Les notes qu’il a rapportées forment une espèce de carte topographique des sites qu’il avait visités.
C’est un enchaînement de scènes qui prises isolément forment un tout et qui cependant ne peuvent se détacher les unes des autres.
« Le jeune roi, dit Saint-Simon, élevé dans une cour brillante où la règle et la grandeur se voyaient avec distinction, et où le commerce continuel des dames, de la reine-mère et des auteurs de la cour l’avait enhardi et façonné de bonne heure, avait primé et goûté ces sortes de fêtes et d’amusements parmi une troupe de jeunes gens des deux sexes, qui tous portaient et avaient le droit de s’appeler des dames et des seigneurs, et où il ne se trouvait que bien peu, ou même point de mélange, parce qu’on ne peut appeler ainsi trois ou quatre peut-être de médiocre étoffe, qui n’y étaient admis, visiblement, que pour être la force et la parure du ballet par la grâce de leur figure et l’excellence de leur danse, avec quelques maîtres de danse pour y donner le ton. » À ce compte, Molière et Lulli, son compère, étaient lisiblement et uniquement admis, en cette illustre compagnie de jeunes gens et de jeunes dames : « Formés à la grâce, à l’adresse, à tous les exercices, au respect, à la politesse proportionnée et délicate, à la fine et honnête galanterie », parce que, sans le poète et sans le musicien, il n’y avait pas vraiment de divertissement qui fût possible. […] En général, il ne faut pas trop compter sur le parterre ; Molière lui-même, qui l’avait formé, s’y est trouvé pris plusieurs fois ; le parterre de Molière a applaudi sérieusement le sonnet d’Oronte !
L’image proprement dite d’une suppression de tout n’est donc jamais formée par la pensée. […] La raison en est sans doute que négation et affirmation s’expriment, l’une et l’autre, par des propositions, et que toute proposition, étant formée de mots qui symbolisent des concepts, est chose relative à la vie sociale et à l’intelligence humaine.
J’entends un public formé par la bonne société d’une petite ville : les notaires, les avoués, les avocats, les médecins, les négociants. […] Aussi, quand il est formé, a-t-il une solidité de roc dans la routine. […] Une légende s’est formée sur la façon magnifique dont il s’est conduit au théâtre-Déjazet. […] J’avais beau ouvrir les oreilles, tendre l’esprit, répéter tout bas les mots que je saisissais, le sens m’échappait, les paroles tombaient comme des bruits qui s’envolaient, avant d’avoir formé des phrases. […] Grâce à eux, des légendes grotesques se sont formées, l’histoire apparaît aux ignorants comme une parade, avec des paillasses richement vêtus qui tapent des pieds et qui déclament.
Et c’est pourquoi, voulant entièrement répondre à l’idée que la petite Hilda Wangel s’est formée de lui, Solness, bien qu’alourdi par l’âge, promet de grimper jusqu’au sommet de la tour qu’il vient de construire, et d’y attacher lui-même la couronne Il monte au milieu de l’acclamation des foules, a le vertige, chancelle, tombe et s’écrabouille. […] Ç’a été l’une des plus grossières erreurs littéraires de ce temps, de confondre l’énumération des parties avec la peinture, de croire que la juxtaposition interminable de détails, même pittoresques, peut finalement « former tableau », nous rendre sensibles, les vastes spectacles de l’univers physique. En réalité, une description écrite ne se compose et ne s’ordonne dans notre esprit que si l’impression des premiers traits dont elle est formée se prolonge et retentit assez en nous pour que nous les puissions rejoindre aisément à ceux qui la complètent et la terminent. […] Les premiers tableaux sont chargés d’épisodes inutiles, et qui ne sont pas tous clairs comme eau de roche ; le drame finit au cinquième tableau, et les deux derniers forment, non point un dénouement, mais un épilogue dont l’idée philosophique (il doit y en avoir une) reste incertaine.
J’ai souffert qu’elle ait vu les belles compagnies, Les divertissements, les bals, les comédies ; Ce sont choses, pour moi, que je tiens de tout temps Fort propres à former l’esprit des jeunes gens ; Et l’école du monde, en l’air dont il faut vivre, Instruit mieux, à mon gré, que ne fait aucun livre. […] Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie Doit être son étude et sa philosophie. […] Quelque impression que fît cet usage sur le cœur des hommes, toujours était-il excellent pour donner au sexe une bonne constitution dans la jeunesse par des exercices agréables, modérés, salutaires et pour aiguiser et former son goût par le désir continuel de plaire sans jamais exposer ses mœurs. » C’est conformément à ces idées que Sophie, quand elle défie Émile à la course, « retrousse sa robe des deux côtés et, plus curieuse d’étaler une jambe fine aux yeux d’Émile que de le vaincre à ce combat, regarde si ses jupes sont assez courtes… », c’est conformément à ces idées que Rousseau, en proscrivant le théâtre, recommande les bals et souhaite qu’il y en ait d’officiels, présidés par un magistrat, surveillés par les pères et les mères, où « l’agréable réunion des deux termes de la vie donnât à l’assemblée un certain coup d’œil attendrissant, où l’on vît quelquefois couler des larmes de joie et de souvenir capables d’en arracher à un spectateur sensible, et où l’on couronnât la jeune personne qui se serait comportée le plus honnêtement, le plus modestement et aurait plu davantage à tout le monde…5 Une faculté à leur donner, car elles ne l’ont pas ou elles l’ont peu, c’est le don d’observation psychologique, et l’on a vu qu’il leur est absolument indispensable, ou plutôt qu’il est indispensable aux maris qu’elles le possèdent, puisque, manque de connaître les hommes, elles pourraient être séduites par eux.
Il nous semble qu’au lieu de dominer la société, soit en se tenant isolé d’elle, soit l’embrassant, soit par l’action, soit par la critique, il flotte à la surface, recueillant avec sa mémoire toutes les choses qui s’y disent, et reproduisant ces choses avec son imagination ; saisissant une mode, une fantaisie, un goût éphémère au passage, et y attachant un livre, soit de vers, soit de prose, qui dure autant qu’une fantaisie, une mode, un goût du jour, feuilles légères qu’il jette dans un ruisseau formé par une pluie soudaine, et qui n’ira pas plus loin que ce ruisseau ni plus longtemps que cette pluie. […] Dans son théâtre, Marion Delorme et Hernani, ses deux premiers ouvrages, sont incomparablement les meilleurs ; les quatre derniers, non seulement valent beaucoup moins que les premiers, mais encore sont d’une infériorité progressive, et forment quatre degrés de la chute.
Mais, à travers ses relations resserrées avec ses amis de France, Naudé, tout occupé de former la bibliothèque du cardinal Mazarin, s’absentait encore pour de longs et nombreux voyages en Flandre, en Suisse, en Italie de nouveau, en Allemagne, rapportant de chaque tournée des milliers de volumes et des voitures tout entières.
Les Allemands sont doués des qualités les plus excellentes et des lumières les plus étendues ; mais c’est par les livres que la plupart d’entre eux ont été formés, et il en résulte une habitude d’analyse et de sophisme, une certaine recherche de l’ingénieux qui nuit à la mâle décision de la conduite.
« Souvent, pendant que ses brebis, couchées à l’ombre, évitent l’ardeur du soleil, elle grave des chiffres amoureux sur l’écorce des lauriers et des hêtres ; elle y retrace l’histoire et les malheurs de sa flamme ; en parcourant les traits que sa main a formés, un torrent de larmes inonde ses joues.
Il ne pensait pas à lui-même, et au bout d’un quart d’heure il entama, sur le même ton, une histoire bien plus longue sur une campagne du maréchal Masséna, où il avait formé son bataillon en carré contre je ne sais quelle cavalerie.
J’y copiais, dit-il, pour me former la main et le goût, les chefs-d’œuvre de l’histoire de Galatée dont Raphaël embellissait les murailles.
Et vos enfants au loin épars sur la pelouse, Et votre époux absent et sorti pour rêver, J’entre pourtant ; et Vous, belle et sans vous lever, Me dites de m’asseoir ; nous causons ; je commence À vous ouvrir mon cœur, ma nuit, mon vide immense, Ma jeunesse déjà dévorée à moitié, Et vous me répondez par des mots d’amitié ; Puis revenant à vous, Vous si noble et si pure, Vous que, dès le berceau, l’amoureuse nature Dans ses secrets desseins avait formée exprès Plus fraîche que la vigne au bord d’un antre frais, Douce comme un parfum et comme une harmonie ; Fleur qui deviez fleurir sous les pas du génie ; Nous parlons de vous-même, et du bonheur humain, Comme une ombre, d’en haut, couvrant votre chemin De vos enfants bénis que la joie environne, De l’époux votre orgueil, votre illustre couronne ; Et quand vous avez bien de vos félicités Épuisé le récit, alors vous ajoutez Triste, et tournant au ciel votre noire prunelle : « Hélas !
Le 1er octobre il écrivait contre lord Godolphin, grand-trésorier, la Baguette de Sid-Hamet, et le 4 octobre, introduit auprès de Harley, qui était avec Saint-Jean, le chef des Tories, et qui touchait au pouvoir, il s’engagea à servir le ministère qu’il allait former et conduire.
Job plie la tête sous les questions de Jéhovah lui demandant, « du sein de la tempête », s’il sait comment se forment « les arsenaux de la grêle » et de quel arc partent les éclairs. — « Je suis un néant, que te répondrai-je ?
Les groupes se forment entre inconnus pour s’entretenir à voix émue des circonstances de cet événement.
Coupant alors le tronc à peu de distance de la racine, j’en polis la surface avec le rabot, je le ciselai avec soin, je l’alignai au cordeau, j’en formai la base du lit ; je le perçai des deux côtés avec la tarière.
La partie qui reste de son ouvrage, et qui formera deux autres volumes, nous relèvera le cœur, puisqu’elle relèvera la France de rabaissement continu auquel nous la voyons réduite dans les deux premières.
Son courage ou son manque de courage est visible dans la parole dont il se sert, dans les opinions qu’il s’est formées, non moins que dans les coups qu’il porte… Il est un et il exprime son même soi (the same self) dans toutes ses manifestations. » Eh bien, ce n’est pas l’emploi fier de cette théorie à outrance qui de deux mondes (le monde de la volonté libre et réfléchie et le monde de l’intelligence spontanée) n’en fait qu’un seul pour l’offrir à Shakespeare ; ce n’est pas cela tout à fait qu’on peut reprocher à François Hugo.
Ainsi se formèrent jadis les grands empires asiatiques.
Mais de l’une à l’autre des deux impulsions, de l’un à l’autre des deux courants, il se fit des échanges qui formèrent le grand fleuve d’unité classique. […] Puis on regarde davantage et, si je puis dire, on écoute, on voit ces ardeurs fauves s’entendre, s’accorder, former un ensemble, une symphonie de cuivre, tandis que les relie, comme une ligne directrice de thèmes, le modelé seulement exprimé, lui aussi, par les couleurs.
Madame Lauters a une voix superbe, mais je crains bien qu’elle ne réussisse jamais à l’utiliser que dans les œuvres de pacotille. » Quelle opinion voulez-vous que se forment de la presse les artistes, ses justiciables, et les lecteurs, ses clients, en voyant deux hommes qui savent à fond les choses dont ils parlent, affirmer le blanc et le noir avec la même chaleur convaincue, s’enthousiasmer et se fâcher absolument pour les mêmes motifs ? […] mon cher monsieur Viennet, l’image est fausse, puisque les rayons accouplés forment saillie.
Tandis que se dévoilent laborieusement leurs âmes contradictoires, plus artificielles et formées de plus violentes antithèses que celles de Triboulet ou de Lucrèce Borgia, un Parisien de Paris (ce n’est pas moi) hésite entre l’admiration éperdue (car il est né confiant, grand amateur des choses étrangères) et la raillerie la plus irrévérencieuse quand par hasard il ose se reprendre… Ce qu’on en peut dire de mieux, c’est que ce sont des fous. […] Pour eux, se mettre en colère, se venger, voler, tuer, séduire une femme, etc. — c’est-à-dire commettre tous les actes qui forment nécessairement la trame des pièces de théâtre, — cela s’appelle proprement « pécher ». […] C’est ainsi que le plus ou moins de science ou d’ignorance, le plus ou moins de sensualité ou de sentimentalité, ce qu’il peut y avoir, chez une vierge, d’instinctif ou de conscient, les mystères du corps et ceux de l’esprit, forment des mélanges et des combinaisons, fort agréables à regarder, mais souvent difficiles à définir… Et c’est à cause de cette variété de la flore humaine qu’il fait bon, en somme, habiter la terre…) Molière a largement et puissamment décrit deux types extrêmes : Agnès et Henriette, celle qui ne sait rien et celle qui sait tout. […] (Cette brutale exclamation, cette naturelle remontée d’ignoble colère aux lèvres molles du vieux suiveur correct et décoré, ne m’eût choqué en aucune façon, si elle n’eût quelque peu détonné avec la scène précédente, qui est presque trop « écrite ». ) Entre alors Zizine Putois, le petit trottin, nez retroussé, dents de loup, cheveux sur les yeux, grêle et pourtant déjà formée, le parler gras, — comme les pavés où elle a poussé, — fleur de ruisseau, vierge et pourrie, mais gardant encore dans son vice (elle a quatorze ans) des étonnements et des gentillesses de petite fille. « C’est rien chouette, ici !
Un passage des Lettres semble indiquer qu’elle fut mise au couvent des Nouvelles Catholiques ; mais c’est surtout dans le monde qu’elle se forma.