/ 1703
931. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Il dédiait son ouvrage « à la Très chrétienne Majesté de l’invincible Louis le Juste, roi de France et de Navarre ».

932. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

C’est ainsi que l’engouement pour Rome et la Grèce ne pouvait donner à des Français du xviii e siècle, produits d’une longue hérédité chrétienne, les sentiments et les conceptions d’un Grec ou d’un Romain.

933. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Or l’auteur de cet écrit, quel qu’il ait été, ne l’a composé que pour faire voir qu’un chrétien ne devoit point assister aux spectacles de ces temps là, qu’il ne devoit pas, comme le dit saint Augustin, participer aux infamies du théatre, aux impietez extravagantes du cirque, ni aux cruautez de l’amphithéatre.

934. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

» Une autre personne aurait simplement remarqué que, s’il y a deux genres de style, rien n’empêche un auteur de les mêler ; qu’en exposant des théories philosophiques dans sa Tentation Flaubert a fait du style abstrait, et qu’en peignant Antioche ou les chrétiens aux lions il fait du style de couleur ; que Taine, parlant philosophie ou suffrage universel, faisait du style d’idées, et qu’en évoquant la campagne italienne ou les Pyrénées il fait du style de couleur.

935. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

et je donne à ce mot toute sa profondeur, car Rapetti est un chrétien, l’inaltérable sévérité du moraliste y est davantage, et, teinte du sang de cette pitié secrète, elle y atteint parfois à quelques places la sublimité.

936. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

De 1848 à 1852, si vous exceptez, dans l’erreur inouïe, les œuvres de Proudhon, et, dans la beauté pure de la vérité chrétienne, le grand livre de Blanc-Saint-Bonnet (De la Restauration française), deux sortes de productions contraires, mais qui, erreur et vérité à part, sont de ces têtes de saumon qui valent mille grenouilles, comme disait le duc d’Albe, vous n’avez plus rien, pas même les grenouilles, quoique à cette terre généreuse les hommes médiocres n’aient jamais manqué.

937. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Ses origines anglo-germaniques (Armand Colin, 1926) de ne concevoir l’esprit français que comme chrétien et spiritualiste en oubliant Molière et Voltaire. […] Le ciel chrétien est la « Surnature », on y entre au prix de la vertu et dans une autre existence. […] L’âme d’un Chateaubriand, audacieuse, livrée à tous les charmes, sans illusions à perdre, capable d’amertume, mais non de désolation, est la moins exposée à la conversion chrétienne. […] La « beauté » chrétienne se crée, nous allions dire se fabrique, à force d’ingrédients païens et profanes. […] Elles n’en ont pas moins l’authenticité humaine, parce que les idéaux qu’elles personnifient, abnégation chrétienne, discipline militaire, sont eux-mêmes créateurs.

938. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Rentré en France après la Terreur, il y porta dans la société renouvelée un homme nouveau ; l’austérité chrétienne de sa vie n’enlevait rien à l’émotion de son cœur et à la séduction de sa personne. […] C’est ce sentiment qu’on voit percer à son insu dans la naïve correspondance de Mathieu de Montmorency avec sa Juliette ; il n’est pas amoureux, et il est jaloux ; on sent que, pour conserver plus sûrement la pureté de celle qu’il conseille, il veut, pour ainsi dire, la confier à Dieu et l’enivrer d’un mysticisme éthéré pour l’empêcher de respirer l’encens de la terre ; c’est ce qui donne aux lettres de Mathieu de Montmorency un ton mixte, moitié d’amant, moitié d’apôtre, que quelques personnes trouvent chrétien et que nous trouvons un peu faux à l’oreille. […] XVII À l’époque où madame Récamier le connut et lui permit de l’aimer, il avait déjà écrit une espèce de poème en prose, Antigone, sorte de Séthos ou de Télémaque dans le style de M. de Chateaubriand ; on parlait de lui à voix basse comme d’un génie inconnu et mystérieux qui couvait quelque grand dessein dans sa pensée ; il couvait, en effet, de beaux rêves, des rêves de Platon chrétien, rêves qui ne devaient jamais prendre assez de corps pour former des réalités ou pour organiser des doctrines.

939. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Un voyage à Naples en 1811, un séjour aux gardes du corps en 1814, des excursions en Savoie et dans les Alpes, et le voici aux eaux d’Aix en 1816 : là il fait la connaissance de Mme Charles, la jeune femme d’un vieux physicien, phtisique et nerveuse, point vaporeuse ni exaltée, semble-t-il, charmante « avec ses bandeaux noirs et ses beaux yeux battus » ; elle mourut en 1818, chrétienne, le crucifix aux mains. […] Mais il faut bien reconnaître que cet optimisme a besoin de vague pour subsister : à trop rigoureusement analyser les idées, à regarder de trop près la nature, il faut que le désenchantement, que le pessimisme apparaissent ; et la ressource suprême de l’optimisme, c’est d’abandonner ce monde et cette vie au mal, pour s’attacher aux infinies compensations que la foi chrétienne promet. […] Au temps où le romantisme était légitimiste et chrétien, Béranger était libéral ; il avait souffert destitution, prison, amende : mais, avec cela, il était classique : il satisfaisait pleinement les esprits que l’art romantique effarouchait.

940. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Il a félicité Molière d’être un si mauvais chrétien. […] Sarcey ne nous a pas dit, et n’a pas voulu nous dire, que c’est aussi la plus belle des tragédies chrétiennes. […] Aussi bien le commandant, « du moment qu’il prétend aimer Raymonde, doit savoir d’avance à quoi l’engage implicitement l’amour chrétien ». […] Car voyez : notre théâtre, à nous, n’est point chrétien. […] L’aventure de Marie-Madeleine « rachetée par l’amour », c’était, pour ces surprenants chrétiens, quelque chose comme le prototype de l’histoire de Marion Delorme ou de la Dame aux Camélias !

941. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Si Renan garde dans l’expression des idées les plus éloignées du christianisme l’onction chrétienne, le tour, le ton, le vocabulaire même, soit du mysticisme chrétien, soit de la politesse ecclésiastique, nous soupçonnons ces combinaisons d’être préméditées et nous y goûtons comme le ragoût d’un imperceptible et fuyant sacrilège. […] Pendant des siècles, l’Europe chrétienne les a contraints à exceller dans le commerce de l’argent : ce n’est pourtant pas leur faute. […] Il me semble qu’un juif, — et pareillement un chrétien, — qui a cent millions, se croira toujours l’égal d’un prince d’Aurec. […] La « tragédie chrétienne » m’a tout autant remué que le drame humain. […] Celles même qui se croient pieuses et qui observent les pratiques extérieures de leur religion n’ont pas le plus petit soupçon de ce qu’est une vie chrétienne.

942. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Par ce trait surtout qui tempère chez l’un l’esprit moqueur, que relèvent chez l’autre la gravité d’esprit et la hauteur du sentiment chrétien, Rollin et Lesage sont à peu près, au même titre, deux exemplaires exquis du caractère et du génie national. […] Il en use à l’égard de la tradition et des maîtres classiques, à l’égard de sa religion littéraire, comme Bossuet à l’égard de la religion chrétienne et des Pères. […] Qui croirait qu’il veut à toute force avoir écrit un livre profondément chrétien ? […] Il est même digne de remarque qu’il eut toujours, sauf sur le rang et sur ce qui touchait de près ou de loin à la dignité du caractère, un grand fonds de modestie et d’humilité chrétienne. […] Déjà ils bâtissaient des projets d’avenir, ils allaient s’épouser, quand le mari reparut, comme dans les romans, ramené des confins de l’Atlas par deux religieux mathurins à qui la charité chrétienne avait inspiré la fâcheuse idée de payer sa rançon.

943. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Ce ciel, qui participe de l’Olympe par ses jardins lumineux, et des enfers antiques par ses champs d’asphodèle, n’est pas le vrai ciel du spiritualiste ni du chrétien ; il ne contient aucune véritable espérance, aucun motif de consolation, et la pièce À Daphné, conçue avec assez de fierté, développée avec assez de talent, manque pourtant de décision ; elle demeure comme suspendue entre André Chénier et Lamartine.

944. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Cousin ne cesse de répéter que Port-Royal représente le stoïcisme chrétien : ces assimilations rapides, sans être fausses, ne sont pas suffisantes et ne sauraient se donner comme définitives.

945. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Le système d’Épicure, le dogme du fatalisme, les mœurs de l’antiquité avant l’établissement de la religion chrétienne, dénaturent presque entièrement ce qui tient aux affections du cœur.

946. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Grec, comme André Chénier, par le génie, l’auteur de Mirèio a, sur André, tombé de son berceau byzantin dans le paganisme de son siècle, l’avantage immense d’être chrétien, comme ces pasteurs de la Provence dont il nous peint les mœurs et nous illumine les légendes.

947. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Sa piété est douce, gaie, point fastueuse ; mais il veut une vie chrétienne et active ; c’est un homme admirable ; je vous l’enverrai, si vous souhaitez, à vous et à Guébriant, Il commence pars emparer des passions, il s’en rend maître, et il y substitue des mouvements contraires, il m’a ordonné de me rendre ennuyeuse en compagnie, pour modifier la passion qu’il a aperçue en moi, de plaire par mon esprit.

948. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

En même temps cette réalité qui continue de vivre et do prospérer en se mouvant dans la pérennité et comme dans le relâchement du moule qui la pétrit, va se dissoudre et périr sitôt que le principe d’une forme idéologique différente, l’idée chrétienne, marque son empreinte sur ses institutions.

949. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Cependant la faute est connue au ciel, une sainte tristesse saisit les anges ; mais that sadness mixt with pity, did not alter their bliss ; « cette tristesse, mêlée à la pitié, n’altéra point leur bonheur » ; mot chrétien et d’une tendresse sublime.

950. (1865) Du sentiment de l’admiration

Mais pour comprendre de bonne heure que cette recherche platonicienne et surtout chrétienne de l’idéal dans les chefs-d’œuvre de l’art est la fin supérieure des vraies études, il faut bien un peu de cette folie dont je parlais tout à l’heure, folie qui a son nom et l’un des plus beaux noms qui soient ici-bas, l’enthousiasme.

951. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

L’application de cette théorie, — qui supprimait la famille chrétienne en faisant égaux en droit le père et le fils, renversait le foyer domestique et son crédit, donnait une prime aux turbulents, toujours prêts, contre les pacifiques, toujours promptement dégoûtés de ces orgies, et tout cela pour se terminer irrévocablement par des réactions que la force des choses veut et que le législateur devrait prévoir, ne fût-ce que pour organiser, — telle est, sans phrases, girondines ou autres, sans déclamation et sans haine, la Révolution française.

952. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

C’est tout ce qui restait de l’antique foi chrétienne, de l’enthousiaste amour de Dieu, épousé par le cœur ardent du Moyen Age demeuré fidèle jusqu’au grand Adultère de la Renaissance, dont le XVIe siècle fut un des bâtards !

953. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Pour peindre ces iarls farouches que la Féodalité chrétienne apprivoise à peine, et ces tribus qui les suivent, — qui plongent dans les rayons du baptême leur front déformé par les coups du marteau de Thor, tandis qu’ils s’enfoncent jusqu’au flanc dans le limon de la barbarie, — il semble qu’il ne faudrait rien moins que de transporter dans l’histoire, en les élevant à ses sévères proportions, les qualités de ce romancier épique, Fenimore Cooper, l’Américain qui fut tout ensemble l’Homère et l’Hésiode des Peaux-Rouges et des Visages-Pâles.

954. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Il eût mieux valu dire que sa valeur n’était rien à son humanité ; qu’empereur il fut modeste et doux ; que maître absolu, il donna, par ses vertus, des bornes à un pouvoir qui n’en avait pas ; qu’il n’eut point de trésor, parce qu’il voulait que chacun de ses sujets en eût un ; que les jours de fêtes, il empruntait la vaisselle d’or et d’argent de ses amis, parce qu’il n’en avait point lui-même ; qu’il fut humain en religion comme en politique ; et que, pendant tout le temps qu’il régna, tandis que les autres empereurs, persécuteurs des chrétiens, lui donnaient l’exemple d’une superstition inquiète et féroce, il ne fit jamais, dans ses États, ni dresser un échafaud, ni allumer un bûcher.

955. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Car le but de l’univers, ce n’est point la production de la beauté plastique, mais de la bonté. » Ceci, il est vrai, sent un peu le mysticisme chrétien. […] Mais j’en appelle à ceux qui sont vraiment chrétiens ou qui se souviennent de l’avoir été, et qui croient, ou qui ont cru, que Jésus est Dieu. […] Le mariage moderne est, par ses origines, une institution plus chrétienne encore que sociale. […] Je veux bien que Frédégonde, chrétienne peu éclairée, ait conçu cette ruse grossière et en ait espéré le succès. […] Il est étrange, dis-je, que le féodal ressuscité ait à ce point dévoré le chrétien et même « l’honnête homme. » Car ce gentilhomme manque même, ici, de politesse.

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