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980. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

Il n’a pas compris, et nous attribue ce que son esprit fermé à toute idée générale, lui a fait croire ou entendre. […] pour la divulgation d’idées générales du penseur, d’idées générales que tout le monde a entendu développer par lui à Magny et ailleurs, d’idées générales, toutes transparentes dans ses livres, quand elles n’y sont pas nettement formulées, d’idées générales dont il aurait, j’ai tout lieu de le croire, remercié le divulgateur, si le parti clérical ne s’en était pas emparé, pour lui faire la guerre.

981. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

En effet, si par nouveaux on entend nouvellement faits, les chapitres ajoutés à cette édition ne sont pas nouveaux. […] Il sait que l’art, sous toutes ses formes, peut tout espérer des nouvelles générations dont on entend sourdre dans nos ateliers le génie encore en germe.

982. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Si le poète s’égarait dans les vallées du Taygète, au bord du Sperchius, sur le Ménale aimé d’Orphée, ou dans les campagnes d’Élore, malgré la douceur de ces dénominations, il ne rencontrait que des faunes, il n’entendait que des dryades : Priape était là sur un tronc d’olivier, et Vertumme avec les Zéphyrs menait des danses éternelles. […] La nuit s’approche, les ombres s’épaississent : on entend des troupeaux de bêtes sauvages passer dans les ténèbres ; la terre murmure sous vos pas ; quelques coups de foudre font mugir les déserts ; la forêt s’agite, les arbres tombent, un fleuve inconnu coule devant vous.

983. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Vous entendez d’abord mugir la caverne où marchent la Sibylle et Énée : Ibant obscuri solâ sub nocte per umbram ; puis tout à coup vous entrez dans des espaces déserts, dans les royaumes du vide ; Perque domos Ditis vacuas et inania regna. […] Dans les trois per me si va, on croit entendre le glas de l’agonie du chrétien.

984. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému Personne ne doute que les poëmes ne puissent exciter en nous des passions artificielles, mais il paroîtra peut-être extraordinaire à bien du monde et même à des peintres de profession, d’entendre dire que des tableaux, que des couleurs appliquées sur une toile puissent exciter en nous des passions : cependant cette verité ne peut surprendre que ceux qui ne font pas d’attention à ce qui se passe dans eux-mêmes. […] La nature dont ils font entendre la voix supplée à leur insuffisance.

985. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Il faut qu’ils ne voïent le jour d’abord que devant certaines personnes, et que les indifferens ne les entendent qu’après avoir été informez que tels et tels les ont approuvez. […] Il est au supplice quand il voit que son éleve n’entend qu’avec peine ce qu’il comprenoit d’abord, lorsque lui-même il étoit éleve.

986. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Le bon sens de Bossuet, à cet égard, c’est l’esprit même du christianisme véritable et bien entendu. […] Rome même entendra sa voix ; et un jour cette ville maîtresse se tiendra plus honorée d’une lettre de Paul adressée à ses concitoyens, que de tant de fameuses harangues qu’elle a entendues de son Cicéron. […] C’est en 1659 qu’il se fit pour la première fois entendre dans la chaire, à Paris. […] Je me défie toujours un peu du torrent populaire, et, toutes les fois que j’entends crier : Crucifige ! […] On l’a appelé l’aigle de Meaux ; si cette image n’est pas vaine, il la faut entendre aussi bien de la force de son regard que de la hardiesse de son vol. 

987. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Enfin je n’ai jamais entendu dire que les révolutionnaires de 93 aient mis en doute l’existence des corps. […] Voici comme je l’entends. […] Renan, Dieu, entendu dans ce second sens, n’existe pas, il est en dehors de la réalité ; il n’est qu’une catégorie de la pensée. […] Est-ce ainsi que vous l’entendez ? […] Si l’on entend par là l’être en général, il ne peut pas exister plus que l’homme en général, l’animal en général.

988. (1813) Réflexions sur le suicide

Les philosophes du dix-huitième siècle ont appuyé la morale sur les avantages positifs qu’elle peut procurer dans ce monde et l’ont considérée comme l’intérêt personnel bien entendu. […] Je ne sais quelle musique céleste se faisait entendre dans le désert et semblait annoncer que la source sortirait bientôt du sein même du rocher. […] Dès que vous avez atteint l’âge mur, vous entendez déjà de toutes parts parler de votre mort. […] il restait à ces amis fidèles un an peut-être, du moins un jour pour se voir et pour s’entendre, et volontairement ils ont anéanti ce bonheur ? L’un d’eux a pu défigurer les traits dans lesquels il avait lu de généreuses pensées, l’autre a souhaité de ne plus entendre la voix qui les avait excitées dans son âme ?

989. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Le Tasse, à son réveil, alla entendre la messe dans la chapelle des capucins. […] N’entend-on plus sur le sommet du Liban la voix des prophètes ? […] « Si le vent murmure à travers les feuilles, si quelque oiseau, quelque bête sauvage agitent les rameaux, il croit entendre son amante : il la cherche, et soupire après l’avoir cherchée en vain. Il sort enfin de la forêt ; un bruit sourd se fait entendre ; la clarté de la lune le conduit par des routes inconnues vers les lieux d’où ces sons semblent partir. […] repris-je… Il sourit et détourna la tête pour me donner à entendre, je crois, que la première lui appartenait.

990. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

J’étais désireux de l’entendre encore parler sur ce sujet important, je cherchais à ranimer sa parole, et je dis : — Cette fécondité du génie est-elle tout entière dans l’esprit d’un grand homme ou bien dans son corps ? […] Avant d’entrer dans la chambre, je l’entendis soupirer et parler tout haut. […] Il éloigna toutes les consolations et n’en voulut entendre d’aucune sorte. […] J’avais souvent entendu dire que Goethe avait travaillé à cette pièce, et que le sermon du capucin surtout était de lui. […] » furent, dit-on, les derniers mots que l’on put entendre tomber des lèvres de cet homme qui, toute sa vie, avait été l’ennemi des ténèbres de toute nature.

991. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

le peuple le bafoue, le chasse ; le peuple entend la voix du poète, et l’acclame, triomphalement… Beckmesser, pourtant, est satisfait ; dans un mémoire pour l’Institut, il a prouvé la folie de Walther ; et Pogner, par déférence, lui a laissé la dot d’Eva. […] Mais sous le chant du poète, l’orchestre dira le fond, intraduisible en paroles, des émotions, au moyen des motifs définis, constituant un langage spécial, et cet orchestre ne devra pas être entendu, pour ainsi dire, mais disposer seulement le spectateur à vivre le drame. […] Peut-être entendrons-nous un jour des poèmes symphoniques où les bruits de la nature seront pleinement rendus, dépassés même en réalité. […] —-on peut dire « la phrase de l’épée », mais il faut s’entendre, au préalable. […] Grâce à son zèle, les Bâlois ont entendu Lohengrin, le Hollandais volant et les Maîtres Chanteurs.

992. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Les Dissertations de la Motte sont bien écrites, & contiennent des observations utiles ; mais il jugeoit un Poëte Grec, & il n’entendoit pas le Grec. […] L’une l’entend trop bien pour en dire du mal, L’autre l’entend trop mal pour en dire du bien. […] La Grange (c’est le nom du traducteur) a très-bien entendu toute la philosophie du Poëte latin. […] Il y en a pourtant qui servent à mieux faire entendre Horace. […] Ces versions sont fort au-dessous de l’original pour la verve, l’enthousiasme, la précision & l’énergie ; mais elles peuvent du moins servir à le faire entendre.

993. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Enfin Louis XIV parut, et l’estime qu’il témoigna pour les gens de lettres donna bientôt le ton à une nation accoutumée à le recevoir de ses maîtres ; l’ignorance cessa d’être l’apanage chéri de la noblesse ; le savoir et l’esprit mis en honneur franchirent les bornes qu’une vanité mal entendue semblait leur avoir prescrites. […] Une mauvaise épigramme fait quelquefois toute la vengeance d’un poète ; celle de nos sages est plus constante et plus réfléchie ; quoiqu’elle n’ait quelquefois pour objet que de placer dans la liste de ses partisans une femme de plus, qui se croit un personnage pour avoir subi l’ennui de lire des ouvrages de physique sans les entendre. […] Quand je dis les savants, je n’entends pas par là ceux qu’on appelle érudits ; c’est une nation jusqu’ici assez peu connue, peu nombreuse, peu commerçante, et qui certainement n’en est pas plus blâmable. […] À examiner les choses sans prévention, pourquoi préfère-t-on à un érudit qu’on néglige, un physicien et un géomètre qu’on entend encore moins, et qui apparemment n’en amuse pas davantage ? […] Je n’ai jusqu’à présent parlé que des amateurs qui se bornent à appuyer les gens de lettres de leur puissant crédit et de leur faible suffrage ; j’entends ici par crédit, celui qui se réduit à procurer des admirateurs, et non celui qui a le courage de tenir tête à des adversaires puissants.

994. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Et que pouvons-nous entendre ici par intensité croissante, si ce n’est le nombre toujours croissant de sensations qui viennent s’ajouter aux sensations déjà aperçues ? […] Analysez l’idée que vous vous faites d’une souffrance que vous déclarez extrême : n’entendez-vous pas par là qu’elle est insupportable, c’est-à-dire qu’elle incite l’organisme à mille actions diverses pour y échapper ? […] Sans doute l’observation minutieuse de ce qui se passe dans l’ensemble de l’organisme quand nous entendons telle ou telle note, quand nous percevons telle ou telle couleur, nous réserve plus d’une surprise : M.  […] Il est aisé de voir que l’intensité de toute sensation représentative doit s’entendre de la même manière. […] N’a-t-on pas dit qu’entendre, c’est se parler à soi-même ?

995. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Bientôt ils entendent les soldats qui crient la mer ! […] Mais prenez l’autre méthode : entendez comme M.  […] Jamais le lecteur n’a besoin d’effort pour entendre leurs pensées. […] D’ailleurs, même à demi-mot, surtout à demi-mot, ses hôtes l’entendent. […] Ceux-là devinent ce qu’on ne dit pas et entendent ce qu’on indique.

996. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Quand je dis célébrer, je n’entends pas cette louange uniforme et banale qui tend à grandir et à exhausser un personnage au-delà du vrai ; la meilleure oraison funèbre, la seule digne des gens d’esprit qui en sont l’objet, est celle qui, sans rien surfaire, va dégager et indiquer en eux, au milieu de bien des qualités confuses, le trait distinctif et saillant de leur physionomie. […] Magnin, son domaine fort honnête à ce moment, était le latin qu’il tenait bien, le portugais aussi et le castillan qu’il avait fort méritoirement conquis par son application soutenue ; du grec, il en savait assez pour entendre des passages, vérifier des citations et s’y comporter pertinemment, avec prudence. […] A l’entendre, nul n’avait le droit de toucher au jardin solennel ; ces prétendus embellissements « déshonoraient l’œuvre de Le Nôtre et usurpaient sur la circulation publique. […] Pour ceux qui l’ont un peu oublié, je rappellerai que cette reine Nantechild était une des femmes de Dagobert Ier, et sa statue se voit à Saint-Denis sur le tombeau de ce roi mort en 638 ; cette statue n’est pas (bien entendu) de l’époque mérovingienne, mais paraît être de la première moitié du XIIIe siècle. […] hardiment et faire entendre à propos le signal d’arrêt, comme c’est le propre des Boileau, des Johnson, de tous les fermes et vigoureux critiques.

997. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

que de sons inépuisables, renaissants, perpétuels, on entendrait, on noterait, près de lui, si on l’écoutait dans ses solitudes aux automnes ou aux printemps ! […] Tant de flambeaux chéris, qui pour lui ont disparu de la terre, éclairent par derrière au loin, en mille endroits indéterminés, la scène ; à chaque reflet passager, partout où il entend un bruit, un soupir, où il voit une beauté, une grâce, il dit : C’est là !  […] On se dit que le chant tout seul n’est peut-être pas un monument suffisant dans la mémoire des hommes, de ceux qui n’auront pas, jeunes eux-mêmes, entendu la jeune voix du poète ; on se dit qu’une harpe éolienne n’éternise pas d’assez loin un tombeau. […] Il a vu sa sœur souffrir et pâlir au retour du bal du hameau ; il a entendu, caché derrière le feuillage, les timides aveux de Julie au sein de sa mère. […] Il faut l’entendre, poëte, triompher dans sa solitude, et en des chants inextinguibles bénir la nature et Dieu.

998. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Jouffroy avait bien rencontré sa vocation la plus satisfaisante en s’adonnant à la philosophie ; je me le suis demandé toutes les fois que j’ai lu des pages historiques ou descriptives où sa plume excelle, toutes les fois que je l’ai entendu traiter de l’Art et du Beau avec une délicatesse si sentie et une expansion qui semble augmentée par l’absence, ripae ulterioris amore, ou enfin lorsqu’en certains jours tristes, au milieu des matières qu’il déduit avec une lucidité constante, j’ai cru saisir l’ennui de l’âme sous cette logique, et un regret profond dans son regard d’exilé. […] Jouffroy disait fréquemment d’une voix pénétrée : « Tout parle, tout vit dans la nature ; la pierre elle-même, le minéral le plus informe vit d’une vie sourde, et nous parle un langage mystérieux ; et ce langage, le pâtre, dans sa solitude, l’entend, l’écoute, le sait autant et plus que le savant et le philosophe, autant que le poëte !  […] A propos de son cours sur la Destinée humaine, où il semblait n’indiquer qu’à peine aux jeunes âmes inquiètes un sentier religieux qu’on aurait voulu alors lui entendre nommer, on disait dans un article du Globe de décembre 1830 : « Comme un pasteur solitaire, mélancoliquement amoureux du désert et de la nuit, il demeure immobile et debout sur son tertre sans verdure ; mais du geste et de la voix il pousse le troupeau qui se presse à ses pieds et qui a besoin d’abri, il le pousse à tout hasard au bercail, du seul côté où il peut y en avoir un. » Le propre de M.  […] Jouffroy a justifié ce qu’on attendait de lui ; mais pour ceux qui l’ont entendu dans l’enseignement privé, rien n’a rendu ni ne rendra le charme et l’ascendant d’alors113. […] Jouffroy aurait eu beau jeu à entamer la question européenne selon ses idées de tout temps, à tracer le rôle obligé de la France, et à flétrir pour le coup la politique de ménage à laquelle on l’assujettit : il n’en a rien fait, soit que l’humeur contemplative ait prédominé et l’ait découragé de l’effort individuel, soit que, voyant une Chambre si ouverte à entendre, il ait souri sur son banc avec dédain114.

999. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Leconte de Lisle, il faut s’entendre. […] Sombre douleur de l’homme, ô voix triste et profonde, Plus forte que les bruits innombrables du monde, Cri de l’âme, sanglot du cœur supplicié, Qui t’entend sans frémir d’amour et de pitié ? […] La déesse Ganga les entend et leur dit d’aller à Baghavat. […] Si desséché qu’il soit par l’extase, si avant qu’il se soit enfoncé dans le nirvâna, le solitaire, « rêvant comme un dieu fait d’un bloc sec et rude », sent à leur voix suppliante remuer en lui quelque chose d’humain et « entend chanter l’oiseau de ses jeunes années ». […] Il pense comme Vigny, son maître le plus direct, qui avait fait dire à la Nature dans un langage superbe : Je roule avec dédain, sans voir et sans entendre, A côté des fourmis, les populations ; Je ne distingue pas leur terrier de leur cendre ; J’ignore en les portant les noms des nations.

1000. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Virgile, qu’il entendait assez bien pour en traduire médiocrement quelques églogues, ne lui donna pas l’idée d’une poésie plus sérieuse et plus élevée, et il ne quitta pas les traces d’Ovide dans l’élégie plus spirituelle que passionnée, et celles de Martial dans l’épigramme. […] Puis il prie les anges de lui inspirer un peu de leur esprit, afin, dit-il, … qu’à vue ouverte Je puisse avoir vesrité découverte, Pour faire entendre à tout le moins aux miens La différence et des maux et des biens ; Et comme ils sont l’autre et l’un desguïsés Pour imposer mesme aux plus advisés ; Car ce savoir sans autre art et estude Est le chemin de la béatitude. […] Il n’y a donc pas de danger que nous imitions ce que nous ne sommes pas même sûrs d’entendre. […] Pillez-moi sans conscience les sacrés trésors de ce temple delphique, ainsi que vous avez faict autrefois. » Le cri de guerre poussé par Du Bellay fut entendu, et rien en effet ne ressemble plus à un pillage que cette première imitation tumultueuse de l’antiquité. […] « Bienheureux sourd s’écrie le cardinal du Perron86, qui a donné des oreilles aux Français, pour entendre les oracles et les mystères de la poésie !

1001. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Cuvier comparait ces vers, apparus pour la première fois vers 1820, à un chant qu’entendrait tout à coup un promeneur solitaire et qui répondrait à ses secrets sentiments. […] Rayons et Ombres, ce titre d’un de ses recueils, sera sa devise, si on l’entend non seulement de ces alternatives de tristesse et de joie, de doute et de croyance, d’espoirs et de découragements, qui de l’âme du poète se communiquent à la nôtre, mais de ses beautés qui resplendissent comme des rayons, et de ses défauts qui pèsent sur l’esprit comme des ombres134. […] On se détourna du spectacle des événements, pour entendre cette explosion de colère d’un pacifique. […] Né sur les rives de la Méditerranée, l’auteur a vu et entendu à son tour ce que, jusqu’à la fin des temps, l’imagination des poètes verra dans les flots aux mille aspects de la mer, entendra dans les mille murmures de sa voix. […] Il faut me taire également sur tant de beaux exemples de l’éloquence politique, telle qu’elle s’est fait entendre du haut de la tribune, plus pratique et plus près des affaires que dans les assemblées de la révolution, moins étroitement nationale que chez nos voisins, élevée, libérale, philosophique, ne séparant jamais la cause de la France de la cause du genre humain.

1002. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

C’est, je crois, le premier mécanique que nous ayons eu, j’entends par là qu’il est le premier dans notre littérature qui n’ait pas eu d’idées données par ses sensations, le premier qui ait vécu sur des mots et des lectures. […] Il finissait par vous laisser entendre ceci : « Vous savez, c’est mon ami Hayashi qui m’a donné des notes sur l’art japonais. […] Il notait leurs conversations avec soin, et en commère quelquefois inintelligente qui entend un mot pour l’autre. […] Nietzsche, comme Schopenhauer, est un moraliste plein d’aperçus ingénieux, singuliers, ce n’est pas un philosophe ; j’entends par là qu’il n’a pas une conception neuve ni unique du monde, qu’il ne se soucie pas de se contredire de page en page. […] C’est ainsi que nous parle la voix mourante de l’ancien temps, mais où se trouve-t-il encore des oreilles pour l’entendre ? 

1003. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

 » Aux assises, la cause fut vite entendue. […] » entendit-on de toutes parts. […] Le manoir était devenu une sorte de tombeau, d’où l’on n’entendait sortir aucun signe de vie. […] Assister à la messe encore une dernière fois, quoique morte ; entendre ces paroles consolantes, ces chants qui sauvent ; être là sous le drap mortuaire, au milieu de l’assemblée des fidèles, famille qu’elle avait tant aimée, tout entendre sans être vue, pendant que tous penseraient à elle, prieraient pour elle, seraient occupés d’elle ; communier encore une fois avec les personnes pieuses avant de descendre sous la terre, quelle joie ! […] On s’entendit pour qu’elle fût placée à l’hospice ; c’est là que tu l’as vue.

1004. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Des poètes, des chevaliers, des moines sont allés entendre l’oiseau des bois ; saisis par le charme, ils sont demeurés dans la fascination de leur songe : en une heure, des siècles ont passé pour eux. […] Ni le temps, ni les circonstances ne modifièrent en rien la manière devoir et d’entendre de Fétis et, lorsqu’en 1865, il livra àia publicité la deuxième édition de sa Biographie universelle des musiciens, on put constater à l’égard de Wagner un redoublement d’animosité que les années semblaient n’avoir fait que mûrir davantage. […] Charles Hanssens, compositeur et chef d’orchestre du théâtre de la Monnaie, la fait entendre soit aux concerts de l’Association des Artistes Musiciens, soit aux concerts du Vaux-Hall. […] Ceux de nos compatriotes qu’obsède le désir d’entendre du Wagner font, sans hésiter, le voyage d’Allemagne et reviennent, éblouis, nous raconter les splendeurs de Tristan et des Maîtres Chanteurs. […] Bender, et elle fait entendre fréquemment aujourd’hui, sous la direction de M. 

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