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531. (1905) Propos littéraires. Troisième série

C’est une belle famille. […] Pour un bel exemple de « piété sans la foi », en vérité, voilà un bel exemple ! […] C’est très beau. […] Tolstoï : « Est-ce beau ?  […] les belles rimes !

532. (1802) Études sur Molière pp. -355

D’ailleurs, le beau tableau à présenter au public, que l’amour effréné d’un vieillard libertin ! […] Le jeune homme profite des leçons de son maître, cherche fortune, plaît à une belle, et cette belle est la femme du docteur. […] mes camarades, comme ce rôle est beau, varié, nourri, taillé dans le grand, aussi est-il d’une difficulté ! […] — Le rôle est si beau, qu’il n’est pas difficile à rendre. — Pas difficile ! […] Le parterre me répond, belle demande !

533. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Voici la simplicité des moyens que Corneille emploie dans ses belles tragédies. […] Qui ne pardonne à Mithridate son amour et sa jalousie, en entendant ces beaux vers ? […] Il serait beau de voir le représentant de tous les rois de la Grèce, tutoyé par son ami. […] Cet enthousiasme momentané qui élève et transporte l’âme à la vue d’une belle action ou d’un beau sentiment, est devenu parmi nous un des puissants moyens de la tragédie. […] Le récitatif est beau pour le peuple, lorsque le poète a fait une belle scène, et que l’acteur l’a bien jouée.

534. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Il était beau, il avait le front élevé, la barbe noire, l’air bienveillant, le regard limpide et profond. […] Il y perdit sa femme, habituellement négligée, et se fit bâtir une belle maison. […] Tout était faux, ou calomnie cruelle, dans ces accusations contre ce beau et infortuné génie. […] La Raisin était une belle veuve qui jouait des espèces de farces au coin de la rue Guénégaud. […] Mais Arnolphe a beau dire et beau faire, il est constamment dupe de son âge et de la naïveté de sa pupille.

535. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

On en a d’assez beaux traités et qui dépassent nos idées modernes. […] Les événements vinrent à la traverse avant l’accomplissement de tous ces beaux projets. […] Mais il n’en est pas ainsi des vraiment belles choses : elles ne peuvent que gagner à être revues. […] En effet j’ai beau me hâter, ma seule crainte est de ne pas arriver au terme. […] Nous avons ici un très beau moulage de la célèbre porte de Ghiberti.

536. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

La belle campagne ! […] les belles exécutions ! […] C’était une institution si belle, le pauvre petit peuple en avait si grand besoin ! […] Mais, quand ils le sont, c’est généralement à la façon de très belle prose. […] Nous avons beau faire : nous ne détestons pas assez Lucile.

537. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Ses parents favorisent son divorce, disent qu’il a été ensorcelé, etc. » C’étaient là les sujets à la mode, les gentillesses dans les belles compagnies. […] Aussi, quand la marée se retire, il en reste quelques-uns sur la grève et des plus beaux : les gens du rivage en font leur profit et les dépècent235. […] Dans cette familiarité du cardinal de Bagni et des Barberins, il dut être de ceux qui trouvent, après tout, que c’eût été un bel idéal que d’être cardinal romain dans le vrai temps. […] J’aime mieux citer une belle page philosophique, et même religieuse à la bien prendre, qui rentre dans une pensée souvent exprimée par lui. […] Il y aurait un beau travail à faire sur lui.

538. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Voilà pourquoi notre lyre rend un plus beau son que celle des anciens. […] Mais cette largeur est rare, et la concorde des Dieux dans l’Humanité n’est qu’un beau rêve. […] Mais justement Molière a perdu là une belle occasion d’être comique. […] Le bel idéal, vraiment ! […] Un beau jour on le case.

539. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Il y a enfin dans Shakespeare des œuvres excessivement belles encore, mais où le traducteur est tenu d’avoir d’autant plus d’habileté que son auteur a moins de génie. […] C’est la vie qui y est encore plus belle que la mort, — la mort plus belle que tout, pourtant, dans les grands poètes, et surtout dans un poète comme Shakespeare ! […] Je l’aime mieux et je le trouve plus beau jusque dans le mystère de sa vie, qui est peut-être une gracieuseté du bon Dieu ; car l’être moral que l’homme fait en soi n’est jamais si beau que l’être intellectuel que Dieu y crée, et la statue de diamant se voit mieux sur son noir piédestal d’ombres ! […] Il lui a éclairé la critique qu’il fait du Roi Lear et du Coriolan, et dicté, dans sa préface, des pages très émues et très belles. […] Mais il y a un autre grand conteur moderne auquel Shakespeare fait penser et qu’il semble avoir inspiré dans un de ses plus beaux ouvrages, et c’est Honoré de Balzac.

540. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

La curiosité spontanée, l’instinct des belles choses y suffisaient. […] Les belles âmes seraient trop timides et iraient trop mollement ! […] Dure alternative des belles âmes ! […] Au premier beau soleil, vous redeviendrez incrédules. […] Aristote va jusqu’à dire que, si la beauté était un indice de la valeur individuelle, les moins beaux devraient être les esclaves des plus beaux.

541. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Le plus ancien poëme connu n’est pas aussi le plus beau. […] Celui d’Énée lui paroît être dans la belle nature & dans le véritable héroïsme. […] C’est une succession continuelle des plus beaux traits épiques. […] On n’en connoît pas de plus beau. […] Tom Jones est un des plus beaux qu’on puisse imaginer.

542. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Qu’y va-t-il faire pour changer ce terrain plat et vulgaire en un beau jardin ? […] J’aurai, le revendant, de l’argent bel et bon. […] Mourir pour le pays est un si digne sort, Qu’on briguerait en foule une si belle mort. […] En Chinon, il change sa coignée d’argent en beaux testons et autre monnaie blanche ; sa coignée d’or en beaux saluts, beaux moutons à grande laine, belles riddes, beaux royaux, beaux écus au soleil. […] » J’aurais voulu voir sa trogne, j’aurais voulu le voir remuant à pelletées ses beaux testons, ses beaux écus, ses beaux royaux.

543. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

« “Je ne suis pas assez belle pour lui.” […] Charles t’a donné cela contre tes belles pièces. […] Écoute, tu auras le plus beau reposoir qui se soit jamais fait à Saumur. […] Sans ce beau phénomène humain, point de vie au cœur ; l’air lui manque alors, il souffre et dépérit. […] Il parlait familièrement à la belle héritière, et lui disait : “Notre chère Eugénie !

544. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Sully-Prudhomme va nous donner lui-même des exemples de la plus belle et aussi de la médiocre poésie philosophique, de celle qui est spontanée et de celle qui est un travail de mise en vers. […] Les grandes idées et les beaux vers abondent ; et cependant, même dans les pages les plus vantées, on sent trop le travail patient. […] Le poète en fait une description un peu trop romantique peut-être, comme aux beaux temps d’Hugo et de Nodier. […] Mme Ackermann a trouvé de beaux vers pour traduire certaines idées de Schopenhauer et de Darwin. […] La nature ne cesse pas d’être belle parce qu’elle n’a point été créée en six jours.

545. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Belle, humble, inclinée vers le pavé du temple, loin derrière la foule de ses compagnes, elle prie à voix basse. […] J’étais belle aussi, et ce fut ma perte. […] Comme tout ce qui est réellement beau, le drame ne comporte aucun artifice de composition. […] J’avais le cœur lourd, mais le soleil parut plus beau que jamais et le courage me revint. […] La morale pour le peuple n’est que dans le sentiment ; le plus populaire des véhicules pour le sentiment c’est un beau poème.

546. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Le bel avantage si la Pucelle n’est pas lisible ! […] Le beau mérite qu’a eu Térence de faire parler ses personnages selon la nature ! […] Le beau lui déplaît, comme une sorte de royauté devenue légitime par la longue obéissance des esprits. […] L’entretien a lieu le soir, dans un beau parc, à la clarté de ces mondes lumineux dont Fontenelle va lui dévoiler discrètement le mystère. […] Huet y fait allusion dans ses Mémoires, en se donnant d’ailleurs le beau rôle.

547. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Enfin les beaux jours me la rendront tout à fait rétablie, j’espère, et je ne demande rien plus ardemment à Dieu. […] « Cher Félix, c’est triste et beau de se ressouvenir. […] C’est un beau titre devant Dieu. » « (12 janvier 1848)… Ondine est toujours esclave dans un pensionnat. […] Non, tu n’as rien vu de plus beau, de plus simple et de plus grand. […] Tu portais un beau châle de laine à palmes, je portais le pareil en vraie sœur. — Hélas !

548. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

. —  De même sous une tragédie du dix-septième siècle, il y a un poëte, un poëte comme Racine, par exemple, élégant, mesuré, courtisan, beau diseur, avec une perruque majestueuse et des souliers à rubans, monarchique et chrétien de cœur, « ayant reçu de Dieu la grâce de ne rougir en aucune compagnie, ni du roi, ni de l’Évangile  » ; habile à amuser le prince, à lui traduire en beau français « le gaulois d’Amyot », fort respectueux envers les grands, et sachant toujours, auprès d’eux, « se tenir à sa place », empressé et réservé à Marly comme à Versailles, au milieu des agréments réguliers d’une nature policée et décorative, parmi les révérences, les grâces, les manéges et les finesses des seigneurs brodés qui sont levés matin pour mériter une survivance, et des dames charmantes qui comptent sur leurs doigts les généalogies afin d’obtenir un tabouret. Là-dessus, consultez Saint-Simon et les estampes de Pérelle, comme tout à l’heure vous avez consulté Balzac et les aquarelles d’Eugène Lami. —  Pareillement, quand nous lisons une tragédie grecque, notre premier soin doit être de nous figurer des Grecs, c’est-à-dire des hommes qui vivent à demi nus, dans des gymnases ou sur des places publiques, sous un ciel éclatant, en face des plus fins et des plus nobles paysages, occupés à se faire un corps agile et fort, à converser, à discuter, à voter, à exécuter des pirateries patriotiques, du reste oisifs et sobres, ayant pour ameublement trois cruches dans leur maison, et pour provisions deux anchois dans une jarre d’huile, servis par des esclaves qui leur laissent le loisir de cultiver leur esprit et d’exercer leurs membres, sans autre souci que le désir d’avoir la plus belle ville, les plus belles processions, les plus belles idées et les plus beaux hommes. […] Si différents qu’ils soient, leur parenté n’est pas détruite ; la sauvagerie, la culture et la greffe, les différences de ciel et de sol, les accidents heureux ou malheureux ont eu beau travailler ; les grands traits de la forme originelle ont subsisté, et l’on retrouve les deux ou trois linéaments principaux de l’empreinte primitive sous les empreintes secondaires que le temps a posées par-dessus. […] À cet égard un grand poëme, un beau roman, les confessions d’un homme supérieur sont plus instructifs qu’un monceau d’historiens et d’histoires ; je donnerais cinquante volumes de chartes et cent volumes de pièces diplomatiques pour les mémoires de Cellini, pour les lettres de saint Paul, pour les propos de table de Luther ou les comédies d’Aristophane. En cela consiste l’importance des œuvres littéraires ; elles sont instructives, parce qu’elles sont belles ; leur utilité croît avec leur perfection ; et si elles fournissent des documents, c’est qu’elles sont des monuments.

549. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Mais plus tu les violes, et plus tu es belle et plus tu excites l’universel désir. […] Ce fut vraiment une belle joute. […] Nous avions eu la phrase de « la vieille chanson » : nous eûmes, ce jour-là, celle de « la cloche », et quelques autres, non moins belles. […] Et ainsi, elle a su faire le plus bel accueil au dernier des autocrates, rien qu’en faisant saluer les trois siècles de la très jeune Russie par quatorze cents ans d’histoire de France. […] … Mais, après tout, cela aussi pourra être beau ; et, enfin, nous verrons bien.

550. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Nous étions tous les deux beaux comme des soleils ! […] Ni trop jeune, ni trop belle n’est la femme, qui n’a rien même de ce que j’aime chez une femme. […] On était près de La Belle Française. — J’entre ici un instant, fait-elle. […] Le plaisir donné par la femme jeune et belle, nous ne le savourons pas complètement. […] les beaux costumes de hussards que nous avions dans le Chalet !

551. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Témoin muet jusqu’à présent de cabales et de nombreuses intrigues, il était de mon devoir, de mon intérêt, comme le plus fécond des auteurs de la scène française, de défendre ce bel art dramatique que vous avez voulu complètement détruire. […] ce beau triomphe bien ordonné en vous couvrant de gloire est devenu pour nous, pauvres auteurs du temps de l’empire, un arrêt de proscription. […] Vous nous avez acquis là un beau privilège, et je vous en remercie au nom de tous les auteurs. […] Victor Hugo était suivi d’une douzaine de ses admirateurs qui, pendant la lecture, s’extasiaient sur la beauté des vers d’Hernani ; ils s’écriaient dans leur enthousiasme : Que cela est beau ! […] … Molière, à la lecture de son Tartuffe, n’a pas obtenu un si beau triomphe.

552. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Ce sont de belles âmes que celles-là, d’un fonds primitif et riche ; mais elles offrent trop de prise à la douleur et aux impressions ineffaçables qui creusent. […] J’ai beau secouer en rentrant la poussière de mes souliers, je me dis comme Macbeth : Ce sang ne s’effacera pas. […] Ducis lui donne de beaux et judicieux conseils. […] Je ne ferai aucuns frais ni pour soutenir ni pour détruire cette belle réputation ; je trouve cela trop commode pour y rien changer. […] Je crois que la défense de Claudius sera bien, quand vous l’aurez ornée de votre chaleur et de votre belle poésie.

553. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Voici M. de Bourmont avec sa physionomie spirituelle, son nez fin, ses beaux yeux doux de couleuvre. […] L’effet, à distance, est beau. […] Voyez un peu où mène un beau zèle ! […] J’ai vu une belle nuit en Amérique. […] Un beau coucher de soleil en mer.

554. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il fit ses plus belles pièces ayant passé l’âge mûr, alors que l’imagination n’a plus de fumées, la raison plus d’illusions, le goût plus d’incertitude : c’est l’âge où Bossuet écrivait l’oraison funèbre du prince de Condé. […] Rien ne paraissait plus beau à l’école de Ronsard que l’érudition recherchée et raffinée, l’érudition des curiosités. […] On trouve, disait-il, de plus beaux vers en rapprochant des mots éloignés ; et rien ne sent plus son grand poëte que de tenter des rimes difficiles. […] Il est beau d’avoir pu parler ainsi de soi, et de ne s’être point trompé. […] On y trouve ce bel éloge de Malherbe : « Docuit quid esset pure et cum religione scribere.

555. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Hugo attaque les partisans de l’art pour de l’art, parce qu’ils refusent de mettre le beau dans la plus haute vérité, qui est en même temps la plus haute utilité sociale. […] Et parmi les rêves, le plus beau est la poésie. […] Comparez une simple description poétique, quelque belle qu’elle soit, à une belle pièce inspirée par une idée ou par un sentiment vraiment élevé et philosophique : à mérite égal du poète, les vers purement descriptifs seront toujours inférieurs. […] Mais ce n’est encore que le premier choc, et il est supporté avec toute la vaillance laissée intacte par la belle tranquillité des devanciers. […] Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.

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