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1348. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

Parmi les anciens Aristote, philosophe & littérateur, instruisit les Poëtes, après avoir donné des leçons aux Rhéteurs. […] Buffier & d’autres Jésuites, ont donné des réfléxions sur la Poétique ; mais elles sont fort négligées aujourdhui quoiqu’elles ne soient point sans mérite. […] On a donné en 1768. en 3. volumes in-8°. un Dictionnaire Littéraire, à Avignon. […] Sabatier de Castres a donné en 1770. à Paris en trois vol.

1349. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion » pp. 429-434

Section 43, que le plaisir que nous avons au théatre n’est point produit par l’illusion Des personnes d’esprit ont crû que l’illusion fut la premiere cause du plaisir que nous donnent les spectacles et les tableaux. Suivant leur sentiment, la représentation du cid ne nous donne tant de plaisir que par l’illusion qu’elle nous fait. […] Les tableaux plaisent sans le secours de cette illusion, qui n’est qu’un incident du plaisir qu’ils nous donnent, et même un incident assez rare. […] Un curieux d’architecture n’examine une colonne, et il ne s’arrête sur aucune partie d’un palais, qu’après avoir donné le coup-d’oeil à toute la masse du bâtiment, qu’après avoir bien placé dans son imagination l’idée distincte de ce palais.

1350. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

André Le Breton du volume qu’il nous a donné. […] Mais ce que je demande, ce que j’ai le droit d’exiger qu’on me dise avant tout, c’est où me mènera la solution qu’on en donne ; et, de cette solution, ma conscience est apte à connaître : elle ne m’a même été donnée que pour cela. […] Faut-il en donner un mémorable exemple ? […] Malheureusement, quelques autres détails que Tallemant ajoute, donnent — ou donneraient, si seulement nous pouvions les transcrire — une bien plus fâcheuse idée du personnage. […] Albert Sorel, qui s’était chargé du Montesquieu, nous le donnait il y a quelques jours.

1351. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Qu’il me donne la force de lutter contre mes douleurs ? […] Et c’est pour cela que la raison lui a été donnée ! […] Le passage suivant peut en donner une idée : « Oh ! […] Sa misère et son opprobre donnent la mesure exacte de sa vertu. […] … Ô génie du mal, je me donne à toi !

1352. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Elles changent un peu de l’air de roman qu’Aimé Martin a donné à cette histoire d’amour. […] Jamais femme d’ailleurs ne donna de plus sages conseils. […] D’un autre côté, votre charmante image m’en donne jour et nuit. […] D’une manière générale, il a donné trop d’importance au personnage politique du poète. […] J’en donnerais de trop nombreux exemples.

1353. (1927) Approximations. Deuxième série

N’ayant aujourd’hui rien de mieux à donner, prenez ce don pour ce qu’il vaut. […] Et pourtant, ceci admis, comment se fait-il que les œuvres ne donnent jamais malgré tout l’impression de morceau ? […] De l’un à l’autre, la donnée varie, mais toujours il y en a une. […] Mary vous donnera toutes les nouvelles ». […] On dirait que la douleur donne à certaines âmes une espèce de conscience.

1354. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Toutes les histoires techniques de l’univers ne donneront pas un atome de moralité à l’espèce humaine. […] Il y a là des scènes de haut comique qui donnent au lecteur la comédie de l’ambition sur une scène encore trempée de sang. […] Il fallait ici un prétendu antagoniste au premier Consul pour donner au guerrier d’Égypte le facile honneur des triomphes : M.  […] Thiers le remarque avec justesse : c’était donner au premier Consul le prétexte de soulever la France contre une coalition qui se déclarait coalition à mort ; c’était, de plus, donner au nouveau chef de la France l’occasion de concentrer son pouvoir et de devenir l’idole des armées et l’arbitre des victoires. […] Le portrait de Joséphine, quoique très négligé de style, donnera un exemple de la manière de M. 

1355. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

La poésie a presque seule occupé les esprits sous le règne voluptueux et despotique de Charles II ; et ce n’est que depuis 1688, depuis qu’une constitution stable a donné à l’Angleterre du repos et de la liberté, qu’on peut observer avec exactitude les effets constants d’un ordre de choses durable. […] Montesquieu semble donner la vie aux idées, et rappelle à chaque ligne la nature morale de l’homme au milieu des abstractions de l’esprit. […] Ce principe d’utilité, qui a donné, si je puis m’exprimer ainsi, tant de corps à la littérature des Anglais, a retardé cependant chez eux un dernier perfectionnement de l’art, que les Français ont atteint ; c’est la concision dans le style. […] Les Anglais donnent à toutes leurs idées des développements aussi étendus que ceux d’un instituteur parlant à ses élèves : c’est peut-être un meilleur moyen d’éclairer la masse d’une nation ; mais la méthode philosophique ne peut acquérir ainsi toute sa perfection. […] Le style déclamateur, qui sert si bien les idées fausses, est rarement admis par les Anglais : et comme ils donnent une moins grande part aux considérations morales dans les motifs qu’ils développent, le sens positif des paroles s’écarte moins du but, et permet moins de s’égarer.

1356. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Les succès ou les revers ne donnent à la conscience des dévots ni contentement ni regret ; la morale religieuse ne laissant aucun vague sur aucune des actions de la vie, leur décision est toujours simple. Quand le vrai chrétien s’est acquitté de ses devoirs, son bonheur ne le regarde plus ; il ne s’informe pas quel sort lui est échu, il ne sait pas ce qu’il faut désirer ou craindre, il n’est certain que de ses devoirs ; les meilleures qualités de l’âme, la générosité, la sensibilité, loin de faire cesser tous les combats intérieurs, peuvent, dans la lutte des passions, opposer l’une à l’autre, des affections d’une égale force ; mais la religion donne pour guide un code, où, dans toutes les circonstances, ce qu’on doit faire est résolu par une loi. […] D’abord, la disposition qu’il faut donner à son esprit pour admettre les dogmes de certaines religions, est souvent, en secret, pénible à celui qui, né avec une raison éclairée, s’est fait un devoir de ne s’en servir qu’à de telles conditions ; ramené, par intervalles, à douter de tout ce qui est contraire à la raison, il éprouve des scrupules de ses incertitudes, ou des regrets d’avoir tellement livré sa vie à ces incertitudes mêmes, qu’il faut ou s’avouer l’inutilité de son existence passée, ou dévouer encore ce qu’il en reste. […] On peut encore penser, en reconnaissant l’avantage des caractères inspirés par leurs propres penchants, que la dévotion étant d’un effet général et positif, donne des résultats plus semblables et plus certains dans l’association universelle des hommes ; mais d’abord, la dévotion a de grands inconvénients pour les caractères passionnés, et n’en eût-elle point, ce serait, comme je l’ai dit, au nombre des événements heureux, et non des conseils efficaces qu’il serait possible de la classer. J’ai besoin de répéter que je ne comprends pas dans cette discussion, ces idées religieuses d’un ordre plus relevé qui, sans influer sur chaque détail de la vie, anoblissent son but, donnent au sentiment et à la pensée quelques points de repos dans l’abîme de l’infini.

1357. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre X. L’antinomie juridique » pp. 209-222

La fin de la justice n’est pas de donner satisfaction au sentiment de justice des individus (on a vingt-quatre heures pour maudire ses juges). […] Le mot célèbre de Goethe pourrait servir d’épigraphe à tout libellé de jugement : « J’aime mieux commettre une injustice que supporter un désordre. » Le juge voulût-il donner satisfaction au sentiment de justice des individus, cette tâche dépasserait ses forces. […] Le juge applique un article du code à un cas donné comme le mathématicien applique une formule à un problème particulier. […] Aucune évolution du droit ne supprimera non plus l’écart entre le sentiment de la justice, tel qu’il est ressenti par chaque conscience individuelle et la satisfaction que le droit existant donne à ce sentiment. La fin du droit, quoi qu’on fasse, n’est pas de donner satisfaction au sentiment de justice éprouvé par les consciences individuelles, mais de sauvegarder l’ordre social.

1358. (1890) L’avenir de la science « I »

Le premier pas de celui qui veut se donner à la sagesse, comme disait la respectable antiquité, est de faire deux parts dans la vie : l’une vulgaire et n’ayant rien de sacré, se résumant en des besoins et des jouissances d’un ordre inférieur (vie matérielle, plaisir, fortune, etc.) ; l’autre que l’on peut appeler idéale, céleste, divine, désintéressée, ayant pour objet les formes pures de la vérité, de la beauté, de la bonté morale, c’est-à-dire, pour prendre l’expression la plus compréhensive et la plus consacrée par les respects du passé, Dieu lui-même, touché, perçu, senti sous ses mille formes par l’intelligence de tout ce qui est vrai, et l’amour de tout ce qui est beau. […] S’il était vrai que la vie humaine ne fût qu’une vaine succession de faits vulgaires, sans valeur suprasensible, dès la première réflexion sérieuse, il faudrait se donner la mort ; il n’y aurait pas de milieu entre l’ivresse, une occupation tyrannique de tous les instants, et le suicide. […] Le progrès de la moralité et de l’intelligence amènera des points de vue nouveaux, qui donneront une valeur idéale aux actes en apparence les plus grossiers. […] Le modèle de la perfection nous est donné par l’humanité elle-même ; la vie la plus parfaite est celle qui représente le mieux toute l’humanité. […] Mais il y a dans les branches diverses de la science et de l’art deux éléments parfaitement distincts et qui, également nécessaires pour la production de l’œuvre scientifique ou artistique, contribuent très inégalement à la perfection de l’individu : d’une part, les procédés, l’habileté pratique, indispensables pour la découverte du vrai ou la réali-sation du beau ; de l’autre, l’esprit qui crée et anime, l’âme qui vivifie l’œuvre d’art, la grande loi qui donne un sens et une valeur à telle découverte scientifique.

1359. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Il gardait l’accent chrétien dans son charme pieux et sincère, et l’accent chrétien, quoiqu’on ne l’écoute plus, est le plus beau que puisse donner la voix des hommes. […] IV Ai-je donné une idée de M.  […] Difficulté comme de faire donner au camélia un parfum sauvage. […] Sont-ils donc trop naturels, trop maternels et trop ingénus, pour qu’on leur donne un prix à l’Académie ? […] Cependant, il faut bien le dire, depuis que ce chapitre est écrit, l’Académie a donné le prix de poésie à M. 

1360. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

En littérature, l’Italie ne dispense pas d’avoir du génie quand on parle d’elle, et quand il n’y a qu’elle dans un livre, elle ne saurait donner à ce livre l’intérêt que le talent créé, car le talent seul fa dà se ! […] Charles Didier devait publier ses récits d’aujourd’hui sans les lier entre eux et sans leur demander l’effet d’ensemble qui est le but le plus élevé de l’art, ou, les liant et voulant les ployer et les embrasser dans une unité qui les contienne et les concentre, il était tenu, de rigueur, à nous donner un livre bien autrement construit que celui qu’il nous a donné. […] Didier est un lourd qui ne donnera pas à cet Oubli plus de mal qu’un autre pour l’emporter. […] S’il ne se rompt pas le cou à ce jeu, il se donne à la fois au moins quatre entorses. […] les hommes ne sauront jamais ce qu’elle leur rend quand ils se donnent à elle !

1361. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Comment l’idée d’un poëte sacré, dominant par l’harmonie jusqu’aux bêtes féroces et aux rochers, n’aurait-elle point apparu dans cette Grèce, où nous voyons, aux époques historiques, un vrai législateur chanter en vers élégiaques, sur la place publique d’Athènes, les conseils qu’il donne à ses concitoyens ? […] Dans la réalité, ce qui donne quelque prix à cette fiction, c’est qu’elle dément le cours ordinaire des choses, quant à l’origine de la poésie. […] On peut en donner pour preuve les premiers vers lyriques de l’idiome dorien, sous une date certaine. […] On sait quelle était, dans l’antiquité, la renommée des mœurs lydiennes et la douceur efféminée du mode musical auquel la Lydie donnait son nom. […] Le poëte de Lacédémone, bien avant Apollonius, avait-il préparé une inspiration à Virgile et surtout pressenti l’opposition qui donne tant de pathétique à cette peinture ?

1362. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Et c’est ce qui leur donne un tour si triste. […] Ce n’est qu’une donnée d’éternel bon sens. […] Il semblait reprocher les marques d’affection qu’on ne lui donnait pas. […] Je la retire à l’esprit de perversité et je la donne au bon Dieu. […] Mais comment se donne-t-il l’illusion de déployer une psychologie profonde ?

1363. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Il résiste à cent mille hommes avec vingt mille, pour donner à Napoléon le temps d’accourir à une seconde victoire. […] L’historien, ici dominé par la puissance de la vérité, renonce enfin à flatter son héros ; il se contente de le peindre, il le donne en spectacle et on peut dire même en scandale à la justice de l’histoire. […] Il préméditait la répudiation de Joséphine ; elle ne pouvait lui donner rien de ce qui lui manquait désormais pour l’empire d’Occident : ni une filiation royale pour ses descendants, ni une perpétuité de son nom sur le trône. […] Thiers, donnent de ce grand homme une mesure qui s’agrandit à chaque publication. […] Thiers y pense : il est encore temps de donner une moralité à son chef-d’œuvre. — Il n’a pas fini.

1364. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Il leur donna leurs vêtements sans plus tarder. […] J’en ai tant à donner que je puis me passer de vos dons. […] Je le fis chevalier et lui donnai mon or. […] C’était une triste récompense qu’il donnait là à ce maître. […] Ma sœur Kriemhilt nous a donné une fête épouvantable ! 

1365. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Il en est une surtout que je ne crains pas de donner pour un charmant récit original ; cela s’appelle le Séminaire. […] J’en viens au récit qu’il a donné lui-même de ses premières années, récit très simple, très naturel, je l’ai dit, philosophique d’impression et de résultat, mais nullement révolutionnaire de forme et de langage. […] Cela lui donna occasion de faire, dans les voitures, de Monseigneur et à sa suite, une tournée épiscopale qui le lia avec les curés de la province et ne contribua pas peu à refroidir sa vocation ecclésiastique. […] Cette proposition réussit ; le supérieur de Metz donna au jeune homme son agrément et une obédience, comme on disait, pour la maison de Saint-Lazare ; et voici Merlin prêt à partir le lendemain matin pour Paris. […] Une muraille très élevée en masquait et en fermait l’intérieur ; une porte, une vraie porte de ville, que surmontait un pavillon sans jour sur la campagne, donnait entrée sur une cour, ou plutôt sur une place magnifique.

1366. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Ce fut la Révolution de Février qui donna à l’esprit et à ce qu’on peut appeler le talent de M. de Pontmartin une impulsion et une direction décidées. […] Le style agréable et naturellement élégant de M. de Pontmartin ne se reconnaît plus dans ces grands morceaux qui demanderaient, même le thème étant donné, une main plus sobre et plus ferme. […] Il donne gain de cause à ses amis. […] Je serais vraiment tenté d’être indiscret et d’en donner. […] Il n’est pas naturel d’abord qu’Aurélie renonce si vite, et du premier coup, à l’ami et au compagnon qu’elle s’était donné en idée.

1367. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Nous savons, par exemple, qu’à l’âge de trente-sept ans on ne lui en donnait que trente et qu’elle avait la fraîcheur d’une personne de vingt. […] Madame, il a raison ; nous le méritons bien. » Le grand Frédéric, lorsque Dutens eut l’honneur de le voir quelques années après, reconnut de même la force de ce raisonnement et lui donna raison. […] Il avait protégé tout particulièrement Rousseau et lui avait donné asile dans ses maisons. […] Ils pourraient être les premiers à vous faire la cour, si on ne leur laissait pas le temps de donner jour à leur envie et à leur malignité. […] « Quel conseil donc puis-je vous donner dans une situation si intéressante ?

1368. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Ils s’asseyent, ils s’affermissent, ils se tassent en quelque sorte ; leur vie se réfugie au centre ; ils donnent moins parce qu’ils n’y sont pas excités, mais ils ne donnent rien contre leur désir, ni contre leur secrète loi. […] Un mariage qu’on avait arrangé pour cette personne et qu’elle refusa donna matière aux conjectures de la famille, qui pria son hôte de s’expliquer à ce sujet. […] Il ne les donne que comme des fragments d’un grand ouvrage qu’il médite et auquel il doit avoir renoncé depuis. […] L’amour est ce feu paisible et fécond, cette chaleur des cieux qui anime et renouvelle, qui fait naître et fleurir, qui donne les couleurs, la grâce, l’espérance et la vie… Lorsqu’une agitation nouvelle étend les rapports de l’homme qui essaye la vie, il se livre avidement, il demande à toute la nature, il s’abandonne, il s’exalte lui-même, il place son existence dans l’amour, et dans tout il ne voit que l’amour seul. […] Celui qui est homme sait choisir ou attendre avec prudence, aimer avec continuité, se donner sans faiblesse comme sans réserve.

1369. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Enfin la plupart de ses écrits supposent des institutions toujours contraires à la raison, et des institutions assez puissantes pour donner à la plaisanterie qui les attaque le mérite de la hardiesse. […] L’ordre social qui, chez les anciens, créait des esclaves, creusait encore plus avant l’abîme de la misère, élevait encore plus haut la fortune, et donnait à la destinée humaine des proportions vraiment théâtrales. […] L’esprit philosophique qui généralise les idées, et le système de l’égalité politique, doivent donner un nouveau caractère à nos tragédies. […] La mesure, l’harmonie, la rime, interdisent des expressions qui, dans telle situation donnée, pourraient produire un grand effet. […] La philosophie, en généralisant davantage les idées, donne plus de grandeur aux images poétiques.

1370. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Mme d’Épinay n’avait pas songé précisément à donner des Mémoires ; mais de bonne heure elle aima à écrire, à faire son journal, à retracer l’histoire de son âme. […] ) La timidité m’a souvent donné les apparences de la dissimulation et de la fausseté ; mais j’ai toujours eu le courage d’avouer ma faiblesse pour détruire le soupçon d’un vice que je n’avais pas. […] Cette Mlle d’Ette, qui était la maîtresse du chevalier de Valory, est présentée chez Mme d’Épinay, s’initie dans sa confidence, lui donne des conseils hardis, positifs, intéressés. […] Il lui fut souverainement bon et secourable ; il lui donna le premier la confiance en elle-même, le sentiment de ce qu’elle valait, il l’émancipa : Oh ! […] Rousseau que possède la bibliothèque de cette ville, m’assure qu’après vérification faite par lui sur les originaux des lettres de Jean-Jacques, c’est le texte donné dans les Confessions qui est l’exact et le véritable.

1371. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Quicherat vient d’ajouter un volume à part, une sorte d’introduction, dans laquelle il donne avec beaucoup de modestie, mais aussi avec beaucoup de précision, son avis sur les points nouveaux que ce développement complet des actes du procès fait ressortir et détermine plus nettement. […] Depuis ce jour-là, la voix continua de se faire entendre à elle plusieurs fois la semaine avec une certaine régularité, et plus particulièrement à de certaines heures, et de lui donner des conseils. […] Jeanne s’était fait conduire sur ces entrefaites au duc de Lorraine, qui lui avait donné quelque argent. […] Parlant d’une certaine épée qui avait été prise sur un Bourguignon, elle dit qu’elle s’en servait parce que c’était une bonne épée de guerre, et propre à donner « de bonnes buffes et de bons torchons ». […] Cette jeune âme se serait volontiers donné un plus large essor.

1372. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Aussi, lorsque plus tard, dans la retraite, il mit la dernière main et donna la dernière forme à ses Mémoires, ce fut sur des pièces précises et sur des minutes de chaque jour qu’il travailla. […] Le peintre abonde et surabonde ; il nage et s’en donne partout à cœur joie. […] Autrement, s’il était donné à tous de lire si aisément dans les cœurs et de pénétrer les motifs cachés, la plupart des liaisons, des amitiés, et la sûreté même du commerce social, y périraient. […] S’il continue de se montrer grand peintre et observateur implacable, il l’est moins innocemment et d’une façon moins désintéressée que dans la scène de la mort de Monseigneur ; sa cruauté vindicative s’y donne trop visiblement, carrière et s’y déchaîne trop à outrance. […] Elle est, entre ses mains, comme un cheval qui a fourni sa course : elle est rendue, mais lui il ne l’est pas, et il lui demande encore ce qu’elle ne sait plus comment lui donner.

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