vieilli en un jour ; elle avait l’œil splendide et superbe, et sur son front rayonnaient, en caractères éclatants, ses pensées heureuses et sereines, et voici que son regard s’est voilé, que les rides anguleuses ont inscrit sur son front sa plainte et sa douleur. […] Or, pour réaliser ce vœu d’Adolphe, pour étancher la soif de cette vanité qui le dévore, une femme belle et jeune, vivant dans le secret de la famille, élevée dans les doctrines de l’obéissance et du devoir, épargnée de la calomnie, nourrie dans un bonheur paisible, et défiant les tempêtes qu’elle ne prévoit pas, ne peut lutter avec Ellénore. […] Ellénore verra dans Adolphe un amour jeune et confiant. […] Quand on est jeune, on croit à peine à la moitié de ces conseils ; à mesure qu’on vieillit, on s’aperçoit qu’il y en a beaucoup d’oubliés.
Et d’abord, dans l’ordre de l’action, il y avait le Premier Consul, celui qui disait un matin, en mettant la main sur sa poitrine : Je sens en moi l’infini ; et qui, durant quinze années encore, entraînant le jeune siècle à sa suite, allait réaliser presque cet infini de sa pensée et de toutes les pensées, par ses conquêtes, par ses monuments, par son Empire. […] Ampère, Albert Stapfer ; dans une correspondance curieuse et touchante que j’ai sous les yeux, et qui, entre les mains de l’ami qui me la confie, pourra devenir un jour la matière d’un beau livre de souvenirs, je lis d’autres noms encore de cette jeune intimité ; j’en lis un que j’efface, parce que l’oubli lui vaut mieux ; j’en lis deux inséparables, qui me sont chers comme si je les avais connus, parce qu’un grand charme de pureté les enveloppe, Edmond et Lydia, amants et fiancés. […] Cousin, alors dans sa nouveauté, occupait ces jeunes esprits ; les grands problèmes de la destinée humaine étaient leur passion ; Ossian, Byron, le songe de Jean-Paul, les partageaient tumultueusement.
D’ici à quelques jours, tout mot sincère sur notre glorieuse Révolution, tout hommage à son jeune et digne historien nous seront peut-être interdits 10 ; peut-être notre comité de salut public aura repris sa tâche. […] Une pareille tactique avait l’avantage de réussir auprès de la masse, qui ressentait plus vivement que jamais le besoin du repos et du bien-être ; elle réussissait aussi auprès de quelques républicains sincères, comme Carnot, et de quelques têtes jeunes, ardentes et généreuses, comme Camille Jordan. […] Du moins nos pères furent bien excusables de s’y méprendre, et il est beau de voir avec quelle indulgence, dictée par une raison impartiale et supérieure, le jeune historien leur pardonne de s’être jetés dans fies bras du héros, et de s’être laissé enivrer à tant de gloire.
Malheur aux paysannes innocentes et jeunes qui s’amuseront aux environs des Loges ! Paysannes innocentes et jeunes, fuyez les Loges ! […] » Et leurs compagnes qui verront leur tristesse leur en demanderont la cause, et elles ne la diront pas ; et les autres bergères innocentes et jeunes continueront de s’amuser autour de la cabane du satyre ; et lui de les surprendre, de les surprendre encore une fois, de ne les surprendre plus ; et elles de se taire.
[L’Art jeune (1896).] […] [L’Art jeune (15 mars 1896).] […] En 1883, il publia les Flamandes, pages où sont recueillies les impressions de la terre natale, puis contribua, par de saines études dans l’Art moderne, la Jeune Belgique, la Société nouvelle, la Wallonie, à la renaissance des lettres belges.