Ce sont des mouvements naturels s’il en est et ils sont vaincus et ce sont eux qui sont vaincus par une intervention divine. […] Un peu plus tard, de Villiers, dans sa lettre sur les affaires de théâtre (1664) : « Il y a au Parnasse mille places vides entre le divin Corneille et le comique Élomire, et on ne peut les comparer en rien, puisque pour ses ouvrages le premier est plus qu’un Dieu, et le second, auprès de lui, moins qu’un homme, et il est plus glorieuxde se faire admirer pour des ouvrages solides que de faire rire par des grimaces, des turlupinades, de grandes perruques et de grands canons. […] Or, il ne l’emploie qu’un peu et si c’eût été une faute énorme que de le lui faire ‘employer constamment, il est admirable au contraire que Molière se soit arrangé de manière que quelques expressions de la langue de l’amour divin se glissassent dans le discours par où Tartuffe déclare son amour terrestre.
L’art, en effet, s’adresse uniquement à l’intelligence ; l’art est le langage de l’âme ; l’art n’existe, l’art n’est vraiment divin, comme l’ont fait les anciens, que s’il subordonne l’émotion des sens à l’émotion de l’esprit. […] Une nouvelle génuflexion le plia ; il se signa à haute voix, joignit les mains devant la poitrine, commença le grand drame divin, d’une face toute pâle de foi et d’amour. […] La faculté d’aimer est la plus divine de toutes, la plus féconde en ressorts puissants, la plus capable de toucher en tout temps et en tous lieux : mais elle n’acquiert sa force entière que lorsqu’elle se complète par l’immolation de soi-même.
En approfondissant cette habitude d’esprit, on y trouverait le préjugé que nous analyserons dans notre prochain chapitre, l’idée, commune aux matérialistes et à leurs adversaires, qu’il n’y a pas de durée réellement agissante et que l’absolu — matière ou esprit — ne saurait prendre place dans le temps concret, dans le temps que nous sentons être l’étoffe même de notre vie : d’où résulterait que tout est donné une fois pour toutes, et qu’il faut poser de toute éternité ou la multiplicité matérielle elle-même, ou l’acte créateur de cette multiplicité, donné en bloc dans l’essence divine.
Mais il y a dans le musée de Syracuse une admirable statue de Vénus : « Ce n’est point la femme-poétisée, la femme idéalisée, la femme divine ou majestueuse comme la Vénus de Milo, c’est la femme telle qu’elle est, telle qu’on l’aime, telle qu’on la désire, telle qu’on la veut étreindre. […] Elle est divine, non parce qu’elle exprime une pensée, mais seulement parce qu’elle est belle.
Le droit divin de l’avenir respire en lui.
C’est l’« entrevue avec le divin fiancé », mais sans possession durable. « Los fleurs n’ont fait qu’entr’ouvrir leurs calices, elles n’ont répandu que leurs premiers parfums. » La fixité de la conscience n’est pas complète, elle a des oscillations et des fuites ; elle ne peut encore se maintenir dans cet état extraordinaire et contre nature.
Et comment ne vous apercevez-vous pas que vous commettez ici l’inaltérable impartialité de la justice divine dans les évaluations relatives de la justice des hommes ? […] De ces spectateurs assemblés, les uns ont compris la parole divine : ce sont des jeunes gens et des vieillards. […] Car l’action est complète, puisque le peintre vous a mis sous les yeux un vivant témoignage de la diversité des impressions que produisit la parole divine quand elle fut prononcée pour la première fois, et qu’aussi bien elle n’a pas cessé de produire parmi les hommes.
Elle vient de montrer des débris d’hommes, des estropiés de la mine, et elle ajoute : « Le trou au crâne, qui laissait couler leur cervelle, a laissé aussi fuir leur raison ; on a bouché la fêlure de la cage ; mais l’oiseau divin n’est pas revenu ; il se promène dans le bleu. […] Quoiqu’il la critique sur deux ou trois points de détail, il va jusqu’à la qualifier de divine et voici comment il résume son opinion dans un petit traité qui porte ce titre piquant : Dieu et les hommes, œuvre théologique, mais raisonnable : « Swift a fait un bel écrit par lequel il croit avoir prouvé qu’il n’est pas encore temps d’abolir la religion chrétienne.
Levé de terre et véritablement suspendu entre l’infini et la réalité sensible, il s’éloigne peu à peu du centre natal, monte et va s’unir au divin. […] Aux définitions éthérées de la beauté, ce reflet divin, etc., il oppose ceci : « une promesse de bonheur » En rejoignant les deux idées, on voit que, pour Stendhal, le but de la vie, c’est la recherche de l’amour.
Un homme, ou plutôt un démon vêtu de chair et habillé en homme, et le plus signalé impie et libertin qui fut jamais dans les siècles passés, avait eu assez d’impiété et d’abomination pour faire sortir de son esprit diabolique une pièce toute prête d’être rendue publique, en la faisant monter sur le théâtre, à la dérision de toute l’Église et au mépris du caractère le plus sacré et de la fonction la plus divine, et au mépris de ce qu’il y a de plus saint dans l’Église, ordonné du Sauveur pour la sanctification des âmes, à dessein d’en rendre l’usage ridicule, contemptible, odieux. Il méritait par cet attentat sacrilège et impie un dernier supplice exemplaire et public, et le feu même avant-coureur de celui de l’enfer, pour expier un crime si grief de lèse-majesté divine, qui va à ruiner la religion catholique, en blâmant et jouant sa plus religieuse et sainte pratique, qui est la conduite et direction des âmes et des familles par de sages guides et conducteurs pieux.
À défaut de ces mortelles presque divines, les Hermione et les Phèdre, qui retenaient, jusque dans le désordre de la passion, quelque chose de la sérénité de l’antique, personne enfin ne nous rendra-t-il ces poétiques héroïnes qu’emportaient par-delà les conventions sociales l’impétueux élan et l’ardeur plus qu’humaine de la passion enivrée d’elle-même, — les Valentine et les Indiana ? […] Il n’importe pas non plus que ces thèses, toutes fondées sur le droit divin de la passion, soient fausses pour la plupart, et quelques-unes d’autant plus dangereuses qu’elles sont plus éloquemment développées ! […] Jamais le droit divin de l’amour, l’union prédestinée des âmes qui s’appellent à travers l’espace, et qui se rejoignent par-dessus les obstacles, que sais-je encore ?
Mais si vous étiez jeune et un peu libertin, et qu’un de nos graves citoyens vous surprît à la chute du jour, la tête enveloppée dans votre manteau, entrant dans un lieu suspect, ou en sortant, vous adresserait-il le divin propos de Caton : « C’est bien fait, mon enfant, persistez dans la sagesse, Macte virtute esto ? […] Il est déféré : le sénat se partage d’avis ; le jugement est renvoyé à Néron, qui répond : « Comme je m’étais proposé de modérer votre rigueur, je suis bien éloigné de m’opposer à votre clémence ; ordonnez d’Antistius ce qu’il vous plaira, vous êtes même les maîtres de l’absoudre227. » Au milieu des flatteries, le consul désigné Cerialis Anisius dit un mot délié que Néron entendit sans doute, et dont il ne s’offensa point ; il opinait à ce qu’on élevât un temple au divin Néron, honneur qu’on ne rendait aux souverains qu’après leur mort228.
Pensant que ce doit être une punition divine, il s’adresse au curé. […] Ainsi en 1606 et même en 1624, Nicolas Soret fit jouer en province, à Reims, le Martyre sanglant de sainte Cécile, et l’élection divine de saint Nicolas à l’archevêché de Myre.
Messieurs de l’Orchestre et du Parterre, vous venez au théâtre par oisiveté, par caprice, et pour lorgner les comédiennes, voilà pourquoi votre suffrage n’est pas compté, pourquoi les excellents chefs-d’œuvre vous fatiguent, pourquoi, même en applaudissant si fort, vous frottez de temps à autre vos yeux appesantis ; voilà pourquoi il vous faudra bientôt, rejetant enfin tout respect humain, convenir que la divine poésie de Racine n’est plus pour vous qu’une fraise dans la gueule d’un âne.
Cette foi tout à l’heure, c’était la justice, et c’est la justice encore, mais sous sa forme purement divine : la pitié, la clémence, la bonté, le pardon.
Elle dit : « Le trône sera à celui qui me fera le plaisir divin de tuer Rodogune. » Elle exploite l’ambition pour se donner un instrument de meurtre. […] Et toi, timide et faible Poquelin, Toi qui du drame ignoras l’art divin, Vous écriviez pour ceux qui savent lire Vous vouliez plaire aux esprits cultivés.
Volontiers encore je me le figurerais comme un de ces sages d’autrefois, dissertant à loisir du noble amour, sous les platanes emplis du chant des cigales divines.
« Enfin, cette chambre, relique oubliée, est enchâssée entre un dépôt de vins en bouteilles et un mont-de-piété ; elle sert d’atelier, provisoirement consacré à la confection de castors imperméables ; au-dessous de celle de ses fenêtres qui livra passage à la dernière bouffée d’air que Molière respira, est écrit, en manière d’enseigne, le mot magasin, et là même où son souffle divin s’exhala, habite le cordonnier qui a eu l’obligeance de nous y laisser entrer, le 7 mai 1838, en nous avouant (étrange indifférence !)
Kepler lui-même admettait un esprit recteur sidéral par l’influence duquel « les planètes suivent dans l’espace des courbes savantes sans heurter les astres qui fournissent d’autres carrières, sans troubler l’harmonie réglée par le divin géomètre.
Ce mot anagogique vient du grec (…) : ainsi le sens anagogique de l’ecriture sainte est un sens mystique, qui élève l’esprit aux objets célestes et divins de la vie éternèle dont les saints jouissent dans le ciel.
« Il se levait ordinairement dès deux heures du matin, et il continuait ses études jusqu’à l’heure du dîner, sans autre interruption que celle de la prière et de la sainte messe et de l’office divin.
et, comme autrefois, on craint que, dans les âmes faibles, en jetant des semences de découragement, ou de terreur de la justice divine, ils ne fassent désespérer de la vertu, du salut, et de la religion. […] Le xviie siècle, celui de Pascal et de Bourdaloue, de Racine et de Bossuet, convaincu de la perversité de la nature humaine, de la nécessité de la grâce, et du peu de valeur de la vie de ce monde, se représente l’histoire comme un lent acheminement de l’humanité vers des fins qui lui sont assignées par la sagesse divine.
C’est là que les sœurs viennent entendre l’office divin, le voile baissé et traînant leur longue robe noire sur laquelle se dessine une large bande d’étoffe blanche semblable à la croix d’un drap funèbre dont on aurait retranché les bras.
Celui qui chanta les destins De ce dévot rempli d’adresse, Transfuge sur les bords Latins, Fuyant les Grecs & sa Maîtresse ; Virgile, malgré la richesse De ses tableaux toujours divins, Eût-il enchanté les Romains Avec les accens de la Grece ?
Du roman expérimental Dans mes études littéraires, j’ai souvent parlé de la méthode expérimentale appliquée au roman et au drame. Le retour à la nature, l’évolution naturaliste qui emporte le siècle, pousse peu à peu toutes les manifestations de l’intelligence humaine dans une même voie scientifique. Seulement, l’idée d’une littérature déterminée par la science, a pu surprendre, faute d’être précisée et comprise. Il me paraît donc utile de dire nettement ce qu’il faut entendre, selon moi, par le roman expérimental. Je n’aurai à faire ici qu’un travail d’adaptation, car la méthode expérimentale a été établie avec une force et une clarté merveilleuses par Claude Bernard, dans son Introduction à l’étude de la médecine expérimentale.