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273. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Quoique le centre d’action de Jean fût la Judée, sa renommée pénétra vite en Galilée et arriva jusqu’à Jésus, qui avait déjà formé autour de lui par ses premiers discours un petit cercle d’auditeurs. […] Les grandes réunions d’hommes formées par l’enthousiasme religieux et patriotique autour du baptiste avaient quelque chose de suspect 320. […] Sans toucher ici la question des itinéraires précis de Jésus (question insoluble vu les contradictions des documents et le peu de souci qu’eurent les évangélistes d’être exacts en pareille matière), sans nier que Jésus ait pu faire un voyage auprès de Jean au temps où il n’avait pas encore de notoriété, nous adoptons la donnée fournie par le quatrième évangile (m, 22 et suiv.), à savoir que Jésus, avant de se mettre à baptiser comme Jean, avait une école formée.

274. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

De la tribu chaldéenne, se forma sous Ninus la grande nation des Assyriens, et le nom de la première se perdit dans celui de la seconde. […] C’est qu’Hermès ne fut point un sage, un philosophe divinisé après sa mort, mais le caractère idéal des premiers hommes de l’Égypte, qui sans autre sagesse que celle de l’instinct naturel, y formèrent d’abord des familles, puis des tribus, et fondèrent enfin une grande nation18. […] Orphée surtout, si on le considère comme un individu, offre aux yeux de la critique l’assemblage de mille monstres bizarres. — D’abord il vient de Thrace, pays plus connu comme la patrie de Mars, que comme le berceau de la civilisation. — Ce Thrace sait si bien le grec qu’il compose en cette langue des vers d’une poésie admirable. — Il ne trouve encore que des bêtes farouches dans ces Grecs, auxquels tant de siècles auparavant Deucalion a enseigné la piété envers les dieux, dont Hellen a formé une même nation en leur donnant une langue commune, chez lesquels enfin règne depuis trois cents ans la maison d’Inachus. — Orphée trouve la Grèce sauvage, et en quelques années elle fait assez de progrès pour qu’il puisse suivre Jason à la conquête de la Toison d’or ; remarquez que la marine n’est point un des premiers arts dont s’occupent les peuples. — Dans cette expédition il a pour compagnons Castor et Pollux, frères d’Hélène, dont l’enlèvement causa la fameuse guerre de Troie.

275. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

On parlait latin même dans les campagnes qui formaient le district rural des grandes villes, et les grandes populations de celles-ci entendaient également le latin. […] C’était, comme nous le reconnaîtrons plus expressément par la suite (disait Fauriel), ce même idiome que j’ai distingué plus haut par la dénomination de latin rustique, et qui fut un peu plus tard nommé langue romane, ou roman ; il se divisait en nombreux dialectes, dont les deux plus tranchés, aux deux extrémités du pays, formèrent, l’un le français, ou roman du Nord ; l’autre, le provençal, ou roman du Midi20. » Tel est l’état général des choses au moment où notre étude proprement dite commence. […] Ou, si vous me permettez une autre image, il y aurait eu, à un certain moment, vers le ixe  siècle (et en ce qui est de la langue), un grand lac commun universel, couvrant toute l’Europe méridionale et presque toute la France ; et ce ne serait que par une sorte de dessèchement graduel que se seraient formés ensuite les différents lacs séparés, c’est-à-dire les idiomes distincts. Mais on ne voit aucune raison suffisante à cette grande uniformité première, et tout indique, au contraire, que la diversité, d’abord, dut être extrême, infinie ; que sur chaque point, dans chaque bassin, les choses ont dû se former d’après quelques conditions générales sans doute, mais aussi d’après les éléments particuliers préexistants et avec des différences que la raison indique, et que deux ou trois mots, une phrase grossière transmise par hasard, dans quelque chronique latine, et commentée à grand renfort de science, ne sauraient effacer ni démentir. […] Le livre de M. de Chevallet, plein de faits, de considérations prudentes, incontestables, me paraît être l’œuvre la plus complète d’un homme sorti de l’école française et formé à la méthode de M. 

276. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Quel résultat philosophique que la reconnaissance des lois qui ont présidé au développement du langage, à la transformation de ses mécanismes, aux décompositions et recompositions perpétuelles qui forment son histoire ! […] Les religions ont été formées à une époque où l’homme se mettait dans toutes ses œuvres. […] Cela fait, je me baserais uniquement sur ces données pour former mes idées, en faisant abstraction complète de toutes les imaginations qu’on s’est faites par induction et sur de vagues analogies. […] Chaque œuvre est belle dans son milieu, et non parce qu’elle rentre dans l’un des casiers que l’on s’est formé d’une manière plus ou moins arbitraire. […] Il vient un certain jour où les résultats de la science se répandent dans l’air, si j’ose le dire, et forment le ton général de la littérature.

277. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

On ne verra en elle que les sensations agglomérées qui la colorent ; on méconnaîtra les images remémorées qui en forment le noyau obscur. […] Il suffira de faire remarquer que ces systèmes ne sont point formés de souvenirs juxtaposés comme autant d’atomes. Il y a toujours quelques souvenirs dominants, véritables points brillants autour desquels les autres forment une nébulosité vague. […] Les perceptions qui ont rempli la première période de cet intervalle, et qui forment maintenant avec les perceptions consécutives un souvenir indivisé, étaient donc véritablement « en l’air » tant que la partie décisive de l’événement n’était pas encore produite. […] S’agit-il d’un travail intellectuel, d’une conception à former, d’une idée plus ou moins générale à extraire de la multiplicité des souvenirs ?

278. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Si l’auteur disait que, pour former une langue de cette sorte, il faudrait des millions d’années, et que J. […] Une génération moyenne ne s’est point formée entre les écrivains qui finissent et les écrivains qui commencent. […] Les Harlay, les de Thou, les Lamoignon, les d’Aguesseau, formaient un contraste singulier avec le caractère général de la nation. […] Il est privé de souvenirs, et il n’a plus le courage de former des espérances. […] Le lendemain de notre arrivée à Athènes, on nous fit remarquer des cigognes qui montaient dans les airs, se formaient en bataillon, et prenaient leur vol vers l’Afrique.

279. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Mme Dacier, d’après Aristote fortifié et corroboré par le père Le Bossu, définissait le poème épique : « un discours en vers, inventé pour former les mœurs par des instructions déguisées sous l’allégorie d’une action générale et des plus grands personnages. […] Mœurs, caractères, il traite tout cela avec le même esprit de simplification. « Le mot de mœurs, appliqué singulièrement aux personnages du poème, n’est autre chose que les penchants habituels et les sentiments qui constituent le caractère du personnage. » Le but moral comme l’entend Mme Dacier, le but d’instruction expresse, le dessein prémédité de former les mœurs, il ne le voit pas, — pas plus dans Homère que dans Racine : Racine, dit-il, n’a pas blessé la morale dans ses tragédies ; je vois bien des gens qui les envisagent comme des poèmes favorables aux mœurs, mais ils ne font pas pour cela honneur à Racine de ne s’être proposé aucune autre fin que l’instruction. […] Je n’ai que le temps de noter de l’abbé de Pons son Nouveau Système d’éducation, sa nouvelle méthode pour former la jeunesse française. Elle est toute moderne, très sensée à bien des égards, très propre en effet à former un galant homme.

280. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Mais la condition de Henri IV était de conquérir pied à pied son héritage et de le mériter : et c’est à ce prix, on peut le dire, qu’il, se forma peu à peu à son grand caractère et qu’il devint tout à fait lui-même. […] Celle-ci avait dissipé les derniers fuyards de la Ligue et contribué à remettre le bon ordre dans les esprits et dans les cités ; l’autre allait former à la vie rurale le père de famille gentilhomme, de retour au manoir des ancêtres, et quand il avait pendu au clou son armure. […] quels étaient au juste les longs desseins qu’il avait formés sur l’Europe, et de quelle manière cette grande guerre renaissante, et supposée heureuse, les aurait-elle fait tourner ? […] Le coup de poignard de Ravaillac ne laissa pas le temps à cette monarchie ainsi faite, s’appuyant d’un nombreux corps de noblesse sédentaire (sauf les cas de guerre), brave et intéressée, adonnée à sa maison des champs et assez protectrice d’ailleurs du tiers état, à cette monarchie tempérée par des parlements, des notables, et surtout par la bonne humeur et une sorte de familiarité du prince, de se dessiner et de former institution.

281. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Entré comme soldat dans la compagnie de son canton, il va à Toulouse où se formait un bataillon provisoire ; ce bataillon, armé de piques, est dirigé sur la frontière d’Espagne. […] Le 8e bataillon, dit de la Haute-Garonne, où servait Pelleport, fit partie des quinze bataillons qui, réunis, formèrent la 18e demi-brigade. […] Depuis la réorganisation de l’infanterie, les emplois vacants dans les cadres de la 18e, comme dans toutes les autres demi-brigades, avaient été donnés aux officiers surnuméraires restés à l’armée sans emploi de leur grade et qui formaient une compagnie auxiliaire. […] Pelleport en est lui-même une preuve lorsqu’au commencement de la retraite de Moscou et de ces fatigues sans nom, supportées par une partie de l’armée avec tant d’héroïsme, il dit tout d’un coup et en y revenant sans qu’on s’y attende : « Je crois, tout amour-propre de côté, que nous avons, en cette circonstance, laissé bien loin de nous les Romains, dont l’Empereur nous parlait tant en Italie et en Égypte. » Pelleport, très occupé du détail et de ce qu’il voit, nous apprend un fait assez singulier, c’est que dans les combats de Chobrakhit, qui précédèrent la bataille des Pyramides, il y eut du tâtonnement et quelque inhabileté pratique à exécuter les commandements du chef : L’armée d’Italie, bien que brave et intelligente, manquait de flexibilité pour les manœuvres ; les officiers inférieurs et supérieurs, les généraux eux-mêmes qui venaient de faire la guerre, avec une grande distinction, avaient négligé l’étude de la petite tactique (manœuvres) ; aussi se trouvèrent-ils embarrassés pour former les carrés tels qu’ils avaient été indiqués par Bonaparte : il fallut prendre successivement les pelotons et bataillons par la main pour les porter sur le terrain qu’ils devaient occuper dans la disposition générale.

282. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Les quatre volumes qui forment l’ensemble des poésies d’Olivier de Magny ont été élevés à des prix fabuleux ; et quelques-uns des mêmes hommes qui acquéraient ces poètes coûte que coûte, et les couvraient de maroquin pour leur bibliothèque de luxe, en usaient, en savaient le bon et le meilleur, et en écrivaient des notices. […] Quant à ce qui est des poètes de la seconde moitié du siècle et qui forment ce qu’on a appelé la Pléiade, c’est d’aujourd’hui seulement que, grâce à M.  […] Ne pouvant en profiter, je rappellerai pourtant ici, à ma manière, les titres de Joachim Du Bellay à ouvrir ainsi la marche et à former l’avant-garde de la cohorte. […] Il paraît que, pour l’étude, il s’était surtout formé par lui-même, et qu’il avait profité de deux années de mauvaise santé, où il avait été retenu dans sa chambre, pour lire les anciens poètes grecs et latins.

283. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

En 1680, la liaison était formée, l’affection morale avait commencé, l’âme était exaltée. […] Il surprit Strasbourg, qui formait une puissante république. […] La société de la cour allait former la société dévote que La Bruyère a si bien peinte. […] La bonne compagnie, d’où madame de Maintenon était sortie pour venir dans cette cour corrompue, acquit un nouveau degré de considération ; sa distinction fut mieux marquée entre la pruderie, la pédanterie, la préciosité d’une part, l’incontinence effrontée, la galanterie licencieuse de l’autre ; elle eut pour caractère la décence des mœurs et l’élégance des esprits ; elle reconnut des modèles ; elle fixa ses principes, elle eut ses traditions ; elle forma école ou plutôt elle conserva ci fonda à perpétuité celle que l’hôtel de Rambouillet avait transmise épurée à ses élèves.

284. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Cosnac causait beaucoup et bien, et trop ; il racontait son passé avec plaisir, avec délices, avec variantes, et il s’en était formé de son vivant comme une légende que lui-même entretenait. […] La nature ayant formé cette âme et ce personnage héroïque du Grand Condé, il semble qu’il ne lui était pas resté assez d’étoffe pour faire un grand homme ni même un bel homme : il en était résulté ce prince chétif, rachitique, spirituel, muable de volonté, capricieux avec violence, qui n’avait que des éclairs en tout, en amour, en valeur, en religion, et qui fut toujours dominé par ses entours. […] Tels étaient ces êtres capricieux et légers, incapables de former une passion et de la soutenir. […] Les conseils qu’il lui donna en cette occasion et depuis étaient de ceux qui auraient formé un prince estimable, un digne frère de Louis XIV, soumis mais respecté, et forçant la considération de son frère et celle du public par son mérite.

285. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

C’est que former son talent compte aujourd’hui pour peu de chose ; c’est un génie qu’il faut être d’emblée, et le préjugé court qu’un génie est nécessairement un esprit indompté, tumultueux, semblable aux éléments déchaînés, de préférence un peu fou… « Ce que je regrette aujourd’hui, c’est qu’aucune voix ne soit assez forte ou assez autorisée pour rétablir un peu d’ordre dans la confusion générale, remettre la littérature à sa place, et dans la littérature, apprendre, sans pédanterie et avec le ton persuasif d’une belle foi d’artiste, à discerner la beauté propre à chaque genre. » De cette confusion, la responsabilité se répand de Victor Hugo à M.  […] « Je ne demande qu’à être compté comme un franc et probe ouvrier9… » Parallèlement au naturisme s’était formé à Toulouse le groupe de l’Effort, par la fusion des Essais de jeunes avec Les Pages d’art. […] Première génération adulte d’esprits formés par un socialisme dégagé des brumes utopiques et pénétré de claire science, il faut que nous portions témoignage par notre moralité meilleure, notre intellectualité plus nourrie, notre sensibilité toujours aussi vive mais mieux disciplinée des bienfaits que peut conférer à l’homme l’adhésion ardente et méthodique à une théorie rationaliste de l’Univers, de l’individu et de la Société10 » (15 mai 1903). […] Par une culture raisonnée et profonde des énergies françaises, un écrivain peut se former entièrement et admirablement.

286. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Il faudrait se moquer de la simplicité de ces bonnes gens qui ont prétendu former d’honnêtes et habiles citoyens, des hommes utiles, de grands hommes, en se promenant, en causant, en plaisantant ; accoutumer la jeunesse à la pratique éclairée des vertus et l’initier aux sciences par manière de passe-temps ; oui, certes, il faudrait s’en moquer si l’on ne respectait la bonté de leur âme et leur tendre compassion poulies années innocentes de notre vie. […] Tous les états n’exigent pas la même portion des connaissances primitives ou élémentaires qui forment la longue chaîne du cours complet des études d’une université. […] Ici l’on ne formerait que des historiens ou des philosophes  ; là que des orateurs, ou des poëtes ou des ouvriers. […] Je suppose que celui qui se présente à la porte d’une université sait lire, écrire et orthographier couramment sa langue ; je suppose qu’il sait former les caractères de l’arithmétique, ce qu’il doit avoir appris ou dans la maison de ses parents ou dans les petites écoles.

287. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

J’aimerais bien mieux voir quelques-uns de ses principaux officiers occupés à lui former de leurs corps un bouclier. […] Dans une espèce de détroit ou d’anse formée par ces dernières, une mer qui s’y porte avec fureur. […] Au-delà de ce poétique local, les eaux se répandent et forment un étang. […] Tout à fait sur le devant, au bord de l’étang formé des eaux du torrent, sur un plan correspondant à l’intervalle qui sépare le voyageur qui conduit son cheval de la paysane affourchée sur son ânesse, c’est un pâtre qui mène ses bestiaux à l’étang.

288. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Seul ce qu’un homme construit a une langue ; pour former l’homme : et seule cette œuvre a une valeur. […] Nous aimons varier notre étonnante gymnastique sur les invisibles trapèzes de l’atmosphère pour former avec nos aéroplanes une grande girandole aérienne. […] Sur les innombrables spectateurs couchés, les aéroplanes bariolés ou camouflés danseront le jour dans les zones colorées, formées par les poussières qu’ils auront répandues et composeront durant la nuit, de mobiles constellations et des danses, dans les gerbes éclatantes des projecteurs. […] Selon Giovanni Lista, le futurisme et le primitivisme (lancé en 1909 à Toulouse par Touny-Lérys, Marc Dhano et George Gaudion) qui tâcha d’en être l’antagoniste, « forment système » par leurs oppositions systématiques (futur/passé, nouveau/tradition, masculin/féminin…).

289. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Autour de deux ou trois idées fondamentales, s’organisa chez eux un système complet de poésie, formé du platonisme en amour, du christianisme en mythologie, et du royalisme en politique. […] De tous ceux qui formaient la tribu sainte et militante à ses beaux jours d’ardeur et d’espérance, le plus indépendant, le plus inspiré, et aussi le plus jeune, était M. 

290. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

La lecture et la conversation le formaient. […] Il fallait se former soi-même : dans le monde, dans les lectures, au théâtre, payer de sa personne, et ne pas s’endormir ; hors de soi, ni en soi, on n’avait de souffleur, qui dispensât de la peine.

291. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

C’est le résultat, de dix-huit années de travaux, d’écritures multiples, de prédications incessantes, qui ont formé en lui une faconde toujours claire et coulante. […] Mais Vauquelin prescrit d’être chiche et caut à former des mots nouveaux.

292. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre IX. L’avenir de la Physique mathématique. »

Nagaoka a récemment proposé une explication ; les atomes seraient, d’après lui, formés d’un gros électron positif entouré d’un anneau formé d’un très grand nombre d’électrons négatifs très petits.

293. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Tant de fêtes commémoratives qui formèrent nos spectacles d’enfant, les cérémonies régionales en l’honneur des « héros morts pour la patrie », une telle activité civique n’a pas été assurément sans accentuer le caractère de nos passions et sans en purifier l’objet. […] Quand les qualités d’ordonnance qui forment la base du caractère français (cela apparaît assez dans notre architecture, la symétrie de nos jardins taillés et les lois de notre équilibre, auxquelles se sont toujours soumis nos grands écrivains classiques) ; quand ces qualités d’ordonnance semblaient tout à fait détruites, au contact de poètes allemands si incohérents dans leur frénésie, Zola en garda le goût, et ses romans en portent l’empreinte.

294. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Suscitant le goût de la recherche et de l’érudition, cette curiosité passionnée aboutissait à la découverte de la beauté antique, et il est permis de penser que si cette trouvaille fut par la suite le moyen de l’un des bonds les plus prodigieux de l’esprit humain, elle fut elle-même la conséquence et l’un des effets d’une activité déjà formée et qui avait sa source en elle-même. […] Ainsi, en tous les ordres de l’activité mentale, l’influence de la culture antique a. contraint l’esprit français, au xvie  siècle, à se concevoir quelque peu différent de lui-même, et on ne saurait nier que cette fascination ne se soit fait sentir parfois avec trop de force et au détriment de la civilisation déjà formée qui la subissait.

295. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Transportez-vous dans la Grece au temps où une énorme poutre de bois soutenue sur deux troncs d’arbres équarris formait la magnifique et superbe entrée de la tente d’Agamemnon ; ou, sans remonter si loin dans les âges, établissez-vous entre les sept collines, lorsqu’elles n’étaient couvertes que de chaumières et ces chaumières habitées par les brigands aïeux des fastueux maîtres du monde. […] Où cet homme se serait-il formé l’œil ?

296. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

La masse du sang formée de l’air et des nourritures d’Europe, ne pouvant pas s’allier avec l’air d’Amerique ni avec le chile formé des nourritures de ce païs, elle se dissout.

297. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Cette infection prouve donc qu’il est survenu dans la terre un changement considerable, soit qu’il vienne de ce que la terre n’est plus cultivée comme du temps des Cesars, soit qu’on veuille l’attribuer aux marais d’Ostie et à ceux de l’Ofanté, qui ne sont plus desséchez comme autrefois, soit enfin que cette altération procede des mines d’alun, de souffre et d’arsenic, qui depuis quelques siecles, auront achevé de se former sous la superficie de la terre, et qui présentement envoïent dans l’air, principalement durant l’été, des exhalaisons plus malignes que celles qui s’en échapoient lorsqu’elles n’avoient pas encore atteint le dégré de maturité où elles sont parvenuës aujourd’hui. […] Durant les chaleurs il en sort des exhalaisons qui s’allument d’elles-mêmes et qui forment de longs sillons de feu ou des colonnes de flâme dont la terre est la base.

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