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386. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Il a décrit dans une lettre à une parente la manière dont ses journées étaient ordonnées dans les premiers temps de cette réunion, et comment la vie s’y passait en commun presque ainsi que dans un couvent : le déjeuner entre huit et neuf heures ; de là, jusqu’à onze, lecture de l’Écriture ou de quelque sermon ; à onze heures, le service divin, qui se faisait deux fois chaque jour. […] Une pensée se présente naturellement dans l’étude de cette maladie religieuse de Cowper : c’est qu’il eût été à souhaiter pour lui qu’entre un Dieu si puissant et si mystérieux jusque dans ses miséricordes et la créature si prosternée, il eût su voir encore, et se donner quelques points d’appui rassurants, soit dans une Église visible ayant pour cela autorité et pouvoir, soit dans des intercesseurs amis comme le sont pour des âmes pieuses la Vierge et les saints ; mais, lancé seul, comme il l’était, sur cet océan insondable des tempêtes et des volontés divines, le vertige le prenait malgré lui, et il avait beau adorer l’arbre du salut, il ne pouvait croire, pilote tremblant et timide, qu’il ne fût point voué à un inévitable naufrage. […] Le ver, avant pris garde à son intention, le harangua ainsi très éloquemment : « Si vous admiriez ma lampe, lui dit-il, autant que moi votre art, ô ménestrel, vous auriez horreur de me faire du mal autant que moi d’attenter à votre chanson ; car c’est la même puissance divine qui nous a appris, vous à chanter et moi à briller, afin que vous avec votre musique, moi avec ma lumière, nous puissions embellir et réjouir la nuit. » Le chanteur entendit cette courte harangue, et, gazouillant son approbation, il le laissa, comme le dit mon histoire, et il alla trouver un souper quelque part ailleurs.

387. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Soumet a eu plus d’une manière : la première atteignit son plein développement dans Saül et dans Clytemnestre ; la seconde, de plus en plus vaste et qui se ressentait des exemples d’alentour, qui y puisait des redoublements d’émulation et des surcroîts de veine, ne se déclara en toute profusion que par la Divine Épopée. […] Il ne pouvait se faire à l’idée de n’être plus le beau Soumet, et il donnait aux longues boucles de sa perruque des airs de chevelure adolescente. — Il n’avait en tout que sept ou huit ouvrages dans sa bibliothèque, Homère, l’Énéide, Dante, Camoëns, le Tasse, Milton, et la Divine Épopée, laquelle, selon lui, tenait lieu de toutes les épopées précédentes, et dispensait de toutes les épopées futures.

388. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Car Antistius croit en Dieu, ou plutôt, comme il est impossible que la conception d’un Dieu personnel ne tourne pas à l’anthropomorphisme, il croit au divin. « Les dieux sont une injure à Dieu ; Dieu sera, à son tour, une injure au divin. » Il croit à la raison, à un ordre éternel.

389. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

C’est devant une fresque de Fra Angelico, où de pâles figures, de peu de matière, expriment l’amour divin, que Jacques et Thérèse se donnent leur premier et brûlant et pesant baiser…    L’image des choses mortes excite leur lugubre ardeur de vivre. […] Ils s’aiment plus voracement sur la cendre des morts, plus harmonieusement parmi les images fanées de la beauté parfaite, plus solennellement parmi les témoignages de l’éternelle et divine inquiétude des cœurs.

390. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

C’était l’enfance, en effet, dans sa divine spontanéité, dans ses naïfs éblouissements de joie, qui prenait possession de la terre. […] Heureux qui a pu voir de ses yeux cette éclosion divine, et partager, ne fût-ce qu’un jour, cette illusion sans pareille !

391. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Les derniers livres du canon juif connaissent déjà le Saint-Esprit, sorte d’hypostase divine, quelquefois identifiée avec la Sagesse ou le Verbe 846. […] C’était ici une application du procédé que la théologie juive et la théologie chrétienne allaient suivre durant des siècles, et qui devait produire toute une série d’assesseurs divins, le Métatrône, le Synadelphe ou Sandalphon, et toutes les personnifications de la Cabbale.

392. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Nulle comparaison entre nos saints, nos apôtres et nos vierges tristement extasiés, et ces banquets de l’Olympe où le nerveux Hercule appuyé sur sa massue regarde amoureusement la délicate Hébé, où Apollon avec sa tête divine et sa longue chevelure tient par ses accords les convives enchantés ; où le Maître des dieux s’enivrant d’un nectar versé à pleine coupe de la main d’un jeune garçon à épaules d’ivoire et à cuisses d’albâtre, fait gonfler de dépit le cœur de sa femme jalouse. […] divin Le Sueur !

393. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Pour la première fois, on soupçonne la femme faible qu’elle fut en tout, cette femme éblouissante de génie, qui fut, au fond, aussi faible que Valmore, et qu’on y voit, en pleine maturité, de sa faiblesse divine, mourir ! […] Delphine et Corinne sont des femmes, de faibles femmes, divines de faiblesse, comme leur auteur.

394. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

« L’avenir consiste dans la recherche des lois naturelles, révélation incontestable et sûre de la pensée divine. […] Le mariage est une loi dont les hommes, pauvres sacrilèges, ont voulu faire une institution… Si j’étais législateur, j’écrirais un seul article dans le code humain, L’Amour OU le mariage étant d’institution divine est nécessairement indissoluble.

395. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « L’idolâtrie au théâtre »

Si la chanteuse a bien donné son fa, la critique la proclame divine et la place, comme nous l’avons vu, alle stelle, dans les étoiles ! […] que devient la conversation, cette chose divine, cette création spontanée, ce génie sur place, qui fut notre gloire autrefois ?

396. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Quoique, dans le premier volume de son ouvrage, Macaulay ébauche en traits rapides une histoire générale de l’Angleterre, depuis la Bretagne sous les Romains jusqu’à l’avènement de Jacques II, qui est pour lui le grand événement, l’événement décisif dans l’histoire d’Angleterre ; quoique sa préoccupation de whig soit telle qu’il ne veuille pas reconnaître comme monarchie anglaise la monarchie normande de Guillaume le Conquérant, et qu’il place l’origine de la vraie monarchie d’Angleterre à la fière extorsion de la Grande Charte, pour lui, cette histoire si confuse et si indistincte ne doit apparaître nettement, sans luttes, sans tiraillements, régulière et devenue enfin ce qu’elle doit être, qu’à la chute du dernier Stuart et à l’écroulement de cette monarchie de droit divin qui ne fut pas uniquement, comme il voudrait nous le faire croire, une chimère ou une réalité incessamment repoussée. […] Il se contente de poser, sans le prouver, le fait étrange de cette monarchie tempérée qu’il est assez difficile d’établir quand on a un Henri VIII ou une Élisabeth derrière soi, et il ne commence, à proprement parler, son histoire qu’à la date éclaircie et certaine de la vraie monarchie anglaise : la fin des Stuarts et du droit divin.

397. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Pour mon compte, je n’ai jamais cru à la grandeur divine de Gœthe. […] Mais, si j’écarte la grandeur divine et humaine, j’ai très volontiers accepté Gœthe comme un cerveau d’une certaine force, comme doué jusqu’à un certain point d’imagination, de réflexion et de goût.

398. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

nous ne réclamons pas aujourd’hui son cadavre, et nous réprouvons, autant que jamais, la tendance générale et le mal absolu de ses Œuvres, mais nous réclamons ce qui appartient au sentiment chrétien dans ses Œuvres, à travers les plus mortelles erreurs… Et que cette réclamation tardive, faite sur sa tombe, soit la punition de sa mémoire ; car le meilleur châtiment du coupable, c’est de montrer, qu’il n’était pas fait pour son crime, et qu’en le commettant il ne transgressait pas seulement la loi divine, mais les plus profonds et les plus nobles instincts de son cœur ! […] Mais ces feuilles sont quelquefois divines d’inspiration et d’intuition, et elles le seraient toujours, si son sens réfléchi (son sens de révolté, dirait Hello,) ne brouillait pas son sens intuitif.

399. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

« La forme dramatique est la forme divine », ajoute-t-il tout net. […] Comme tous les poètes dramatiques qui se sentent prêtres et dieux, Vacquerie met la main sur l’universalité des choses et parle de tout en homme qui peut jeter sur tout « la forme divine ».

400. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Jean Reynaud méconnaît l’Absolu divin. […] Ne comprenant jamais l’action divine que comme il comprend l’action humaine, l’auteur de Terre et Ciel se croit fondé à tirer une impertinente induction de nous à Dieu, et cet abus de raisonnement, qui revient dans son livre comme un tic de son intelligence, produit pour conséquence de ces énormités qui coupent court à toute discussion.

401. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Dargaud »

Ainsi, pour n’en donner qu’un seul exemple, s’ils ont à parler de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de son divin sacrifice, ils s’obstineront à rappeler Christ avec la simplicité d’une irrévérence naïve, et ils oseront comparer, avec une familiarité sacrilège, le philosophe Socrate au fils de Dieu. […] En regard et en contraste, d’un autre côté, je pourrais citer, avant tout, pour prouver ce que j’ose appeler le catholicisme inné des facultés de Dargaud, cette sereine figure du curé et celle plus divine encore de la vieille tante Berthe, deux anges captifs dans des corps de vieillards, deux adorables têtes de saints comme le catholicisme seul en peut produire et le sentiment deviné du catholicisme en peut seul exprimer !

402. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Je veux vous régaler de cet ineffable galimatias : « Tout le monde — dit Quinet — s’est trompé ici-bas, excepté moi… Les Reptiles ont cru au règne divin des Reptiles, les Mammifères à celui des Mammifères. […] — et peut-être — (ce peut-être d’une science prudente est divin !)

403. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Son esprit, à l’origine de sa vie, a dû être trempé dans cet attendrissement dont Lamartine pénétra tout son siècle, au temps de sa jeunesse, quand, après le sang qu’avait fait couler ce terrible poète de Napoléon Bonaparte, ce fut au tour des larmes de couler… A ce moment unique dans l’Histoire, toutes les imaginations faites pour la poésie s’imbibèrent de celle-là, inconnue dans la littérature française, car avant Lamartine, excepté La Fontaine, en quelques vers trop rares, mais divins, quel poète français avait vraiment rêvé ? […] Ce n’est plus la musique, l’intangible et divine musique de la poésie lamartinienne, qui nous fondait si délicieusement le cœur dans la rêverie et semblait vaporiser eu nous la réalité des douleurs, l’épaisseur noire des mélancolies… L’auteur d’Armelle a ce don mélodieux du chant auquel on préfère une poésie plus physique, et qui, pour arriver à l’âme, passe par un autre organe que l’oreille.

404. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

Quinet, comme le Chœur dans la tragédie antique ; quatre vers, échappés du mirliton moderne, L’amour commence, Tout est divin ! […] lesquels prouvent bien, comme vous voyez, que dans ce tout-puissant xixe  siècle il naît et se combine des créatures si fortes, qu’elles peuvent réunir en elles, sans éclater, Pradon et Gongora… L’amour commence, Tout est divin !

405. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

Elle n’était dans aucune tradition connue, dans aucun accent appréciable, sinon dans le sien… Elle avait le grand caractère virginal et divin de la Poésie dans sa pure beauté absolue. […] L’âme semble briser sa chaîne, et la prière Dans l’infini s’envole et monte, — c’est divin !

406. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Quoiqu’il n’ait pas eu à se plaindre de la destinée autant que bien d’autres, plus grands que leur vie, qui passent lentement, qui passent longtemps, qui vieillissent, leur chef-d’œuvre à la main, sans que les hommes, ces atroces distraits, ces Ménalques de l’égoïsme et de la sottise, daignent leur aumôner un regard ; quoique son sort, matériellement heureux, n’ait ressemblé en rien à celui, par exemple, du plus pur artiste qu’on ait vu depuis André Chénier, de cet Hégésippe Moreau qui a tendu à toute son époque cette divine corbeille de myosotis entrelacés par ses mains athéniennes, comme une sébile de fleurs mouillées de larmes, sans qu’il y soit jamais rien tombé que les siennes et les gouttes du sang de son cœur, Beyle, de son vivant, n’eut pas non plus la part qui revenait aux mérites de sa pensée. […] Limayrac s’est contenté d’être, en quelques lignes comme il sait les écrire, l’introducteur au public de l’auteur du livre de l’Amour : « Le livre de l’Amour — dit-il — est la physiologie complète de cette divine et infernale passion.

407. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

De quel côté se trouve la portion divine de l’humanité ? […] Il faut que l’idée divine qui inspire l’artiste soit assez puissante pour posséder son âme tout entière et lui faire oublier, au moins par instants, sa personnalité. […] L’espérance divine et l’ambition humaine peuvent d’ailleurs très bien s’unir et se fondre. […] Nous ne saurions reconnaître dans l’humanité, prise en masse, ce que nous n’accordons à personne parmi ses conducteurs : une infaillibilité divine. […] Comment pourrait-il y avoir un emploi prématuré ou excessif de ce pouvoir divin d’anticiper l’avenir qui est la définition même du génie ?

408. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Nous respectons trop les œuvres de la pensée et de l’intelligence pour ne pas les rattacher sans cesse à un ordre supérieur, immortel, divin, où le doute n’est pas possible, où l’indifférence est funeste, où la neutralité est coupable. […] On traite l’illustre romancier comme certaines académies italiennes ont traité l’auteur de la Divine Comédie : il y a bien une comédie dans tout cela, mais elle n’est pas divine, et Balzac semble avoir songé à ses adorateurs lorsqu’il a modestement intitulé son œuvre : la Comédie humaine. […] Est-ce par ce retour au paganisme qui les faisait esclaves, est-ce par cet oubli de leur mission divine, qu’elles se feront honorer, obéir, aimer ? […] Vous paraît-elle moins essentielle et moins sainte, moins divine et moins humaine ? […] La loi divine de l’Évangile ne sera jamais, quoi qu’on fasse, hostile à la liberté véritable.

409. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Renaud, Armand (1836-1895) »

Elles brillent des molles clartés de la lune, ou bien elles renvoient les traits d’or de ce divin ami des Persans, le Soleil !

410. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 378-380

« Comme humainement parlant, dit-il, tout est problématique dans les Sciences, & dans la Physique principalement, tout doit y être exposé aux doutes de la Philosophie sceptique, n’y ayant que la véritable science du Ciel, qui nous est venue par révélation divine, qui puisse donner à nos esprits un solide contentement avec une satisfaction entiere ».

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