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539. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Un groupe de très jeunes écrivains qui se sont rapidement groupés autour de l’étendard du « naturisme », vient de manifester son culte enthousiaste pour le romancier fameux, que la génération néo-idéaliste ne cessa d’accabler de son indifférence et de son mépris. […] Le divorce cesse. « Nous avons fait à la nature, au vaste monde, peut-il dire justement, une place tout aussi large qu’à l’homme. […] C’est ce que Giordano Bruno exprimait en ces termes : « Un esprit se trouve dans toutes les choses, et il n’y a pas de corps si petit qui ne contienne en soi une parcelle de la substance divine, par laquelle il est animé. » Et Goethe lui-même : « L’essence éternelle se meut sans cesse en toutes choses13 ». […] Il est semblable à celui qui, lassé d’entendre sans cesse chanter sur tous les tons les plus fades la beauté précieuse et délicate, la beauté suprême de la fleur, déclarerait brutalement que, pour lui, la beauté réside toute entière dans l’écorce rugueuse.

540. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Tout ce qui est sérieux en nous cesse-t-il d’être beau ? […] Dira-t-on qu’aimer une femme, c’est cesser de la trouver belle ? […] Si le mélomane pouvait, comme les cigales de la fable, se nourrir vraiment de musique, la musique cesserait pour lui d’être belle. […] Renan, le jour où l’on cesse d’aller à demi-nu. […] Pourquoi le vers de dix pieds, qui a cessé depuis si longtemps de nous suffire, est-il resté le vers héroïque d’autres peuples ?

541. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

Mais il y eut quelque chose de plus efficace et de plus puissant à produire cette révolution, que toutes les intrigues particulières ; ce fut, à un moment donné, le concert universel et la conspiration véritable de tous, le mépris profond dans lequel était tombé Pierre III, l’intérêt qu’inspirait Catherine, et la faveur populaire qui n’avait cessé de la suivre pendant des années jusque dans sa disgrâce. […] J’ai parlé de Louis XIV : Catherine eut comme lui des faiblesses, elle les eut en public avec montre et ostentation, et de plus sans interruption ni cesse jusqu’au dernier jour.

542. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Bien que dans ses Souvenirs de Jeunesse, et dans cette foule d’anecdotes et de nouvelles publiées, il n’ait cessé de puiser à la source secrète et d’y introduire le lecteur, on peut assurer que, si on ne l’a pas entendu causer, on ne le connaît, on ne l’apprécie comme conteur qu’à demi. […] Je glisse au bas de la page ce mot humble, ce mot touchant, que je préfère à d’autres mots plus glorieux, parce qu’il sent l’homme cette heure de vérité, ce mot toutefois qu’il faudrait être lui pour prononcer comme il convient, avec sensibilité et ironie, avec un sourire dans une larme ; il s’agissait de ces marques d’affection et d’honneur qui lui arrivaient en foule et ne cessèrent plus, dès qu’on le sut en danger : « Qui est-ce qui dirait, à voir tout cela, que je n’ai toujours été qu’un pauvre diable ? 

543. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Comme conseil de style, on n’a qu’à renvoyer à l’auteur ses propres paroles : « Un écrivain qui a quelque souci de la postérité, dit-il dans sa remarquable préface, cherchera sans cesse à purifier sa diction, sans effacer toutefois le caractère particulier par lequel son expression révèle l’originalité de son esprit ; le néologisme n’est d’ailleurs qu’une triste ressource pour l’impuissance. […] Hugo se garde surtout de l’excès de sa force ; qu’à l’heure de la méditation, il sache attendre à loisir ses propres rêves, les laissant venir à lui et s’y abandonnant plutôt que de s’y précipiter ; qu’à l’heure de produire, il se reparte sans cesse aux impressions naïves qu’il veut rendre, les contemple longuement avant de les retracer, et plus d’une fois s’interrompe en les retraçant pour les contempler encore ; que, n’épuisant pas à chaque trait ses couleurs, il approche par degrés de son idéal, et consente, s’il le faut, à rester au-dessous plutôt que de le dépasser, ce qui est la pire manière de ne pas l’atteindre.

544. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

La mission, l’œuvre de l’art aujourd’hui, c’est vraiment l’épopée humaine ; c’est de traduire sous mille formes, et dans le drame, et dans l’ode, et dans le roman, et dans l’élégie, — oui, même dans l’élégie redevenue solennelle et primitive au milieu de ses propres et personnelles émotions, — c’est de réfléchir et de rayonner sans cesse en mille couleurs le sentiment de l’humanité progressive, de la retrouver telle déjà, dans sa lenteur, au fond des spectacles philosophiques du passé, de l’atteindre et de la suivre à travers les âges, de l’encadrer avec ses passions dans une nature harmonique et animée, de lui donner pour dôme un ciel souverain, vaste, intelligent, où la lumière s’aperçoive toujours dans les intervalles des ombres. […] En reproduisant cet article au milieu du volume à l’endroit où la continuité de vues et de système cesse ou du moins fléchit, nous voulons indiquer de quelle manière nous concevions alors la transformation de l’école romantique et critique de la Restauration : mais les programmes en divers genres ont eu tort.

545. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre II. La tragédie »

Crébillon, qui eut un immense succès, est un homme d’imagination-active, sans cesse occupée à emmêler et à démêler les fils d’une action romanesque. […] Voilà ce que Voltaire aperçut nettement, et ne cessa de répéter pendant soixante années.

546. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Ce fut néanmoins dans cette année qu’elle cessa d’être l’unique objet de ses désirs. […] Cette complication fit que le public sut fort inexactement l’époque où cessa l’intime liaison du roi avec madame de La Vallière, et où de vint exclusive celle qu’il eut avec madame de Montespan.

547. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

N’oublions pas non plus que la notion de pluralité est toute naturelle, puisque notre conscience est sans cesse changeante, allant d’une sensation à l’autre. […] L’idéalisme répète sans cesse que tout ce que nous connaissons est par cela même dans notre conscience ; que les perceptions, sensations et autres choses semblables sont des faits de conscience ; que les phénomènes de la nature nous sont connus seulement sous forme de représentations, conséquemment comme processus psychiques ; en un mot, qu’on ne peut dépasser sa conscience.

548. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

L’œuvre d’art résolue dans ses effets et ses moyens cesse d’être une œuvre d’art. […] — Ce sera de même, en recourant à îles procédés usités déjà, mais dont l’insuffisance, s’ils demeurent isolés, a été montrée plus haut, que l’on résumera des analyses psychologiques, l’image îles êtres vivants qui y auront été disséqués Le critique concevra que le mécanisme mental exsangue et incolore, qu’il aura lentement et pièce par pièce déduit des données esthétiques, n’est point une entité idéale, une force flottante et sans point d’application, mais qu’animé, existant, nourri d’un sang pourpre, concentré en des cellules sans cesse vibrantes et rénovées, il se situe en un encéphale particulier, un système nerveux, un corps, un être humain, qui fut debout, marchant et agissant dans notre air, sur notre terre.

549. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

. — La vie, pour moi, est comme un bal dont la musique a cessé. » — Et c’est là tout ! Il n’y a rien de plus dans ces misérables lettres, qui sont pour nous ce que pour elle est la vie, — un bal dont la musique et l’âme et l’émotion ont cessé !

550. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Intérieure vis-à-vis de Dieu qu’elle savait porter et cacher dans son âme, au milieu de ce monde qu’elle n’a cessé de voir. […] Mme Swetchine, qui n’est pas auteur, — qui en a un jour couru le danger, mais qui y a échappé par cette conversion qui la jeta dans le grand sérieux de la vie et qu’elle n’a jamais racontée (trait caractéristique de la discrétion sur elle-même de cette sympathique femme du monde), Mme Swetchine, ne peut avoir eu que deux buts en écrivant sa pensée : — ou la fixer mieux en la parlant, pour la connaître et lui donner sa forme, pour qu’elle cessât d’être une rêverie et fût bien une pensée, — ou entrer par là dans la pratique morale, dans le conseil, dans le soulagement.

551. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Or, à côté du sentiment et de la grâce de la paternité dans un homme de génie, il y a en Joseph de Maistre un sentiment bien plus étonnant et bien plus rare, un sentiment qui fait moins son train dans les cœurs et qui surtout, dans cette correspondance-ci (Correspondance diplomatique)44, s’élève en lui jusqu’à la plus haute raison et la plus haute vertu, sans cesser pour cela d’être une grâce, sans cesser d’être une chose charmante d’expression, et ce sentiment-là, c’est le respect voulu et maintenu de tout ce qu’on pourrait ne plus estimer ou mépriser peut-être.

552. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Les rois, ne croyant plus en Dieu, cessèrent d’être rois. […] Mais ces ignominies de rois qui n’avaient plus le sentiment de leur fonction, de leur devoir, de leur intérêt de souverains, — qui avaient brouillé et dissous tout cela dans leurs âmes ramollies, cessèrent bientôt d’être de grandes ignominies et finirent par tomber dans un ridicule qui les rapetissa.

553. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

Elle fut dévorée par l’ennui, avec tout ce qui, en elle et hors d’elle, dans son être et dans sa société, aurait dû rendre cet ennui impossible, et malgré tous les efforts que cet esprit ravissant, si fin et si souple, ne cessa de faire, toute sa vie, pour y échapper ! […] Elle l’avait eu toujours enveloppé, ce pauvre cœur, dans cette draperie sans bout de l’ennui ; elle mourait sous ce poids énorme bien avant d’avoir cessé de respirer.

554. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Mademoiselle de Condé »

Mademoiselle de Condé cessa de les écrire, mais cessa-t-elle d’aimer La Gervaisais ?

555. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

et doit-elle cesser, quand il en vient du dehors une quantité suffisante ? […] Aussitôt que ces symptômes apparaissaient, le sucre cessait de se montrer dans les urines, mais y revenait dès que l’affection intestinale se calmait. […] Le sang était entretenu rutilant par l’oxygène, qui traversait sans cesse ce liquide, et le sang était, au contraire, très noir au contact de l’acide carbonique. […] C’est ainsi également qu’on s’explique que chez les fœtus arrivés aux dernières périodes de la gestation, le sucre cesse de se rencontrer dans les urines, comme il cesse aussi de se produire dans les muscles et dans les poumons. […] Chez ce dernier, la sécrétion glycogénique a cessé, comme cessent toutes les fonctions d’un organe quand on a coupé les nerfs qui s’y rendent, mais le sucre antérieurement formé, et qui existait au moment de l’opération, a continué de se détruire, et si le temps a été suffisant, nous ne devons plus en trouver dans le tissu hépatique.

556. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 20-21

Des mœurs simples & pleines d’honnêteté, un cœur sans cesse ouvert à la bienfaisance, des procédés pleins de droiture & de candeur, une conversation animée par la franchise & la vivacité, formoient les principaux traits de son caractere, & rendront sa mémoire toujours chere à ceux qui savent apprécier l’homme honnête, le vrai Citoyen, le Savant modeste, & le sage Littérateur.

557. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Le bruit cessé, mon pauvre père, que Dieu absolve ! […] L’Antiquité, qu’on nous vante toujours, nous trompe sans cesse ; nous ne sommes plus au temps d’Horace et de Pétrone, où ce genre de peccadille ne semblait que jeu et gentillesse. […] Il prit feu ; la moutarde, comme on dit, lui monta au nez, et les épigrammes contre Des Fontaines ne cessèrent plus. […] Ce fils d’apothicaire se pique de n’en jamais prendre, et il a en pitié cette frêle machine de Voltaire, ce peu de tempérament, et toujours échauffé, qui l’oblige à se médicamenter sans cesse. […] Relisons donc sans cesse.

558. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Pour ouvrir la porte au comique, il faudrait que je cessasse de prendre au sérieux mon sujet, et que mon imagination se jouât librement des critiques et des théories de mon auteur… Cela serait fort mal, et je déclare que je ne voudrais égayer personne à ce prix. […] Dès son entrée sur les planches, il ne cesse de répéter sur tous les tons : je suis un misanthrope, conformément au précepte de Boileau, qui, pour plus de clarté, aime qu’un acteur « décline son nom », et dise : Je suis Oreste ou bien Agamemnon. […] Dès que l’auteur cesse de donner des motifs personnels aux actions et aux discours qu’il produit sur la scène, il sort du ton de la comédie104. […] Cet empire envié par le reste du monde, Ce pouvoir qui s’étend une lieue à la ronde, N’est que de ces beautés dont l’éclat éblouit Et qu’on cesse d’aimer sitôt qu’on en jouit. […] Folie aimable et pleine de sens, où étincelle cet esprit fantastique si rare en France, et où règne une plaisanterie vive et douce, qui, bien qu’elle aille quelque fois jusqu’à une sorte de délire, ne cesse jamais d’être légère et inoffensive.

559. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Mais je veux voir ce miracle de désintéressement, cet être complètement détaché que la présence de Dieu occupe et remplit sans cesse, et chez qui toute pensée n’est plus qu’un effet immédiat de cette présence : que devient l’activité humaine ? […] Où Bossuet cesse de voir la vérité, on sent que c’est notre nature qui fléchit, comme sous une recherche au-dessus de ses forces. […] Sans cesse mêlés parmi les mortels, on les attendait comme des hôtes, et l’on croyait quelquefois saluer un dieu dans l’étranger qu’un visage noble, un air de majesté distinguaient des autres hommes. […] Par le choix du sujet, Fénelon mettait sans cesse son élève en présence de lui-même. […] Les guerriers n’ont, pas cessé d’aimer la guerre ; ils continuent de prendre soin de leurs armes et de mener paître leurs chevaux175.

560. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 135-136

Il a été un des protégés de M. de Voltaire, & peut-être un des plus reconnoissans ; car il n’a cessé de chanter ses louanges & ses bienfaits, dans plusieurs Odes assez froides, & dans la Préface d’une édition qu’il a donnée de la Henriade, où son Génie tutélaire est célébré avec enthousiasme.

561. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 269-270

Mais il est certain qu’il s’est attiré beaucoup de disgraces, par son imprudence & l’inquiétude de son esprit, qui le portoit sans cesse au changement.

562. (1905) Propos littéraires. Troisième série

bien naturel, et chose qui se renouvelle sans cesse, que le mépris de Ronsard pour Marot. […] C’est… c’est vieillir, c’est cesser d’aimer à sortir et cesser d’aimer le genre épistolaire ; ce n’est rien du tout. […] C’est où cesse chez lui le Grenoblois avisé, adroit et prudent. […] Il le recommande sans cesse. […] C’est le plus joli tohu-bohu du monde, qui ne cesse pas un moment d’être clair.

563. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Les victoires françaises engendrent sans cesse un grand nombre de peintures militaires. […] Ingres est victime d’une obsession qui le contraint sans cesse à déplacer à transposer et à altérer le beau. […] Rousseau, souvent incomplet, mais sans cesse inquiet et palpitant, a l’air d’un homme qui, tourmenté de plusieurs diables, ne sait auquel entendre, M.  […] Les uns montrent le ciel, où ils ont sans cesse aspiré ; les autres désignent le sol d’où ils se sont élancés. […] Je m’impose à moi-même les dures conditions que je voudrais voir chacun s’imposer ; je me dis sans cesse : à quoi bon ?

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