A ce défaut de jeunesse près, dont il sera facile à cet Auteur de se corriger, on peut dire que son Discours annonce un talent qui n’a besoin que d’être cultivé pour égaler celui des grands modeles.
Charron, [Pierre] Théologal de la Cathédrale de Condom, né à Paris en 1541, mort subitement dans une rue de la même ville, en 1603 ; génie profond & facile qui tenoit de celui de Montagne, son ami.
Un esprit éclairé, une raison droite, une littérature étendue, une théologie lumineuse, un style pur, facile, & souvent élégant, sont les principaux traits qui dominent dans ses Ouvrages, dont la plupart ont pour objet la défense de la Religion contre les attaques des Incrédules.
Aujourd’hui on sait seulement qu’il a écrit, sans qu’on se donne la peine de lire ses Ouvrages, qui déplaisent par la prolixité du style, quoique l’élocution en soit facile & nombreuse.
Les préceptes n’en sont ni fins ni nouveaux ; tout ce qu’on peut dire, c’est que la versification en est facile & correcte, sans que ces deux qualités puissent faire oublier qu’elle manque de noblesse & d’élégance.
La Banque rendue facile par Giraudeau, in-4°., à Genève, peut leur être très-utile, ainsi que les Opérations des changes des principales villes de l’Europe, Lyon, in-8°. 1765.
Après des études rapides, mais qui laissèrent une trace durable dans cette facile et spirituelle intelligence, le jeune Saint-Arnaud entra en 1815, à dix-sept ans, dans les gardes du corps ; sa jeunesse fut vive et orageuse. […] La politique intérieure de la France, les fautes des assemblées et celles des dictateurs provisoires sont saisies dans les lettres de Saint-Arnaud avec un bon sens net, qui était assez facile d’ailleurs à qui restait en dehors et loin de la mêlée. […] Ce premier mouvement, qui semblait naturellement indiqué, n’était pourtant pas aussi facile, les Russes même y consentant, qu’il le semblait à Paris aux promeneurs du boulevard ; l’armée n’avait au plus de biscuits que pour dix jours : De Varna à Silistrie, disait le maréchal (24 juin 1854), sur toutes les routes, peu ou point d’eau… quelques puits sans cordes et sans seaux. […] Mais, tandis qu’il agissait en conséquence de ces données, les Russes se dérobaient à une trop facile bataille et, le 27 juin, le maréchal écrivait de Varna : Je suis à Varna depuis trois jours, et les oiseaux sont dénichés. […] Tous ces projets sont beaux et faciles à faire en imagination et en prenant du thé à Paris ou buvant du champagne72.
C’est le quartier-général, en effet, la discipline seule qui de bonne heure a manqué à ces recrues généreuses et faciles, à ces ardentes levées de bande qui eurent leur coup de collier chacune, mais qui, trop vite, la plupart, ont plié. […] Mais ce qui sauva surtout Nodier et le lira hors de pair d’entre tous ces faux modèles secondaires auxquels il faisait trop d’honneur en s’y attachant, et qui ne devaient bientôt plus vivre que par lui, c’est tout simplement le talent, le don, le jeu d’écrire, la faculté et le bonheur d’exprimer et de peindre, une plume riche, facile, gracieuse et vraiment charmante, et le plaisir qu’il y a, quand on en est maître, à laisser courir tout cela. […] La venue d’Hoffmann et son heureuse naturalisation en France durent imprimer à l’imagination de Nodier un nouvel ébranlement, une toute récente émulation de fantaisie ; la lecture du Majorat le provoqua peut-être ou ne nuisit pas du moins à Inès ou à Lydie ; le Songe d’or, ou la Fée aux Miettes, purent également se ressentir de contes plus ou moins analogues ; mais n’avait-il pas, sans tant de provocations du dehors, cette autre lignée bien directe au coin du feu, cette facile descendance du bon Perrault et de M. […] La clarté facile et la grâce mélodieuse distinguent ce petit nombre de vers de Nodier ; et il s’étend même assez souvent avec complaisance sur ce chapitre des qualités naturelles, pour qu’on y puisse voir sans malice une leçon insinuante à ses jeunes amis. […] Peu m’importe que la pensée Qui s’égare en objets divers, Dans une phrase cadencée Soumette sa marche pressée Aux règles faciles des vers ; Ou que la prose journalière, Avec moins d’étude et d’apprêts, L’enlace, vive et familière, Comme les bras d’un jeune lierre Un orme géant des forêts ; Si la manière en est bannie Et qu’un sens toujours de saison S’y déploie avec harmonie, Sans prêter les droits du génie Aux débauches de la raison.
L’algèbre, dont le nom n’effraye plus, n’est qu’une arithmétique plus générale que celle des nombres, aussi claire et plus facile ; ce ne sont que les mêmes opérations, mais plus simples. […] On n’oriente ni les édifices publics ni les édifices particuliers, on ne trace ni méridienne ni cadrans sans éléments d’astronomie ; il est cependant plus important de connaître les lois et les mœurs de son pays que la théorie de la lune ou des comètes, mais les sciences sont si faciles de nos jours, et les enfants ont tant de temps devant eux ! […] L’étude en est utile, agréable et facile. […] Le moraliste Euripide est facile et clair, mais encore faut-il être en état de suivre la marche d’un ouvrage dramatique pour en profiter. […] Son style est toujours nombreux, sa langue pure, élégante et claire, par conséquent facile à entendre, autant que les langues à inversions ou transpositions de mots, presque arbitraires, peuvent l’être.
Tout le travail que je viens de recommander deviendrait singulièrement facile, et l’invention recouvrerait une surprenante fécondité, si l’on prenait les mots pour ce qu’ils sont, pour des signes, et si l’on s’accoutumait à leur substituer toujours les choses signifiées.
Il a préféré l’abondance des images, la vivacité des descriptions, & sur-tout la multiplicité des détails, à cette sage sobriété, à ce style moëlleux & facile que le goût inspiroit lui-même aux Virgile & aux Horace.
Son Drame en Vers libres d’Abeilard & d’Héloïse, n’est point fait pour être représenté ; sa Tragédie de Térée, en cinq actes, ne l’a jamais été ; mais on remarque dans ces deux Pieces une versification facile & quelquefois pleine de chaleur.
Peintre vigoureux & facile, son coloris, il est vrai, est sec & rembruni ; mais ce défaut n’empêche pas qu’il ne l’emporte de beaucoup sur le commun des Moralistes, & ne s’éleve même au rang des plus éloquens & des plus substantiels.
Fût-il d’Hector ou d’Alexandre, Est aussi facile à répandre Que l’est celui du plus bas rang ; Que, d’une force sans seconde, La Mort sait ses traits élancer, Et qu’un peu de plomb peut casser La plus belle tête du monde ; Qui l’a bonne y doit regarder.
Ce temps est d’environ six ans : on y joint vers la fin quelque connaissance très superficielle du grec : on y explique, tant bien que mal, les auteurs de l’antiquité les plus faciles à entendre ; on y apprend aussi, tant bien que mal, à composer en latin ; je ne sache pas qu’on y enseigne autre chose. […] Mais en attendant cette réforme, dont nos neveux auront peut-être le bonheur de jouir, je ne balance point à croire que l’éducation des collèges, telle qu’elle est, est sujette à beaucoup plus d’inconvénients qu’une éducation privée, ou il est beaucoup plus facile de se procurer les diverses connaissances dont je viens de faire le détail. […] u e r uerevivi J’écris ensuite i a b c q i b c b i e i e a c, et je lis uterque revivit, les lettres manquantes étant faciles à suppléer. […] Il ne suffit pas au style de l’orateur d’être clair, correct, propre, précis, élégant, noble, convenable au sujet, harmonieux, vif et serré, il faut encore qu’il soit facile, c’est-à-dire, que la gêne de la composition ne s’y laisse point apercevoir. […] Les préfaces de Racine sont faiblement écrites ; celles de Corneille sont aussi excellentes pour le fond des choses, que défectueuses du côté du style ; la prose de Rousseau est dure, celle de Despréaux pesante, celle de La Fontaine insipide ; celle de La Motte est à la vérité facile et agréable, mais aussi La Motte ne tient pas le premier rang parmi les versificateurs.
L’Amour par eux m’a rendu sa puissance… Par eux, c’est-à-dire par tes attraits : on n’a jamais fait plus difficilement un vers moins facile. […] Je suis trop poli pour dire ce que je pense de cette manière d’interpréter les écrits, d’user et d’abuser de quelques paroles plaintives, et après tout senties, de poète et d’artiste ; je croyais que M. de Pontmartin laissait ce procédé trop facile et trop simple à M. […] C’est facile, coulant ; l’auteur a une fluidité nuancée et spirituelle de détail, mais aucune résistance ni solidité de jugement, aucune proportion dans sa mesure des talents et dans la comparaison des ouvrages, aucune fermeté, aucun fond.
Tous les gouvernements ayant eu leurs lois de septembre, et les hommes qui les avaient combattues ce jour-là étant venus depuis, à leur tour, proposer les leurs sous le coup de la nécessité, il est plus facile aujourd’hui d’en bien juger et de s’en rendre compte avec impartialité. […] Il se plaisait à indiquer que le ministère dont il était chef, que lui-même en particulier, prenait volontiers sur lui tout l’odieux des lois proposées, et que d’autres recueilleraient un jour le fruit plus facile de ces rudes journées de lutte et de labeur. — « On nous fera responsables, on s’attaquera à nous, nous deviendrons le bouc émissaire de la société ; soit. » Il en prenait hautement son parti, et d’un ton demi-railleur, accentué de dédain, il faisait beau jeu à l’avance aux amis douteux ou aux adversaires : Pendant ce temps, disait-il, les périls s’éloigneront ; avec le péril, le souvenir du péril passera, car nous vivons dans un temps où les esprits sont bien mobiles et les impressions bien passagères. […] Ce double dédain est rare et lui semble facile ; c’est ici qu’on pourrait trouver que la hauteur de cœur et un reste de hauteur de race se confondent en lui.
Sa plume facile et spirituelle court dans le feuilleton avec la faconde d’un avocat mérydional. […] Balzac dit quelque part que « il est facile de conclure de la chambre à l’habitant de la chambre » […] — Il est facile de conclure de cette inscription à l’un des caractères le plus fortement accusés de la population toulousaine : le pédantisme. — Ne serait-ce pas à cette inscription que Toulouse doit d’être connue, à Villefranche et dans le reste de l’Europe, sous le nom flatteur de Toulouse la savante ?
À distance, l’image de la douleur qu’on impose paraît vague et confuse, telle qu’un nuage facile à traverser ; on est encouragé par l’approbation d’une société toute factice, qui supplée aux principes par les règles et aux émotions par les convenances, et qui hait le scandale comme importun, non comme immoral, car elle accueille assez bien le vice quand le scandale ne s’y trouve pas ; on pense que des liens formés sans réflexion se briseront sans peine.
Parler d’elle dignement et en toute nuance semblerait sans doute à bien des égards la tâche toute naturelle et facile d’une autre plume aussi délicate que sérieuse, si la pudeur filiale n’était pas la première des délicatesses. […] Aussi Mme d’Houdetot disait-elle souvent : Les plaisirs m’ont quittée, mais je n’ai point à me reprocher de m’être dégoûtée d’aucun. — Cette disposition la rendait indulgente dans l’habitude de la vie, et facile avec la jeunesse. […] Naturellement expansive et d’un abandon facile, elle n’eut pas plus tôt retrouvé Mme de Vergennes, qu’elle ne ménagea point l’arriéré des récits et toutes sortes de confidences. […] Il est plus facile, croyez-moi, d’abandonner son cœur à l’amour et au repos dans la retraite, que de servir Dieu dans le monde ; c’est l’œuvre aussi d’une vraie piété d’y parvenir en cette dernière voie… Gravez au dedans de vous-même cette première vérité, que la religion veut l’ordre avant tout, et que, puisqu’elle a permis et consacré l’établissement des sociétés, elle se plaît à encourager tous les devoirs qui concourent à les maintenir… Mais surtout chassez de votre esprit cette erreur, que les peines seules peuvent nous rendre agréables à Dieu.
. — Même remarque pour le son papa papa, qu’elle a dit d’abord plusieurs fois au hasard, et d’elle-même, qu’on lui a répété cent fois pour le lui fixer dans la mémoire, et qu’elle a fini par dire volontairement, avec une exécution facile et sûre (toujours sans en comprendre le sens), comme un simple gazouillement qu’il lui est agréable de faire. — En somme, l’exemple et l’éducation n’ont guère servi qu’à appeler son attention sur des sons que déjà elle ébauchait ou trouvait d’elle-même, à provoquer leur répétition ou leur achèvement, à diriger de leur côté sa préférence, à les faire émerger et surnager dans la foule des autres sons semblables. […] Papa a été prononcé pendant plus de quinze jours, sans intention, sans signification, comme un simple ramage, comme une articulation facile et amusante. […] 1º Bête. — C’est là une de ses premières généralisations faciles, promptes et nettes. […] Tant qu’il n’y eut dans le troupeau que des moutons et des vaches, la combinaison béé-mou-ou suffisait ; mais quand le troupeau renferma des animaux d’une autre espèce, les sons distincts qui les désignaient durent être évités avec un soin particulier, parce qu’ils auraient produit des méprises. — De même encore, il était assez facile d’imiter les cris du coucou et du coq, et les sons coucou, coq pouvaient être employés comme les signes phonétiques de ces deux oiseaux.
De là la médiocrité — pour ne pas dire plus — de la plupart des pièces ; ce qui guide avant tout l’auteur, c’est le désir patent, que, dans sa pièce, le grand acteur à qui il la destine rencontre tout ce qui peut lui plaire, c’est-à-dire tout ce qui peut lui offrir des effets faciles et bien dans sa nature, flatter ses goûts personnels, même ses manies. […] Il pourrait être la meilleure et la plus féconde école, s’il n’était asservi à la triste condition d’être un délassement d’hommes fatigués par la journée et un plaisir facile ne détournant pas le sang des organes de la digestion. […] Le théâtre, à Paris, est fréquenté par les étrangers, qui ne sont pas blasés sur les plaisirs faciles, par des jeunes gens, qui, n’ayant pas de famille, tuent leurs soirées dans les salles de spectacle, et par les personnes qui, ayant l’habitude de se coucher tard, se réfugient dans les endroits où il y a de la lumière et du bruit. […] Il y eut, dans l’emploi des trucs, ou, plus simplement, dans l’exhibition des costumes, des toilettes et des décors, une manière facile de flatter les plus vulgaires instincts des foules ; on ne manqua pas d’user de ce moyen.
L’orateur le plus spirituel et le plus facile de nos grandes assemblées15 disait un jour de lui par une ironie légère : « Quand je considère intuitivement, comme dirait M. de Tocqueville… » Voilà pour le dehors ; mais de près, dans un cercle moindre, devant un comité, dans une Académie, il reprenait tous ses avantages, toutes ses distinctions, netteté, finesse, nuance, une expression ferme et décisive, une pensée continue, un accent ému et vibrant donnant la note de l’âme. […] … Mon esprit s’épuise à concevoir une notion exacte de cet objet… » Il y a assurément de l’excès dans cette méthode scrutatrice, et bien des horizons plus ouverts et souvent plus faciles à atteindre qu’on ne se l’imagine se ferment devant elle3.
Facile jusqu’à un certain point, plus facile assurément que presque tout ce qui est dans l’intervalle, complet en lui-même, ayant sa langue à lui, son vocabulaire et ses formes d’expression, comme il a son Olympe et son monde, il promet d’entières et sûres jouissances à quiconque aura la volonté de l’aborder et de le posséder.
Ce Vénitien, issu de sang espagnol, qui compte dans sa généalogie force bâtards, religieuses enlevées, poètes latins satiriques, compagnons de Christophe Colomb, secrétaires de cardinaux, et une mère comédienne ; ce jeune abbé, qui débute fraîchement comme Faublas et Chérubin, mais qui bientôt sent l’humeur croisée de Lazarille et de Pantalon bouillonner dans sa veine, qui tente tous les métiers et parle toutes les langues comme Panurge ; dont la vie ressemble à une comédie mi-partie burlesque et mi-partie amoureuse, à un carnaval de son pays qu’interrompt une atroce captivité ; qui va un jour visiter M. de Bonneval à Constantinople, et vient à Paris connaître en passant Voisenon, Fontenelle, Carlin, et être l’écolier du vieux Crébillon ; ce coureur, échappé des Plombs, mort bibliothécaire en un vieux château de Bohême, y a écrit, vers 1797, à l’âge de soixante et douze ans, ses Mémoires en français, et dans le meilleur et le plus facile, dans un français qu’on dirait naturellement contemporain de celui de Bussy. […] A ceux qui ont toujours dans leur poche et souvent dans leurs mains le petit Horace Elzevir non expurgé par Jouvency, à ceux qui savent par cœur les épigrammes salées de Catulle et de Martial, les vers de Solon, qui citent volontiers certains passages d’Ovide et de Tibulle, et les fredaines du Lucius d’Apulée, qui suivent sans répugnance la naïve Chloé dans la grotte des Nymphes, faciles nymphæ risere ; à ceux que notre vieille littérature grivoise et conteuse ne rebute pas, qui se dérident à La Fontaine, qui se délectent aux Amours des Gaules, qui ne perdraient pas une ligne des Mémoires de Choisy, si tout le manuscrit de l’Arsenal était imprimé ; à ceux que les premières pages des Confessions n’irritent nullement, que les lettres de Diderot à Mlle Yoland enchantent sans réserve, qui en aiment jusqu’aux propos de madame d’Aine, jusqu’aux allusions insinuantes de Diderot comptant les arbres de ses vordes chéries : à ceux-là, loin de le défendre, nous conseillerons plutôt Casanova ; ce ne sera pas pour eux une dangereuse nouveauté ni un scandale attrayant, ce sera un tableau de plus, non le moins vif et le moins varié, dans le réfectoire de leur abbaye de Thélème. — Un jour, durant l’année que le docte Saumaise passa à Stockholm près de la reine Christine, comme il avait la goutte et gardait le lit, la reine le vint visiter ; or, en ce moment, pour se désennuyer et tromper son mal, le grave commentateur lisait un livre très agréable, mais assez leste (perfacetum guidem, at subturpiculum), Le Moyen de parvenir, de Béroalde de Verville.