dont l’amant se fait gladiateur et se trouve en face d’un inceste quand il s’agit d’épouser la femme qu’il aime… Mais cette histoire, qui aurait pu être dramatique et touchante, surtout à l’heure où le christianisme, sortant comme une aurore des Catacombes, commençait de jeter, avec ses premiers rayons, dans les âmes, les troubles d’une vertu et d’une pudeur inconnus à cet effroyable monde romain qui finissait, cette histoire n’est pour Bouilhet qu’un prétexte : son vrai but, c’est de nous décrire le luxe inouï et les derniers excès d’une société dont les vices sont restés l’idéal du crime, et qui tombe, ivre-morte du sang dont elle a nourri ses murènes, sous la table de Lucullus.
Des jeunes gens, ainsi que lui sans renommée alors, ayant comme lui toute leur vie devant eux et sans autre existence que l’avenir, se réunirent, un jour, à l’allemande, au fond d’une vieille maison de la vieille rue du Doyenné, maintenant détruite, dans un but d’amusement, de rêverie, d’art facile et de libre littérature.
Charles Didier devait publier ses récits d’aujourd’hui sans les lier entre eux et sans leur demander l’effet d’ensemble qui est le but le plus élevé de l’art, ou, les liant et voulant les ployer et les embrasser dans une unité qui les contienne et les concentre, il était tenu, de rigueur, à nous donner un livre bien autrement construit que celui qu’il nous a donné.
Leur but est de perfectionner, non pas un homme, mais le genre humain.
La tragédie est rapide dans sa marche, et va droit au but : donc la comédie doit être pleine de digressions et de hors-d’œuvre. […] La comédie doit donc nous montrer, au contraire, le triomphe de la personne humaine, conservant sa sécurité infinie au milieu même des échecs, qu’elle subit dans la poursuite d’un but contradictoire, et riant de ses propres infortunes. […] Il découvrira que cette loi essentielle du genre est violée ; qu’Arnolphe n’est comique qu’objectivement et pour autrui, qu’il se prend lui-même trop au sérieux, qu’il met à poursuivre son but une âpreté de volonté tout à fait incompatible avec la gaieté comique, et que, par suite, quand finalement il échoue, loin de pouvoir rire, comme les autres, libre et satisfait, il reste l’objet piteux et déconfit d’un rire étranger306.
et quelle preuve plus sensible qu’elle est menée elle-même par une force occulte vers un but inaperçu encore par ses amis et par ses ennemis ! […] Cela tue la Révolution française, puisque le plus puissant souverain de l’Europe (Bonaparte) aura autant d’intérêt à étouffer cet esprit révolutionnaire qu’il en avait besoin pour parvenir à son but. […] Nous voulons parler de la tentative d’un rapprochement personnel du comte de Maistre avec Bonaparte. — Pour quel but ?
Il serait déraisonnable de dédaigner les biens extérieurs, en tant que biens ; ils ont leur utilité ; mais ce ne sont que des instruments pour un but plus haut ; et quelque valeur qu’ils aient en eux-mêmes, ils la perdent du moment qu’on les met en balance avec ce qui pèse davantage. […] Servir à tout prix, même au prix de la justice et du bien, la nation qu’on commande, c’est-à-dire accroître sa force, sa puissance, sa richesse, sa sécurité, son honneur, tel est le but habituel des hommes d’État. […] Il emporta prudemment avec lui le reste de la ciguë de Socrate, et il la but par défiance des hommes, non par foi dans le Dieu unique et immortel du Phédon.
Pour arriver à leur but, ils employèrent le mensonge, la duplicité, la séduction. […] « On sut ensuite qu’il ne s’était montré aussi gracieux que dans le but de séduire les cardinaux récalcitrants à sa volonté. […] « Ce commencement donnait à notre lettre la forme d’une réponse à des inculpations et rien autre, et nous montrions ainsi que notre but était uniquement de nous laver de la tache de révolte et de trahison.
Schopenhauer, par exemple, fait du « principe de raison suffisante », identique à celui d’intelligibilité universelle, une forme inhérente à la constitution de l’esprit sans qu’on sache pourquoi, et qui n’a d’autre but que d’introduire l’ordre dans le monde de la « représentation » en le plaçant « sous le sceptre de la loi ». […] La supposition de l’intelligibilité universelle n’a pas eu primitivement pour but de rendre le monde accessible à la spéculation, c’est-à-dire approprié à notre satisfaction intellectuelle ; elle a eu pour but, avant tout, d’en faire un milieu approprié à notre activité.
Mais si nous examinons essentiellement cette proposition, c’est un contre-sens que nous repoussons, qu’il vienne de Darwin ou des déductions de Spencer et de Nietsche, et de tous qui après eux l’ont sciemment ou inconsciemment commis voir là un But de l’évolution vitale. […] Kahn, de Viélé-Griffin et d’autres dont la technique a subi l’influence de René Ghil, faudrait-il se détourner de ce dernier parce que son intensité est plus grande et son but scientiste plus élevé? […] Son but a été de produire dans une expression poétique adéquate les plus récents résultats obtenus par la science, et, en particulier, par la science biologique.
., se réunit et ouvrir une souscription dans le même but. […] Cela me navre d’entendre un robuste gaillard, chargé d’une perruque, déchiqueter une passion, la déchirer, la mettre en haillons pour fendre les oreilles du parterre, qui n’aime d’ordinaire qu’une absurde pantomime ou quelque chose de très bruyant. » Ainsi, pour ces deux hommes, l’Anglais du xvie siècle et le Français du xviie siècle, le but est le même, le but du théâtre est de présenter, comme dit Shakespeare, un miroir à la nature . […] Encore un coup, ce n’était pas le goût des discours et le prurit de la langue qui poussaient Molière à parler en public, mais l’âpre besoin d’expliquer ses idées et son but. […] Mais là n’est pas le but de sa pièce ; ce but est de salir Molière. […] Mais si le véritable génie consiste dans la pondération absolue, dans le bon sens uni à la puissance, dans le rien de trop, qui est en somme le but suprême de l’art, Molière, comme Cervantes, est l’égal de Shakespeare.
La devise de ce parti, celui de Ledru-Rollin et de la Réforme, pourrait être : les droits du peuple pour principe, les sociétés secrètes pour base, la conquête du pouvoir pour but. […] Émanation, loi et forme même de la société de pensée, l’école unique demeure la chose et le but de sociétés de pensée, comités radicaux et loges. […] L’idéal socialiste n’est jamais épuisé par la réalisation d’un but particulier, alors que l’idéal radical a subi, du fait de la séparation, une crise qui dure encore : pas plus que l’idéal chrétien n’est épuisé par une réussite particulière, soit par la vie d’un saint. […] De Man lui-même donne une admirable formule syndicaliste quand il écrit : « La tâche de toute éducation socialiste m’apparaît comme la transformation d’idéaux socialistes en mobiles socialistes », ou, selon la formule du représentant du Jeune Socialisme allemand, d’un but paradisiaque en un but héroïque. […] » on pouvait répondre : « Le bonheur humain pour principe, la conquête des pouvoirs publics pour moyen, la socialisation des moyens de production pour but ».
Lorsqu’il a fini son Werther et qu’il s’apprête à le publier, il a une crainte, c’est de blesser les jeunes epoux : il glisse dans ses lettres toutes sortes de précautions à cet égard, des précautions mystérieuses et pour eux obscures, mais qui avaient pour but de les prévenir et de les empêcher de se trop choquer. […] Dirigez vos efforts sur un seul but.
mais dans quel but ? […] « Je n’ai pas compris la citation de Désaugiers, ni quel était son but.
Ne te vexe donc pas contre les cris des rabaisseurs de réputations ; laisse-les dire, et ne troublons pas notre quiétude intérieure en faisant attention à ces braillards qui, dans le fond, me représentent juste les chiens qui cherchent à mordre les roues d’un cabriolet qui passe dans la rue. » Dans une autre lettre écrite d’Alger, il disait encore, en réitérant sa profession d’indifférence sur les critiques : « Je n’estime que le succès que le bon sens vous accorde et non celui qu’on doit aux coteries ; il en est de même des critiques, qui n’atteignent pas le but lorsqu’elles le dépassent. » Je compléterai encore par deux autres citations, prises dans la correspondance de Russie, ces contre-jugements d’Horace sur la critique : « (3 mars 1843). […] Chacun de nous veut sans doute arriver au même but, puisque nos intérêts si chers sont aussi les mêmes ; mais la manière d’y arriver est différente.
Si l’on veut bien ne pas séparer de l’ensemble de l’œuvre lyrique française les deux grands poètes contemporains (Lamartine et Victor Hugo) qui l’accomplissent et la couronnent, on sera mieux à même encore d’apprécier la première et tout à fait généreuse tentative de ces poètes de la Pléiade, qui entrevirent de loin le but et qui amorcèrent la voie. […] C’est le Tombeau latin et françois du feu roi son frère… Je l’eusse bien pu enrichir, si j’eusse voulu (et l’œuvre en étoit bien capable, comme vous pouvez penser), de figures et inventions poétiques davantage qu’il n’est, et qu’il semblera peut-être à quelques admirateurs de l’antique poésie… Or, tel qu’il est, si Madame s’en contente, j’estimerai mon labeur bien employé, ne m’étant, comme vous savez mieux qu’homme du monde, jamais proposé autre but ni utilité à mes études que l’heur de pouvoir faire chose qui lui fût agréable.
En présence surtout de l’œuvre et de la vie de M. de Chateaubriand, j’ai senti combien il sied à la faculté puissante, au génie, d’enfanter de longues espérances, de se proposer de grands buts, d’épouser d’immenses causes. […] Qu’il atteigne ou non tel ou tel but en particulier, qu’importe ?
Bien des jugements faux, inexacts, légers et passionnés, outrageux pour d’anciens bienfaiteurs du genre humain, ont été portés par eux, et ont longtemps altéré l’opinion, qui s’en affranchit à peine d’aujourd’hui ; mais le but moral, bien que souvent poursuivi à faux, leur demeura toujours présent ; la commune pensée humaine, la sympathie fraternelle, fut religieusement maintenue. […] Lucas-Montigny ne saurait être pour Mirabeau cette postérité froidement curieuse et assez indifférente aux conclusions ; il ne faut pas le blâmer d’un effort et d’un but auquel on devra et l’on doit déjà nombre de pièces authentiques et de détails inconnus, puisés au trésor qu’il a pris peine à réunir ; de plus indifférents n’eussent pas fait ainsi, et ils auraient sans doute fait beaucoup moins.
Je ne suis point de ceux-là ; et, tout en reconnaissant qu’il est bon de ralentir la marche quand il le faut, de la suspendre même, quand les circonstances le commandent, je pense aussi qu’il ne faut jamais changer de but ni se diriger autre part que là où est le vrai progrès de la société moderne, là où est l’avenir plus ou moins prochain, l’avenir inévitable auquel il ne faut jamais dire : Jamais. […] Ce n’est qu’à force de combinaisons, étrangères le plus souvent à son but, qu’il réussit à vivre, à surnager.
Son importance s’en accrut ; nommé pair de France par le roi, il changea de parti plusieurs fois par d’habiles transactions qui le menaient au but, tantôt foudroyant dans M. […] Quelques écoliers ameutés, sans autre but que l’émeute, rencontrèrent par hasard M. de Chateaubriand dans les rues de Paris, et le rapportèrent en triomphe à son hôtel de la rue d’Enfer.
Cela détruirait l’intérêt comme cela détruit la vraisemblance, si l’admirable don de peindre du poète ne ressaisissait pas à l’instant son lecteur par l’admiration et l’enthousiasme, et ne lui faisait en quelques pages oublier le chemin pour le but. […] ni idée arrêtée, ni moyens praticables, ni but avoué et avouable, ni gouvernement à fonder !
………… Ainsi, quand je partis tout trembla dans cette âme ; Le rayon s’éteignit et sa mourante flamme Remonta dans le ciel pour n’en plus revenir ; Elle n’attendit pas un second avenir, Elle ne languit pas de doute en espérance, Et ne disputa pas sa vie à la souffrance : Elle but d’un seul trait le vase de douleur, Dans sa première larme elle noya son cœur, Et, semblable à l’oiseau, moins pur et moins beau qu’elle Qui le soir, pour dormir, met son cou sous son aile, Elle s’enveloppa d’un muet désespoir, Et s’endormit aussi, mais, hélas ! […] La raison des choses est la tristesse, parce que la souffrance et la mort sont le chemin et le but final de tout dans ce monde.
Non pas que le but de l’art soit d’exprimer les personnages historiques dans leur individualité, ni qu’il importe en soi si l’athée s’appelle Énée ou Mézence, ou le fratricide Néron ou Marc-Aurèle : mais ces noms évoquent dans les esprits certaines images indestructibles et irréfrénables, dans lesquelles doit nécessairement se couler l’étude de psychologie générale. […] Et même cette idée qu’il avait allait un peu au-delà de ce qu’exigeait à l’ordinaire le public : mais, au fond, il ne déroutait pas les spectateurs, et ne leur présentait rien que leur degré de culture ne leur figurât aisément : ainsi il atteignait son but, qui était seulement d’empêcher leur attention de se détourner sur le détail et l’accessoire, et de la ramener tout entière sur la peinture des passions.
Notre langue ne va au but que par un seul chemin, et ce chemin est le plus direct. […] Elle flatte également deux dispositions contraires, soit l’extrême impatience, qui ne peut pas s’accorder de la lenteur de l’ordre logique, soit l’extrême paresse, qui ne veut pas aller droit aux choses, et qui se plaît aux détours, comme la menant au but du pas qu’elle y veut arriver.
Le but de ces harangues burlesques est d’ailleurs d’en rendre les héros ridicules : et à qui donc la France irait-elle emprunter l’arme du ridicule ? […] Tous les deux ont regardé de deux points de vue différents : l’homme, la vie, mais dans le même but, à savoir, pour les régler.