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926. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Et je ne craindrai pas d’en faire juge le public qui n’a pas eu sous les yeux la pièce incriminée ; car je ne considère pas comme un texte loyal et sincère le texte déchiqueté et entrecoupé, à chaque mot, de lazzis grossiers, qui lui a été présenté par cet étrange docteur.

927. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

J’ai considéré tristement le théâtre des infortunes de Zombé… Hélas !

928. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Ce qui peut y être considéré comme le propre d’Eugène, c’est la forme qu’il leur a donnée et qui nous représente fidèlement la tournure particulière de son esprit ; quelque chose de complexe, d’un peu obscur à la surface, et qui rayonne par le fond ; une clarté profonde, sans beaucoup de transparence ; une pensée solidaire qui se manifeste sur plus d’un point à la fois, et se déroule avec une plénitude imposante dans sa qualité fondamentale ; un arbre d’une puissante végétation intérieure, qui n’a nul souci de l’écorce ; une allure simple, grave, un peu enveloppée, faisant beaucoup de chemin sans affecter beaucoup de mouvement ; souvent de ces mots brefs et compréhensifs, de ces formules d’apôtre qui gravent une pensée pour toute une religion.

929. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Il semble que notre propre destinée se perde au milieu du monde qui se découvre à nos yeux ; que des réflexions, qui tendent à tout généraliser, nous portent à nous considérer nous-mêmes comme l’une des millièmes combinaisons de l’univers, et qu’estimant plus en nous la faculté de penser que celle de souffrir, nous donnons à l’une le droit de classer l’autre.

930. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Il les considère comme des êtres inférieurs et charmants, dont la seule mission est de « conspirer aux fins de la nature » et, par l’attrait qu’elles exercent sur l’homme, d’assurer la perpétuité de l’espèce.

931. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Lo Ipocrito et Le Tartuffe Dom Juan et Le Tartuffe sont aujourd’hui considérés généralement comme les deux créations, nous ne disons pas les plus parfaites, mais les plus vigoureuses du génie de Molière.

932. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

« Parmi toutes ses façons dures et austères, dit plus loin Saint-Simon, il était infiniment respecté, considéré et craint, et avait beaucoup d’amis.

933. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Il est bien plus naturel & plus juste de les considérer comme autant de préceptes mis en action, comme autant de préceptes mis en action, comme autant d’Apologues dont il est facile de tirer le sens moral ; & l’Apologue a toujours été regardé comme la tournure la plus propre à inculquer les leçons.

934. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

Nous ne saurions la considérer, avec Renouvier et W.

935. (1894) Notules. Joies grises pp. 173-184

Jusqu’à ces derniers temps, les critiques incompréhensifs et les fabricants de prosodie considéraient l’assonance à l’intérieur du vers comme une discordance, et dans tous les cas comme un grave défaut.

936. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Mais ne considérons Racine que par les endroits qui l’immortalisent.

937. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Quand on songe que Moïse est le plus ancien historien du monde ; quand on remarque qu’il n’a mêlé aucune fable à ses récits ; quand on le considère comme le libérateur d’un grand peuple, comme l’auteur d’une des plus belles législations connues, et comme l’écrivain le plus sublime qui ait jamais existé ; lorsqu’on le voit flotter dans son berceau sur le Nil, se cacher ensuite dans les déserts pendant plusieurs années, puis revenir pour entrouvrir la mer, faire couler les sources du rocher, s’entretenir avec Dieu dans la nue, et disparaître enfin sur le sommet d’une montagne, on entre dans un grand étonnement.

938. (1762) Réflexions sur l’ode

Elle a considéré cependant, que si l’ode paraissait chanceler sur son trône, ce n’était pas à l’Académie Française à l’en précipiter ; et qu’elle devait tâcher au contraire de ranimer et d’encourager un genre, qui ne mérite pas de périr obscurément.

939. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Rien, en ces deux derniers volumes, n’a modifié le jugement que j’ai déjà porté sur l’auteur des deux premiers et sur sa manière de considérer les choses historiques59.

940. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

II Dans cette pénurie de grands historiens, les meilleurs (relativement, sans doute), ceux-là qui nous éclairent le mieux Napoléon, qui dirigent le mieux sur lui leur rayon isolé, leur pointe de lumière, sont ceux qui, comme Edmond de Beauverger, par exemple, ne considèrent à la fois qu’une face de cette prodigieuse personnalité.

941. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Si l’on en considère les phases et si l’on se place en dehors de la question mère du Moyen Âge qui embrasse tout en Europe, depuis les Mamertines jusqu’à la Renaissance, pour ne voir seulement, comme Labutte, que rétablissement du grand Rollon et de ses fils sur nos rivages, cette histoire, par la nature des choses, relève bien plus de l’artiste que du penseur.

942. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Il y a plus : j’estimais que si un homme était capable de mettre de l’agrément dans un livre philosophique, c’était le philosophe qui s’était une fois si joliment moqué des philosophes, et si c’était ainsi pour moi, si raisonnable, comme vous voyez, dans mon amour pour Taine, qu’est-ce que cela devait être pour ses admirateurs, qui le prennent pour le Génie en herbe de la littérature et le considèrent comme un jeune dieu ?

943. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Ce dessin gras, invisible et sournois, qui serpente sous la couleur, est, surtout si l’on considère l’époque, un légitime sujet d’étonnement. — De longtemps, les artistes n’auront pas l’âme assez bien trempée pour attaquer les jouissances amères de David et de Girodet.

944. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Je n’attaque en rien le mérite de Madame de Staël, je rends hommage à son génie ; j’honore sa mémoire, et ne la considère ici que comme une des plus ardentes instigatrices d’un genre de littérature que repousse la sévérité du goût français.

945. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

« Ils étaient royalistes, mais ils étaient législateurs, et, n’appartenant à la monarchie par aucune idolâtrie d’individus, par aucune de ces habitudes qui gouvernent le vulgaire, mais par le seul regard de l’ordre et de la félicité publique, ils considéraient avant tout les besoins actuels du peuple, et, remarquant que le repos, après tant d’agitations, en était le plus pressant, … ils se seraient gardés de troubler ce calme heureux… « Ils étaient royalistes, mais ils étaient citoyens ; ils savaient qu’ils n’avaient que leurs voix dans ce vaste empire ; ils tenaient leurs systèmes les plus chers subordonnés à la volonté nationale… « Ils étaient royalistes enfin, mais, j’ose le dire, les plus prudents et les plus éclairés des royalistes ; ils avaient bien compris que, si la monarchie pouvait se rétablir jamais, ce ne serait que par le développement libre et légal de cette imposante volonté publique ; que toute secousse violente, toute tentative contraire aux lois, loin de l’accélérer, en retarderait l’inévitable cours ; et ainsi pensaient-ils que conspirer pour la royauté, c’était en effet travailler contre la royauté. […] « Dimanche soir. » Mme de Staël avait à peine attendu la réponse de Junot127 : elle considérait la partie comme perdue. […] Je ne sais pourquoi vous ne considérez pas comme un devoir de faire usage de vos talents dans le noble sens que votre âme vous inspire. […] Elle se considérait comme dans une geôle et n’était occupée qu’à épier le moment et le moyen pour s’échapper. […] Après tout, quand on le considère de près et qu’on l’étudie, on reconnaît qu’il suivit toujours la même ligne de principes, le même ordre d’inspirations, puisées aux mêmes sources morales ; mais il était en progrès.

946. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Quand, pour se barricader, il va couper dans les bois des pieux qu’il enfonce, et dont chacun lui coûte un jour de peine, il remarque que « cet ouvrage était très-laborieux et très-ennuyeux ; mais quel besoin avais-je de considérer si une chose que je faisais était ennuyeuse ou non, puisque j’avais assez de temps pour la faire, et que je n’avais point d’autre occupation ? […] Il entre dans toute sorte de rêveries ; il se demande si ce n’est pas le diable qui a laissé cette empreinte de pied, et il en raisonne. « Je considérai que le diable aurait pu trouver quantité d’autres moyens de m’effrayer1031 », si c’était là son envie. « Comme je vivais tout à l’opposé de ce côté de l’île, il n’aurait jamais été si simple que de laisser cette marque à un endroit où il y avait dix mille chances contre une que je ne la verrais pas, dans le sable surtout, où la première houle par un grand vent l’eût effacée. […] Une fille, une jeune fille sans expérience, sans importance, résister à des hommes, à des vieillards, à des gens établis, considérés, à toute sa famille, cela est monstrueux ! […] Il donne à ses fictions un but pratique, et les recommande en disant que le ton sérieux et tragique aigrit, tandis que le style comique « dispose les gens à la bienveillance et à la bonne humeur1082. » Bien plus, il fait la satire du vice ; il considère les passions non comme de simples forces, mais comme des objets d’approbation ou de blâme. […] Bien loin de les esquisser en passant, comme Gil-Blas, il appuie le trait désagréablement avec insistance, et le surcharge de tous les détails, sans considérer s’ils sont trop nombreux, sans reconnaître qu’ils sont excessifs, sans sentir qu’ils sont odieux, sans éprouver qu’ils sont dégoûtants.

947. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Qu’il parle de lord Clive, de Warren Hastings, de sir William Temple, d’Addison, de Milton, ou de tout autre, il s’applique avant tout à mesurer exactement le nombre et la grandeur de leurs défauts ou de leurs vertus ; il s’interrompt au milieu d’une narration pour examiner si l’action qu’il raconte est juste ou injuste ; il la considère en légiste et en moraliste, d’après la loi positive et d’après la loi naturelle ; il tient compte au prévenu de l’état de l’opinion publique, des exemples qui l’entouraient, des principes qu’il professait, de l’éducation qu’il avait reçue ; il appuie son opinion sur des analogies qu’il tire de la vie ordinaire, de l’histoire de tous les peuples, de la législation de tous les pays ; il apporte tant de preuves, des faits si certains, des raisonnements si concluants, que le meilleur avocat pourrait trouver en lui un modèle, et quand enfin il prononce la sentence, on croit entendre le résumé d’un président de cour d’assises. […] Quand nous essayons de raconter la vie ou de figurer le caractère d’un homme, nous le considérons assez volontiers comme un simple objet de peinture ou de science : nous ne songeons qu’à exposer les divers sentiments de son cœur, la liaison de ses idées et la nécessité de ses actions ; nous ne le jugeons pas, nous ne voulons que le représenter aux yeux et le faire comprendre à la raison. […] Considérez, par exemple, ces phrases par lesquelles il essaye de rendre sensibles à un public anglais les événements de l’Inde : « Au temps de Warren Hastings, dit-il, la grande affaire d’un serviteur de la Compagnie était d’extorquer aux indigènes cent ou deux cent mille livres sterling aussi promptement que possible, afin de pouvoir revenir en Angleterre avant que sa constitution eût souffert du climat, pour épouser la fille d’un pair, acheter des bourgs pourris dans le Cornouailles, et donner des bals à Saint-James square… Il y avait encore un nabab du Bengale, qui jouait le même rôle vis-à-vis des dominateurs anglais de son pays, qu’Augustule auprès d’Odoacre, ou les derniers Mérovingiens avec Charles Martel et Pépin le Bref. […] Un tel livre, avant le déluge, eût été considéré comme une lecture aisée par Hilpa et Shalum ; mais malheureusement la vie de l’homme n’est aujourd’hui que de soixante-dix ans, et nous ne pouvons nous empêcher de dire au docteur Nares que ce n’est pas bien à lui de nous demander une grande portion d’une si courte existence1375. […] Le vieux Mac-Ian, qui avait été fort inquiet, ne sachant s’il était considéré comme sujet ou comme rebelle, paraît avoir vu cette visite avec plaisir.

948. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Considérez l’œuvre de Renan. […] Ils peuvent en se retournant considérer avec orgueil la longue avenue plantée d’arbres majestueux dont chaque feuille porte leur signature. […] C’est la synthèse grisante de toutes les connaissances de l’époque considérées dans leur rapport au problème de l’esprit humain. […] Il tâtonne, il hésite, il se précipite, puis se reprend et considère ses convulsions avec une sorte de mépris. […] Schwob considère le rire comme résultant d’une entorse apparente aux lois fatales qui nous enserrent.

949. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Krantz considère comme propre ou, mieux encore, comme intérieure à l’art classique. […] Considérez plutôt l’étrange diversité des arrangements les plus récents qu’on en ait proposés. […] « Considérez dans la chambre prochaine, disait l’Asmodée de la première édition, ces deux prisonniers qui s’entretiennent au lieu de se reposer. […] Le Spectateur français peut être considéré comme le livre d’esquisses où Marivaux a successivement ébauché presque tous les sujets qu’il devait plus tard achever en romans. […] Rencontre singulière, à coup sûr, qu’une telle idée appartienne en propre à l’homme que l’on considère plutôt comme le peintre achevé des élégances mondaines du xviiie  siècle !

950. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Considérez une foule en proie à l’émotion d’une grande œuvre musicale. […] Ce serait une erreur que de considérer l’âme de l’homme comme douée d’une santé robuste et capable de résister aux chocs du dehors ; elle est au contraire singulièrement faible et corruptible. […] Elle considère toute erreur comme mortelle, toute méprise comme irrémédiable. […] De là un système de métaphysique extrêmement subtil et profond, où le rien est considéré comme l’essence divine elle-même, où la raison humaine est considérée comme d’autant plus parfaite qu’elle se rapproche davantage du néant. […] Il a le dédain le plus prononcé pour les apparences extérieures et n’aime pas à sortir des domaines de la réalité abstraite, qu’il considère comme la seule vraie.

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