/ 2639
1515. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Quand le public décide sur leurs ouvrages, il porte son jugement sur un objet, qu’il connoît en son entier et qu’il voit par toutes ses faces.

1516. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Fontanes lui faisait recommencer des pages entières ; il refit même des passages qu’un anonyme lui signala.‌

1517. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Transporté de honte pour le compte du genre humain, cet homme, qui était un écrivain du talent le plus élevé, résolut d’arracher, dans la mesure de ses forces, Christophe Colomb à la destinée de silence et d’ingratitude qui pesait depuis près de quatre siècles sur sa mémoire, et qui avait mis la grandeur de l’oubli en proportion avec la grandeur du service rendu par lui au monde tout entier.

1518. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

II En baisse comme la littérature tout entière de cette année 1863, le roman de Sibylle est un des moins réussis que Feuillet ait publiés jusqu’à ce moment.

1519. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

J’ai parlé de son éloquence, elle est connue ; en général ce n’est pas une éloquence de mots et d’harmonie, c’est une éloquence d’idées qui se succèdent et se heurtent ; il semble partout que la pensée se resserre pour occuper moins d’espace ; on ne la prévient jamais, on ne fait que la suivre ; souvent elle ne se déploie pas tout entière, et elle ne se montre, pour ainsi dire, qu’en se cachant.

1520. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

La deuxième, l’autorité héroïque, appartient tout entière aux formules solennelles des lois.

1521. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Tout homme que je rencontre, et encore plus toute femme, croirait manquer au plus indispensable des devoirs, si elle ne m’adressait un long et ingénieux discours à ma gloire. » Présenté à Versailles, le futur Louis XVI âgé de dix ans, le futur Louis XVIII âgé de huit ans et le futur Charles X âgé de quatre ans, lui récitent chacun un compliment sur son livre  Je n’ai pas besoin de conter le retour de Voltaire, son triomphe, l’Académie en corps venant le recevoir, sa voiture arrêtée par la foule, les rues comblées, les fenêtres, les escaliers et les balcons chargés d’admirateurs, au théâtre une salle enivrée qui ne cesse de l’applaudir, au dehors un peuple entier qui le reconduit avec des vivats, dans ses salons une affluence aussi continue que chez le roi, de grands seigneurs pressés contre la porte et tendant l’oreille pour saisir un de ses mots, de grandes dames debout sur la pointe du pied épiant son moindre geste501. « Pour concevoir ce que j’éprouvais, dit un des assistants, il faudrait être dans l’atmosphère où je vivais : c’était celle de l’enthousiasme. » — « Je lui ai parlé », ce seul mot faisait alors du premier venu un personnage. […] Au mois de mars 1789, dès l’ouverture des assemblées de bailliage, le clergé tout entier, la noblesse presque tout entière, bref le corps des privilégiés, renonce spontanément à ses privilèges en fait d’impôt.

1522. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Et voilà l’homme qu’un siècle entier a appelé philosophe ! […] XXVI La justice produit naturellement l’instinct de l’égalité entre les hommes devant Dieu et devant la société morale ; c’est-à-dire que la conscience dit à l’homme : L’homme, ton semblable, a les mêmes droits moraux que toi devant le même père, qui est Dieu, et devant la même mère, qui est la société génératrice et conservatrice de l’humanité tout entière. […] à l’humanité tout entière.

1523. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

La grandeur du jansénisme est tout entière dans sa morale. […] Mais doit-on oublier que c’est là un des expédients nécessaires par lesquels s’est faite l’adaptation du christianisme à son rôle de religion universelle, et que ces subtilités de procédure théologique qui aboutissent à tourner la loi par la considération des espèces, ont l’avantage de laisser théoriquement entier l’idéal chrétien ? […] Pascal a conduit cette originale tentative avec une rare témérité, une entière ignorance de l’histoire et de la philologie, et une volonté décidée de faire sortir des textes la vérité qui lui plaisait : il ne pouvait se douter que de la méthode qu’il indiquait, appliquée avec la rigueur impartiale de la science, devait sortir la condamnation de sa croyance.

1524. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Par là seulement il n’a pas péri tout entier sous le ridicule d’avoir traduit et abrégé en barbare l’Iliade d’Homère, traité de futilité la poésie tout en faisant des volumes de vers, mis en prose les vers de Mithridate, essayé de l’ode sans vers. […] Elle veillait seule en lui, quand toutes les autres facultés de son âme sommeillaient, ou plutôt elle était son âme tout entière, réveillée par quelque apparition des beautés admirées toute sa vie et qu’il s’était comme incorporées. […] C’est la raison qui tantôt se fait petite, humble, incapable, pour décliner sa compétence en matière de religion ; tantôt reconnaît généreusement son impuissance, et s’emploie tout entière à se convaincre de la nécessité d’abdiquer dans la foi ; tantôt se présente comme un état suspensif de l’esprit, en face de toutes les affirmations contradictoires, et conseille, comme règle de conduite, la tolérance.

1525. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Les autres hommes, les groupes, le monde entier se condense ainsi dans chaque esprit et par là, tend à s’organiser. […] La déviation est particulièrement net le quand la morale partielle (professionnelle ou autre) veut se faire passer pour la morale entière. […] Ce n’est pas trois êtres, c’est une infinité d’êtres dont elle veut ne faire qu’un être, des êtres qui, par cela seul qu’ils existent, sont ennemis et se combattent dans notre société entière, et jusque dans l’intimité du moi de chacun de nous.

1526. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Rappelons-nous d’abord que, si nous n’avions que l’ouïe, sans aucun autre sens, les phénomènes extérieurs ne pourraient pénétrer en nous qu’en tant que phénomènes sonores et la sensation de l’ouïe serait pour nous ce que Protagoras appelait la mesure de toutes choses ; si nous n’avions que des yeux, tout prendrait nécessairement la forme lumineuse, le monde entier ne serait, comme dit Helmholtz, qu’un « phénomène lumineux », une immense aurore boréale, ou il échapperait nécessairement à nos prises91. […] Cette impression est facile à reconnaître, quoique impossible à définir, comme toute impression, et elle nous devient d’autant plus familière que notre vie entière est une série de changements ou de transitions plus ou moins brusques provoquant attention et appétition. […] III Part du sujet et apport de la conscience Si nous ne pouvons saisir en nous la pensée absolument pure et séparée de tout organe qui, pour Platon même et Aristote, était plutôt divine qu’humaine, ce n’est pas à dire que Inintelligence puisse s’expliquer tout entière par un mécanisme passif, comme le croient les sensualistes de nos jours.

1527. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Les images, les mots que le génie inspire, Où l’univers entier vit, se meut et respire, Source vaste et sublime et qu’on ne peut tarir, En foule en son cerveau se hâtent de courir. […] On voit que le poète s’est mis tout entier dans son œuvre avec son goût pour les grands problèmes, sa haute culture scientifique, avec tout son talent et aussi son entière sincérité.

1528. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Après tout nous plaidons la cause de tout le monde : le public tout entier est plus ou moins notre client. […] « Il n’y a d’autres règles que les lois générales de la nature qui planent sur l’art tout entier, et les lois spéciales qui, pour chaque composition, résultent des conditions d’existence propres à chaque sujet25. » C’était presque la phrase de Montesquieu : « Les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des êtres26. » Mais si nos préfaces parlent toujours ainsi, qui lira nos préfaces ? […] La seule différence par où elle se sépare du xviiie  siècle, c’est qu’elle voulut élargir le cercle de l’imitation et copier la nature entière.

1529. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Balzac, avec lequel la littérature du xixe  siècle n’en a jamais fini et qui pourrait la remplir tout entière à lui seul, avait vu cette grandeur et l’avait dilatée avec la puissance d’un génie qui inventait trop dans l’Histoire pour se contenir dans l’étreinte d’une exacte réalité. […] … Malheureusement, dans l’Histoire de Philippe II, on retrouve tout entier l’historien des Ducs de Guise. […] Il raconte cette révolte et cette guerre des Flandres, qui remplissent ce deuxième volume presque tout entier, avec ce ferme et sobre esprit politique que rien n’entraîne et que rien n’échauffe, et qui est, à lui, son genre de supériorité.

1530. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Mais après Proudhon, qui n’a pas eu son heure entière, mais qui l’aura peut-être un jour, demandez-vous ce qu’il y al Il n’y a rien ni personne : ni gouvernements, ni organisations, ni Révolutions, ni Communes. […] Seulement, et ceci est d’un ragoût délicieux, l’homme apparaît, et, je l’ai dit, le bonhomme, et je pourrais ajouter le gros bonhomme, à travers cet effroyable révolutionnaire qui compte bien faire sauter un de ces jours la société tout entière : religion, lois et mœurs ! […] La Correspondance et la Pornocratie suffisent pour remplacer l’étude spéciale projetée et montrer amplement ce qu’étaient devenues la métaphysique et la morale, c’est-à-dire la Philosophie tout entière, dans une tête Conformée ou plutôt déformée comme celle de Proudhon.

1531. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Madame Gervaisais est l’histoire de la conversion religieuse d’une âme, l’histoire du lent envahissement, pied par pied, pouce par pouce, ligne par ligne, de cette âme dite philosophique et que le catholicisme prend tout entière et emporte… Un tel sujet, assurément, peut être intéressant, mais cela est presque de la nosographie. […] Le livre tout entier n’est qu’un hors-d’œuvre de la conception première. […] Assurément, La Faustin n’inclinera pas beaucoup les cœurs vers les femmes de théâtre, mais, malgré l’exécration du dénouement qui brusque trop tôt un livre qu’il aurait fallu développer et creuser davantage, le roman de la comédienne — à elle seule plus dangereuse peut-être que tout ce que Bossuet et Rousseau ont dit de la comédie tout entière ! 

1532. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Le siècle suivant lui appartient tout entier en Allemagne. […] Mais Molière ne s’est pas donné la peine de le justifier par la conduite tout entière de sa comédie. […] Nous le connaissons tout entier, après que la toile est tombée sur son châtiment : nous avons fait le tour de ses vices. […] Le public tout entier répéterait : C’est sa prévention ! […] Maubant a dit toute la scène avec une simplicité, pleine de pathétique, qui a remué la salle tout entière.

1533. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Il était à peine dix heures et demie ; et elle fut prise d’une peur horrible de cette nuit entière à passer là. […] Elle voulait être là tout entière, chez elle, dans sa tendresse, en comprenant enfin quel malaise jaloux ce monstre bâtard lui causait depuis longtemps. […] Souvent il s’embusquait, des heures entières, immobile, derrière un arbre où le jardinier lui avait signalé une petite mésange à tête bleue. […] Et cette ombre, qui s’enlevait presque entière, énorme, sur la lumière du ciel oriental, était terrible ! […] L’univers tout entier n’est qu’un miracle qui dure.

1534. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Et qu’il ne s’y trompe pas, les manifestations de nos âmes ne sont pas des actes indifférents : c’est la vie même de l’humanité, sa vie entière, son passé et son avenir. […] Il y aurait peut-être beaucoup à ajouter à ces lignes qui ne le définissent pas tout entier, il n’y aurait rien à en supprimer. […] On n’a pas manqué de lui reprocher cet exclusivisme ; on lui a demandé pourquoi sa galerie était prise toute entière dans les classes supérieures. […] Dumas nous dira qu’il n’a pas eu l’intention de faire entrer le monde entier dans son théâtre. […] -M. de Vogüé appartient tout entier à cette lignée d’écrivains qui dirigent leur attention sur le maniement des affaires humaines.

1535. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Nous écrivons, comme nous sentons, comme nous pensons, avec notre corps tout entier. […] Dès qu’il commence à écrire, Jean-Jacques change de caractère ; sa sensibilité tout entière passe dans son style. […] L’antithèse par phrases entières ; II. […] Enfin Heredia vint … Il n’est pas douteux que tel sonnet de M. de Heredia ne vaille tel volume entier de vers libres. […] Il s’est incorporé une vaste matière nouvelle ; il s’est annexé la nature entière.

1536. (1900) Molière pp. -283

Molière ne s’est senti tout entier lui-même, il ne s’est senti bien à l’aise, bien au large, que dans les farces poussées aux dernières limites de l’extravagance et de la grossièreté sans loi. […] Prenez par exemple la pièce de Sganarelle ; rien de plus simple : une jeune fille laisse tomber un portrait, un mari jaloux le ramasse, toute la pièce tourne là-dessus, la voilà tout entière. […] Il y a des écrits très bien faits et très savants, où vous trouverez accumulés nombre de ces exemples de sujets tout entiers pris par Molière à ses voisins. […] Toutes les comédies de Molière dédaignent la finesse qui tiendrait à des faits : la comédie pour lui est tout entière dans l’observation. […] ——— Il se peut qu’un homme, dans l’aveuglement et dans l’héroïsme de l’amour, se livre tout entier.

1537. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Je la possède en partie ; avec le temps je la posséderai tout entière. […] J’ai voulu citer ce passage entier, le témoignage ayant tout son prix de la part de l’homme le moins aristocratique du monde, et qui sera, un jour, l’austère Roland.

1538. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Spon, mon bon ami, vous dira le dessein que j’ai contre les apothicaires, écrira-t-il en 1647 à l’un de ses confrères de Lyon, mais il me faut du temps et du loisir dont j’ai fort peu de reste. » En attendant il est cité par eux en justice pour les railleries solennelles qu’il se permet dans ses thèses ; l’affaire va en Parlement : il répond et se défend lui-même durant une heure entière devant six mille personnes qu’il fait rire de sa verve et de ses lazzis. […] Il fallait à Thèbes, dit son accusateur, s’abstenir dix ans entiers de trafiquer à celui qui voulait entrer en quelque magistrature ».

1539. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

» Le matin, au balcon, Mlle Newton lisait de l’anglais, Le Lay du dernier ménestrel de Walter Scott, alors sous sa première forme de poète et avant le roman ; Le Voyage du pèlerin de Bunyan, « ce livre que ma mère m’a donné, et qu’elle aimait tant, qui présente une ingénieuse allégorie des progrès que peut faire un pèlerin chrétien à travers les misères humaines ; et plus on le relit, mieux on le comprend. » Elle lisait et relisait Shakespeare, c’était son livre de chaise de poste : « Bientôt je le saurai tout entier par cœur. […] Ma première pensée en me livrant à l’étude des Pères de l’Église après le mariage de mes filles, a été la curiosité de savoir ce qu’ils avaient dit de l’âme, eux qui ne cherchaient point avec les mains cette âme dont l’existence immortelle rend l’homme excusable de croire que le monde tout entier a été créé exprès pour lui.

/ 2639