Dupanloup, homme d’éloquence et de zèle, mais d’un zèle qui n’est pas toujours sûr, il lui sembla tomber dans un monde tout nouveau : au sortir d’une nourriture chrétienne classique, sévère et sobre, il était mis à un régime bien différent ; il avait affaire pour la première fois à ce catholicisme parisien et mondain, d’une espèce assez singulière, que nous avons vu, dans ses diverses variétés, naître, croître chaque jour et embellir ; catholicisme agité et agitant, superficiel et matériel, fiévreux, ardent à profiter de tous les bruits, de toutes les vogues et de toutes les modes du siècle, de tous les trains de plaisir ou de guerre qui passent, qui vous met à tout propos le feu sous le ventre et vous allume des charbons dans la tête : il en est sorti la belle jeunesse qu’on sait et qu’on voit à l’œuvre. […] Renan, on voit les différentes nations tributaires du roi de Perse représentées par un personnage qui porte le costume de son pays et tient entre les mains les productions de sa province pour en faire hommage au souverain.
Beugnot que d’être un excellent administrateur et un haut fonctionnaire capable ; c’était, d’ailleurs, un tout autre caractère et d’une nature différente : esprit droit, sensé, mais sans trait et sans brillant, ayant eu les passions généreuses et les enthousiasmes de la jeunesse, cœur dévoué et qui s’était dès l’abord donné à Mirabeau ; qui conserva toujours quelques illusions sur cette grande mémoire trop mélangée ; homme public apte et laborieux, tout à la chose, assez peu observateur des personnes, de plus en plus tourné à la bienveillance en vieillissant, et que le soudain malheur qui brisa sa carrière jeta dans un complet abattement suivi de résignation, sans qu’il y entrât jamais un grain d’ironie ni une goutte d’amertume. […] L’Empereur avait défini les rôles avec sa netteté de langage ordinaire : « Il y a préfet et préfet », disait-il. « Un préfet de la Seine et un préfet des Basses-Alpes sont deux individus très différents, quoiqu’ils aient le même titre.
Dire qu’une nouvelle religion est impossible parce qu’elle ne saurait plus offrir ces phénomènes singuliers qui ont entouré le berceau des religions anciennes, c’est se prendre aux apparences et ne pas tenir compte des circonstances différentes ; c’est comme si l’on objectait aux philosophes eux-mêmes que toute philosophie est désormais impossible, parce que Socrate, leur père, croyait à un démon familier, et que pareille chose probablement n’arrivera plus. […] Mais qui vous a dit, ô vous qui désespérez si légèrement du moyen le plus commode et le plus sûr ; qui vous a dit que ces révélations antérieures, vraies selon les époques, progressives comme le genre humain qu’elles ont élevé et transformé, ne doivent pas toutes se retrouver et aboutir en une révélation définitive, également inspirée, quoique d’un caractère différent d’inspiration, et qui, leur rendant à chacune leur vrai sens, saura absoudre et glorifier Dieu, apaiser et réjouir l’humanité ?
. — Qu’un nouvel objet semblable aux précédents se rencontre après que nous avons prononcé le mot quatre, il formera avec le mot un groupe nouveau, et il naîtra en nous une tendance analogue à celle qui nous a fait prononcer le mot deux, tendance semblable à la première, en ce qu’il s’agit aussi d’une addition, tendance différente de la première, en ce que, au lieu d’ajouter un objet à un objet, on ajoute ici un objet à un groupe de quatre objets réunis. […] Telles sont les petites sensations musculaires produites par l’adaptation de l’œil aux différentes distances ; elles sont les signes de ces distances ; c’est par elles que nous imaginons la proximité ou l’éloignement plus ou moins grand des objets.
« Les interruptions, les repos, les sections, dit excellemment Buffon, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement, le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur ; il ne peut faire impression sur l’esprit du lecteur, il ne peut même se faire sentir que par la continuité du fil, par la dépendance harmonique des idées, par un développement successif, une gradation soutenue, un mouvement uniforme, que toute interruption détruit et fait languir. » La constitution essentielle du sujet marque à l’écrivain les reposoirs naturels, où il peut reprendre haleine, et son lecteur avec lui ; elle délimite les portions où le regard peut successivement s’arrêter, quand le champ total est trop vaste et ne se laisse pas embrasser d’une seule vue. […] Enfin il faut prendre garde que l’esprit, dans l’activité de l’invention, ne se rend pas toujours un compte exact de ce qu’il crée : il produit plus de formes que d’idées, et ne s’aperçoit pas que des images, des tours qui lui plaisent ne sont en somme que les enveloppes différentes de la même chose.
En les considérant sous leur aspect émotionnel, nous trouvons deux grandes classes de mouvements, d’où résultent des sensations musculaires fort différentes. […] La continuation de l’action musculaire donne des idées de durée et d’étendue. « La différence entre six pouces et dix-huit pouces est représentée par les différents degrés de contraction de quelque groupe de muscles ; ceux, par exemple, qui fléchissent le bras, ou ceux qui en marchant fléchissent ou étendent le membre inférieur. » Enfin la connaissance que nous avons du degré de rapidité de nos mouvements, nous permet d’estimer la vitesse des autres corps en mouvement ; la mesure étant d’abord empruntée à nos propres mouvements.
On a de ce prélat, ainsi que de Fénélon, plus de cinquante ouvrages différens. […] Retiré dans son diocèse, il y vêcut occupé de la composition de différens ouvrages ; faisant les délices de quelques amis intimes & tendres ; consulté des grands, & particulièrement du duc d’Orléans, depuis régent ; toujours regretté vivement, mais inutilement, par le duc de Bourgogne ; adoré des curés, des soldats, des pauvres de son diocèse, qui tous l’appelloient leur père ; ayant enfin trouvé, ce semble, le bonheur véritable, &, malgré cela, parlant sans cesse de la cour & la regrettant.
On a pris pour autant de dieux les perfections de l’être suprême, représentées sous des noms divers & sous les différens attributs ; & on a rendu également un culte aux signes & à la chose signifiée. […] On a bien de la peine à les reconnoître aux différentes attitudes du corps.
L’Amour, descendu sur la terre pour fuir une correction maternelle, s’attache successivement à différents types, destinés, dans la pensée de l’auteur, à attester la dépravation des sentiments et l’avilissement des cœurs de son siècle : une pédante, Polymathie-Armande ; une prude, Archelaïde-Arsinoë ; une coquette, Polyphile-Célimène ; Landore, une sotte ; Polione, une courtisane, etc., etc. […] Les trois épisodes dont il se compose se relient, il est vrai, entre eux, par l’intervention des mêmes personnages, à peu près comme se relient les différents épisodes de la Comédie humaine.
Amédée Renée montre une véritable sagacité de critique en discutant les différentes versions qui ont couru sur sa naissance ; mais il résulte à peu près de la discussion à laquelle il se livre que Mazarin n’a pas d’ancêtres. […] Mais la gloire de Marie Mancini, quoique inférieure, et de beaucoup, à celle de madame de Maintenon, n’en sera pas moins d’avoir préparé le grand homme que madame de Maintenon acheva, et d’avoir fait ainsi, dans des proportions différentes, le roi Louis XIV à elles deux !
Gabriele d’Annunzio faisait un jour cet aveu naïf et typique à un rédacteur du New-York Hérald : « Je suis un pur Latin et chez tout individu de race différente j’aperçois un côté barbare. » Le Français dirait volontiers, lui aussi : « Je suis un pur Français, et tout ce qui n’est pas semblable à moi m’apparaît inférieur. » C’est l’inverse, on le voit, de la parole du personnage de Térence : Homo sum… L’individualisme national exclusif paraît être la plus forte vertu du Français qui, de bonne foi, se croit généralement d’une essence plus pure que les vulgaires humains. […] On remarquera que les trois hommes dont je vais citer l’opinion représentent des nuances différentes du plus pur sentiment français.
À part deux comédies, sous le titre de Phaon, l’une de Platon le poëte, l’autre d’Antiphane ; il part une comédie, la Leucadienne, par Ménandre, et une pièce d’Antiphane, le Leucadien, on joua dans Athènes six comédies de différents auteurs, portant toutes le titre de Sapho, et pleines d’allusions à sa gloire poétique et aux événements fabuleux ou vrais de sa vie. […] Il ne suffit pas pour cela de la sévérité de son dialogue avec Alcée, tel que le cite Aristote69 : « Je veux », disait le hardi poëte, « te dire quelque chose ; mais la pudeur m’empêche. » Et Sapho de répondre : « Si tu avais le désir de choses nobles et belles, ni ta langue ne serait liée de peur de dire le mal, ni la pudeur ne retiendrait tes regards ; mais tu parlerais librement de ce qui est légitime. » Rien de mieux raisonné, sans doute ; mais tant d’autres témoignages nous la montrent différente !
N’est-il pas nécessaire qu’il vienne un architecte pour coordonner les efforts et les travaux discordants, pour assigner leur place aux fondations, aux murs, aux piliers, pour ramener à des proportions justes ce qui est trop grand ou trop petit, pour construire enfin un édifice dont les différentes parties, comme les membres d’un corps, se fondent en un tout organique d’une harmonieuse complexité ?
Le géographe qui l’étudié sait bien que c’est toujours le même fleuve ; mais il est forcé, pour le bien connaître, de diviser sa longue étendue en différentes parties qu’il considère tour à tour.
Son Abrégé chronologique de l’Histoire d’Espagne, l’Histoire de la Maison de Montmorency, de la Maison de Bourbon, celle du Grand Condé, lui ont acquis l’estime du Public, par la sagesse avec laquelle il a traité ces différens sujets.
Son début dans la carriere poétique fut marqué par des prix remportés dans différentes Académies ; ce qui prouveroit peu en faveur de sa Muse, sans les autres Ouvrages de Poésie qu’il a composés.
Le plus grand défaut qu’on puisse reprocher à l’Abbé Trublet, c’est d’appuyer trop long-temps sur une même pensée, de la retourner en trop de façons différentes ; défaut qui prouve au moins l’injustice des traits lancés contre sa stérilité & son peu d’imagination.
On reconnut Homère à son talent de rendre la nature avec une noble simplicité ; à sa poësie vive, pleine de force, d’harmonie & d’images ; à son érudition agréable, lorsqu’il décrit l’art de la guerre, les mœurs & les coutumes des peuples différens, les loix & la religion des Grecs, le caractère & le génie de leurs chefs, la situation des villes & des pays.
Dix-neuf étaient sortis des mêmes entrailles ; différentes captives m’avaient donné les autres ; la plupart ont fléchi sous le cruel Mars.
L’ancienne France semblait revivre : on croyait voir ces costumes singuliers, ce peuple si différent de ce qu’il est aujourd’hui ; on se rappelait et les révolutions de ce peuple, et ses travaux, et ses arts.
Les écrivains du même siècle, quelque différents qu’ils soient par le génie, ont cependant quelque chose de commun entre eux.
Mais les Lettres étant puisées dans différens auteurs, qu’un homme, d’un esprit ordinaire, ne sçauroit imiter, ce recueil est beaucoup moins utile qu’on ne croit.
Elles reviennent sans cesse les mêmes, mais sous des aspects et des noms différents. […] Mais au seizième siècle, le scepticisme revêt deux formes différentes. […] Mais ceci est un point de vue différent. […] L’esprit humain poursuit le même but, mais il y tend par une voie différente. […] Avec La Rochefoucauld nous passons dans une autre atmosphère ; c’est un air différent que nous allons respirer.
Ces Scènes et Proverbes sont comme les différents chapitres d’un poétique de Matrimonio écrit par un poétique Sanchez. […] La passion de Sibylle nous permet aussi de mesurer la distance qui sépare deux sentiments qu’on confond d’ordinaire et qui sont d’ordre très différent. […] « Tu ne vis pas de la même vie morale que moi, et nos âmes obéissent à des attractions différentes. […] D’ailleurs ces personnages ne pouvaient être doués d’une personnalité bien forte, puisque c’est moins des caractères différents que des tournures d’esprit différentes que l’auteur a voulu personnifier en eux. […] Que conclure de cette rencontre presque simultanée de deux esprits si différents, sinon qu’il y a des sujets comme des sentiments qui sont dans l’air, et que la défaveur de la bohème est sans doute du nombre.
Il s’est trouvé qu’en se développant, la Science a de plus en plus manifesté le principe très différent sur lequel elle repose. […] L’éducation du futur sociologue ne se distingua par aucun effort spécial pour faire de lui un homme différent des autres individus de sa classe. […] Il suit de là que les titres de propriété de la génération présente peuvent être grevés de différentes charges qu’elle n’est pas libre de négliger. […] Il faudrait dire qu’ils ont également des droits, ce qui est bien différent. […] Nous entendons que cet enfant, si bas placé soit-il par sa condition, ne reçoive pas une instruction différente en essence de celle du petit bourgeois ou du petit noble, Cette instruction ne sera différente qu’en degré.