Le milieu crée le besoin, le besoin crée l’organe et l’hérédité le consolide. […] En aucun cas, le milieu ni le besoin n’ont créé d’organes. […] Ni le besoin, peut-être, ne crée l’organe, ni l’organe ne crée le besoin. […] Le travail engendre des besoins qui corrompent la santé. […] Au besoin, même, il s’y opposerait : cela s’est vu.
D’ailleurs, il est de ceux qui n’ont même pas besoin d’ancêtres. […] Donc, le plus pressant de tous les besoins du cœur, c’est-à-dire le besoin d’être désagréable aux imbéciles et aux scélérats, exige qu’on la leur dise. […] Ces comédiens se vautrent dans la gloire et n’ont certes pas besoin qu’un pauvre journaliste leur apporte de la litière. […] Mais ils ont ceci de commun : le mépris de l’autorité religieuse et le besoin furieux d’être prophètes dans leur patrie. […] D’ailleurs, la France avait besoin d’un livre sur l’Allemagne et tout est sauvé puisque le voici.
Est-il besoin d’ajouter que ses notes militaires le présentaient comme un officier de la plus grande distinction ? […] Éloa, cette créature d’amour et de pitié, cette âme née d’une larme, se sent le besoin d’aimer un affligé, de consoler un inconsolable et, parmi tous les anges, son instinct est de choisir celui précisément qui a failli, celui qu’on n’ose nommer dans le ciel, Lucifer lui-même. […] pourquoi ce besoin d’analyser, de regarder dedans et derrière les cœurs, que M. de Vigny, à propos de la préface des Consolations, me reprochait déjà, et que j’ai appliqué aussi, pour mon malheur et pour mes péchés, à l’intime perscrutation des talents ? […] Nous eûmes là sous les yeux, comme matière de méditation, au besoin, et comme sujet d’étude morale, la plaie exposée à nu, l’image d’une mortification froide et incurable. […] Quelques autres passages de ces lettres de Mme Sophie Gay ne déplairont pas : « … Voilà une confidence qui prouve tout ce que vous êtes pour moi, chère amie, et je n’ai pas besoin devons en recommander le secret.
Toutefois, comme de ville en ville on avait besoin de s’entendre pour le logis, et de se mouvoir de concert, et que le bonhomme était toujours irrésolu, changeant et temporiseur, cette dépendance me blessait. […] Une sorte de ressemblance entre nos caractères, une même façon de penser et de sentir (bien plus rare, bien plus remarquable chez lui, dont la vie était si différente de la mienne), un besoin mutuel de soulager nos cœurs du poids des mêmes passions, que fallait-il de plus pour nous unir bientôt d’une vive amitié ? Ce nœud sacré d’une franche amitié était, et il est toujours, dans ma manière de penser et de vivre, un besoin de première nécessité. […] Mais à l’approche de l’hiver, qui, à Sienne, n’est nullement agréable, comme d’ailleurs je n’étais pas encore bien guéri de ce besoin de changer de lieux, qui est une maladie de la jeunesse, au mois d’octobre, je me décidai à aller à Florence, sans savoir au juste si j’y passerais l’hiver, ou si je m’en retournerais à Turin. […] Ni Louis XV, qui venait de conclure la paix avec l’Angleterre, ni l’Espagne, qui suivait la politique française, ni Frédéric le Grand, roi de Prusse, qui avait besoin de ménager l’Angleterre, tout en admirant et en célébrant de sa plume le jeune prétendant vaincu, ne consentirent à lui prêter d’appui.
Toutes les questions nées de l’esprit d’analyse et du besoin d’application, qui furent la noble passion et souvent l’illusion dangereuse du dix-huitième siècle, Montesquieu y touche d’une main aussi hardie que discrète, avec un art qui concilie aux nouveautés les plus audacieuses les esprits les plus timides, aux changements les plus menaçants les classes qui avaient le plus à y perdre. […] Ils en portent une marque plus certaine que l’invention de quelques tours ou le bonheur de quelques expressions nouvelles ; ils ont le génie de ce qu’ils ont entrepris et, ce qui n’a pas besoin des complaisances de l’apologie, la durée. […] Il est tout uni, modeste dans le ton et dans les mots ; aimant mieux, au besoin, n’être pas vu que de se trop montrer. […] Chaque précepte est pratique ; chaque règle pourvoit à un besoin ou satisfait à une convenance de l’esprit. […] Mais il n’en est aucun qui ne soit commandé par les besoins de l’élève, ni qui soit au-dessus des forces du maître.
Manning a été attiré au catholicisme surtout par le besoin du surnaturel et par le besoin de l’unité. […] C’est chez elle un vrai besoin intime, profond et de nature. […] Avec quelques-uns Denyse est bonne en vue d’un but, et sa bonté est un moyen ; avec tous elle est bonne par instinct naturel et besoin inné, et sa bonté est tout simplement du besoin de plaire. […] Gérard était un grand lévrier qui avait besoin d’être toujours en mouvement. […] J’ai à peine besoin de dire qu’elle est défectueuse, tant elle l’est en quelque sorte par définition.
Mais qu’est-il besoin de rien conjecturer là-dessus ? […] Je ne prétens donc pas anéantir ces regles ; je veux dire seulement qu’il ne faudroit pas s’y attacher avec assez de superstition, pour ne les pas sacrifier dans le besoin à des beautés plus essentielles. […] L’avantage de la simplicité, c’est de n’avoir besoin que de la plus légere attention du spectateur. […] Quand on établit des principes pour justifier sa conduite, ils sont suspects, puisqu’on en a besoin : mais quand on en établit contre sa conduite même, il y a lieu de croire qu’on ne consulte que la raison. […] Je sais trop combien nous tenons à nos habitudes, et que qui entreprendroit de nous en faire changer, n’auroit pas moins besoin d’adresse que de courage.
Les mots dont il a besoin pour traduire sa pensée, il ne les tire pas de son propre fonds : toujours un souvenir est là, qui s’offre et s’impose. […] Lucien Corpechot, « satisfait à tous les besoins de notre esprit et lui assure le calme et la paix de la solution la plus élégante ». […] Je sais des gens qui diront qu’il n’est pas besoin de déclencher tout un appareil psychologique pour nous rendre raison des plans d’un simple jardinier. […] Qu’il la trompe au besoin, si cette infidélité passagère demeure le seul moyen de rendre tolérable une union dont les joies sont émoussées. […] Ceux qui eurent besoin de Nietzsche pour surmonter le pessimisme ressentent toujours, de ce rude traitement, un malaise.
Même quand il loue Molière, il a besoin de tomber sur La Bruyère. […] quel besoin de le prouver à tous ! […] le besoin de faire de l’effet, de compléter le drame ! […] Cousin prenait tous les soins pour la recouvrir et pour se maintenir le disciple avoué de celui dont il croyait que son école avait besoin pour patron. […] Avec cela on n’a pas besoin d’avoir toutes sortes de lecteurs, mais seulement des lecteurs qui vous sentent et vous goûtent : les autres n’ont que faire de vous.
Il n’a besoin pour cela de nul effort, de nul travail. […] Il est à peine besoin d’écrire sous un portrait du passé des années précises. […] Je crois donc que le besoin est surtout de changer d’habitudes une fois l’an. […] Mais il est bien commode de trouver sous la main la voiture dont on a besoin. […] On dirait d’un Bernard l’hermite qui s’est logé dans une coquille de hasard : il ne l’a pas appopriée à ses besoins, mais ses besoins y ont pourtant trouvé leurs aises.
En somme, le pessimisme avec le besoin et le goût de l’action. […] La pièce elle-même nous apprend, à mesure, ce que nous avons besoin de savoir. […] répond le général qui éprouve continuellement le besoin de rassurer les gens. […] Aurais-je besoin de tout un raisonnement pour l’admirer ? […] Mais, auparavant, il faut qu’il se confesse, parce qu’il en a besoin.
Bientôt la nécessité de lutter contre le besoin réussit à le distraire de sa douleur. […] Les impressions et les pensées du narrateur ont besoin d’être discutées séparément. […] L’amour de cœur est un besoin réel, incontestable. […] que n’est-il venu me consulter ; il n’a rien vu. » Il fournirait au besoin des notes précieuses. […] Aussi, en les faisant, nous éprouvons le besoin de les justifier.
vivent-ils enfin d’une vie qui leur soit propre ; et indépendante non seulement des besoins de la critique, mais du caprice même des écrivains ou des artistes ? […] A peine ai-je besoin d’insister. […] Ce qui semble également admis, c’est qu’il y a d’autres modèles que ceux de l’antiquité ; que nos auteurs peuvent valoir les siens, et les dépasser même au besoin. […] Seulement, ce quelque chose, il se trouve que nous n’en avons pas besoin. […] Vous voyez, sans que j’aie besoin d’insister davantage, dans quelle série d’autres questions ces questions nous jettent à leur tour.
La veille du jour où l’on apprit à Amboise la chute de Robespierre, Saint-Martin se sentit sollicité d’un ardent besoin de prier : Je repassais dans mon esprit les horreurs du règne où nous étions, et dont je pouvais à tout moment éprouver personnellement les cruels effets : je me résignais en conséquence à l’arrestation, à la fusillade, à la noyade, et je disais à Dieu que partout là je me trouverais bien, parce que je sentais et je croyais que j’y serais avec lui. […] Il les définit, il les raille, il les persifle même sur cette dextérité et cette adresse d’exposition dont leur doctrine a grand besoin ; il établit avec un haut et paisible dédain la différence profonde qu’on doit faire entre un Condillac et un Bacon, deux noms que l’on affectait toujours d’associer ; il replace celui-ci sur le trône de la science, parmi les princes légitimes de l’esprit humain. […] Le propre de l’âme de l’homme, tant elle a conservé de royales marques de sa hauteur première, est de ne vivre que d’admiration, « et ce besoin d’admiration dans l’homme suppose au-dessus de nous une source inépuisable de cette même admiration qui est notre aliment de première nécessité ». […] Au reste, de qui ai-je besoin, excepté de Dieu ?
Mais, en vivant de cette vie obscurément délicieuse et amollie, à la fois sentimentale et très sensuelle, il est arrivé au dégoût final, au néant ; en perdant les enchantements de la jeunesse, il a perdu ses illusions de tout genre qui, même dans l’ordre de l’esprit, avaient besoin d’elle pour se colorer. […] Dans les derniers conseils qu’il donne à son fils, à ce fils dont il s’est si peu occupé, et envers qui il ne revendique aucun des droits de l’autorité paternelle, mais seulement le privilège de l’« affection » et de la « prédilection » (ce sont les termes mesurés qu’il choisit), il insiste sur certaines recommandations précises et pratiques ; il lui dit en lui faisant passer un reste de fortune : Il faut avant tout se garantir de la misère ; tout autre malheur doit peu affecter un homme jeune et bien portant ; mais le besoin, la dépendance et le mépris des autres empoisonnent la vie, flétrissent l’âme, abâtardissent le génie. […] » Qu’on réduise la chose autant qu’on le voudra, qu’on la déguise sous forme d’intellect, qu’on n’y voie qu’un besoin de causer, de trouver qui vous entende et vous réponde, il est certain que la connaissance de M. de Meilhan introduisit un mouvement et un attrait dans la vie de Mme de Créqui : elle s’occupe de lui, elle désire son avancement, elle le souhaite plus proche d’elle, elle épouse sa réputation, elle a besoin qu’il soit loué et approuvé.
Gœthe sent très bien qu’en vieillissant on n’est plus parfaitement au fait de l’esprit nouveau de la jeunesse, de ce qui plaît ou déplaît aux générations survenantes, de ce qu’elles produisent de remarquable et de digne d’être noté ; on a besoin d’être tenu au courant, d’être rafraîchi de temps en temps et d’être averti. […] La difficulté est bien plutôt de s’isoler, de se défendre du trop d’information qui, de droite ou de gauche, n’est qu’une distraction perpétuelle ; mais, à Weimar, Gœthe avait dû songer de bonne heure à la meilleure manière d’entretenir et de renouveler régulièrement l’activité, le mouvement dont il sentait le besoin, — la seule chose qui lui ait un peu manqué. […] Ce que conseille proprement Gœthe, ce n’est pas de se disperser ni de se hâter, ni d’improviser ; et lui-même reconnaît qu’il y a des esprits excellents qui ne savent rien faire « le pied dans l’étrier », et qui ont besoin de recueillement : ce qu’il conseille à Eckermann et aux esprits nés poëtes, mais dénués pourtant du grand génie de la conception, ou même à ceux qui en sont doués et en qui les sentiments de chaque jour jaillissent et débordent, c’est de s’épancher, c’est de fixer dans des notes successives, et non pas pour cela fugitives, l’histoire de leur cœur. […] Herder lui en fit honte et le ramena à l’adoration et à la fréquentation des hautes sources ; mais Gœthe garda toujours de ce premier penchant, redressé depuis, rectifié et ennobli dans le commerce avec les grands dieux de la Grèce, un dégoût pour la laideur en soi, pour la souffrance, un besoin d’arrêter à temps l’émotion dès qu’elle menaçait de devenir trop douloureuse.
On a besoin pour les admirer, dit-il, de songer aux difficultés qu’ont coûtées à construire ces énormes monuments et aux quarante siècles dont l’éloquence de Bonaparte les a couronnés ; mais « il y a derrière eux ce grand coquin de désert qui est autrement imposant. » Il ne se pique pas, depuis douze jours qu’il est arrivé, d’avoir une idée faite sur le pays ; son premier coup d’œil pourtant ne le trompe guère, et ce Méhémet-Ali tant vanté ne lui paraît que ce qu’il était en effet, un administrateur-exacteur mieux entendu, un pressureur de peuple plus habile : « Les gens qui en attendent des progrès comme civilisation se trompent lourdement. […] En effet, on en a grand besoin ; mais je t’avouerai que c’est la dernière chose à laquelle on pense : de l’eau, de l’eau, de l’eau fraîche, voilà ce qu’on cherche ! […] La vérité aussi est que, si infatigable qu’il soit en voyage, il en a assez pour cette fois ; il a sa dose ; son sac est plein : « Quant à moi, je n’éprouve plus qu’un seul besoin, c’est celui de peindre. […] Mais les besoins de l’État sont tels, que du jour où la plus petite industrie ne lui rapportera rien, la culbute sera inévitable.
On n’y remarque aucune jactance, ni l’envie de se faire valoir, ni le besoin de s’excuser. […] Sortions-nous pour aller au marché ou en quelque autre lieu où nos besoins nous appelaient, nous étions assaillis d’une grêle de pierres, ordinairement précédée d’un torrent d’injures. […] Je compterai sur votre indulgence, je la réclamerai souvent, parce que j’en aurai souvent besoin ; mais je me flatte que, dans les erreurs même qui m’échapperont, vous distinguerez facilement un homme dont le caractère n’est peut-être pas indigne de quelque estime, et qui s’applaudira quand vous ne la lui refuserez pas. » Quelques jours après (19 septembre 1802), le ministre Chaptal lui écrivait : « L’exécution de l’arrêté des Consuls du 11 messidor dernier va faire cesser, Citoyen commissaire général, les rapports qu’en cette qualité vous avez entretenus jusqu’ici avec l’administration générale, et je ne laisserai point échapper cette nouvelle occasion de vous faire connaître ma satisfaction de la sagesse qui a dirigé votre surveillance et vos actes dans cette importante partie de la République. […] Je ne sais comment faire face aux besoins généraux et particuliers.
Ce sera presque toujours ainsi avec lui : il a besoin d’être écouté, et sur la fin on ne l’écoutera pas assez, et lui-même il ne prendra plus guère la peine de s’ouvrir et de s’expliquer. […] Il était, du reste, alors dans sa meilleure veine, et sa prudence savait se relever au besoin d’actions de vigueur. […] J’ai été quatre ou cinq jours bourrelé et n’ai presque point dormi, ayant besoin d’efforts pour manger ; à quoi j’ai suppléé pour aliment en prenant quelques écuellées de lait pour apaiser le sang… » C’était pour un homme de cœur une position cruelle en effet que de se voir obligé d’attendre des renforts, des moyens d’agir, et de supporter cette infériorité évidente d’un air d’indécision et de timidité. […] Jamais général n’a moins cru à son étoile que Catinat ; mais l’étoile du roi, il y croit encore ; il a besoin d’y croire, car il va risquer un grand coup, et elle va en effet le conduire à sa plus belle et sa plus glorieuse journée.
Un autre peintre qui n’est ni sobre ni élégant, qui est souvent barbouilleur, mais qui rencontre parfois des mots qui touchent au vif, le marquis d’Argenson, après avoir parlé du manque de génie et de vigueur de nos officiers petits-maîtres à cette date, a dit : « C’est donc le besoin des affaires qui nous a réduits à nous servir d’étrangers : les Allemands et ceux du Nord ont mieux conservé aujourd’hui le véritable esprit de la guerre ; nous tirons de leurs pays des hommes et des chevaux (c’est poli) plus robustes et plus nerveux que les nôtres. […] Il l’écrit au comte de Bruhl dès le premier jour (12 novembre 1740) : « Si le grand événement qui vient d’arriver nous conduit à la guerre et que le roi (de Pologne) me juge capable de le servir, je supplie Votre Excellence de l’assurer de mon zèle et de ma fidélité ; mais, si la chose se passe paisiblement, le roi n’a pas besoin de moi, et je pourrai lui être utile ici. » Sans prétendre, dit-il, se mêler de politique et même en ayant l’air de s’en défendre, Maurice, à partir de ce moment, ne fait autre chose que d’en traiter dans toutes ses lettres, et avec supériorité. […] Vous ne sauriez prévoir le besoin que vous pourriez avoir quelque jour de la maison de Saxe, contre ceux qui voudraient s’agrandir en Allemagne. […] Selon le nouvel historien, la victoire de Denain a été chose à peu près superflue ; la paix avec l’Angleterre, dit-il, était faite dès la fin de 1710 ; le reste n’était plus que de forme ; la France n’avait nullement besoin d’être sauvée.
Je n’ai pas besoin de dire à Line (Ondine) qu’en allant aux madones, j’ai bien pensé à son anniversaire de naissance100. […] Celui qui vient d’en haut guide toujours bien les femmes, qui n’ont pas besoin de la valeur permanente des hommes. […] Sans être plus méchants que nous, les riches ne peuvent absolument pas comprendre que l’on n’ait pas toujours assez pour les besoins les plus humbles de la vie. […] Dans les orages de ma vie, c’était comme une chapelle silencieuse où ma pensée allait s’abattre, et j’avais le bonheur de le sentir heureux, exempt des luttes avec le besoin qui brûle l’honneur » ; — et M.
Auprès d’un général plus tacticien (un Soult, un Davout) Jomini eût moins réussi ; il eût été en surcroît ; il eût trouvé la position prise et aurait eu à lutter d’idées et de vues ; d’autre part, auprès d’un guerrier moins intelligent, il aurait pu être moins compris et moins écouté : Ney, par son mélange de fougue militaire et souvent de témérité, mais de coup d’œil aussi et d’esprit, pouvait avoir plus d’une fois besoin d’un bon conseil, et il était homme à en sentir aussitôt la valeur, à en profiter. […] Le besoin de se procurer des vivres, et aussi l’humeur ardente, le désir de gloire, le poussaient sans cesse, du côté de Kœnigsberg, à des mouvements et à des entreprises que l’Empereur n’avait pas ordonnés. […] C’était à lui qu’il appartenait de régler les mouvements de son armée, de pourvoir à ses besoins. […] Les réflexions se pressent, et il n’est pas besoin d’être du métier pour se les permettre.
Il sentait tout le premier le besoin d’aller au-devant des objections qu’on n’exprimait pas, de rectifier votre idée à son sujet et, au lieu du Jomini de prévention qu’on se figurait peut-être, d’expliquer le Jomini véritable et réel qu’il était. […] Que vos chefs étudient les dernières guerres et apprennent à combiner leurs marches comme Napoléon, à combattre comme Wellington, ou à guerroyer au besoin comme Bonchamp, d’Elbée, les Vendéens et les Espagnols. » Et après quelques conseils précis et topiques sur la formation d’un bon état-major, il ajoutait : « Si, malgré le soin que je mettrai à garder l’anonyme, on parvenait à deviner l’auteur de ces vœux patriotiques, je ne les désavouerai point, et on sera facilement convaincu de leur désintéressement. […] Ma santé est telle, que je ferais un mauvais guerrier, et cependant j’ai besoin de prouver que je fus capable de l’être. — Je ne suis pas comme le renard de la fable, qui veut que les raisins soient du verjus parce qu’il ne peut pas y atteindre : je suis au contraire comme un renard à qui l’on donnerait une poularde du Mans dans la gueule, et qui n’aurait ni dents ni gosier pour la croquer. […] Si je ne commençais (et les lecteurs sans doute eux-mêmes) à sentir vivement le besoin de finir et de conclure, je n’aurais pas de peine à montrer que les deux tiers de ce Traité sont à la portée de tous les lecteurs, même les moins guerriers et les plus civils ; qu’ils sont à lire et à consulter pour la quantité de résultats historiques et de faits curieux qu’ils renferment.
Celui-ci, du moins, est bien connu de tous, et il n’y a pas besoin de précaution pour l’aborder. […] Heureux homme, et à envier, dont l’arbuste attique a fleuri, sans avoir besoin en aucun temps de l’engrais des boues de Lutèce ! […] On surprend les lectures, les goûts du jeune officier, son âme candide, naturelle, mobile, ouverte à un rayon du matin, quelques rimes légères (nous en citerons plus tard), quelque pastel non moins léger, sa passion de peindre et même au besoin de disserter là-dessus : « C’est le dada de mon oncle Tobie, » se dit-il. […] Les Prisonniers du Caucase, par la singularité des mœurs et des caractères si vivement exprimés, semblent déceler, dans ce talent d’ordinaire tout gracieux et doux, une faculté d’audace qui ne recule au besoin devant aucun trait de la réalité et de la nature, même la plus sauvage.
Mme de Pontivy était plus charmante ce soir-là que de coutume ; la mode des paniers, qu’elle adoptait pour la première fois, faisait ressortir la finesse d’une taille qui n’en avait pas besoin ; une langueur plus douce semblait attendrir sa figure, soit que ce fût l’effet de la poudre légère répandue sur ses boucles de cheveux jusque-là si bruns, soit que ce fût déjà un peu d’amour. […] Mme de Pontivy était à peu près la seule en ce genre, et le monde, qui a besoin de personnifier certains rôles, lui garda le sien dont aucune femme, il faut le dire, n’était bien jalouse. […] Mais comme l’illusion d’une certaine perspective a besoin de se retrouver même dans les choses de l’amour lorsque son règne se prolonge, ces personnages, qui, de loin, sous leurs lambris élégants et leurs berceaux, nous semblent réaliser un idéal de vie amoureuse, enviaient eux-mêmes d’autres cadres et d’autres groupes qui leur figuraient un voisinage plus heureux. […] Et celle-ci, de ce ton de gaieté, pourtant sensible, où elle excellait : « En fait d’amour et de cœur, je ne sais qu’une maxime, répliqua-t-elle ; le contraire de ce qu’on en affirme est possible toujours. » A un quart d’heure de là, M. de Murçay et Mme de Pontivy, qui avaient le besoin de se voir seuls, se rencontrèrent, par un instinct secret, en un endroit couvert du jardin.